Abbé Emmanuel Schwab
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situe à Cana —, Jésus se dévoile comme l’Époux. Le célibat de
l’Agneau est en vue du festin de ses noces.
Le célibat sacerdotal, tenu comme règle venant des apôtres6,
renvoie d’abord au célibat de Jésus, Messie d’Israël. Il s’agit pour
l’évêque, le prêtre ou le diacre, de manifester l’amour exclusif et
inconditionnel de Jésus Sauveur pour son Église et par là, l’amour
de Dieu pour chaque homme. Le célibat sacerdotal se trouve
donc à nouveau relié au mystère nuptial, mais cette fois-ci du
côté de l’époux. «∞∞«∞Saisi par le Christ Jésus∞» (Ph 3,12) jusqu’à
s’abandonner totalement à Lui, le prêtre se configure plus par-
faitement au Christ également dans l’amour avec lequel le Prêtre
éternel a aimé l’Église son Corps, s’offrant tout entier pour elle,
afin de s’en faire une Épouse glorieuse, sainte et immaculée
(cf. Ép 5,25-27). La virginité consacrée des ministres sacrés
manifeste en effet l’amour virginal du Christ pour l’Église et la
fécondité virginale et surnaturelle de cette union, en vertu de
quoi les fils de Dieu ne sont pas engendrés de la chair et du sang
(Jean 1,13)∞∞»7.
L’anneau de l’évêque a clairement une signification nuptiale.
La parole du rituel qui accompagne la remise de l’anneau dit∞∞:
«∞∞Recevez cet anneau, signe de fidélité∞∞: gardez dans la pureté de
la foi l’Épouse de Dieu, la sainte Église∞∞». La réforme liturgique
qui a déployé la célébration de l’Eucharistie dans laquelle le
prêtre à l’autel fait face au fidèle a aussi accentué cette dimension
nuptiale de la liturgie eucharistique.
Mais plus profondément, la célébration même de la messe
convoque le prêtre au mystère nuptial. «∞∞La nuit même où il fut
livré, il prit le pain, en rendant grâce il le bénit, il le rompit et le
donna à ses disciples, en disant∞∞: Prenez, et mangez-en tous∞∞: ceci
est mon corps livré pour vous∞∞»8. Il est clair qu’il s’agit du Christ.
Que c’est le Christ qui se livre en son corps, accomplissant ainsi
ce qu’il disait en entrant dans le monde∞∞: «∞∞En entrant dans le
monde, le Christ dit∞∞: ‘Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation∞∞; mais
6. Comme le montre Christian cochini, s.j., dans son livre Les Origines apostoliques
du célibat sacerdotal, Paris, Ad Solem, 2006 (1ère édition∞∞: Paris-Namur, Lethielleux-
Culture et Vérité, 1981∞∞; thèse soutenue en 1969 à l’Institut catholique de Paris sous la
direction du cardinal J.Daniélou).
7. Paul Vi, Sacerdotalis cælibatus, 26
8. Prière Eucharistique III.