CHAP 15 : SIDA ET SYSTEME IMMUNITAIRE I/ Le virus du SIDA et ses cellules cibles Le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) est transmis par voie sexuelle, par voie sanguine ou au cours de la grossesse de la mère à l’enfant. C’est une pandémie c’est à dire une épidémie qui affecte l’ensemble de la population. Le VIH appartient à la catégorie des rétrovirus (virus à ARN). Observés en dehors des cellules, les virus apparaissent sous forme de particules virales de très petites taille, associant acides nucléiques porteurs de gènes et protéines. Ces particules sont inertes au plan métabolique et ne se multiplient qu’a l’intérieur des cellules : ce sont des parasites intracellulaires obligatoires. Structure schématique du VIH L’entrée du virus dans ces cellules fait suite à la fixation de celui ci à une protéine de leur membrane, la protéine CD4, par l’intermédiaire d’une autre protéine, la protéine gp120 portée par l’enveloppe du virus. Les macrophages et les LT4 possèdent la protéine CD4 et peuvent DONC abriter le virus. LT4 et macrophages sont donc les cellules cibles du VIH. Les macrophages et les monocytes jouent le rôle de véritable réservoir, notamment dans les ganglions lymphatiques. Etapes de l’entrée du VIH dans une cellule cible, le lymphocyte. II/ La multiplication du VIH dans les cellules cibles Après entrée du virus dans la cellule hôte, les molécules d’ARN, ainsi que les enzymes virales, dont la transcriptase inverse, se trouvent alors dans le cytoplasme de la cellule cible. Une enzyme virale, la transcriptase inverse, transcrit l’ARN viral en ADN dans les cellules infectées. L’ADN est alors intégré au génome de la cellule hôte ; son expression engendre par transcription de nouvelles molécules d’ARN qui seront traduites en protéines. Les ARN et protéines s’assemblent ensuite pour former de nouvelles particules virales infectieuses. Une fois formées, les particules virales quittent la cellule par bourgeonnement, et acquiert au passage leur enveloppe lipidique. Leur prolifération et leur libération hors de la cellule cible provoquent généralement la mort de celle-ci. Après libération, les particules virales sont disséminées dans le sang. Leur quantité dans le sang (charge virale) varie selon le stade de la maladie. III/ Les différentes phases de la maladie Evolution de quelques paramètres biologiques à partir du premier jour d'infection par le VIH La primo-infection Lors de l’entrée du VIH dans l’organisme on assiste dans un premier temps à une augmentation importante de la charge virale : le virus se réplique et se dissémine de façon importante. Cette prolifération provoque les symptômes d’une maladie virale bénigne (grippe) qui passe parfois inaperçus. La phase asymptomatique La phase précédente provoque une intense réaction immunitaire de l’hôte, l’organisme produit des anticorps anti-VIH que l’on pourra déceler. La présence de ces anticorps marque le début de la séropositivité (le sujet étant alors dit « séropositif » pour le VIH). La période qui la sépare de l’infection initiale est généralement de 2 semaines à trois mois (d’ou la nécessité d’attendre plusieurs semaines pour un test fiable). Apparaissent en même temps dans le sang du sujet contaminé des lymphocytes T cytotoxiques (LT8) spécifiques dirigés contre les cellules infectées par le VIH, par exemple les LT4 qu’ils détruisent. En détruisant les LT4, les LT8 limitent la prolifération du virus et la charge virale diminue. Leur activité contrôle pendant un temps la prolifération du virus : c’est la phase asymptomatique de durée variable (1-10 ans) Cette phase correspond donc à une infection chronique très active limitée en permanence par des réactions immunitaires importantes, auxquelles le virus finit cependant par échapper. Le sida : phase symptomatique L’infection par le VIH se traduit à long terme par une diminution constant des lymphocytes T4 (détruit par les LT8), dont le nombre devient inférieur à 200 par microlitre (valeur normale 1 200). Le système immunitaire est alors moins efficace contre toutes les maladies : c’est le début de la phase symptomatique qui signe le déclenchement de la maladie SIDA. Celui-ci est en effet défini en France par l’apparition de différents signes cliniques liés au développement de certaines pathologies opportunistes (comme les candidoses bronchiques ou pulmonaires, le sarcome de Kaposi ou la tuberculose pulmonaire). La charge virale augmente à nouveau dans le sang jusqu’au décès. IV/ Détection de la maladie et traitement Le dépistage repose dans un premier temps sur l’utilisation des tests ELISA basés sur la détection des anticorps anti-VIH. Des résultats positifs (séropositif pour le VIH) conduisent à effectuer une immuno-empreinte (détection des anticorps dirigés contre les protéines du virus), seule confirmation reconnue légalement en France. Chez les individus infectés, il est important de suivre l’évolution de l’infection qui peut être estimée par la mesure de l’ARN viral dans le sang mais aussi par suivi de la population de LT4 par cytométrie de flux (voir TP). Principe du test ELISA La présence d’anticorps anti-VIH empêche la fixation des anticorps marqués : la coloration disparait Immuno-empreintes anti-VIH On fait migrer des protéines du VIH et on utilise le sérum d’un patient qui contient ou non des anticorps anti VIH : Les progrès thérapeutiques observés ces dernières années offrent sans doute des perspectives intéressantes mais limitées du fait de leur coût aux pays développés, et qui ne sauraient de toute façon remplacer la prévention, seule stratégie réellement efficace aujourd’hui pour enrayer le développement de l’épidémie.