IUT de Saint Denis Département Génie Industriel et Maintenance THERMODYNAMIQUE Module THERMb Semestre 2 février 2013 Pascal Tobaly Moussa Dicko http://ptob.free.fr ii Table des matières 6 Les fluides réels 6.1 Les gaz réels . . . . . . . . . . . . . . . 6.1.1 Allure du réseau des isothermes 6.1.2 Équations d’état . . . . . . . . 6.2 Changements d’état . . . . . . . . . . . 6.2.1 Liquéfaction des gaz . . . . . . 6.2.2 Courbe de pression de vapeur . 6.2.3 Chaleur latente de vaporisation 6.2.4 Formule de Clapeyron . . . . . 6.2.5 Titre de vapeur . . . . . . . . . 6.3 Diagrammes thermodynamiques . . . 6.3.1 Les tables de vapeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 turbine à vapeur : 7.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7.1.1 Les installations industrielles à vapeur . . 7.1.2 Calculs d’énergie . . . . . . . . . . . . . . 7.1.3 Cycle de Hirn (Surchauffe de la vapeur) . 7.1.4 Détente étagée (cycle avec resurchauffeur) 7.1.5 Turbine à contre-pression . . . . . . . . . . 7.1.6 Cycle à soutirage (ou à prélèvement) . . . 8 Transferts thermiques 8.1 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.1.1 Flux de chaleur . . . . . . . . . . . . . . 8.1.2 Trois modes de transfert : . . . . . . . . 8.2 Conduction en régime permanent . . . . . . . . 8.2.1 Conduction à travers une paroi plane en manent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8.2.2 Régime permanent. . . . . . . . . . . . . 8.2.3 Interface avec un fluide : loi de Newton . iii . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . régime per. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 1 1 2 2 3 4 4 4 5 9 . . . . . . . 11 11 11 14 15 17 19 19 . . . . 23 23 23 25 26 . 26 . 29 . 29 iv TABLE DES MATIÈRES 8.3 8.4 Notion de résistance thermique . . . . . 8.3.1 Géométrie plane mur composite . 8.3.2 Géométrie cylindrique . . . . . . 8.3.3 Géométrie sphérique . . . . . . . 8.3.4 Résistances en parallèle . . . . . . 8.3.5 Coefficients de transferts globaux Analogie électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 31 33 34 35 36 36 Chapitre 6 Les fluides réels 6.1 6.1.1 Les gaz réels Allure du réseau des isothermes La loi des gaz parfaits est une loi approchée qui ne représente correctement le comportement des gaz qu’aux faibles pressions. Dans un diagramme d’Amagat (P V, P ) les isothermes d’un gaz parfait sont des droites horizontales. Les mesures effectuées sur les gaz réels permettent de tracer le réseau des isothermes des gaz réels, par exemple ici l’azote. Vers les basses températures, les courbes se déforment jusqu’à présenter un point d’inflexion. L’isotherme correspondante est appelée isotherme critique. En dessous de cette température (-147 °C pour l’azote), le gaz peut être liquéfié. La température pour laquelle la Figure 6.1 – Réseau des isothermes pente de l’isotherme aux basses pres- d’un gaz parfait dans le diagramme sions est nulle est appelée tempé- d’Amagat rature de Mariotte (50 °C pour l’azote). 6.1.2 Équations d’état 1 2 CHAPITRE 6. LES FLUIDES RÉELS De très nombreuses équations d’état ont été proposées pour rendre compte du comportement réel des fluides. La plus connue, et la plus simple, est l’équation de Van der Waals : a P + 2 (V − b) = r.T V Malheureusement, si cette équation permet d’obtenir un réseau d’isothermes ayant bien l’allure d’un reseau réel, elle ne permet pas d’obtenir des résultats numériques acceptables dans un large domaine de pressions et de températures. Elle a surtout une importance historique Figure 6.2 – Réseau des isothermes car c’est la première à permettre de d’un gaz réel dans le diagramme représenter les deux phases gazeuse et liquide en équilibre. De plus elle d’Amagat est obtenue à partir un raisonnement moléculaire très pertinent. La raison pour laquelle elle est peu précise est qu’elle ne prend pas en compte le détail des forces d’attraction et de répulsion agissant au niveau moléculaire. Aucune équation simple n’est en mesure de donner des résultats précis pour tous les fluides quels que soient la température et la pression. La plupart des équations d’état utilisées dans l’industrie sont des extensions de l’équation de van der Waals. De plus, toutes les équations d’état ont en commun de tendre vers la loi des gaz parfaits pour les faibles pressions. Les calculs sont complexes avec la plupart de ces équations d’état et pour s’éviter des calculs fastidieux, notamment en présence de changements d’état, on est amené à utiliser des diagrammes fournissant des solutions graphiques approximatives mais quasi-immédiates. Par ailleurs, le développement de l’informatique permet aujourd’hui d’obtenir des solutions rapides à l’aide de logiciels appropriés. 6.2 6.2.1 Changements d’état Liquéfaction des gaz 6.2. CHANGEMENTS D’ÉTAT 3 Expérience de liquéfaction du gaz carbonique. Dans un tube maintenu à température constante, on enferme du CO2 puis on fait varier la pression et le volume en poussant sur le piston. Lorsqu’on atteint une certaine pression Pv , une première goutte de liquide apparaît. Si l’on continue à enfoncer le piston, la masse de liquide produite augmente mais la pression reste constante tandis que le volume Figure 6.3 – courbe de saturation occupé par le mélange diminue. Lorsqu’il n’y a plus que du liquide, la pression augmente très rapidement tandis que le volume diminue très lentement. Si l’on répète l’expérience pour d’autres températures, on obtient le réseau d’isothermes ci-dessous. Au delà de la température critique, la liquéfaction n’est plus possible (31°C pour CO2 ). La courbe (S) est appelée courbe de saturation, elle représente l’état du liquide pur (à gauche du point critique C) et de la vapeur saturée pure (à droite du point C). Les points situés en dessous de la courbe correspondent à un mélange de liquide et de vapeur en équilibre. 6.2.2 Courbe de pression de vapeur Pour un équilibre liquide-vapeur, la pression et la température sont liées par une fonction Ps = f (Ts ) ; c’est un système mono-variant (c’est à dire à un seul degré de liberté). La courbe de pression de vapeur est limitée par le point critique C et le point triple T, point de coexistence des trois phases (vapeur, liquide, solide). La pente de la courbe n’est pas infinie en C, et différentes formules peuvent représenter cette Figure 6.4 – Courbe de pression de courbe : vapeur - formule de Rankine : Log (Ps ) = A− B T 4 CHAPITRE 6. LES FLUIDES RÉELS - formule de Duperray, pour l’eau entre 100 et 200 °C : Ps = Ps en bars et t en °C. 6.2.3 t 4 , 100 avec Chaleur latente de vaporisation C’est la variation d’enthalpie d’une masse unitaire de liquide saturant qui se vaporise totalement à pression constante, et température constante évidemment. L = Hv − Hl = Uv − Ul + P (Vv − Vl ) = Qp C’est la quantité de chaleur qu’il faut fournir, à pression constante, pour vaporiser le liquide, L dépend de la température. Les mesures effectuées donnent une courbe de la forme ci-contre, exemple pour l’eau, L tend vers 0 pour la température critique. Ex : pour l’eau à 100 °C : L=539 kcal/kg. 6.2.4 Formule de Clapeyron La formule qui suit peut être démontrée à partir des deux principes. Elle n’est pas une formule approchée mais une formule thermodynamiquement exacte. Elle relie la chaleur latente à la pente de la courbe de saturation. De plus des formules analogues existent n’importe quel équilibre entre phases d’un corps pur. (par exemple l’équilibre liquide solide) L = T (vg − vl ) dPs dT avec vg et vl volume massique de la vapeur et du liquide saturant. 6.2.5 Titre de vapeur C’est le pourcentage de vapeur contenu dans un mélange liquidevapeur à l’équilibre. On note mg la masse de vapeur et ml la masse de liquide. Le titre de vapeur s’écrira donc : x= Figure 6.5 – Titre de vapeur mg mg + ml 6.3. DIAGRAMMES THERMODYNAMIQUES 5 Figure 6.6 – lignes isotitre Les points L, M et V donnés sur la figure 6.5 représentent respectivement : L Liquide saturé V Vapeur saturée M Mélange liquide-vapeur On démontre aisément : x= h − hl s − sl v − vg = = vg − vl hg − hl sg − sl En effet, on écrira par exemple pour l’enthalpie massique du mélange : H Hl + Hg ml hl + mg hg = = = (1 − x)hl + xhg m m m où m est la masse totale. On procèdera de même pour les autres grandeurs extensives. L’interprêtation graphique est donnée par le rapport de deux segments : h= LM LV Ces formules permettent de tracer les lignes isotitres en divisant les paliers de vaporisation dans un rapport constant égal à x comme n peut le voir sur la figure 6.6 x= 6.3 Les diagrammes thermodynamiques et leur utilisation Il est possible de calculer les valeurs des différentes grandeurs d’état (énergie interne, enthalpie, entropie .... ) en fonction des variables d’état (P, v ou 6 CHAPITRE 6. LES FLUIDES RÉELS Figure 6.7 – Diagramme entropique de l’eau T) à l’aide d’équations d’état très développées et de diverses données expérimentales. Le développement de ces équations ainsi que leur utilisation pour les calculs est une affaire de spécialistes étant donné la lourdeur des calculs mis en jeu. Toutefois, le résultat de ce type de calculs peut être utilisé dans la pratique sous différentes formes. Certaines données peuvent être présentées sous forme de tables numériques ou sous forme graphique. La précision de ce genre de données est généralement de l’ordre de 1% ce qui est suffisant pour la plupart des calculs techniques. A cela, viennent s’ajouter depuis quelque temps, des outils informatiques permettant de réaliser très rapidement des études de projets puisque les calculs fastidieux seront directement traités par l’ordinateur. Diagramme entropique (T,s) Ce diagramme (figure 6.7) a pour abscisse l’entropie massique s et pour ordonnée la température. Il est utilisé principalement pour l’étude des cycles de machines à vapeur de même que le diagramme de Mollier (voir ci-dessous) 6.3. DIAGRAMMES THERMODYNAMIQUES 7 La courbe de saturation prend une forme similaire à celle qui a été vue sur le diagramme de Clapeyron avec une courbe d’ébullition à gauche (liquide saturé) et une courbe de rosée à droite (vapeur saturée) qui se rejoignent en un point critique au sommet. Ici encore, (pour une température inférieure à la température critique), les points situés à droite de la courbe représentent les états liquides (liquide sous refroidi), les états vapeur étant représentés par les points situés à droite de la courbe de rosée. Les points situés en dessous de la courbe de saturation représentent un mélange de liquide et de vapeur à l’équilibre thermodynamique. Un segment horizontal joignant la courbe d’ébullition à la courbe de rosée est à la fois une isotherme et une isobare. La position d’un point sur cette droite dépend des proportions du mélange (titre de vapeur). En parcourant ce segment de la gauche vers la droite, on passe progressivement d’un titre de vapeur nul (liquide saturé pur) à un titre de vapeur égal à 1 (vapeur saturée seule). On trace généralement dans cette partie du diagramme les lignes isotitres. On trouve aussi souvent les isobares et isochores dans la partie correspondant à la vapeur. On peut ainsi facilement suivre les évolutions d’un fluide et connaître la valeur de toutes les grandeurs dans chaque état. Un des intérêts de ce type de diagramme est qu’on peut facilement calculer une adiabatique réversible puisque son entropie étant constante, elle sera représentée par un segment de droite verticale. Diagramme de Mollier (h, s) Les coordonnées de ce diagramme sont l’entropie massique pour l’abscisse et l’enthalpie massique pour l’ordonnée. On le préfère généralement au diagramme entropique pour les calculs sur les cycles de machines à vapeur car il permet de lire directement la valeur de l’enthalpie sur l’axe des ordonnées. Or c’est celle-ci qui est nécessaire dans le cas des machines où le fluide est en écoulement (voir chap 5). On voit ici aussi une courbe de saturation mais contrairement au cas précédent, le point critique n’est pas situé au sommet de la courbe. Sur la figure ci-contre, seule la courbe de rosée est apparente. Le point critique ainsi que la courbe d’ébullition se situeraient à gauche en dehors du graphique. La raison pour laquelle le liquide n’est pas représenté est que c’est surtout la vapeur qui nous intéresse ici. Dans les installations à vapeur, le liquide est souvent proche de la saturation et des simples tables de saturation suffiront. La région au dessus de la courbe représente l’état de vapeur surchauffée et dans cette région on trace généralement les isothermes et les isobares. Les points situés sous la courbe représentent les mélanges liquide vapeur. Les paliers de liquéfaction sont ici des droites obliques dont la pente est égale 8 CHAPITRE 6. LES FLUIDES RÉELS Figure 6.8 – Diagramme de Mollier à la température absolue. En effet, la pente est égale à aussi habituellement les courbes isotitres . ∆H ∆S = T . On trace Le diagramme enthalpique (P, h) Ce diagramme est principalement utilisé par les frigoristes pour les machines frigorifiques ainsi que les pompes à chaleur. L’abscisse est ici l’enthalpie massique tandis que l’ordonnée est la pression souvent représentée sur une échelle logarithmique. Ici encore, on observe une courbe de saturation, liquide à gauche et vapeur à droite avec un point critique au sommet. (En général, le point critique est en dehors du dessin car la zone de travail se situe généralement au dessous). Les paliers de changement d’état (isobares et isothermes à la fois ) sont de nouveau des horizontales. De la même manière que précédemment, on trace : – Dans la région correspondant à la phase vapeur (à droite), les isothermes ainsi que les isentropes ou courbes isentropiques c’est à dire les courbes pour lesquelles l’entropie reste constante. – Dans la région correspondant aux mélanges liquide-vapeur, les lignes isotitres. – Dans la région correspondant au liquide, les isobares ne sont pas tra- 6.3. DIAGRAMMES THERMODYNAMIQUES 9 Figure 6.9 – Diagramme enthalpique cées compte tenu du fait qu’on sait qu’elles sont pratiquement verticales. (Du fait de l’incompressibilité du liquide, l’enthalpie est très peu sensible à la pression) 6.3.1 Les tables de vapeur La précision de la lecture sur les diagrammes est souvent insuffisante et on a souvent recours à des tables dans lesquelles on peut trouver les valeurs des différentes grandeurs en fonction des pressions et des températures. Il existe deux types de tables. Les tables de saturation donnent les valeurs correspondant au liquide saturé et à la vapeur saturée. Dans ce cas seule la donnée de la pression ou de la température suffit à déterminer l’état du système.On aura donc un tableau à simple entrée (température ou pression). En revanche, pour la vapeur surchauffée, il est nécessaire de donner la pression et la température pour définir l’état du système. On aura donc un tableau à double entrée. Tables de saturation Elles donnent généralement sur une ligne toutes les grandeurs correspondant au liquide saturé et à la vapeur saturée pour une même température (ou pression). On trouve généralement le volume massique (et quelquefois la masse volumique), l’enthalpie massique et l’entropie pour chacune des deux 10 CHAPITRE 6. LES FLUIDES RÉELS phases. La chaleur latente de vaporisation est donnée dans certains cas mais c’est peu utile car elle est facilement calculée comme la différence d’enthalpie entre la vapeur et le liquide. Dans certains cas, on donne deux tableaux séparés, un pour le liquide et l’autre pour la vapeur. D’autres grandeurs physiques telles que la tension superficielle ou la vitesse du son dans le fluide peuvent figurer dans certaines tables mais nous n’en ferons pas usage ici. Attention, Les valeurs figurant dans deux tables différentes peuvent ne pas coïncider car pour des grandeurs telles que l’enthalpie et l’entropie, il est nécessaire de fixer un point de référence. Seules les variations d’enthalpie et d’entropie sont significatives. En pratique, il faut faire les calculs en utilisant la même table ou vérifier que les points de référence sont les mêmes si on utilise deux tables différentes. Tables de la vapeur surchauffée. Elles se présentent généralement sous la forme d’un tableau à double entrée. Dans le cas des tables de la vapeur d’eau qui vous ont été distribuées, à l’intersection entre la ligne correspondant à la pression et à la colonne correspondant à la température, on trouve une case dans laquelle sont indiquées les valeurs du volume massique, de l’enthalpie massique et de l’entropie massique pour l’état considéré. Bien entendu, pour une pression donnée, ne figurent que des températures supérieures à la température de saturation (qui dépend de la pression) car pour des températures inférieures, le fluide n’est pas une vapeur. On trouve aussi quelquefois des données représentées sous la forme d’isothermes. On a alors un tableau pour chaque valeur de la température, chaque ligne du tableau correspondant à une pression. Ou trouver des données thermodynamiques : En dehors des documents que je vous distribuerai, vous pouvez trouver un grand nombre de données pour une très grande variété de molécules sur le site internet WEBBOOK à l’adresse : http://webbook.nist.gov/chemistry/ Ce site est réalisé par le NIST (National Institute of Standards and Technology). Il faut pratiquer un peu l’anglais pour l’utiliser. Je ne connais pas d’équivalent en Français. (Depuis quelques temps, l’interface est traduite en français mais certaines parties du site restent en anglais). Pour certaines substances, vous pourrez aussi utiliser les données présentes dans les logiciels que j’ai mis à votre disposition tels que Cyclepad ou Thermoptim. Solkane est spécialisé dans les fluides frigorigènes (applications frigorifiques). Chapitre 7 Les cycles à turbine à vapeur : 7.1 Introduction Il ne faut pas croire que la machine à vapeur est une technologie dépassée. Certes, on ne voit plus dans nos campagnes de trains à vapeur ni sur les fleuves américains de ces bateaux à vapeur qui font le charme de certains films mais les cycles utilisant la vapeur sont encore d’actualité car une grande partie de la production d’électricité est basée sur cette technique. En effet, les centrales thermiques comme les centrales nucléaires ne sont rien d’autres que d’immenses machines à vapeur, que la chaleur soit apportée par la fission de l’uranium, ou par la combustion de charbon, de pétrole ou de gaz, le principe général de ces centrales reste le même. C’est ce principe que nous allons examiner dans ce chapitre. Un film réalisé par EDF détaillant le fonctionnement d’une centrale nucléaire vous sera projeté. On se concentrera en particulier sur le passage qui décrit le fonctionnement de la boucle secondaire qui est l’objet de notre étude. 7.1.1 Les installations industrielles à vapeur Ces installations sont en général constituées : – D’une chaudière permettant de produire de la vapeur à haute température et à haute pression – D’une turbine où la vapeur vient se détendre en cédant une partie de son énergie sous forme de travail. Le travail ainsi récupéré sur un arbre moteur est transmis aux alternateurs de manière à le convertir en énergie électrique. D’un condenseur où la vapeur est ramenée à l’état liquide à basse pression et basse température. A l’origine, les premières machines à vapeur ne possédaient pas de condenseur et la vapeur détendue était rejetée directement dans l’atmosphère ce qui donnait ces 11 12 CHAPITRE 7. TURBINE À VAPEUR : Figure 7.1 – Schéma de principe d’une machine à vapeur jolis panaches de fumées blanches. L’idée du condenseur est due à Rankine qui donnera son nom au cycle thermodynamique décrit plus bas. L’intérêt du condenseur est de permettre une détente jusqu’à une pression inférieure à la pression atmosphérique ce qui augmente le travail récupéré – D’une pompe refoulant le liquide condensé dans la chaudière pour que le cycle puisse recommencer. L’eau circulant dans l’installation va décrire le cycle ABCDE représenté sur la figure ci contre. Le point D et le point E sont très proches sur le diagramme car la pompe ne fait qu’augmenter la pression en fournissant un travail négligeable par rapport aux autres échanges d’énergie en jeu. En pratique, on ne considère que le cycle ABCD nommé cycle de Rankine. Détaillons un peu : – point A liquide saturé, haute pression haute température. C’est l’état de l’eau juste au point où elle va être vaporisée. – AB vaporisation dans la chaudière – Point B : Vapeur saturée, haute pression haute température – BC Détente de la vapeur. On la considère généralement comme adiabatique et réversible. Si la vapeur entrante est saturée, le diagramme nous montre que la vapeur doit être partiellement liquéfiée à la sortie. – Point C vapeur détendue, ici c’est un mélange liquide vapeur conte- 7.1. INTRODUCTION Figure 7.2 – Cycle de Rankine (diagramme entropique) Figure 7.3 – cycle de Rankine (diagramme de Mollier) 13 14 CHAPITRE 7. TURBINE À VAPEUR : – – – – – nant une grande proportion de vapeur, le tout à basse pression et à basse température. CD Condensation de la vapeur. La vapeur est transformée en liquide. Ce processus doit dégager de la chaleur. Le condenseur est généralement un échangeur de chaleur dans lequel un courant d’eau froide constituant un circuit distinct vient prendre la chaleur dégagée par la condensation pour l’évacuer dans le milieu ambiant. Point D liquide saturé froid à basse pression qui sera réinjecté dans la chaudière par l’intermédiaire de la pompe. DE Passage du liquide à travers la pompe. Ce processus nécessite peu d’énergie en comparaison des autres quantités d’énergie échangées. En effet, l’apport de chaleur est quasi nul dans cet appareil et l’apport de travail est trop faible (du fait de la très faible compressibilité du liquide) pour que la température varie de manière sensible. Dans la pratique, on néglige purement et simplement cette étape en assimilant le point E au point D. point E Le liquide comprimé mais à basse température introduit dans la chaudière. EA (ou DA) Le liquide se réchauffe dans la chaudière en passant de l’entrée jusqu’à l’endroit où il sera vaporisé soit en formant une bulle, soit en s’évaporant à la surface. 7.1.2 Calculs d’énergie On a ici un fluide (l’eau) s’écoulant à travers les divers organes de la machine. Pour les calculs énergétiques, on aura donc recours à la forme du premier principe développée pour les écoulements stationnaires dans le chapitre 5. Travail récupéré au niveau de la turbine. Pour le passage dans la turbine, c’est à dire pour l’évolution BC, on a : VC2 VB2 − = wu + q 2 2 La détente dans la turbine sera supposée adiabatique et réversible (donc isentropique) et la variation d’énergie cinétique est négligée. Il reste donc : hC − hB + wu = hC − hB Remarquons que ce travail massique utile est négatif, ce qui est bien conforme à ce qui est attendu puisqu’il agit d’un travail perdu pour la vapeur et donc 15 7.1. INTRODUCTION gagné par le milieu extérieur c’est à dire ici l’alternateur. La puissance sera alors donnée par Ẇ = ṁwu = ṁ(hC − hB ) où ṁ est le débit de vapeur traversant la machine. Chaleur fournie par la chaudière De la même manière que précédemment, on écrit VB2 VE2 − = wu + q 2 2 Cette fois ci, c’est le travail utile qui est nul dans la chaudière. De même, la variation d’énergie cinétique est négligeable et il reste : hB − hE + q = hB − hE ' hB − hD La puissance calorifique reçue par l’eau dans la chaudière est alors : Q̇ = ṁq = ṁ(hB − hD ) rendement par rapport à l’isentropique dans la turbine : Pour une comparer une détente adiabatique réelle (non réversible) à une détente idéale (réversible donc isentropique), prise comme référence, on dér finit le rendement par rapport à l’isentropique, comme le rapport ρs = w ws où wr est le travail récupéré au cours de la détente réelle et ws est le travail qu’aurait produit une détente isentropique avec les mêmes conditions de départ et la même pression finale. Par définition ce rendement est forcément inférieur à 1 car c’est l’isentrope qui donne le travail maximal pour une pression finale donnée. Ceci peut être montré facilement. (voir exercices). Note Le terme de rendement est assez mal choisi et peut prêter à confusion car il ne s’agit pas ici d’une conversion d’énergie mais c’est le terme consacré et nous nous conformerons à l’usage. 7.1.3 Cycle de Hirn (Surchauffe de la vapeur) Inconvénient du cycle de Rankine décrit précédemment : La vapeur sortant de la chaudière étant saturée, on trouvera à la sortie de la turbine un mélange liquide-vapeur comme on peut le voir sur le diagramme. Une partie de la vapeur se condense au cours de la détente. Les gouttelettes de liquide formées sont fortement accélérées à l’intérieur de la turbine, ce 16 CHAPITRE 7. TURBINE À VAPEUR : Figure 7.4 – Circuit vapeur avec surchauffeur qui a tendance à détériorer les pales de la turbine et à limiter le temps de fonctionnement de ces appareils. Solution : Si l’on veut remédier à ce problème, on doit faire en sorte que le fluide sortant de la turbine soit de la vapeur surchauffée. La solution consiste à séparer la vapeur du liquide en sortie de chaudière et à la surchauffer. On intercale entre la sortie de la chaudière et l’entrée de la turbine un surchauffeur dans lequel la vapeur n’étant plus en contact avec le liquide peut être chauffée jusqu’à une température plus élevée alors que la pression restera sensibleFigure 7.5 – cycle de Hirn (dia- ment constante. gramme entropique) On peut ainsi, limiter voire supprimer, si l’on mène la surchauffe assez loin, la condensation dans la turbine. 7.1. INTRODUCTION 17 Figure 7.6 – Cycle de Hirn (diagramme de Mollier) Un autre avantage de la surchauffe est que le travail récupéré dans la turbine sera plus important ce qui dans certains cas peut améliorer le rendement. En effet, on voit bien sur le diagramme que la variation d’enthalpie dans la turbine est plus importante avec une surchauffe pour une même baisse de pression. Calcul du rendement : Pour le calcul du rendement, il y a lieu de tenir compte de la chaleur reçue par la vapeur dans le surchauffeur. La quantité de chaleur apportée par la source chaude sera alors : qc = qchaudière + qsurchauffe = hB − hD + h0B − hB = h0B − hD 7.1.4 Détente étagée (cycle avec resurchauffeur) Il peut être avantageux d’utiliser une turbine à deux corps. Les deux corps de turbine sont généralement couplés sur le même axe ce qui permet de récupérer toute la puissance mécanique sur un seul arbre moteur. La vapeur se détend une première fois dans le premier corps jusqu’à une pression intermédiaire. La vapeur sortant du premier corps est alors resurchauffée à cette pression intermédiaire puis est dirigée vers le deuxième corps de turbine où elle est détendue jusqu’à la pression finale. Les avantages d’une telle installation, sont les suivants. – Il est plus facile de cette façon d’obtenir un point final dans la zone de vapeur surchauffée ce qui garantit la longévité de la turbine. – D’autre part, le travail récupéré est plus important, ce qui augmente la puissance récupérée pour le même débit de vapeur. – Ces avantages sont obtenus au prix d’une plus grande complexité de l’installation et d’un prix plus élevé. 18 CHAPITRE 7. TURBINE À VAPEUR : Figure 7.7 – Circuit avec resurchauffeur Figure 7.8 – Cycle de Hirn avec re-surchauffe (diagramme entropique) 7.1. INTRODUCTION 19 Figure 7.9 – Cycle de Hirn avec re-surchauffe (diagramme de Mollier) 7.1.5 Turbine à contre-pression Le rendement peut être amélioré dans certains cas. Généralement, les turbines à vapeur fonctionnent avec une pression de condensation très faible ( environ 0,1 bar) ce qui permet de récupérer plus de travail. (voir plus haut : utilité du condenseur). Mais dans ce cas, la chaleur récupérée au niveau condenseur est généralement inutilisable car la température de sortie de l’eau de refroidissement est alors trop basse (inférieure à 50°C). Dans un grand nombre de cas, la chaleur de condensation est simplement rejetée dans le milieu extérieur ( voir par exemple les tours de refroidissement qui accompagnent souvent les centrales nucléaires.), ce qui représente un gâchis important du point de vue énergétique. Dans les turbines à contre-pression, la détente est arrêtée à une pression supérieure (donc T supérieure) ce qui limite la quantité de travail récupérée ( hC − hB ) mais alors la quantité de chaleur rejetée au condenseur ( hD − h00C )peut être utilisée par exemple pour chauffer des locaux ou des serres. Par exemple, si la détente est arrêtée à 1 bar, la température de condensation est de 100°C ce qui permet de distribuer de l’eau chaude à 90°C. Les quantités de chaleur ainsi récupérées peuvent être considérables. 7.1.6 Cycle à soutirage (ou à prélèvement) Dans certaines installations, on réalise une détente étagée comme cidessus pour le cycle à resurchauffe mais, ici une partie du flux de vapeur issu du premier corps de turbine est dérivé vers un mélangeur opérant à la pression intermédiaire, mélangeur dans lequel cette vapeur prélevée est mélangée au 20 CHAPITRE 7. TURBINE À VAPEUR : Figure 7.10 – Installation à soutirage flux de liquide ṁ2 provenant du condenseur. La vapeur se condense au contact du liquide froid provenant du condenseur, ce qui a pour effet de préchauffer ce liquide. Le flux de vapeur soutiré ṁ1 est calculé de telle sorte que la température finale du liquide soit précisément la température de saturation correspondant à la pression intermédiaire. On obtient donc en sortie du mélangeur un liquide saturé à la pression intermédiaire (et à la température intermédiaire) qui est ensuite injecté dans la chaudière. Le flux total de vapeur ṁ = ṁ1 + ṁ2 est ainsi reconstitué. L’intérêt de ce type d’installation ne saute pas aux yeux. Figure 7.11 – Cycle à soutirage (dia- Pourtant, un tel dispositif permet gramme entropique) d’augmenter sensiblement le rendement. En effet, grâce à la chaleur de condensation du flux prélevé qui est récupérée pour préchauffer l’eau sortant du condenseur, les irréversibilités dues au chauffage de cette eau sont 7.1. INTRODUCTION 21 Figure 7.12 – Cycle à soutirage (diagramme de Mollier) réduites. L’étude d’un tel cycle est assez complexe et sera éventuellement vue en exercice ou avec un logiciel de simulation. 22 CHAPITRE 7. TURBINE À VAPEUR : Chapitre 8 Transferts thermiques 8.1 8.1.1 Introduction. Flux de chaleur Les transferts de chaleur jouent un rôle important dans un grand nombre de situations physiques et dans un nombre important d’applications industrielles. Nous allons nous intéresser dans ce cours aux mécanismes du transfert de chaleur plutôt qu’aux relations entre ces transferts de chaleur et les états de la matiére ou avec les autres formes d’énergie. Cet aspect et notamment les relations avec l’énergie mécanique seront examinés dans le cours de thermodynamique qui vous sera dispensé en deuxième année. Le présent cours se limite donc à l’étude des différents modes de transfert de chaleur. C’est à dire que nous allons examiner comment la chaleur se propage entre deux objets matériels. Pour commencer, nous devons donner une définition succincte de la notion de chaleur. Chaleur : Nous appellerons chaleur une quantité d’énergie qui passe d’un corps à un autre sous l’effet d’une différence de température. L’expérience montre en effet que la mise en contact d’un corps chaud ( de température élevée) avec un corps plus froid ( de température plus basse) provoque une évolution au cours de laquelle la température du corps chaud baisse tandis que la température du corps froid augmente. L’interprêtation d’une telle expérience est que le corps chaud a cédé une partie de son énergie au corps froid. C’est ce type d’énergie que nous appellerons chaleur. Unités : Il résulte de cette définition que les unités de mesure de la chaleur seront les unités d’énergie usuelles. En particulier dans le système S.I., 23 24 CHAPITRE 8. TRANSFERTS THERMIQUES cette unité est le Joule ( Symbole : J ). Remarque : Il est utile de noter ici la corespondance avec les anciennes unités telle la calorie : 1 cal = 4, 18 J Remarque : On a longtemps considéré que la chaleur était une sorte de fluide (parfois nommé phlogistique) qui s’écoulait entre les corps chauds et froids et par conséquent se conservait. Le développement de la thermodynamique a montré que cette idée était fausse quand d’autre types d’énergies intervenaient en particulier l’énergie mécanique. Ceci a mené à l’idée d’une conservation de l’énergie en général qui correspond mieux à l’expérience. Nous reviendrons sur cet aspect dans le cours de Thermodynamique de deuxième année. Les énoncés précédents montrent qu’il ne faut pas confondre les notions de chaleur et de température. Bien que dans le langage courant, ces deux mots soient souvent considérés comme équivalents, en physique, il y a lieu de faire une distinction. La température est un paramètre physique attaché à l’état d’un système. On sait aujourd’hui que la température est une traduction au niveau macroscopique de l’agitation qui a lieu au niveau microscopique (à l’échelle des atomes et des molécules). Plus précisément, la température est une indication du niveau moyen d’énergie cinétique des particules qui constituent la matière. D’un point de vue pratique, on peut classer les différentes températures du plus froid au plus chaud en définissant une échelle de températures. L’échelle de temperature la plus courante est l’échelle Celsius pour laquelle la température est fixée à 0°C pour la glace fondante et à 100°C pour l’eau bouillante sous pression atmosphérique. Flux de chaleur : On appellera flux de chaleur la quantité de chaleur pasant à travers une surface (ou d’un corps à un autre) par unité de temps. Si l’on note Q la quantité de chaleur déjà passée au temps t, le flux de chaleur peut s’écrire : φ= dQ dt Régime permanent : On dira qu’on a atteint un régime permanent lorsque les variables (c’est à dire ici les températures) ne dépendent plus du temps. On dira au contraire qu’on a un régime transitoire lorsque les variables dépendent du temps. Nous nous limiterons ici au régime permanent. 8.1. INTRODUCTION. 8.1.2 25 Trois modes de transfert : On distingue généralement trois modes de transfert de chaleur correspondant à des mécanusmes différents : Conduction Le transfert par conduction est un transfert de chaleur par contact matériel. La chaleur se transmet par exemple à travers un solide entre un point chaud et un point froid. Exemple : Si on trempe dans l’eau bouillante une cuiller en metal, on se brûle en touchant le bout extérieur. La chaleur est passée à travers le métal entre le bout imergé (qui est à une température proche de 100o C) et l’autre bout qui est à une température inférieure. On dit que la chaleur a été conduite par le métal. Les métaux son généralement de bons conducteurs de la chaleur. La même expérience avec une cuiller en bois vous évite de vous brûler car la chaleur passe plus difficilement dans le bois. On dit que le bois est un isolant. Remarque : On explique ce phénomène par un échange d’énergie entre les atomes ou molécules constituant le matériau qui sont proches les uns des autres. La chaleur se propage ainsi de proche en proche. Convection Lorsqu’on a affaire à un fluide, si celui-ci est immobile, le phénomène de conduction a lieu de manière similaire. Mais ce n’est généralement pas le cas et les mouvements du fluide étant généralement assez rapides par rapport aux échanges de chaleur. Lorsque le fluide est en contact avec une surface chaude par exemple, il emporte de l’énergie dans son mouvement ce qui accélère les échanges de chaleur. Exemple : Lorsqu’on souffle sur un objet chaud pour le refroidir, on utilise la convection pour augmenter les échanges de chaleur On distingue généralement deux types de convections : – La convection forcée lorsque le mouvement du fluide est provoqué par une cause extérieure (par exemple un ventilateur) – La convection naturelle lorsque le mouvement du fluide est provoqué par les différences de température. Exemples de convections naturelles : Un convecteur (on voit bien d’où vient son nom) électrique est un appreil de chauffage présentant une surface chaude et verticale . L’air qui se réchauffe à son contact voit sa densité diminuer, ce qui le fait se déplacer vers le haut. de l’air froid vient le remplacer ce qui entretient le mouvement. Faîtes 26 CHAPITRE 8. TRANSFERTS THERMIQUES l’expérience : Placez votre main au dessus d’un convecteur en fonctionnement vous sentirez nettement un courant d’air bien qu’il n’y ait aucun ventilateur. A une plus grande échelle, ce sont des phénomènes de ce type qui sont responsable de l’existence des vents sur la planète terre. Le Rayonnement : Ce mode de transfert de chaleur n’a pas besoin du support de la matière et peut s’effectuer à travers le vide. En effet, il s’agit d’un transport d’énergie sous la forme d’ondes électromagnétiques. C’est à dire d’ondes de la même nature que la lumière. Exemples : La lumière et la chaleur du soleil nous parviennent à travers le vide sidéral La chaleur qu’on ressent en nous approchant des braises laissées par un feu nous parvient sous la forme de rayonnement. L’air est transparent pour le rayonnement. 8.2 Conduction en régime permanent Nous nous limiterons essentiellement à une dimension. 8.2.1 Conduction à travers une paroi plane en régime permanent. Considérons une paroi plane constituée d’un matériau homogène et séparant deux milieux de températures différentes mais maintenues constantes dans le temps. Du fait de la différence de températures, un flux de chaleur va traverser cette paroi. L’expérience montre que ce flux est proportionnel à la surface et à la différence de températures entre les deux surfaces. De même, le flux est inversement proportionnel à l’épaisseur de la paroi ce qui donne une formule du type : λS (Tse − Tsi ) φ= e où S est la surface, e l’épaisseur et lambda un facteur de proportionnalité dont on donnera une interprêtation plus loin. ou encore ϕ = λe ∆T après avoir défini le flux surfacique : ϕ = Sφ Loi de Fourier à une dimension : 27 8.2. CONDUCTION EN RÉGIME PERMANENT T+dT T Tsi Tse intérieur intérieur extérieur extérieur x x e x+dx Figure 8.1 – Loi de Fourier En examinant ce qui se passe entre deux plans infiniments voisins dans la paroi (voir figure 8.1), on peut écrire : ϕ = −λ dT dx ceci est la loi de Fourier pour le cas où la chaleur se propage dans une seule direction celle de l’axe ox. Remarque : le signe - indique que la chaleur se déplace ves les températures décroissantes. (On compte le flux positivement dans le sens de la direction ox) Remarque : Dans le cas où la chaleur se propage dans toutes les directions, la loi de Fourier s’écrit à l’aide des 3 dimensions d’espace (x,y,z) et doit faire intervenir des fonctions à plusieurs variables. La solution de tels problèmes est beaucoup plus complexe et on a aujourd’hui recours à des programmes informatiques pour réaliser les calculs numériquement. (ce cas ne sera pas traité ici) La constante λ apparaît comme une caractéristique du matériau indiquant avec quelle “vitesse” le matériau est traversé par la chaleur. On appelle ce paramètre la conductivité thermique. Les grandes valeurs de λ correspondent à un matériau qui laisse passer la chaleur. On dit d’un tel matériau qu’il est conducteur. En revanche, une faible valeur de λ correspond à un matériau ne laissant pas passer la chaleur facilement dont on dira alors qu’il est isolant. Remarque : dans certains ouvrages, λ est nommée conductibilité et est quelquefois notée par la lettre k. 28 CHAPITRE 8. TRANSFERTS THERMIQUES Question : Quelle doit être l’unité de cette grandeur dans le système S.I. Réponse : En exprimant λ en fonction des autres grandeurs physiques : λ= φe S∆T on peut déduire l’unité de conductivité thermique soit : W m−1 K −1 Vous trouverez dans le tableau ci-dessous quelques exemples de valeurs de la conductivité pour différents matériaux conducteurs et isolants. Notez bien les ordres de grandeur. Matériau conductivité en W m−1 K −1 conducteurs diamant Argent pur Cuivre pur or pur Aluminium pur Duralumin fer pur 550.0 417.1 386 297.7 229 164 83.5 isolants mousse de polyuréthane Teflon (PTFE) 0.026 0.24 autres eau glace verre 0.603 2.2 1.13 Remarque : Lorsqu’on doit traiter un problème de conduction thermique (ou d’isolation), le plus difficile est souvent de trouver des valeurs réalistes de la conductivité thermique. On pourra en trouver dans les ouvrages cités en référence ou encore dans certaines bases de données disponible sur Internet telles que : – http :// srdata.nist.gov/insulation/ Ce lien pointe sur une base de donnée du NIST (National Institute of standards and Technology) dédiée aux propriétés des isolants thermiques. 8.2. CONDUCTION EN RÉGIME PERMANENT 29 T x x=e x=0 épaisseur e Figure 8.2 – Profil linéaire de températures – http ://www.apo.nmsu.edu/Telescopes/SDSS/eng.papers/ 19950926_ConversionFactors/19950926_MProperties.html Ce lien donne les valeurs de différentes propriétés pour un petit nombre de matériaux. 8.2.2 Régime permanent. En régime permanent, le flux traversant chaque tranche de la paroi est le même. On a donc :ϕ = constante ce qui implique : dT = cte dx On a donc un profil de température linéaire comme sur la figure 8.2 8.2.3 Interface avec un fluide : loi de Newton Les températures utilisées ci- dessus sont celles du matériau et à la limite celles de sa surface. Mais que se passe-t-il à l’interface entre le matériau et le fluide avec lequel il est en contact. Généralement la température du fluide est différente de celle de la paroi et il y a donc un échange de chaleur. On considère généralement que le flux de chaleur entre la paroi et le fluide est proportionnel à la surface et à la différence de températures ce qui donne la loi de Newton : φ = h S ∆T 30 CHAPITRE 8. TRANSFERTS THERMIQUES 1111111 0000000 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 0000000 1111111 Ts Φ Tf Figure 8.3 – Convection où h est appelé coefficient d’échange de chaleur par convection. Ce coefficient dépend généralement d’un grand nombre de paramètres caractérisant les conditions de l’échange comme par exemple la vitesse d’écoulement du fluide. L’essentiel des problèmes de convection consiste à évaluer ce coefficient. Généralement, h est – soit mesuré expérimentalement – soit évalué grâce à une corrélation établie par des études antérieures (voir chapitre convection) Le coefficient de convection sera donné dans la plupart des problèmes envisagés ici. Note :∆T est la différence de température entre la surface du matériau et la masse du fluide (assez loin de la paroi pour que celle-ci n’ait pas d’influence sur le fluide). On ne précise pas le signe de ∆T car tout dépend des conventions sur le flux. Pour fixer les idées on peut par exemple décider de compter positivement le flux sortant du matériau on aura alors : ∆T = Ts − Tf où Ts est la température de surface du matériau et Tf la température du 31 8.3. NOTION DE RÉSISTANCE THERMIQUE T1 T2 Ti T3 λ1 λ2 e1 e2 Te Φ (a) essai Figure 8.4 – mur composite fluide loin de la surface. 8.3 8.3.1 Notion de résistance thermique Géométrie plane mur composite Résistance de conduction Considérons un mur composé de plusieurs couches de différents matériaux et de différentes épaisseurs. Si l’on est en régime permanent, le flux traversant les différentes couches est le même. (Sinon, la température devrait varier dans une couche ou le flux entrant est différent du flux sortant. Prenons l’exemple de la figure 8.4. Le flux traversant la première couche s’écrira :φ = λe11S (T2 − T1 ) De même à travers la deuxième couche : φ = − λe22S (T3 − T2 ) On peut alors remarquer que la différence de température totale s’écrit : e2 e1 T3 − T1 = T3 − T2 + T2 − T1 = −φ( + ) λ2 S2 λ1 S1 e On appelle alors le terme RT = λS résistance thermique de conduction à travers la couche considérée. 32 CHAPITRE 8. TRANSFERTS THERMIQUES On écrira alors en faisant abstraction du signe : ∆T = φ(RT 1 + RT 2 ) L’interprêtation de la formule précédente est la suivante : Les deux résistances thermiques représentent la résistance opposée par chaque couche au passage de la chaleur. Dans le cas présent, les deux résistances thermiques s’ajoutent pour former une résistance globale des deux couches au passage de la chaleur. Il est quelquefois utile de définir une résistance thermique par unité de surface qu’on notera R̄T . On aura donc dans ce cas : R̄T = e λ Résistance de convection A la surface du mur on utilisera la loi de Newton pour calculer le flux : φ = hS∆T De la même manière, on peut introduire une résistance thermique de convection définie par : 1 RT = hS Revenons à la figure 8.4. On peut écrire : Te − Ti = Te − T3 + T3 − T2 + T2 − T1 + T1 − Ti soit Te − Ti = −φ( 1 e2 e1 1 + + + ) he S λ2 S2 λ1 S1 hi S ici encore, la résistance thermique globale est la somme des résistances thermiques. Résistance de contact Il arrive que lorsque deux solides sont en contact, le contact ne soit pas parfait. On observe alors en régime permanent un saut de température entre les deux faces en contact. Ce saut de température peut être attribué à une résistance de contact Rc . On écrit alors : ∆T = Rc φ où ∆T est la différence de température entre les deux faces. 8.3. NOTION DE RÉSISTANCE THERMIQUE 33 λ r+dr re r ri r Φ Figure 8.5 – géométrie cylindrique 8.3.2 Géométrie cylindrique Nous avons défini au paragraphe précédent une résistance thermique pour lae cas d’un mur plan. Lorsqu’on a affaire à un problème où la géométrie est cylindrique (ce qui est souvent le cas lorsqu’on a des tuyaux), l’expression des résistances thermiques sera différente. Résistance de conduction Considérons un tube tel que celui représenté sur la figure 8.5 . Pour calculer le flux de chaleur passant de l’intérieur du tube vers l’extérieur, on va revenir à la loi de Fourier. Le tube est représenté en coupe sur la figure 8.5 et on va considérer le flux passant entre deux surfaces cylindriques de rayons r et r+dr. Lorsqu’on est en régime permanent et pour les mêmes raisons que ci-dessus, le flux de chaleur entrant dans la masse du tuyau est le même que le flux sortant. On peut même ajouter que le flux sera le même à travers n’importe quelle surface cylindrique de rayon r dans la masse du tuyau. Le flux s’écrit : dT dT = −λl(2πr) φ = −λS dr dr où l est la longueur du tube. Le flux étant constant, on a là une équation différentielle très simple qui se résout aisément par intégration après avoir 34 CHAPITRE 8. TRANSFERTS THERMIQUES séparé les variables : ˆ Te Ti φ dT = − 2πλl ˆ re ri dr r ce qui donne : Te − Ti = − φ re ln 2πλl ri On en déduit immédiatement l’expression de la résistance thermique par conduction dans cette géomérie : RT = 1 re ln 2πλl ri S’il y a plusieurs couches cylindriques, les résistances thermique s’additionneront comme dans le cas précédent. note : On peut aussi définir une résistance thermique par unité de longueur dont l’expression sera évidemment : R̄T = re 1 ln 2πλ ri Résistance thermique de convection Dans le cas du tube présenté sur la figure 8.5, il existe aussi une résistance de convection sur la face intérieure du tube de même qu’à la surface extérieure. De même que précédemment, la loi de Newton conduit immédiatement à 1 1 = RT = hS 2πrlh R̄T = 8.3.3 1 2πrh Géométrie sphérique Ce cas pourra être traité à titre d’exercice de manière similaire. 35 8.3. NOTION DE RÉSISTANCE THERMIQUE λ1 Φ1 Te Ti he hi Φ2 λ2 Figure 8.6 – Résistances en parallèle 8.3.4 Résistances en parallèle Imaginons une paroi constituée de deux pans différents constitués de deux matériaux différents et d’épaisseurs différentes comme indiqué sur la figure 8.6. Si l’on calcule séparément les deux flux traversant chacun des deux pans de paroi, on est amené à définir deux résistances thermiques distinctes : 1 e1 1 + + hi λ1 he RT1 1 = S1 1 e2 1 + + hi λ2 he RT2 1 = S2 Le Flux total passant à travers l’ensemble de la paroi peut alors s’écrire : φ = φ1 + φ2 = δT 1 1 + RT1 RT2 On peut alors définir une résistance thermique équivalente RT telle que : 1 1 1 = + RT RT1 RT2 36 8.3.5 CHAPITRE 8. TRANSFERTS THERMIQUES Coefficients de transferts globaux Lorsqu’on traite le cas d’un bâtiment, on est quelquefois amené à définir un coefficient de transfert global K moyen pour la surface de murs. On peut alors écrire : φ = KS∆T où S est la surface totale de mur séparant l’intérieur de l’extérieur et ∆T la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur. On définit aussi quelquefois un coefficient par unité de volume G. On écrit alors φ = GV ∆T où V est le volume du bâtiment. 8.4 Analogie électrique Une analogie est une correspondance entre deux phénomènes physiques distincts gouvernés par des lois semblables. Nous allons établir ici une analogie entre les phénomènes thermiques et électriques. Nous nous limiterons ici aux résistances thermiques de convection et de conduction en régime permanent. En réalité l’analogie peut être poussée plus loin. La correspondance est donnée dans le tableau ci-dessous : Thermique T ∆T φ ∆T = RT φ RT = RT1 + RT2 1 = R1T + R1T RT 1 Température Différence de température Flux de chaleur 2 électrique V U = ∆V I U = RI R = R1 + R2 1 = R11 + R12 R1 Potentiel électrique Tension ou différence de potentie Intensité du courant Loi d’Ohm Résistances en série Résistances en parallèle Utilisation en pratique En pratique pour utiliser cette analogie, on réalise un circuit électrique équivalent au problème thermique en disposant des résistances électriques dont les valeurs sont proportionnelles aux résistances thermiques. On impose ensuite une tension connue aux bornes du circuit correspondant aux points 8.4. ANALOGIE ÉLECTRIQUE 37 où la température est connue. Les courants s’établissant dans les différentes branches du circuit doivent alors être proportionnels aux flux de chaleur correspondants dans le problème thermique. Par exemple, supposons qu’on construise un circuit électrique pour lequel les valeurs des résistances sont déterminées par R = αRT on prendra par exemple α = 1000ΩW K −1 . Si l’on impose une tension telle que U = β∆T (on prendra par exemple β = 1V K −1 ), le flux de chaleur pourra être recalculé à partir des courants mesurés par : Uα α ∆T = = I φ= RT βR β