La Page דף הברית Cette notion d’imprégner l’enfant de Torah dés son plus jeune âge, même s’il n’est qu’un nourrisson se retrouve dans une histoire de la Michna de Souca (2, 8) dans laquelle la belle-fille de Chamay a accouché d’un enfant et Chamay a placé du sekhakh sur le berceau du nourrisson. De l’éducation au berceau Lors de la fête de Soucot qui suivait une année de chemita, l’ensemble du peuple juif se réunissait au Temple de Jérusalem afin d’accomplir l’injonction de hakhel, de rassembler la nation à ce moment de l’année. « Rassemble hommes, femmes et enfant » (Deut 31, 12). Alors que généralement le juif est soumis à la loi à partir de sa majorité religieuse, ici les mineurs sont aussi concernés. Le Talmud (‘Haguiga 3a) explique que les enfants sont emmenés au Temple « afin de prodiguer du mérite à ceux qui les emmènent ». Lorsqu’un adulte emmène son enfant au Temple, il contribue considérablement à son éducation et s’acquiert ainsi du mérite. Sur ce passage, les Tossefot écrivent : « Sur ce passage, nous nous appuyons pour emmener les petits à la synagogue ». Dans la même page du Talmud, le texte raconte que lorsque Rabbi Yehochoua de Pik’in a entendu cette explication, il s’est exprimé : « Vous aviez en main une si jolie perle ». Le Méchekh ‘Hokhma (sur Deut 31, 12) écrit que l’enseignement n’est pas simplement joli mais il touche profondément Rabbi Yehochoua et le ramène dans un passé très lointain. En effet, le Talmud de Jérusalem (Yevamot 1, 5) rapporte que sa maman avait l’habitude d’emmener son berceau à la maison de prière pour que ses oreilles s’imprègnent des paroles de Torah. L’enseignement est précieux parce que Rabbi Yehochoua saisit que grâce à lui, sa maman s’est acquise du mérite. בס''ד de l'alliance israélite Dans un ouvrage connu de toutes les mamans intitulé « J’élève mon enfant », Laurence Pernoud écrit : « c’est d’abord une imprégnation, un environnement qui favorisent et développent un éveil de la sensibilité aux mystères de la religion. Publication Jeudi 25 septembre 2014 universelle d u lycée l'alliance israélite u n i v e r s e l l e -Nice 1 TICHRI 5775 ROCH HACHANA 5775 Sommaire Je dis cela pour répondre à la question que posent certains parents : quand commence l’éducation religieuse ? Je réponds : au berceau, aujourd’hui, tous les jours » (p. 281). ETUDE DE LA PARACHA ROCH HACHANA… La maison de prière et la souca représentent bien ce cadre de développement, cet environnement de l’évolution de l’âme juive de l’enfant. KIPPOUR…SOUCCOT On comprend alors à fortiori la nécessité d’assurer une éducation juive en milieu juif pour nos enfants. D’où l’importance de l’école juive plus tard. La rentrée scolaire 2014 a connu de grandes mutations dans l’Ecole juive de Nice. Suite à des échanges loyaux et constructifs, les trois établissements, Kerem Menahem, Or Tora et l’Alliance ont accepté de mutualiser les énergies réciproques et pour rationaliser l’enseignement juif dans notre communauté. Ainsi, il n’y a plus que deux collèges, Or Tora et Kerem Menahem et un lycée, celui de l’Alliance Israélite Universelle. C’est une belle avancée et je souhaite, au seuil de cette nouvelle année, que 5775 soit l’ouverture d’une ère de concorde qui connaitra de belles réalisations éducatives pour en faire profiter nos élèves, vos enfants, afin d’atteindre la réussite et le plein épanouissement. En effet, la souca est le lieu de la transmission puisque lieu de rencontre entre les générations. Les ancêtres du peuple juif ne sont-ils pas les invités invisibles mais ô combien présents dans les soucot d’Israël ? Pour ma part, avec toute l’équipe qui m’entoure, j’aspire aussi et surtout, à faire que ce lycée de l’Alliance accompagne chaque élève vers l’âge adulte, en le formant à la mémoire du passé, à l’écoute du présent et à être l’acteur du futur. Le lieu de prière et d’étude est aussi lieu de rencontre puisqu’on ouvre les mêmes livres que nos ancêtres et qu’on dialogue avec les Sages qui les habitent. Directeur Rédacteur Publication En fait, tout ceci est résumé dans le verset : « Vous résiderez dans des soucot sept jours afin que vos générations sachent… ». E.Benarroch Jacky Milewski A I U Nice Copyright © 2014 - AIU NICE Nous vous remercions de ne pas transporter le Daf le Chabbat ROCH HACHANA : JEUDI 25 Septembre Veille : 19h11 KIPPOUR : Samedi 4 octobre – Veille : 18h51 SOUCCOT : Jeudi 10 octobre Veille : 18h46 Rabbin Jacky Milewski בס''ד Ce projet se nourrit de l’éthique juive et des valeurs phares du judaïsme, référence immuable, c’est mon objectif et c’est notre défi. Que cette année nous annonce le bonheur, la sérénité et la paix. Chana Tova oumétouka. Elie Benarroch. vcuy vba Lycée de l'alliance israélite universelle www.aiu-nice.org 22, rue Michelet 06100 NICE Tél. 04.92.07.88.10 Fax 04.92.07.88.11 Email : [email protected] Judéité et Judaïsme Dans le passage de la Torah lu, au premier jour de Roch Hachana, Avraham se plaint à Avimélekh, roi des philistins, à propos des puits que les seviteurs du roi lui ont volés. Avimélekh n’est pas seul dans l’histoire ; il est accompagné de Pikhol, son général en chef. Avimélekh répond à Avraham au sujet de sa plainte : « je ne sais pas qui a commis cela, et toi aussi tu ne m’en as pas fait le récit, et moi aussi, je n’en avais pas entendu parler jusqu’aujourd’hui ». Aviméleh affirme qu’il ne savait pas, qu’il n’a rien entendu de l’histoire, qu’on ne lui a rien rapporté. Mais cette insistance ne risque-telle pas de susciter la méfiance chez Avraham ? A force d’affirmer son innocence, ne risque-t-il pas de distiller le doute ? Rabi Yits’hak de Volozhin (Pé Kadoch) propose un commentaire très original : Avimélekh dit à Avraham : « je ne sais pas qui a commis cela », puis il se tourne vers son général et lui reproche : « et toi aussi tu ne m’en as pas fait le récit ». Et Pikhol lui répond : «et moi aussi, je n’en avais pas entendu parler jusqu’aujourd’hui ». Autrement dit, personne ne sait rien, n’a rien entendu, ni le roi ni le chef de la police de ce minuscule royaume. On est parfois confronté à des situations où l’on se sent très seul parce qu’autour de nous, personne ne sait rien, personne n’a rien vu. En ce jour de Roch Hachana, nous savons, on nous a dit et nous avons entendu. En ce jour de Roch Hachana, nous savons. Qu’est-ce que nous savons ? Nous savons que D.ieu existe et qu’Il nous a donné une loi, la Torah. C’est bien ce que le texte de la Amida dit : « comme nous savons que Tu es Hachem notre D.ieu (kemo chéyada’nou Hachem Elokénou)». En ce jour de Roch Hachana, on a dit, répété, affirmé, expliqué que la judéité ne se résume pas à un sentiment, ni à des valeurs, ni à une simple appartenance à un peuple, ni même à l’amour d’un Etat qui borde la Méditerranée (puisque la judéité a précédé l’Etat d’Israël), ni à la mémoire de la Choa (car la judéité a aussi précédé la Choa). Si l’on considère la judéité sous ces aspects et ces aspects seulement, on réduit considérablement sa dimension, on réduit son impact, on fait de la judéité une partie de notre vie, et non notre vie. La judéité, le fait d’être juif est un événement, un événement qui concerne l’intégralité de nos vies, donc notre façon d’agir, de s’exprimer, de penser, de ressentir, de manger, de travailler, de gérer son temps avec le chabbat, d’entretenir des liens avec autrui. C’est l’observance et la pratique du judaïsme qui nourrissent la judéité, qui lui donnent un sens ; c’est l’accomplissement des mitsvot qui exprime la judéité et lui permet de se manifester. En ce jour de Roch Hachana, nous écoutons les sonneries du chofar nous rappeler notre vocation, notre identité. Etre juif, certains jours de l’année, ou à certains moments de la journée, revient à appauvrir la judéité, à en faire un élément de la vie parmi d’autres alors que la judéité, c’est l’essence même de notre vie. Cette judéité ne peut perdurer et se transmettre que si, comme pendant des millénaires, elle se conjugue au judaïsme. Rabbin Jacky Milewski Souviens-toi ! Mon ami, mon frère, Souviens-toi que tu es juif, aujourd’hui bien sûr, en ce jour de Kippour, mais aussi demain, et aussi après demain, et tous les jours de ta vie. Mon ami, mon frère, Mon ami, mon frère, Souviens-toi de cette histoire, de ton histoire, commencée il y a 3500 ans avec notre ancêtre Avraham qui découvrit l’existence d’un D.ieu Créateur ; Reconnais que revendiquer sa judéité en oubliant, en négligeant, en repoussant le judaïsme, en se disant juif athée ou juif laïc ou juif de culture ou juif de cœur, ou juif libéral, reconnais que c’est là une manière d’être juif que ni l’histoire juive ni la tradition d’Israël ne connaissent. Souviens-toi de cette histoire, de ton histoire, qui s’est poursuivit en traversant l’esclavage d’Egypte, les miracles de la libération et le passage au cœur de la mer des Joncs; Souviens-toi de ce moment unique dans l’histoire de l’humanité, depuis non réitéré, de cette scène qui se produisit au pied du mont Sinaï où D.ieu Se dévoila et nous confia Sa Torah ; Souviens-toi, mon ami, mon frère, de l’établissement de nos ancêtres dans la terre promise, de la construction du Temple de Jérusalem ; et puis de sa destruction des siècles plus tard, et de l’exil, et de la dispersion ; Souviens-toi des croisades meurtrières et de l’Inquisition, des cosaques et des pogromes, des fosses et des camps, des chambres à gaz et des attentats dans les bus, souviens-toi de toute cette douleur, de toute cette souffrance, souviens-toi mais surtout interroges-toi, interroges-toi sur ce que tu fais de ta vie, et sur ce que tu fais dans ta vie de toute cette mémoire, de toute cette histoire, de toutes ces larmes, de tout cet espoir. Interroges-toi sur ce que cela signifie que d’être juif, et souviens-toi que pendant des millénaires, la judéité était indéfectiblement liée au judaïsme ; souvienstoi que pendant des siècles et des siècles, le juif ne pouvait pas envisager sa vie sans la Torah et ses commandements, sans l’observance du chabbat et les lois juives de l’alimentation. Et puis, il y a encore autre chose : parfois, selon les événements et les circonstances, tu te souviens que tu es juif et tu viens à la schoule. Pour une naissance, une circoncision, un mariage, un deuil, tu reprends ta kippa pliée et ton vieux talit et tu ouvres les portes de la schoule. Mais la judéité ne méritet-elle pas de s’exprimer bien plus souvent ? La judéité n’a-t-elle pas de signification les jours où rien de particulier ne se produit ? N’a-t-elle pas à se manifester dans les périodes routinières, dans le quotidien ? Souviens-toi de ton grand-père, ou de ton arrière grand-père, au visage rayonnant et honorable, qui le matin, tôt, s’enveloppait de talit et se parait de ses tefiline, qui considérait la schoule comme sa maison et qui parlait à D.ieu comme on parle à un ami, comme on parle à un père. Souviens-toi de ta grand-mère et de ton arrière grand-mère qui récitait sans cesse de si belles suppliques en yiddisch, la tête couverte, et emplie de crainte du ciel. Et surtout souviens-toi de l’avenir de tes enfants et petits-enfants que tu veux juifs, de tes enfants dont tu voudrais non pas simplement connaître mais reconnaître la descendance, et qui te considèreraient comme un lien de transmission à travers les générations. Souviens-toi et reconnais que si tu veux que tes enfants et petits-enfants soient juifs, c’est toi-même qui doit l’être, et pas seulement aujourd’hui mais tous les jours de la vie. Et être juif, c’est avant tout se comporter comme un juif, c’est manger comme un juif ce que la Torah autorise, c’est travailler comme un juif en observant le chabbat, c’est s’exprimer comme un juif en conformité avec l’éthique juive. Souviens-toi enfin, fils d’Avraham, fille de Sarah, que tu as une seconde maison, que cette seconde maison c’est la schoule dans laquelle tu te trouves en ce moment, cet endroit où les juifs se rassemblent pour prononcer des mots immémoriaux, pour entendre des paroles provenant d’autres temps, des mots juifs, des temps juifs. Cette maison appartient à la grande maison d’Israël. Venir à la schoule est un acte identitaire. A travers les générations, la schoule était un lieu de refuge et de lumière. Nos grands-parents et arrières grands-parents la considéraient comme leur maison. En sera-t-il de même pour tes enfants et tes petits enfants ? Y viendrontils en touriste, en étranger, en coup de vent, dans la plus grande ignorance de leur racine, se sentiront-ils ici chez eux ? A l’aise ? Tout cela, mon ami, tout cela, mon frère, c’est de toi et de toi uniquement que cela dépend. Mon ami, mon frère, Souviens-toi que tu es juif, aujourd’hui bien sûr, en ce jour de Kippour, mais aussi demain, et aussi après demain, et tous les jours de ta vie. Rabbin Jacky Milewski