SPEECH/12/35
Antonio TAJANI
Vice-président de la Commission européenne, responsable pour
l’industrie et l’entrepreneuriat
Les opportunités qu'Internet et le
Marché Intérieur Digital offrent aux
PME
Conférence "The Single Market Opportunity– Getting Europe’s
SMEs Online"
Bruxelles, 24 janvier 2012
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Mesdames et Messieurs, chers entrepreneurs, c'est un plaisir pour moi de participer
à cet important événement.
Son thème est essentiel: à un moment où l'Europe s'apprête à faire le bilan des 20
premières années du Marché Intérieur Européen, quelles opportunités Internet et le
Marché Intérieur Digital offrent-ils aux PME ?
Et, surtout, comment concrétiser ces opportunités?
La réponse à la première question est, théoriquement, assez simple car nous
sommes tout-à-fait conscients des opportunités offertes par l'économie digitale.
En effet, pour comprendre l'importance de l'enjeu, il suffit de penser au fait que plus
de 20% de la croissance, en termes de PIB, des 5 dernières années sont attribués à
l'économie Internet. La Commission l'a d'ailleurs déjà souligné dans le plan d'action,
qu'elle vient d'adopter pour doubler le volume du commerce électronique en Europe
d'ici 2015".
Des services en ligne performants et innovants appuyés sur les réseaux de
communication à haut débit adéquats ont la capacité unique de doper la croissance
et l'emploi en Europe. Nulle autre évolution technologique, économique ou sociale
n'offre actuellement le même potentiel en termes de gain d'efficacité, d'accès à une
offre diversifiée, d'accessibilité, de praticité et d'innovation.
Inutile de préciser que, à un moment où l’Union européenne est à la recherche de
moyens pour relancer sa croissance et créer de nouveaux emplois, l'économie de
l'internet représente une des recettes pour relancer la compétitivité des nos
entreprises, en particulier de nos PME.
En effet, selon une étude qu'on vient de publier, les PME sont un des vecteurs
principaux de notre croissance et de création d’emploi. Entre 2002 et 2010 elles ont
été responsables pour 85% de la création nette d’emploi et elles constituent plus
des deux tiers du nombre d’emplois dans le secteur privé en Europe.
Nous devons donc nous assurer que les entrepreneurs européens bénéficient au
mieux du marché unique pour développer leurs activités. Il nous faut plus d’Europe
pour les PME, et plus de PME pour l’Europe.
Dans ce contexte, je crois que, plus que jamais, le développement de l’économie
numérique est essentiel pour contribuer à la sortie de crise actuelle.
L’Internet et les technologies d’information et de communication (TIC) offrent des
outils permettant d'accroître la capacité d'innovation et de compétitivité des
entreprises de toute taille et dans tous les secteurs.
Je tiens aussi à souligner que, contrairement aux idées reçues:
1) l'économie de l'Internet crée 2.6 emplois pour chaque emploi "hors ligne" détruit.
Donc, contrairement à ce que beaucoup pensent, internet ne contribue pas à la
perte de postes de travail.
2) les entreprises technologiques ne sont pas les seules bénéficiaires du
développement d’Internet. Au contraire, plus de 75% de la valeur ajoutée créée par
Internet se situent dans les industries traditionnelles. Pour les PME ces nouvelles
technologies permettent de libérer leur potentiel créatif et innovant et d’accéder à de
nouveaux marchés bien plus facilement qu’auparavant.
Donc, en passant à notre deuxième question, comment peut-on concrétiser toutes
les opportunités qu'on vient de décrire pour faire en sorte que les PME puissent
profiter du marché intérieur digital?
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Tout d'abord en essayant d'éliminer la fragmentation juridique et technique qui
ralentit considérablement l’essor du commerce en ligne en particulier pour les PME.
En effet, la Commission européenne a constaté que les consommateurs et les
entreprises doivent faire face à de nombreux obstacles avant de pouvoir s’investir
pleinement dans les services en ligne.
En voici quelques exemples : les règles applicables demeurent souvent ignorées ou
incertaines, les offres manquent de transparence et sont difficilement comparables
et les paiements comme les modes livraisons sont souvent chers et inadaptés.
Pour remédier à cette situation, la Commission a adopté, la semaine passée, un
plan d’action ambitieux pour l’achèvement du marché intérieur numérique. Le coût
pour l’Europe d’un échec de l’achèvement d’un tel marché a été estimé à 4.1% du
PNB européen entre aujourd'hui et 2020 – ou 500 milliards d’Euros.
Nous avons donc proposé 16 actions concrètes qui visent à doubler à l’horizon
2015 la part du commerce électronique dans les ventes de détail ainsi que celle de
l’économie de l’Internet dans le PIB européen.
Ces actions visent notamment à améliorer les systèmes de paiement en ligne ou à
supprimer les restrictions injustifiées au commerce en ligne transfrontaliers. Ces
mesures faciliteront le développement, par les PME, de leurs activités en ligne, pour
avoir une meilleure visibilité sur leur marché local et surtout, en accord avec notre
stratégie pour l'internationalisation des PME, pour distribuer leurs services et
produits dans d’autres pays.
L'objectif final est de doubler à l’horizon 2015 la part du commerce électronique
dans les ventes de détail (aujourd'hui 3,4%), ainsi que celle de l’économie de
l’Internet dans le PIB européen (aujourd'hui moins de 3%).
Cela étant dit, je suis convaincu que le potentiel de ce secteur, à long terme, sera
beaucoup plus important. Á une époque où on construit des portables pour une
valeur de 100 dollars et où on vise à faire en sorte qu'ils soient de plus en plus
accessibles à tout le monde, il est clair que les produits et les services liés à
l'économie internet sont destinés à enregistrer une croissance exponentielle.
Surtout si on considère que la chaine de la valeur devient de plus en plus globalisée
et que certains pays, comme l'Inde et la Chine, selon une étude présentée hier par
Hsbc sur la situation économique de la planète d'ci 2050, seront destinés à occuper
les premières places, grâce aussi à leur importante croissance démographique.
Mais bien sûr, le succès et l'acceptation par le marché de nouveaux services, y
compris dans le domaine de l’Internet, dépendent de leur interopérabilité. D'où
l'importance de la normalisation pour faire valoir les intérêts européens, mais aussi
comme instrument permettant l'accès à de nouveaux marchés au niveau
international.
En 2011, la Commission européenne a proposé une réforme de la politique de
normalisation européenne, qui inclut aussi le secteur des TIC. Cette réforme
permettra de référencer des spécifications développées par des organisations non
formelles respectant un ensemble de critères bien définis. La présidence danoise
considère l’adoption de cette réforme, comme étant une des priorités de son
mandat. Pour ma part, je suis convaincu qu'on pourra atteindre un accord en
première lecture avec le Parlement européen.
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En plus de l’amélioration du cadre légal et technique dont on vient de parler, la
Commission européenne soutient des projets concrets d'interopérabilité pour aider
les entreprises et les PME à se mettre "en ligne".
Vous savez probablement, que les PME, ayant des activités en ligne, croissent deux
fois plus vite que les autres. Il est donc primordial d'aider les PME à prendre le train
de l'économie Internet.
Ici je voudrais saluer l’initiative de Google et de ses nombreux partenaires
européens Getting Business Online. Elle a permis à 250.000 petites entreprises de
se mettre « en ligne » ces deux dernières années. Je voudrais féliciter également
les quinze entrepreneurs présents à cette réunion pour leurs expériences réussies.
Naturellement, pour les PME la première étape vers l'économie numérique est
d'établir leur présence sur le Web. Cela est nécessaire, mais pas suffisant !
Les chaînes de valeur industrielles sont de plus en plus sophistiquées et mondiales.
En faire partie est une nécessité; il en va de la compétitivité des PME.
La DG ENTR a lancé une initiative pour favoriser l'intégration des PME dans les
chaînes de valeur digitales. L’approche est sectorielle et vise à développer des
plateformes d'interopérabilité entre les systèmes informatiques des PME et ceux
des grandes entreprises avec lesquelles elles travaillent.
Des actions de démonstration ont été lancées dans cinq secteurs: les industries de
l’automobile, du tourisme, de l’alimentaire, des secteurs du transport et de la
logistique et enfin de la mode.
Les premiers résultats sont remarquables. Prenez l'exemple du tourisme. Une petite
entreprise spécialisée et locale, par exemple un fournisseur de services de loisirs,
pourra être connecté aux grands opérateurs de tourisme existants. Cela permettra
la vente de tout un ensemble de services touristiques locaux en plus des offres
générales. Avec à la clé, plus de revenus, plus d'emplois locaux et des touristes
plus satisfaits.
Mesdames et Messieurs
Pour profiter pleinement des opportunités offertes par l’économie numérique,
l’Europe a besoin de plus de professionnels qualifiés dans les TIC et plus de
compétences numériques chez les entrepreneurs, les gestionnaires et les
utilisateurs.
Depuis cinq ans, la Commission européenne met en œuvre un agenda «
Compétences numériques pour le 21ème siècle». Nous avons soutenu le
développement d’un cadre européen de compétences numériques, un portail
européen pour les compétences et carrières dans les TIC. A partir de 2010, nous
avons lancé des campagnes de sensibilisation: des « European e-Skills Weeks ».
En effet, on sait que d'ici 2015, presque 95% de postes de travail nécessiteront des
compétences liées à internet. Cette année, la semaine dédiée aux e-Skills aura lieu
du 26 au 30 mars. Je vous invite à y participer activement.
En guise de conclusion, je voudrais vous faire part d'une petite anecdote basée sur
l'expérience réelle et personnelle d'une journaliste italienne de Milan, qui a décidé
de vivre pendant un an en achetant seulement on line. Et bien, si pour certains
secteurs l'expérience a été facile, par exemple l'achat de ticket d'avion, de concerts,
la nourriture, etc. Il n'en a pas été de même quand il a fallu payer une amende ou
acheter de l'essence pour sa propre voiture.
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Comment s'en est-elle sortie?
Grâce à une technique très ancienne: le troc!
Cela seulement pour souligner qu'il y a encore beaucoup de choses qui ne sont pas
possibles dans le marché intérieur digital, non seulement pour les entreprises, mais
aussi pour les citoyens européens. Et qu'il nous reste encore beaucoup de choses à
faire.
Je vous remercie pour votre attention.
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