de la proclamation de l’empereur Pierre Ier. JEAN-RENÉ AYMES (Paris) s’est penché sur la guerre
d’indépendance espagnole et a rappelé les controverses actuelles qui traversent le monde scientifique
quant au rôle de la guérilla espagnole, dont l’importance a probablement été surestimée. Dans son
intervention sur l’indépendance des colonies espagnoles, STEFAN RINKE (Berlin) a montré que les
tentatives de mobilisation religieuse, qui ont joué un rôle crucial dans la résistance espagnole à
l’»Antéchrist« napoléonien, ont pu aussi être la source de malentendus interculturels. C’est ce que l’on
peut observer lorsque des ecclésiastiques qualifièrent Napoléon de »serpent à cornes« au cours d’une
proclamation traduite pour la population maya. Dans la mythologie indigène ce symbole religieux n’est
pas seulement synonyme de destruction, mais aussi de »donneur de vie«.
BERNARD GAINOT a souligné les desiderata de la recherche sur l’histoire coloniale française. La
période napoléonienne a été de courte durée en raison des succès britanniques en outre-mer, mais ses
conséquences n’en n’ont pas été moins fatales sur le long terme, puisqu’elle a introduit la ségrégation
raciste entre les blancs et les »gens de couleur« (se substituant à la distinction jusque-là en vigueur
entre »libre » et »serf«).
Dans la section suivante sur l’Europe septentrionale et orientale, RUTH LEISEROWITZ (Varsovie) a
évoqué le statut particulier de la Pologne. Alors qu’ailleurs Napoléon a été repoussé comme
l’Antéchrist, son entrée dans Varsovie a soulevé des espoirs de restauration de l’État polonais et les
églises ont été décorées en son honneur. DENIS SDVIZKOV (Moscou) a souligné que la Russie ne
s’était – il est vrai – pas retrouvée sous domination napoléonienne et s’était révélée comme l’un des
plus grands adversaires de l’empire. Mais il ne fallait pas oublier pour autant le phénomène de
l’échange entre les empires, car l’armée russe s’était en quelque sorte développée en miroir des forces
françaises. Les interventions suivantes, consacrées aux monarchies scandinaves, ont porté le regard
sur une zone de conflit géostratégique située entre la Grande-Bretagne, l’empire français et la Russie.
Ainsi que l’a montré RASMUS GLENTHOJ (Odense), le sort de l’existence étatique du petit Danemark
en particulier était lié à la bienveillance d’une grande puissance au moins, ce qui l’a incité, après le
bombardement de Copenhague par la flotte britannique (1807), à opter pour une alliance avec les
Français.
BARD FRYDENLUND (Oslo) a mis en relief les conséquences du système continental pour la Norvège,
alors danoise, qui perdit le marché britannique pour ses importantes exportations de bois.
Simultanément, l’effondrement de l’hégémonie napoléonienne a aussi permis en 1814 à une
constitution proto-démocratique de voir le jour au sein du royaume de Norvège. Comme chez ses
voisins, l’ère napoléonienne en Suède a aussi été une période de bouleversements significatifs.
MARTIN HÅRTSTEDT (Umea) n’a pas simplement rappelé à cet égard la modernisation de la Suède et
l’union personnelle avec la Norvège instaurée sous Bernadotte, mais aussi la conquête de la Finlande,
jusque-là suédoise, par l’empire tsariste.
MAX ENGMAN (Turku) en a présenté les répercussions paradoxales pour ce dernier pays : la Finlande,
en vertu du traité de Tilsit, est passée à l’empire tsariste et a développé de ce fait des structures
d’indépendance politique qui seront décisives pour son évolution ultérieure en un État-nation finlandais.
ARMIN OWZAR (Fribourg-en-Brisgau) a ouvert la section sur l’Europe centrale avec une contribution à
l’historiographie de la période napoléonienne en Allemagne. Il a fait ressortir combien les chercheurs,
après avoir tardivement laissé derrière eux les téléologies de l’histoire nationale, se sont tournés vers
les multiples processus de modernisation, de constitutionnalisation et d’émancipation de la période de
la Confédération du Rhin et ont ouvert de nouvelles perspectives en histoire sociale et des mentalités.
ANDREAS WÜRGLER (Berne) a mis en relief des résultats tout aussi complexes pour la Suisse,
»unique république napoléonienne«. Certes la République helvétique ne joue aucun rôle dans la
conscience historique de la grande majorité des Suisses, qui situent les racines de la démocratie
helvétique à la fin du Moyen Âge, dans la résistance au pouvoir habsbourgeois. Würgler a souligné
qu’en revanche les principes d’ordre et d’égalité institués avec l’Acte de médiation de 1803 avaient été