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humain, plus elle est curieuse du monde entier, plus elle vit en somme et plus l’humour y aura
une place de choix », nous dit D.Jardon (1995)(1).
Dans ces conditions, il est normal d’assister à une généralisation du code humoristique.
Longtemps cantonné dans des domaines spécifiques : littérature, cinéma, théâtre, cirque… Il
s’est progressivement étendu vers des univers où on l’attendait moins, finalement toutes les
disciplines impliquant communication de masse ou interaction entre personnes.
L’humour est donc devenu un « impératif social généralisé », pour reprendre les terme
de G.Lipovetsky (1983)(2), il fait en quelque sorte partie de notre environnement. Mais, en se
répandant largement dans la vie quotidienne, il a évolué.
Certes l’appel au non-sérieux n’est pas un phénomène récent, et les Romains avaient déjà
compris toute l’importance du jeu. On peut, comme le suggère G.Lipovetsky, distinguer ensuite
trois âges du comique :
-Au Moyen Âge, le comique relève du domaine populaire. Il se manifeste surtout au
cours des fêtes et carnavals parfaitement localisés dans le temps et l’espace. Mais, la période de
carnaval, durant laquelle tous les excès (ou presque) sont permis, les rôles renversés, ne saurait
durer. Son temps révolu, tout rentre dans l’ordre. C’est le rire bouffon.
-La période suivante est au contraire caractérisée par une sorte de dévalorisation du rire,
qui apparaît malséant. De toutes façons, il s’agit d’un rire plus raffiné et moins grossier : c’est le
rire critique.
-Enfin, jusqu'à très récemment, l’humour s’est présenté de façon positive et désinvolte.
Aux antipodes de l’ironie mordante et de l’esprit intellectuel, ce ton humoristique vide et léger,
synonyme de détente et proximité, apparaît naturellement comme le ton idéal des sociétés
contemporaines, caractérisées par l’ouverture, la flexibilité, l’abaissement des barrières et des
(1) Jardon.D (1995). Du comique dans le texte littéraire. De Boeck.Duculot (page 20).
(2) Lipovetsky.G (1983). L’ère du vide. Gallimard (pages 12-13).