Université Bordeaux 1 Stage de recherche master 1 physique Participation au développement d’un modèle cinétique pour le transport et dépôt d’énergie par un faisceau d’électrons rapides dans des cibles solides Par : Mokrane Hadj-Bachir Sous la direction de João Jorge Santos Effectué au Centres des lasers intenses et applications CELIA 351, Cours de la Libération F-33405 Talence cedex France Juin 2012 Remerciements Ce stage a été réalisé au sein du Laboratoire CELIA. Je remercie donc en premier lieu son directeur, Philippe Balcou, pour m'y avoir accueilli. Je remercie particulièrement João Jorge Santos, mon maitre de stage, qui m'a accompagné durant ces huit semaines et m'a initié à la physique du transport d'électrons et d’ouvrir mes yeux au réel travail de chercheur. Je le remercie également pour sa disponibilité, sa sympathie, pour répondre à mes timides questions de physique, de programmation et de simulations numériques. Pour tout cela je lui suis infiniment reconnaissant. Je tiens aussi à remercier Benjamin Vauzour pour son aide, et sa disponibilité et pour les connaissances qu’il m’a transmit soit en physique ou en programmation. Je tiens à remercier Dimitri Batani et Sébastien Hulin d’avoir accepter de remplacer Joao Santos lors de son voyage et d’avoir assisté aux répétitions de soutenance. Mes remerciements vont également à tout le personnel du laboratoire pour leur accueil, leur bonne humeur quotidienne et leur capacité de travail en équipe exemplaire. Sommaire 1 INTRODUCTION .......................................................................................................................... 2 2 OBJECTIFS DU STAGE .................................................................................................................. 2 3 THÉORIE DU TRANSPORT D’ÉLECTRONS RAPIDES ......................................................................... 2 3-1 Courants électriques dans la cible ......................................................................................... 2 3-2 Pertes d’énergie dans la matière .......................................................................................... 3 3-2-1 Le ralentissement collisionnel ........................................................................................ 4 3-2-2 Pouvoir d’arrêt résistif ................................................................................................... 6 3-3 Chauffage de la cible ............................................................................................................ 6 4 STRUCTURE DU CODE AVANT LE STAGE ....................................................................................... 6 4-1 Expérience de génération et transport sur cible solide ........................................................... 6 4-2 Fonction de distribution des électrons rapides ...................................................................... 7 4-3 Description de la cible .......................................................................................................... 8 4-4 Calcul des différents courants et du chauffage dans le code ................................................... 9 5 MODIFICATIONS APPORTÉES AU CODE ........................................................................................ 9 5-1 Modification de la conductivité électronique......................................................................... 9 5-2 Contribution au pouvoir d’arrêt collisionnel dû aux électrons liés et aux plasmons collisionnels .............................................................................................................................................. 10 5-3 Modification de la fonction de distribution.......................................................................... 10 5-4 Possibilité de calculer la section efficace d’ionisation en couche K et probabilité d’émission .............................................................................................................................................. 11 6 DISCUSSION DES RÉSULTATS OBTENUS...................................................................................... 13 6-1 Étude paramétrique........................................................................................................... 13 6.2 Vérification sur le chauffage collisionnel et résistif ............................................................... 13 6.3 Vérification avec les résultats expérimentaux et Pâris .......................................................... 14 7 CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES ............................................................................................... 15 8 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................ 16 8.1 Thèses............................................................................................................................... 16 8.2 Articles.............................................................................................................................. 16 9 ANNEXE ................................................................................................................................... 17 9.1 Définitions des fréquences de collisions .............................................................................. 17 9.2 Définition des grandeurs adimensionnées , et le facteur de correction relativiste calculé par Grysinsky . .................................................................................................................... 17 1 1 INTRODUCTION Lors de l’interaction d’impulsions laser intenses (>1018 W/cm2 ) avec une cible solide, le laser est capable d’accélérer un faisceau d’électrons suprathermiques à des grandes vitesses et donc de grandes énergie (typiquement entre quelques keV et plusieurs MeV). Ce faisceau d’électrons transporte une fraction importante de l’énergie laser à 1). Parmi les l’intérieur de la matière dense (au delà de la densité critique quelques applications du transport d’électrons rapides se trouvent l’allumage rapide de cibles de fusion par confinement inertiel (FCI) où ces électrons suprathermiques chauffent le cœur du combustible comprimé, l’accélération de protons/ions (qui peuvent être aussi utilisés dans l’allumage rapide, dans le domaine médical pour les thérapies du cancer, ou bien encore comme sonde de champs électromagnétiques dans les plasmas), la génération de rayonnements X incohérents (Bremmstrahlung, raies atomiques) et cohérents (harmoniques, visible et U-V du laser, dû au mouvement de la surface critique dans le champ laser). 2 OBJECTIFS DU STAGE Le transport électronique peut être modélisé par différents codes numériques (PIC, Hybride ou cinétiques (Vlasov-Fokker-Planck)) pouvant décrire les phénomènes physiques observés expérimentalement, en différentes échelles de temps et d’espace, et permettant le dimensionnement d’expériences. Néanmoins ces codes sont très gourmands en mémoire et en temps de calcul (pouvant aller de quelques heures à plusieurs jours sur des super calculateurs). Un modèle simple, quasi analytique, pour le transport de courant intense d’électrons rapides dans les solides a été développé au CELIA [Santos2007] en environnement Matlab. Il permet de calculer les pertes d’énergie des électrons du faisceau, ainsi que le chauffage du matériaux traversé en un temps relativement court (de l’ordre de la minute), et pour des portées de 100 m avec une résolution de l’ordre du micron. Ce type de modèle, bien que simplifié par rapport à d’autres plus sophistiqués, est très utile car il permet de tester très rapidement quelques dépendances sur les paramètres de la source d’électrons rapides ou sur les propriétés diélectriques du milieu, ainsi que de trouver les ordres de grandeurs correctes pour le dépôt d’énergie dans la matière. Le but de ce stage consistait en grande partie à apporter des améliorations à ce code. 3 THÉORIE DU TRANSPORT D’ÉLECTRONS RAP IDES Ce chapitre traite de la théorie du transport d’électrons rapides utilisée dans le code développé au CELIA. 3-1 Courants électriques dans la cible Le point clé de l’allumage rapide, schéma alternatif à la FCI conventionnelle basée 1 La densité critique plus. correspond à la densité à partir de laquelle une onde électromagnétique ne se propage 2 simplement sur l’implosion hydrodynamique, réside dans la génération (via un faisceau laser court (ps)) et le transport d’un faisceau d’électrons relativistes au sein d’un plasma très dense jusqu’au cœur du combustible nucléaire comprimé et de le chauffer à des températures de plusieurs keV, nécessaire pour déclencher les réactions de fusion. La propagation de ce faisceau dans la matière est extrêmement complexe, dépendant à la fois de l’énergie cinétique des électrons rapides et de sa densité de courant . Celle-ci peut atteindre 1012 A/cm² dans les expériences actuelles utilisant des lasers dont l’intensité est de l’ordre de 1019 W/cm² comme c’est le cas dans l’expérience présentée dans ce rapport. Généralement pour de telles densités de courant, la limite d’Alfven2 est dépassée et le faisceau ne peut pas se propager. Néanmoins la propagation est assurée grâce à une neutralisation des charges et du courant incident apportée par un courant de retour de sens contraire au courant d’électrons rapides . Ce courant de retour est formé à partir des électrons libres ou de conduction du milieu de propagation (électrons thermiques). Sa densité de courant est liée au champ de charge d’espace dû à l’accélération des électrons rapides, par : , (3.1) où la conductivité du milieu est associée à la fréquence de collision des éléctrons thermiques dépéndant de la densité et de la température du milieu. La propagation du faisceau d’électrons dans la cible s’accompagne généralement par une diffusion angulaire ainsi que des pertes d’énergie. La diffusion angulaire est essentiellement provoquée par les collisions directes avec les ions ou atomes du milieu contribuant à l’isotropisation du faisceau. Les collisions avec les électrons liés et libres contribuent, quant à elles, aux pertes d’énergie. La présence du champ de charge d’espace entraine en plus un freinage électrostatique des électrons rapides. Par ailleurs le fort courant incident peut engendrer des champs magnétiques, d’après la loi de Faraday : , (3.2) dû aux inhomogénéités du courant ou de la conductivité du milieu. Ce champ magnétique peut compenser partiellement les pertes par divergence en pinçant le faisceau d’électrons. Notre modèle étant monodimensionnel, il n’est pas possible de traiter les effets spatiaux telle que la diffusion angulaire du faisceau d’électrons, on s’intéressera donc ici à modélisé les pertes d’énergie dans la matière. 3-2 Pertes d’énergie dans la matière Comme nous venons de le voir les pertes d’énergie du faisceau d’électrons rapides dans la cibles sont causées en partie part aux effets liés aux collisions des électrons avec les ions, atomes ou électrons du milieu. Ces collisions contribuent à ce que nous appellerons par la suite le pouvoir d’arrêt collisionnel. D’autres parts les pertes 2 Le courant limite d’Alfven correspond au courant maximal pouvant se propager dans la matière. Au -delà le faisceau d’électrons « explose » sous l’effet des forts champs magnétiques induits. 3 peuvent être aussi provoquées par les forts champs électromagnétiques générés dans la cible. Dans ce cas on parlera plutôt de pouvoir d’arrêt résistif. Dans cette partie nous définissons le pouvoir d’arrêt collisionnel et résistif en fonction de l’énergie cinétique des électrons, ou en fonction de la densité de courant. 3-2-1 Le ralentissement collisionnel Le pouvoir d’arrêt représente la perte d’énergie d’un électron par unité de longueur. Il est défini dans le cas d’une collision binaire (collision entre deux particules) de deux électrons [Vauzour2012] par : , où : (3.3) est le transfert d’énergie normalisée à l’énergie cinétique incidente, la section efficace différentielle en transfert d’énergie, et la densité ionique du matériau. La borne supérieure de l’intégration est ici fixée à 1/2 pour tenir compte de l'indiscernabilité des deux électrons diffusés. 3-2-1-1 Pouvoir d’arrêt collisionnel dans la matière froide Dans le cas d’une collision avec un électron lié, le pouvoir d’arrêt est donné par la formule de Bethe : (3.4) où est l’énergie seuil en dessous de laquelle les électrons du cortège sont liés, et le potentiel moyen d’ionisation définit par la formule de Sternheimer en fonction du numéro atomique Z. (3.5) Dans le cas où le potentiel du noyau est négligeable par rapport au transfert d’énergie, l’électron peut être considéré comme libre. Le pouvoir d’arrêt se ramène alors à : ] (3.6) On obtient donc le pouvoir d’arrêt collisionnel total pour la matière froide qui correspond à la somme des deux contributions (équations 3.5 et 3.6) par : ], où l’on a introduit (3.7) qui est un terme correctif. 3-2-1-2 Pouvoir d’arrêt collisionnel dans la matière chaude A mesure que l’on chauffe la cible, les électrons tendent à s’échapper du potentiel d’attraction du noyau : la matière s’ionise. Les électrons, ainsi arrachés du cortège électronique, deviennent des électrons libres qui vont contribuer de manière 4 différente au pouvoir d’arrêt collisionnel. Les pouvoirs d’arrêt pour les électrons liés s’écrit désormais : ] (3.8) où represente le nombre d’électrons liés, étant le degré d’ionisation. Le potentiel moyen d’ionisation augmente à cause de la diminution de l’écrantage du noyau. Il est donné par : (3.9) La contribution des électrons libre au pouvoir d’arrêt collisionnel s’écrit, quant à elle, par : Par ailleurs, les électrons incidents peuvent également transférer leur énergie à la matière par le biais de l’excitation d’ondes plasma, encore appelées plasmons. Cette contribution au pouvoir d’arrêt est donnée par : avec le rayon d’écrantage du noyau et la vitesse de l’électron incident. Le pouvoir d’arrêt collisionnel total dans la matière chaude correspond donc à la somme des différentes contributions par : Il est représenté sur la figure 3.1, ainsi que les différentes contributions, pour deux matériaux (Al, Cu), en fonction de l’énergie cinétique de l’électron incident. Figure 3.1 : Variation du pouvoir d’arrêt collisionnel en fonction de l’énergie cinétique de l’électron incident dans un plasma d’aluminium (droite) et cuivre (gauche) pour un température Te du milieu égale à . 5 3-2-2 Pouvoir d’arrêt résistif Le courant de retour défini précédemment induit un champ électrique inversement proportionnel à la conductivité électrique du milieu (équation 3.1). Ce champ tend à ralentir le faisceau d’électrons rapides et participe au chauffage de la matière environnante. Dans le cas d’une neutralisation parfaite , le champ électrique de retour est donné alors par la loi d’Ohm (3.1) (3.13) d’où le pouvoir d’arrêt résistif (3.14) 3-3 Chauffage de la cible Le chauffage du matériau peut être calculé en supposant l’effet Joule, et en prenant en compte la capacité calorifique des électrons, (on suppose que le fluide électronique se comporte comme un gaz parfait) : (3.15) avec et la densité électronique. Quant au chauffage collisionnel il peut être calculé de la façon suivante : Avec la densité électronique du faisceau, et donné par l’équation (3.12) 4 STRUCTURE DU CODE AVANT LE STAGE 4-1 Expérience de génération et transport sur cible solide Une expérience a été faite sur le laser UHI 100 du CEA de Saclay, sur des cibles d’aluminium de différentes épaisseurs (4 à 19 ) avec un traceur de cuivre (3 incorporé à différentes profondeurs. Les cibles multicouches étaient irradiées par un laser d’intensité 10 19 W/cm² déposant une énergie de 0.7 J sur 30 fs à FWHM. Le facteur de conversion énergie laser – électrons a été évalué par un code PIC simulant l’interaction à 10%, c.-à-d. 0.07 J sont transmis aux électrons rapides .La dynamique de la propagation d’électrons rapides par rapport à l’épaisseur de la cible a été étudiée au moyen de l’émission propre en face arrière de la cible, permettant d’estimer par pyrométrie, la température de la zone émissive des cibles de différentes épaisseurs. 6 Figure 4.1 cibles irradiées par laser UHI 100 4-2 Fonction de distribution des électrons rapides Le modèle est développé sous Matlab, et est conçu pour vérifier des résultats expérimentaux du chauffage en face arrière de cibles solides d’aluminium de différentes épaisseurs. Dans ce modèle on a supposé que le faisceau d’électrons rapides ayant une forme trapézoïdale se propageant dans un milieu de densité homogène, cela nous permet d’avoir un choix de paramètres libres en fonction des conditions d’expérience. Ces paramètres sont le diamètre du faisceau d’électrons rapide et sa divergence, la figue 4.2 représente le schéma de ce faisceau. Le spectre des électrons rapides a été également évalué par le code PIC3 pour des énergies cinétiques entre 10 keV et 10 MeV. Il est représenté sur la figure 4.3 en trait noir. Pour les faibles énergies la fonction de distribution suit une loi de puissance contrairement aux grandes énergies cinétiques qui est une loi exponentielle. L’énergie totale est de 0.07 J et le spectre celui donné par le code PIC. Cette fonction de distribution en énergie des électrons est normalisée selon : , où : (4.1) . Le nombre d’électrons est calculé à partir du rapport de l’énergie totale initiale sous l’énergie cinétique par : (4.2) 3 Le code PIC Calder créé par Erik Lefebvre, particulaire multidimensionnel simulant l’interaction laser matière c.-à-d., le couplage du champ laser aux électrons et ions de la cible la propagation collisionnelle des électrons dans une cible prédéfinie basé sur la résolution des équations de Maxwell pour les champs ainsi que des équations de Vlasov et du mouvement pour les macro-particules [Perez2010]. 7 θ r r (z=0) = z Figure 4.2 faisceaux d’électrons rapides se propageant dans la cible suivant z Figure 4.3 : Spectre des électrons en fonction de leurs énergies cinétiques. En noir la fonction de distribution initiale (estimée par le code Pic Calder) et injecté dans le modèle à z=0, en rouge le nouveau spectre d’électrons obtenu à une profondeur de z=20 m. rappelons que : , (4.3) avec : le facteur de conversion de l’énergie laser électrons rapides, l’énergie laser, et l’énergie cinétique des électrons du faisceau. 4-3 Description de la cible La cible est définie par ses paramètres initiaux nombre atomique Z, nombre de masse A, densité et temperatures et qui fixent la nature du matériau choisi. Sa conductivité est caractérisée au cours de la simulation par sa température et le degré d’ionisation donné par le modèle de Thomas-Fermi. Ce dernier est fonction de la température locale qui dépend elle-même du dépôt d’énergie au cours du temps. Le code est résolu en temps, la connaissance du taux d’électrons libres ainsi que le 8 potentiel moyen d’ionisation permet au code de calculer le pouvoir d’arrêt collisionnel ainsi que sa conductivité à chaque pas de temps. 4-4 Calcul des différents courants et du chauffage dans le code On considère un paquet d’électron se propageant jusqu’à la face arrière de la cible à la distance z. On admet dans un premier temps une propagation purement balistique. Dans ce cas il y a une correspondance bijective entre l’énergie de chaque électron et le temps t, de son arrivé à la profondeur z [Santos] : ) La dispersion en vitesse de la population électronique injectée, se transforme en une modulation du flux électronique à travers la surface à la profondeur z. avec Les électrons ne sont pas injectés tous au même temps, mais en accord avec la durée de l’impulsion laser, de profil gaussien. Le calcul de la densité de courant à chaque profondeur z est alors donné par convolution du profil temporel du laser avec la densité de courant 4.6. On résume cela dans l’équation suivante [Santos ]: où est la durée du laser à mi-hauteur (FWHM). Les bornes plus et moins infini sont remplacées numériquement par et . Le courant à chaque profondeur z est calculé en faisant une résolution en temps. Notons que la contribution des électrons dont la portée est inférieure à la profondeur de la cible est éliminée à chaque itération en z. Autrement dit les électrons de faible énergie cinétique sont directement stoppés et ne contribuent plus au courant dans la cible à la profondeur z. 5 MODIF ICATIONS APPORTÉES AU CODE 5-1 Modification de la conductivité électronique La conductivité incorporée avant dans le code est une base de données de la conductivité électronique pour l’aluminium en fonction de la température et de la densité, calculée par Benoit Chimier. Dans le modèle de Drude les électrons de valence agissent comme des électrons de conduction traités par la théorie cinétique des gaz. L’expression de la conductivité en courant direct est donnée par : 9 où est la fréquence de collision électronique dépendant de la température électronique locale du milieu. Elle est calculée à partir du modèle d’Eidman et al, modifiée par Benoit Chimier. [Chimier2008] , avec : la fréquence de collision électron-électron, la fréquence de collision électron phonons, la fréquence de collision critique, et la fréquence de collision électron-ion de Spitzer. Une subroutine de calcul de la conductivité en fonction de la température et de la densité pour différents matériaux (Al, Cu, Sn, Ag) a été incorporée dans le code afin de pouvoir calculer analytiquement la conductivité électronique à chaque pas de temps, pour différents types de matériaux. Figure5.1 Gauche variations des différentes fréquences de collision. Droite évolution de la conductivité en fonction de la température. Courbes obtenue en supposant les ions froids (hors équilibre thermodynamique). 5-2 Contribution au pouvoir d’arrêt collisionnel dû aux électrons liés et aux plasmons collisionnels Le chauffage au début utilisait uniquement l’expression (3.7). Profitant du calcul du degré d’ionisation, en fonction de la température à partir du modèle de Thomas Fermi, déjà inclus dans le code, nous avons utilisé les formules (3.8), (3.10), et (3.11) pour le calcul du pouvoir d’arrêt collisionnel. Certes dans une cible solide et froide ce sont les collisions avec les électrons liés qui dominent, mais de toutes les façons le modèle reste préparé pour simuler analytiquement tout type de milieu de propagation et de température. 5-3 Modification de la fonction de distr ibution En tenant compte du pouvoir d’arrêt des électrons dans la matière, les pertes d’énergie sont quantifiées, en calculant le pouvoir d’arrêt sur chaque épaisseur de la 10 cible, puis en intégrant sur toutes les énergies. Ainsi, les pertes d’énergie entre deux profondeur successive ( ) est : (5.3) où le pouvoir d’arrêt total dans la matière, et le nombre d’électrons encore présent à la profondeur considérée. À la prochaine itération en épaisseur l’énergie cinétique est recalculée en soustrayant les pertes (5.4) Le nouveau spectre d’électrons est aussi recalculé en fonction des différentes pertes ainsi que le nombre d’électrons à la nouvelle itération : (5.5) Le nouveau spectre d’électrons est représenté sur la figure 4.3 en trait rouge pour une profondeur de 20 m. Les électrons de faible énergie (inferieur à 10 -2 MeV) sont arrêtés sur les premières épaisseurs de la cible à cause de leur ralentissement dans la matière. Ceux d’énergie entre 10 -2 et 10-1 MeV sont ralentis considérablement après une dizaine de microns ce qui est visible en comparant le spectre noir à z=0 avec le spectre rouge à z=20 m. 5-4 Possibilité de calculer la section efficace d’ionisation en couche K et probabilité d’émission Comme nous l’avons signalé avant, l’étude de la dynamique des électrons rapide est faite grâce l’émission propre en face arrière de la cible qui permet de mesurer la température émissive et ainsi la quantité d’énergie déposée à cette profondeur ; le rayonnement émis par les traceurs de nombre atomique plus élevé est aussi utilisé pour remonter au spectre des électrons rapides. Le calcul du nombre de photons émis fait appel à la connaissance de la section efficace d’ionisation en coche K. Celleci est calculée à partir du modèle empirique de Hombourger [Vauzour2001] : (5.6) avec : le rayon de Bohr, =13.606 eV l’énergie de Rydberg, et des grandeurs adimensionnées, et le facteur de correction relativiste calculé par Grysinsky. Les définitions de tous ces paramètres sont données en annexe. 11 Figure5.3 : Section efficace d’ionisation en couche K en fonction de l’energie de l’electron incident : Cuivre (gauche) , Argent (droite) Le rendement de fluorescence , ou la probabilité d’émission d’un photon , est calculée a partir de la formule semi-empirique de Bambynek dépendante du numéro atomique Z : (5.7) avec les coefficients . Figure 5.4 Probabilité de désexcitation radiative en fonction du numéro atomique. Le nombre de photons générés lors de passage d’un faisceau d’électrons rapides à travers un matériau de numéro atomique Z peut être estimé par : (5.7) où représente le nombre d’électrons dans le faisceau, l’énergie de l’électron incident, la densité ionique du matériau traversé et la fonction de distribution en énergie, à la profondeur du traceur dans la cible. 12 6 DISCUSSION DES RÉSULTATS OBTENUS Nous comparons dans cette partie les résultats obtenus à partir de la nouvelle version du code améliorée avec les résultats expérimentaux et ceux obtenus par le code hybride Pâris4 . 6-1 Étude paramétrique Pour fixer les paramètres de la source définis précédemment, on a fait varier le rayon initial du faisceau de la cible en fixant la divergence, et nous avons regardé la dépendance de la température atteinte à 1 m de profondeur. Le rayon est choisi de façon à reproduire la température de la cible à cette profondeur donnée par le code Pâris. On refait de même pour la divergence avec le rayon sélectionné avant et on regarde la température à 19 m de profondeur de la cible, et on ajuste cette fois-ci la divergence de façon à reproduire la température de la cible à cette profondeur, à la fois les mesures expérimentales et les résultats de Pâris. Figure 6.1 étude paramétriques en fonction du diamètre (gauche), et en fonction de la divergence (droite). Après avoir sélectionné le diamètre du faisceau (20 m) et la divergence ( qui reproduisent aux mieux les résultats expérimentaux, nous avons fait une simulation avec ces paramètres pour vérifier s’ils sont en accord sur toutes les profondeurs de la cible avec les résultats expérimentaux et ceux donnés par le code Pâris voir figure6.4 6.2 Vérification sur le chauffage collisionnel et résistif La température de la cible est obtenue par la contribution des deux mécanismes de chauffage. Le chauffage résistif est dominant sur les premières épaisseurs de la cible 4 Le code hybride Pâris (Particules relativistes interagissant avec un solide) a été développé par Laurent Gremillet, il est basé sur la résolution des équations de Maxwell pour une géométrie 3D [Gremillet]. 13 (de 1 à 25 ) pour l’équilibre thermodynamique ( ), et de 1 à 10 m dans le cas des ions froids. Pour des épaisseurs plus profondes le chauffage est assuré par les effets collisionnels. Cela est dû au régime d’interaction avec le laser et à la conductivité électronique à froid qui est dominée par les collisions des électrons avec les phonons, la densité de courant décroit en se propageant dans la matière, diminuant ainsi l’importance des effets collectifs, et ensuite relayé par les effets collisionnels. La densité de courant est aussi représentée sur la figure 6.3, elle est de l’ordre de 1012 A/cm² aux premières épaisseurs de la cible, et de 1011 A/cm² à la balance de chauffage résistif et collisionnel, résultat déjà prédis par Benjamin Vauzour lors de sa thèse au CELIA [Vauzour2012]. Figure 6.2 Compétition entre le chauffage résistif et collisionnel dans la cible. Gauche équilibre thermodynamique, droite ions froids. Figure 6.3 :Densité de courant injecté dans la cible en fonction de la profondeur 6.3 Vérification avec les résultats expérimentaux et Pâris La figure 6.4 montre que les résultats obtenus avec le code simple sont en parfait accord avec les valeurs expérimentales ainsi que celles obtenues par Pâris pour le 14 chauffage de la cible. La figure illustre aussi les modifications apportées au calcul du chauffage, on voit bien que la courbe en rectangle rouge est plus proche des valeurs expérimentales pour les mêmes paramètres sources. Le critère d’éliminer des électrons par le critère sur la portée, sous dimensionnant la présence des électrons en profondeur dans le matériau, et en conséquence le chauffage estimé était plus faible. Cela confirme une description plus réaliste sur les phénomènes physiques ainsi qu’au dimensionnement des grandeurs utilisées dans les calculs. Figure 6.4 : comparaison des différents codes de simulation avec les résultats expérimentaux de chauffage. 7 CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES D'un point de vue global, ce stage a permis d'améliorer notre compréhension des phénomènes ayant cours lors de la propagation d'un faisceau d'électrons intense dans la matière dense grâce à des simulations numériques et aux comparaisons avec des résultats expérimentaux. La perspective d’améliorer encore plus le code est d’inclure un traceur afin de permettre au code le calcul d’émissions , quasianalytique, une subroutine permettant ce calcul à été déjà construite pour l’incorporer dans le code. Autres perspectives sont la reproduction de tous les points expérimentaux, et la généralisation du code à d’autres expériences, voir à un scenario d’allumage rapide. Ce stage était aussi bénéfique pour moi sur le plan professionnel et académique, pour la première fois j’ai eu une vision sur ce qui ce passe en réalité dans les laboratoires de recherche, mais aussi la présence à de nombreux séminaires de recherche en physique, et à des réunions sur le transport d’électrons rapides. 15 8 BIBLIOGRAPHIE 8.1 Thèses [Santos2003] : J. J. Santos : Génération et transport des électrons rapides dans l'interaction laser-solide à très haut flux. Thèse de doctorat, École Polytechnique, 2003. [Vauzour2012] : B.Vauzour : Étude expérimentale du transport d'électrons rapides dans le cadre de l'allumage rapide pour la fusion inertielle. Thèse de doctorat, Université Bordeaux1, 2012. [Perez2010] : F. Perez. Étude du transport des électrons suprathermiques en milieu solide ou comprimé dans le cadre de l'allumeur rapide. Thèse de doctorat, École Polytechnique, 2010. [Gremillet2001] :L. Gremillet. Étude théorique et expérimentale du transport des électrons rapides dans l'interaction laser-solide à très haut flux. Thèse de doctorat, École Polytechnique, 2001. [Chimier2008] : B.Chimier : Modélisation des processus physiques hors équilibres lors de l’interaction d’une impulsion laser sub-picoseconde avec une cible métallique. Thèse de doctorat, Université Bordeaux 1,2008 8.2 Articles [Santos2007] Fast electron transport and induced heating in aluminum foils J.J.Santos, A.Debayle, Ph.Nicolai, V.Tikhonchuk, D.Batani, A.Guemnie-Tafo, J.Faure, V.Malka, J.J.Honrubia, Physics of Plasmas, 14, 103107 (2007) [Santos2010] Controlling fast-electron-beam divergence using two laser pulses R.H.H. Scott, C. Beaucourt, H.-P. Schlenvoigt, K. Markey, K.L. Lancaster, C.P. Ridgers, C.M. Brenner, J. Pasley, R.J. Gray, I.O. Musgrave, A.P.L Robinson, K. Li, M.M. Notley, J.R. Davies, S.D. Baton, J.J. Santos, J.-L. Feugeas, Ph. Nicolaï, G. Malka, V.T. Tikhonchuk, P. McKenna, D. Neely, S.J. Rose, P.A. Norreys [Santos2012] Controlling fast electron beam divergence using two laser pulses Authors: R.H.H. Scott, C. Beaucourt, H.-P. Schlenvoigt, K. Markey, K.L. Lancaster, C.P. Ridgers, C.M. Brenner, J. Pasley, R.J. Gray, I.O. Musgrave, A.P.L Robinson, K. Li, M.M. Notley, J.R. Davies, S.D. Baton, J.J. Santos, J.-L. Feugeas, Ph. Nicolaï, G. Malka, V.T. Tikhonchuk, P. McKenna, D. Neely, S.J. Rose, P.A. Norreys (Submitted on 9 Dec 2010 (v1), last revised 15 May 2012 (this version, v2)) 16 9 ANNEXE 9.1 Définitions des fréquences de collisions Fréquence de collisions électrons-phonons Fréquence de collisions électron-électron Fréquence de collisions de Spitzer . étant la constante de Planck réduite, la constante de Boltzman, le logarithme coulombien, et la température et la vitesse de Fermi respectivement. Le paramètre d’ajustement à été aussi calculé pour le cuivre, l’étain blanc, le zinc, l’Argent, en faisant référence à la conductivité électronique à froid. matériaux Cuivre donné par Cuivre Benoit Chimier 1.25 2.57 Étains blanc Zinc Argent 3.8 7.29 10.67 9.2 Définition des grandeurs adimensionnées correction relativiste calculé par Grysinsky . , et le facteur de La variable U=E/ correspond au rapport de l’énergie de l’électron incident sur l’énergie d’ionisation en couche K. Avec : 17