Famille et valeurs des jeunes
Malgré le processus de construction identitaire et
d’autonomisation qui caractérise la période de la jeu-
nesse, les jeunes restent toujours attachés à la famille.
En 2008, 85 % d’entre eux la considéraient comme un
domaine très important de la vie. Ils valorisaient l’idée
d’affection et le respect et gardaient de fortes attentes
envers leurs parents (Roudet, 2012).
Cette place privilégiée de la famille dans les valeurs des
jeunes Français concerne à la fois les relations intergé-
nérationnelles (intérêt croissant pour les conditions de
vie des membres de la famille, la solidarité familiale, le
soutien mutuel) et les relations intragénérationnelles
(importance croissante depuis les années 1980 de la
fidélité au sein du couple), même si la dimension inter-
générationnelle ne constitue plus aujourd’hui à leurs
yeux un impératif moral.
Jeunes et famille : le rôle des parents
dans le devenir adulte
Si les parents participent à la socialisation des enfants
dès leur plus jeune âge (socialisation primaire), leur rôle
se poursuit tout au long de la jeunesse en tant que sou-
tien dans le devenir adulte. La famille devient un lieu
d’échanges et de services dont les liens avec les jeunes,
à partir de leur adolescence et du processus d’individua-
lisation qui la caractérise, ne sont jamais complètement
rompus (Galland, 2011) : si la jeunesse est de fait mar-
quée par de nouvelles expériences, des découvertes et
la construction de l’identité, les jeunes expérimentent
leur autonomie tout en restant sous « l’aile protectrice »
de la famille. Ces liens persistent d’autant plus que
l’entrée dans la vie adulte est aujourd’hui retardée par
la prolongation de la scolarisation des jeunes et les dif-
ficultés d’insertion professionnelle : l’accès retardé à un
premier emploi et l’installation plus tardive en couple,
deux étapes aujourd’hui désynchronisées, rendent les
jeunes plus dépendants de leur cercle familial (Galland,
2011). Aussi, la décohabitation est reportée et la famille
devient un refuge et un soutien, notamment au niveau
Les fiches Repères
Cohésion sociale, famille, solidarités
© Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, mars 2013 2
encadré 2
Entraide familiale et inégalités
sociales
Les transferts privés d’argent entre générations
améliorent la situation économique des jeunes. Toutefois,
les disparités sont fortes et le soutien nancier des
familles n’est pas de même niveau entre les classes
les plus favorisées et les classes défavorisées. Aussi, la
solidarité nancière intergénérationnelle prolonge les
inégalités sociales observées dans la société.
encadré 1
Quelle famille pour les jeunes d’aujourd’hui ? Vers la construction de sa famille ?
L’image traditionnelle de la famille nucléaire est aujourd’hui dépassée par les évolutions qui traversent la société française.
Si, traditionnellement, la famille était instituée par le mariage, elle lui préexiste désormais et revêt de multiples formes.
Premier constat : les Français sont aujourd’hui moins nombreux à se marier (249 000 mariages en 2009 contre
416 500 en 1972, le plus haut niveau). S’il n’est pas encore totalement abandonné (entre 250 000 et 300 000 unions
civiles annuelles en moyenne sur les quinze dernières années), le mariage est néanmoins contracté de plus en
plus tard : l’âge moyen des mariés est passé de 26,8 ans chez les femmes et 28,7 ans chez les hommes en 1994 à
respectivement 29,8 ans et 31,7 ans en 2009. Il est d’ailleurs bien souvent ocialisé non pas, comme par le passé,
avant l’installation en couple, mais après plusieurs mois, voire plusieurs années, de vie commune.
Les jeunes couples ont également moins d’enfants que leurs parents (un à deux par famille), même si le taux de
fécondité en France se maintient à un niveau relativement élevé (2,01 enfants par femme en 2010). L’âge moyen
au premier enfant tend à reculer face à l’entrée plus tardive dans le monde du travail : autour de 30 ans pour les
femmes qui, avec le développement de l’accès à la contraception, peuvent choisir le moment où elles désirent
devenir mères, et autour de 32 ans pour les hommes.
Dernier constat : les formes de la famille se diversient. Les unions libres, le pacte civil de solidarité (PACS), les familles
recomposées, les familles monoparentales ou encore les familles homoparentales deviennent plus fréquents.
Source : INSEE, estimations de population et statistiques de l’état civil.