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MGR GUY DE KERIMEL
ÉVEQUE
Promulgation du nouveau statut de l’Enseignement Catholique
Mgr de Kerimel
Samedi 28 septembre 2013
Le statut précédent de l’Enseignement Catholique datait de 1992. Ces dernières années, des évêques
souhaitaient une révision de ce statut, dans un contexte ecclésial et sociétal qui avait changé depuis 1992.
La décision a été prise, en assemblée plénière de la conférence des évêques de France, de demander au
Secrétariat Général de travailler, en collaboration avec les évêques, à la rédaction d’un nouveau statut. Il a
fallu un certain temps, de nombreuses consultations pour arriver à ce texte qui a été voté par l’assemblée
plénière des évêques, réunie à Paris, au mois d’avril dernier. Il revient à chaque évêque de le promulguer
dans son diocèse, avec la possibilité de l’adapter à la situation particulière du diocèse. L’Eglise de France en
effet n’a pas d’autre réalité que l’ensemble des diocèses qui sont sur le territoire français ; elle n’est pas une
autorité qui serait au-dessus des évêques. La seule autorité au-dessus de l’évêque dans son diocèse,
membre du collège épiscopal avec lequel il doit veiller à être en communion, est l’évêque de Rome, le Pape.
Pourquoi les évêques se mêlent-ils du statut de l’Enseignement Catholique ? Parce qu’eux seuls peuvent
donner le label « catholique » à un établissement d’enseignement. Ils sont les fondateurs, les premiers
responsables et les garants des établissements catholiques d’enseignement, même sous contrat
d’association avec l’Etat. C’est à eux que revient, en cohérence avec les textes du magistère de l’Eglise (le
Concile Vatican II, les paroles et les écrits des Papes, les textes approuvés par les Papes, depuis le Concile),
de donner le cadre et les perspectives d’un Enseignement Catholique, en collaboration avec les acteurs de
ce service d’éducation proposé aux familles en complément du service public.
Un tel statut ne peut relever du seul droit associatif ; il est une réalité ecclésiale qui, elle, ne se laisse pas
enfermer dans une logique associative. Il doit respecter le Droit français, et le Droit Canon (Droit propre
de l’Eglise) ; la réalité ecclésiale et la réalité civile.
L’évolution de la place de l’Eglise dans la société française depuis 1992 nous conduit à redéfinir l’identité et
le fonctionnement, si je puis dire, de l’Enseignement Catholique. Le statut de 1992 correspondait à une
époque où l’Eglise et le fameux « caractère propre » de l’Enseignement Catholique étaient des réalités qui
allaient d’elles-mêmes, une époque où le tissu ecclésial semblait encore solide et en cohésion. Depuis, le
tissu ecclésial s’est fortement distendu et le « caractère propre » est devenu une notion beaucoup plus
floue. Qu’est-ce qui distingue nos établissements des établissements publics ? Est-ce le seul fait qu’ils soient
privés ? Non. Alors comment définir le service que nous prétendons proposer à la société, dans un
contexte de forte sécularisation ? Pour tenir notre place dans la société et accomplir avec fécondité notre
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mission, il importe de revenir aux fondements, et d’élaborer pour notre temps le sens et le cadre de notre
mission.
D’un certain point de vue, le travail qui a été fait pour l’Enseignement Catholique est à mettre en lien avec
le travail de refondation que nous menons dans nos communautés chrétiennes et dans toute la pastorale,
qui sont à réadapter à notre époque. Nous ne sommes plus en chrétienté : quelles sont les conséquences
sur nos communautés chrétiennes, notre façon d’annoncer l’Evangile, sur la préparation au baptême, au
mariage, etc. ? Quelles sont les conséquences sur l’Enseignement Catholique ? Le travail sur le nouveau
statut a permis de faire le point et de préciser l’identité et l’objectif de l’Enseignement Catholique, dans
l’Eglise diocésaine. Il ne s’agit pas de repli identitaire, pas plus que ce qui concerne les autres réalités
ecclésiales, mais d’un « rechargement de sens » pour pouvoir être plus disponible à la société actuelle et
plus clair dans notre proposition. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être une annexe du service
public.
Il me semble que le travail accompli pour l’élaboration du nouveau statut et le travail à faire pour le mettre
en œuvre, sont un acte de refondation indispensable pour le présent et l’avenir de l’Enseignement
Catholique aussi bien que pour la fécondité de sa mission dans la société française actuelle. Au ministère de
l’Education Nationale on parle de refondation de l’Ecole ; on voit que l’Eglise n’est pas en retard, au
contraire.
On a dit de ce nouveau statut qu’il était une reprise en main par les évêques. Il faut surtout y voir la
sollicitude des évêques pour l’Enseignement Catholique. En effet, on s’est plaint, à une certaine époque, du
désintérêt de l’Eglise diocésaine, de l’évêque et des prêtres, pour les établissements catholiques ; et c’est
vrai que les prêtres préféraient s’investir dans les aumôneries de l’Enseignement Public, pour diverses
raisons pas toujours justifiables.
L’Enseignement Catholique n’a d’avenir que dans l’Eglise diocésaine ; quand je dis cela, mes propos
n’excluent pas les tutelles congréganistes, ni la nécessité de travailler en académie et en région, et au niveau
national. Le nouveau statut veut plus nettement fortifier le lien vital qui unit l’Enseignement Catholique à
l’Eglise diocésaine. C’est un axe sur lequel j’insiste, tout en étant conscient que cela m’engage, engage les
prêtres et les communautés chrétiennes vis-à-vis des établissements catholiques. Ces liens vont se
manifester surtout sur le plan pastoral.
Pour prendre un exemple concret, cela signifie que nous devons avancer dans une vision globale de la
pastorale des adolescents dans le diocèse, et, dans le respect des diversités et des rythmes propres, nous
devons créer beaucoup plus de ponts. Le pèlerinage des cinquièmes, entre autres réalités pastorales, est à
étendre peu à peu à tout le diocèse, aumôneries de l’Enseignement Public et Enseignement Catholique.
Par ailleurs, je souhaite que tous les acteurs de l’Enseignement Catholique travaillent l’anthropologie. Il est
en effet indispensable d’avoir une vision claire de la personne humaine quand on prétend faire œuvre
d’éducation. Dans la société contemporaine fortement imprégnée de relativisme, les approches
anthropologiques sont nombreuses, mais elles ne se valent pas toutes : l’expérience et le rapport au réel
montre que certaines visions de l’homme sont des visions déformantes et dé structurantes ; d’autres
favorisent un épanouissement de la personne humaine et une vraie unification de sa vie. J’ai l’habitude de
dire qu’il y a une manière de vivre notre humanité qui l’humanise, et une manière de vivre qui la
déshumanise.
L’Evangile nous donne la vision la plus haute et la plus humanisante de la personne humaine. En effet l’idéal
chrétien, lorsque l’Evangile est vécu authentiquement, donne de belles personnalités humaines, libres,
responsables, capables de s’engager durablement et de créer une réelle communion fraternelle avec leurs
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semblables. Certes, les chrétiens peuvent donner des contre témoignages, mais cela ne remet pas en cause
le sens affiné de la dignité de la personne humaine que la foi chrétienne a apporté au monde.
Enfin l’Enseignement Catholique est un service qui mobilise beaucoup d’acteurs ; tous y ont leur place, y
compris l’évêque. Chacun a sa place, toute sa place, rien que sa place. Cet organisme complexe est un
excellente école de collaboration, de communion, de socialisation, dans la mesure où chacun apporte sa
contribution sans se prendre pour le propriétaire de l’établissement ou, au niveau diocésain, de
l’Enseignement Catholique ; l’enjeu est d’éduquer par l’exemple, et de montrer aux jeunes générations qu’il
est possible de collaborer à une œuvre commune, à l’édification d’une communauté humaine où chacun
trouve sa place, se sent respecté et se met au service du bien commun.
Merci à vous tous qui êtes engagés dans cette grande aventure ! Soyez assurés de mon soutien et de ma
reconnaissance.
Guy de Kerimel
Évêque de Grenoble-Vienne
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