Comment faut-il traduire pour l'Union européenne ?
Analyse sur la traduction du traité de Maastricht
du point de vue d’une étudiante de traduction
Dissertation au proséminaire de Susanna Tuomi
Département des langues romanes (Section traduction)
Université de Helsinki
Décembre 2003
Pauliina Auvinen
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Table des matières
1 Introduction.............................................................................................................2
2 Démocratie et la politique plurilingue de l’UE.......................................................3
3 Corpus et méthodes.................................................................................................5
3.1 Corpus........................................................................................................................ 5
3.2 Problèmes de choix du corpus ................................................................................... 6
3.3 Méthodes....................................................................................................................7
3.3.1 Alignement.........................................................................................................................7
3.3.2 Théorie d'équivalence de Catford......................................................................................8
4 Analyse des changements .......................................................................................9
4.1 Changement de niveau (CN)...................................................................................... 10
4.2 Changements de catégorie ......................................................................................... 11
4.2.1 Changement d'unité (CU)..................................................................................................11
4.2.2 Changement de construction (CC)....................................................................................13
4.2.3 Changement de classe (CCL)............................................................................................15
4.2.4 Changement intrasystémique (CI).....................................................................................16
4.3 Omission (OM).......................................................................................................... 17
4.4 Ajout (AJ) ..................................................................................................................18
4.5 Changement typologique (CT) .................................................................................. 19
4.6 Changement sémantique (CS) ................................................................................... 19
5 Conclusion ..............................................................................................................21
Bibliographie..............................................................................................................25
Annexe I : Le corpus aligné .......................................................................................26
Annexe II : Table des occurrences des changements.................................................35
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1 Introduction
La législation de l'Union européenne, comment doit-elle être traduite ? Pour un
étudiant de traduction qui veut se spécialiser à la traduction pour l'UE, les conseils
donnés peuvent paraître confus et l'idée de traduction pour l'Union européenne risque de
devenir trop compliquée. Il est souvent dit que les traducteurs doivent absolument être
des vrais professionnels et qu'ils doivent connaître les règles de la traduction pour l’UE.
Mais quelles sont ces mystérieuses règles ? Dans ce qui suit, nous allons présenter les
commentaires très différents de deux spécialistes.
Nous avons consulté le conseiller linguistique du Service linguistique du Conseil
de l'Union européenne, Hellevi Malm, et selon elle, la vieille règle de respecter la
ponctuation ne s'emploie plus, et aujourd'hui dans l'UE, les textes sont traduits avec une
précision d'un paragraphe. En d’autres mots, dans le Service linguistique du Conseil, un
paragraphe est considéré comme une unité de traduction. A l'intérieur d'un paragraphe,
le traducteur peut changer la construction des propositions et des phrases conformément
aux règles de sa propre langue, à condition que le contenu informatique du passage soit
exactement le même qu'en langue source. Hellevi Malm souligne que mots, points et
virgules ne sont pas comptés mais l'objectif est d'atteindre la plus grande équivalence
possible par rapport à la langue source, en utilisant des phrases claires, courtes et
correctes en langue cible. Cela exige bien sûr que le traducteur, ainsi que le réviseur,
analysent le texte pour qu'ils comprennent parfaitement son information essentielle.
Dans le Service linguistique du Conseil, les traducteurs ne traduisent pas mot à mot, et
par exemple, les locutions compliquées et typiquement françaises sont totalement
supprimées de la version finnoise.
Pourtant, la traductrice de la Commission européenne, Irene Haaranen, a constaté
dans sa conférence du 8 avril 2003 que dans la traduction pour l'Union européenne, le
traducteur n'a droit de rien changer dans la traduction. Selon elle, il doit respecter la
ponctuation et traduire les textes en utilisant des constructions, mots et expressions aussi
près de l'original que possible. Elle a dit que si la ponctuation et l'ordre des mots sont
changés dans la traduction, il sera impossible de discuter des traités dans les réunions de
l'Union européenne, où on réfère à ces textes notamment à l'aide du numéro de la ligne.
De plus, si l'original et la traduction ne sont pas identiques, il sera une tâche pénible
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plus tard pour les traducteurs de tracer tous les passages que doivent être modifiés après
les réunions.
Dans cette dissertation, nous avons pour but d'étudier quelles ont été les méthodes
de traduction utilisées dans les services de traduction de l'UE à l’époque de la traduction
du traité de Maastricht, et notamment dans le Service linguistique du Conseil de l'Union
européenne où sont traduits tous les traités de l'Union. D'un point de vue objectif, nous
allons observer, en comparant la version française et la version finnoise de ce traité,
quels sont les différences et les changements considérés comme acceptables dans les
services de traduction. Par changement nous faisons référence à l’écart de l’équivalence
formelle, et c'est notamment ce terme que nous allons utiliser dans notre travail. La
question posée est donc suivante : combien de libertés les traducteurs ont-ils pris dans
leur travail, c’est-à-dire, quels changements ont-ils effectués dans la traduction par
rapport au texte original ? De plus, nous allons vérifier laquelle des idées présentées ci-
dessus est le plus proche de la réalité : traduction avec une précision d'un paragraphe ou
d’une ligne. Comme il a été assez facile de répondre à cette deuxième question, dans ce
travail, nous nous sommes concentrée principalement sur l'analyse des changements.
Cette dissertation se compose de cinq chapitres distincts. Dans le chapitre 2 nous
commencerons par l'explication de quelques concepts dont la compréhension est
essentielle pour la lecture de notre travail : démocratie et la politique plurilingue de
l'UE. Le corpus, la critique du choix du corpus et les méthodes utilisées seront présentés
dans le chapitre 3. Ensuite, dans le chapitre 4, nous présenterons la théorie
d'équivalence de Catford et sa classification des changements avec des exemples de
notre corpus. Dans le dernier chapitre, nous conclurons les résultats de notre travail
ainsi que proposerons quelques idées pour une étude plus avancée du thème.
2 Démocratie et la politique plurilingue de l’UE
Déjà en fondation de la Communauté européenne il était décidé que les langues
des États membres seraient les langues officielles de la communauté. Au début, il y
avait quatre langues officielles : français, allemand, hollandais et italien. Au fur et à
mesure de chaque élargissement de la communauté, et plus tard de l’Union européenne,
de nouvelles langues ont été ajoutées dans les traités. Dès le 1er mai 2004, il y aura dix
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nouveaux États membres dans l’Union européenne, ce qui veut dire qu’il y aura
également neuf nouvelles langues officielles du sud et de l’est de l’Europe : letton,
lituanien, polonais, slovaque, slovène, tchèque, hongrois, maltais et estonien (Direction
générale de la traduction de la Commission de l'Union européenne (2003)).
L’élargissement de l’UE en une institution de 25 États membres produira certainement
de changements dans les modes de travail, et non pas le moins dans ceux des services de
traduction.
La question des langues est délicate dans l’Union parce que la langue est
étroitement liée à l’identité des États membres, et le fait d'aborder cette question risque
d’évoquer de graves conflits politiques entre eux. Néanmoins, la politique plurilingue de
l’UE a souvent fait les gens se demander pourquoi il y a un système de langues
tellement compliqué dans l’Union. Pourquoi ne serait-il pas possible qu'elle fonctionne
seulement en deux ou trois langues comme les organisations internationales ?
L’explication se fait par la nature de l'Union : les institutions de l’Union sont capables
de produire de la législation qui, après sa publication dans le Journal officiel, devient
directement applicable aux citoyens dans tous les États membres. L’ignorance du
contenu de la loi n’est pas une excuse de ne pas la respecter, ainsi que les citoyens
doivent être capables de la lire en leur propre langue. Il faut qu’elle soit comprise par
tout le monde et non seulement par les diplomates ou par les linguistes car c’est
uniquement comme cela que peut être assuré l’égalité de tous les citoyens de l’union
devant la loi. Il est surtout question de la sincérité et de la démocratie. (Wagner, Bech &
Martínez (2002 : 2–3))
A cause de cette démocratie, le traité instituant la Communauté européenne ainsi
que le traité sur l’Union européenne sont équivalents en toutes les langues officielles.
C’est-à-dire qu’aujourd’hui, les onze versions en différentes langues ont toutes le même
effet juridique et elles sont considérées comme des versions officielles et originaires de
la législation communautaire. En fait, il est conseillé de ne pas les nommer traductions
mais y référer par le mot version ; ainsi par exemple : version finnoise. (Wagner, Bech
& Martínez (2002 : 8)) Il est évident qu’au prochain élargissement, l’Union n’est pas
prête à renoncer au plurilinguisme et avec cela, à un des droits fondamentaux de ses
citoyens – le droit de communiquer avec l’Union en sa langue maternelle. Pour ces
raisons, il sera évidemment nécessaire d’éduquer constamment des traducteurs
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