1 Introduction
Un médicament générique possède, par rapport au produit de référence appelé princeps
(dont le brevet a expiré), la même composition qualitative (principe actif) et quantitative
(dosage), ainsi que la même forme d’administration. Il est aussi certi…é bioéquivalent. Ce
médicament est alors équivalent au princeps en termes de sécurité et d’e¢ cacité. Et comme
le prix fabricant du médicament générique (prix de sortie usine) est moins élevé que celui
du princeps1, le développement des génériques est source d’économie pour les assureurs.
Dès lors, il apparaît important de favoriser la consommation de génériques. Il s’agit par
conséquent d’amener les médecins à prescrire autant que possible le médicament le moins
cher ou à prescrire en Dénomination Commune Internationale (DCI)2.
Il s’agit aussi d’inciter les pharmaciens à exercer au mieux leur pouvoir de substitution
d’une part et à rechercher une prestation plus économique que le princeps dans le cas de
prescription en DCI d’autre part. Cette substitution met en relation plusieurs acteurs :
l’industriel du médicament (o¤re de produits génériques), le pharmacien (qui peut ou non
proposer de substituer), l’assuré et bien sûr les pouvoirs publics qui dé…nissent les inci-
tations. En e¤et, la dé…nition de la marge des pharmaciens ainsi que la réglementation
concernant les taux de remboursement des médicaments in‡uent directement sur l’incita-
tion des pharmaciens à substituer et sur la réponse des patients. En France depuis 2003
les pharmaciens sont fortement incités à proposer la version générique puisque, pour les
médicaments non soumis au prix de référence, la marge des pharmaciens est plus élevée
pour les génériques que pour les princeps. Ceci est dû à une particularité du circuit de
distribution français. Pour le médicament générique, le pharmacien peut s’adresser direc-
tement aux laboratoires produisant les génériques. Et jusqu’en 2008, il pouvait négocier
des remises arrière ce qui augmentait sa marge totale3.
Dans cet article, nous nous posons la question de l’impact de cette marge arrière sur la
demande de médicaments dans un marché où les prix sont régulés. Ainsi, les prix ne sont
pas …xés par le marché mais sont déterminés par un régulateur. Nous nous intéressons à
deux situations. Dans la première c’est le pharmacien qui détermine cette demande, le choix
de celui-ci est donc in‡uencé par la possibilité de mise en place de marges arrière. Tandis
que dans la seconde c’est le patient qui choisit quel type de médicaments il consomme,
dans ce cas les marges arrière ne jouent aucun rôle puisqu’il s’agit d’un simple transfert
entre le laboratoire et le pharmacien. Nous supposons en outre que l’assureur public est
en mesure d’observer cette marge arrière. Aussi, le prix du médicament générique …xé par
l’assureur prend en compte cette marge arrière. Les marges arrière sont utilisées par le
producteur de génériques pour concurrencer le producteur de médicaments originaux. En
1En France depuis 2006 celui-ci doit être inférieur d’au moins 50% au prix du princeps pour être mis
sur le marché.
2voir Paraponaris et al. (2004) pour une analyse des facteurs favorisant la prescription en DCI
3Les marges arrière ont d’abord été plafonnées à 20% en 2005, puis à 15% avant d’être complètement
supprimées en 2008.
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