applicables. On s’appuie donc sur le calcul par éléments
finis (Code Abaqus) pour déterminer l’ordre de la
singularité dans la céramique et le domaine de validité du
développement asymptotique. Pour cela, on considère la
région de la céramique située dans une plage de distance r à
la singularité comprise entre 10 et 100 microns,
suffisamment loin du point singulier pour limiter les erreurs
numériques et suffisamment proche pour que le
développement asymptotique du champ des contraintes à
l’ordre 1 soit prépondérant. Sur la figure 10 est tracé le
produit 12
σ
λ
r pour diverses distances r et pour λ=0.5 (qui
permet de minimiser l’écart entre les courbes). Ce produit
ne dépend alors plus que de l’angle θ. Cette singularité de
0.5 étant la même que celle d’une fissure, les concepts
« classique » de mécanique de la rupture pourront
s’appliquer. On utilisera en particulier les fonctions de
formes de Westergaard f(
θ
) associées à chaque mode de
fissuration [6].
Figure 10 : Contrainte de cisaillement σ12
×
r
λ
en fonction de
θ
pour une singularité de 0,5 ?
C. Facteur d’Intensité des Contraintes
Une fissure plane se définit en effet par les paramètres
suivants, son plan (n), sa frontière (v) et le déplacement
relatif de ses faces (u) comme indiqué sur la figure 11. Ce
déplacement ayant trois composantes, on définit trois
modes élémentaires d’ouverture (mode I), de cisaillement
plan (mode II) et de cisaillement anti-plan ou déchirure
(mode III).
Figure 11 : Modes de déplacement I, II et III pour une fissure.
Les solutions asymptotiques du champ des contraintes et
des déplacements aux alentours de la fissure ont été
calculées analytiquement par Westergaard [6]. De manière
générale, on peut alors exprimer les champs de contraintes
comme suit [7] au premier ordre en r :
)()( 1
θθσ
λλ
n
i
III
In
ni
III
In
n
ijnij frKuetfrK −
==
−∑∑ == (11)
où n
K est le facteur d’intensité des contraintes associé à
chaque mode n et
()
θ
n
ij
f la fonction de forme, connue à
priori, associée à chaque mode et à chaque composante du
tenseur des contraintes. Le calcul numérique par éléments
finis permet de calculer les contraintes au voisinage de la
singularité et d’en déduire les facteurs d’intensité du mode
d’ouverture, KI, et du mode de cisaillement plan, KII. Ici
KIII=0, puisque nous travaillons en 2D. Une fois que KI et
KII ont été déterminés dans le repère initial attaché à
l’interface Cu-AlN, pour lequel l’axe 1 est parallèle à
l’interface et l’axe 2 lui est normal, des équations simples
[10] permettent d’exprimer KI
*(α) et KII
*(α) dans un second
repère en fonction de l’angle de rotation α (autour de l’axe
3) entre ces deux repères. On peut ainsi déterminer l’angle
α pour lequel KII
* est nul et KI
* est maximum en valeur
absolue, on le notera alors KI
m. Des critères de rupture sont
alors exprimés en fonction des facteurs d’intensités et de
leurs amplitudes.
D. Application, durée de vie du DCB.
Deux critères principaux de la mécanique de la rupture
pourront être utilisés ici. Premièrement, Griffith a établi
qu’une fissure dans un matériau fragile se propageait de
manière instable lorsque l’énergie élastique libérée par la
rupture devenait égale à l’énergie requise pour la création
de nouvelles surfaces libres, ce qui peut s’écrire comme un
critère sur la valeur de KI. Lorsque KI atteint la ténacité du
matériau KIc la fissuration instable se produit. Dans notre
cas, la rupture de la céramique s’initie à partir de la petite
fissure d’interface amorcée par fatigue du cuivre, dans le
cuivre, à l’interface cuivre / céramique. Comme la
propagation de cette fissure reste très modeste, on fera donc
l’hypothèse que la rupture de la céramique se produit si
KI
m=KIc.
Deuxièmement, pour la plupart des matériaux
métalliques ductiles, la vitesse de fissuration par fatigue
obéit à la loi de Paris. Lorsque des cycles d’amplitude
constante sont appliqués, la vitesse de propagation d’une
fissure est nulle tant que l’amplitude du facteur d’intensité
des contraintes est inférieure à un seuil ΔKIth, et la
fissuration instable se produit lorsque KI=KIc, entre les deux
une propagation cycle à cycle peut avoir lieu et suit la loi de
propagation suivante : m
KC
dN
da Δ= (11)
Où C et m sont des paramètres du matériau, où da/dN est
le taux de création d’aire fissurée par unité de longueur de
front de fissure et où ΔK est l’amplitude cyclique du facteur
d’intensité des contraintes. Il est à noter que lorsque l’aire
du défaut augmente KI augmente. Comme dans les essais
réalisés sur le DCB la fissure de fatigue se propage dans le
cuivre mais à l’interface Cuivre-AlN, c’est donc
l’amplitude de KI et de KII dans le repère attaché à
l’interface que l’on considèrera. Le protocole d’exploitation
des calculs numérique est donc le suivant, on effectue la
simulation numérique des divers chargements thermiques
du DCB, on analyse les champs au voisinage de la
singularité afin de déterminer KI et KII dans le repère
attaché à l’interface, puis on calcule leur amplitude. Plus
cette amplitude est grande et plus la durée de vie sera
faible. Enfin on détermine KI
m, et l’angle α correspondant
qui maximise KI
* et sur lequel se propagera la fissure dans
l’AlN. La rupture du DCB intervient lorsque KI
m atteint la
valeur de la ténacité de la céramique.