Bactéries, virus et nous INTRODUCTION: BACTÉRIES, VIRUS ET MALADIES Virus, bactéries et cellules eucaryotes Virus Cellule animale VIH 10 à 100 nm Bactérie 5 µm 1 µm Les bactéries pathogènes Klebsiella pneumoniae (cause de pneumonies, septicémies, infections urinaires et plaies, dysentrie) Haemophilus influenzae (cause de pneumonies infantiles, sinusites, méningites et otites) Mycobacterium tuberculosis (cause de tuberculose) Streptococcus pneumoniae (cause de pneumonies, otites et méningites) Pouvoir pathogène d'une bactérie: capacité à provoquer des troubles chez un hôte. Dépend de son pouvoir invasif (capacité à se répandre et s’établir dans les tissus), et de son pouvoir toxicogène (capacité à produire des toxines). Bactéries pathogènes obligatoire: ne peut survivre en dehors de son hôte (bactéries responsables de la diphtérie, de la tuberculose, de la lèpre…) Bactérie pathogène accidentel: présente dans la nature et pouvant infecter l’Homme dans certaines conditions (Clostridium tetani provoque le tétanos en pénétrant dans une plaie; Vibrio cholerae entraîne le choléra suite à la consommation d’une eau contaminée) Bactérie pathogène opportuniste: infecte des individus affaiblis ou atteints par une autre maladie (espèces de la flore normale, comme des Staphylococcus de la flore cutanée…) ⇒ Responsables, dans les hôpitaux, des infections nosocomiales. Les virus: parasites intracellulaires obligatoires Virus icosaédriques (ex. adénovirus, agents des pharyngites, pneumonies, conjonctivites; poliovirus, agent de la poliomyélite) Virus enveloppés (ex. virus de la grippe ou du sida) Bactériophages (virus) Pouvoir pathogène d'un virus: le virus pénètre dans une cellule hôte spécifique et prend le contrôle de ses fonctions normales Inhibition de la synthèse protéique des cellules infectées Fragmentation de l’ADN par des enzymes virales Accumulation des particules virales dans le cytoplasme ou le noyau des cellules infectées Induction de la mort ou de la lyse des cellules hôtes Intégration au génome de l’hôte et provocation de cancers Cycle viral typique TRAITEMENTS ANTI-VIRAUX ET ANTIBACTÉRIENS - Les antibiotiques - Exemples des traitements contre le VIH Traitement des infections bactériennes: les antibiotiques Le mode d’action des antibiotiques Action sur la paroi bactérienne: certains antibiotiques bloquent la synthèse de la paroi, la cellule s’allonge sans faire de paroi (cloison) et elle explose sous l’effet de la pression osmotique interne Action sur la membrane des cellules: certains antibiotiques désorganisent la bicouche lipidique Action sur l’ADN: certains antibiotiques empêchent la réplication de l'ADN bactérien Action sur le ribosome bactérien: approximativement la moitié des antibiotiques utilisés en thérapeutique ont pour cible le ribosome bactérien, l'organite cellulaire responsable de la synthèse des protéines L’infection par le VIH Structure du VIH Cycle du VIH Traitements actuels SÉLECTION NATURELLE ET RÉSISTANCES AUX TRAITEMENTS Observation de phénomènes de résistance lors de traitements anti-viraux Observation de phénomènes de résistance lors de traitements anti-bactériens Observation de phénomènes de résistance lors de traitements anti-bactériens À l’heure actuelle: 50% des souches de pneumocoques résistants à la pénicilline G contre 0,5% en 1984 !!!! 90% des souches de staphylocoques dorés résistants à la pénicilline G et 30% résistants à la méticilline en France !!!! modélisations indiquent que les souches de bactéries responsables des méningites et septicémies, encore sensibles à la pénicilline G, évolueront en 20 ans vers une proportion croissante de souches hautement résistantes quasiment aucune nouvelle famille d’antibiotiques susceptible d’être introduite en thérapie dans les prochaines années risque accru de la progression des multirésistances et donc de difficultés thérapeutiques Explication des phénomènes de résistance: la sélection naturelle L’évolution selon Lamarck La pression de sélection « crée » des mutations utiles Concept rejeté par la quasi totalité des évolutionnistes actuels L’évolution selon Darwin Existence au sein d’une population d’une variabilité génétique Sont sélectionnés les individus à qui cela confère une plus grande valeur adaptative Variabilité génétique et évolution Une mutation peut être neutre dans un environnement donné mais peut se révéler avantageuse quand les conditions environnementales changent: Insectes résistants aux substances toxiques peu représentés dans une population classique Décimation des insectes sensibles par épandage de la substance toxique Prolifération des insectes résistants qui n’ont désormais plus de compétiteurs et ont accès à toutes les ressources disponibles Sélection de virus résistants Sélection de bactéries résistantes MÉCANISMES MOLÉCULAIRES À L’ORIGINE DE LA VARIABILITÉ DES BACTÉRIES Stabilité et variabilité du génome des bactéries Taux d’erreur dans la synthèse d’ADN: 10-9 Mutateurs constitutifs: mutent 100 fois plus vite que la moyenne (défaut dans le système de réparation de l’ADN) Avantage ou inconvénient? • Mutations délétères 10 000 fois plus fréquentes que mutations avantageuses • Mais on constate qu’à nombre égal avec des souches sauvages, les souches mutatrices gagnent immanquablement… Les mutateurs inductibles Induction du système SOS en cas de lésion de l’ADN, de stress ou de carences Activation d’enzymes de réparation dont l’imprécision favorise l’accumulation de mutations Arrêt du système quand le stress cesse ⇒ certaines mutations ont une chance d’être adaptatives Les sites de contingence Mutateurs constitutifs localisés: gènes soumis à 104 fois plus de chances de mutation Codent des antigènes de surface dont la variabilité, acquise par mutation, permet d’échapper au système immunitaire Échange de matériel génétique entre bactéries: la conjugaison Conjugaison bactérienne: transmission de plasmides entre bactéries Autre source de variabilité génétique Bactéries et résistance aux antibiotiques Modalités de résistance chez la bactérie Le brouillage : la bactérie synthétise des protéines qui peuvent séquestrer l’antibiotique ou le dégrader pour le rendre inoffensif Le camouflage : la bactérie peut modifier la cible de l’antibiotique; celle-ci n’est plus reconnue et devient insensible à l’antibiotique Le blindage : la bactérie empêche l’accès de l’antibiotique aux cibles intracellulaires (modification de la perméabilité membranaire ou mise en place d’une pompe membranaire qui refoule l’antibiotique vers l’extérieur) L’esquive : la bactérie substitue une autre molécule à la cible; l’antibiotique, en se fixant sur ce leurre, ne remplit pas son rôle Acquisition de la résistance aux antibiotiques Acquisition de la résistance aux antibiotiques Antibiotiques favorisent, dans certaines conditions, la fréquence de mutations (cf. système mutateur inductible) Antibiotiques favorisent la sélection de souches résistances en exerçant une pression de sélection Antibiotiques favorisent vraisemblablement l’échange de matériel génétique entre bactéries (transmission horizontale et verticale de gènes de résistance accrue) ⇒ Action sur l ’émergence d’une résistance, sa sélection et sa diffusion MÉCANISMES MOLÉCULAIRES À L’ORIGINE DE LA VARIABILITÉ DES VIRUS Stabilité et variabilité du génome des virus: l’exemple des virus grippaux Les trois types de virus grippaux Les virus de type A les plus pathogènes infectent les oiseaux et certains mammifères, dont l’Homme très grand nombre, regroupés en différents sous-types. À l’intérieur de chaque soustype de virus Influenza A existent différentes souches Les virus de type B spécifiques de l’Homme faibles virulence et pathogénicité Les virus de type C infectent l’Homme et animaux à son contact (chiens, chats, porcs) jouent un rôle non négligeable dans les épidémies saisonnières de grippe infections qu’ils entraînent sont bénignes Variabilité des antigènes de surface du virus de la grippe Hémagglutinine (HA): permet au virus de pénétrer dans les cellules. Sa forme détermine les hôtes qu’une souche peut infecter Neuraminidase (NA): coupe le le lien entre les nouvelles particules virales et la cellule infectée. Influe donc l’efficacité avec laquelle un virus de la grippe se propage de cellule en cellule. Origine de la variabilité des HA et NA: Erreurs dans la réplication des gènes viraux (enzymes peu fidèles, aucune relecture) Réassortiment (mélange de deux virus différents infectant une même cellule) Les oiseaux, chez qui les virus de type A n’entraînent en général pas de symptômes, représentent le réservoir des ces virus. 16 protéines HA (H1 à H16) et 9 protéines NA (N1 à N9) différentes ont à ce jour été identifiées dans des virus aviaires. Un sous-type de virus de type A est caractérisé par une protéine HA et une protéine NA particulières. ⇒ De petites modifications de ces protéines aident le virus à infecter de nouveaux hôtes et à échapper à leur système immunitaire = avantage sélectif Transmissions interspécifiques et réassortiments CONSÉQUENCES DE LA VARIABILITÉ DES VIRUS: ÉPIDÉMIES ET PANDÉMIES Déclenchement des épidémies Définition : Une épidémie correspond à la propagation rapide d’une maladie transmissible dans une région donnée et dans une période de temps limitée En France, l’épidémie de grippe touche chaque année entre 5% et 10% de la population responsable d’au moins 1500 décès liés à des complications importance de l'épidémie très variable et imprévisible dans le monde: entre 3 et 5 millions de cas graves et 250000 à 500000 de décès dus à la grippe chaque année Pourquoi y a-t-il une épidémie de grippe chaque année ? un individu qui a été infecté par un virus de la grippe développe une mémoire immunitaire spécifique de ce virus, ce qui lui permet de le combattre efficacement s’il est de nouveau infecté les virus de la grippe évoluent constamment, de telle sorte que le système immunitaire de cette population ne les reconnaît plus : la population n’est donc plus protégée, ce qui est à l’origine d’une nouvelle épidémie de grippe l’année suivante ces modifications progressives des antigènes du virus, responsables des épidémies annuelles de grippe, sont appelées glissements antigéniques Déclenchement des pandémies Définition : une pandémie, à l'inverse d’une épidémie, atteint une zone géographique très étendue en un temps assez court Déclenchement d’une pandémie: de nouveaux virus de la grippe, inconnus de notre système immunitaire, peuvent apparaître suite à des cassures antigéniques impliquant une zoonose (transmission d'un virus animal à l'Homme) dans ce cas, les épidémies prennent une ampleur beaucoup plus grande dans l’espace et le temps, se transformant en pandémies. Cela se produit entre 3 et 4 fois par siècle, et ne concerne que les virus de type A Pour déclencher une pandémie, un virus doit posséder les caractéristiques suivantes : la transmission interhumaine doit être possible le virus doit avoir un antigène externe (HA ou NA) nouveau pour l’Homme, si bien que notre système immunitaire ne le reconnaît pas il doit avoir plusieurs facteurs de haute virulence ⇒ nombreuses étapes nécessaires : transmission de l’animal à l’Homme, adaptation à l’Homme, cumul de facteurs de virulence, apparition d’un nouvel antigène,… De ce fait, les pandémies sont extrêmement rares Trois évènements peuvent être à l’origine d’une cassure antigénique : Réassortiment: Le porc, qui possède les récepteurs viraux de type aviaire et humain, peut être coinfecté par un virus aviaire et un virus humain. Un réassortiment peut alors se produire : des segments d’ARN de virus aviaire et de virus humain sont incorporés dans une même particule virale. Un virus issu d’un réassortiment pourra ainsi posséder des protéines d'enveloppe différentes de celles des virus humains, lui permettant d’échapper au système immunitaire, et des protéines de virus humain, lui permettant de se répliquer au sein des cellules humaines. Emergence d’un ancien virus: Un ancien virus ayant circulé chez l’Homme autrefois peut réémerger, alors que la population actuelle n’est plus protégée contre ce virus. Transmission directe de l’animal à l’Homme: Un virus aviaire peut passer directement à l’Homme ; cela nécessite une adaptation de ce virus à l’Homme, adaptation effectuée grâce à des mutations. Les rectangles représentent les segments d’ARN du génome viral. La grippe espagnole serait due à la transmission directe d’un virus aviaire H1N1 à l’Homme, avec adaptation de ce virus à l’Homme. Les grippes asiatiques et de Hong Kong ont pour origine un réassortiment entre un virus aviaire et un virus humain. Les chiffres associés aux flèches indiquent le nombre de segments d’ARN du virus conservés au cours du réassortiment. Phases pandémiques de l’OMS