les infos de RND 1er trimestre 2014 Ressources Naturelles Développement JANVIER - FÉVRIER - MARS À DÉCOUVRIR page 28 Éditeur responsable: Nadine Godet 44, rue de la Converserie - 6870 Saint-Hubert / © Photo couverture: Damien Carnoy Les idées lumineuses d’Alex Detournay Le bois dans le bâtiment basse énergie, passif… DOSSIER Bureau de dépôt : 4000 Liège X P401047 page 14 « Simplement, qu’on nous respecte ! », un plaidoyer pour le bois énergie page 3 sommaire éditorial Nadine Godet Directrice Réseau bois - Notre terrain d’action: là où vous avez besoin de nous - En ce début d’année 2014, nous sommes allés vers vous et bien nous en a pris. Lors du salon Batimoi, fin janvier, et à l’occasion du Salon des Mandataires, mi-février, nous avons pu vous rencontrer, vous industriels, entrepreneurs, artisans de la pierre ou du bois, enseignants, jeunes en formation, candidats bâtisseurs, passionnés des ressources naturelles ou encore élus! - - « Simplement, qu’on nous respecte ! », un plaidoyer pour le bois énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Les Forêts d’Ardenne… présence remarquée au Salon des Mandataires… . . . . . . . . . . . . . . 8 Salon des Mandataires 2014 Une fréquentation de marque pour un projet séducteur . . . . . . . . 10 Le palais 6 du WEX, “effet wow” garanti ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Un outil au service des forêts wallonnes : l’Accord-Cadre de recherche forestière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Détails techniques - Le secteur pierre met des lunettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6 Nous avons énormément appris… Un élu provincial liégeois - il se reconnaîtra - nous a interpellés sur le précédent numéro des Infos, gentiment, bien sûr. Petit aparté, cet échange nous a montré que vous êtes très souvent des lecteurs assidus de notre support, merci à vous, nous en sommes fiers. Ce mandataire politique avait lu le dossier que nous avons consacré à la prime octroyée par la Province de Luxembourg aux plantations forestières privées. Il a salué l’initiative qu’il estime importante pour l’avenir de la filière forêt-bois. Mais pourquoi, s’interrogeaitil, limiter cet incitant à cette seule province? La province de Liège n’est-elle pas aussi concernée, spécialement à l’est de son territoire? RND pourrait-elle agir en la matière? Sur ce même salon, des élus communaux du Sud Hainaut impliqués dans la valorisation touristique de leur massif forestier via le projet Forêts d’Ardenne que nous coordonnons à la demande du Gouvernement wallon, ont découvert nos activités en faveur de la promotion de l’agroforesterie et du développement territorial axé sur les ressources naturelles… Pourrions-nous les aider à dynamiser la filière forêt-bois sur leur territoire? À Batimoi, des entrepreneurs Hennuyers, Liégeois, Namurois, exposants ou visiteurs, nous ont parlé de leur entreprise, de leurs projets, de leurs difficultés… Pourrions-nous les aider en parlant d’eux dans notre revue? Oui, oui, oui à ces différentes questions. Bien sûr! Oui, comme nous le faisons pour la Province de Luxembourg, nous pouvons conseiller des institutions provinciales pour des actions de soutien à la forêt ou les mettre en œuvre, Oui, nous pouvons aider des communes du Sud Hainaut comme celles d’autres régions d’ailleurs, à concevoir et/ou à mettre en place des projets de dynamisation de la filière forêt-bois sur leur territoire, Oui, nous pouvons aider des entrepreneurs qu’ils soient Hennuyers, Liégeois, Namurois, Luxembourgeois, Brabançons à promouvoir leurs produits et leur savoir-faire dans les secteurs de la pierre et du bois. Comme je l’indique en titre, notre territoire d’action est là où vous avez besoin de nous! Et dans cette édition des Infos de RND, vous verrez que ce que nous disons se traduit en actes. De Tournai à Hermée, de Virton à Wavre, en passant par la province de Namur avec des interviews à Ciney ou à Gembloux, nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux qui font l’essor des filières pierre et bois, dans notre région! Et à chacun d’entre vous qui nous lisez, nous redisons que nous sommes à votre service et que ce magazine - Les Infos de RND - est là pour vous informer et/ou vous faire connaître! Bonne lecture! Marchés/tendances - La terrasse en bois, découverte pied au plancher… . . . . . . . . . . . 12 Le dossier du trimestre - Dans la course à la performance énergétique : Le bois dans le bâtiment basse énergie, passif… . . . . . . . 14 Portrait d'entreprise - Le Parpaing Bois Massif, PBM® Bloc un lego® pour adultes… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Réseau pierre - Les idées lumineuses d'Alex Detournay « Mon travail, c'est menuisier de la pierre ! » . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Lectures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 RND Ressources Naturelles Développement asbl 44, rue de la Converserie - B-6870 Saint-Hubert Tél. 061 29 30 70 - Fax 061 61 27 32 E-mail : [email protected] www.portailbois.be - www.portailpierre.be Équipe de rédaction : Nadine Godet, Aurélie Charlier, Marie-Caroline Detroz, Pierre Warzée, Bastien Wauthoz, Frédéric Castaings Les Infos de RND sont réalisées avec le soutien financier de la Wallonie, de l’Union européenne et de la Province de Luxembourg Toute reproduction, même partielle, des textes et des documents de ce numéro est soumise à l’approbation préalable de la rédaction. Photos © RND sauf indication contraire. Conception et réalisation : 2 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 PROVINCE DE LUXEMBOURG www.espacemedia.com - Tél. 061 23 34 76 réseau bois « Simplement, qu’on nous respecte ! », un plaidoyer pour le bois énergie Rien n’attise plus la curiosité que ces entreprises citées en exemple par toute une profession ; quand clients, concurrents et fournisseurs se retrouvent unis dans l’éloge. Dans cette catégorie “modèle du genre”, le Groupe François, installé à Virton, est érigé en figure de proue. Son parcours industriel est unanimement salué, le conglomérat créé est une référence en matière d’intelligence dans la valorisation du bois. Bernard François est à la tête de cette réussite. Un homme qui ne passe pas inaperçu depuis quelques semaines, faisant le bonheur des médias qui malheureusement en donnent une image caricaturale, trop souvent dépeint en ayatollah du bois énergie. Virulent, combatif, pugnace… il l’est, et plutôt deux fois qu’une. Ses prises de position, il l’avoue sans ambages, sont tranchées car « quand j’aime, je n’ai pas de limite. Et quand je n’aime pas, c’est idem. Je méconnais la demimesure ». Pour autant, ce trait de caractère ne doit pas être appréhendé comme l’alpha et l’oméga de sa personnalité, ce combattant par nature est également un personnage très posé. Actif dans la filière bois depuis 1977, Bernard François a façonné un groupe de 215 salariés où le “travailler local” est une exigence première, où les différentes activités se complètent naturellement. Ultime étape de la valorisation de la matière, le bois énergie est devenu son cheval de bataille. Bernard François n’est sûrement pas un philanthrope mais, au terme d’un échange de trois heures, l’homme semble habité par de profondes convictions, notamment « contribuer, avec le bois énergie, au développement de l’économie wallonne et aider au respect des engagements pris dans la transition énergétique ». Un parcours sans faute Derrière chaque succès, il y a des rencontres, des hasards, « une alchimie compliquée » se plaît à dire notre témoin. « Il faut beaucoup de chance pour en arriver là », ça n’a pas été le cas au tout début… En une génération, Bernard François a créé un groupe de premier plan en Wallonie. Vingt ans, juste sorti de ses études forestières, il crée avec son père une entreprise d’exploitation forestière de feuillus, au service du papetier Burgo implanté à Virton. « Mais avec le second choc pétrolier, les communes réservent de plus en plus de bois à leurs administrés ». Devant la pénurie de matière, le duo familial s’oriente vers le sciage du chêne. « Nouvelle déconvenue, la traverse de chemin de fer en bois est délaissée au profit du béton. C’est tout le business plan de l’entreprise qui s’écroule ». La paletterie François, c’est par là que tout a commencé. La capacité de production, en une équipe, dépasse les 10 000 palettes par jour. LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 3 réseau bois Le coup de chance, il arrive en 1980. « Une société américaine, Mobil Plastics Europe, récemment installée à Latour, recherchait un fabricant de palettes. Pour son acheteur, si le produit était moins cher que le fournisseur flamand, il était d’accord pour traiter local ». C’est ainsi que débute l’aventure de la paletterie François, « avec une première commande de 600 palettes livrées en 3 ou 4 jours, alors qu’on n’avait aucun outil, rien ! ». Il y a certes de la chance… mais aussi du travail. La suite de l’épopée, c’est une croissance continue et l’intégration progressive des activités amont et aval à la paletterie. « Tout d’abord la scierie, en 1988. On ne parvenait plus à avoir du bois de nos fournisseurs portugais, les scieurs locaux rechignaient à nous vendre des paquets homogènes, alors on a installé une unité de sciage de résineux de 35 à 40 000 m3 à Rodange ». En 1991, c’est l’installation de la fabrication de palettes à Latour, « avec une première ligne automatisée, aux côtés du premier client de l’entreprise, qui le reste aujourd’hui encore ». pas utiliser d’agents chimiques. Nous avons été les premiers en Belgique à monter des séchoirs chauffés grâce aux rebuts bois de nos clients ». C’est le début d’une logique vertueuse qui trouvera sa consécration au sein de l’entité Recybois. « En 2003, en partenariat avec Idelux, nous avons décidé de valoriser le “bois B” des parcs à conteneurs. Ce sont majoritairement des déchets de mobilier : chaises, portes, tables… Pour moi, ce type de matière ne peut pas convenir à la fabrication de panneaux de particules car trop pollué. Mais il peut utilement alimenter une cogénération de qualité, aux rejets maîtrisés. L’unité mise en œuvre fabrique notre électricité et de la vapeur. Début 2006, nous avions retransféré notre scierie à Latour en augmentant sa capacité de sciage à 150 000 m3 par an. Les sous-produits du sciage sont séchés grâce au résiduel thermique issu de la cogénération pour ensuite être transformés en pellets vendus, depuis 2005, au grand public sous la marque Badger Pellets ». La logique industrielle est inattaquable : rien ne se perd tout se transforme ! Elle sera déclinée avec le même succès dans d’autres unités construites au Grand-Duché et à Thimister. Raisonner local Puis vient la première chaudière à bois, en 97. Le contexte de son installation résume à lui seul la philosophie de notre homme. « Nous avions de plus en plus de clients qui nous demandaient de collecter leurs déchets d’emballage : des palettes usagées ou à des formats qui ne leur convenaient pas. Un fameux volume ! D’un autre côté, une nouvelle norme nous imposait de traiter le bois de nos palettes pour les échanges intercontinentaux. On ne souhaitait « L’opulence est facile à gérer ; la disette, non ! Aujourd’hui, c’est un combat », avoue Bernard François qui regrette une dérive générale. « Nous sommes très nombreux sur le même massif forestier : le papetier Burgo Ardennes, les panneautiers Spanolux et, à nos frontières, Unilin et Kronospan. Chacun a grossi en augmentant ses capacités de production, dans une logique du toujours plus, sans se poser de ques- Le “bois B” n’est pas un déchet, il peut encore être valorisé. tions sur son bassin de vie. Quelle est la ressource ? Où sont les clients ? Quelles sont les infrastructures ? On a perdu le sens commun, on ne gère pas en bon père de famille ». Il constate qu’ « on a un souci de matière. On peut chercher des coupables mais c’est trop facile. C’est la faute d’un système qui n’a pas eu un regard éclairé sur ce qui se passait ». Par contre, Bernard François insiste sur une tendance qui peut encore être inversée. « On n’a pas planté assez durant ces vingt dernières années. Le déficit en résineux est de 17 à 18 % or le DNF doit y être sensible. Si on ne fait rien ou qu’on plante du feuillu, on est à côté de la plaque ! ». Il en appelle donc « à une démarche de plantation de résineux de la part des communes wallonnes et des privés. La Wallonie doit concentrer ses efforts dans ce sens, sinon on se dirige droit vers une filière moribonde ». Loin de condamner l’un ou l’autre industriel, il avoue « rechercher une solution qui permette à tout le monde de vivre en symbiose ». Or, devant les attaques dont fait l’objet le bois énergie, exprimées par exemple dans le groupe de travail Nollet qui planche actuellement sur une stratégie wallonne pour la biomasse bois, Ber- Les produits en “bois B” issus des parcs à containers sont déferrés puis broyés. Ce combustible va servir à alimenter une cogénération dans le cas de Virton (électricité + vapeur). 4 - LES INFOS DE RND - 4e trimestre 2013 nard François voit rouge et le fait savoir avec une âpreté proportionnelle au sentiment d’injustice ressenti. gens-là sont des opportunistes qui nous malmènent. Ils sont ici depuis environ deux ans et importent massivement des pellets à bas prix qui ne sont pas PEFC ou FSC. J’en veux pour preuve les 10 000 tonnes de pellets radioactifs (césium 137), provenant de Lituanie, qui ont été retirés du marché. La population doit être prévenue de tels agissements et des risques sanitaires encourus. Ces gens déstabilisent complètement le marché… ». Nous ne sommes pas des nuisibles ! Bernard François est le principal porte-parole du “Groupement des producteurs wallons de granulés et de filière bois énergie”, une association naissante chargée de défendre le secteur. Il s’est impliqué personnellement dans le combat car « à force de tirer sur la corde, elle finit par se rompre. Aujourd’hui, quand on s’assoit autour d’une table, on se sent coupable parce qu’on est un acteur du bois énergie. Il y a une chape de plomb. Ce n’est pas normal ! Nous ne sommes pas des nuisibles ! On est là pour aider la Wallonie à se conformer à ses engagements en matière de transition énergétique et nous sommes une composante à part entière de la filière bois. Simplement, qu’on nous respecte ! ». Si le ton adopté se fait plus martial, l’homme sait parfaitement contre qui il guerroie. « Nous sommes attaqués par deux fédérations. Je comprends Cobelpa, qui représente les papetiers, car elle est dans son rôle. Par contre Fedustria, la fédération belge des industries du bois, ne représente absolument pas le secteur bois wallon, et encore moins le bois énergie. Ces gens sont au service de la Flandre et défendent les intérêts des industriels de là-bas. On les retrouve dans tous les lieux de pouvoir, or ces individus sont néfastes à la Wallonie ! Tout ce qui les intéresse, c’est capter notre bois aux prix les plus bas possible ». Le coup de gueule passé, Bernard François veut démontrer qu’une cohabitation paisible est tout à fait possible. « Il faut tordre le cou aux idées reçues. Le bois énergie n’est pas en mesure de faire mourir qui que ce soit, ni le panneau, ni le papier. Notre potentiel maximum est de 600 à 650 000 tonnes par an. En 2013, nous avons mis Les sciures, générées en interne, serviront aux pellets. sur le marché quelque 400 000 tonnes de pellets et plaquettes forestières, issues de 700 000 t de bois frais. Dans le même temps, les secteurs du papier et du panneau consommaient 8 millions de tonnes de bois. Onze fois plus que nous ! De grâce, arrêtez de tirer la couverture vers vous… Il faut que l’on se partage le bois, en se respectant et en travaillant ensemble ». Si derrière tout ce qui vient d’être dit on mesure l’ampleur du chantier, c’est sans compter sur un vers déjà bien installé dans la pomme. « Le secteur du bois énergie, en Belgique, est totalement déréglé, c’est affolant ! Lorsque Electrabel a converti sa centrale des Awirs aux pellets, ça a été le début de la misère. Des sociétés se sont installées sur notre territoire avec des capacités de production et des prix de vente sans rapport avec la réalité locale. Ces nouveaux entrants ne sont pas parvenus à l’équilibre financier alors qu’Electrabel allait rechercher ses pellets hors de nos frontières. Bilan, aujourd’hui l’offre est très supérieure à la demande. Une épuration va se faire. Elle est d’ailleurs déjà à l’œuvre avec la récente disparition de Seco-Bois, un fabricant de pellets basé à Mariembourg et qui n’aura résisté qu’un peu plus d’un an ! ». Autre frein à l’essor du secteur bois énergie, « le monde de la finance et les francs-tireurs. Ces Bernard François entrevoit une solution pour contrer ces exactions, « obliger les importateurs à respecter toutes les normes en vigueur afin de mettre sur le marché des produits équivalents en qualité aux produits wallons. Des contrôles suivis et efficaces doivent être diligentés au plus vite. Les normes existent, qu’ils les appliquent eux aussi ! ». Mais il y a urgence, « il faut dès maintenant protéger le secteur du bois énergie. De quelle manière ? En respectant nos engagements en matière d’utilisation d’énergies renouvelables et de transition énergétique. On peut développer l’offre à la manière du gouvernement luxembourgeois qui incite les particuliers à acheter massivement des poêles à pellets. Partout en Wallonie, et surtout dans les bâtiments publics, cette énergie devrait remplacer le mazout ». Sitôt achevée sa phrase, sondant les yeux de notre témoin, on sent bien que la transposition entre les deux contrées tient, à cet instant, du vœu pieux. Au moment d’achever cet échange, Bernard François revient sur le groupe de travail bois énergie du cabinet Nollet. « Je fonde pas mal d’espoirs sur le travail collectif mené dans cette enceinte. J’ai l’impression que nous avons été entendus et j’espère que ceci se reflétera dans les actes… Il y a de l’espoir ! ». À défaut d’actes, au moins des recommandations étaient attendues pour fin mars. n Le combat fait rage sur le marché du pellet avec un excédent d’offre et un hiver doux. Attention tout de même à ce que l’on achète, le pellet industriel est loin de rivaliser en termes calorifiques avec son homologue à vocation domestique, comme le Badger Pellets. LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 5 Le secteur pierre met des détail technique La vue est le sens le plus utilisé par les êtres humains. Elle conditionne notre rapport au monde et notre manière de l'appréhender. Depuis des décennies, des chercheurs mettent au point des systèmes optiques, couplés à l’informatique, pour comprendre, imiter, perfectionner la « vue » de nos outils. La réalité augmentée, née de la coordination de caméras digitales, d'ordinateurs et de programmes toujours plus puissants, fait aujourd'hui une entrée remarquée dans le secteur pierre. Nous avons sélectionné pour vous trois applications, trois innovations récentes, qui montrent comment cet outil est en passe de révolutionner notre secteur. Blaxtair augmente la sécurité des chantiers La première innovation que nous souhaitons mettre en lumière est le système Blaxtair de la jeune société Arcure. C'est un système plusieurs fois primé (prix de l'innovation au salon Preventica 2011 à Lyon et Lauréat d'Or des Innovation Awards à Intermat 2012) et qui présente autant d'intérêt pour la pierre que pour le bois. En effet, Blaxtair est un système de détection d'obstacles qui combine une caméra évoluée avec vision stéréoscopique et un logiciel de reconnaissance des formes en temps réel. On vous sent sceptiques… nous l’étions aussi ! Qu’est-ce qui rend donc ce système si intéressant ? Blaxtair ne signale que les obstacles vraiment dangereux. Comme il différencie les obstacles Blaxtair est un produit de la société Arcure qui est une spin-off d'un laboratoire de recherche du CEA, le Commissariat à l'Énergie Atomique. Elle bénéficie d'une expérience de quinze ans de recherches dans le domaine de la reconnaissance optique. BLAXTAIR® compare les images qu’il voit à une base d’apprentissage et reconnaît un piéton en moins de 300 ms. Blaxtair possède un angle de détection légèrement supérieur à 90°. Il est donc nécessaire de doubler les caméras sur les plus gros engins. Blaxtair peut être couplé avec d'autres capteurs pour diminuer son temps de réaction. 6 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 mouvants des obstacles fixes et qu'il en connaît immédiatement la distance, il ne prévient l'opérateur qu'en cas de réel danger. L'alerte piéton ne se déclenche que quand il pénètre dans une zone de collision et l’alerte obstacle, quand il y a risque d’endommager du matériel. faible lumière, à un fort empoussiérage, aux intempéries et à la combinaison de ces facteurs. Arcure n'a d'ailleurs jamais reçu de plainte de clients dont le système n'aurait pas fonctionné avec succès à cause de ces conditions environnementales. Contrairement à ses concurrents, Blaxtair n'inonde pas l'opérateur d'alertes incessantes qui peuvent provoquer un agacement ou à l’inverse, une accoutumance. L'opérateur n'y porte alors plus aucune attention. Contrairement au système Blaxtair dans lequel chaque alerte est utile et produit un effet ! Pour ce faire, Blaxtair responsabilise l’opérateur à la sécurité et lui donne les outils. Carrières, zone de chargement et déchargement, chantiers, etc. sont autant d'endroits où évoluent de nombreux engins et des piétons. Or ces engins ont souvent d'importants angles morts, surtout quand ils évoluent en marche arrière. Blaxtair permet d'éviter les accidents lors de manœuvres délicates. Sachant ce que coûte un accident, matériel ou humain, à une société, investir dans un système de sécurité tel Blaxtair coule de source. Et puis, son air de ressemblance avec Wall-e lui confère un air franchement sympathique. Blaxtair est également conçu pour les environnements rudes tels les carrières, les chantiers, et même les mines. Le système s'adapte à une VisioRock™ augmente la durée de vie de vos broyeurs Cette application s'adresse aux carrières de granulats. Dans la version qui nous a été présentée lors du « Forum Exposants » du congrès 2014 de la SIM à Besançon, la solution VisioRock semble ne convenir qu'aux assez grosses unités d'ailleurs. Quoique. À l'origine, VisioRock est une ligne de produits développée par Metso pour piloter une installation de concassage secondaire ou tertiaire. Elle part d'un constat simple : la constance de la granulométrie d'entrée participe autant qu'une alimentation constante à la diminution de l'usure d'un concasseur ou d'un broyeur. Autant l'alimentation est assez simple à gérer, autant la granulométrie… C'est pourquoi Metso a cherché à développer un système de détermination optique de la granulométrie. jeu de trois capteurs, un pour chaque couleur) sur lequel l'opérateur peut surimposer des informations, comme les schémas de découpes, les sections hors découpe car présentant un défaut technique ou esthétique, etc. Ces tables de scannage sont intéressantes pour tenir à jour la lithothèque d'une grosse marbrerie ou d'une usine de découpe. lunettes L'intérêt d'ImageShare, et son innovation, c'est que le scanner est couplé à un système de reconnaissance optique évolutif. En deux mots, cela signifie que, si vous lui apprenez à reconnaître un défaut, il pourra dorénavant le reconnaître et le délimiter par lui-même sur une nouvelle tranche. Comment lui apprendre ? Simplement en le lui montrant quelques fois. Donc, à travailler avec un nombre limité de pierres présentant des textures assez constantes (qui a dit de la pierre bleue ?), la machine peut rapidement apprendre à travailler toute seule… et trier les tranches. Fonctionnement résumé de VisioRock TM. 1. Scannage du granulat sortant du concasseur/broyeur. 2. Analyse par reconnaissance optique. 3. Détermination des contours des granulats. 4. Détermination de la courbe granulométrique. 5. Adaptation automatisée de la ligne de production. VisioRock est une gamme de produits dont le fleuron n'est rien moins qu'un système de pilotage automatique de l'installation secondaire ou tertiaire d'une carrière. Sa colonne vertébrale, c'est un système de détermination optique de la granulométrie. VisioRock mesure cinq fois par seconde la courbe granulométrique des cailloux entrants ou sortants grâce à un système de reconnaissance des contours. Cette donnée importante s'ajoute à d'autres paramètres électromécaniques de suivi de l'installation pour donner une vision de sa performance (intensité absorbée dans le broyeur, niveau dans le broyeur, niveau dans la trémie tampon, intensité de tous les transporteurs, paramètres de réglage du préstock, etc.). Le système automatique de pilotage OCS utilise des algorithmes basés sur des logiques floues pour gérer et équilibrer ces nombreux paramètres afin d'assurer un pilotage optimal et en temps réel de l'installation. L'installation est dès lors entre les mains d’un système infatigable et capable d'émuler un opérateur avec plus de 30 ans d'expérience. Le système VisioRock n'est pas le seul sur le marché. La société Autom'Elec propose Tamisoft, un système alliant caméra et laser. Il réalise une analyse en 3D des granulats et sa cadence de 80 images par seconde permet également d'ajouter une mesure du débit à l'analyse granulométrique. Tamisoft permet de piloter le broyeur afin de rectifier la courbe granulométrique à sa sortie. Retrouvez ces produits en vidéo sur la toile VisioRock : http://vimeo.com/32515893 Tamisoft : http://www.youtube.com/watch?v=jS01iCtYjQE ImageShare illumine les marbres La dernière innovation que nous voulons vous présenter est une table pour scanner les tranches de pierres. Comme tous les systèmes de ce genre, ImageShare prend un cliché haute définition et en couleurs réelles (grâce à une illumination par leds en lumière blanche et un Avec son coût actuellement supérieur à 40 k€, ce système ne présente pas d'intérêt pour les petites carrières et marbreries de nos contrées. Mais il annonce un futur. Un futur où le tri d'éléments en pierre naturelle pourra se faire quasi sans intervention humaine et où les chaînes de production pourront travailler en continu. Ce travail en continu est indispensable à l'industrialisation de la production de tranches, de dallages, et d'autres éléments standardisés. Un avenir tout vu Les trois innovations ci-dessus montrent à quel point les systèmes de reconnaissance optique ont mûri ces dernières années. Elles montrent aussi comment ils permettent de faciliter et de sécuriser le travail de la pierre. Elles posent aussi la question des volumes et des types d'emploi dont nous aurons besoin demain dans le secteur pierre. Nous pouvons tous nous entendre pour dire que donner un outil efficace pour responsabiliser un conducteur d'engin est une bonne chose. Mais avons-nous envie de livrer nos usines de production de granulats à des robots? Car le technicien qui pilote l'installation est avant tout un ouvrier qualifié qui a une connaissance intime de son installation. Avant de se retrouver devant sa console, il a souvent passé des années les mains dans le cambouis à régler, réparer, entretenir l'installation. Et le marbrier? Il a une expérience de la pierre qui dépasse le simple aspect visuel. Cette expérience est-elle remplaçable? Et est-ce souhaitable? Et puisque l'évolution semble inéluctable, comment les conserver et les valoriser? n LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 7 réseau bois Les Forêts d’Ardenne… présence re Profitant du Salon des mandataires qui s’est tenu au Wex les 13 et 14 février dernier, RND avait fixé rendez-vous aux élus locaux - bourgmestres et échevins du tourisme - afin de leur faire découvrir ou mieux connaître le projet « Forêts d’Ardenne », ainsi que les actions menées ou à mener par les massifs forestiers et RND. Arduinna séduit le Salon des Mandataires Susciter l’intérêt des élus locaux pour la fonction récréative de la forêt, les informer de l’initiative du Gouvernement wallon en la matière, leur donner envie d’adhérer au projet et/ou à son événementiel annuel «Le Week-end du Bois et des Forêts d’Ardenne » via la participation de leur commune ou de leur Syndicat d’initiative ou de Maisons du Tourisme… ; tels étaient nos objectifs en participant au Salon des Mandataires. Objectifs atteints puisque vous avez été nombreux à venir sur notre stand, à nous poser des questions sur le projet (notre rôle, celui des massifs, le financement des actions…) et à faire la connaissance de deux superbes Arduinna en chair et en os à redécouvrir ou à découvrir en pages 10 et 11. Elles ont conquis le public avec leur sourire et avec une petite pochette surprise offerte à chacun de leurs interlocuteurs et remplie d’une tisane aux fruits de la forêt spécialement concoctée pour l’occasion. Villes d’appui et portes d’entrée structureront le tourisme en forêt dans chacun des massifs En même temps qu’elles continuent à construire les produits «forêts» spécifiques à chacun de leur territoire, les structures d’animation des massifs entament maintenant une nouvelle étape destinée à mieux organiser le tourisme dans leurs forêts respectives. Comment procèdent-elles ? Là encore, elles s’en réfèrent à la «bible » du projet, l’étude stratégique du Professeur Bodson. 8 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 Le projet Forêts d’Ardenne c’est… • Un projet initié et soutenu par le Gouvernement wallon. • Un plan de développement touristique de la forêt wallonne reposant sur une stratégie élaborée par le professeur D.Bodson de l’UCL et son équipe. • Le développement de produits touristiques novateurs proposant dans un même package, de se divertir, de se restaurer et de dormir « forêt ». • La mise en réseau d’acteurs et d’opérateurs touristiques actifs sur chacun de massifs forestiers. Huit massifs ont été identifiés sur tout le territoire wallon dont trois - la Grande Forêt d’Anlier, la Forêt du Pays de Chimay et la Grande Forêt de Saint Hubertdéveloppent des produits « forêt » à titre pilote. • La volonté de valoriser au mieux le potentiel touristique de nos forêts en veillant à préserver le milieu naturel et fragile qu’elles constituent. • La prise en compte des exigences de la demande touristique de façon à développer des produits « qui marchent ». • Un événementiel annuel fédérateur des massifs forestiers et de tous les acteurs concernés par la forêt et le bois : le Week-End du Bois et des Forêts d’Ardenne. Un encadrement et une coordination assurés par… Ressources Naturelles Développement (RND) asbl dont les missions consistent à : • Accompagner les massifs forestiers dans le développement de leur identité et de projets sur le terrain. • Mettre en place la stratégie de communication de ce concept fédérateur. • Mettre à disposition de chacun des massifs et de leur réseau d’acteurs, son expertise, sa connaissance de la forêt et de la fonction récréative de la forêt. Des actions sur le terrain menées par… Trois structures d’animation de massifs (La Grande Forêt d’Anlier, La Forêt du Pays de Chimay, La Grande Forêt de Saint-Hubert) dont les missions consistent à : • Mettre en réseau les partenaires de leur territoire. • Développer des produits englobants ‘forêt’ : manger forêt, dormir forêt, se divertir forêt. • Promouvoir les produits développés sur leur territoire. marquée au Salon des Mandataires Pour structurer le tourisme à l’échelle de chaque massif, le professeur Bodson préconise d’identifier « des villes d’appui qui doivent servir de pivot à l’organisation du tourisme en forêt. Il faut pouvoir y créer dans tous les services offerts ainsi que dans l’aménagement et la décoration, une ambiance forêt qui donne à ces villes une coloration forêt suffisamment marquée pour caractériser le produit.» C’est là que le premier accueil du visiteur doit être organisé, qu’il doit y trouver toutes les informations nécessaires à son séjour en forêt, et le cas échéant, les grands équipements et infrastructures qu’ils ne peuvent pas trouver dans les massifs. D’autre part, Daniel Bodson suggère d’organiser des «portes d’accès » rebaptisées «portes d’entrée » qui sont des lieux d’accueil, d’informations, de dispatching vers le massif luimême mais aussi vers d’autres attractions touristiques de la région et vers les villes d’appui. Les structures d’animation ont donc identifié les villes d’appui et les portes d’accès. Pour la Grande Forêt d’Anlier : • 4 villes d’appui : Arlon, Bastogne, Habay-laNeuve, Neufchâteau • 6 portes d’entrée : Anlier, Heinstert, Fauvillers, Léglise, Marbehan, Martelange Les Forêts d’Ardenne : Trois rendez-vous à vous fixer 1) La sortie d’un guide touristique « Les Forêts d’Ardenne et ses massifs forestiers » édité en collaboration avec les Éditions de la Renaissance du Livre : Un guide permettant de découvrir les territoires, les produits colorés « forêt » de cette destination touristique wallonne ! 2) La mise en ligne du site internet www.lesforetsdardenne.be : Un site informatif, qui vous fera rêver, et que vous emmènera en Forêts d’Ardenne. Sortie prévue pour juin ! En attendant, visitez notre site provisoire qui regorge d’actualités et d’offres ou suivez-nous sur facebook : www.facebook.com/foretsdardenne 3) Le Week-end du bois et des Forêts d’Ardenne – 17-18-19 octobre 2014 : Le rendez-vous incontournable de tous les acteurs de la filière forêt-bois, la vitrine des compétences et des savoir-faire de tous les acteurs économiques, touristiques et culturels concernés par la forêt et le matériau bois. A l’occasion du 10e anniversaire du Week-End du Bois, l’événementiel recèlera un tas de bonnes surprises et de découvertes inédites ! Rendez-vous en octobre 2014 ! Pour la Forêt de Chimay: • 3 villes d’appui : Chimay, Nismes, Sivry • 8 portes d’entrée : L’Espace Nature de la Botte du Hainaut, Macquenoise, Couvin, Macon, l’Aquascope de Virelles, Nismes, Doische, Froidchapelle Pour la Grande Forêt de Saint-Hubert : • 3 villes d’appui : Nassogne, Saint-Hubert, Redu • 9 portes d’entrée : Bertogne, Daverdisse, Libin, Libramont, Nassogne, Saint-Hubert, Sainte-Ode, Tellin, Tenneville, Wellin. Afin de matérialiser le projet Forêts d’Ardenne à ces différents endroits, des équipements et aménagements tels des totems, panneaux, bornes tactiles… seront réalisés. Les demandes de subsides sont en cours de finalisation et vont être adressées au Commissariat Général au Tourisme. Vous êtes responsable d’entreprise, artisan, opérateur touristique, restaurateur, propriétaire de chambre(s) d’hôtes, propriétaire forestier… Et vous souhaitez participer au Week-End du Bois? Rendez-vous sur www.leweekenddubois.com pour connaître les conditions! LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 9 réseau bois Salon des Ma Une fréquentation de marq 10 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 ndataires 2014 ue pour un projet séducteur LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 11 marchés / tendances La terrasse en bois, découverte pied au plancher… Dominique Wibrin est un homme au parcours atypique. Géomètre de formation, il a roulé sa bosse dans les travaux publics puis dans l’ingénierie informatique de haut niveau, plusieurs décennies durant, avant de revenir à ses amours premières : le monde de la construction. C’est ainsi qu’en 2009, il décide de se réorienter professionnellement et qu’il tente l’aventure entrepreneuriale. Mais l’homme adopte une philosophie de travail qu’on peut lui jalouser, fermement décidé à se faire plaisir en combinant son goût premier pour le chantier, ses talents de commercial et son aspiration au management d’entreprise. Nouvel entrant sur le marché wallon de la terrasse en bois - il débute actuellement sa quatrième saison - il n’en demeure pas moins que sa société, DomiWood sprl, a déjà à son actif une centaine de contrats, et qu’elle connaît une croissance constante. Sur base d’une étude de marché qu’il a réalisée en 2010 et de son quotidien professionnel, de la théorie à la réalité journalière, Dominique Wibrin révèle quelques tendances lourdes de ce marché pour en cerner avec justesse les contours. « La terrasse en bois fait rêver les gens » relève Dominique Wibrin qui s’est concentré sur une clientèle uniquement privée. Pour cause ? « Dans les marchés publics, les cahiers des charges sont trop souvent mal faits. Par habitude, ils imposent des essences coûteuses et pas toujours adaptées au contexte. Sans parler du copinage et de la règle du moins cher… ». Pour autant, son créneau reste vaste et notre homme s’y est rapidement fait une place enviable. « Du produit plaisir, la terrasse en bois s’est muée en investissement, avec à la clé un budget consenti par les clients plus important qu’attendu mais aussi, et c’est normal, des exigences qualitatives en proportion ». S’agit-il là d’un effet crise ou du fruit de la prospection de notre témoin, aucune réponse tranchée… Une lente spécialisation Avant la création de DomiWood, notre interlocuteur a sondé le marché en détail, offre et demande. Pour lui, « 90 % des terrasses au sol, auto-construction exclue, sont réalisées par des entreprises d’aménagement de jardins. Loin de maîtriser le sujet, elles commettent des erreurs de mise en œuvre avec un impact direct sur la durée de vie de la terrasse en bois ». Le reste du marché, seulement 10 %, se partage équitablement entre les entreprises générales de construction - qui ne sont pas exemptes des critiques reprises ci-dessus - et la niche qu’occupe Dominique Wibrin, « à savoir les spécialistes de la terrasse et les professionnels de la filière bois comme les menuisiers ». Inévitablement, quand on pense piscine, le commun des mortels y associe un aménagement bois, autre secteur porteur. Dominique Wibrin a tout pour être heureux : il vend un produit “plaisir” et il connaît une croissance constante. Si le marché semble étroit, seulement 5 %, il se révèle par contre extrêmement porteur. « Nous sommes seulement une dizaine d’entreprises spécialisées dans la terrasse bois en Wallonie, dont presque la moitié située dans le Brabant wallon. Il y a de la place pour de nouveaux entrants mais il faut être très professionnel ». Ce marché, comme d’autres, se segmente avec deux extrêmes, un bas et un haut de gamme, quasiment plus rien entre les deux. « Lorsque j’ai réalisé mon étude de marché, mon client “moyen” avait entre 45 et 65 ans, il souhaitait réaliser une terrasse de 38 m2 avec un budget d’environ 6 000 €. Élément important, parmi les gens intéressés par la pose d’une terrasse en bois, 48 % privilégiaient la terrasse en kit, à monter soi-même ». Ces chiffres correspondent bien au lancement de DomiWood, mais les choses ont beaucoup évolué depuis. « Nos prospects considèrent désormais la terrasse comme une pièce en plus, c’est une tendance de fond. Ce sont des gens qui ont les moyens et qui attendent de la qualité, du professionnalisme. Ils savent qu’une terrasse n’est pas un produit bon marché ». Ce constat se reflète directement dans les chiffres de vente de l’entreprise avec une surface moyenne en nette hausse et un prix au m2 très supérieur à l’étude de marché. Exit la terrasse en kit ! Franchisé d’un fabricant alsacien leader de la terrasse en bois, plus de 100 000 m2 mis en œuvre par an par le réseau, DomiWood est également très au fait des tendances bois. 12 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 Essences locales : dur, dur ! « Le client, en général, n’a pas beaucoup de connaissances sur le bois. Ce qu’il a, ce sont de fausses idées sur ce matériau. Il croit, par exemple, que le bois mouillé glisse ; ce qu’il faut contredire car cela ne concerne que le bois sale. D’ailleurs, si c’était vrai, on n’aurait jamais réalisé des ponts et passerelles en bois ! ». Particularité de DomiWood et de son fournisseur, « nous ne commercialisons plus aucun bois exotique. On a arrêté l’ipé, un bois exceptionnel à maturité, c’est-à-dire à 150 ans, car aujourd’hui on ne trouve plus d’ipé de cet âge. Celui actuellement sur le marché risque de se fendre ». Les essences exotiques posent un problème de fond à notre témoin, « c’est une considération philosophique et éthique, nous ne voulons pas être complices d’une quelconque forme de déforestation ». Sans les essences exotiques, on pourrait penser que nos forêts locales vont trouver là un beau débouché… or, il n’en est rien. Le pin radiata de Nouvelle-Zélande tient la corde, « grâce à des qualités mécaniques très favorables et à des conditions exceptionnelles de croissance dans ce pays ». Le pin sylvestre, mais de Scandinavie, est également beaucoup utilisé. « Grâce aux nouvelles technologies, ces essences subissent une modification biochimique offrant des garanties très longues. Il y a notamment le traitement par acétylation, à savoir une modification cellulaire qui supprime l’effet hygroscopique du bois, ou la furfurylation, une greffe cellulaire à base d’alcool issu de déchets végétaux qui densifie le bois de plus de 30 % ». Dans les deux cas, « le bois a la même couleur, la même durabilité que les bois exotiques, et ce Le marché de la terrasse en aérien n’est pas négligeable, il représente près du tiers des demandes. sont des produits 100 % naturels, sans risque pour la santé, sans déforestation ». DomiWood garantit ainsi une durabilité de 50 ans aux bois traités par acétylation, 25 ans par la furfurylation, en utilisation aérienne. En terrasse, les essences locales ont du mal à s’imposer. Soit à cause du coût matière, soit pour des raisons techniques. « D’une manière générale, plus un bois est tendre, mieux il se prête à la modification et au traitement. Évidemment l’inverse est tout aussi vrai. Or le chêne, le châtaignier, le hêtre et même le douglas (dans ses parties hors aubier) sont trop durs, trop denses pour permettre la pénétration par acétylation, furfurylation et même par simple autoclave ». Dans le catalogue DomiWood, le douglas reste bien présent, non traité, avec une garantie de seulement 5 ans. Le chêne lui a disparu car il réclame un entretien régulier, « ce que les clients fuient ». En plus, bois nerveux, « il faut le visser sur les lambourdes, ce qui est nuisible à la ventilation et donc à sa durabilité ». Sur ce marché constitué en grande majorité de terrasses au sol, sans oublier les structures autoportées et terrasses sur toit, le client wallon sourit au haut de gamme. Tout le monde n’a pas forcément les moyens, mais le surcoût pour une terrasse qui va durer 30 ans par rapport au modèle basique garanti 10 ans influe indéniablement sur les décisions d’achats. n Contact : DomiWood sprl Rue Provinciale, 244 - Bte 9 - 1301 Bierges GSM : 0495 70 77 95 E-mail : [email protected] Web : www.terrassebois-wallonie.com La montée en gamme des projets est une réalité : le record de DomiWood, en 2013, est détenu par une terrasse de plus de 78 m2, pour un budget d’environ 40 000 €. LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 13 dossier du trimestre Dans la course à la performance énergétique : Le bois dans le bâtiment basse énergie, passif… Depuis le XIXe siècle et le passage de nos sociétés d’une ère agricole et artisanale à l’âge industriel, nos besoins en énergie fossile n’ont cessé de croître, ce de manière quasi exponentielle. Or, la majorité des combustibles fossiles n’existe qu’en quantité limitée. Aujourd’hui, la consommation dépasse largement la disponibilité de telle sorte qu’on épuise lentement mais sûrement nos réserves. Et il n’y a pas que l’industrie à montrer du doigt, loin de là ! Côté ménages, la consommation en énergies fossiles est également bien réelle. Elle se manifeste essentiellement dans le chauffage domestique, 75 % de l’énergie consommée par une maison conventionnelle. Depuis le début des années 2000, la prise de conscience est générale. Chacun sait qu’il faudra réduire sa consommation énergétique. Une chance car la Belgique est l’un des pays d’Europe où les bâtiments sont le moins bien isolés. Nous sommes au même rang que l’Espagne ou encore la Grèce, des contrées où le climat est autrement plus clément. Depuis une directive européenne de 2002 sur la performance énergétique et le climat intérieur des bâtiments, les régions ont renforcé leur réglementation en matière de “performance énergétique des bâtiments” (PEB). Les réalisations doivent atteindre un certain niveau d’isolation thermique et de prestation énergétique. Cette législation concerne toutes les constructions neuves ainsi que les rénovations de grande ampleur. Dans ce contexte, de nouveaux termes comme bâtiment basse énergie ou bâtiment passif ont fait leur apparition. Comme nous allons le voir, ils ouvrent des perspectives très positives au matériau bois. 14 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 Architecte : Philippe Samyn and Partners BÂTIMENT BASSE ÉNERGIE ET BÂTIMENT PASSIF : QUELQUES REPÈRES De manière générale, on peut distinguer quatre grandes catégories de constructions selon leur consommation énergétique. Il y a d’abord la construction qui a eu cours jusqu’aux années septante, souvent non isolée. Elle consomme environ 20 litres de mazout par m2 et par an (certaines vont jusqu’à 25 litres !). Comment réaliser un bâtiment basse énergie ? La conception ou la rénovation basse énergie s’appuie sur 6 principes : Dans la réalisation dite “basse énergie”, la consommation destinée au chauffage gravite autour de 6 litres, tandis que pour la construction appelée “passive” cette consommation doit être inférieure à 1,5 litre. ‹ Au niveau du bâti un concept architectural adapté (forme compacte, orientation favorable par rapport à la course du soleil), n une isolation renforcée de l’enveloppe (isolation des combles, isolation des murs, isolation du plancher, une minimisation des ponts thermiques), n une étanchéité à l’air suffisante pour se prémunir de l’action dévastatrice du vent et des courants d’air indésirables sur le confort thermique, n la mise en place d’un système de ventilation adéquat, permettant de garantir un bon renouvellement de l’air, indispensable pour la santé, sans risquer de tout refroidir à l’intérieur. Alors que les concepts de construction basse énergie ou passive sont développés depuis plusieurs décennies au Danemark, en Allemagne, en Suisse, en Autriche… notre pays s’insère dans cette dynamique au travers d’un nombre croissant de réalisations. ‹ Au niveau des équipements n un recours soit aux énergies renouvelables pour la production de chaleur et d’électricité (solaire, bois, pompe à chaleur), soit à une installation de production d’énergie à rendement élevé. Pour les constructions récentes, la norme européenne prévoyait 9 litres de mazout par m2 et par an. Depuis le 1er janvier 2014, le niveau d’isolation thermique global est passé de K45 à K35 et les coefficients d’isolation thermique à respecter par les différentes parois sont devenus plus draconiens. n Consommation spécifique d’énergie (en kWh/m2/an) Variation des consommations énergétiques de différents bâtiments en fonction de leurs performances Basse énergie ou passif, le bâtiment doit jouir d’une parfaite isolation : le bois y concourt très régulièrement. n le choix d’appareils électriques basse consommation pour l’électroménager et l’éclairage. Les principes d’une construction passive Le terme de réalisation passive fait référence à un bâtiment dont le climat intérieur est agréable en hiver comme en été, sans aucune installation de chauffage ou de refroidissement conventionnelle. Cet habitat est isolé à un point tel qu’un chauffage classique est devenu superflu. Et la construction bioclimatique ? Une réalisation bioclimatique s’évertue à tirer le meilleur parti du site d’implantation, de la nature qui l’entoure et, pour une large part, de la course du soleil. Le chauffage et la climatisation sont donc conçus en fonction du rayonnement solaire et de la circulation naturelle de l’air. L’architecture du bâti est donc particulièrement influencée car on oriente les pièces en fonction de la course solaire. Bâtiment avant 1970 (non isolé) Chauffage Bâtiment de 2013 Norme K45 Eau chaude sanitaire Bâtiment basse énergie Ventilation Bâtiment passif Appareils électroménagers Ce concept s’adapte plus ou moins bien suivant la typologie du bâtiment à réaliser. C’est ainsi que la construction bioclimatique a tendance à diminuer, de manière générale, car elle a trop d’impact sur l’agencement du projet. Elle est néanmoins intégrée dans toutes les réflexions portant sur le bâtiment passif ou basse énergie. Dernier point, l’approche bioclimatique ne se fixe pas d’objectif chiffré. LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 15 dossier du trimestre Le bâtiment passif est essentiellement chauffé par l’énergie solaire et la chaleur produite par ses occupants, leurs activités (la cuisine par exemple) et les appareils qui se trouvent dans la maison. Quelle place pour le bois ? Pour être certifié passif, en Wallonie, un logement doit répondre à des critères précis : n le besoin de chauffage doit être inférieur à 15 kWh/m2/an, n l’étanchéité de l’enveloppe : n50 ≤ 0,6 h-1, n le pourcentage de surchauffe (plus de 25 °C) doit être inférieur ou égal à 5 %. Tout d’abord, il y a le fait de faire appel à un matériau naturel et renouvelable. Ensuite, la construction bois permet d’extraire le bois du processus de combustion lente qu’il vivrait inévitablement en restant inexploité dans la forêt, avec la production de CO2 qui en découlerait. L’utilisation du bois limite donc l’effet de serre. Enfin, travailler le bois requiert peu d’énergie, ce qui explique l’écobilan très favorable de ce matériau. Sans rentrer dans des considérations trop techniques, il faut savoir qu’un tel résultat s’obtient grâce à la stricte application de 3 principes fondamentaux : n l’emploi d’une isolation excessivement poussée (l’étanchéité à l’air doit être la plus performante possible pour éviter les pertes de chaleur), n la mise en œuvre d’un vitrage performant (importance du triple vitrage dans nos contrées), n le tout, couplé à un système de ventilation mécanique double flux. Quand on parle du surcoût induit par la construction passive, il importe d’être prudent. En effet, souvent d’autres éléments tels que la présence de capteurs solaires, la mise en place d’un puits canadien ou encore l’emploi de matériaux écologiques onéreux peut fausser l’addition. D’un point de vue général, la construction bois présente des avantages uniques, quelle que soit la typologie de la construction. Le bois est également favorisé par rapport aux autres matériaux par des éléments beaucoup plus objectifs : sa faible masse volumique, la possibilité de construire sans eau donc sans attendre un séchage, la liberté de préfabrication en atelier, la rapidité d’assemblage sur site, la capacité à s’adapter à toutes les tendances architecturales… Quand on rentre dans le détail de la construction basse énergie, ou de la construction passive, on note qu’elles ont en commun de faire appel au concept de surisolation. Il s’agit d’une aubaine pour le bois car, avec lui, on peut concevoir des murs rivalisant de performance avec les autres matériaux, mais d’une épaisseur beaucoup plus faible. En parallèle, le choix de la basse énergie ou du passif s’accompagne le plus souvent du désir de construire un environnement sain, esthétique et chaleureux. Le bois est une des meilleures réponses à ces attentes légitimes de confort. Enfin, le bois est le matériau de la mixité. Depuis bien longtemps, le bois porte, renforce, résiste, accompagne et dialogue avec les autres matériaux de l’architecture. Il semble même que, bien avant les autres, il ait su tirer parti de cette richesse. Grâce au bois, et à ses qualités, de nouvelles possibilités techniques et esthétiques s’ouvrent aux autres matériaux. Un échange dans les deux sens qui permet également au bois de se bonifier. Dans cette logique, il peut s’avérer particulièrement intéressant de combiner une structure portante lourde, qui procure une inertie thermique supplémentaire, avec des parois extérieures en bois, bien isolées. Ce mode de construction bois-béton est de plus en plus courant, notamment dans les bâtiments tertiaires tels que les immeubles de bureaux. Le bois a donc toute sa place pour ériger un bâtiment économe en énergie. Nos essences y trouveront même un terrain d’expression. La Maison de l’Enfance à Genval (Rixensart), bâtie en 2007, se classe parmi les bâtiments basse énergie, après contrôle (test blower door, thermographie). Photo : © Joseph Dierckxsens 16 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 Architecte : Trait Architects sa LE REGARD D’UN ARCHITECTE ET D’UN MENUISIER SUR CES TENDANCES Damien Carnoy, l’architecte, et Claude Macors, le menuisier, ont en commun une longue expérience et une parfaite maîtrise du matériau bois. Les deux hommes se ressemblent également par leur attachement à ce matériau. Sensibles à la nouvelle donne énergétique, ils ont chacun développé une approche qui épouse parfaitement les standards, ou les dépasse ; avec à cœur la volonté d’apporter la transparence maximale sur les résultats futurs de leurs réalisations. Un architecte pro-passif Damien Carnoy exerce depuis une trentaine d’années. Très intéressé par le bois depuis le début de sa carrière, il fait partie de ces précurseurs qui ont donné naissance à des réalisations bois emblématiques dans le paysage wallon. Pour cet architecte, « le bois est le matériau du développement durable. Il est le seul à faire la synthèse entre esthétisme, écologie, technique et un excellent écobilan ». Dans son atelier, il travaille sur des maisons privées, mais aussi sur des bâtiments publics. « Il s’agit d’écoles, de crèches, de bâtiments d’accueil. Nous en faisons assez peu chaque année car nous privilégions la qualité ». Pour lui, « la sensibilité du public aux économies d’énergie date de bien avant les premières normes passives ». Pour y répondre, notre témoin s’est formé. L’occasion pour lui de faire remarquer que « le métier d’architecte est très difficile car il faut en permanence se recycler. Il y a énormément d’investissement personnel alors que les honoraires stagnent. C’est un vrai problème ! ». Aujourd’hui, il lui semble très difficile pour un architecte de faire une construction performante énergétiquement sans un bagage minimum. « Qu’on réalise une maison individuelle basse énergie ou un bâtiment public passif, la démarche de mon point de vue est la même, il faut s’y connaître. Seul le résultat au niveau du logiciel de calcul diffère ». Le logiciel que Damien Carnoy met en avant s’appelle PHPP pour “Passive House Planning Package”. Il s’agit d’une fiche informatique où l’on encode chaque paramètre du projet en matière de performance énergétique. « C’est un travail fastidieux en amont, mais incontournable pour mesurer au plus près la consommation du futur bâtiment en énergie primaire : 15 kWh/m2/an pour un bâtiment passif, 60 pour une réalisation basse énergie, 80 voire 120 pour ce qui se construit encore maintenant ! Je suis beaucoup plus sensible à cette démarche de mesure en kWh/m2/an Damien Carnoy est favorable à un discours de vérité : il calcule et fait contrôler la performance énergétique. car c’est tangible, c’est du concret pour le client et son portefeuille ». Et dans la réussite du projet, l’architecte n’est pas seul, « il faut aussi travailler avec un entrepreneur attentif quand on fait des ouvrages peu énergivores. Il faut bien mettre en œuvre les différents composants et respecter l’étanchéité à l’air de la construction. C’est pourquoi il faut absolument un architecte qui connaisse le métier, qui soit capable de donner une bonne explication à l’entrepreneur ». Aux yeux de notre premier témoin, « dans les projets publics passifs, les clients sont souvent des gens motivés par le développement Le bois est à l’origine du premier bâtiment de bureaux passif de Wallonie, à savoir l’espace “Capital et Croissance" inauguré en 2008, à Marche-en-Famenne. Photo : © Investsud Architecte : Synergy International LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 17 dossier du trimestre durable. Il y a l’incitant de l’économie d’énergie mais, malheureusement, il n’y a pas de prime à la différence des bâtiments de logement. C’est une fierté pour une commune de faire du passif mais qui n’est pas récompensé. Il y a quelque chose de nouveau à imaginer en terme de fiscalité ! ». Dernier élément, Damien Carnoy regrette les freins au bois, « les bouchons dus aux prescriptions urbanistiques. On voit encore des endroits où seule la brique est préconisée et où on cantonne le bois dans une faible place. Pour moi, la brique est une inertie à l’évolution. C’est devenu un matériau de parement, synonyme de ponts thermiques. Mettre de la brique devient une acrobatie par rapport à la hausse du niveau des exigences thermiques. Le bois se place bien au-dessus du débat en réglant tous les problèmes de ponts thermiques. Il est la solution d’avenir ». Énergie positive pour le menuisier Quand on interroge le constructeur bois Claude Macors, l’angle d’attaque se veut plus technique : il met en cause le coefficient K qui globalise les déperditions thermiques à travers les parois. « En Wallonie, le niveau d’isolation thermique global a longtemps été fixé à K45. Or la méthode de calcul se base sur 1 m2 de mur sur lequel on appose des couches d’isolation pour parvenir à un résultat théorique, ici 4,5 litres de mazout par m2 et par an. Depuis le 1er janvier 2014, la région impose un K35, avec une valeur Ew de 80, c’est le niveau de consommation en énergie. Mais le problème c’est que personne ne contrôle. Tout est seulement sur le papier ». Là où le bât blesse pour notre témoin, c’est qu’ « on ne tient pas compte des pertes linéiques et des mauvaises mises en œuvre. Or, l’étanchéité à l’air est la clé de tout. Dans un bâtiment non étanche, l’isolant perd 50 % de son intérêt. En menant une étude globale sur l’ouvrage terminé, on se rend alors compte qu’il est K90, deux fois plus consommateur en énergie primaire que promis ! ». L’homme se dit choqué, considérant que « c’est flouer les gens ». En réaction, à partir de 2009, il décide de construire des bâtiments en bois qui anticipent la future norme européenne, à savoir des réalisations autosuffisantes en énergie ou passives (K15). Pour y parvenir, notre constructeur s’oriente vers « des panneaux en bois massif contrecollé. Ils ont un premier avantage, celui Thermographie et test blower door permettent à Claude Macors de garantir la qualité de ses réalisations. d’être parfaitement étanches à l’air ». En plus, ces composants facilitent le travail, « ce n’est pas très difficile de bien réaliser les joints, de régler les détails techniques avec des panneaux en bois débités au millimètre près ». Chaque réalisation est soumise à des tests, en fin de chantier. Avec l’association panneaux bois et isolant, « loin de tout nœud constructif ou pont thermique, l’isolant donne tout son potentiel. Il est beaucoup plus facile de réaliser un bâtiment basse énergie ». Certes des voiles de béton auraient pu faire l’affaire « et amener de l’inertie, ce qui est encore mieux. Mais travailler le béton en basse énergie est beau- Les deux niveaux du parc économique “Galaxia” de Transinne (Libin) ont été réalisés en 2009 uniquement en bois. Ce bâtiment basse énergie frôle les valeurs du standard “passif”. 18 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 Architecte : Philippe Samyn and Partners coup plus difficile et coûteux. Sans parler de l’empreinte carbone laissée, largement supérieure au bois ». Le calcul est simple : « dans une maison d’environ 200 m2, équipée d’une pompe à chaleur avec chauffage par le sol, compte tenu de la production d’eau chaude et d’électricité, nous avons un besoin en énergie d’environ 8 500 kW. En région wallonne, on peut mettre jusqu’à 10 000 kW de panneaux photovoltaïques. On est totalement autonomes, alors que dans le passif il faut encore produire son eau chaude et s’éclairer ! ». Cette réflexion, il l’a déjà transposée dans des bâtiments publics. « On a fait, il y a quatre ans, un immeuble de bureaux à Manage, plus de 450 m2. On a un monitoring sur les compteurs depuis le début, ce client n’a pas eu la moindre facture. Pour la réalisation de nos locaux à Ciney, nous avons adopté la même démarche ». Des panneaux en bois massif avec environ 20 cm d’isolant permettent déjà des prouesses en matière énergétique. S’il en appelle également à « une évolution au niveau de l’urbanisme notamment en termes d’orientation du bâtiment pour bénéficier à plein des apports bioclimatiques », Claude Macors porte un regard critique sur la profession. « Certains professionnels ne sont pas prêts et essaient de retarder l’arrivée de cette norme. Ils ne veulent pas qu’on aille trop vite dans la performance énergétique des bâtiments et ils refusent que l’on évalue Photos : © C. Stuerebaut Contrairement à notre architecte, Claude Macors a décidé de délaisser le passif, « trop cher » à ses yeux. « Le surcoût du passif peut être investi ailleurs. Nous avons décidé de simplifier les choses en proposant des bâtiments positifs, c’est-à-dire des constructions étanches à l’air, très bien isolées et qui produisent plus qu’elles ne consomment ». la consommation réelle du projet, une fois celui-ci achevé. Ces firmes freinent des quatre fers ». Pourtant, en 2021, cette mesure deviendra obligatoire. « Il faut prendre en compte la consommation d’énergie et en faire une obligation de résultat pour le professionnel. Cela change beaucoup de choses et le débat est là… Mais il faudra bien y arriver ! ». L’Institut Provincial de Formation Continuée (IPFC), à Nivelles, est le premier établissement scolaire de type “passif” de toute la région wallonne. Il date de 2008. Photos : © A2M Architecte : A2M sprl LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 19 dossier du trimestre CAS CONCRET : UNE CRÈCHE PASSIVE DE 36 LITS À TRIVIÈRES (LA LOUVIÈRE) Avec son cabinet d’architecture CarnoyCrayon, notre témoin architecte interviewé quelques pages avant a inauguré, en mars 2011, une crèche passive située à Trivières. En quelques phrases, il nous explique le contexte de cette réalisation et l’intérêt du bois dans un bâtiment passif. de respiration aux enfants et aux adultes. C’est un retour aux sources avec la possibilité d’observer, au fil des jours, la flore et la vie d’un petit territoire redevenu sauvage ». Pour satisfaire la commune, « désireuse d’avoir un bâtiment qui fonctionne parfaitement », Damien Carnoy décide de tout mettre de plain-pied. Le parti architectural « La commune de La Louvière avait la volonté de réaliser une crèche avec une bonne performance énergétique », amorce Damien Carnoy. « Ils mettaient à disposition un terrain, une friche communale ! ». La complexité du site interpelle l’architecte. Il sait qu’il va falloir apporter une réponse adaptée. Sa proposition est globale : « on a enlevé toute trace de pollution et on a créé une véritable zone naturelle, un havre de biodiversité, où la crèche devient un mirador pour admirer la nature ». Une formidable idée pour cette cité ouvrière plus habituée aux terrils qu’à la verdure… Un parking est aménagé sous le volume crèche, « ce qui permet d’offrir un espace couvert très appréciable pour le transit des enfants. Cela limite également l’impact des voitures sur le terrain et maximise la part de surface naturelle autour de la construction ». La volumétrie de l’ensemble est très influencée par cette volonté de mettre toutes les fonctions de la crèche sur un seul et même niveau. « Ce parti pris a eu pour conséquence de créer un bâtiment peu compact. Pour contrecarrer cette dispersion peu favorable aux exigences du bâtiment passif, il a fallu optimiser l’isolation de l’enveloppe ». C’est ainsi que Damien Carnoy propose une association bois-béton. « Le béton est utilisé au niveau de la dalle et des murs intérieurs, il va apporter de l’inertie. La structure de la crèche est en ossature bois pour atteindre un très haut degré d’isolation et limiter les ponts thermiques ». Il en résulte une structure singulière supportée par des pilotis et des poutres en bois. De l’avis de l’architecte, « cette structure est une première en Belgique. On a introduit du rigide dans une structure souple. Chaque matériau se combine avec l’autre, mais chacun a son rôle ». D’un point de vue technique, les parois en ossature bois sont composées comme suit, de l’extérieur vers l’intérieur : Photo : © Damien Carnoy Grâce à ce petit périmètre de nature, « loin de toute trace humaine, on offre un moment L’architecture en découle. Elle se compose de deux volumes complémentaires : n un premier volume au gabarit d’une maison, côté ville. Cette partie sera occupée essentiellement par les adultes avec la cuisine, les bureaux, les réserves… n un second volume se détache de l’ensemble et part à la conquête du terrain. Ses matériaux et ses formes l’associent davantage aux arbres et à la nature. Il accueillera les enfants. La place du bois 20 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 Photo : © Damien Carnoy n n n n un parement sous forme d’un bardage en bois (cèdre), un vide ventilé, un panneau pare-pluie de 16 mm composé de particules de bois à haute densité, des raidisseurs (ossature porteuse secondaire) sous des poutres en I en bois avec une âme en fibres végétales dures. une face chaude avec un panneau OSB choisi avec une faible teneur en formaldéhydes. Photo : © Damien Carnoy n Le caisson ainsi formé est rempli d’un isolant insufflé sous pression. Il s’agit ici de ouate de cellulose fabriquée à partir de papier recyclé et imprégné de sel de bore aux propriétés fongicides, insecticides et ignifuges. Ce chantier a été mené en un temps record, « seulement une année entre l’arrivée du premier camion sur le chantier et l’accueil des enfants ». Depuis sa mise en service, la commune et les occupants sont enchantés par cette structure. La crainte qu’ils avaient au départ d’avoir trop froid dans un bâtiment sans chauffage est bien oubliée. C’est un tout autre souci qu’ils ont actuellement : lutter contre la surchauffe. Cette réalisation suscite toujours beaucoup d’intérêt, d’autant plus qu’avec l’afzelia utilisé en finition extérieure, l’épicéa de pays est massivement présent en structure. n Pour en savoir plus : www.carnoy-crayon.be Photo : © Damien Carnoy En effet, un fonctionnement de crèche produit énormément de chaleur interne, avec l’utilisation continue de l’eau chaude sanitaire, l’ajout des séchoirs à linge et l’activité générale à l’intérieur, sans parler du climat qui se réchauffe… De l’avis de Damien Carnoy, « les petits 15 kWh/m²/an prévus pour le chauffage ne s’avèrent même pas nécessaires. Ils eurent été plus utiles en énergie de refroidissement en été ». LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 21 réseau bois Le palais 6 du WEX, “effet wow” garanti ! Les gens du marketing sont formidables, ils recyclent nos expressions usuelles pour leur donner un côté tip top, super branché, up-to-date… Derrière ce nouvel effet, écrivez-le “wow” ou “waouh” ou comme bon vous semble mais en respectant la phonétique, on désigne le fait qu’un produit ou service puisse déclencher chez le consommateur un effet d’étonnement, d’admiration ou de vif intérêt. On disait “c’est bath” dans les années soixante, le “c’est chouette” est devenu désuet ! Le palais 6 du WEX suscite indubitablement ce type de réaction, pas besoin de faire une étude comportementale. À peine entré dans ce bâtiment, on sent qu’on est au cœur de quelque chose de différent sans pour autant en trouver la cause. Pour le directeur général du WEX, l’ingénieur structures et l’entreprise de construction, c’est la charpente en bois qui provoque ce désormais fameux “effet wow”. Une charpente qui a failli ne pas exister… Le palais 6 du WEX fait partie de ces bâtiments emblématiques de la construction bois qui, injustement, n’ont pas reçu l’accueil médiatique qu’ils méritaient. Cet ouvrage remarquable est vraisemblablement handicapé par une architecture extérieure trop rigoureuse, s’agissant “simplement” d’un cube posé en continuité à cinq halls existants. Laurent Briou, Frédéric Bertrand et Jean-Claude Goffaux : un trio particulièrement fier de leur concrétisation commune. Moins cher avec le bois Il est rare d’avoir face à soi à la fois le client de l’ouvrage, le bureau d’études et l’entreprise de construction. Ici, c’est le cas avec Laurent Briou - Directeur général du WEX, Jean-Claude Goffaux du bureau d’études éponyme et Frédéric Bertrand - Directeur de Woodlam. En les écoutant, on comprend vite que ce chantier n’a pas été le plus simple de leur carrière, mais il aura fait naître une grande complicité. Laurent Briou ouvre le bal. « Le palais 6 était devenu une nécessité. Le WEX saturait lors du Photo : © J.-Cl. Goffaux À voir cela semble tout simple mais, entre jambes opposées, chaque poutre court sur une cinquantaine de mètres. 22 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 Salon des Mandataires ou d’Horecatel, sans parler de la montée en puissance de Batimoi. Nous voulions nous étendre en limitant la nouvelle infrastructure à 3 500 m2 pour éviter les surcoûts liés au sprinklage ou la résistance au feu qui passe alors de 30 à 60 minutes ». Le premier défi sera de réaliser ce bâtiment en un temps record. « La décision de lancer le chantier a été prise en mars 2011 pour une ouverture programmée en février 2012 ». L’architecte Yves Pinon (Tohogne) remet ses plans fin juillet. Le bureau d’études, à l’aise avec tous les matériaux, va totalement réorienter le projet. « La charpente était initialement en acier », fait remarquer Jean-Claude Goffaux, « mais avec une portée de 53 mètres, il devenait évident qu’une solution bois était envisageable, surtout que la résistance au feu de 30 minutes est quasiment naturelle avec ce matériau. Nous avons donc réalisé deux études en parallèle, l’une en acier, l’autre en treillis lamellé-collé. Il s’est avéré que le bois était plus compétitif ». Et Laurent Briou de souligner qu’ « avec la localisation du WEX, à Marche-en-Famenne, le bois, matériau emblématique de la province, avait toute sa place. Et côté développement durable, l’utilisation du bois permet d’atteindre un bilan carbone quasi nul ». Le bureau d’études travaille sur l’option bois et un cahier des charges est envoyé en août 2011 aux entreprises. « Beaucoup de gens n’ont pas rendu prix, du fait de l’urgence », souligne le di- recteur du WEX. Woodlam remporte le marché, pour Frédéric Bertrand « c’était une réalisation qui nous tenait à cœur. Nous étions les seuls à nous engager sur ces délais extrêmement courts et sur un prix fixe ». D’ailleurs, Laurent Briou relève immédiatement que « la solution bois a permis une économie financière d’environ 180 000 € par rapport à l’acier. En plus, grâce à la préfabrication en atelier, on gagnait huit semaines de délai. Avec le bois, on était meilleurs sur les deux tableaux ! ». Le 6 septembre 2011, les travaux débutent avec la réalisation des fondations. L’entreprise Woodlam ne dispose que d’un mois pour préparer les composants bois, autant pour achever le montage sur site. C’est du rapide… Un grand meccano « Le bois ne demande pas un travail supplémentaire de calcul pour qui connaît déjà ce matériau », tempère le bureau d’études, « mais pour un chantier aussi urgent que le palais 6, nous avons réfléchi à une interface commune entre nous et la société Woodlam. Le logiciel Cadwork a servi de lien car il pilote déjà leurs machines numériques ». Avec une charpente bois en treillis aussi sophistiquée que celle-ci, le second défi réside dans les assemblages. « C’est la partie la plus délicate avec le bois », précise l’ingénieur, « d’autant que les délais étaient très courts. On a dessiné toutes les ferrures avec Cadwork, il y en a plus de 106 différentes. On les a optimisées au maximum en terme de résistance, mais aussi en cachant les éléments métalliques dans le bois ». Pour Laurent Briou, « l’esthétisme est un élément sur lequel le WEX est resté très attentif. Ce bâtiment ne devait pas être un hangar mais une structure d’accueil. Les clients sont très sensibles à ce type de considération ». Du côté de Woodlam, le travail réalisé a été colossal dans le délai imparti. Comme le fait remarquer Frédéric Bertrand, « c’est un chantier exceptionnel même pour une entreprise comme la nôtre, pourtant habituée à de grosses réalisations. Normalement, une mission comme le palais 6 demande le double du temps qui nous a été accordé. On y est arrivé parce qu’on a doublé les équipes de production de Woodlam, et on a eu la chance de bénéficier de conditions météo très favorables lors du montage, en plein mois de décembre ». La charpente en treillis est réalisée exclusivement avec des bois lamellés-collés produits sur le site Woodlam de Marche-en-Famenne. « On a utilisé de l’épicéa de pays. Chaque élément de cette charpente est un composant à très haute valeur ajoutée. Toutes les poutres ont fait l’objet d’un usinage impressionnant : 32 000 percements et 20 tonnes d’acier à incorporer dans des mortaises faites grâce à nos machines numériques… C’est un travail énorme ! ». Ici, chaque pièce est unique. Le listing des poutres et de leur assemblage fait à lui seul sept pages. En opposition, lors du montage, on reste sidéré devant la modestie des moyens utilisés. « Deux grues et six hommes seulement » révèle le représentant de Woodlam. « On a d’abord arrimé les jambes au sol, de part et d’autre. Les arbalétriers étaient composés de deux fermes principales qu’on a assemblées individuellement à chacune des jambes. Après, il a suffi de réunir les fermes entre elles. On a commencé à une extrémité, le premier pignon, onze modules se succèdent et un second pignon. La structure bois a été mise en place entre le 15 novembre et le 15 décembre 2011 ». « En Belgique, l’intérêt du secteur est réel pour découvrir cette structure en bois lamellé-collé. Le système treillis n’est pas courant. On trouve essentiellement des charpentes métalliques ou de grandes poutres monolithiques en bois lamellé-collé », reprend Laurent Briou. Pour JeanClaude Goffaux, « le système du palais 6 est particulièrement léger comparé à de l’acier. Le bois a permis d’alléger les fondations. Ceci ne s’est pas fait au détriment des salons et autres événements : chaque travée peut porter 8 tonnes de matériel, c’est bien assez ». À l’usage, on voit immanquablement des gens impressionnés au moment d’entrer dans le palais 6. « Avec le bois, on a fait plus beau pour moins cher ! Ce projet met à mal beaucoup d’a priori », se félicite le trio. n Photo : © WEX La plupart des infrastructures d’accueil du public sont sous plafond, dans la pénombre. Le palais 6 du WEX démontre que le bâtiment, tout seul, peut déjà être une attraction. LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 23 réseau bois Un outil au service des forêts wallonnes : l’Accord-Cadre de recherche forestière Dans un souci de précision, nous nous sommes entretenus en particulier avec trois acteurs importants de cet Accord-Cadre : Marc Herman SPW-DEMNA, Hugues Claessens - Ulg-GxABT et Caroline Vincke - UCL, ELIe. Ce premier article, qui sera suivi de trois autres plus spécifiques dans les prochains numéros des Infos de RND, vous présente le contexte et le cadre dans laquelle s’inscrit la Recherche forestière en Wallonie. L’Accord-Cadre: pourquoi? La Région wallonne, sous l’impulsion du Ministre Guy Lutgen, ministre des forêts à l’époque, a construit un dossier que le Gouvernement wallon a adopté en juin 1999 qui instaurait un partenariat entre la Région et les Universités de Louvain et de Gembloux. Son objectif : mettre au point un programme de recherches forestières sur du long terme, soit 5 ans. Aujourd’hui, ce plan quinquennal de recherches forestières qui en est à sa troisième édition, est repris dans l’article 7 du Code forestier. Il définit les lignes directrices des recherches à réaliser ou faire réaliser pour assurer ou promouvoir les objectifs de multifonctionnalité et de gestion durable des bois et forêts. © O. Baudry – UCL-Elie Où en sont nos connaissances sur la forêt wallonne, sa gestion, son évolution au regard des changements climatiques ? À quelles grandes problématiques la recherche forestière doit-elle répondre prioritairement ? Comment les résultats sont-ils intégrés dans la gestion quotidienne de nos forêts et cela de façon à améliorer celle-ci ? Toutes les réponses à ces questions, et à bien d’autres, nous les avons obtenues lors du colloque de restitution des résultats des recherches du troisième Accord Cadre, le 28 janvier dernier sur le site de la Marlagne. Ombrières mises en place en forêt pour étudier l'effet de l'ombrage sur la régénération naturelle des chênes et du hêtre. de soutenir la recherche en matière gestion forestière et de sylviculture forestière. Nous avons immédiatement associé les deux universités agronomiques qui, en Communauté française, forment des bioingénieurs forestiers, via leur Faculté d’agronomie ». riode 2004-2009, les équipes de recherche ont travaillé sur des thèmes identifiés en concertation. Pour le 3e Accord-Cadre, qui vient de se terminer, les Universités se sont mobilisées autour d’un thème fort, celui de la « gestion adaptative ». Le deuxième aspect important soulevé par Marc Herman, et qui était à l’époque tout à fait novateur, résidait dans le fait que « les résultats de cette recherche devaient être transposables sur le terrain. Ils devaient servir le plus rapidement possible aux gestionnaires forestiers ». Il s’est agi d’identifier des mesures et des pratiques de gestion, de les valider par la recherche, pour anticiper et répondre à tout ce qui peut agir sur la gestion et la durabilité de la forêt, dans un contexte d’environnement changeant. Les thèmes qui ont été traités, et qui seront détaillés dans les prochains numéros des Infos de RND relèvent de la régénération naturelle des feuillus, de l’équilibre forêt-grande faune, du suivi de la ressource forestière (modèles et inventaires), de la révision du fichier écologique des essences… Enfin, « nous souhaitions également garantir une certaine pérennité de travail aux équipes de recherches. C’est un élément important pour de pouvoir rassembler, leurs compétences et expertises, leurs capacités… et ainsi travailler sur des projets en commun ». Quelles recherches? Son objectif prioritaire est de réaliser, en parfaite cohérence avec les besoins de la gestion forestière de terrain, un ensemble de recherches capables de répondre à des problématiques ou questionnements relevant de l’amélioration de la gestion forestière. Comme le précise Marc Herman, « il est apparu essentiel, dès le lancement de l’Accord- Cadre, 24 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 C’est ainsi que trois Accord-Cadre se sont succédé jusqu’en 2014. Un quatrième AccordCadre est en cours de négociation. Le premier Accord-Cadre a surtout permis de fédérer des recherches sur des thématiques déjà en cours dans chacune des Universités. « Une première étape de mise en commun qui a permis de mieux se connaître ». Pour le deuxième, pé- Après la mise en œuvre du premier AccordCadre, un travail d’audit a porté sur la qualité des recherches, l’organisation, le fonctionnement et le côté vulgarisation des travaux. Il a donné naissance à un Comité de pilotage regroupant des responsables de l’Administration, des chercheurs, des gestionnaires forestiers, mais également des experts extérieurs venant de l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique - France), de l’ONF (Office National des Forêts - France), de l’ANF (Administration de la Nature et des Forêts - Grand Duché de Luxembourg). Cette organisation apporte une plus grande efficience à la recherche en analysant le programme de travail sur 5 ans, en croisant les demandes et les questionnements venant des agents de terrain, en instillant une vision plus globale des ressources forestières. Le programme retenu est alors présenté au Gouvernement wallon qui statue et dégage ensuite un budget pour 5 ans, à titre d’information, de l’ordre de 1,2 million d’euros par an. Pour Marc Herman, « le programme de recherches tient compte à la fois des problématiques et des questions que les gestionnaires soulèvent et auxquelles il faut apporter une réponse, que des sujets importants basés sur une vision à plus long terme ». Le Comité de Pilotage interviendra par la suite dans la mise en œuvre de ce programme. « Il va pouvoir amender ou valider les protocoles de recherches qui sont proposés par les universités ». Il se réunit 2 fois par an. Un véritable dialogue s’est installé entre tous les intervenants. Ce qui est intéressant dans ce processus, pour Caroline Vincke, c’est « l’établissement de collaborations avec nos collègues français (ONF, INRA…) et du Grand-Duché de Luxembourg. Ceci n’aurait jamais vu le jour s’il n’y avait pas l’Accord Cadre. C’est très enrichissant et cela évite de refaire des recherches qui ont été réalisées par ailleurs ». Une plus-value partagée Pour la Professeure de l’UCL, « les projets de l’Accord-Cadre sont pensés de telle manière que les résultats puissent trouver une application sur le terrain. Il faut que cela aille jusqu’à un aboutissement pratique. Certaines recherches ont une vocation très appliquée à court terme, généralement dans les deux ans. Le programme autorise aussi le développement de recherches avec une finalité à moyen terme, on opère alors par étapes : intégration d’une première recherche, puis d’une autre, etc.». «Ce qui n’empêche pas» comme dit Hugues Claessens « de faire de la recherche plus fondamentale sur une partie de l’Accord-Cadre». Un facteur important souligné par le représentant de l’Ulg est que « l’Accord-Cadre permet, dans chacune des universités, de stabiliser des équipes de chercheurs. Chacune a ses spécificités, ses compétences propres, elles travaillent à différentes échelles. De façon générale, les recherches menées à Ulg-GxABT sont plus liées à la gestion empirique ou à des modèles de peuplements, tandis que les équipes de l’UL sont plus axées sur la compréhension de la relation sol-plante-climat en lien avec la vitalité des peuplements ». Cela génère inévitablement des échanges et des partages. Il y a aussi, grâce à l’Accord-Cadre, de nouvelles compétences qui s’acquièrent… Marc Herman prend l’exemple des nouvelles technologies et en particulier du travail avec le Lidar (technologie d’acquisition de données par télédétection aéroportée). « C’est une forme de recherche semi-appliquée qui a vu le jour dans le 3e Accord-Cadre Mise en pratique sur le terrain des résultats de la recherche et formation des agents forestiers mais dont on ne connaît pas encore les résultats. Ils sont attendus d’ici 3 ou 4 ans pour le gestionnaire forestier ». De la recherche à la pratique Pour faire connaître les résultats des recherches au plus grand nombre, « les équipes des deux universités se sont associées à un organisme de vulgarisation : Forêt Wallonne asbl. Sa mission est de diffuser les résultats dans la pratique », indique Hugues Claessens. Ce transfert de connaissances entre chercheurs et gestionnaires - publics et privés - se fait de différentes manières : organisation de formations pour les agents publics, colloques ou conférences, mais également édition des résultats de recherche dans la revue “Forêt Wallonne”. L’objectif est que les résultats de la recherche trouvent rapidement des applications concrètes sur le terrain. « Chaque nouvelle recherche doit à terme s’intégrer dans la gestion quotidienne des agents ». Pour nos témoins, « il y aura de moins en moins une réponse unique à une problématique donnée. L’environnement est tellement changeant que cela va être de plus en plus au cas par cas. Il faut dès maintenant poser les bonnes questions en termes de gestion forestière, et soutenir les gestionnaires en leur fournissant les informations scientifiques et techniques pertinentes, par quelque voie que ce soit : consultation d’experts, d’ouvrages, formations thématiques, etc. ». C’est là un des défis d’un prochain Accord-Cadre. n © Forêt Wallonne asbl LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 25 portrait d’entreprise Le Parpaing Bois Massif, PBM® Bloc un lego® pour adultes… Les salons professionnels, à l’image de Batimoi auquel participait RND, s’accompagnent de moments de convivialité impromptus, une fois le public disparu. C’est là que l’on peut faire des rencontres inédites, où l’on se prend à converser avec des gens de l’ombre, plus exactement des personnages entre deux eaux : inventeurs d’un produit qu’ils jugent génial mais encore en quête de marchés pour en vivre. Des professionnels qui nous échappent trop souvent car encore méconnus… David Vanbrabant est l’un d’eux ; le hasard a eu la bonne idée de nous mettre en contact. Avec son produit, le Parpaing Bois Massif (PBM ), il espère aller très loin. Mais derrière le fougueux développeur transparaît le doute du chef d’entreprise. « Je suis face à un gouffre avec, à 3 mètres, un rocher à atteindre. Je peux enjamber… mais il ne faut pas faire d’écart ! ». Belle allégorie qui nous met, d’emblée, dans le bain. ® L’incertitude du lendemain David Vanbrabant a connu le bloc en bois en 2008, un flash immédiat. « C’est un système constructif qui existe depuis bien longtemps, les années 1900, mais qui n’a jamais été développé par manque d’industrialisation ». Depuis cette rencontre, son parcours a été semé d’embûches. D’abord par excès de confiance, « moi et mes associés, nous nous sommes enflammés pour le concept mais avec un produit trop peu abouti ». Résultat : tout le monde quitte le navire, David Vanbrabant s’acharne seul. Ensuite, il y a quatre longues années consacrées quasi exclusivement à développer le produit, à le faire évoluer, à le tester avec le CTIB (Centre Technique de l’Industrie du Bois). « Quatre années durant lesquelles les affaires sont difficiles, peu d’argent rentre dans les caisses ». À force d’obstination, notre passionné parvient à obtenir un agrément technique belge (ATG). « C’est avec notre 5e génération de Parpaing Bois Massif que nous avons pu décrocher cette reconnaissance de qualité qui ouvre forcément de nouvelles perspectives ». En effet, le label ATG signifie que le produit ou le système de 26 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 David Vanbrabant et le fruit de ses cogitations en main. Ça n’a l’air de rien… un parallélépipède en bois… et pourtant… construction bénéficie d'une appréciation favorable, certifiée par un organisme extérieur à l’entreprise. L’ATG est très recherché, s’agissant de l'un des principaux leviers de qualité dans le secteur de la construction. Mais l’ATG, à lui seul, ne fait pas le marché… Quand on tire la langue et qu’on se retourne vers ces financeurs, ça ne va jamais car le bilan présenté n’est pas assez bon… Forcément ! ». Dernier commentaire, un élément de progrès, « trop d’aides sont faites pour les gens qui n’ont encore rien entrepris. On va les aider à faire une étude de produit, une étude de marché… Par contre quand on sait où on va, ces aides sont inutiles. Ce qui fait cruellement défaut à une jeune entreprise, c’est un appui commercial pour l’aider à se faire connaître, à émerger dans les médias… ». En matière d’accompagnement des créateurs d’entreprises, David Vanbrabant y a goûté, il distribue les bons points, et les mauvais. Côté plébiscite, « les chèques technologiques sont formidables ! C’est 100 % efficace pour les petites entreprises comme la mienne. Obtenir un ATG est très compliqué : il faut réaliser énormément de tests, c’est du temps et de l’argent. Heureusement que ce système existe ! ». La passion du bois massif L’AWEX est également saluée. « C’est un bon accompagnement pour les TPE et les PME. Ils font très bien leur travail à l’international et facilitent l’accès à des salons hors de nos frontières. Seul bémol, beaucoup de formalités pour se faire rembourser ». « Nous sommes l’aluminium de demain ! » lâche David Vanbrabant. Pour lui, le Parpaing Bois Massif est voué à une grande destinée. Cette certitude il la fonde sur un composant bois particulièrement réfléchi contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord. Versant opposé, David Vanbrabant vilipende les organismes financiers, publics et privés. « Ils sont trop frileux. Il faut mettre en garantie nos biens, c’est déjà fait car je crois en mon projet. Le problème c’est que nous sommes tous, au début, des créateurs d’entreprise sous-capitalisés. « Le PBM est un produit 100 % naturel. Il est travaillé en parallélépipède pour être plus facile à manipuler et à empiler. Chaque bloc mesure 60 cm de longueur, avec cette taille on évite les tensions liées au bois et les déformations par voie de conséquence. On peut jouer sur l’épaisseur du ® Belgique, France, Maroc, Suisse… les réalisations se multiplient. Le Parpaing Bois Massif peut rester en l’état, en extérieur, mais il peut aussi être recouvert (brique, pierre, crépi…). composant - 10, 14 ou 19 cm - pour aller du cabanon à la grosse maison, voire au-delà… On peut même doubler les parois afin d’atteindre des coefficients thermiques hors du commun ». Sur un cas concret, et avec un recul suffisant, David Vanbrabant évoque « une maison familiale construite en PBM de 19 cm d’épaisseur sans isolant aux murs. Le coût annuel du chauffage est de 240 € ». ® Pour en arriver à une telle performance, il y a un double secret : « notre produit est en bois massif. On profite de tous les avantages du matériau en matière mécanique et technique, sans crainte des ponts thermiques ou de la condensation. L’autre secret, ce sont les lèvres de compression qui sont profilées dans le bloc bois. Ces lèvres sont pressées au moment du vissage ce qui crée un joint étanche à l’air ». pas de risque de casse de la tige, ou que l’air pénètre à terme, car les madriers empilés n’ont pas de bouvetage spécial étanchéité ». Les différents blocs de 60 cm de long sont solidarisés entre eux grâce à une clé découpée dans du MDF, un panneau de fibres. Pour le reste, tout est prévu. « Nous proposons des éléments d’angle, des lisses basses, des linteaux pour les portes et fenêtres, des linteaux d’arase pour les planchers et les toitures… C’est également en bois massif ». Ce bois, uniquement des petites sections, provient de notre région et des pays voisins, Allemagne et France. « On privilégie le local et le douglas qui est très durable, avec un excellent rapport qualité/prix ». 70 réalisations dont des annexes, des cabanons, des maisons, et même un restaurant. Cela va de 12 à 450 m2 au sol. Nous sommes très contents car il n’y a eu aucun retour négatif, aucun litige et nous avons reçu énormément de compliments sur notre produit ». Les choses prennent une tournure très singulière quand David Vanbrabant s’arrête sur l’un de ses chantiers. « À Manhay, un client a réalisé lui-même un gîte de 320 m2 ». Jusque-là rien d’étonnant ! « Sauf à savoir qu’ils ont été construits par une personne très déficiente visuellement et son oncle aveugle, une maladie génétique familiale. Ceci met en évidence la facilité de mise en œuvre du produit ». On reste estomaqué… pourtant cet exemple n’est pas unique : des personnes d’un certain âge et des femmes seules se sont essayées avec succès à la construction en PBM . ® Des chantiers qui font espérer Aux yeux de notre hôte, « on vient d’inventer la maçonnerie bois ! Et contrairement à la technique du madrier empilé qui joue sur une tige filetée tendue pour solidariser les éléments, ici Pour notre entrepreneur, « on commence à peine à avoir du vent dans les voiles. Ces trois années passées, nous avons vendu entre 60 et Comme le conclut David Vanbrabant évoquant son futur professionnel, « tout ça se joue juste sur le fait d’une rencontre, sur le fait d’une réussite qui va nous aider à nous faire connaître ». Le gouffre… Le rocher à 3 mètres… Cette double page atténuera peutêtre la distance, pardonnera un écart ? C’est notre souhait. n Contact: PBM Bloc Rue de Fexhe Slin, 67 - B-4680 Hermée Tél.: 04 234 02 60 GSM: 0477 33 79 20 E-mail: [email protected] Site: www.pbmbloc.com ® Le montage du PBM est similaire au lego , mais les plots ont été remplacés par des vis et des lèvres assurent l’étanchéité. ® ® LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 27 réseau pierre « Mon travail, c'est menuisier Un des grands plaisirs et bénéfices de travailler chez RND, c'est d'être amené à des rencontres intéressantes et intensément humaines. Ce fut le cas avec Alex Detournay. Électricien, designer, mais surtout un homme ouvert, sympathique en diable, et rempli de la sagesse propre aux miraculés qui ont vu la lumière au bout du tunnel. Il en a vite eu marre, Alex, tant « le travail de forçat l'emportait sur les luminaires ». Et puis il trouvait que « les luminaires sont super chers, pas toujours top qualité, ni très faciles à monter ». Surtout, il y avait ses luminaires, ceux qui « hantent mes nuits au point de m'empêcher de dormir, qui me font bouillir le cerveau ». Une fièvre qui ne retombe que quand il s'éveille pour transformer sa vision en croquis. D'électricien à designer C'est au début de ce millénaire qu'Alex a « chipoté avec un spot dans un bloc de pierre, directement avec un LED ». Pourtant, à cette époque, les LED n'étaient pas encore très performants et coûtaient vraiment plus cher. Sans compter qu’ «il a fallu que je développe ma propre douille car celles qu'on trouvait sur le marché n'étaient pas 100% imperméables ». « Après trois ans de développement, d'essais-erreurs et d'apprentissage du travail de la pierre, j'avais enfin un modèle dont j'étais fier et que je pouvais vendre en confiance ». Car, « le produit a fait toutes ses maladies et aujourd'hui il est assez fiable pour que je le garantisse 10 ans ». Alex Detournay a débuté dans le monde du travail comme électricien. C'était il y a quinze ans. Déjà à cette époque, plutôt que de découper des kilomètres de saignées dans les murs, il « préférait placer des luminaires, optimiser l'éclairage et l'ambiance d'une pièce. C'est une passion. C'est elle d'ailleurs qui m'a poussé à devenir électricien ». © Photo Detournay Une vision et quelques errements Pour Alex Detournay, « travailler avec les ressources locales s'impose. On vit dans une région de pierres [ndlr : à Tournai, cela ne s'invente pas !]. Et la pierre bleue a des qualités extraordinaires ». Il l'aime la pierre bleue, « autant pour sa beauté que pour ses qualités mécaniques ». Mais, « apprendre à la travailler n'a pas été simple ». Et quand on lui pose la question de savoir pourquoi il ne délègue pas à une marbrerie ou un tailleur de pierre, il répond avec un sourire : « mon travail demande une précision au 10e de mm, une précision que les tailleurs de pierre n'ont pas l'habitude d'atteindre », et d'ajouter : « mon travail, c'est menuisier de la pierre ! ». On pourrait croire qu'avec le développement technique pour adapter sa propre douille, la modification de sa carotteuse pour atteindre la précision nécessaire, Alex aurait déposé un 28 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 © Photo RND Les idées lumineuses d'Alex Deto Alex Detournay, électricien et designer, passionné et ouvert. brevet. Il n'en est rien. Par contre, « j'ai fait des dépôts de design pour qu'on ne copie pas mes créations. Aujourd'hui j'ai pas loin de quarante modèles déposés ». Pas étonnant que ses nuits soient enfiévrées ! « Maintenant, je me force à ne plus développer de modèles. Je me contente de dessiner des croquis. C'est que les six premières années de mon activité, j'ai passé plus de temps à créer de nouveaux modèles qu'à vendre et installer ceux qui étaient au point. Et ce n'est pas un modèle économique sain ». Alex fait tout de A à Z, l'intérieur en inox, les découpes de plexiglas, l'assemblage, l'installation chez le client. « Les premières années, quand je me retrouvais à l'atelier pour produire des luminaires, je devais me forcer pour ne pas chipoter à de nouveaux modèles. Parfois, je craquais… », nous confie-t-il. Peut-être était-il donc plus sage d'engager un ouvrier pour travailler la pierre. Ce qui lui a permis de se concentrer sur les aspects d'assemblage, d'installation et la « conduite de l'affaire ». Car au même moment, il a confié les aspects commerciaux à sa sœur, Virginie. de la pierre ! » © Photo Detournay urnay Applique murale ECU : à gauche, croquis initial et à droite, le produit fini. 2013 a été une année de remise en question. Changement de la tactique commerciale, étude de marché, modification des outils de communication, Alex et Virginie n'ont pas lésiné sur les moyens afin de s'assurer que 2014 sera l'année de l'essor. Bien leur en a pris car ils savent désormais que « notre cible, ce sont les architectes paysagistes ». Dès lors, « nous nous concentrons désormais sur nos gammes de luminaires extérieurs. Nous nous sommes rendu compte qu'à présenter trop de modèles, on perdait le client qui ne savait plus quoi choisir ». © Photo RND © Photo Detournay …de designer à chef d'entreprise? LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 29 réseau pierre Cependant, Alex et Virginie n'ont pas fait une croix sur les luminaires intérieurs. Mais, « c'est un autre marché, moins évident à prospecter. Dans un premier temps, nous allons nous faire un peu connaître dans la presse spécialisée grâce aux luminaires d'intérieur que nous avons déjà. C'est aussi pour cela que nous finalisons actuellement un dossier de presse ». 30 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 © Photo Detournay Nous n'avons pas été voir Alex les mains vides. Ou plutôt, le coffre vide. Car celui de notre voiture était rempli d'un évier et de cinq appuis de fenêtre réalisés dans le cadre de notre étude de valorisation marbrière des pierres siliceuses (voir nos Infos, 4ème trimestre 2008). Alex a beaucoup apprécié la pierre de Fontenoille et nous avons de suite convenu de nous lancer dans le projet de la tester pour l'adapter à ses gammes de luminaires. Un projet d'autant plus motivant que Virginie rentrait, avec de bonnes nouvelles !, de deux jours de prospection intensive en province de Luxembourg… n Contact: AD Light http://alexdetournay.com/ © Photo RND Alex Detournay en province de Luxembourg? © Photo RND Ce nouveau cap implique aussi un changement dans le métier d'Alex. « Je suis de moins en moins artisan et de plus en plus chef d'entreprise. Gestion des commandes et de la production, management de mon ouvrier et de Virginie, je passe moins de temps à l'atelier désormais ». Il n'est pas question de faire de AD Light une industrie car Alex veut « garder une dimension humaine à mon activité. Par contre, il faut monter en puissance pour assurer un revenu stable à toute l'équipe. Il est temps d'engranger les bénéfices de tant d'années passées à développer l'outil ». © Photo RND Leur atout commercial ? « Nous avons un produit haut de gamme que nous développons quasi entièrement nous-mêmes puisque moins de 25 % de la production des pierres est soustraitée. Nous voulons assurer à notre client une installation et un service technique top qualité. Et nous voulons le rassurer avec une garantie de 10 ans que personne d'autre ne propose ». lectures Bois d’aviation Sans le bois, l’aviation n’aurait jamais décollé Le bois a permis l’envol de l’aviation et, pendant un siècle, son épanouissement. Matériau facile à travailler, léger, souple, résistant et largement disponible, il est naturellement devenu le premier matériau de structure, puis de revêtement. Auteur: Jean-Marie Ballu Éditeur: Institut pour le Développement Forestier Format: 24 x 30 cm - Prix: 37 € Disponible notamment sur www.fnac.be L’auteur nous entraîne dans les menuiseries et les ateliers bois des avions, assister aux tâtonnements avant les premiers envols, au choix des meilleurs bois d’aviation en forêt, aux techniques d’assemblage de ces bois pour garantir la légèreté et la sûreté. Il retrace la construction de nombre d’avions de légende, civils ou militaires, comme celle du célèbre Mosquito anglais, chasseur en bois de la Seconde Guerre plus rapide que ceux en métal, ou celle du plus grand avion jamais construit au monde, avec 18 m d’envergure de plus que l’A380, le Spruce Goose. Il traite de l’évolution de la construction des avions de chaque époque, sans oublier les hydravions et la naissance de l’aéronavale. Construire en pierre de taille aujourd’hui Le travail de Gilles Perraudin a incontestablement été décisif dans le renouveau de la construction en pierre massive. À travers ce livre, il partage son expérience en apportant des réponses concrètes sur ce processus de construction spécifique. Plutôt qu’une somme exhaustive, Gilles Perraudin a choisi d’expliquer un projet récent qui montre bien le processus de construction complet et détaillé : le Musée des Vins de Patrimonio. Toutes les étapes sont décortiquées. Il explique également la philosophie de sa démarche à la fois architecturale et environnementale. Construire en pierre de taille aujourd’hui, Éditions Presses du réel - 64 pages www.librairie-de-la-pierre.com Grâce à la vision et à l'expérience de Gilles Perraudin, cet ouvrage très concrètement illustré constitue d’ores et déjà une référence en la matière. LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 31 Les inscriptions au Week-end du bois et des Forêts d’Ardenne sont ouvertes ! les 17-18-19 octobre 2014 la 10e édition à ne pas rater ! Voilà 10 ans que le Week-End du Bois et des Forêts d’Ardenne, une organisation de Ressources Naturelles Développement, est le rendez-vous annuel de la filière forêt-bois au cours duquel professionnels, entreprises, artisans du secteur se mettent sur leur 31! Ce n’est pas tout, des acteurs touristiques sont également associés (organismes touristiques, restaurants, hébergements) et font découvrir au public nos plus belles forêts et leurs produits! Entreprise, artisan de la filière ? Profitez du week-end pour organiser vos portes ouvertes, partager votre passion, faire visiter votre établissement, faire des démonstrations, lier des contacts avec les professionnels ! Restaurateur ? Proposez un menu "forêt" durant le Week-end ! Hébergement ? Ouvrez vos portes pour présenter vos infrastructures ! Rendez-vous sur www.leweekenddubois.com/espace-acteurs pour connaître nos conditions Une organisation de : Avec le soutien financier de : Retrouvez-nous sur facebook ! www.facebook.com/weekenddubois