Le bois dans le bâtiment basse énergie, passif…

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les infos de RND
1er trimestre 2014
Ressources Naturelles Développement
JANVIER - FÉVRIER - MARS
À DÉCOUVRIR
page 28
Éditeur responsable: Nadine Godet 44, rue de la Converserie - 6870 Saint-Hubert / © Photo couverture: Damien Carnoy
Les idées lumineuses
d’Alex Detournay
Le bois dans le bâtiment
basse énergie, passif…
DOSSIER
Bureau de dépôt :
4000 Liège X
P401047
page 14
« Simplement, qu’on nous respecte ! »,
un plaidoyer pour le bois énergie
page 3
sommaire
éditorial
Nadine Godet
Directrice
Réseau bois
-
Notre terrain d’action:
là où vous avez besoin de nous
-
En ce début d’année 2014, nous sommes allés vers vous et bien
nous en a pris.
Lors du salon Batimoi, fin janvier, et à l’occasion du Salon des
Mandataires, mi-février, nous avons pu vous rencontrer, vous industriels, entrepreneurs, artisans de la pierre ou du bois, enseignants,
jeunes en formation, candidats bâtisseurs, passionnés des ressources
naturelles ou encore élus!
-
-
« Simplement, qu’on nous respecte ! »,
un plaidoyer pour le bois énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Les Forêts d’Ardenne…
présence remarquée au Salon des Mandataires… . . . . . . . . . . . . . . 8
Salon des Mandataires 2014
Une fréquentation de marque pour un projet séducteur . . . . . . . . 10
Le palais 6 du WEX, “effet wow” garanti ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Un outil au service des forêts wallonnes :
l’Accord-Cadre de recherche forestière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Détails techniques
-
Le secteur pierre met des lunettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6
Nous avons énormément appris…
Un élu provincial liégeois - il se reconnaîtra - nous a interpellés sur
le précédent numéro des Infos, gentiment, bien sûr. Petit aparté,
cet échange nous a montré que vous êtes très souvent des lecteurs
assidus de notre support, merci à vous, nous en sommes fiers.
Ce mandataire politique avait lu le dossier que nous avons consacré
à la prime octroyée par la Province de Luxembourg aux plantations
forestières privées. Il a salué l’initiative qu’il estime importante
pour l’avenir de la filière forêt-bois. Mais pourquoi, s’interrogeaitil, limiter cet incitant à cette seule province? La province de Liège
n’est-elle pas aussi concernée, spécialement à l’est de son territoire?
RND pourrait-elle agir en la matière?
Sur ce même salon, des élus communaux du Sud Hainaut impliqués
dans la valorisation touristique de leur massif forestier via le
projet Forêts d’Ardenne que nous coordonnons à la demande du
Gouvernement wallon, ont découvert nos activités en faveur de la
promotion de l’agroforesterie et du développement territorial
axé sur les ressources naturelles… Pourrions-nous les aider à
dynamiser la filière forêt-bois sur leur territoire?
À Batimoi, des entrepreneurs Hennuyers, Liégeois, Namurois, exposants ou visiteurs, nous ont parlé de leur entreprise, de leurs
projets, de leurs difficultés… Pourrions-nous les aider en parlant
d’eux dans notre revue?
Oui, oui, oui à ces différentes questions. Bien sûr!
Oui, comme nous le faisons pour la Province de Luxembourg,
nous pouvons conseiller des institutions provinciales pour des
actions de soutien à la forêt ou les mettre en œuvre,
Oui, nous pouvons aider des communes du Sud Hainaut comme
celles d’autres régions d’ailleurs, à concevoir et/ou à mettre en
place des projets de dynamisation de la filière forêt-bois sur leur
territoire,
Oui, nous pouvons aider des entrepreneurs qu’ils soient Hennuyers,
Liégeois, Namurois, Luxembourgeois, Brabançons à promouvoir
leurs produits et leur savoir-faire dans les secteurs de la pierre et
du bois.
Comme je l’indique en titre, notre territoire d’action est là où
vous avez besoin de nous!
Et dans cette édition des Infos de RND, vous verrez que ce que
nous disons se traduit en actes. De Tournai à Hermée, de Virton à
Wavre, en passant par la province de Namur avec des interviews à
Ciney ou à Gembloux, nous sommes allés à la rencontre de celles et
ceux qui font l’essor des filières pierre et bois, dans notre région!
Et à chacun d’entre vous qui nous lisez, nous redisons que nous
sommes à votre service et que ce magazine - Les Infos de RND - est
là pour vous informer et/ou vous faire connaître!
Bonne lecture!
Marchés/tendances
-
La terrasse en bois, découverte pied au plancher… . . . . . . . . . . . 12
Le dossier du trimestre
-
Dans la course à la performance énergétique :
Le bois dans le bâtiment basse énergie, passif… . . . . . . . 14
Portrait d'entreprise
-
Le Parpaing Bois Massif, PBM® Bloc
un lego® pour adultes… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Réseau pierre
-
Les idées lumineuses d'Alex Detournay
« Mon travail, c'est menuisier de la pierre ! » . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Lectures
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
RND Ressources Naturelles Développement asbl
44, rue de la Converserie - B-6870 Saint-Hubert
Tél. 061 29 30 70 - Fax 061 61 27 32
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Équipe de rédaction :
Nadine Godet, Aurélie Charlier, Marie-Caroline Detroz, Pierre Warzée,
Bastien Wauthoz, Frédéric Castaings
Les Infos de RND sont réalisées avec le soutien financier
de la Wallonie, de l’Union européenne
et de la Province de Luxembourg
Toute reproduction, même partielle, des textes et des documents de ce numéro
est soumise à l’approbation préalable de la rédaction.
Photos © RND sauf indication contraire.
Conception et réalisation :
2 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
PROVINCE DE
LUXEMBOURG
www.espacemedia.com - Tél. 061 23 34 76
réseau bois
« Simplement, qu’on nous respecte ! »,
un plaidoyer pour le bois énergie
Rien n’attise plus la curiosité que ces entreprises citées en exemple par toute une profession ; quand clients, concurrents et fournisseurs se retrouvent unis dans l’éloge.
Dans cette catégorie “modèle du genre”, le
Groupe François, installé à Virton, est érigé
en figure de proue. Son parcours industriel
est unanimement salué, le conglomérat
créé est une référence en matière d’intelligence dans la valorisation du bois.
Bernard François est à la tête de cette réussite. Un homme qui ne passe pas inaperçu
depuis quelques semaines, faisant le bonheur des médias qui malheureusement en
donnent une image caricaturale, trop souvent dépeint en ayatollah du bois énergie.
Virulent, combatif, pugnace… il l’est, et plutôt
deux fois qu’une. Ses prises de position, il
l’avoue sans ambages, sont tranchées car
« quand j’aime, je n’ai pas de limite. Et quand
je n’aime pas, c’est idem. Je méconnais la demimesure ». Pour autant, ce trait de caractère ne
doit pas être appréhendé comme l’alpha et
l’oméga de sa personnalité, ce combattant par
nature est également un personnage très posé.
Actif dans la filière bois depuis 1977, Bernard
François a façonné un groupe de 215 salariés
où le “travailler local” est une exigence première, où les différentes activités se complètent
naturellement.
Ultime étape de la valorisation de la matière, le
bois énergie est devenu son cheval de bataille.
Bernard François n’est sûrement pas un philanthrope mais, au terme d’un échange de trois
heures, l’homme semble habité par de profondes convictions, notamment « contribuer,
avec le bois énergie, au développement de
l’économie wallonne et aider au respect des
engagements pris dans la transition énergétique ».
Un parcours sans faute
Derrière chaque succès, il y a des rencontres,
des hasards, « une alchimie compliquée » se
plaît à dire notre témoin. « Il faut beaucoup de
chance pour en arriver là », ça n’a pas été le cas
au tout début…
En une génération, Bernard François a créé un groupe de
premier plan en Wallonie.
Vingt ans, juste sorti de ses études forestières,
il crée avec son père une entreprise d’exploitation forestière de feuillus, au service du papetier
Burgo implanté à Virton. « Mais avec le second
choc pétrolier, les communes réservent de plus
en plus de bois à leurs administrés ». Devant la
pénurie de matière, le duo familial s’oriente vers
le sciage du chêne. « Nouvelle déconvenue, la
traverse de chemin de fer en bois est délaissée
au profit du béton. C’est tout le business plan
de l’entreprise qui s’écroule ».
La paletterie François, c’est par là que tout a commencé. La capacité de production, en une équipe, dépasse les 10 000 palettes par jour.

LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 3
réseau bois
Le coup de chance, il arrive en 1980. « Une société américaine, Mobil Plastics Europe, récemment installée à Latour, recherchait un fabricant
de palettes. Pour son acheteur, si le produit était
moins cher que le fournisseur flamand, il était
d’accord pour traiter local ». C’est ainsi que débute l’aventure de la paletterie François, « avec
une première commande de 600 palettes livrées
en 3 ou 4 jours, alors qu’on n’avait aucun outil,
rien ! ». Il y a certes de la chance… mais aussi
du travail.
La suite de l’épopée, c’est une croissance continue et l’intégration progressive des activités
amont et aval à la paletterie. « Tout d’abord la
scierie, en 1988. On ne parvenait plus à avoir
du bois de nos fournisseurs portugais, les scieurs
locaux rechignaient à nous vendre des paquets
homogènes, alors on a installé une unité de
sciage de résineux de 35 à 40 000 m3 à Rodange ».
En 1991, c’est l’installation de la fabrication de
palettes à Latour, « avec une première ligne automatisée, aux côtés du premier client de l’entreprise, qui le reste aujourd’hui encore ».
pas utiliser d’agents chimiques. Nous avons été
les premiers en Belgique à monter des séchoirs
chauffés grâce aux rebuts bois de nos clients ».
C’est le début d’une logique vertueuse qui trouvera sa consécration au sein de l’entité Recybois.
« En 2003, en partenariat avec Idelux, nous
avons décidé de valoriser le “bois B” des parcs
à conteneurs. Ce sont majoritairement des déchets de mobilier : chaises, portes, tables… Pour
moi, ce type de matière ne peut pas convenir à
la fabrication de panneaux de particules car trop
pollué. Mais il peut utilement alimenter une cogénération de qualité, aux rejets maîtrisés.
L’unité mise en œuvre fabrique notre électricité
et de la vapeur. Début 2006, nous avions retransféré notre scierie à Latour en augmentant
sa capacité de sciage à 150 000 m3 par an. Les
sous-produits du sciage sont séchés grâce au résiduel thermique issu de la cogénération pour
ensuite être transformés en pellets vendus, depuis 2005, au grand public sous la marque Badger Pellets ».
La logique industrielle est inattaquable : rien ne
se perd tout se transforme ! Elle sera déclinée
avec le même succès dans d’autres unités
construites au Grand-Duché et à Thimister.
Raisonner local
Puis vient la première chaudière à bois, en 97.
Le contexte de son installation résume à lui seul
la philosophie de notre homme. « Nous avions
de plus en plus de clients qui nous demandaient
de collecter leurs déchets d’emballage : des palettes usagées ou à des formats qui ne leur
convenaient pas. Un fameux volume ! D’un
autre côté, une nouvelle norme nous imposait
de traiter le bois de nos palettes pour les
échanges intercontinentaux. On ne souhaitait
« L’opulence est facile à gérer ; la disette, non !
Aujourd’hui, c’est un combat », avoue Bernard
François qui regrette une dérive générale.
« Nous sommes très nombreux sur le même
massif forestier : le papetier Burgo Ardennes, les
panneautiers Spanolux et, à nos frontières, Unilin et Kronospan. Chacun a grossi en augmentant ses capacités de production, dans une
logique du toujours plus, sans se poser de ques-
Le “bois B” n’est pas un déchet, il peut encore être valorisé.
tions sur son bassin de vie. Quelle est la ressource ? Où sont les clients ? Quelles sont les infrastructures ? On a perdu le sens commun, on
ne gère pas en bon père de famille ».
Il constate qu’ « on a un souci de matière. On
peut chercher des coupables mais c’est trop facile. C’est la faute d’un système qui n’a pas eu
un regard éclairé sur ce qui se passait ».
Par contre, Bernard François insiste sur une tendance qui peut encore être inversée. « On n’a
pas planté assez durant ces vingt dernières années. Le déficit en résineux est de 17 à 18 % or
le DNF doit y être sensible. Si on ne fait rien ou
qu’on plante du feuillu, on est à côté de la
plaque ! ». Il en appelle donc « à une démarche
de plantation de résineux de la part des communes wallonnes et des privés. La Wallonie doit
concentrer ses efforts dans ce sens, sinon on se
dirige droit vers une filière moribonde ».
Loin de condamner l’un ou l’autre industriel, il
avoue « rechercher une solution qui permette à
tout le monde de vivre en symbiose ». Or, devant les attaques dont fait l’objet le bois énergie, exprimées par exemple dans le groupe de
travail Nollet qui planche actuellement sur une
stratégie wallonne pour la biomasse bois, Ber-
Les produits en “bois B” issus des parcs à containers sont déferrés puis broyés. Ce combustible va servir à alimenter une cogénération dans le cas de Virton (électricité + vapeur).
4 - LES INFOS DE RND - 4e trimestre 2013
nard François voit rouge et le fait savoir avec
une âpreté proportionnelle au sentiment d’injustice ressenti.
gens-là sont des opportunistes qui nous malmènent. Ils sont ici depuis environ deux ans et importent massivement des pellets à bas prix qui
ne sont pas PEFC ou FSC. J’en veux pour preuve
les 10 000 tonnes de pellets radioactifs (césium
137), provenant de Lituanie, qui ont été retirés
du marché. La population doit être prévenue de
tels agissements et des risques sanitaires encourus. Ces gens déstabilisent complètement le
marché… ».
Nous ne sommes pas
des nuisibles !
Bernard François est le principal porte-parole du
“Groupement des producteurs wallons de granulés et de filière bois énergie”, une association
naissante chargée de défendre le secteur. Il s’est
impliqué personnellement dans le combat car
« à force de tirer sur la corde, elle finit par se
rompre. Aujourd’hui, quand on s’assoit autour
d’une table, on se sent coupable parce qu’on
est un acteur du bois énergie. Il y a une chape
de plomb. Ce n’est pas normal ! Nous ne
sommes pas des nuisibles ! On est là pour aider
la Wallonie à se conformer à ses engagements
en matière de transition énergétique et nous
sommes une composante à part entière de la filière bois. Simplement, qu’on nous respecte ! ».
Si le ton adopté se fait plus martial, l’homme sait
parfaitement contre qui il guerroie. « Nous
sommes attaqués par deux fédérations. Je comprends Cobelpa, qui représente les papetiers, car
elle est dans son rôle. Par contre Fedustria, la fédération belge des industries du bois, ne représente absolument pas le secteur bois wallon, et
encore moins le bois énergie. Ces gens sont au
service de la Flandre et défendent les intérêts des
industriels de là-bas. On les retrouve dans tous
les lieux de pouvoir, or ces individus sont néfastes
à la Wallonie ! Tout ce qui les intéresse, c’est capter notre bois aux prix les plus bas possible ».
Le coup de gueule passé, Bernard François veut
démontrer qu’une cohabitation paisible est tout
à fait possible. « Il faut tordre le cou aux idées
reçues. Le bois énergie n’est pas en mesure de
faire mourir qui que ce soit, ni le panneau, ni le
papier. Notre potentiel maximum est de 600 à
650 000 tonnes par an. En 2013, nous avons mis
Les sciures, générées en interne, serviront aux pellets.
sur le marché quelque 400 000 tonnes de pellets
et plaquettes forestières, issues de 700 000 t de
bois frais. Dans le même temps, les secteurs du
papier et du panneau consommaient 8 millions
de tonnes de bois. Onze fois plus que nous ! De
grâce, arrêtez de tirer la couverture vers vous…
Il faut que l’on se partage le bois, en se respectant et en travaillant ensemble ».
Si derrière tout ce qui vient d’être dit on mesure
l’ampleur du chantier, c’est sans compter sur un
vers déjà bien installé dans la pomme. « Le secteur du bois énergie, en Belgique, est totalement déréglé, c’est affolant ! Lorsque Electrabel
a converti sa centrale des Awirs aux pellets, ça
a été le début de la misère. Des sociétés se sont
installées sur notre territoire avec des capacités
de production et des prix de vente sans rapport
avec la réalité locale. Ces nouveaux entrants ne
sont pas parvenus à l’équilibre financier alors
qu’Electrabel allait rechercher ses pellets hors
de nos frontières. Bilan, aujourd’hui l’offre est
très supérieure à la demande. Une épuration va
se faire. Elle est d’ailleurs déjà à l’œuvre avec la
récente disparition de Seco-Bois, un fabricant
de pellets basé à Mariembourg et qui n’aura résisté qu’un peu plus d’un an ! ».
Autre frein à l’essor du secteur bois énergie, « le
monde de la finance et les francs-tireurs. Ces
Bernard François entrevoit une solution pour
contrer ces exactions, « obliger les importateurs
à respecter toutes les normes en vigueur afin de
mettre sur le marché des produits équivalents
en qualité aux produits wallons. Des contrôles
suivis et efficaces doivent être diligentés au plus
vite. Les normes existent, qu’ils les appliquent
eux aussi ! ».
Mais il y a urgence, « il faut dès maintenant protéger le secteur du bois énergie. De quelle manière ? En respectant nos engagements en
matière d’utilisation d’énergies renouvelables et
de transition énergétique. On peut développer
l’offre à la manière du gouvernement luxembourgeois qui incite les particuliers à acheter
massivement des poêles à pellets. Partout en
Wallonie, et surtout dans les bâtiments publics,
cette énergie devrait remplacer le mazout ».
Sitôt achevée sa phrase, sondant les yeux de
notre témoin, on sent bien que la transposition
entre les deux contrées tient, à cet instant, du
vœu pieux.
Au moment d’achever cet échange, Bernard
François revient sur le groupe de travail bois
énergie du cabinet Nollet. « Je fonde pas mal
d’espoirs sur le travail collectif mené dans cette
enceinte. J’ai l’impression que nous avons été
entendus et j’espère que ceci se reflétera dans
les actes… Il y a de l’espoir ! ». À défaut d’actes,
au moins des recommandations étaient attendues pour fin mars.
n
Le combat fait rage sur le marché du pellet avec un excédent d’offre et un hiver doux. Attention tout de même à ce que l’on achète, le pellet industriel est loin de rivaliser en termes
calorifiques avec son homologue à vocation domestique, comme le Badger Pellets.
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 5
Le secteur pierre met des
détail technique
La vue est le sens le plus utilisé par les êtres humains. Elle conditionne notre rapport au monde et
notre manière de l'appréhender. Depuis des décennies, des chercheurs mettent au point des systèmes
optiques, couplés à l’informatique, pour comprendre, imiter, perfectionner la « vue » de nos outils. La
réalité augmentée, née de la coordination de caméras digitales, d'ordinateurs et de programmes toujours plus puissants, fait aujourd'hui une entrée remarquée dans le secteur pierre. Nous avons sélectionné pour vous trois applications, trois innovations récentes, qui montrent comment cet outil est
en passe de révolutionner notre secteur.
Blaxtair augmente la sécurité
des chantiers
La première innovation que nous souhaitons
mettre en lumière est le système Blaxtair de la
jeune société Arcure. C'est un système plusieurs
fois primé (prix de l'innovation au salon Preventica 2011 à Lyon et Lauréat d'Or des Innovation
Awards à Intermat 2012) et qui présente autant
d'intérêt pour la pierre que pour le bois. En effet,
Blaxtair est un système de détection d'obstacles
qui combine une caméra évoluée avec vision stéréoscopique et un logiciel de reconnaissance des
formes en temps réel. On vous sent sceptiques…
nous l’étions aussi ! Qu’est-ce qui rend donc ce
système si intéressant ?
Blaxtair ne signale que les obstacles vraiment
dangereux. Comme il différencie les obstacles
Blaxtair est un produit de la société
Arcure qui est une spin-off d'un
laboratoire de recherche du CEA, le
Commissariat à l'Énergie Atomique. Elle bénéficie d'une expérience de quinze ans de recherches
dans le domaine de la reconnaissance optique. BLAXTAIR® compare les images qu’il voit à une base
d’apprentissage et reconnaît un
piéton en moins de 300 ms. Blaxtair
possède un angle de détection
légèrement supérieur à 90°. Il est
donc nécessaire de doubler les
caméras sur les plus gros engins.
Blaxtair peut être couplé avec
d'autres capteurs pour diminuer
son temps de réaction.
6 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
mouvants des obstacles fixes et qu'il en connaît
immédiatement la distance, il ne prévient l'opérateur qu'en cas de réel danger. L'alerte piéton
ne se déclenche que quand il pénètre dans une
zone de collision et l’alerte obstacle, quand il y
a risque d’endommager du matériel.
faible lumière, à un fort empoussiérage, aux
intempéries et à la combinaison de ces facteurs.
Arcure n'a d'ailleurs jamais reçu de plainte de
clients dont le système n'aurait pas fonctionné
avec succès à cause de ces conditions environnementales.
Contrairement à ses concurrents, Blaxtair
n'inonde pas l'opérateur d'alertes incessantes
qui peuvent provoquer un agacement ou à l’inverse, une accoutumance. L'opérateur n'y porte
alors plus aucune attention. Contrairement au
système Blaxtair dans lequel chaque alerte est
utile et produit un effet ! Pour ce faire, Blaxtair
responsabilise l’opérateur à la sécurité et lui
donne les outils.
Carrières, zone de chargement et déchargement, chantiers, etc. sont autant d'endroits où
évoluent de nombreux engins et des piétons.
Or ces engins ont souvent d'importants angles
morts, surtout quand ils évoluent en marche
arrière. Blaxtair permet d'éviter les accidents
lors de manœuvres délicates. Sachant ce que
coûte un accident, matériel ou humain, à une
société, investir dans un système de sécurité tel
Blaxtair coule de source. Et puis, son air de ressemblance avec Wall-e lui confère un air franchement sympathique.
Blaxtair est également conçu pour les environnements rudes tels les carrières, les chantiers,
et même les mines. Le système s'adapte à une
VisioRock™ augmente la durée
de vie de vos broyeurs
Cette application s'adresse aux carrières de granulats. Dans la version qui nous a été présentée
lors du « Forum Exposants » du congrès 2014
de la SIM à Besançon, la solution VisioRock
semble ne convenir qu'aux assez grosses unités
d'ailleurs. Quoique.
À l'origine, VisioRock est une ligne de produits
développée par Metso pour piloter une installation de concassage secondaire ou tertiaire.
Elle part d'un constat simple : la constance de
la granulométrie d'entrée participe autant
qu'une alimentation constante à la diminution
de l'usure d'un concasseur ou d'un broyeur.
Autant l'alimentation est assez simple à gérer,
autant la granulométrie… C'est pourquoi
Metso a cherché à développer un système de
détermination optique de la granulométrie.
jeu de trois capteurs, un pour chaque couleur)
sur lequel l'opérateur peut surimposer des
informations, comme les schémas de
découpes, les sections hors découpe car présentant un défaut technique ou esthétique, etc.
Ces tables de scannage sont intéressantes pour
tenir à jour la lithothèque d'une grosse marbrerie ou d'une usine de découpe.
lunettes
L'intérêt d'ImageShare, et son innovation, c'est
que le scanner est couplé à un système de
reconnaissance optique évolutif. En deux mots,
cela signifie que, si vous lui apprenez à reconnaître un défaut, il pourra dorénavant le reconnaître et le délimiter par lui-même sur une nouvelle tranche. Comment lui apprendre ?
Simplement en le lui montrant quelques fois.
Donc, à travailler avec un nombre limité de
pierres présentant des textures assez constantes
(qui a dit de la pierre bleue ?), la machine peut
rapidement apprendre à travailler toute seule…
et trier les tranches.
Fonctionnement résumé de VisioRock TM.
1. Scannage du granulat sortant du concasseur/broyeur.
2. Analyse par reconnaissance optique.
3. Détermination des contours des granulats.
4. Détermination de la courbe granulométrique.
5. Adaptation automatisée de la ligne de production.
VisioRock est une gamme de produits dont le
fleuron n'est rien moins qu'un système de pilotage automatique de l'installation secondaire
ou tertiaire d'une carrière. Sa colonne vertébrale, c'est un système de détermination
optique de la granulométrie. VisioRock mesure
cinq fois par seconde la courbe granulométrique des cailloux entrants ou sortants grâce à
un système de reconnaissance des contours.
Cette donnée importante s'ajoute à d'autres
paramètres électromécaniques de suivi de l'installation pour donner une vision de sa performance (intensité absorbée dans le broyeur,
niveau dans le broyeur, niveau dans la trémie
tampon, intensité de tous les transporteurs,
paramètres de réglage du préstock, etc.). Le
système automatique de pilotage OCS utilise
des algorithmes basés sur des logiques floues
pour gérer et équilibrer ces nombreux paramètres afin d'assurer un pilotage optimal et en
temps réel de l'installation. L'installation est dès lors entre les mains
d’un système infatigable et
capable d'émuler un opérateur
avec plus de 30 ans d'expérience.
Le système VisioRock n'est pas
le seul sur le marché. La société
Autom'Elec propose Tamisoft,
un système alliant caméra et laser. Il réalise une
analyse en 3D des granulats et sa cadence de
80 images par seconde permet également
d'ajouter une mesure du débit à l'analyse granulométrique. Tamisoft permet de piloter le
broyeur afin de rectifier la courbe granulométrique à sa sortie.
Retrouvez ces produits en vidéo sur la toile
VisioRock :
http://vimeo.com/32515893
Tamisoft :
http://www.youtube.com/watch?v=jS01iCtYjQE
ImageShare illumine les marbres
La dernière innovation que nous voulons vous
présenter est une table pour scanner les
tranches de pierres. Comme tous les systèmes
de ce genre, ImageShare prend un cliché haute
définition et en couleurs réelles (grâce à une
illumination par leds en lumière blanche et un
Avec son coût actuellement supérieur à 40 k€,
ce système ne présente pas d'intérêt pour les
petites carrières et marbreries de nos contrées.
Mais il annonce un futur. Un futur où le tri d'éléments en pierre naturelle pourra se faire quasi
sans intervention humaine et où les chaînes de
production pourront travailler en continu. Ce
travail en continu est indispensable à l'industrialisation de la production de tranches, de dallages, et d'autres éléments standardisés.
Un avenir tout vu
Les trois innovations ci-dessus montrent à quel
point les systèmes de reconnaissance optique ont
mûri ces dernières années. Elles montrent aussi
comment ils permettent de faciliter et de sécuriser
le travail de la pierre. Elles posent aussi la question
des volumes et des types d'emploi dont nous
aurons besoin demain dans le secteur pierre. Nous
pouvons tous nous entendre pour dire que donner un outil efficace pour responsabiliser un
conducteur d'engin est une bonne chose.
Mais avons-nous envie de livrer nos usines de production de granulats à des robots? Car le technicien qui pilote l'installation est avant tout un
ouvrier qualifié qui a une connaissance intime de
son installation. Avant de se retrouver devant sa
console, il a souvent passé des années les mains
dans le cambouis à régler, réparer, entretenir l'installation. Et le marbrier? Il a une expérience de la
pierre qui dépasse le simple aspect visuel. Cette
expérience est-elle remplaçable? Et est-ce souhaitable? Et puisque l'évolution semble inéluctable,
comment les conserver et
les valoriser?
n
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 7
réseau bois
Les Forêts d’Ardenne… présence re
Profitant du Salon des mandataires qui s’est tenu au Wex les 13 et 14 février
dernier, RND avait fixé rendez-vous aux élus locaux - bourgmestres et échevins du tourisme - afin de leur faire découvrir ou mieux connaître le projet
« Forêts d’Ardenne », ainsi que les actions menées ou à mener par les massifs
forestiers et RND.
Arduinna séduit le Salon
des Mandataires
Susciter l’intérêt des élus locaux pour la fonction récréative de la forêt, les informer de l’initiative du Gouvernement wallon en la matière,
leur donner envie d’adhérer au projet et/ou à
son événementiel annuel «Le Week-end du
Bois et des Forêts d’Ardenne » via la participation de leur commune ou de leur Syndicat d’initiative ou de Maisons du Tourisme… ; tels
étaient nos objectifs en participant au Salon des
Mandataires.
Objectifs atteints puisque vous avez été nombreux à venir sur notre stand, à nous poser des
questions sur le projet (notre rôle, celui des
massifs, le financement des actions…) et à faire
la connaissance de deux superbes Arduinna en
chair et en os à redécouvrir ou à découvrir en
pages 10 et 11. Elles ont conquis le public avec
leur sourire et avec une petite pochette surprise
offerte à chacun de leurs interlocuteurs et remplie d’une tisane aux fruits de la forêt spécialement concoctée pour l’occasion.
Villes d’appui et portes d’entrée
structureront le tourisme en forêt
dans chacun des massifs
En même temps qu’elles continuent à construire
les produits «forêts» spécifiques à chacun de
leur territoire, les structures d’animation des
massifs entament maintenant une nouvelle
étape destinée à mieux organiser le tourisme
dans leurs forêts respectives.
Comment procèdent-elles ?
Là encore, elles s’en réfèrent à la «bible » du
projet, l’étude stratégique du Professeur Bodson.
8 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
Le projet Forêts d’Ardenne c’est…
• Un projet initié et soutenu par le Gouvernement wallon.
• Un plan de développement touristique de la forêt wallonne reposant sur une stratégie
élaborée par le professeur D.Bodson de l’UCL et son équipe.
• Le développement de produits touristiques novateurs proposant dans un même package, de se divertir, de se restaurer et de dormir « forêt ».
• La mise en réseau d’acteurs et d’opérateurs touristiques actifs sur chacun de massifs
forestiers. Huit massifs ont été identifiés sur tout le territoire wallon dont trois - la
Grande Forêt d’Anlier, la Forêt du Pays de Chimay et la Grande Forêt de Saint Hubertdéveloppent des produits « forêt » à titre pilote.
• La volonté de valoriser au mieux le potentiel touristique de nos forêts en veillant à préserver le milieu naturel et fragile qu’elles constituent.
• La prise en compte des exigences de la demande touristique de façon à développer
des produits « qui marchent ».
• Un événementiel annuel fédérateur des massifs forestiers et de tous les acteurs concernés par la forêt et le bois : le Week-End du Bois et des Forêts d’Ardenne.
Un encadrement et une coordination assurés par…
Ressources Naturelles Développement (RND) asbl dont les missions consistent à :
• Accompagner les massifs forestiers dans le développement de
leur identité et de projets sur le terrain.
• Mettre en place la stratégie de communication de ce concept
fédérateur.
• Mettre à disposition de chacun des massifs et de leur réseau
d’acteurs, son expertise, sa connaissance de la forêt et de la
fonction récréative de la forêt.
Des actions sur le terrain menées par…
Trois structures d’animation de massifs (La Grande Forêt d’Anlier, La Forêt du Pays de Chimay, La Grande Forêt de Saint-Hubert) dont les missions consistent à :
• Mettre en réseau les partenaires de leur territoire.
• Développer des produits englobants ‘forêt’ : manger forêt, dormir forêt, se divertir forêt.
• Promouvoir les produits développés sur leur territoire.
marquée au Salon des Mandataires
Pour structurer le tourisme à l’échelle de
chaque massif, le professeur Bodson préconise
d’identifier « des villes d’appui qui doivent servir de pivot à l’organisation du tourisme en
forêt. Il faut pouvoir y créer dans tous les services offerts ainsi que dans l’aménagement et
la décoration, une ambiance forêt qui donne
à ces villes une coloration forêt suffisamment
marquée pour caractériser le produit.» C’est là
que le premier accueil du visiteur doit être
organisé, qu’il doit y trouver toutes les informations nécessaires à son séjour en forêt, et le
cas échéant, les grands équipements et infrastructures qu’ils ne peuvent pas trouver dans
les massifs.
D’autre part, Daniel Bodson suggère d’organiser des «portes d’accès » rebaptisées «portes
d’entrée » qui sont des lieux d’accueil, d’informations, de dispatching vers le massif luimême mais aussi vers d’autres attractions touristiques de la région et vers les villes d’appui.
Les structures d’animation ont donc identifié
les villes d’appui et les portes d’accès.
Pour la Grande Forêt d’Anlier :
• 4 villes d’appui : Arlon, Bastogne, Habay-laNeuve, Neufchâteau
• 6 portes d’entrée : Anlier, Heinstert, Fauvillers, Léglise, Marbehan, Martelange
Les Forêts d’Ardenne :
Trois rendez-vous à vous fixer
1) La sortie d’un guide touristique « Les Forêts d’Ardenne et ses massifs forestiers » édité en collaboration
avec les Éditions de la Renaissance du Livre : Un guide permettant de découvrir les territoires, les produits colorés
« forêt » de cette destination touristique wallonne !
2) La mise en ligne du site internet www.lesforetsdardenne.be : Un site informatif, qui vous fera rêver, et que vous emmènera en Forêts d’Ardenne. Sortie prévue pour juin !
En attendant, visitez notre site provisoire qui regorge d’actualités et d’offres ou
suivez-nous sur facebook : www.facebook.com/foretsdardenne
3) Le Week-end du bois et des Forêts d’Ardenne – 17-18-19 octobre 2014 :
Le rendez-vous incontournable de tous les acteurs de la filière forêt-bois, la vitrine
des compétences et des savoir-faire de tous les acteurs économiques, touristiques
et culturels concernés par la
forêt et le matériau bois.
A l’occasion du 10e anniversaire du
Week-End du Bois, l’événementiel
recèlera un tas de bonnes surprises
et de découvertes inédites ! Rendez-vous en octobre 2014 !
Pour la Forêt de Chimay:
• 3 villes d’appui : Chimay, Nismes, Sivry
• 8 portes d’entrée : L’Espace Nature de la
Botte du Hainaut, Macquenoise, Couvin,
Macon, l’Aquascope de Virelles, Nismes,
Doische, Froidchapelle
Pour la Grande Forêt de Saint-Hubert :
• 3 villes d’appui : Nassogne, Saint-Hubert,
Redu
• 9 portes d’entrée : Bertogne, Daverdisse,
Libin, Libramont, Nassogne, Saint-Hubert,
Sainte-Ode, Tellin, Tenneville, Wellin.
Afin de matérialiser le projet Forêts d’Ardenne
à ces différents endroits, des équipements et
aménagements tels des totems, panneaux,
bornes tactiles… seront réalisés. Les
demandes de subsides sont en cours de finalisation et vont être adressées au Commissariat
Général au Tourisme.
Vous êtes responsable d’entreprise,
artisan, opérateur touristique, restaurateur,
propriétaire de chambre(s) d’hôtes,
propriétaire forestier…
Et vous souhaitez participer
au Week-End du Bois?
Rendez-vous sur
www.leweekenddubois.com
pour connaître les conditions!
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 9
réseau bois
Salon des Ma
Une fréquentation de marq
10 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
ndataires 2014
ue pour un projet séducteur
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 11
marchés / tendances
La terrasse en bois,
découverte pied au plancher…
Dominique Wibrin est un homme au parcours atypique. Géomètre de formation, il a roulé
sa bosse dans les travaux publics puis dans l’ingénierie informatique de haut niveau, plusieurs décennies durant, avant de revenir à ses amours premières : le monde de la
construction. C’est ainsi qu’en 2009, il décide de se réorienter professionnellement et qu’il
tente l’aventure entrepreneuriale. Mais l’homme adopte une philosophie de travail qu’on
peut lui jalouser, fermement décidé à se faire plaisir en combinant son goût premier pour
le chantier, ses talents de commercial et son aspiration au management d’entreprise.
Nouvel entrant sur le marché wallon de la terrasse en bois - il débute actuellement sa
quatrième saison - il n’en demeure pas moins que sa société, DomiWood sprl, a déjà à
son actif une centaine de contrats, et qu’elle connaît une croissance constante. Sur base
d’une étude de marché qu’il a réalisée en 2010 et de son quotidien professionnel, de la
théorie à la réalité journalière, Dominique Wibrin révèle quelques tendances lourdes de
ce marché pour en cerner avec justesse les contours.
« La terrasse en bois fait rêver les gens » relève
Dominique Wibrin qui s’est concentré sur une
clientèle uniquement privée. Pour cause ?
« Dans les marchés publics, les cahiers des
charges sont trop souvent mal faits. Par habitude, ils imposent des essences coûteuses et pas
toujours adaptées au contexte. Sans parler du
copinage et de la règle du moins cher… ».
Pour autant, son créneau reste vaste et notre
homme s’y est rapidement fait une place enviable. « Du produit plaisir, la terrasse en bois
s’est muée en investissement, avec à la clé un
budget consenti par les clients plus important
qu’attendu mais aussi, et c’est normal, des exigences qualitatives en proportion ». S’agit-il là
d’un effet crise ou du fruit de la prospection de
notre témoin, aucune réponse tranchée…
Une lente spécialisation
Avant la création de DomiWood, notre interlocuteur a sondé le marché en détail, offre et demande. Pour lui, « 90 % des terrasses au sol,
auto-construction exclue, sont réalisées par des
entreprises d’aménagement de jardins. Loin de
maîtriser le sujet, elles commettent des erreurs
de mise en œuvre avec un impact direct sur la
durée de vie de la terrasse en bois ».
Le reste du marché, seulement 10 %, se partage équitablement entre les entreprises générales de construction - qui ne sont pas exemptes
des critiques reprises ci-dessus - et la niche
qu’occupe Dominique Wibrin, « à savoir les spécialistes de la terrasse et les professionnels de la
filière bois comme les menuisiers ».
Inévitablement, quand on pense piscine, le commun des mortels y associe un aménagement bois, autre secteur porteur.
Dominique Wibrin a tout pour être heureux : il vend un produit “plaisir” et il connaît une croissance constante.
Si le marché semble étroit, seulement 5 %, il se
révèle par contre extrêmement porteur. « Nous
sommes seulement une dizaine d’entreprises
spécialisées dans la terrasse bois en Wallonie,
dont presque la moitié située dans le Brabant
wallon. Il y a de la place pour de nouveaux entrants mais il faut être très professionnel ».
Ce marché, comme d’autres, se segmente avec
deux extrêmes, un bas et un haut de gamme,
quasiment plus rien entre les deux. « Lorsque j’ai
réalisé mon étude de marché, mon client
“moyen” avait entre 45 et 65 ans, il souhaitait
réaliser une terrasse de 38 m2 avec un budget
d’environ 6 000 €. Élément important, parmi les
gens intéressés par la pose d’une terrasse en
bois, 48 % privilégiaient la terrasse en kit, à
monter soi-même ». Ces chiffres correspondent
bien au lancement de DomiWood, mais les
choses ont beaucoup évolué depuis.
« Nos prospects considèrent désormais la terrasse comme une pièce en plus, c’est une tendance de fond. Ce sont des gens qui ont les
moyens et qui attendent de la qualité, du professionnalisme. Ils savent qu’une terrasse n’est
pas un produit bon marché ». Ce constat se reflète directement dans les chiffres de vente de
l’entreprise avec une surface moyenne en nette
hausse et un prix au m2 très supérieur à l’étude
de marché. Exit la terrasse en kit !
Franchisé d’un fabricant alsacien leader de la
terrasse en bois, plus de 100 000 m2 mis en
œuvre par an par le réseau, DomiWood est également très au fait des tendances bois.
12 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
Essences locales : dur, dur !
« Le client, en général, n’a pas beaucoup de
connaissances sur le bois. Ce qu’il a, ce sont de
fausses idées sur ce matériau. Il croit, par
exemple, que le bois mouillé glisse ; ce qu’il faut
contredire car cela ne concerne que le bois sale.
D’ailleurs, si c’était vrai, on n’aurait jamais réalisé des ponts et passerelles en bois ! ».
Particularité de DomiWood et de son fournisseur, « nous ne commercialisons plus aucun bois
exotique. On a arrêté l’ipé, un bois exceptionnel
à maturité, c’est-à-dire à 150 ans, car aujourd’hui on ne trouve plus d’ipé de cet âge. Celui
actuellement sur le marché risque de se
fendre ». Les essences exotiques posent un problème de fond à notre témoin, « c’est une considération philosophique et éthique, nous ne
voulons pas être complices d’une quelconque
forme de déforestation ».
Sans les essences exotiques, on pourrait penser
que nos forêts locales vont trouver là un beau
débouché… or, il n’en est rien. Le pin radiata
de Nouvelle-Zélande tient la corde, « grâce à des
qualités mécaniques très favorables et à des
conditions exceptionnelles de croissance dans
ce pays ». Le pin sylvestre, mais de Scandinavie,
est également beaucoup utilisé.
« Grâce aux nouvelles technologies, ces essences subissent une modification biochimique
offrant des garanties très longues. Il y a notamment le traitement par acétylation, à savoir une
modification cellulaire qui supprime l’effet hygroscopique du bois, ou la furfurylation, une
greffe cellulaire à base d’alcool issu de déchets
végétaux qui densifie le bois de plus de 30 % ».
Dans les deux cas, « le bois a la même couleur,
la même durabilité que les bois exotiques, et ce
Le marché de la terrasse en aérien n’est pas négligeable, il représente près du tiers des demandes.
sont des produits 100 % naturels, sans risque
pour la santé, sans déforestation ». DomiWood
garantit ainsi une durabilité de 50 ans aux bois
traités par acétylation, 25 ans par la furfurylation, en utilisation aérienne.
En terrasse, les essences locales ont du mal à
s’imposer. Soit à cause du coût matière, soit pour
des raisons techniques. « D’une manière générale, plus un bois est tendre, mieux il se prête à
la modification et au traitement. Évidemment
l’inverse est tout aussi vrai. Or le chêne, le châtaignier, le hêtre et même le douglas (dans ses
parties hors aubier) sont trop durs, trop denses
pour permettre la pénétration par acétylation,
furfurylation et même par simple autoclave ».
Dans le catalogue DomiWood, le douglas reste
bien présent, non traité, avec une garantie de
seulement 5 ans. Le chêne lui a disparu car il réclame un entretien régulier, « ce que les clients
fuient ». En plus, bois nerveux, « il faut le visser
sur les lambourdes, ce qui est nuisible à la ventilation et donc à sa durabilité ».
Sur ce marché constitué en grande majorité de
terrasses au sol, sans oublier les structures autoportées et terrasses sur toit, le client wallon
sourit au haut de gamme. Tout le monde n’a
pas forcément les moyens, mais le surcoût pour
une terrasse qui va durer 30 ans par rapport au
modèle basique garanti 10 ans influe indéniablement sur les décisions d’achats.
n
Contact :
DomiWood sprl
Rue Provinciale, 244 - Bte 9 - 1301 Bierges
GSM : 0495 70 77 95
E-mail : [email protected]
Web : www.terrassebois-wallonie.com
La montée en gamme des projets est une réalité : le record de DomiWood, en 2013, est détenu par une terrasse de plus de 78 m2, pour un budget d’environ 40 000 €.
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 13
dossier du trimestre
Dans la course à la performance énergétique :
Le bois dans le bâtiment
basse énergie, passif…
Depuis le XIXe siècle et le passage de nos sociétés d’une ère agricole et artisanale à l’âge industriel, nos besoins en énergie
fossile n’ont cessé de croître, ce de manière quasi exponentielle. Or, la majorité des combustibles fossiles n’existe qu’en
quantité limitée. Aujourd’hui, la consommation dépasse largement la disponibilité de telle sorte qu’on épuise lentement
mais sûrement nos réserves. Et il n’y a pas que l’industrie à montrer du doigt, loin de là ! Côté ménages, la consommation
en énergies fossiles est également bien réelle. Elle se manifeste essentiellement dans le chauffage domestique, 75 %
de l’énergie consommée par une maison conventionnelle.
Depuis le début des années 2000, la prise de conscience est générale. Chacun sait qu’il faudra réduire sa consommation
énergétique. Une chance car la Belgique est l’un des pays d’Europe où les bâtiments sont le moins bien isolés. Nous
sommes au même rang que l’Espagne ou encore la Grèce, des contrées où le climat est autrement plus clément.
Depuis une directive européenne de 2002 sur la performance énergétique et le climat intérieur des bâtiments, les régions
ont renforcé leur réglementation en matière de “performance énergétique des bâtiments” (PEB). Les réalisations doivent
atteindre un certain niveau d’isolation thermique et de prestation énergétique. Cette législation concerne toutes les
constructions neuves ainsi que les rénovations de grande ampleur.
Dans ce contexte, de nouveaux termes comme bâtiment basse énergie ou bâtiment passif ont fait leur apparition.
Comme nous allons le voir, ils ouvrent des perspectives très positives au matériau bois.
14 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
Architecte : Philippe Samyn and Partners
BÂTIMENT BASSE ÉNERGIE ET BÂTIMENT PASSIF : QUELQUES REPÈRES
De manière générale, on peut distinguer
quatre grandes catégories de constructions
selon leur consommation énergétique.
Il y a d’abord la construction qui a eu cours
jusqu’aux années septante, souvent non isolée. Elle consomme environ 20 litres de
mazout par m2 et par an (certaines vont jusqu’à 25 litres !).
Comment réaliser un
bâtiment basse énergie ?
La conception ou la rénovation basse énergie
s’appuie sur 6 principes :
Dans la réalisation dite “basse énergie”, la
consommation destinée au chauffage gravite autour de 6 litres, tandis que pour la
construction appelée “passive” cette
consommation doit être inférieure à 1,5 litre.
‹ Au niveau du bâti
un concept architectural adapté (forme
compacte, orientation favorable par rapport à la course du soleil),
n une isolation renforcée de l’enveloppe
(isolation des combles, isolation des murs,
isolation du plancher, une minimisation
des ponts thermiques),
n une étanchéité à l’air suffisante pour se
prémunir de l’action dévastatrice du vent
et des courants d’air indésirables sur le
confort thermique,
n la mise en place d’un système de ventilation adéquat, permettant de garantir un
bon renouvellement de l’air, indispensable
pour la santé, sans risquer de tout refroidir
à l’intérieur.
Alors que les concepts de construction basse
énergie ou passive sont développés depuis
plusieurs décennies au Danemark, en Allemagne, en Suisse, en Autriche… notre pays
s’insère dans cette dynamique au travers
d’un nombre croissant de réalisations.
‹ Au niveau des équipements
n un recours soit aux énergies renouvelables
pour la production de chaleur et d’électricité (solaire, bois, pompe à chaleur), soit à
une installation de production d’énergie à
rendement élevé.
Pour les constructions récentes, la norme
européenne prévoyait 9 litres de mazout par
m2 et par an. Depuis le 1er janvier 2014, le
niveau d’isolation thermique global est passé
de K45 à K35 et les coefficients d’isolation
thermique à respecter par les différentes
parois sont devenus plus draconiens.
n
Consommation spécifique d’énergie (en kWh/m2/an)
Variation des consommations énergétiques de différents
bâtiments en fonction de leurs performances
Basse énergie ou passif, le bâtiment doit jouir d’une parfaite
isolation : le bois y concourt très régulièrement.
n
le choix d’appareils électriques basse
consommation pour l’électroménager et
l’éclairage.
Les principes d’une
construction passive
Le terme de réalisation passive fait référence
à un bâtiment dont le climat intérieur est
agréable en hiver comme en été, sans
aucune installation de chauffage ou de
refroidissement conventionnelle. Cet habitat
est isolé à un point tel qu’un chauffage classique est devenu superflu.

Et la construction
bioclimatique ?
Une réalisation bioclimatique s’évertue à
tirer le meilleur parti du site d’implantation, de la nature qui l’entoure et, pour
une large part, de la course du soleil. Le
chauffage et la climatisation sont donc
conçus en fonction du rayonnement solaire et de la circulation naturelle de l’air.
L’architecture du bâti est donc particulièrement influencée car on oriente les
pièces en fonction de la course solaire.
Bâtiment avant 1970
(non isolé)
Chauffage
Bâtiment de 2013
Norme K45
Eau chaude sanitaire
Bâtiment
basse énergie
Ventilation
Bâtiment
passif
Appareils électroménagers
Ce concept s’adapte plus ou moins bien
suivant la typologie du bâtiment à réaliser. C’est ainsi que la construction bioclimatique a tendance à diminuer, de
manière générale, car elle a trop d’impact sur l’agencement du projet. Elle est
néanmoins intégrée dans toutes les réflexions portant sur le bâtiment passif ou
basse énergie.
Dernier point, l’approche bioclimatique
ne se fixe pas d’objectif chiffré.
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 15
dossier du trimestre

Le bâtiment passif est essentiellement
chauffé par l’énergie solaire et la chaleur produite par ses occupants, leurs activités (la cuisine par exemple) et les appareils qui se trouvent dans la maison.
Quelle place pour le bois ?
Pour être certifié passif, en Wallonie, un logement doit répondre à des critères précis :
n le besoin de chauffage doit être inférieur
à 15 kWh/m2/an,
n l’étanchéité de l’enveloppe : n50 ≤ 0,6 h-1,
n le pourcentage de surchauffe (plus de
25 °C) doit être inférieur ou égal à 5 %.
Tout d’abord, il y a le fait de faire appel à un
matériau naturel et renouvelable. Ensuite, la
construction bois permet d’extraire le bois du
processus de combustion lente qu’il vivrait
inévitablement en restant inexploité dans la
forêt, avec la production de CO2 qui en
découlerait. L’utilisation du bois limite donc
l’effet de serre. Enfin, travailler le bois
requiert peu d’énergie, ce qui explique l’écobilan très favorable de ce matériau.
Sans rentrer dans des considérations trop
techniques, il faut savoir qu’un tel résultat
s’obtient grâce à la stricte application de 3
principes fondamentaux :
n l’emploi d’une isolation excessivement
poussée (l’étanchéité à l’air doit être la
plus performante possible pour éviter les
pertes de chaleur),
n la mise en œuvre d’un vitrage performant
(importance du triple vitrage dans nos
contrées),
n le tout, couplé à un système de ventilation
mécanique double flux.
Quand on parle du surcoût induit par la
construction passive, il importe d’être prudent. En effet, souvent d’autres éléments tels
que la présence de capteurs solaires, la mise
en place d’un puits canadien ou encore l’emploi de matériaux écologiques onéreux peut
fausser l’addition.
D’un point de vue général, la construction
bois présente des avantages uniques, quelle
que soit la typologie de la construction.
Le bois est également favorisé par rapport
aux autres matériaux par des éléments beaucoup plus objectifs : sa faible masse volumique, la possibilité de construire sans eau
donc sans attendre un séchage, la liberté de
préfabrication en atelier, la rapidité d’assemblage sur site, la capacité à s’adapter à toutes
les tendances architecturales…
Quand on rentre dans le détail de la
construction basse énergie, ou de la
construction passive, on note qu’elles ont en
commun de faire appel au concept de surisolation. Il s’agit d’une aubaine pour le bois
car, avec lui, on peut concevoir des murs rivalisant de performance avec les autres matériaux, mais d’une épaisseur beaucoup plus
faible.
En parallèle, le choix de la basse énergie ou
du passif s’accompagne le plus souvent du
désir de construire un environnement sain,
esthétique et chaleureux. Le bois est une des
meilleures réponses à ces attentes légitimes
de confort.
Enfin, le bois est le matériau de la mixité.
Depuis bien longtemps, le bois porte, renforce, résiste, accompagne et dialogue avec
les autres matériaux de l’architecture. Il
semble même que, bien avant les autres, il
ait su tirer parti de cette richesse.
Grâce au bois, et à ses qualités, de nouvelles
possibilités techniques et esthétiques s’ouvrent aux autres matériaux. Un échange dans
les deux sens qui permet également au bois
de se bonifier.
Dans cette logique, il peut s’avérer particulièrement intéressant de combiner une
structure portante lourde, qui procure une
inertie thermique supplémentaire, avec des
parois extérieures en bois, bien isolées. Ce
mode de construction bois-béton est de
plus en plus courant, notamment dans les
bâtiments tertiaires tels que les immeubles
de bureaux.
Le bois a donc toute sa place pour ériger un
bâtiment économe en énergie. Nos essences
y trouveront même un terrain d’expression.
La Maison de l’Enfance à Genval (Rixensart), bâtie en 2007, se classe parmi les bâtiments basse énergie, après contrôle (test blower door, thermographie). Photo : © Joseph Dierckxsens
16 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
Architecte : Trait Architects sa
LE REGARD D’UN ARCHITECTE ET D’UN MENUISIER SUR CES TENDANCES
Damien Carnoy, l’architecte, et Claude
Macors, le menuisier, ont en commun une
longue expérience et une parfaite maîtrise du
matériau bois. Les deux hommes se ressemblent également par leur attachement à ce
matériau.
Sensibles à la nouvelle donne énergétique, ils
ont chacun développé une approche qui
épouse parfaitement les standards, ou les
dépasse ; avec à cœur la volonté d’apporter
la transparence maximale sur les résultats
futurs de leurs réalisations.
Un architecte pro-passif
Damien Carnoy exerce depuis une trentaine
d’années. Très intéressé par le bois depuis le
début de sa carrière, il fait partie de ces précurseurs qui ont donné naissance à des réalisations bois emblématiques dans le paysage
wallon. Pour cet architecte, « le bois est le
matériau du développement durable. Il est le
seul à faire la synthèse entre esthétisme, écologie, technique et un excellent écobilan ».
Dans son atelier, il travaille sur des maisons
privées, mais aussi sur des bâtiments publics.
« Il s’agit d’écoles, de crèches, de bâtiments
d’accueil. Nous en faisons assez peu chaque
année car nous privilégions la qualité ».
Pour lui, « la sensibilité du public aux économies d’énergie date de bien avant les premières normes passives ». Pour y répondre,
notre témoin s’est formé. L’occasion pour lui
de faire remarquer que « le métier d’architecte est très difficile car il faut en permanence se recycler. Il y a énormément d’investissement personnel alors que les honoraires
stagnent. C’est un vrai problème ! ».
Aujourd’hui, il lui semble très difficile pour un
architecte de faire une construction performante énergétiquement sans un bagage
minimum. « Qu’on réalise une maison individuelle basse énergie ou un bâtiment public
passif, la démarche de mon point de vue est
la même, il faut s’y connaître. Seul le résultat
au niveau du logiciel de calcul diffère ».
Le logiciel que Damien Carnoy met en avant
s’appelle PHPP pour “Passive House Planning
Package”. Il s’agit d’une fiche informatique
où l’on encode chaque paramètre du projet
en matière de performance énergétique.
« C’est un travail fastidieux en amont, mais
incontournable pour mesurer au plus près la
consommation du futur bâtiment en énergie
primaire : 15 kWh/m2/an pour un bâtiment
passif, 60 pour une réalisation basse énergie,
80 voire 120 pour ce qui se construit encore
maintenant ! Je suis beaucoup plus sensible
à cette démarche de mesure en kWh/m2/an
Damien Carnoy est favorable à un discours de vérité : il calcule et fait contrôler la performance énergétique.
car c’est tangible, c’est du concret pour le
client et son portefeuille ».
Et dans la réussite du projet, l’architecte n’est
pas seul, « il faut aussi travailler avec un entrepreneur attentif quand on fait des ouvrages
peu énergivores. Il faut bien mettre en œuvre
les différents composants et respecter l’étanchéité à l’air de la construction. C’est pourquoi il faut absolument un architecte qui
connaisse le métier, qui soit capable de donner une bonne explication à l’entrepreneur ».
Aux yeux de notre premier témoin, « dans les
projets publics passifs, les clients sont souvent des gens motivés par le développement

Le bois est à l’origine du premier bâtiment de bureaux passif de Wallonie, à savoir l’espace “Capital et Croissance" inauguré en 2008, à Marche-en-Famenne. Photo : © Investsud
Architecte : Synergy International
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 17
dossier du trimestre

durable. Il y a l’incitant de l’économie d’énergie mais, malheureusement, il n’y a pas de
prime à la différence des bâtiments de logement. C’est une fierté pour une commune de
faire du passif mais qui n’est pas récompensé. Il y a quelque chose de nouveau à
imaginer en terme de fiscalité ! ».
Dernier élément, Damien Carnoy regrette les
freins au bois, « les bouchons dus aux prescriptions urbanistiques. On voit encore des
endroits où seule la brique est préconisée et
où on cantonne le bois dans une faible place.
Pour moi, la brique est une inertie à l’évolution. C’est devenu un matériau de parement,
synonyme de ponts thermiques. Mettre de la
brique devient une acrobatie par rapport à la
hausse du niveau des exigences thermiques.
Le bois se place bien au-dessus du débat en
réglant tous les problèmes de ponts thermiques. Il est la solution d’avenir ».
Énergie positive
pour le menuisier
Quand on interroge le constructeur bois
Claude Macors, l’angle d’attaque se veut
plus technique : il met en cause le coefficient
K qui globalise les déperditions thermiques à
travers les parois.
« En Wallonie, le niveau d’isolation thermique global a longtemps été fixé à K45. Or
la méthode de calcul se base sur 1 m2 de mur
sur lequel on appose des couches d’isolation
pour parvenir à un résultat théorique, ici 4,5
litres de mazout par m2 et par an. Depuis le
1er janvier 2014, la région impose un K35,
avec une valeur Ew de 80, c’est le niveau de
consommation en énergie. Mais le problème
c’est que personne ne contrôle. Tout est seulement sur le papier ».
Là où le bât blesse pour notre témoin, c’est
qu’ « on ne tient pas compte des pertes
linéiques et des mauvaises mises en œuvre.
Or, l’étanchéité à l’air est la clé de tout. Dans
un bâtiment non étanche, l’isolant perd
50 % de son intérêt. En menant une étude
globale sur l’ouvrage terminé, on se rend
alors compte qu’il est K90, deux fois plus
consommateur en énergie primaire que promis ! ». L’homme se dit choqué, considérant
que « c’est flouer les gens ».
En réaction, à partir de 2009, il décide de
construire des bâtiments en bois qui anticipent la future norme européenne, à savoir
des réalisations autosuffisantes en énergie
ou passives (K15).
Pour y parvenir, notre constructeur s’oriente
vers « des panneaux en bois massif contrecollé. Ils ont un premier avantage, celui
Thermographie et test blower door permettent à Claude Macors de garantir la qualité de ses réalisations.
d’être parfaitement étanches à l’air ». En
plus, ces composants facilitent le travail, « ce
n’est pas très difficile de bien réaliser les
joints, de régler les détails techniques avec
des panneaux en bois débités au millimètre
près ». Chaque réalisation est soumise à des
tests, en fin de chantier.
Avec l’association panneaux bois et isolant,
« loin de tout nœud constructif ou pont thermique, l’isolant donne tout son potentiel. Il
est beaucoup plus facile de réaliser un bâtiment basse énergie ». Certes des voiles de
béton auraient pu faire l’affaire « et amener
de l’inertie, ce qui est encore mieux. Mais travailler le béton en basse énergie est beau-
Les deux niveaux du parc économique “Galaxia” de Transinne (Libin) ont été réalisés en 2009 uniquement en bois. Ce bâtiment basse énergie frôle les valeurs du standard “passif”.
18 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
Architecte : Philippe Samyn and Partners
coup plus difficile et coûteux. Sans parler de
l’empreinte carbone laissée, largement supérieure au bois ».
Le calcul est simple : « dans une maison d’environ 200 m2, équipée d’une pompe à chaleur avec chauffage par le sol, compte tenu
de la production d’eau chaude et d’électricité, nous avons un besoin en énergie d’environ 8 500 kW. En région wallonne, on peut
mettre jusqu’à 10 000 kW de panneaux photovoltaïques. On est totalement autonomes,
alors que dans le passif il faut encore produire son eau chaude et s’éclairer ! ».
Cette réflexion, il l’a déjà transposée dans
des bâtiments publics. « On a fait, il y a
quatre ans, un immeuble de bureaux à
Manage, plus de 450 m2. On a un monitoring sur les compteurs depuis le début, ce
client n’a pas eu la moindre facture. Pour la
réalisation de nos locaux à Ciney, nous avons
adopté la même démarche ».
Des panneaux en bois massif avec environ 20 cm d’isolant permettent déjà des prouesses en matière énergétique.
S’il en appelle également à « une évolution
au niveau de l’urbanisme notamment en
termes d’orientation du bâtiment pour bénéficier à plein des apports bioclimatiques »,
Claude Macors porte un regard critique sur
la profession. « Certains professionnels ne
sont pas prêts et essaient de retarder l’arrivée
de cette norme. Ils ne veulent pas qu’on aille
trop vite dans la performance énergétique
des bâtiments et ils refusent que l’on évalue
Photos : © C. Stuerebaut
Contrairement à notre architecte, Claude
Macors a décidé de délaisser le passif, « trop
cher » à ses yeux. « Le surcoût du passif peut
être investi ailleurs. Nous avons décidé de
simplifier les choses en proposant des bâtiments positifs, c’est-à-dire des constructions
étanches à l’air, très bien isolées et qui produisent plus qu’elles ne consomment ».
la consommation réelle du projet, une fois
celui-ci achevé. Ces firmes freinent des
quatre fers ».
Pourtant, en 2021, cette mesure deviendra
obligatoire. « Il faut prendre en compte la
consommation d’énergie et en faire une obligation de résultat pour le professionnel. Cela
change beaucoup de choses et le débat est
là… Mais il faudra bien y arriver ! ».
L’Institut Provincial de Formation Continuée (IPFC), à Nivelles, est le premier établissement scolaire de type “passif” de toute la région wallonne. Il date de 2008. Photos : © A2M
Architecte : A2M sprl
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 19
dossier du trimestre
CAS CONCRET : UNE CRÈCHE PASSIVE DE 36 LITS À TRIVIÈRES (LA LOUVIÈRE)
Avec son cabinet d’architecture CarnoyCrayon, notre témoin architecte interviewé
quelques pages avant a inauguré, en mars
2011, une crèche passive située à Trivières.
En quelques phrases, il nous explique le
contexte de cette réalisation et l’intérêt du
bois dans un bâtiment passif.
de respiration aux enfants et aux adultes.
C’est un retour aux sources avec la possibilité
d’observer, au fil des jours, la flore et la vie
d’un petit territoire redevenu sauvage ».
Pour satisfaire la commune, « désireuse
d’avoir un bâtiment qui fonctionne parfaitement », Damien Carnoy décide de tout
mettre de plain-pied.
Le parti architectural
« La commune de La Louvière avait la volonté
de réaliser une crèche avec une bonne performance énergétique », amorce Damien
Carnoy. « Ils mettaient à disposition un terrain, une friche communale ! ». La complexité du site interpelle l’architecte. Il sait
qu’il va falloir apporter une réponse adaptée.
Sa proposition est globale : « on a enlevé
toute trace de pollution et on a créé une véritable zone naturelle, un havre de biodiversité, où la crèche devient un mirador pour
admirer la nature ». Une formidable idée
pour cette cité ouvrière plus habituée aux terrils qu’à la verdure…
Un parking est aménagé sous le volume
crèche, « ce qui permet d’offrir un espace
couvert très appréciable pour le transit des
enfants. Cela limite également l’impact des
voitures sur le terrain et maximise la part de
surface naturelle autour de la construction ».
La volumétrie de l’ensemble est très influencée par cette volonté de mettre toutes les
fonctions de la crèche sur un seul et même
niveau. « Ce parti pris a eu pour conséquence
de créer un bâtiment peu compact. Pour
contrecarrer cette dispersion peu favorable
aux exigences du bâtiment passif, il a fallu
optimiser l’isolation de l’enveloppe ».
C’est ainsi que Damien Carnoy propose une
association bois-béton. « Le béton est utilisé
au niveau de la dalle et des murs intérieurs,
il va apporter de l’inertie. La structure de la
crèche est en ossature bois pour atteindre un
très haut degré d’isolation et limiter les ponts
thermiques ». Il en résulte une structure singulière supportée par des pilotis et des
poutres en bois.
De l’avis de l’architecte, « cette structure est
une première en Belgique. On a introduit du
rigide dans une structure souple. Chaque
matériau se combine avec l’autre, mais chacun a son rôle ».
D’un point de vue technique, les parois en
ossature bois sont composées comme suit,
de l’extérieur vers l’intérieur :
Photo : © Damien Carnoy
Grâce à ce petit périmètre de nature, « loin
de toute trace humaine, on offre un moment
L’architecture en découle. Elle se compose de
deux volumes complémentaires :
n un premier volume au gabarit d’une maison, côté ville. Cette partie sera occupée
essentiellement par les adultes avec la cuisine, les bureaux, les réserves…
n un second volume se détache de l’ensemble et part à la conquête du terrain.
Ses matériaux et ses formes l’associent
davantage aux arbres et à la nature. Il
accueillera les enfants.
La place du bois
20 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
Photo : © Damien Carnoy
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n
n
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un parement sous forme d’un bardage en
bois (cèdre),
un vide ventilé,
un panneau pare-pluie de 16 mm composé de particules de bois à haute densité,
des raidisseurs (ossature porteuse secondaire) sous des poutres en I en bois avec
une âme en fibres végétales dures.
une face chaude avec un panneau OSB choisi
avec une faible teneur en formaldéhydes.
Photo : © Damien Carnoy
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Le caisson ainsi formé est rempli d’un isolant
insufflé sous pression. Il s’agit ici de ouate de
cellulose fabriquée à partir de papier recyclé
et imprégné de sel de bore aux propriétés
fongicides, insecticides et ignifuges.
Ce chantier a été mené en un temps record,
« seulement une année entre l’arrivée du premier camion sur le chantier et l’accueil des
enfants ».
Depuis sa mise en service, la commune et les
occupants sont enchantés par cette structure.
La crainte qu’ils avaient au départ d’avoir trop
froid dans un bâtiment sans chauffage est
bien oubliée. C’est un tout autre souci qu’ils
ont actuellement : lutter contre la surchauffe.
Cette réalisation suscite toujours beaucoup
d’intérêt, d’autant plus qu’avec l’afzelia utilisé
en finition extérieure, l’épicéa de pays est
massivement présent en structure.
n
Pour en savoir plus : www.carnoy-crayon.be
Photo : © Damien Carnoy
En effet, un fonctionnement de crèche produit énormément de chaleur interne, avec
l’utilisation continue de l’eau chaude sanitaire, l’ajout des séchoirs à linge et l’activité
générale à l’intérieur, sans parler du climat qui
se réchauffe… De l’avis de Damien Carnoy,
« les petits 15 kWh/m²/an prévus pour le
chauffage ne s’avèrent même pas nécessaires. Ils eurent été plus utiles en énergie de
refroidissement en été ».
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 21
réseau bois
Le palais 6 du WEX, “effet wow” garanti !
Les gens du marketing sont formidables,
ils recyclent nos expressions usuelles pour
leur donner un côté tip top, super branché,
up-to-date… Derrière ce nouvel effet, écrivez-le “wow” ou “waouh” ou comme bon
vous semble mais en respectant la phonétique, on désigne le fait qu’un produit ou
service puisse déclencher chez le consommateur un effet d’étonnement, d’admiration ou de vif intérêt. On disait “c’est bath”
dans les années soixante, le “c’est
chouette” est devenu désuet !
Le palais 6 du WEX suscite indubitablement ce type de réaction, pas besoin de
faire une étude comportementale. À peine
entré dans ce bâtiment, on sent qu’on est
au cœur de quelque chose de différent
sans pour autant en trouver la cause.
Pour le directeur général du WEX, l’ingénieur structures et l’entreprise de construction, c’est la charpente en bois qui provoque ce désormais fameux “effet wow”.
Une charpente qui a failli ne pas exister…
Le palais 6 du WEX fait partie de ces bâtiments
emblématiques de la construction bois qui, injustement, n’ont pas reçu l’accueil médiatique
qu’ils méritaient. Cet ouvrage remarquable est
vraisemblablement handicapé par une architecture extérieure trop rigoureuse, s’agissant “simplement” d’un cube posé en continuité à cinq
halls existants.
Laurent Briou, Frédéric Bertrand et Jean-Claude Goffaux : un trio particulièrement fier de leur concrétisation commune.
Moins cher avec le bois
Il est rare d’avoir face à soi à la fois le client de
l’ouvrage, le bureau d’études et l’entreprise de
construction. Ici, c’est le cas avec Laurent Briou
- Directeur général du WEX, Jean-Claude Goffaux du bureau d’études éponyme et Frédéric
Bertrand - Directeur de Woodlam. En les écoutant, on comprend vite que ce chantier n’a pas
été le plus simple de leur carrière, mais il aura
fait naître une grande complicité.
Laurent Briou ouvre le bal. « Le palais 6 était devenu une nécessité. Le WEX saturait lors du
Photo : © J.-Cl. Goffaux
À voir cela semble tout simple mais, entre jambes opposées, chaque poutre court sur une cinquantaine de mètres.
22 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
Salon des Mandataires ou d’Horecatel, sans parler de la montée en puissance de Batimoi. Nous
voulions nous étendre en limitant la nouvelle infrastructure à 3 500 m2 pour éviter les surcoûts
liés au sprinklage ou la résistance au feu qui
passe alors de 30 à 60 minutes ».
Le premier défi sera de réaliser ce bâtiment en
un temps record. « La décision de lancer le chantier a été prise en mars 2011 pour une ouverture programmée en février 2012 ». L’architecte
Yves Pinon (Tohogne) remet ses plans fin juillet.
Le bureau d’études, à l’aise avec tous les matériaux, va totalement réorienter le projet.
« La charpente était initialement en acier », fait
remarquer Jean-Claude Goffaux, « mais avec
une portée de 53 mètres, il devenait évident
qu’une solution bois était envisageable, surtout
que la résistance au feu de 30 minutes est quasiment naturelle avec ce matériau. Nous avons
donc réalisé deux études en parallèle, l’une en
acier, l’autre en treillis lamellé-collé. Il s’est avéré
que le bois était plus compétitif ». Et Laurent
Briou de souligner qu’ « avec la localisation du
WEX, à Marche-en-Famenne, le bois, matériau
emblématique de la province, avait toute sa
place. Et côté développement durable, l’utilisation du bois permet d’atteindre un bilan carbone quasi nul ».
Le bureau d’études travaille sur l’option bois et
un cahier des charges est envoyé en août 2011
aux entreprises. « Beaucoup de gens n’ont pas
rendu prix, du fait de l’urgence », souligne le di-
recteur du WEX. Woodlam remporte le marché,
pour Frédéric Bertrand « c’était une réalisation
qui nous tenait à cœur. Nous étions les seuls à
nous engager sur ces délais extrêmement courts
et sur un prix fixe ». D’ailleurs, Laurent Briou relève immédiatement que « la solution bois a permis une économie financière d’environ
180 000 € par rapport à l’acier. En plus, grâce à
la préfabrication en atelier, on gagnait huit semaines de délai. Avec le bois, on était meilleurs
sur les deux tableaux ! ».
Le 6 septembre 2011, les travaux débutent avec
la réalisation des fondations. L’entreprise Woodlam ne dispose que d’un mois pour préparer les
composants bois, autant pour achever le montage sur site. C’est du rapide…
Un grand meccano
« Le bois ne demande pas un travail supplémentaire de calcul pour qui connaît déjà ce matériau », tempère le bureau d’études, « mais pour
un chantier aussi urgent que le palais 6, nous
avons réfléchi à une interface commune entre
nous et la société Woodlam. Le logiciel Cadwork
a servi de lien car il pilote déjà leurs machines
numériques ».
Avec une charpente bois en treillis aussi sophistiquée que celle-ci, le second défi réside dans
les assemblages.
« C’est la partie la plus délicate avec le bois »,
précise l’ingénieur, « d’autant que les délais
étaient très courts. On a dessiné toutes les ferrures avec Cadwork, il y en a plus de 106 différentes. On les a optimisées au maximum en
terme de résistance, mais aussi en cachant les
éléments métalliques dans le bois ».
Pour Laurent Briou, « l’esthétisme est un élément sur lequel le WEX est resté très attentif.
Ce bâtiment ne devait pas être un hangar mais
une structure d’accueil. Les clients sont très sensibles à ce type de considération ».
Du côté de Woodlam, le travail réalisé a été colossal dans le délai imparti. Comme le fait remarquer Frédéric Bertrand, « c’est un chantier
exceptionnel même pour une entreprise comme
la nôtre, pourtant habituée à de grosses réalisations. Normalement, une mission comme le
palais 6 demande le double du temps qui nous
a été accordé. On y est arrivé parce qu’on a
doublé les équipes de production de Woodlam,
et on a eu la chance de bénéficier de conditions
météo très favorables lors du montage, en plein
mois de décembre ».
La charpente en treillis est réalisée exclusivement avec des bois lamellés-collés produits sur
le site Woodlam de Marche-en-Famenne. « On
a utilisé de l’épicéa de pays. Chaque élément de
cette charpente est un composant à très haute
valeur ajoutée. Toutes les poutres ont fait l’objet
d’un usinage impressionnant : 32 000 percements et 20 tonnes d’acier à incorporer dans
des mortaises faites grâce à nos machines numériques… C’est un travail énorme ! ».
Ici, chaque pièce est unique. Le listing des
poutres et de leur assemblage fait à lui seul sept
pages.
En opposition, lors du montage, on reste sidéré
devant la modestie des moyens utilisés. « Deux
grues et six hommes seulement » révèle le représentant de Woodlam. « On a d’abord arrimé
les jambes au sol, de part et d’autre. Les arbalétriers étaient composés de deux fermes principales qu’on a assemblées individuellement à
chacune des jambes. Après, il a suffi de réunir
les fermes entre elles. On a commencé à une
extrémité, le premier pignon, onze modules se
succèdent et un second pignon. La structure
bois a été mise en place entre le 15 novembre
et le 15 décembre 2011 ».
« En Belgique, l’intérêt du secteur est réel pour
découvrir cette structure en bois lamellé-collé.
Le système treillis n’est pas courant. On trouve
essentiellement des charpentes métalliques ou
de grandes poutres monolithiques en bois lamellé-collé », reprend Laurent Briou. Pour JeanClaude Goffaux, « le système du palais 6 est
particulièrement léger comparé à de l’acier. Le
bois a permis d’alléger les fondations. Ceci ne
s’est pas fait au détriment des salons et autres
événements : chaque travée peut porter 8
tonnes de matériel, c’est bien assez ».
À l’usage, on voit immanquablement des gens
impressionnés au moment d’entrer dans le palais 6. « Avec le bois, on a fait plus beau pour
moins cher ! Ce projet met à mal beaucoup d’a
priori », se félicite le trio.
n
Photo : © WEX
La plupart des infrastructures d’accueil du public sont sous plafond, dans la pénombre. Le palais 6 du WEX démontre que le bâtiment, tout seul, peut déjà être une attraction.
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 23
réseau bois
Un outil au service des forêts wallonnes :
l’Accord-Cadre de recherche forestière
Dans un souci de précision, nous nous sommes
entretenus en particulier avec trois acteurs importants de cet Accord-Cadre : Marc Herman SPW-DEMNA, Hugues Claessens - Ulg-GxABT et
Caroline Vincke - UCL, ELIe. Ce premier article,
qui sera suivi de trois autres plus spécifiques dans
les prochains numéros des Infos de RND, vous
présente le contexte et le cadre dans laquelle
s’inscrit la Recherche forestière en Wallonie.
L’Accord-Cadre: pourquoi?
La Région wallonne, sous l’impulsion du Ministre
Guy Lutgen, ministre des forêts à l’époque, a
construit un dossier que le Gouvernement wallon
a adopté en juin 1999 qui instaurait un partenariat entre la Région et les Universités de Louvain
et de Gembloux. Son objectif : mettre au point
un programme de recherches forestières sur du
long terme, soit 5 ans. Aujourd’hui, ce plan quinquennal de recherches forestières qui en est à sa
troisième édition, est repris dans l’article 7 du
Code forestier. Il définit les lignes directrices des
recherches à réaliser ou faire réaliser pour assurer
ou promouvoir les objectifs de multifonctionnalité et de gestion durable des bois et forêts.
© O. Baudry – UCL-Elie
Où en sont nos connaissances sur la forêt
wallonne, sa gestion, son évolution au
regard des changements climatiques ? À
quelles grandes problématiques la
recherche forestière doit-elle répondre
prioritairement ? Comment les résultats
sont-ils intégrés dans la gestion quotidienne de nos forêts et cela de façon à
améliorer celle-ci ?
Toutes les réponses à ces questions, et à
bien d’autres, nous les avons obtenues lors
du colloque de restitution des résultats des
recherches du troisième Accord Cadre, le
28 janvier dernier sur le site de la Marlagne.
Ombrières mises en place en forêt pour étudier l'effet de l'ombrage sur la régénération naturelle des chênes et du hêtre.
de soutenir la recherche en matière gestion forestière et de sylviculture forestière. Nous avons
immédiatement associé les deux universités
agronomiques qui, en Communauté française,
forment des bioingénieurs forestiers, via leur Faculté d’agronomie ».
riode 2004-2009, les équipes de recherche ont
travaillé sur des thèmes identifiés en concertation. Pour le 3e Accord-Cadre, qui vient de se
terminer, les Universités se sont mobilisées autour d’un thème fort, celui de la « gestion adaptative ».
Le deuxième aspect important soulevé par Marc
Herman, et qui était à l’époque tout à fait novateur, résidait dans le fait que « les résultats de
cette recherche devaient être transposables sur
le terrain. Ils devaient servir le plus rapidement
possible aux gestionnaires forestiers ».
Il s’est agi d’identifier des mesures et des pratiques de gestion, de les valider par la recherche,
pour anticiper et répondre à tout ce qui peut agir
sur la gestion et la durabilité de la forêt, dans un
contexte d’environnement changeant. Les
thèmes qui ont été traités, et qui seront détaillés
dans les prochains numéros des Infos de RND relèvent de la régénération naturelle des feuillus,
de l’équilibre forêt-grande faune, du suivi de la
ressource forestière (modèles et inventaires), de
la révision du fichier écologique des essences…
Enfin, « nous souhaitions également garantir une
certaine pérennité de travail aux équipes de recherches. C’est un élément important pour de
pouvoir rassembler, leurs compétences et expertises, leurs capacités… et ainsi travailler sur des
projets en commun ».
Quelles recherches?
Son objectif prioritaire est de réaliser, en parfaite
cohérence avec les besoins de la gestion forestière de terrain, un ensemble de recherches capables de répondre à des problématiques ou
questionnements relevant de l’amélioration de
la gestion forestière.
Comme le précise Marc Herman, « il est apparu
essentiel, dès le lancement de l’Accord- Cadre,
24 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
C’est ainsi que trois Accord-Cadre se sont succédé jusqu’en 2014. Un quatrième AccordCadre est en cours de négociation.
Le premier Accord-Cadre a surtout permis de fédérer des recherches sur des thématiques déjà
en cours dans chacune des Universités. « Une
première étape de mise en commun qui a permis
de mieux se connaître ». Pour le deuxième, pé-
Après la mise en œuvre du premier AccordCadre, un travail d’audit a porté sur la qualité
des recherches, l’organisation, le fonctionnement et le côté vulgarisation des travaux. Il a
donné naissance à un Comité de pilotage regroupant des responsables de l’Administration,
des chercheurs, des gestionnaires forestiers, mais
également des experts extérieurs venant de
l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique - France), de l’ONF (Office National des
Forêts - France), de l’ANF (Administration de la
Nature et des Forêts - Grand Duché de Luxembourg).
Cette organisation apporte une plus grande efficience à la recherche en analysant le programme de travail sur 5 ans, en croisant les
demandes et les questionnements venant des
agents de terrain, en instillant une vision plus
globale des ressources forestières.
Le programme retenu est alors présenté au Gouvernement wallon qui statue et dégage ensuite
un budget pour 5 ans, à titre d’information, de
l’ordre de 1,2 million d’euros par an. Pour Marc
Herman, « le programme de recherches tient
compte à la fois des problématiques et des questions que les gestionnaires soulèvent et auxquelles il faut apporter une réponse, que des
sujets importants basés sur une vision à plus long
terme ».
Le Comité de Pilotage interviendra par la suite
dans la mise en œuvre de ce programme. « Il va
pouvoir amender ou valider les protocoles de recherches qui sont proposés par les universités ».
Il se réunit 2 fois par an. Un véritable dialogue
s’est installé entre tous les intervenants. Ce qui
est intéressant dans ce processus, pour Caroline
Vincke, c’est « l’établissement de collaborations
avec nos collègues français (ONF, INRA…) et du
Grand-Duché de Luxembourg. Ceci n’aurait jamais vu le jour s’il n’y avait pas l’Accord Cadre.
C’est très enrichissant et cela évite de refaire des
recherches qui ont été réalisées par ailleurs ».
Une plus-value partagée
Pour la Professeure de l’UCL, « les projets de l’Accord-Cadre sont pensés de telle manière que les
résultats puissent trouver une application sur le
terrain. Il faut que cela aille jusqu’à un aboutissement pratique. Certaines recherches ont une vocation très appliquée à court terme, généralement
dans les deux ans. Le programme autorise aussi
le développement de recherches avec une finalité
à moyen terme, on opère alors par étapes : intégration d’une première recherche, puis d’une
autre, etc.». «Ce qui n’empêche pas» comme dit
Hugues Claessens « de faire de la recherche plus
fondamentale sur une partie de l’Accord-Cadre».
Un facteur important souligné par le représentant de l’Ulg est que « l’Accord-Cadre permet,
dans chacune des universités, de stabiliser des
équipes de chercheurs. Chacune a ses spécificités, ses compétences propres, elles travaillent à
différentes échelles. De façon générale, les recherches menées à Ulg-GxABT sont plus liées à
la gestion empirique ou à des modèles de peuplements, tandis que les équipes de l’UL sont
plus axées sur la compréhension de la relation
sol-plante-climat en lien avec la vitalité des peuplements ». Cela génère inévitablement des
échanges et des partages.
Il y a aussi, grâce à l’Accord-Cadre, de nouvelles
compétences qui s’acquièrent… Marc Herman
prend l’exemple des nouvelles technologies et en
particulier du travail avec le Lidar (technologie
d’acquisition de données par télédétection aéroportée). « C’est une forme de recherche semi-appliquée qui a vu le jour dans le 3e Accord-Cadre
Mise en pratique sur le terrain des résultats de la recherche et formation des agents forestiers
mais dont on ne connaît pas encore les résultats.
Ils sont attendus d’ici 3 ou 4 ans pour le gestionnaire forestier ».
De la recherche à la pratique
Pour faire connaître les résultats des recherches
au plus grand nombre, « les équipes des deux
universités se sont associées à un organisme de
vulgarisation : Forêt Wallonne asbl. Sa mission
est de diffuser les résultats dans la pratique », indique Hugues Claessens. Ce transfert de
connaissances entre chercheurs et gestionnaires
- publics et privés - se fait de différentes manières : organisation de formations pour les
agents publics, colloques ou conférences, mais
également édition des résultats de recherche
dans la revue “Forêt Wallonne”.
L’objectif est que les résultats de la recherche
trouvent rapidement des applications concrètes
sur le terrain. « Chaque nouvelle recherche doit
à terme s’intégrer dans la gestion quotidienne
des agents ».
Pour nos témoins, « il y aura de moins en moins
une réponse unique à une problématique donnée. L’environnement est tellement changeant
que cela va être de plus en plus au cas par cas. Il
faut dès maintenant poser les bonnes questions
en termes de gestion forestière, et soutenir les
gestionnaires en leur fournissant les informations
scientifiques et techniques pertinentes, par
quelque voie que ce soit : consultation d’experts,
d’ouvrages, formations thématiques, etc. ». C’est
là un des défis d’un prochain Accord-Cadre. n
© Forêt Wallonne asbl
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 25
portrait d’entreprise
Le Parpaing Bois Massif, PBM® Bloc
un lego® pour adultes…
Les salons professionnels, à l’image de
Batimoi auquel participait RND, s’accompagnent de moments de convivialité
impromptus, une fois le public disparu.
C’est là que l’on peut faire des rencontres
inédites, où l’on se prend à converser avec
des gens de l’ombre, plus exactement des
personnages entre deux eaux : inventeurs
d’un produit qu’ils jugent génial mais
encore en quête de marchés pour en vivre.
Des professionnels qui nous échappent
trop souvent car encore méconnus… David
Vanbrabant est l’un d’eux ; le hasard a eu
la bonne idée de nous mettre en contact.
Avec son produit, le Parpaing Bois Massif
(PBM ), il espère aller très loin. Mais derrière le fougueux développeur transparaît
le doute du chef d’entreprise. « Je suis face
à un gouffre avec, à 3 mètres, un rocher à
atteindre. Je peux enjamber… mais il ne
faut pas faire d’écart ! ». Belle allégorie qui
nous met, d’emblée, dans le bain.
®
L’incertitude du lendemain
David Vanbrabant a connu le bloc en bois en
2008, un flash immédiat. « C’est un système
constructif qui existe depuis bien longtemps, les
années 1900, mais qui n’a jamais été développé
par manque d’industrialisation ».
Depuis cette rencontre, son parcours a été semé
d’embûches. D’abord par excès de confiance,
« moi et mes associés, nous nous sommes enflammés pour le concept mais avec un produit
trop peu abouti ». Résultat : tout le monde
quitte le navire, David Vanbrabant s’acharne
seul.
Ensuite, il y a quatre longues années consacrées
quasi exclusivement à développer le produit, à
le faire évoluer, à le tester avec le CTIB (Centre
Technique de l’Industrie du Bois). « Quatre années durant lesquelles les affaires sont difficiles,
peu d’argent rentre dans les caisses ».
À force d’obstination, notre passionné parvient
à obtenir un agrément technique belge (ATG).
« C’est avec notre 5e génération de Parpaing
Bois Massif que nous avons pu décrocher cette
reconnaissance de qualité qui ouvre forcément
de nouvelles perspectives ». En effet, le label
ATG signifie que le produit ou le système de
26 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
David Vanbrabant et le fruit de ses cogitations en main. Ça n’a l’air de rien… un parallélépipède en bois… et pourtant…
construction bénéficie d'une appréciation favorable, certifiée par un organisme extérieur à
l’entreprise. L’ATG est très recherché, s’agissant
de l'un des principaux leviers de qualité dans le
secteur de la construction. Mais l’ATG, à lui seul,
ne fait pas le marché…
Quand on tire la langue et qu’on se retourne
vers ces financeurs, ça ne va jamais car le bilan
présenté n’est pas assez bon… Forcément ! ».
Dernier commentaire, un élément de progrès,
« trop d’aides sont faites pour les gens qui n’ont
encore rien entrepris. On va les aider à faire une
étude de produit, une étude de marché… Par
contre quand on sait où on va, ces aides sont
inutiles. Ce qui fait cruellement défaut à une
jeune entreprise, c’est un appui commercial
pour l’aider à se faire connaître, à émerger dans
les médias… ».
En matière d’accompagnement des créateurs
d’entreprises, David Vanbrabant y a goûté, il distribue les bons points, et les mauvais. Côté plébiscite, « les chèques technologiques sont
formidables ! C’est 100 % efficace pour les petites entreprises comme la mienne. Obtenir un
ATG est très compliqué : il faut réaliser énormément de tests, c’est du temps et de l’argent.
Heureusement que ce système existe ! ».
La passion du bois massif
L’AWEX est également saluée. « C’est un bon
accompagnement pour les TPE et les PME. Ils
font très bien leur travail à l’international et facilitent l’accès à des salons hors de nos frontières. Seul bémol, beaucoup de formalités pour
se faire rembourser ».
« Nous sommes l’aluminium de demain ! » lâche
David Vanbrabant. Pour lui, le Parpaing Bois
Massif est voué à une grande destinée. Cette
certitude il la fonde sur un composant bois particulièrement réfléchi contrairement à ce qu’on
pourrait penser de prime abord.
Versant opposé, David Vanbrabant vilipende les
organismes financiers, publics et privés. « Ils sont
trop frileux. Il faut mettre en garantie nos biens,
c’est déjà fait car je crois en mon projet. Le problème c’est que nous sommes tous, au début,
des créateurs d’entreprise sous-capitalisés.
« Le PBM est un produit 100 % naturel. Il est travaillé en parallélépipède pour être plus facile à
manipuler et à empiler. Chaque bloc mesure
60 cm de longueur, avec cette taille on évite les
tensions liées au bois et les déformations par voie
de conséquence. On peut jouer sur l’épaisseur du
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Belgique, France, Maroc, Suisse… les réalisations se multiplient. Le Parpaing Bois Massif peut rester en l’état, en extérieur, mais il peut aussi être recouvert (brique, pierre, crépi…).
composant - 10, 14 ou 19 cm - pour aller du cabanon à la grosse maison, voire au-delà… On
peut même doubler les parois afin d’atteindre
des coefficients thermiques hors du commun ».
Sur un cas concret, et avec un recul suffisant,
David Vanbrabant évoque « une maison familiale construite en PBM de 19 cm d’épaisseur
sans isolant aux murs. Le coût annuel du chauffage est de 240 € ».
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Pour en arriver à une telle performance, il y a
un double secret : « notre produit est en bois
massif. On profite de tous les avantages du matériau en matière mécanique et technique, sans
crainte des ponts thermiques ou de la condensation. L’autre secret, ce sont les lèvres de compression qui sont profilées dans le bloc bois. Ces
lèvres sont pressées au moment du vissage ce
qui crée un joint étanche à l’air ».
pas de risque de casse de la tige, ou que l’air
pénètre à terme, car les madriers empilés n’ont
pas de bouvetage spécial étanchéité ».
Les différents blocs de 60 cm de long sont solidarisés entre eux grâce à une clé découpée dans
du MDF, un panneau de fibres. Pour le reste,
tout est prévu. « Nous proposons des éléments
d’angle, des lisses basses, des linteaux pour les
portes et fenêtres, des linteaux d’arase pour les
planchers et les toitures… C’est également en
bois massif ».
Ce bois, uniquement des petites sections, provient de notre région et des pays voisins, Allemagne et France. « On privilégie le local et le
douglas qui est très durable, avec un excellent
rapport qualité/prix ».
70 réalisations dont des annexes, des cabanons,
des maisons, et même un restaurant. Cela va de
12 à 450 m2 au sol. Nous sommes très contents
car il n’y a eu aucun retour négatif, aucun litige
et nous avons reçu énormément de compliments sur notre produit ».
Les choses prennent une tournure très singulière quand David Vanbrabant s’arrête sur l’un
de ses chantiers. « À Manhay, un client a réalisé
lui-même un gîte de 320 m2 ». Jusque-là rien
d’étonnant ! « Sauf à savoir qu’ils ont été
construits par une personne très déficiente visuellement et son oncle aveugle, une maladie
génétique familiale. Ceci met en évidence la facilité de mise en œuvre du produit ». On reste
estomaqué… pourtant cet exemple n’est pas
unique : des personnes d’un certain âge et des
femmes seules se sont essayées avec succès à la
construction en PBM .
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Des chantiers qui font espérer
Aux yeux de notre hôte, « on vient d’inventer la
maçonnerie bois ! Et contrairement à la technique du madrier empilé qui joue sur une tige
filetée tendue pour solidariser les éléments, ici
Pour notre entrepreneur, « on commence à
peine à avoir du vent dans les voiles. Ces trois
années passées, nous avons vendu entre 60 et
Comme le conclut David Vanbrabant évoquant
son futur professionnel, « tout ça se joue juste
sur le fait d’une rencontre, sur le fait d’une
réussite qui va nous aider à nous faire
connaître ». Le gouffre… Le rocher à 3
mètres… Cette double page atténuera peutêtre la distance, pardonnera un écart ? C’est
notre souhait.
n
Contact:
PBM Bloc
Rue de Fexhe Slin, 67 - B-4680 Hermée
Tél.: 04 234 02 60
GSM: 0477 33 79 20
E-mail: [email protected]
Site: www.pbmbloc.com
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Le montage du PBM est similaire au lego , mais les plots ont été remplacés par des vis et des lèvres assurent l’étanchéité.
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LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 27
réseau pierre
« Mon travail, c'est menuisier
Un des grands plaisirs et bénéfices de travailler chez RND, c'est d'être amené à des
rencontres intéressantes et intensément
humaines. Ce fut le cas avec Alex Detournay. Électricien, designer, mais surtout un
homme ouvert, sympathique en diable, et
rempli de la sagesse propre aux miraculés
qui ont vu la lumière au bout du tunnel.
Il en a vite eu marre, Alex, tant « le travail de forçat l'emportait sur les luminaires ». Et puis il
trouvait que « les luminaires sont super chers,
pas toujours top qualité, ni très faciles à monter ». Surtout, il y avait ses luminaires, ceux qui
« hantent mes nuits au point de m'empêcher de
dormir, qui me font bouillir le cerveau ». Une
fièvre qui ne retombe que quand il s'éveille pour
transformer sa vision en croquis.
D'électricien à designer
C'est au début de ce millénaire qu'Alex a « chipoté avec un spot dans un bloc de pierre, directement avec un LED ». Pourtant, à cette époque,
les LED n'étaient pas encore très performants et
coûtaient vraiment plus cher. Sans compter qu’ «il
a fallu que je développe ma propre douille car
celles qu'on trouvait sur le marché n'étaient pas
100% imperméables ». « Après trois ans de développement, d'essais-erreurs et d'apprentissage du travail de la pierre, j'avais enfin un
modèle dont j'étais fier et que je pouvais vendre
en confiance ». Car, « le produit a fait toutes ses
maladies et aujourd'hui il est assez fiable pour
que je le garantisse 10 ans ».
Alex Detournay a débuté dans le monde du travail comme électricien. C'était il y a quinze ans.
Déjà à cette époque, plutôt que de découper
des kilomètres de saignées dans les murs, il
« préférait placer des luminaires, optimiser
l'éclairage et l'ambiance d'une pièce. C'est une
passion. C'est elle d'ailleurs qui m'a poussé à
devenir électricien ».
© Photo Detournay
Une vision
et quelques errements
Pour Alex Detournay, « travailler avec les ressources locales s'impose. On vit dans une région
de pierres [ndlr : à Tournai, cela ne s'invente
pas !]. Et la pierre bleue a des qualités extraordinaires ». Il l'aime la pierre bleue, « autant pour
sa beauté que pour ses qualités mécaniques ».
Mais, « apprendre à la travailler n'a pas été
simple ». Et quand on lui pose la question de savoir pourquoi il ne délègue pas à une marbrerie
ou un tailleur de pierre, il répond avec un sourire : « mon travail demande une précision au
10e de mm, une précision que les tailleurs de
pierre n'ont pas l'habitude d'atteindre », et
d'ajouter : « mon travail, c'est menuisier de la
pierre ! ».
On pourrait croire qu'avec le développement
technique pour adapter sa propre douille, la
modification de sa carotteuse pour atteindre
la précision nécessaire, Alex aurait déposé un
28 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
© Photo RND
Les idées lumineuses d'Alex Deto
Alex Detournay, électricien et designer, passionné et ouvert.
brevet. Il n'en est rien. Par contre, « j'ai fait des
dépôts de design pour qu'on ne copie pas mes
créations. Aujourd'hui j'ai pas loin de quarante
modèles déposés ». Pas étonnant que ses nuits
soient enfiévrées ! « Maintenant, je me force à
ne plus développer de modèles. Je me
contente de dessiner des croquis. C'est que les
six premières années de mon activité, j'ai passé
plus de temps à créer de nouveaux modèles
qu'à vendre et installer ceux qui étaient au
point. Et ce n'est pas un modèle économique
sain ».
Alex fait tout de A à Z, l'intérieur en inox, les
découpes de plexiglas, l'assemblage, l'installation chez le client. « Les premières années,
quand je me retrouvais à l'atelier pour produire
des luminaires, je devais me forcer pour ne pas
chipoter à de nouveaux modèles. Parfois, je craquais… », nous confie-t-il. Peut-être était-il donc
plus sage d'engager un ouvrier pour travailler la
pierre. Ce qui lui a permis de se concentrer sur
les aspects d'assemblage, d'installation et la
« conduite de l'affaire ». Car au même moment,
il a confié les aspects commerciaux à sa sœur,
Virginie.
de la pierre ! »
© Photo Detournay
urnay
Applique murale ECU : à gauche, croquis initial et à droite, le produit fini.
2013 a été une année de remise en question.
Changement de la tactique commerciale, étude
de marché, modification des outils de communication, Alex et Virginie n'ont pas lésiné sur les
moyens afin de s'assurer que 2014 sera l'année
de l'essor. Bien leur en a pris car ils savent désormais que « notre cible, ce sont les architectes
paysagistes ». Dès lors, « nous nous concentrons
désormais sur nos gammes de luminaires extérieurs. Nous nous sommes rendu compte qu'à
présenter trop de modèles, on perdait le client
qui ne savait plus quoi choisir ».

© Photo RND
© Photo Detournay
…de designer
à chef d'entreprise?
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 29
réseau pierre

Cependant, Alex et Virginie n'ont pas fait une
croix sur les luminaires intérieurs. Mais, « c'est
un autre marché, moins évident à prospecter.
Dans un premier temps, nous allons nous faire
un peu connaître dans la presse spécialisée
grâce aux luminaires d'intérieur que nous avons
déjà. C'est aussi pour cela que nous finalisons
actuellement un dossier de presse ».
30 - LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014
© Photo Detournay
Nous n'avons pas été voir Alex les mains vides.
Ou plutôt, le coffre vide. Car celui de notre voiture était rempli d'un évier et de cinq appuis de
fenêtre réalisés dans le cadre de notre étude de
valorisation marbrière des pierres siliceuses (voir
nos Infos, 4ème trimestre 2008). Alex a beaucoup apprécié la pierre de Fontenoille et nous
avons de suite convenu de nous lancer dans le
projet de la tester pour l'adapter à ses gammes
de luminaires. Un projet d'autant plus motivant
que Virginie rentrait, avec de bonnes nouvelles !, de deux jours de prospection intensive
en province de Luxembourg…
n
Contact:
AD Light
http://alexdetournay.com/
© Photo RND
Alex Detournay en province de
Luxembourg?
© Photo RND
Ce nouveau cap implique aussi un changement
dans le métier d'Alex. « Je suis de moins en
moins artisan et de plus en plus chef d'entreprise. Gestion des commandes et de la production, management de mon ouvrier et de
Virginie, je passe moins de temps à l'atelier désormais ». Il n'est pas question de faire de AD
Light une industrie car Alex veut « garder une
dimension humaine à mon activité. Par contre,
il faut monter en puissance pour assurer un revenu stable à toute l'équipe. Il est temps d'engranger les bénéfices de tant d'années passées
à développer l'outil ».
© Photo RND
Leur atout commercial ? « Nous avons un produit haut de gamme que nous développons
quasi entièrement nous-mêmes puisque moins
de 25 % de la production des pierres est soustraitée. Nous voulons assurer à notre client une
installation et un service technique top qualité.
Et nous voulons le rassurer avec une garantie de
10 ans que personne d'autre ne propose ».
lectures
Bois d’aviation
Sans le bois, l’aviation
n’aurait jamais décollé
Le bois a permis l’envol de l’aviation et, pendant un siècle, son
épanouissement. Matériau facile à travailler, léger, souple,
résistant et largement disponible, il est naturellement devenu
le premier matériau de structure, puis de revêtement.
Auteur: Jean-Marie Ballu
Éditeur: Institut pour le Développement Forestier
Format: 24 x 30 cm - Prix: 37 €
Disponible notamment sur www.fnac.be
L’auteur nous entraîne dans les menuiseries et les ateliers bois des
avions, assister aux tâtonnements avant les premiers envols, au choix
des meilleurs bois d’aviation en forêt, aux techniques d’assemblage de
ces bois pour garantir la légèreté et la sûreté. Il retrace la construction
de nombre d’avions de légende, civils ou militaires, comme celle du
célèbre Mosquito anglais, chasseur en bois de la Seconde Guerre plus
rapide que ceux en métal, ou celle du plus grand avion jamais construit
au monde, avec 18 m d’envergure de plus que l’A380, le Spruce
Goose. Il traite de l’évolution de la construction des avions de chaque
époque, sans oublier les hydravions et la naissance de l’aéronavale.
Construire
en pierre de taille
aujourd’hui
Le travail de Gilles Perraudin a incontestablement été décisif
dans le renouveau de la construction en pierre massive.
À travers ce livre, il partage son expérience en apportant des réponses
concrètes sur ce processus de construction spécifique. Plutôt qu’une
somme exhaustive, Gilles Perraudin a choisi d’expliquer un projet
récent qui montre bien le processus de construction complet et
détaillé : le Musée des Vins de Patrimonio. Toutes les étapes sont
décortiquées. Il explique également la philosophie de sa démarche à
la fois architecturale et environnementale.
Construire en pierre de taille aujourd’hui,
Éditions Presses du réel - 64 pages
www.librairie-de-la-pierre.com
Grâce à la vision et à l'expérience de Gilles Perraudin, cet ouvrage très
concrètement illustré constitue d’ores et déjà une référence en la
matière.
LES INFOS DE RND - 1er trimestre 2014 - 31
Les inscriptions au Week-end du bois
et des Forêts d’Ardenne sont ouvertes !
les 17-18-19 octobre 2014
la 10e édition à ne pas rater !
Voilà 10 ans que le Week-End du Bois et des Forêts d’Ardenne, une organisation de Ressources Naturelles
Développement, est le rendez-vous annuel de la filière forêt-bois au cours duquel professionnels, entreprises,
artisans du secteur se mettent sur leur 31! Ce n’est pas tout, des acteurs touristiques sont également associés
(organismes touristiques, restaurants, hébergements) et font découvrir au public nos plus belles forêts et leurs produits!
Entreprise, artisan de la filière ?
Profitez du week-end pour organiser
vos portes ouvertes, partager votre passion, faire visiter votre établissement, faire
des démonstrations, lier des contacts avec les professionnels !
Restaurateur ? Proposez un menu "forêt" durant le Week-end !
Hébergement ?
Ouvrez vos portes pour présenter vos infrastructures !
Rendez-vous sur
www.leweekenddubois.com/espace-acteurs
pour connaître nos conditions
Une organisation de :
Avec le soutien financier de :
Retrouvez-nous sur facebook ! www.facebook.com/weekenddubois
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