80 - Le Commerce du Levant - Août 2010
affairescommunication
QUELLE EFFICACITÉ ?
Si les réseaux sociaux offrent une grande visibi-
lité, ils ne génèrent pas forcément des retom-
bées directes importantes. Sur Facebook en
particulier, le taux de clics sur les publicités
reste assez faible, de l’ordre de cinq ou six pour
mille. D’autres réseaux permettent d’atteindre
des taux de clics beaucoup plus élevés, par
exemple de l’ordre de 73 pour mille sur Jeeran,
un réseau social très utilisé dans la région, mais
boudé par les annonceurs libanais.
Les réseaux sociaux sont de ce fait utilisés pour
l’instant, en complément des médias tradition-
nels, pour des campagnes visant pour l’essen-
tiel à développer l’image d’une entreprise ou la
notoriété de marques. Quelques contre-
exemples, parmi lesquels le promoteur immobi-
lier Sayfco, un des plus gros annonceurs en
ligne au Liban, ont cependant déjà prouvé que
la publicité sur les réseaux sociaux peut avoir un
impact très important sur les ventes.
Pour y parvenir, il ne suffit pas cependant de
diffuser quelques bannières sur Facebook ou
des vidéos sur YouTube. Pour Karim Saikali,
il est nécessaire de développer une véritable
stratégie combinant des bannières au sens
classique, avec l’animation d’une page et
d’un groupe. Là encore, les réseaux sociaux
font éclater les frontières de la publicité :
qu’il s’agisse d’une bannière achetée, d’une
page, d’un groupe de fans, de discussions
ou de vidéo-clips, tout peut être utilisé à des
fins publicitaires.
Line Abou Nasr, media manager chez
Vertical
« Aujourd’hui, nous avons des clients qui nous
demandent spontanément de faire de la publi-
cité sur Facebook. Il y a un effet de masse :
puisque tout le monde y est, je veux y être
aussi. Je crois également que la force de
Facebook au Liban est liée aux mentalités, les
gens adorent tout savoir. D’autres réseaux
sociaux peuvent être intéressants, YouTube
pourrait être beaucoup plus utilisé au Liban si la
qualité des connexions Internet s’améliore. On
peut mettre en ligne des spots publicitaires, en
revanche l’option permettant de développer de
véritables chaînes de marques sur YouTube,
avec une page dédiée et un habillage spéci-
fique n’est pas disponible au Liban. YouTube
n’a ouvert ce service qu’aux entreprises basées
aux États-Unis, au Canada, en France, en
Allemagne ou au Royaume-Uni. »
Carla el-Assaad, responsable marketing
chez Procter & Gamble pour les produits
de beauté et d’hygiène au Moyen-Orient
« Nous avions déjà mis quelques publicités
sur Facebook, mais c’est la première fois
que nous l’utilisons de manière aussi impor-
tante, en nous appuyant sur des groupes de
fans, dans le cadre d’une campagne pour
Crest au Liban. C’est le site le plus visité ici,
alors il nous a semblé logique d’acheter des
petites bannières sur Facebook, en complé-
ment des autres médias. Sur ce réseau, il y a
aussi une culture de l’image : on aime parta-
ger ou montrer des photos. Ce qui correspon-
dait à ce que nous cherchions pour ce
concours. En moins d’un mois, nous avons eu
presque 2 500 participants au concours. De
nombreux consommateurs utilisent également
leur page Facebook pour inciter leurs amis à
voter pour un candidat. »
Trois questions à
Chahé Yérévanian,
PDG de Sayfco Holding
Depuis quand utilisez-vous les
réseaux sociaux à des fins publici-
taires ?
Nous avons commencé à faire un peu de
publicité en ligne à la fin des années
1990, mais aujourd’hui cela représente
70 % de notre budget publicitaire. Et la
moitié de la publicité que nous faisons en
ligne est concentrée sur Facebook. C’est
en 2009 que j’ai compris le potentiel de
ce réseau social pour notre entreprise :
pour les 50 ans de notre société, nous
avons organisé une loterie avec un
appartement d’un million de dollars à
gagner, et nous avons créé une page
Facebook avec un groupe. En moins de
six mois, nous sommes arrivés à 12 000
fans.
Quel est l’intérêt de Facebook ?
Une grande partie de nos clients sont des
Libanais expatriés ou des étrangers, or
Facebook est le seul moyen de les joindre
directement, quel que soit l’endroit où ils
se trouvent. Nous avons donc continué à
développer notre stratégie de publicité en
ligne, en nous appuyant sur Facebook :
c’est sur notre page Facebook que nous
annonçons nos nouveaux projets et que
nous offrons des promotions à nos fans,
aujourd’hui plus de 120 000. C’est
énorme, d’autant qu’il s’agit en majo-
rité de Libanais expatriés, intéressés
par l’immobilier et éventuellement
prêts à investir.
Avez-vous pu mesurer l’impact de
vos campagnes sur les réseaux
sociaux ?
Pour le projet Horizon à Dbayé, nous avons
annoncé début mai sur notre page
Facebook une remise réservée à nos fans :
15 000 dollars pour un appartement de
145 mètres carrés. Nous avons vendu 52
appartements en moins de 24 heures,
sans qu’aucune autre annonce n’ait
été faite. Facebook génère d’excel-
lents retours, surtout pour les apparte-
ments dont le budget est compris
entre 100 000 et 300 000 dollars.
Mais je crois que ce n’est qu’un début,
car le potentiel de Facebook est énorme.
C