Analyse comparative de la charge virale VIH-1 dans le sang, le sperme et la salive
Revue critique
de l'actualité scientifique internationale
sur le VIH
et les virus des hépatites
n°55 - mai 97
SPERME
Analyse comparative de la charge virale VIH-
1 dans le sang, le sperme et la salive
Sophie Chamaret
Unité d'oncologie virale Institut Pasteur (Paris)
Analysis of
HIV-1 load in
blood, semen
and saliva :
evidence for
different viral
compartments
in a cross-
sectional and
longitudinal
study
Liuzzi G.,
Chirianni A.,
Clementi M.,
Bagnarelli P.,
Vanlenza A.,
Cataldo P.T.,
Piazza M.
AIDS, 1996,
10, F 51-56
Cette étude, critiquable sur le plan méthodologique, soulève
l'hypothèse de compartiments viraux différents aux niveaux
sanguin, spermatique et salivaire.
Le sperme et probablement la salive sont impliqués lors de la
transmission sexuelle du VIH. Dès 1984, le VIH a été isolé de
la salive, et des pratiques sexuelles impliquant la salive
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Analyse comparative de la charge virale VIH-1 dans le sang, le sperme et la salive
comme seul moyen de contamination ont été décrites en 1988
et 1989. Une charge virale élevée dans la salive et le sperme
peut être un des facteurs importants dans le risque de la
transmission du VIH.
Dans cette étude, les auteurs comparent la charge virale dans
le plasma, le sperme et la salive. Ils analysent d'une part la
relation entre les virus libres dans ces fluides et le statut
clinique et immunologique, et, d'autre part, les variations de la
charge virale dans le sperme et la salive en fonction des
modifications de la charge virale plasmatique.
Vingt-six personnes séropositives ont été suivies, 12
asymptomatiques (moyenne des CD4 580/mm3) et 14
symptomatiques (moyenne des CD4 251/mm3).
Une étude longitudinale a été possible chez 9 d'entre elles
avec des prélèvements effectués aux temps 0, 3, 6 et 9 mois
et, au total, 23 «ensembles» sang-sperme-salive ont été
obtenus. Deux sujets séronégatifs ont également participé.
La technique utilisée pour étudier les charges virales est la
plus performante actuellement. L'ARN est extrait des
différents échantillons, puis amplifié par RT-PCR
(Polymerase Chain Reaction précédée d'une transcription
inverse) et quantifié. La RT- PCR quantitative consiste à faire
des dilutions des ARN à tester en ajoutant une même quantité
connue d'un marqueur ARN de taille différente des ARN à
tester. On peut ainsi déterminer la quantité contenue dans une
certaine dilution quand le signal est identique à celui du
marqueur.
Les séquences d'ARN viral ont été détectées dans 26/26
plasmas, 25/26 échantillons de sperme et 24/26 de salive.
Tous les résultats ont été négatifs pour les personnes
séronégatives.
Les moyennes de nombre de copies d'ARN ont été de 14
817/ml (167-254 880) pour les plasmas, 515/ml (0-196 050)
pour les spermes et 162/ml (0-72 080) pour les salives. Enfin,
les charges virales sont significativement plus faibles dans le
sperme et la salive que dans le plasma.
Dans l'étude croisée, l'ARN viral a été détecté dans tous les
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Analyse comparative de la charge virale VIH-1 dans le sang, le sperme et la salive
plasmas, 96% des échantillons de sperme et 96% de salive. Le
seul échantillon de sperme ARN négatif appartenait à un
patient non progresseur à long terme, avec une charge virale
également basse dans le plasma et la salive.
La corrélation observée dans le nombre de copies d'ARN
entre le plasma et la salive peut reflèter une contamination de
la salive par le sang à travers de micro-lésions. Dans une autre
étude, les mêmes auteurs avaient retrouvé du sang dans le
salive de 50% de sujets sains, sans lésion apparente dans la
muqueuse buccale, et de 65,7% de sujets séropositifs.
En revanche, les charges virales du sperme et du plasma ne
sont pas corrélées, et ces résultats confirment les études
précédentes (1). Cela renforce un travail antérieur montrant
que les virus isolés du sperme ont un phénotype différent de
ceux isolés du plasma. Autant d'arguments renforçant la
notion selon laquelle le plasma et le sperme sont des
compartiments différents, des facteurs locaux, comme des
inflammations ou d'autres infections, pouvant avoir un effet
important sur la concentration du VIH dans le sperme.
Les résultats de l'étude longitudinale vont dans le même sens:
la charge virale dans le sperme est indépendante du stade
clinique du patient et du nombre de lymphocytes CD4+. Et
même si le nombre de copies d'ARN viral ne reflète pas
forcément la charge infectieuse, tous les sujets infectés par le
VIH doivent toujours être considérés potentiellement
infectieux. Il est d'ailleurs intéressant de rappeler que, chez un
patient, dans deux prélèvements sur trois, la charge virale
dans le sperme était beaucoup plus élevée que dans le plasma,
et ce malgré un état clinique et des conditions biologiques
satisfaisantes (500 lymphocytes CD4/mm3 en moyenne).
Si la charge virale dans la salive est plus élevée chez les
patients ayant un nombre de CD4 inférieur à 200/mm3, il n'y
a pas de différence significative entre les charges virales des
différents fluides chez les patients traités et non traités.
Cependant, les patients avaient tous commencé l'AZT depuis
seulement 6 mois, et leur nombre était trop faible pour être
apparié avec les non traités en fonction du nombre de CD4+.
Enfin, chez 3 patients traités par l'AZT et 4 non traités, les
différentes charges virales ont diminué. Cela confirme que les
réactions à l'infection par le VIH-1 sont particulières à chaque
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Analyse comparative de la charge virale VIH-1 dans le sang, le sperme et la salive
patient et dépendent d'un nombre de paramètres qui sont loin
d'être maîtrisés.
Il était souvent admis que la charge virale est fonction de l'état
clinique et immunologique de la personne infectée. Les
résultats de ce travail montrent au contraire qu'il est
impossible de prévoir le risque infectieux, même chez les
patients asymptomatiques. Il faut donc rappeler ce que
certains ont tendance à oublier: tout séropositif pour le VIH
doit être considéré comme infectieux pour ses partenaires
sexuels. - Sophie Chamaret
1 - Liuzzi G et al.
«Quantification of HIV-1 genome copy number in semen and
saliva»
AIDS, 1995, 9, 651-653
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