Comprenons-nousvraimentlamecanique
quantique?
F.Lale
LaboratoireLKB¤
,DepartementdePhysiquedel'ENS
24 rueLhomond,F75005 Paris,France;
InstituteofTheoreticalPhysics,UCSB
SantaBarbara,California,USA.
1Introduction,historique.
Iln'estpasinutile,danslecadred'unediscussioneneralesurnotre comprehension
profondedelamecaniquequantique,de commencerparun brefrappelhistorique;
c'estunefa»con demieuxsituerle contexteeneraletle cadre conceptueldesdis-
cussions.Defait,revenirauxsourcesestsouventunebonne chosedansun sujet
commelesfondementsdelamecaniquequantique,oµutantd'ideesrecurrentes
sontconstamment redecouvertes,reapparaissantparfois soitpresqueidentiques,
soit remisesaugo^utdu jour,soitparfois simplementembelliespardesnoms
nouveauxbientrouves.
Les\pµeresfondateurs" avaientene®etdejµa vu,trµest^ot,bien desaspectsd'un
debatdontl'essence,pour¯nir,n'apastellementchanedepuismaintenant trois
quart desiµecle.Laplusgrandedi®erence danslaperception de cesproblµemes
est,peut-^etre,surtoutunequestion d'attitude.Ene®et,pendantlongtempset
µa lasuitede ce debatfameuxentreBohr,Einstein,Pauli, deBroglie,Bornet
d'autres, la grandemajoritedesphysiciensasemble considererl'interpretation de
Copenhague commeacquise,reellement\incontournable".Chacun saitque cette
interpretationestbasee surl'idee d'un non-determinisme essentielen physique
quantique etsurl'impossibilitefondamentaled'allerau delµa du formalismedela
fonction d'onde;pourcertains,elle comprend m^emelafameuse(etdi±cile)notion
eneralede complementarite...quiapourtantdonnelieuµa tantd'interpretations
diverses selonle contexte!L'impressiongeneraleetaitqueBohravaitcomplµetement
triomphed'Einsteinaucoursdeleurscelµebresdebats.Maintenant, l'attitudequi
prevautdanslacommunautedesphysiciensestbeaucoup plusprudente,peut
¤Uniteassociee auCNRS numero 18.
1
^etreparce quelanon-pertinence destheorµemesd'impossibiliteenoncespasles
tenantsdel'orthodoxie(ceuxdeVon-Neumann en particulier[1])estbienentree
danslesacquisintellectuels.Al'heureactuellenousnesommesplusvraiment
s^ursdetenirdansl'interpretation deCopenhaguelaseulequisoitlogiquement
acceptable.Defait,despointsdevue comme celuides\mondesmultiples"(ou
desbranchesmultiplesdel'univers),des\variables supplementaires",des\his-
toiresdecoherentes",sontmaintenantconsiderescommeparfaitementhonorables
etcredibles - voirparexemplel'articlerecentdeGoldstein dans PhysicsToday[2]
quiestcaracteristiquede cettetendance.Maisnetombonspasdansl'excµesin-
verse: il est toutaussiclairquerien n'estvenu contredirejusqu'µa maintenant
lepointdevueorthodoxesurlamecaniquequantique,desortequ'il serait trµes
exag¶erededirequel'interpretation deCopenhague estmoribonde..
1.1 Troisetapes
Troisperiodespeuvent^etredistingueesdansl'elaboration delamecaniquequan-
tique,qui luiontpermisd'emerger tellequedansl'etatoµu nouslaconnaissons
actuellement;nouslesresumeronsicitrµes succinctement,renvoyantlelecteurqui
voudraitplusdeprecisionsparexempleaulivredeJammer[3]. Pourdesdis-
cussionsdetailleesdesproblµemesfondamentauxdelamecaniquequantique,on
pourrasereporterparexempleµa [4]et[5].
1.1.1La\prehistoire"
Dµesqu'on parledesdebutsdelaphysiquequantique,Planckestevidemmentle
premiernom quivientµa l'esprit:c'estluiquiaintroduitlacelµebre constantehqui
porteson nom,defa»conassez phenomenologiqueil estvrai; il l'afaitdansle cadre
d'unetheoriedestinee µa expliquerlanaturedu rayonnementenequilibrether-
mique(rayonnementdu corpsnoir),µa partirdelanotion d'echangesdiscontinus
avec lamatiµere.VientensuiteEinstein,quiprend l'idee plusauserieuxencore,
etintroduitveritablementlanotion degrain delumiµere(quiporteraplustardle
nomdephoton),dans safameuse explication del'e®etphotoelectrique.Mais,si
l'onyre°echit, laquestionquietaitpeut^etrelaplusurgenteµa l'epoqueetait,
plut^otqued'expliquerdesproprietes¯nesdu rayonnementelectromagnetique,
derendre comptedelastabilitedesatomes,c'est-µa-diredetoutelamatiµerequi
nousentoure etnousconstitue!Ilfautattendreun peu plus,jusqu'µa Bohretson
celµebremodµeleatomique,pourlavoir traiter.C'estluiqui introduitlanotion
d'orbitepermise etde\sautquantique"pourdecrirelepassaged'un electron
d'uneorbiteµa uneautre.Ilfautbienreconna^
itreque,souscetteformeprecise,
lesdeuxnotionsontpresquedisparu delaphysiquequantiquemoderne; les sauts
quantiques sont remplacesparlatheoriemodernedel'emissionspontanee,mais
ilsont trouveunesortederesurgence dansun autre contexte: le\postulatde
reduction du paquetd'ondes" associedanslatheoriequantiqueactuelleµa la
2
mesure.En¯n la \mecaniquedesmatrices"deHeisenbergpeutegalement^etre
ranee danscetteperiodehistorique,trµesin°uencee dans sonabstraction parune
philosophieparfoisassez prochedu positivisme; lesgrandeursphysiquesclas-
siquesysont remplaceespardes\observables",mathematiquementassocieesµa
desmatrices,cesderniµeresetantde¯niespardespostulatsad hoc.
Ilfautbienvoircependantµa quelpointlatheoriedesatomesavaitprisun
aspectmysterieuxµa cetteepoque:pourquoi leselectronsobeissaient-ilsµa cettein-
terdiction dequittercertainesorbites,commes'ilsetaientmiraculeusementguides
surdestrajectoires simples?D'provenaientces sautsquantiques,supposesde
duree temporellestrictementnulle,desortequ'il n'avaitaucun sensdedeman-
derparquelsetatspassaitl'electronlorsd'un telsaut?Pourquoi l'apparition
soudainede cesmatricesen physique, introduitesdefa»conformelle,sansau-
cun lienapparentavec ladescriptionclassiqued'uneparticule?Oncomprend le
soulagementdelacommunautelorsqu'un pointdevuebeaucoup plus simple,et
desurcro^
itbien plusdanslatraditionscienti¯quedu XIX
1.1.3L'ecole deCopenhague
Rapidement,cette conception purementondulatoires'estheurtee µa degrosses
di±cultesquiontconduitµa sonabandon.Parexemple,dansune collision, l'onde
deSchrÄodingerserepartitdanstouteslesdirections,commeleferaitlavague
creee parun cailloutombantdansunemare;mais,dansune experience de col-
lision donnee,onobservequelaparticulesuitunetrajectoirequirestetoujours
localisee dansunedirection precise.Ellenese\dilue"jamaisdanstoutl'espace!
Chacun saitque,de cette contradiction,estnee l'interpretation probabilistede
lafonction d'ondeintroduiteparBorn.Maisuneautredi±culte,aussigrande,
etaitintroduiteparlefaitquelafonction d'onden'estpasuneondehabituelle,
saufpouruneparticuleunique;defait,pourun systµemedeNparticules,elle
sepropagedansun espace descogurationsµa 3Ndimensions,trµesdi®erent
del'espace habituel. Ainsiparexemplel'atomed'hydrogµeneauneondequise
propagedansun espace µa6dimensions1!Cen'estdoncassurementpasuneonde
aum^emesensquelesondes sonoresouelectromagnetiques2.Cettedi®erence
profonde3serad'ailleursun peuleleitmotivdenotre expose,reapparaissantcon-
stammentsousuneformedi®erente.
Lamecaniquequantiquemoderneadonc complµetement renonceµa unede-
scription purementondulatoiredesparticules.Parmi lesgrandsnoms,Bohret
HeisenbergetDiracontegalementjouedesr^olesessentielsdansl'apparitionet
laformulation de cettenouvellemecanique;depuiscetteepoquelatheorieinclut
dansun m^eme cadrel'equation deSchrÄodingeravec sonevolution progressive
etdeterministe,avec un second postulatd'evolutioncomplµetementindependant,
celuiditde\reduction du paquetd'ondes".
1.2 Lestatutdu vecteurd'etat
Iln'estpasinutilederappelerµa quelpointlestatutdu vecteurd'etatestsub-
til danslamecaniquequantiquediteorthodoxe.Deuxextr^emes sontµa ¶eviter,
car tousdeux\manquentlacible"etpassentµa c^otedel'orthodoxie.Lepremier
1Ici, nousneprenonspasencompteles spins,quiaugmenteraientencorelatailledel'espace
desetats.
2Lese®etsdenon-localiteseproduisantpourdeuxparticulescorreleespeuvent^etrevus
precisementcommeune consequence du faitquelapropagation delafonction d'ondesefait
defa»conlocale,maisdansun espace µa 6 dimensions;cependant, lorsqu'onrevientµa trois
dimensions, lese®etsnon-locauxpeuventappara^
itre.
3Cependantsi, aulieu de considererun nombre¯nideparticules,on passeµa un nombrein¯ni,
etsi l'onajoutelanotion d'indiscernabilitedesparticules,on peutintroduireleformalismedes
operateursde champquantiquequi, eux,sepropagentbien dansl'espace ordinaire.Ainsi,
curieusement,augmenterlatailledu systµeme etintroduirelanotion d'indiscernabilitepermet
derevenirµa cetespace plus simple;maisil fautbienvoirquelesquantitesquesepropagentne
sontplusdeschampscomplexes,maisdesoperateursagissanteuxm^emesdansun espace des
etatsdedimensionin¯nie.
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estde considerer,commedansles espoirs initiauxdeSchrÄodinger,quelafonc
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