thèse - VetAgro Sup

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VETAGRO SUP
CAMPUS VÉTÉRINAIRE DE LYON
Année 2013 - Thèse n°
L'HERPÈS VIROSE DE LA CARPE : ETUDE
BIBLIOGRAPHIQUE ET ENQUÊTE DE PREVALENCE EN
FRANCE
THÈSE
Présentée à l’UNIVERSITÉ CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 22 Novembre 2013
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
CLOVIS UZZANU
Né le 2 Novembre 1987
à CHENOVE
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LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
Civilité
Nom
Prénom
Unité pédagogique
Grade
M.
M.
Mme
M.
M.
Mme
M.
Mme
Mme
M.
M.
Mme
Mme
M.
M.
M.
M.
M.
M.
M.
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Mme
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Mme
Mme
M.
Mme
Mme
Mme
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Mme
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M.
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M.
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M.
M.
Mme
M.
Mme
Mme
Mme
Mme
M.
Mme
M.
Mme
Mme
M.
M.
M.
Mme
Mme
Mme
Mme
Mme
M.
M.
M.
Mme
Mme
Mme
M.
M.
Mme
M.
ALOGNINOUWA
ALVÈS DE OLIVEIRA
ARCANGIOLI
ARTOIS
BARTHÉLÉMY
BECKER
BELLI
BELLUCO
BENAMOU-SMITH
BENOIT
BERNY
BONNET-GARIN
BOULOCHER
BOURDOISEAU
BOURGOIN
BRUYÈRE
BUFF
BURONFOSSE
CACHON
CADORÉ
CALLAIT-CARDINAL
CAROZZO
CHABANNE
CHALVET-MONFRAY
COMMUN
DE BOYER DES ROCHES
DELIGNETTE-MULLER
DEMONT
DESJARDINS-PESSON
DJELOUADJI
ESCRIOU
FAU
FOURNEL
FRANCK
FREYBURGER
FRIKHA
GENEVOIS
GILOT-FROMONT
GONTHIER
GRAIN
GRANCHER
GRÉZEL
GUÉRIN
GUÉRIN -FAUBLÉE
HUGONNARD
JUNOT
KECK
KODJO
LAABERKI
LACHERETZ
LAMBERT
LE GRAND
LEBLOND
LEFRANC-POHL
LEPAGE
LOUZIER
MARCHAL
MIALET
MICHAUD
MOUNIER
PÉPIN
PIN
PONCE
PORTIER
POUZOT-NEVORET
PROUILLAC
RÉMY
ROGER
SABATIER
SAWAYA
SÉGARD
SERGENTET
SONET
THIÉBAULT
VIGUIER
VIRIEUX-WATRELOT
ZENNER
Théodore
Laurent
Marie-Anne
Marc
Anthony
Claire
Patrick
Sara
Agnès
Etienne
Philippe
Jeanne-Marie
Caroline
Gilles
Gilles
Pierre
Samuel
Thierry
Thibaut
Jean-Luc
Marie-Pierre
Claude
Luc
Karine
Loïc
Alice
Marie-Laure
Pierre
Isabelle
Zorée
Catherine
Didier
Corinne
Michel
Ludovic
Ridha
Jean-Pierre
Emmanuelle
Alain
Françoise
Denis
Delphine
Pierre
Véronique
Marine
Stéphane
Gérard
Angeli
Maria-Halima
Antoine
Véronique
Dominique
Agnès
Anne-Cécile
Olivier
Vanessa
Thierry
Sylvie
Audrey
Luc
Michel
Didier
Frédérique
Karine
Céline
Caroline
Denise
Thierry
Philippe
Serge
Émilie
Delphine
Juliette
Jean-Jacques
Éric
Dorothée
Lionel
Pathologie du bétail
Gestion des élevages
Pathologie du bétail
Santé Publique et Vétérinaire
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Pathologie du bétail
Pathologie morphologique animaux de compagnie
Pathologie morphologique animaux de compagnie
Équine
Biologie fonctionnelle
Biologie fonctionnelle
Biologie fonctionnelle
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Santé Publique et Vétérinaire
Santé Publique et Vétérinaire
Biotechnologies et pathologie de la reproduction
Biotechnologies et pathologie de la reproduction
Biologie fonctionnelle
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Pathologie médicale des animaux de compagnie
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Biologie fonctionnelle
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Inspecteur en santé publique vétérinair
Maître
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e
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Professeur
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Professeur
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Remerciements
À Monsieur le Professeur Peyramond,
Qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence de notre jury de thèse. Pour sa gentillesse et
sa disponibilité.
Hommages respectueux.
À Madame le Professeur Calvez,
Qui a bien voulu accepter d’encadrer et de corriger notre travail.
Pour ses précieux conseils et sa disponibilité sans failles.
Hommages respectueux.
À Monsieur le Professeur Artois,
Qui a accepté d’être membre de notre jury de thèse. Pour son aide précieuse à la réalisation de
notre étude.
Sincères remerciements.
Page 5 sur 114
À ma famille
À mes parents,
Pour avoir toujours été la pour me soutenir quand il le fallait, pour avoir toujours cru
en moi et fait de moi ce que je suis, Merci pour tout.
À ma petite sœur,
Malgré ton caractère plutôt affirmé et qui nous a valu de nombreuses prises de tête, je
te souhaite le meilleur, j'espère que tu es heureuse et que tu t'amuses bien en Martinique.
À mes grand parents,
Merci pour les parties de chasse à la grive, de pêche au brochet, de cueillette aux
champignons et pour les bonnes choses du jardin.
À Bruno et Sandrine et mes petits cousins,
Les moments passés chez vous m'ont permis de faire des coupures avec l'école véto et
de manger autre chose que des pâtes! Merci pour tout.
À Nadine, mon cousin et mes cousines,
Dommage qu'on ne se voit pas plus souvent, je pense bien fort a vous.
À tout ceux qui m'ont aidés dans la réalisation de cette thèse
Au docteur Lautraite,
Merci d'avoir été toujours disponible pour répondre à mes questions.
Au docteur Pozet du LDA 39,
Merci pour l'intérêt que vous avez porté à ce travail, pour votre disponibilité et vos conseils
précieux.
À messieurs Morin et Bigarre de l'Anses,
Merci pour vos conseils et les informations que vous avez pu m'apporter.
À monsieur Relot et madame Breyne de l'AFPPE,
Merci d'avoir rendu possible la réalisation du questionnaire.
Aux pisciculteurs de carpe que j'ai appelé,
Merci d'avoir répondu à mes question et pour l'intérêt que vous avez porté à ce travail.
À Evelyne, merci d'avoir accepté de lire et de corriger ma thèse.
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TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES ....................................................................................................... 7
TABLE DES FIGURES ......................................................................................................... 10
TABLE DES TABLEAUX .................................................................................................... 11
INTRODUCTION .................................................................................................................. 13
PARTIE I : ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE ....................................................................... 15
I.
II.
Etiologie. ...................................................................................................................................................... 16
A. La classification des Herpesviridae : le CyHV-3, un membre de la famille des Alloherpesviridae. ....... 16
B. Structure du virus : morphologie et organisation génétique. .................................................................... 19
C. Généralités : le cycle biologique des herpes virus. .................................................................................. 21
1. Infection lytique ................................................................................................................................... 21
2. Infection latente ................................................................................................................................... 22
D. Propriétés physicochimiques : survie hors de l’hôte et moyens de lutte. ................................................. 23
1. Survie dans l’environnement. .............................................................................................................. 23
2. Résistance aux agents physico-chimiques. .......................................................................................... 23
E. Propriétés antigéniques et facteurs de virulence. ..................................................................................... 25
1. Propriétés antigéniques. ....................................................................................................................... 25
2. Facteurs de virulence. .......................................................................................................................... 25
Pathologie. ................................................................................................................................................... 27
Cas général : Inoculation à température permissive. ................................................................................ 27
Réponse de l'hôte face à une infection par le CyHV3. ............................................................................. 28
1. Barrières physico-chimiques. .............................................................................................................. 28
a) Rôle de la peau. ............................................................................................................................... 28
b) Rôle de la barrière intestinale. ......................................................................................................... 29
2. Type de réaction immune mise en jeu et séroconversion. ................................................................... 30
C. Latence et portage chronique. .................................................................................................................. 32
1. Introduction et définitions préliminaires. ............................................................................................. 32
2. Le cas du CyHV-3 : infection latente ou infection chronique ? ........................................................... 33
3. Site(s) de latence. ................................................................................................................................. 34
4. Gènes impliqués dans l’état latent. ...................................................................................................... 35
A.
B.
III. Epidémiologie. ............................................................................................................................................ 35
A. Epidémiologie descriptive. ....................................................................................................................... 35
1. Situation mondiale. .............................................................................................................................. 35
2. Situation en Europe. ............................................................................................................................ 38
B. Epidémiologie analytique. ....................................................................................................................... 42
1. Sources de virus. .................................................................................................................................. 42
a) Sources animées. ............................................................................................................................. 42
(1)
Sources établies ...................................................................................................................... 42
(2)
Sources suspectées. ................................................................................................................. 44
b) Sources inanimées ........................................................................................................................... 45
2. Facteurs de réceptivité ......................................................................................................................... 45
Page 7 sur 114
a)
b)
Influence de la température ............................................................................................................. 45
Autres facteurs ................................................................................................................................ 46
3. Modalités de contagion ........................................................................................................................ 46
a) Contagion horizontale ..................................................................................................................... 46
b) Contagion verticale ......................................................................................................................... 47
IV.
A.
B.
C.
D.
1.
2.
3.
4.
E.
F.
V.
Méthodes de diagnostic. ......................................................................................................................... 47
Symptômes cliniques et lésions macroscopiques externes. ...................................................................... 48
Lésions histologiques et modifications hématologiques. ......................................................................... 49
Diagnostic différenciel. ............................................................................................................................ 54
Méthodes de diagnostic direct. ................................................................................................................. 57
Les techniques d’immunomarquage et d’hybridation in situ. .............................................................. 57
La technique ELISA directe (recherche de l’antigène). ....................................................................... 58
Les techniques par PCR. ...................................................................................................................... 58
a) Sensibilité et spécificité. .................................................................................................................. 59
b) Echantillons utilisables. ................................................................................................................... 61
La technique par culture, isolement et identification du virus. ............................................................ 61
Méthodes de diagnostic indirect : la méthode ELISA de recherche des anticorps anti CyHV-3. ............ 63
Interprétation : Conditions d'utilisation des tests de diagnostic. .............................................................. 64
Prophylaxie et réglementation. .................................................................................................................. 65
Réglementation sanitaire. ......................................................................................................................... 65
1. Cadre préliminaire et définitions. ........................................................................................................ 65
a) Concept de zonage et compartimentation. ....................................................................................... 67
b) Mise en place du plan d'agrément zoosanitaire obligatoire. ............................................................ 67
2. Application à l’herpès virose de la carpe. ............................................................................................ 69
a) Prophylaxie défensive. .................................................................................................................... 69
(1)
Méthodes de prélèvement et échantillons à fournir. ............................................................... 70
(2)
Méthodes de surveillance. ...................................................................................................... 73
b) Prophylaxie offensive. ..................................................................................................................... 75
B. Prophylaxie médicale : La vaccination. ................................................................................................... 75
A.
PARTIE II : ÉTUDE EXPERIMENTALE. ........................................................................ 79
ESTIMATION DE LA PREVALENCE DE L'HERPES VIROSE DE LA CARPE, UNE
ENQUETE REALISEE SUR 45 ELEVEURS D'ETANG. ................................................ 80
Résumé ................................................................................................................................................................. 80
I.
Introduction ................................................................................................................................................ 80
II.
A.
B.
C.
D.
E.
Matériel et méthodes .................................................................................................................................. 81
Population ............................................................................................................................................... 81
Questionnaire ......................................................................................................................................... 81
Définitions ............................................................................................................................................... 82
Méthode de sondage ............................................................................................................................... 82
Analyse des données ............................................................................................................................... 82
III. Résultats ...................................................................................................................................................... 83
IV.
Discussion et conclusion......................................................................................................................... 85
Page 8 sur 114
V.
Remerciements ........................................................................................................................................... 87
CONCLUSION GENERALE ............................................................................................... 88
Bibliographie ....................................................................................................................................................... 89
ANNEXES ............................................................................................................................. 100
ANNEXE 1 : CYCLE DE MULTIPLICATION DES HERPES VIRUS. INFECTION
PRODUCTIVE OU LYTIQUE, [20]. ................................................................................. 101
ANNEXE 2 : CYCLE DE MULTIPLICATION DES HERPES VIRUS. INFECTION
LATENTE. [20] .................................................................................................................... 102
ANNEXE 3 : STRUCTURE SCHEMATIQUE TRIDIMENSIONNELLE DE LA PEAU
D'UN POISSON TELEOSTEEN (POISSON OSSEUX): LE SAUMON ARGENTE
(ONCORHYNCHUS KISUTCH). [132]. ........................................................................... 103
ANNEXE 4 : ZONES ET COMPARTIMENTS EN AQUACULTURE. [122]. ............ 104
ANNEXE 5 : MOUVEMENTS D’ANIMAUX AUTORISES AU SEIN DES
DIFFERENTS STATUTS SANITAIRES. [122]. .............................................................. 104
ANNEXE 6 : QUESTIONNAIRE. ESTIMATION DE LA PREVALENCE DE
L'HERPES CYPRIN DE TYPE 3, UNE ENQUETE REALISEE SUR 45 ELEVEURS
D'ETANG. ............................................................................................................................. 105
L'HERPES VIROSE DE LA CARPE OU KHV : FICHE A L'INTENTION DES
ELEVEURS. ......................................................................................................................... 108
Page 9 sur 114
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Les relations phylogénétiques entre les Alloherpesviridae (Adaptation de [13]) _ 18
Figure 2 : Morphologie des herpès virus. Représentation schématique et photographie en
microscopie électronique à contraste négatif d’une particule du CyHV-3 (Adaptation de [19]
et [10]). __________________________________________________________________ 20
Figure 3 : Dissémination du CyHV-3 entre 1998 et 2000 en Israël [27]. _______________ 37
Figure 4 : Contamination du milieu naturel Japonais par le CyHV-3 [28]. _____________ 38
Figure 5 : Nombre de cas d'herpès virose de la carpe en Allemagne, durant l'année 2006 et
le premier semestre de l'année 2007, [87]. _______________________________________ 41
Figure 6 : Mortalité cumulative des différents croisements de cyprinidés infectés par le
CyHV-3, souche E(européenne), [92]. __________________________________________ 44
Figure 7 : Lésions observées lors d’herpès virose de la carpe [102]. __________________ 49
Figure 8 : Inflammation des branchies induite par le CyHV-3 [46]. ___________________ 50
Figure 9 : Néphrite interstitielle induite par le CyHV-3 [46]. ________________________ 51
Figure 10 : Analyse histologique de la peau d’une carpe infectée par le CyHV-3 5 jours post
infection, coloration AB-PAS [56]. _____________________________________________ 52
Figure 11 : Coupe de branchie réalisée sur cadavre, suite à un épisode de mortalité due au
CyHV-3 dans un lac canadien. [81].____________________________________________ 53
Figure 12 : Coupe de foie réalisée sur cadavre, suite à un épisode de mortalité due au CyHV3 dans un lac canadien. [81]. _________________________________________________ 53
Figure 13 : immunofluorescence du CyHV-3 sur calque de rein [46]. _________________ 57
Figure 14 : Effet cytopathogène induit par le CyHV-3 sur des cellules KCFs à 22°C [46]. _ 62
Figure 15 : Production mondiale de l’aquaculture. [116]. __________________________ 66
Figure 16 : Production de l’aquaculture reportée en France depuis 1950, [117]. ________ 66
Figure 17 : Marqueur génétique permettant de différencier le virus vaccinal du virus
pathogène sauvage, [125]. ___________________________________________________ 76
Figure 18 : Taux de mortalité après infection avec le CyHV-3 de trois groupes de poissons,
[126]. ____________________________________________________________________ 77
Figure 19 : Carte des élevages ayant répondu au questionnaire. _____________________ 84
Figure 20 : Mesures de préventions mises en œuvre pour lutter contre l'introduction de
l'herpes virose de la carpe dans les élevages d'étang. ______________________________ 85
Page 10 sur 114
TABLE DES TABLEAUX
Tableau I : La résistance du CyHV-3 aux différents agents physicochimiques mesurée in vitro
(Adaptation de [32]) ________________________________________________________ 24
Tableau II : Différences de réponse immunitaire entre 2 souches de Cyprinus carpio suite à
une infection par le CyHV-3. Interprété de [60]. __________________________________ 31
Tableau III : Situation planétaire du CyHV-3 (Adapté de [80], [81]) __________________ 36
Tableau IV : Données épidémiologiques recueillies à l’aide de l’interface WAHID de l’OIE.
_________________________________________________________________________ 39
Tableau V : Distribution géographique et types de sites testés positifs par ELISA en
Angleterre et au Pays de Galles (Adapté de [85]). _________________________________ 40
Tableau VI : Maladies dont les signes peuvent être confondus avec l’herpès virose de la
carpe. D'après un ouvrage de pathologie aquacole générale [103]. ___________________ 55
Tableau VII : Sensibilité des méthodes de diagnostic du CyHV-3 par PCR, Adapté de [70]. 60
Tableau VIII : Plan de surveillance zoo-sanitaire [122]. ____________________________ 69
Tableau IX : Conditions requises pour les inspections sanitaires des fermes, zones ou
compartiments, lors de la démarche de qualification indemne d’herpès virose de la carpe.
Adapté de du projet de texte de la commission européenne, [123]. ____________________ 71
Tableau X : Schéma de surveillance sanitaire, en vue de l’obtention ou du maintien de la
qualification indemne d’herpès virose de la carpe, d’une ferme, zone ou compartiment.
Adapté de du projet de texte de la commission européenne, [123]. ____________________ 72
Page 11 sur 114
Page 12 sur 114
INTRODUCTION
L’herpès virose de la carpe, ou herpès cyprin de type 3 est une maladie récemment
découverte affectant la carpe commune (Cyprinus carpio), causée par le KHV (Koï Herpes
Virus), encore appelé CyHV-3 (Cyprinid Herpes Virus de type 3). La maladie est inscrite sur
la liste des maladies notifiables à l’OIE depuis 2006 [1], comme maladie réputée contagieuse
en France depuis le 10 novembre 2008 [2], puis classée dans les dangers sanitaires de
première catégorie depuis le 22 juillet 2011 [3].
La maladie se manifeste par une mort très rapide après les premiers signes cliniques
(mortalité fréquemment entre 70 et 100%), touche toutes les classes d’âge, est très
contagieuse et intervient dans une eau entre 16 et 25°C. Des lésions non spécifiques sont
alors observables dont la principale est une décoloration des branchies conséquente d’une
nécrose branchiale plus ou moins importante. D’autres signes sont régulièrement observés,
comme des pétéchies à la base des nageoires, une enophtalmie ou encore, une production de
mucus accrue.
La première apparition connue de la maladie dans le monde remonte à 1996 sur une
population de carpes Koï d’une pisciculture de Derbyshire (Angleterre), le virus a donc été
qualifié d'Herpès Virus de la carpe Koï. La présence du virus ayant été confirmée en 2004 par
PCR sur des échantillons archivés suite à cet épisode de mortalités suspectes.
Le virus s’est ensuite rapidement disséminé et étendu aux populations de carpes
élevées pour la consommation et aux populations sauvages, grâce aux échanges commerciaux
non régulés et du manque de techniques de diagnostic fiables. Par manque de connaissances
sur les modalités de transmission et de dissémination du virus, il cause des épizooties
majeures en Europe, avant que des mesures de lutte efficaces soient prises. Aujourd’hui cette
maladie s'est répandue dans de nombreux pays du monde.
L’impact économique est considérable, la carpe commune étant l’un des poissons les
plus élevés à travers le monde, avec 3.7 millions de tonnes produites en 2011 [4]. Les éleveurs
de carpes d’ornement sont aussi durement impactés, les spécimens adultes atteignant
classiquement des prix compris entre 1000 et 7000 euros (prix en vigueur sur les sites de
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vente en ligne), parfois même plus de 100 000 dollars [5]. L'impact écologique est également
à considérer lorsque des élevages contribuent à la contamination du milieu naturel.
Ce travail de thèse est composé de deux parties. Une première partie, dans laquelle
au travers d'une étude bibliographique nous nous attacherons à faire le point sur les
connaissances actuelles concernant l’herpès virose de la carpe. Nous aborderons dans un
premier temps la maladie en décrivant son étiologie, sa pathogénie, son épidémiologie et ses
méthodes de diagnostic clinique et de laboratoire. Nous décrirons ensuite les moyens
prophylactiques possibles pour lutter contre ce danger sanitaire de première catégorie, d’un
point de vue réglementaire. Une seconde partie, dans laquelle nous tenterons de déterminer la
situation épidémiologique de cette maladie en France, à travers les réponses à un
questionnaire recueillies auprès de 44 pisciculteurs d’étangs.
Page 14 sur 114
PARTIE I : ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE
Page 15 sur 114
I.
ETIOLOGIE.
A.
LA CLASSIFICATION DES HERPESVIRIDAE : LE CYHV-3, UN MEMBRE
DE LA FAMILLE DES ALLOHERPESVIRIDAE.
La classification du CyHV-3 est basée sur sa structure en microscopie électronique qui
est typique des herpès virus [6], [7] celle-ci sera détaillée dans le paragraphe I.B. Elle s'appuie
également sur le séquençage des gènes codant l'hélicase, la protéine triplex intracapsomérique,
l'ADN polymérase et la protéine majeure de l'enveloppe [8] ou le séquençage du génome [9]. Ces
analyses démontrent des similitudes marquées avec le CyHV-1 ("Pox" Herpès virus de la
carpe), le CyHV-2 (virus de la nécrose hématopoïétique du poisson rouge). À ce jour, ce virus
possède le plus grand génome jamais décrit parmi les Herpès Virus (295 Kpb). Néanmoins,
ses similitudes génétiques avec d’autres virus distants et le fait qu’il possède des gènes qui
n’ont été décrits chez aucun membre de l’ordre des Herpès Virus à ce jour [7], n’est pas sans
soulever des questions quant à son origine phylogénique.
Le séquençage du génome de 48 herpes virus à travers différentes études, incluant
trois herpès virus de poissons, deux de grenouilles et un d’huitre a ouvert la porte à des
analyses phylogénétiques comparatives. Ces études montrent que l’ordre des Herpes virus
peut être subdivisé en trois familles : les Herpesviridae pathogènes des mammifères, oiseaux
et reptiles, les Alloherpesviridae, pathogènes des poissons, et enfin, les Malacoherpesviridae
pathogènes des mollusques [10], [11].
La famille des Herpesviridae est divisée en trois sous-familles dénommées Alpha,Beta- et Gammaherpesvirinae. Basée initialement sur des propriétés biologiques spécifiques,
cette classification a été confirmée par l’analyse de l’organisation et du génome [12].
La sous-famille des Alphaherpesvirinae regroupe des virus généralement caractérisés
par un spectre d’hôtes large, une croissance rapide en culture cellulaire (moins de 24 heures).
Ils ont la capacité d’établir, après une phase de multiplication primaire, des infections latentes
typiques, entre autre, dans les ganglions sensoriels. Beaucoup d’herpès d’importance
vétérinaire et humaine appartiennent à ce groupe (Herpès simplex de type I et varicelle chez
l’homme, le virus de la maladie d’Aujesky chez le porc, celui de la rhinotrachéite chez la
vache et le cheval…).
Page 16 sur 114
Les membres de la sous-famille Betaherpesvirinae sont caractérisés par un cycle de
multiplication lent, ils provoquent une cytomégalie des cellules infectées et peuvent persister
dans les glandes exocrines, les cellules lymphoréticulaires et les reins.
Les Gammaherpesvirinae possèdent un spectre d’hôtes étroit, généralement restreint à
la famille ou à l’ordre auquel l’hôte naturel appartient. Le cycle de réplication est de durée
variable mais siège toujours dans les cellules lymphoblastiques. Nombre d’entre eux sont
impliqués dans l’oncogenèse.
La famille des Alloherpesviridae peut quant à elle être subdivisée en deux taxons
grâce à des analyses de la séquence en acides aminés de 5 gènes partagés [13]. L’une
contenant l’herpès virus de l’anguille (AngHV1) et les Herpès virus des cyprinidés (CyHV12-3), l’autre contenant l’herpès virus du poisson chat(IcHV1) et les virus herpétiques des
grenouilles (RaHV1-2), ce qui est corroboré par plusieurs autres études [9], [14], [15].
Enfin, La détection de seulement 12 gènes dans le noyau viral des Alloherpesviridae
illustre la grande différence avec les Herpesviridae, chez qui 40 gènes du noyau peuvent être
détectés [9].
La figure 1 présente l’arbre phylogénétique détaillant les relations entre les
Alloherpesviridae, adapté de [13]. Notons que le CyHV3 y est présenté comme un virus plus
proche du CyHV1 que du CyHV2, ce qui est remis en question par une étude comparative de
leurs 3 génomes respectifs [9]. Ils ont tout de même de nombreuses caractéristiques partagées,
comme la taille de leur génome, (291 Kpb pour le CyHV1, 290 Kpb pour le CyHV2) les 120
gènes orthologues en commun et enfin l’existence d’une zone centrale du génome (ORF 28113) dans laquelle les gènes conservés sont organisés de façon similaire [9].
Page 17 sur 114
Figure 1 : Les relations phylogénétiques entre les Alloherpesviridae (Adaptation
de [13])
Notons également le fait que le CyHV-1 et 3 possèdent des gènes qui ne sont
habituellement pas rencontrés chez les autres Herpès virus : le gène Thymidylate
monophosphate kinase, B22R-like rencontrés chez les Poxvirus pour le CyHV3 [8], le gène
JUNB-like impliqué dans l’oncogenèse pour le CyHV1 [9].
Il existe trois souches se différenciant entre elles, la souche I pour Israël, la souche U
pour USA et la souche J pour Japon [16].
En effet, l'étude des différences de séquence ADN dues aux insertions ou délétions
chez ces différentes souches, montrent l’existence d’une souche ancestrale J ayant donné
naissance à la lignée J et la lignée U/I, qui s’est plus tard divisée en deux souches distinctes :
U et I [16]. Cependant des analyses à partir du séquençage complet du génome, montrent que
Page 18 sur 114
les trois souches diffèrent sur seulement un faible nombre de loci. Peu d'insertions ou
délétions représentent des mutations qui perturbent les régions codantes du génome.
Ces données sont cohérentes avec les données épidémiologiques concernant les
souches I et U, le virus (U) ayant émergé aux USA chez les carpes Koï, suite à une exposition
impliquant des poissons provenant d’Israël (I). En revanche, l'origine de l’apparition de la
souche J sur les carpes communes au Japon sont moins connues [16].
B.
STRUCTURE DU VIRUS : MORPHOLOGIE ET ORGANISATION GENETIQUE.
Morphologiquement, le CyHV-3 présente une structure typique des Herpès virus, avec
un Noyau (core) de 110 nm de diamètre, enfermé dans une capside icosaédrique puis un
tégument et enfin une enveloppe, qui porte les glycoprotéines (gp) du virus. Cette structure est
représentée schématiquement et en microscopie électronique ci-dessous (Figure 2).
Une quarantaine de protéines structurelles ont été étudiées et à ce jour, et 18 d’entre
elles ont pu être identifiées et classées par des analyses bio-informatiques, comme protéines
de l’enveloppe (13), du tégument (2), de la capside (3) [17].
Le génome est quant à lui constitué d’une molécule d’ADN linéaire de 295 Kpb, elle
possède deux extrémités terminales répétitive directes de 22Kpb chacune. Ces caractéristiques
sont partagées par la plupart des Alloherpesviridae [10].
Le génome contient 156 ORF [16], la Quantité de gènes codants par rapport à la taille
du génome est donc plus faible comparée aux autres herpes virus (le cytomégalovirus humain
possède lui 226 ORF, pour un génome de 240Kpb [18]).
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Figure 2 : Morphologie des herpès virus. Représentation schématique et
photographie en microscopie électronique à contraste négatif d’une particule du CyHV3 (Adaptation de [19] et [10]).
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C.
GENERALITES : LE CYCLE BIOLOGIQUE DES HERPES VIRUS.
1.
INFECTION LYTIQUE
Les études du cycle des herpes virus sont pour la plupart basées sur les herpès simplex
virus, plus précisément le HSV-1 et 2, deux virus de la sous famille des Alphaherpesvirinae.
Ce sont deux virus dermo-neurotropes, responsables de l'herpes Buccal (HSV-1) et génital
(HSV-2) chez l'homme. Nous nous baserons donc sur ce modèle de cycle biologique par la
suite.
La première étape de l’infection lytique est l’attachement du virion à la surface de la
cellule, (Annexe 1 [20]), réalisé grâce à l’interaction des glycoprotéines de l’enveloppe du
virion avec différents récepteurs cellulaires, tous essentiels à la fixation, comme les chaines
d’héparane sulfate des protéoglycanes [21]. Suit la fusion de l’enveloppe des virions avec la
membrane plasmique puis la libération de la nucléocapside et du tégument dans le
cytoplasme. Les microtubules prennent en charge les capsides cytosoliques afin de les
conduire jusqu’au noyau par l’intermédiaire d’une fixation aux protéines dynéines [22].
L’ADN viral se circularise avant la synthèse protéique [23] et la transcription peut alors
débuter dans le noyau.
La transcription se déroule ensuite en trois phases très contrôlées dans le temps, la
phase α ou précoce-immédiate, la phase β ou précoce et la phase γ ou tardive. Les gènes du
CyHV-3 ont été récemment classés de cette manière : gènes IE, E et L (pour imediateearly,
early, late ou respectivement α, β, γ) selon que leur transcription a lieu respectivement entre 2
et 4 heures, 4 et 8 heures et 8 heures post infection [24].
La transcription des gènes α, réalisée par l’ARN polymérase II cellulaire, est activée
par des protéines du tégument interagissant avec des facteurs transcriptionnels cellulaires. Les
gènes α codent essentiellement des protéines de régulation. Une fois traduites dans le
cytoplasme, certaines protéines α vont être importées dans le noyau où, en plus d’exercer un
rétrocontrôle négatif sur leur propre expression, elles vont activer l’expression des gènes β et
γ. Les gènes β atteignent leur pic d’expression dans les quatre à huit heures suivant
l’infection. Ils codent essentiellement des protéines à activité enzymatique impliquées dans le
métabolisme nucléotidique et la réplication de l’ADN viral. Les protéines β exercent un
rétrocontrôle négatif sur leur propre expression et vont à leur tour activer l’expression des
gènes γ dont le pic d’expression n’est atteint qu’une fois la réplication de l’ADN viral
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entamée. Les gènes du CyHV-3 se comportent de la même manière, à la différence que la
réplication de l’ADN viral débute dès 4 à 8 heures post infection, et non après le pic de
transcription des gènes tardifs [24]. Les gènes tardifs codent les protéines de structure du virus
composant la capside, le tégument ainsi que l’enveloppe et exercent un rétrocontrôle négatif
sur l’expression des gènes α et β. Les protéines de capside, une fois synthétisées, sont
transportées dans le noyau de la cellule pour s’y assembler et encapsider l’ADN génomique
synthétisé.
La réplication de l’ADN viral circularisé débute au niveau des origines de réplication.
Elle se déroule selon le mécanisme des «cercles roulants». Selon ce mécanisme, la réplication
donne naissance à des structures intermédiaires de haut poids moléculaire appelées
concatémères. Ces derniers sont de longues molécules d’ADN constituées de plusieurs unités
génomiques liées bout à bout de façon covalente. Ils sont clivés, par une activité
endonucléasique, en unités génomiques simples pendant l’encapsidation de l’ADN viral et
sont intégrés dans des capsides néoformées selon un mécanisme d’encapsidation appelé
«headful». Les nucléocapsides néoformées sont alors transportées vers la périphérie nucléaire.
Leur trajet au travers de la barrière nucléocytoplasmique ainsi que l’acquisition du tégument
et de l’enveloppe ne sont pas encore complètement élucidés.
2.
INFECTION LATENTE
La latence est un phénomène connu chez la plupart des herpès virus, mais les divers
mécanismes qui permettent sont installation, son maintien ainsi que les stimuli à l’origine
d’une réactivation le sont beaucoup moins. Elle requiert l’expression de certains gènes viraux
comme le gène TK [25], premier gène de latence reconnu. Elle peut prendre deux formes,
l'intégration du génome viral au sein de l’ADN cellulaire, ou la forme d’un épisome circulaire
(Annexe 2 [20]) comme cela est décrit in vitro pour l’EBV. La transcription est généralement
abolie, mais il peut néanmoins subsister un certain niveau de transcription. Enfin, les sites de
latence varient selon l’herpès virus, trois ont été décrits : les sites nerveux, épithéliaux et
lymphoïdes.
L’état de latence peut ensuite être interrompu par divers stimuli que sont les diverses
situations de stress : transport, changement des paramètres du milieu de vie, saison de
reproduction, surinfection avec un autre virus, etc. Une infection lytique peut alors
redémarrer.
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PROPRIETES PHYSICOCHIMIQUES : SURVIE HORS DE L’HOTE ET
MOYENS DE LUTTE.
D.
Le CyHV-3 est relativement sensible à tous les agents de désinfection classiquement
utilisés en aquaculture, heureusement sa survie hors de l’hôte est également courte.
1.
SURVIE DANS L ’ENVIRONNEMENT .
Une étude réalisée in vitro montre qu’à des températures supérieures à 15°C, le virus
perd son pouvoir infectieux après trois jours d’immersion dans des eaux environnementales.
Quand la même eau est stérilisée (matière organique autoclavée et eau ultrafiltrée) cette durée
est étendue à 7 jours [26], ce qui laisse supposer un rôle des bactéries dans sa résistance hors
de l’hôte. Cependant, in vivo, la situation semble être différente car dans ces conditions,
aucune mortalité n’est décelée lorsque les poissons sont immergés 21heures après ajout du
virus dans l’eau [27]. Enfin, notons que la présence d’ADN viral peut être détectée dans les
eaux environnementales, 4 ans après un épisode d'Herpès virose de la carpe [28]. La détection
de l'ADN du CyHV-3, si longtemps après l'épisode aigu initial, peut cependant être expliquée
par la présence de vecteurs et la détection d’ADN ne signifie pas qu’il y a présence de virus
infectieux dans l’eau.
La température de l’eau influe aussi grandement sur le développement de la maladie.
En effet, elle modifie la réponse immunitaire, mais aussi le métabolisme des poissons qui sont
des poïkilothermes [29], [30] et l’expression génétique du CyHV-3 changeant donc son
comportement infectieux [31]. Ces mécanismes qui ne s’expliquent pas par un effet
dénaturant de la température, seront vus plus en détail dans le paragraphe II.
2.
RESISTANCE AUX AGENTS PHYSICO-CHIMIQUES.
La résistance aux différents agents chimiques est récapitulée dans le tableau 1 ci
dessous.
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Tableau I : La résistance du CyHV-3 aux différents agents physicochimiques
mesurée in vitro (Adaptation de [32])
Agent utilisé
Dose
préconisée
/
conditions
d’utilisation
Agents physiques Ultraviolets
Température
4.0x10^3 µWs/cm2 (1)
50°C pendant 1 minute (2)
A 35°C pendant 2 jours
Agents chimiques Iodophore
Hypochlorite
sodium
200 mg/L pendant 30 secondes (1)
de >400mg/L
pendant Chlore actif : 3mg /L
30 secondes (2)
pendant 30 secondes
(3)
250 mg/L pendant 20
minutes (2)
Chlore
actif :
> 12mg/L, 30 sec (4)
Chlorure
de 60 mg/L pendant 30 secondes (2)
benzalkonium
Alcool
30% à 15°C pendant 20 minutes
40 % pendant 30 secondes (2)
pH
Inactivation à pH < 3 ou pH > 11
(1) Dose minimale permettant 100% de réduction des UFP (unités formant plaques) d’une suspension
virale à 10^5 UFP/mL, en présence de sérum fœtal bovin à 15%
(2) Dose minimale permettant dose minimale permettant 100% de réduction des UFP (unités formant
plaques) d’une suspension virale à environ 10^4 UFP/mL, en présence de sérum fœtal bovin à 15%
(3) Dose permettant une réduction de 97.5 % de l’infectiosité affectée d’un facteur de sureté X10
d’une suspension virale à environ 10^4 UFP/mL, en présence de sérum fœtal bovin à 15%
(4) Dose à atteindre dans une eau environnementale.
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E.
PROPRIETES ANTIGENIQUES ET FACTEURS DE VIRULENCE.
1.
PROPRIETES ANTIGENIQUES.
Aucune protéine du CyHV-3 n’a à ce jour été formellement identifiée comme étant la
plus immunogène (glycoprotéine majeure de l’enveloppe), contrairement à d’autres Herpès
Virus comme le virus d’Epstein-Barr [33] ou le virus herpétique des poissons chats (IcHV-1)
[34]. Cependant la protéine pORF81 est considérée comme étant probablement la
glycoprotéine la plus immunogène du CyHV-3, en raison de son homologie positionnelle avec
l’ORF59 de l’IcHV-1, chez qui le produit de transcription est la glycoprotéine majeure
d’enveloppe. La structure supposée de pORF81, déterminée par le programme SOSUI,
montre aussi une extrémité C terminale très hydrophile et donc un index antigénique élevé
[35].
Ces suppositions sont remises en question par les observations réalisées in vitro. En
effet, la protéine virale réagissant le plus souvent avec le sérum de poissons ayant survécu à
un épisode de CyHV-3 à une taille approximative de 97 kDa, ce qui est bien loin de la taille
de pORF81 (26kDa) [36].
La protéine pORF81 tout comme d’autres protéines du CyHV-3 (de l’enveloppe ou
non) peut néanmoins être utilisée afin de produire des anticorps monoclonaux à des fins de
diagnostic immunohistochimique [35], [37].
2.
FACTEURS DE VIRULENCE.
Les facteurs de virulence du CyHV-3 ne sont pas très connus, cependant, depuis la
publication de son génome, plusieurs gènes dont leurs homologues sont connus pour avoir des
rôles immunomodulateurs ont été identifiés. Le plus étudié d’entre eux à ce jour est le gène
ORF 134, encodant une interleukine 10 virale, gène retrouvé chez de nombreux membres de
la famille des poxviridae ainsi que des herpesviridae.
L’interleukine 10 est une protéine cellulaire connue pour son rôle immunomodulateur
chez l’homme, aussi bien concernant l’immunité innée que l’immunité adaptative. Une
expérience menée chez le poisson rouge (Carassius auratus) montre que lors d’activation de
macrophages avec un lysat d’Aeromonas salmonicida, l’expression de gènes impliqués dans
les phénomènes inflammatoires ou l’immunité innée : TNF α1, TNF α2, Il-1 β, CXCL-8 et
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NADPH oxydase, est très réduite en présence d’une interleukine 10 (Il 10) recombinante par
rapport à une activation sans Il-10 [38].Des expériences similaires chez d’autres animaux
montrent que son rôle est largement conservé dans l’évolution. Ce gène qui a probablement
été acquis chez les virus par intégration d’ADN cellulaire ou transcription inverse d’ARNm, a
été démontré comme étant impliqué dans l’évasion immune de certains virus, comme
l’Epstein-Barr virus, un gammaherpesvirinae. Chez celui-ci, l’interleukine 10 virale est
capable d’inhiber, de manière dose dépendante, l’expression des CMH (complexe majeur
d’histocompatibilité) de type I et II, empêchant l’activation des lymphocytes T et donc la
réponse immune adaptative [39].
Le rôle du gène codant une Il 10 virale chez le CyHV-3 reste à être démontré,
cependant plusieurs constatations laissent à penser qu’il aurait un rôle dans la pathogénicité
du virus. Tout d’abord, sa structure tridimensionnelle est très proche de celle de l’Il 10 de la
carpe [40]. Ensuite, les autres herpes virus cyprins, moins pathogènes, ne possèdent pas ce
gène. Enfin, les SNP (single nucleotide polymorphism) du gène Il-10a ont été démontrés
comme étant impliqués dans la résistance de différentes souches de carpes à une infection au
CyHV-3 [41].
Le Gène TK (thymidine kinase), est également un gène étudié pour la production de
CyHV-3 recombinants, délétés au niveau de ce gène. Ce gène est impliqué dans le
métabolisme des bases pyrimidiques et code une enzyme de type phosphotransférase (le
thymidine kinase). Les carpes infectées avec le mutant recombinant ont subit une mortalité
moins importante, comparée à celles infectées avec le CyHV-3 « sauvage » (30% contre 80%
respectivement). La mutation du gène TK n'affectant pas la croissance virale, ceci montre son
rôle dans la pathogénicité du virus [42].
D’autres pistes sont à explorer et pourraient servir à l’élaboration d’un vaccin vivant
délété sur les gènes impliqués dans la virulence du CyHV-3, car plusieurs autres gènes
pourraient être impliqués dans l’évasion immune ou la pathogénicité virale. En effet,
lorsqu’on compare la production d’interféron de type I in vitro lors d’une infection avec le
Rabdoviruscarpio ou le CyHV-3, celle-ci est bien moindre lors d’infection par le CyHV-3.
Ceci pourrait indiquer que le CyHV-3 est capable de diminuer la réponse immune innée, par
l’intermédiaire de l’inhibition de la synthèse des interférons de type I [43]. D'autres pistes
pourraient être explorées: le gène B22R like, codant pour une protéine de la famille des serpin
(serine protease inhibitor), une protéine régulant l'activité du complément, pourrait avoir un
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rôle dans l’inactivation du complément chez le CyHV-3. De même, de nombreux loci chez le
CyHV-3 codent un homologue du récepteur TNF (facteur de nécrose tumorale), une protéine
stimulant la phase aigue de l'inflammation. Ces protéines pourraient également avoir un rôle
de neutralisation du TNF comme cela est le cas concernant les poxvirus [44].
II.
PATHOLOGIE.
A.
CAS GENERAL : INOCULATION A TEMPERATURE PERMISSIVE.
La porte d’entrée du virus fut longtemps considérée comme étant les branchies des
poissons grâce à plusieurs arguments, notamment le fait que de l’ADN du virus soit retrouvé
de façon très précoce (24h post infection) dans cet organe et en grande quantité [45], mais
également le fait que les changements histologiques les plus précoces (48h post infection), ont
lieu au niveau des branchies [46]. L’intestin a également été cité comme une possible porte
d’entrée [47]. L’affirmation selon laquelle les branchies seraient la porte d’entrée principale
du virus est aujourd’hui réfutée, notamment grâce à une expérience récente, montrant que la
peau seule peut constituer une porte d’entrée pour le virus. La détection par bioluminescence
du CyHV-3 exprimant une luciférase, est plus précoce sur la peau que sur les branchies du
poisson, ce qui montre le rôle de cet organe comme porte d'entrée. L’explication avancée à la
détection de l’ADN du CyHV-3 dans les branchies 24h post infection a alors été que cela
serait le reflet d’une dissémination systémique, secondaire à l'infection des globules blancs du
sang. Hors, la bioluminescence exprimée par les cellules sanguines n'est pas visible dans cette
expérience [48].
On sait aujourd’hui qu’il existerait deux portes d’entrées du virus, différentes selon le
mode d’infection : la peau par bain en présence du virus ou la muqueuse parodontale
pharyngée par nourrissage avec du matériel infecté [49]. Ceci refléterait la situation sur le
terrain : les carpes infectées se frottent entre elles ou contre des objets dès 2 à 3 jours post
infection [48] favorisant ainsi une contamination de peau à peau. Par ailleurs on sait que le
virus peut se répliquer dans les intestins [49] et que des particules infectieuses sont retrouvées
dans les fèces de poissons infectés [50], rendant possible une contamination oro-fécale.
Plusieurs auteurs postulent ensuite pour une dissémination vers les viscères par
l’intermédiaire des globules blancs, dans lesquels on peut détecter l’ADN du CyHV-3 dès 24
heures post infection, il gagnerait ainsi les organes de multiplication secondaires. D’après les
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lésions histologiques et les analyses histochimiques, les organes de dissémination secondaire
seraient les reins, les branchies, le foie, les intestins et le cerveau.
B.
REPONSE DE L'HOTE FACE A UNE INFECTION PAR LE CYHV3.
1.
BARRIERES PHYSICO -CHIMIQUES.
a)
Rôle de la peau.
La peau des poissons, l’une des principales portes d’entrée du CyHV-3, est une
structure complexe qui confère une protection mécanique, chimique et immune. Celle-ci est
faite de nombreuses couches : la couche de mucus, l’épiderme, généralement moins épais que
le derme qui contrairement aux mammifères est une couche métaboliquement active.
L'épiderme est composé d’un épithélium stratifié et de cellules de Goblet sécrétant le mucus.
Le derme est séparé de l’épiderme par une membrane basale, celui-ci porte les écailles (s’il y
en a) et est composé de trois couches : le stratum spongiosum, le stratum compactum et enfin
l’hypoderme (Annexe 3 : Structure schématique tridimensionnelle de la peau d'un poisson
téléostéen (poisson osseux): le saumon argenté (Oncorhynchus kisutch)).
Le mucus des poissons produit un certain nombre de peptides d’importance : Les
AMPs pour antimicrobial peptides, qui chez les mammifères sont connus pour leur fonction
dans les défenses immunitaires de la peau [51]. Citons en particulier les β-defensines, décrites
chez la carpe, qui se révèlent très similaires à celles trouvées chez les mammifères [52] et les
mucines composant principal de la couche de mucus, jouant le rôle de barrière chimique et de
couche absorbante pour les microorganismes. De nombreux autres peptides sont impliqués
dans le rôle protecteur du mucus : des enzymes comme le lysozyme, la trypsine, des
immunoglobulines ou des protéines du complément [53], [54].
Enfin, les claudines, des protéines impliquées dans la formation des jonctions
étanches, assurent la cohésion de l’épithélium.
Chez la carpe infectée par le CyHV-3, il a été démontré que c’est le mucus qui jouait
principalement le rôle de barrière [55]. En effet, son absence entraine un développement plus
important du virus à la surface de la peau et il est capable d’inhiber, de manière dose
dépendante, la croissance virale in vitro. Ceci laisse penser que les différents peptides
antimicrobiens précédemment décrits pourraient avoir un rôle dans la protection contre le
CyHV-3.
Page 28 sur 114
Lors d’infection, on note une nette augmentation des niveaux d’expression de
l’interleukine 1, de l’oxyde nitrique synthétase et des interférons de type 1, 72 à 120 heures
post infection. Ensuite, les niveaux d'expression diminuent pour atteindre le niveau basal 336
heures post-infection. Parallèlement l’expression des β défensines 1 et 2 est diminuée et 336
heures post-infection l’expression de la mucine et des claudines est également diminuée. Une
mesure de l’ARN 16S à la surface de la peau montre que son niveau est bas entre 0 et 72
heures post-infection, puis augmente ensuite indiquant une infection secondaire de la peau
[56].
L’hypothèse formulée par l’auteur est que la réponse immune mise en jeu après
l’infection de la peau par le CyHV-3, en particulier la production d’interleukine 1(facteur pro
inflammatoire), est à l’origine d’une déstabilisation de la fonction de barrière de la peau. On
peut remarquer que la diminution de production de mucine coïncide avec l’observation
réalisée in vivo.
La disparition du mucus protecteur environ 120 heures post-infection, ainsi que la
déstabilisation de la fonction de barrière de la peau, explique l’augmentation des niveaux
d’ARN 16S à la surface de la peau, reflet de l’implication de surinfections secondaires dans la
pathogénie du CyHV-3.
b)
Rôle de la barrière intestinale.
De façon similaire à ce qui est observé pour la peau des carpes infectées, le CyHV-3
entraine une augmentation marquée de l’expression de cytokines pro inflammatoires (Il-1β),
de l’interféron a2 et de l’oxyde nitrique synthétase (NOS), ceci dès 3 à 5 jours post-infection.
L’expression des claudines est cette fois augmentée entre 3 et 14 jours post-infection.
Chez les mammifères, l’expression du gène NOS dans la perturbation de la barrière
intestinale a été démontré [57]. Les niveaux élevés d’expression de la NOS observés lors
d’infection du au CyHV-3 pourrait avoir les mêmes implications. L'expression augmentée de
nombreuses claudines est expliquée par la compensation de l’effet délétère de l’oxyde nitrique
sur la barrière intestinale [58].
Enfin, la perturbation de la barrière intestinale pourrait jouer un rôle dans la perte
électrolytique observée lors d’herpes virose de la carpe [59].
Page 29 sur 114
2.
TYPE DE REACTION IMMUNE MISE EN JEU ET SEROCONVERSION .
Les précédentes observations réalisées in -vitro montrent que la production
d’interféron de type I (IFN I) lors d’herpes virose de la carpe est réprimée [43]. Cela ne
semble pas se vérifier in vivo car on observe au contraire une augmentation de l’expression de
gènes impliqués dans la réponse IFN I aussi bien que de l’expression de gènes IFN I
inductibles [60].
La réponse immunitaire au CyHV-3 est également différente selon la souche de carpe
infectée. Deux souches de carpes ont ainsi été étudiées : la souche R3 et la souche K. La
souche R3 présente un taux de mortalité 20% moins élevé que la souche K et les taux de
CyHV-3 présents dans les reins sont plus bas. Les différences entre les deux souches sont
présentées dans le tableau 2.
Le TCR (T cellreceptor) est un récepteur impliqué dans l’activation des lymphocytes T
en se liant à une cellule présentatrice d’antigène. Le CD8 est quant à lui un corécepteur
assistant le lymphocyte T, le plus souvent un lymphocyte T cytotoxique, lors d’interaction
avec le CMH (complexe majeur d’histocompatibilité) d’une cellule présentatrice d’antigène.
On remarque que la souche de carpe K exprime moins les gènes du TCR α et du CD8 β ce qui
pourrait indiquer une activation moindre des lymphocytes T CD8+ chez cette souche, une
activité cytotoxique moindre et donc une résistance moindre au CyHV-3.
La mesure de l’expression des gènes codant les interleukines 1, 6, 10 et 12 montre
qu’elle est plus importante chez la souche R3. Une expression plus importante de
l'interleukine 1 est probablement le reflet d’une meilleure réaction inflammatoire, cette
cytokine étant impliquée dans la réaction inflammatoire locale. De même, une meilleure
activation de l’IL-12 et l’IL-6 et 10 pourrait expliquer une meilleure activation de l'immunité
cellulaire (IL-12) et Humorale (IL-6 et 10). Ceci expliquerai pourquoi la souche R3 est plus
résistante au CyHV-3 [60].
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Tableau II : Différences de réponse immunitaire entre 2 souches de Cyprinus
carpio suite à une infection par le CyHV-3. Interprété de [60].
Gènes
ou
fonctions Souche K : 76%
de Souche R3 : 56% de
étudiées
mortalité
mortalité
Gènes relatifs à la réponse
IFN 1
+
+
Activité du complément
-
+
TCR α
-
+
CD8 β
-
+
IL-1
-
+
IL-6
-
+
IL-10
-
+
IL-12
-
+
(voie classique)
Marqueurs
cellulaires
des
lymphocytes T
Interleukines
+:
augmentation de l’expression significativement plus importante par rapport à une carpe saine.
+/- : Expression significativement plus, ou moins importante entre les souches K et R3.
Concernant la séroconversion de carpes infectées avec le CyHV-3, on note une
augmentation du taux d’anticorps anti CyHV-3 7 à 14 jours après inoculation à 24°C. Cette
durée est "température dépendante" ce qui explique les différences observées entre les
différentes expériences publiées. Plus la température est froide plus la durée requise pour
atteindre des niveaux élevés d’anticorps est importante : après inoculation à 24°C et
conservation des poissons à 14°C cette durée est étendue à 60 jours environ [61].
La cinétique de production d’anticorps montre que le taux d’anticorps augmente
jusqu'à 20-40 jours post-infection pour diminuer progressivement. A 280 jours post-infection,
3 carpes sur 7 présentent un taux non détectable d’anticorps anti CyHV-3, mais restent
résistantes à une seconde exposition. Une exposition au virus "sauvage", 5, 10 et 23 jours post
exposition à une souche atténuée du CyHV-3, montre que le taux de mortalité observé est
inversement proportionnel au titre d'anticorps anti CyHV-3. De même, une exposition au
virus sauvage montre que les carpes qui survivent, présentent un taux plus élevé d'anticorps
anti CyHV-3 que les carpes succombant à la maladie [61].
Page 31 sur 114
Cependant, les anticorps seuls ne sont pas protecteurs : le taux de mortalité de carpes
ayant reçu du sérum contenant des anticorps anti CyHV-3, présentent une mortalité
cumulative de 80%, contre 100% pour le groupe ayant reçu du sérum sans activité anti
CyHV-3 [62]. Toutes ces constatations suggèrent un rôle important de l’immunité à médiation
cellulaire et humorale dans la protection contre le CyHV-3.
C.
LATENCE ET PORTAGE CHRONIQUE.
1.
INTRODUCTION ET DEFINITIONS PRELIMINAIRES.
Une infection latente, est un certain type d’infection persistante, il en existe deux
autres, l’infection chronique et l’infection lente. L’infection latente est différentiable des deux
dernières par l’absence de virus infectieux entre deux épisodes viraux. L’infection chronique
est quant à elle caractérisée par la présence continue de particules infectieuses et peut inclure
une maladie chronique ou récurrente. Enfin l’infection lente est caractérisée par l’absence
d’épisode aigu en début d’évolution, la maladie ainsi que la quantité de virus produit est
progressive [63].
L’exploration du phénomène de latence chez les alloherpesviridae est délicate, en
effet, la pathogénèse de ces virus est intimement liée à la température de l’eau. Les poissons
étant des poïkilothermes, leur température corporelle varie et influe la réponse immunitaire
mise en jeu ainsi que son type. Les faibles températures affectent la réponse immune
adaptative moins que la réponse immune innée [64], [65], tandis que les hautes températures
entrainent une augmentation de l’ensemble de la réponse immunitaire [66].
Par ailleurs, la capacité du virus à infecter une cellule permissive et croitre in vitro est
elle aussi influencée par la température. L'infection est possible entre 15 et 25 degrés,
optimale à 23 degrés, mais en dehors de ces températures, n’est peu ou pas possible [67]. Il
est donc primordial de bénéficier d’outils de diagnostic et de recherche très sensibles, afin de
détecter la présence virale et de prouver ou non la présence de particules infectieuses chez les
poissons supposés infectés latents, pour faire la différence entre la latence ou d'autres types
d’infections persistantes.
Page 32 sur 114
2.
LE CAS DU CYHV-3 : INFECTION LATENTE OU INFECTION
CHRONIQUE ?
La première expérience de réactivation d’une infection par le CyHV-3 date de 2005
[68]. Celle-ci montre que lorsque les poissons sont infectés à température permissive, aussitôt
placés à basse température (12°C), puis mis en contact avec des carpes naïves 5 mois post
infection, un épisode de mortalité massif est observé, après une hausse progressive de la
température. Ce cas ne reflète pas le cas « naturel », en effet, les épisodes d’herpes virose de
la carpe ont lieu au printemps lorsque la température de l’eau augmente, il démontre
simplement que le virus peux persister à l’état d’infection chronique ou latente durant
plusieurs mois. Lorsque des carpes ayant subi un épisode aigu d’herpès virose (entre 15 et
25°C) sont utilisées comme sources de virus pour la contamination de populations naïves, le
cas est différent. Dans les conditions de l’expérience, des mortalités ne sont pas observées et
la présence d’ADN n’est pas détectable.
Une seconde expérience [69] montre que des carpes , ayant survécu à un ou plusieurs
épisodes de mortalités dues au CyHV-3, présentent toutes de 2-60 copies de l’ADN du
CyHV-3/µg d’ADN. Dans les conditions de l'expérience, aucune particule virale infectieuse
n’est mise en évidence dans les leucocytes ou les branchies, même après des tests réguliers.
Une RT –PCR sur l’ARN codant l’ADN polymérase et la protéine majeure de la capside
montre également qu’aucune transcription de ces gènes n’a lieu dans les leucocytes de ces
poissons, alors que c’est le cas lors d’infection aigue. Lors d’exposition à un régime de stress,
(augmentation de la température de 12 à 23°C) ces poissons se révèlent positifs (5 sur 6 au
total) par PCR sur des échantillons de fèces et de branchies alors qu’ils ne sont pas
symptomatiques. Deux poissons morts au cours de l’expérience et ne montrant aucun
symptôme de l’herpès virose de la carpe avaient un nombre très élevé de copies de l’ADN du
CyHV-3 dans le tissu cardiaque, nerveux, branchial et rénal comparé aux autres poissons du
groupe. Un effet cytopathogène est observé lors de mise en culture de ces cellules sur cellules
CBBs. Ceci montre que le CyHV-3 est présent sous forme latente dans les leucocytes, qu’il
est réactivé après un stress thermique et peut mener à un statut de porteur excréteur
asymptomatique.
La différence de résultats entre les deux expériences peut être expliquée par le fait que
pour la première des deux, un test PCR à faible sensibilité a été utilisé (sensibilité de 1000 à
100 000 copies du génome) et n’est pas approprié pour la recherche de porteurs latents [70].
Page 33 sur 114
De même, une faible proportion des individus ayant subi un épisode aigu auraient des taux
importants d’ADN du CyHV-3 dans leurs tissus et ré-excrètent le virus. Enfin, les individus
utilisés avaient étés testés environ 200 jours post-infection, il est donc probable que leur
niveau d’immunité ai été encore suffisant pour empêcher la réactivation du virus, tandis que le
deuxième groupe étudié était séronégatif et provenait d’élevages ayant un historique ancien
d’herpes virose de la carpe (une dizaine d’années). Ceci expliquerait les résultats différents
obtenus lorsque les poissons sont exposés puis conservés à basse température : inhibition de la
réponse immune adaptative.
D’autres études comportant un plus grand nombre d’animaux ayant survécu à un
épisode ancien (plusieurs années) seraient nécessaires, afin de déterminer la proportion de
poissons effectivement porteurs latents sur ceux qui ont été exposés, ainsi que le taux de
réactivation après un stress thermique similaire à celui observé dans les conditions naturelles
et d’élevage.
Enfin, si les poissons sont exposés à température permissive puis immédiatement
placés à haute température (30-34°C), ils ne développent pas la maladie et deviennent
résistants à une seconde exposition. Actuellement peu d'éléments sont connus sur la latence
virale dans ces conditions. L'état de latence lorsque les poissons sont placés à haute
température après infection est néanmoins probable car in vitro, le virus est préservé 30 jours
à 30°C et produit un effet cytopathogène s’il est replacé à température permissive pendant
cette durée [71].
3.
SITE(S) DE LATENCE.
Le CyHV-3 a été démontré comme pouvant subsister sous forme latente dans les
leucocytes, ce qui est confirmé par d’autres études [72], [73], contrairement à son proche
parent : le CyHV1 dont le site de latence semble être les tissus nerveux et sous cutané [74]. Le
CyHV-3 semblerait avoir plus particulièrement un tropisme pour les lymphocytes B [69] et
non les lymphocytes T (données non publiées).
D’autres études seraient nécessaires afin de déterminer s’il n’y a pas d’autres sites de
latence car l’ADN du CyHV-3 peut être retrouvé dans de nombreux tissus de carpes ayant
survécu à un épisode d’herpes virose de la carpe [73]. Une contamination sanguine des
échantillons n’est cependant pas impossible.
Page 34 sur 114
4.
GENES IMPLIQUES DANS L’ETAT LATENT.
Les expériences menées sur les herpes virus humains montrent l’implication de
certains gènes dans l’installation, le maintien et la levée de l’état latent [75], [76]. Cependant,
chez le CyHV-3, ces gènes ne sont pour le moment pas connus.
Un modèle d’infection abortive in vitro consiste à infecter des cellules à température
permissive, puis de les mettre en culture à 30°C. Dans ces conditions 91 des 156 gènes sont
transcrits, mais seulement deux transcrits subsistent 18 jours post infection (ORF 114-115).
Ils codent deux protéines membranaires et pourraient être similaires aux protéines
membranaires associées à la latence de l’EBV [31].
III. EPIDEMIOLOGIE .
A.
EPIDEMIOLOGIE DESCRIPTIVE.
1.
SITUATION MONDIALE .
Les preuves de l’existence du virus sont présentes dès 1996 en Europe. En 2004, des
analyses PCR sont réalisées sur des échantillons de tissus, archivés suite à un épisode de
mortalité importante en 1996 dans une pisciculture de Koï à Derbyshire (Angleterre). Ces
analyses ont permis de relier cette mortalité jusqu’alors inexpliquée, à un épisode d’herpes
virose de la carpe [77], [78]. Ces évènements précèdent les premières observations de la
maladie en Allemagne, qui remontent à 1997 [79]. Il est probable qu’à partir de ces origines
[16], les cultures intensives, le commerce international et les nombreuses exhibitions de
carpes Koï (notamment les « Koïshows » à la japonaise : poissons tous mélangés), aient
rapidement contribué à la dissémination de cette maladie à travers le monde. Les premières
observations de la maladie aux États-Unis ont en effet eu lieu suite un « Koï show » à New
York, impliquant des poissons d’Israël en 1998. Le tableau 3 montre la situation
épidémiologique planétaire de l’herpès virose de la carpe en 2005 [80].
Page 35 sur 114
Tableau III : Situation planétaire du CyHV-3 (Adapté de [80], [81])
Pays
Situation concernant le CyHV-3 au cours des dernières
années
Europe
Allemagne
Première épidémie en 1997.
Autriche
Première épidémie détectée en 2003 parmi des carpes koi d’un étang privé.
Belgique
Depuis 1999, on rapporte des épidémies avec plus de 90% de mortalité.
Danemark
Détecté en juillet 2002.
France
Deux suspicions en 2001, puis détection sur des carpes provenant d’Israël en 2003.
Italie
Détection en 2003.
Luxembourg
Détection en 2003.
Pays-Bas
Première infection en 2001.
Pologne
Première détection en 2003 suivie de deux épidémies en 2004.
Royaumes Unis
Suspicion en 1996-98-99, isolement en 2000, 36 épidémies en 2002 et confirmation en 2003.
Suisse
Suspicion en 2001, épidémie en 2003.
Israël
Premier diagnostic en 1998 sur des carpes provenant d’Europe suivi d’épidémies régulières.
Asie
Indonésie
Détection depuis 2002.
Japon
Détection depuis mai 2003.
Taiwan
Première épidémie rapportée en 2002 suivie d’épidémies en 2003 et 2004.
Thaïlande.
Détection lors d’une exportation pour l’Allemagne.
Afrique
Afrique du Sud
Deux épidémies rapportées en 2001 et 2003.
Amérique du Nord
USA
Première épidémie en 1998.
Canada
Epidémies dans les lacs de l’Ontario dès 2007 et du Manitoba en 2008.
Quelques rapports font état de la situation :

Israël :
La situation dans ce pays est nettement plus préoccupante. Observé pour la première
fois en 1998 dans 2 piscicultures non loin de Hadera, le virus gagne tout le nord durant les 2
années suivantes (figure 3). En 2001 le virus s’est ainsi disséminé dans 90% des
piscicultures [27].
Page 36 sur 114
Figure 3 : Dissémination du CyHV-3 entre 1998 et 2000 en Israël [27].

USA :
Un rapport de juin 2004 fait état d’un épisode de mortalités liées au CyHV-3 à New
York, dans la rivière Chadakoin, avec un nombre estimé de 6000 carpes adultes mortes [82].
Le virus est néanmoins considéré comme étant endémique aux US [27].

Canada :
En 2007 et 2008, des estimations font état de 26000 à 50000 poissons morts, collectés
sur 15 points d’eau différents dans de nombreux lacs d’Ontario et Manitoba durant la saison
de reproduction des carpes [81].

Japon :
Des prélèvements réalisés en 2008 sur l’eau des lacs et rivières montrent la présence
de l’ADN du CyHV-3 dans au moins 95 d’entre eux (90% des points d’eau analysés), en
quantité plus ou moins importante (figure 4) [28].
Page 37 sur 114
Figure 4 : Contamination du milieu naturel Japonais par le CyHV-3 [28].
2.
SITUATION EN EUROPE.
La description épidémiologique de L'herpès virose de la carpe en Europe sera basée
principalement sur les données du WAHID (World Animal Health Information System,
rattaché à l'OIE) de 2007 jusqu’à aujourd’hui. Cette liste est présentée dans le tableau 4.
Toutefois, la précision des informations relayées par ce site varie, il convient donc d'être
prudent quant à l'interprétation de ces données. En effet, des informations quantitatives
(nombre de foyers) sont souvent manquantes et des rapports complets sur l'origine, le lieu et
l'ampleur de la contamination sont rarement présents.
Page 38 sur 114
Tableau IV : Données épidémiologiques recueillies à l’aide de l’interface WAHID
de l’OIE.
Pays\Année
2007
2008
2009
2010
2011
Canada
0
2
1
1
2
?
?
?
0
0
0
0
USA
+…
+…
+…
+…
+0
+0
+0
+0
+0
+0
+…
+…
Royaume uni
+…
10
+…
+…
2
12
0
12
0
8
0
6
Irlande
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Allemagne
135
89
48
124
9
98
11
100
16
61
14
61
1
1
+
+
France
Danemark
+…
+…
+…
+…
Belgique
Pays bas
12
17
Suède
2012
+
+
0
2
0
1
0
0
1
3
0
1
0
1
+…
2
21
30
1
1
1
+?
+…
0
2
14
+?
0
0
1
0
0
0
1
1
0
1
0
Italie
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Espagne
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1
1
33
0
1
7
2
1
7
0
4
0
1
0
0
0
0
1
1
0
0
0
Pologne
Rép.Tchèque
0
0
0
0
Roumanie
Hongrie
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
Singapour
1
0
0
0
0
0
1
1
1
0
1
3
Malaisie
1
3
+?
+?
0
+
0
0
1
3
4
0
Japon
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
Israël
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
Thaïlande
3
4
1
1
2
2
2
0
1
0
0
0
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
+…
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1
0
+…
+?
3
0
1
+?
0
Indonésie
Chine
0
Corée du sud
10 : nombre de foyers parmi les populations
sauvages
10 : nombre de foyers parmi les populations
domestiques
+… : Maladie présente sans données quantitatives
+ : maladie présente, avec données quantitatives
mais nombre de foyers inconnu
+0 : maladie limitée à une ou plusieurs zones
+? : Infection mise en évidence, mais sans signes
cliniques
Page 39 sur 114

Royaume uni :
Le Royaume Uni connaît sa première épidémie confirmée sur des carpes sauvages en
2003 [83], [84]. Avant cela de nombreux cas isolés sont détectés sur des sites qui importent
des carpes Koï depuis de nombreux pays, incluant Israël, le Japon, la Malaisie et les USA. En
2006 des épidémies de CyHV-3 sont confirmées sur 23 sites du sud de l’Angleterre [84].
Une étude de prévalence par ELISA sur des échantillons collectés durant l’été 2007,
montre que les piscicultures du Royaume Uni sont encore relativement épargnées par le
problème par rapport aux étangs de pêche et de loisir, dont 31% au moins seraient positifs
[85] (Tableau 5).
Tableau V : Distribution géographique et types de sites testés positifs par ELISA
en Angleterre et au Pays de Galles (Adapté de [85]).
Nombre
de Piscicultures
Nombre
de Pêcheries
piscicultures
Positives
Pêcheries
positives
Sud-ouest
18
2 (11%)
8
3 (40%)
Sud
13
1 (8%)
8
0
Thames
8
0
10
3 (30%)
Anglian
17
0
14
4 (30%)
Midlands
16
0
10
6 (30%)
Pays de Galle
1
0
5
2 (40%)
Nord-ouest
2
0
11
7 (64%)
Nord est
7
0
5
1 (20%)
Total
82
3 (4%)
71
26 (37%)
D'après les données fournies par l'OIE [86], l'Herpès virose de la Carpe est limitée à
certaine(s) zone(s) ou région(s) du Royaume Uni en décembre 2012.

Allemagne :
La situation de ce pays est préoccupante. Sur l'année 2006, 49 cas d'infection ont été
détectés à travers tout le territoire. Du mois de janvier au mois de juin 2007, 120 cas sont
signalés : figure 5 [87].
Page 40 sur 114
Figure 5 : Nombre de cas d'herpès virose de la carpe en Allemagne, durant
l'année 2006 et le premier semestre de l'année 2007, [87].
Points rouges : cas d'herpès virose de la carpe .
Page 41 sur 114
Ce chiffre est porté à 135 d'après les données de l'OIE, durant le premier semestre de
l'année 2007. Les années suivantes, le nombre de cas recensés reste important et la plupart du
temps supérieur à 40 (cf. Tableau 5). L'Allemagne est classée dans les pays où l'herpès virose
de la carpe est au stade de maladie clinique manifeste, sur les populations domestiques (non
limitée à certaine(s) zone(s) ou région(s) du pays) [86].

France :
Les premiers cas avérés ont été détectés en 2003, sur des carpes importées d'Israël (cf.
Tableau 3). Un cas a ensuite été détecté en 2007 avec isolement de la souche virale (Thierry
Morin, communication personnelle).
En 2011 deux nouveaux cas sont détectés. Le premier cas eut lieu dans une jardinerie
de Limoges et sur les 58 poissons sensibles, 29 sont morts. L'origine de ce foyer est inconnue
ou incertaine et tous les poissons ayant étés en contact avec les carpes infectées ont étés
abattus [88]. Le deuxième cas a eu lieu dans un bassin chez un particulier [89].
D'après le rapport de l'OIE datant du premier semestre de l'année 2013, L'herpès virose
de la carpe serait présent sur les populations sauvages de carpes en France [86].
B.
EPIDEMIOLOGIE ANALYTIQUE.
1.
SOURCES DE VIRUS .
a)
Sources animées.
Les sources animées de CyHV-3 ne sont pas entièrement connues, on différenciera
donc par la suite les sources établies des sources suspectées.
(1)
Sources établies
Toute carpe ayant ou étant infectée par le virus est une source de virus. En effet la
maladie est reproduite expérimentalement en mettant en contact des carpes naïves et des
carpes ayant été infectées par injection intra-péritonéale, ou par contact avec une eau infectée
[68]. L’ADN viral est retrouvé dans de nombreuses parties ou sécrétions corporelles [45],
incluant la peau, les branchies, l’urine ou les fèces des carpes infectées [59], [50] [73].
Néanmoins, la présence de virus infectieux dans les sécrétions corporelles n’a été démontrée
que pour les fèces [50]. D’autres investigations seraient nécessaires afin d’identifier la ou les
possibles autres sources d’excrétion du virus.
Page 42 sur 114
Par ailleurs, il a été démontré que les carpes infectées excrètent le virus sur une durée
d’autant plus longue que l’infection et le développement de la maladie ont lieu à basse
température. Les carpes infectées à 16, 23 ou 28°C excrètent le virus pendant 7 à 40, 1 à 14 et
3 à 14 jours post-infection, respectivement [90].
Il a été précédemment démontré que des carpes ayant un historique ancien d’herpes
virose de la carpe peuvent conserver le virus sous forme latente et le réactiver longtemps
après leur première exposition suite à un stress thermique, elles doivent donc être considérées
comme une source de virus.
Le seul vaccin existant à ce jour ne permet pas de protéger totalement les poissons, en
effet, une faible proportion des carpes vaccinées (10%) demeurent sensibles au CyHV-3 [69].
Les carpes vaccinées et ayant été exposées au virus doivent donc aussi être considérées
comme une source de virus.
Une autre espèce de poisson, le poisson rouge (Carassius auratus auratus), peut être
infectée par le CyHV-3. Chez cette espèce, le virus peut se répliquer et demeurer dans les
branchies, l’intestin et le tissu nerveux. Lors d’un stress thermique, il peut transmettre le virus
à des carpes naïves [91]. La présentation clinique de la maladie semble alors être différente,
puisque dans les conditions de l’étude, 2 carpes sur 30 meurent après mise en contact avec un
groupe de 10 poissons rouges infectés, en l’absence de signes cliniques. Seules 4 carpes sur
les 30 (incluant les deux carpes mortes) se révèlent positives par PCR et RT-PCR sur des
échantillons de rein, branchies et rate.
Les hybrides de la carpe et du poisson rouge, cyprinus carpio X carassius auratus,
s’avèrent eux partiellement résistants au CyHV-3 (40% de mortalité), tandis que les hybrides
de la carpe et du carassin commun cyprinus carpio X carassius carassius, sont eux sensibles,
avec un taux de mortalité proche de celui observé sur des carpes naïves : figure 6 [92].
Page 43 sur 114
Figure 6 : Mortalité cumulative des différents croisements de cyprinidés infectés
par le CyHV-3, souche E(européenne), [92].
(2)
Sources suspectées.
L’ADN viral est retrouvé chez beaucoup d’espèces de poissons ayant cohabité avec
des carpes infectées, en utilisant une méthode de PCR très sensible (PCR nichée) puis un
séquençage, par exemple chez Ctenopharyngodon idella (Carpe herbivore), Leuciscus idus
(Ide doré) et Ancistru ssp (Ancistrus commun) [93].
On retrouve également l’ADN viral dans les tissus d’invertébrés :Anodontacygnea
(moule d’eau douce) en particulier le manteau, les glandes digestives et les branchies par PCR
selon Bergmann et al., 2006. Cette présence est confirmée d'une part par répétition des
analyses et d'autre part par analyse PCR détectant l’ADN codant la glycoprotéine du CyHV-3
(ORF 56). Selon le même protocole, de l’ADN est également retrouvé chez Gammarus pulex
(crustacé d’eau douce) [94]. Bien qu’on ne puisse exclure la présence d’ADN adhérent à la
surface de ces deux espèces, elles pourraient jouer un rôle de vecteur en accumulant
passivement des particules virales. Une étude est en cours, incluant la recherche
morphologique du virus dans ces organismes, ainsi qu’une expérience d’exposition à des
carpes naïves, afin de déterminer si oui ou non ils peuvent jouer ce rôle.
Une autre source de virus possible est constituée par les carpes ayant été vaccinées
mais non exposées au virus. En effet, lors du processus de vaccination, 10 % de mortalité
environ est observée, ce qui montre qu’il demeure faiblement pathogène. La possibilité de
Page 44 sur 114
retour à l’état pathogène par mutation réverse de ce vaccin vivant, atténué par culture
cellulaire, reste possible. Néanmoins, la société KoVax, productrice du vaccin, met en avant
la présence de plus de 31 mutations de différents types dans ce virus atténué et l’absence de
mutation réverse détectée depuis la commercialisation du vaccin.
b)
Sources inanimées
Nous avons vu précédemment que les carpes infectées par le CyHV-3 excrètent le
virus dans leurs fèces, celui-ci se retrouve ainsi dans les sédiments et l’eau environnementale.
In vivo, il a été démontré que le virus reste infectieux entre 4 et 21 heures à 24°C. En effet, les
carpes mises en contact 21 heures après ajout du virus dans l’eau ne développent pas la
maladie, contrairement aux carpes mises en contact 4 heures après ajout de la suspension
virale [27]. Cependant, la situation dans le milieu naturel semble être différente puisque le
virus demeure infectieux pendant 3 jours, dans l’eau environnementale ou les sédiments. Il
semblerait que la présence de bactéries joue un rôle négatif dans la survie du virus car dans de
l’eau stérilisée le virus reste infectieux pendant 7 jours au moins. De même plus la
température est élevée, moins le virus reste infectieux longtemps. En effet, le virus reste
infectieux pendant 24 heures à 30°C dans de l'eau non stérilisée, ou de l'eau stérilisée avec des
sédiments intacts, contre 3 jours dans les mêmes conditions à 15, 20 ou 25°C [26].
2.
FACTEURS DE RECEPTIVITE
a)
Influence de la température
Le virus croit in vitro de façon optimale, entre 15 et 25°, avec peu ou pas de croissance
à des températures inférieures, et pas de croissance à 30°C [46], [67]. In vivo, les carpes
infectées entre 16 et 23°C affichent des taux de mortalité comparables, mais les mortalités
sont plus étalées dans le temps pour les poissons infectés à 16°C. A 13°C les poissons infectés
ne développent pas la maladie, sauf s’ils ont étés replacés à 23°C avant 64 jours post infection
[67], [90]. Ceci montre bien l’influence de la température sur la réponse immunitaire
adaptative, plus longue à mettre en place à basse température. A 28°C les taux de mortalité 60
jours après infection sont significativement moins importants (50%), qu’entre 16 et 23°C
(80%) [90]. Enfin, des carpes exposées à 23°C pendant 3 jours puis, placées à 30°C pendant
30 jours, voient leur taux de mortalité réduits de 40% environ par rapport à des carpes naïves
[95].
Page 45 sur 114
b)
Autres facteurs
L'âge des individus semble aussi influer sur le taux de mortalité observé. En effet les
carpes juvéniles (2.5 - 6g) sont plus sensibles au virus comparées aux carpes adultes (230g),
avec des taux de mortalité respectifs de 92.5% et 56% [27].
Les différentes souches de carpes présentent également une réceptivité très différente
[96]. En effet le croisement entre la carpe commune domestiquée Dor-70 et les sauvages
Sassan (Cyprinus carpio haemopterus) affichent un taux de mortalité de 60.7% à 23°C, contre
92% pour le croisement de carpes communes domestiques « Nasice ». De même, les carpes
« Szarvas 15 », « armur », « duna » et « tata » affichent des taux de mortalité à 23°C de
100%, 89%, 88% et 79% respectivement [97]. Ces différences pourraient être expliquées par
le polymorphisme dans les gènes codant l’IL-10a et le CMH de classe II. En effet
l’implication des polymorphismes des gènes codant l'IL-10a et le CMH II dans la résistance
au CyHV-3 a été démontrée [41], [98].
L’influence des facteurs environnementaux sur le stress induit, et la réceptivité au
CyHV-3 reste à explorer. Dans la nature, les cas d’herpes virose de la carpe ont lieu au
printemps, en même temps que la saison de reproduction des carpes [99], cette saison pourrait
donc coïncider avec la baisse des défenses immunitaires et une plus grande réceptivité à
l’Herpès virose de la carpe.
3.
MODALITES DE CONTAGION
a)
Contagion horizontale
La contagion horizontale est certaine et facile à reproduire par cohabitation avec des
poissons infectés.
Nous avons vu que les carpes peuvent être infectées par immersion dans une
suspension virale et que dans ces conditions, la peau est la principale porte d’entrée du virus
[48]. Les carpes peuvent être également infectées par ingestion d'aliment dans lequel a été
incorporé le CyHV-3, dans ces conditions, c’est la muqueuse parodontale qui joue le rôle de
porte d’entrée [49].
Seule l’excrétion du virus dans les selles a été démontrée [50]. Le virus se retrouve
ainsi dans l’eau et les sédiments de l’environnement et peut être ingéré, le fait que la carpe est
un animal fouilleur en fait l’une des principales modalités de contagion indirecte.
Page 46 sur 114
La contagion directe reste quant à elle à démontrer, mais elle pourrait être une
modalité importante de contagion étant donné le caractère très peu résistant du virus dans le
milieu naturel. Le fait que les carpes étant infectées ont pour habitude de se frotter contre des
objets ou leurs congénères, en particulier lors de la saison de reproduction, pourrait favoriser
ce mode de transmission.
b)
Contagion verticale
La transmission verticale du virus n’a jamais été démontrée, mais elle est suspectée,
comme cela est le cas pour d’autres virus proches du CyHV-3.
Une expérience menée sur le CyHV-2 (agent de la nécrose hématopoïétique du
poisson rouge), montre qu’à partir d’œufs désinfectés (100 ppm iodophore pendant 15
minutes) provenant de géniteurs infectés, les alevins se révèlent positifs par PCR, ce qui
démontre la transmission verticale du génome du virus [100]. Il convient toutefois de prendre
des précautions quant à cette affirmation, ce cas de transmission ayant eu lieu dans une ferme
n’ayant pas une extrême rigueur dans les pratiques de biosécurité.
La contagion verticale a également été démontrée pour le génome du CCV (agent de
l’herpès du poisson chat) [101], chez lequel on retrouve l’ADN viral parmi les descendants de
poissons positifs. Le fait que cette transmission supposée soit le fruit d’une véritable
contagion verticale, ou d’une transmission de surface, n’est cependant pas clair dans ce cas.
Des expériences prouvant la transmission du virus d’individus porteurs latents à leur
descendance, avec désinfection préalable de la surface des œufs (élimination de la
contamination par contact), et filtration UV (élimination des virus dans l'eau) seraient
nécessaires, afin de prouver l’existence de cette modalité de transmission.
IV. METHODES DE DIAGNOSTIC.
Le diagnostic de l’herpès virose de la carpe, est tout d’abord clinique par l’observation
des signes macroscopiques externes, autoptique par examen des lésions macroscopiques.
Suivent les examens microscopiques, en particulier des branchies. Ces méthodes permettent
de suspecter un cas d’herpes virose de la carpe et sont facilement réalisables sur le terrain. On
verra dans un premier temps les signes cliniques et macroscopiques externes habituellement
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rencontrés, puis les diagnostic différentiel de cette maladie, incluant les signes
macroscopiques, microscopiques ou épidémiologiques, puis les tests de diagnostic utilisables
afin de confirmer une infection.
A.
SYMPTOMES CLINIQUES ET LESIONS MACROSCOPIQUES EXTERNES.
Les premiers signes cliniques apparaissent seulement 1 à 3 jours post-infection. Ceuxci sont non spécifiques et incluent un état léthargique, une perte d’appétit, une position
statique à la surface, nageoires pliées [102] mais également une sécrétion de mucus accrue
dans les premières 24 heures post-infection. Cette sécrétion s’amenuise après 72 heures et la
peau prend alors un aspect rugueux [56]. Dès le 3ième jour post-infection, une nécrose des
branchies peut être visible [47].
D’autres signes sont habituellement rencontrés selon le stade de la maladie, comme
des pétéchies et ecchymoses sur les nageoires, voir sur l’ensemble du corps [81]. Une
énophtalmie peut être visible à un stade avancé de la maladie avec parfois des signes
d’atteinte neurologique en stade final : désorientation, perte d’équilibre [102]. La figure 7
présente l’ensemble des lésions macroscopiques habituellement rencontrées.
A 23°C, les mortalités débutent généralement à partir du 5ième jour, pour être
maximales vers le 15ième jour et le taux de mortalité semble être plus élevé chez les jeunes que
chez les adultes (60% pour les adultes contre 90% pour les plus jeunes [27]). Ces données
varient néanmoins beaucoup suivant la température de l’eau, le fait qu’il s’agisse d’une
première exposition ou non, ou même selon la souche de carpe utilisée dans l'étude. En effet,
le début des mortalités post exposition à 18°C ou chez les poissons déjà exposés, est
habituellement rencontré vers le 20ième jour post-infection et la mortalité est alors moins
importante [67], [68]. De même, certains croisements de carpes n’affichent qu’un taux de
mortalité de 30% [96]. Enfin à des températures inférieures à 13°C ou supérieures à 28°C
aucune mortalité n'est observée [68].
Page 48 sur 114
Figure 7 : Lésions observées lors d’herpès virose de la carpe [102].
A : Nécrose sévère des branchies, B : Hyperhémie de la nageoire caudale, C : Lésions
herpétiques de la peau et érosion des nageoires.
B.
LESIONS HISTOLOGIQUES ET MODIFICATIONS HEMATOLOGIQUES.
Le CyHV-3 a également été nommé CNGV par certains auteurs, (pour Carp interstitial
Nephritis and Gill necrosis Virus), ce qui traduit bien les lésions principales dont il est
responsable.
Deux études font état des lésions typiquement observées : [46], [47]. Ces auteurs
montrent que des changements sont visibles dans les branchies et les reins dès le 2 ième jour
post-infection. Sur les branchies on note une perte des lamelles branchiales avec un infiltrat
cellulaire inflammatoire mixte à 2 jours post-infection. A 6 jours post-infection, un
effacement complet de l’architecture branchiale est visible, ainsi qu'une inflammation sévère
s’accompagnant d’une congestion du sinus veineux central (figure 8). Les lésions
histologiques sont encore plus remarquables au niveau de l’arc branchial, incluant une
congestion veineuse, une inflammation du tissu épithélial et une diminution de la taille des
branchiospines. Ces changements sont dus au CyHV-3, en effet, le nombre de
microorganismes n’augmente à la surface des branchies qu’à partir du 8-10ième jour, quand
l’épithélium commence à desquamer, ce qui suggère que les lésions primaires entrainent une
prédisposition aux infections secondaires.
Page 49 sur 114
Figure 8 : Inflammation des branchies induite par le CyHV-3 [46].
(A à C) échelle : 200 µm, filaments branchiaux, (A) branchies normales, (B) infiltration
inflammatoire de la plupart des lamelles branchiales, (D) 6 jours post infection. (D à F)
branchiospines, (E) Diminution de la hauteur des branchiospines, inflammationsubépithéliale et
congestion veineuse, (F) desquamation de l’épithélium (en haut à gauche).
En parallèle, au niveau des reins, une légère inflammation péritubulaire est visible à
partir de J2, un infiltrat inflammatoire interstitiel sévère à J6 accompagné de grandes cellules
avec corps d’inclusions intranucléaires et cytoplasme « mousseux », semblables à ce qui est
observé sur les cellules infectées in vitro. Une congestion veineuse, est également visible et à
J8 on note une dégénérescence de l’épithélium tubulaire avec des lymphocytes
intraépithéliaux (figure 9).
La peau présente également des lésions, avec un nombre de cellules à mucus à 5 jours
post-infection très réduit par rapport à une peau saine. Ces cellules sont également beaucoup
plus petites [56], (figure 10). Ceci corrobore les observations cliniques réalisées, qui montrent
une production de mucus très augmentée à partir du 1er jour post-infection, suivie rapidement
par une diminution, donnant un aspect rugueux et mat à la peau.
Dans le sang une anémie normocytaire, normochrome arégénérative, une leucocytose
granulocytaire et monocytaire ainsi
qu’une lymphocytopénie accompagnée d’une
trombocytopénie est observée [59].
Page 50 sur 114
Figure 9 : Néphrite interstitielle induite par le CyHV-3 [46].
(A à E) échelle : 100 µm, (F à I) : 40 µm, (F) inflammation des tubules rénaux, (G)
vacuolisation dans un globule blanc, (H) Effet cytopathique sur une cellule épithéliale, (I) inclusion
intranucléaire dans une cellule inflammatoire.
Page 51 sur 114
Figure 10 : Analyse histologique de la peau d’une carpe infectée par le CyHV-3 5 jours
post infection, coloration AB-PAS [56].
Echelle : 25 µm, On note une quasi disparition des cellules a mucus et une diminution de leur
taille (en bleu) 5 jours post-infection
D’autres organes sont moins touchés, le foie montre une infiltration inflammatoire
légère, localisée au parenchyme et le cerveau, une inflammation méningée et paraméningée
focale.
Des examens sur cadavres récoltés lors d’un épisode de mortalité dans les lacs
canadiens d’Ontario et Manitoba, montrent les lésions observées sur le terrain. Celles-ci
incluent la présence de macrophages intra-lamellaires sur les branchies (figure 11), qui sont
retrouvés également dans la lamina propria et la muqueuse de l’intestin. De nombreux
poissons présentent des tapis de bactéries filamenteuses sur les branchies (Flavobacterium
columnare) et la présence de Trichodina est courante. On peut noter une vascularite fibrineuse
dans les veinules hépatiques ou spléniques avec nécrose de l’endothélium des capillaires
sinusoïdes (Figure 12), ce qui coïncide avec les lésions de congestion précédemment
rapportées. Enfin de nombreux cadavres présentaient de multiples foyers histiocytaires et
lymphocytaires dans le myocarde ventriculaire.
Page 52 sur 114
Figure 11 : Coupe de branchie réalisée sur cadavre, suite à un épisode de
mortalité due au CyHV-3 dans un lac canadien. [81].
Echelle : 25µm, On note de l’autolyse (ou de la nécrose épithéliale), de gros macrophages
remplis de débris nécrotiques et éosinophiles (flèches).
Figure 12 : Coupe de foie réalisée sur cadavre, suite à un épisode de mortalité due
au CyHV-3 dans un lac canadien. [81].
Echelle : 25µm, veinule hépatique avec un endothélium nécrotique et fibrineux (flèche),
entouré de macrophages et autres leucocytes, la lumière du vaisseau est de taille augmentée.
Page 53 sur 114
C.
DIAGNOSTIC DIFFERENCIEL.
L’objectif n’est pas ici de détailler une liste exhaustive des maladies qui peuvent être
confondues avec l’herpès virose de la carpe et les éléments épidémiologiques, autoptiques ou
microscopiques qui permettent d’infirmer ou de suspecter fortement la maladie. En effet, un
certain nombre de signes sont typiques d’un cas d’herpès virose de la carpe (Mortalité
massive entre 18 et 24°C, nécrose des branchies, pétéchies et ecchymoses sur les nageoires),
mais il convient d’être très prudent quant à ces affirmations. En effet les signes des maladies
des poissons peuvent varier suivant le contexte, plus encore que chez d’autres animaux.
Les grandes épidémies dans le milieu naturel, se déroulent en effet sur un ou deux ans
mais ensuite, la maladie peut passer inaperçue, avec des mortalités très faibles et parfois, sans
signes cliniques [69]. De même, les mortalités sont faibles et très étalées dans le temps à basse
température. Un printemps long avec des températures de l’eau qui restent dans les limites
permissives pour le développement de la maladie peut donc modifier les signes cliniques et
épidémiologiques de l’herpès virose de la carpe. Enfin, les signes cliniques des différentes
maladies peuvent être modifiés en fonction de la présence d’autres pathogènes dans l’eau,
notamment lors de surinfections [56]. On peut également imaginer que la présence conjointe
du virus de la virémie printanière (virus très présent en Europe) et de l’herpès virose de la
carpe, entrainerai une mortalité débutant à basse température, ne permettant pas sur cette seule
base d’éliminer avec certitude un cas d’herpès virose de la carpe.
On se contentera donc d’établir une liste de maladies qui peuvent être confondues avec
l’herpès virose de la carpe, en se basant sur les signes épidémiologiques, macroscopiques ou
microscopiques similaires à cette maladie. Cette liste est présentée dans le tableau 6.
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Tableau VI : Maladies dont les signes peuvent être confondus avec l’herpès virose de la carpe. D'après un ouvrage de pathologie
aquacole générale [103].
Maladie-Etiologie
Costiase
necator
Données épidémiologiques
Ichthyobodo Développement de 2 à 30°C
Mort des jeunes / mal nourris
(immunodéprimés / naïfs)
De 40 à 73% de mortalité
Spécificité d’hôte large
-
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Trichodinose - Trichodina Affecte plutôt les jeunes au
printemps après un stress
perforata
d’hiver.
Spécificité
d’hôte :
Cyprinus.carpio,
Carrassius.carrassius.
Chilodonellose
- Spécificité d’hote large
Chilodonella
piscicola Développement de 4 à 20°C
Myxobolose
dispar
-
Myxobolus Spécificité
Cyprinuscarpio
Thelohanellose
Thelohanellus hovorkai
-
Signes
macroscopiques Signes
microscopiques
similaires au CyHV3
similaires au CyHV3
Production
de
importante
Nécrose branchiale
Irritation de la peau
mucus Hyperplasie et fusion des
lamelles
Diminution des cellules de
Goblet
Production
de
mucus
importante
Détachement de l’épithélium
Nageoires effilochées
Production
de
Mucus
importante, débris de mucus et
abrasion
de
la
peau.
d’hôte : Nécrose et inflammation des Fusion
des
branchies
branchiales
Température entre 15 – 25°C
Pétéchies et hémorragies sur
la peau
Exfoliation de l’épithélium
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lamelles
Tableau VI : suite.
Maladie-Etiologie
Données épidémiologiques
Virémie printanière - SVC
Provoque 30 à 70%
mortalité
Aigue entre 15 et 17 °C
Signes
macroscopiques Signes
microscopiques
similaires au CyHV3
similaires au CyHV3
de Pétéchies sur la peau et les
branchies.
Pâleur des branchies
de
Température Hémorragies de la peau, de la Dégénérescence des tubules
Aeromonose - Aeromonas Montée
(température optimale de base des nageoires et des rénaux
hygrophila
croissance : 28°C)
branchies aux stades avancés
Spécificité d’hôte large
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Yersiniose - Yersinia ruckeri
Montée de Température (Pic Similaires
a
Aeromonas
entre 15 et 18°C)
(typiques des septicémies a
Spécificité
d’hôte
large germes Gram négatifs)
Jusqu’à 70% de mortalité
Edwardsiella septicaemias
Transmission facilitée entre Typiques des septicémies a
20 et 30°C
germes Gram négatifs
Flavobactériose
Flavobactérium
branchiophila
printanière Cellules filamenteuses au Hyperplasie branchiale
– Maladie
Jusqu’à 70% de mortalité en niveau
des
branchies
fonction
des
conditions nécrose branchiale sévère
d’élevage
Page 56 sur 114
D.
METHODES DE DIAGNOSTIC DIRECT.
Les méthodes de diagnostic sont dominées par les techniques de PCR, mais d’autres
techniques existent, comme la recherche par immunofluorescence des antigènes viraux,
l’hybridation in situ ou la technique ELISA. On tentera donc par la suite d’identifier leurs
avantages et inconvénients respectifs.
1.
LES TECHNIQUES D ’IMMUNOMARQUAGE ET D’HYBRIDATION IN
SITU .
Le CyHV-3 a été identifié par immunofluorescence sur des calques de foie, rein et
cerveau, la fluorescence la plus importante étant obtenue sur les calques de rein (figure 13), et
ceci, dès 1 jour post-infection [46]. Dans cette même étude est également décrite une
technique d’immunomarquage par la peroxydase sur des coupes tissulaires de rein. Des
protocoles de séparation des leucocytes en vue d’un immunomarquage ou d’une hybridation
in situ existent [93], ce qui en fait des techniques intéressantes puis qu’alors non létales,
néanmoins, il n’existe pas d’études comparant ces méthodes aux autres méthodes ayant fait
leurs preuves, comme les méthodes par PCR. Ces techniques doivent par ailleurs être
interprétées avec prudence car des réactions croisées avec d’autres virus proches ou des
protéines de l’hôte existent [46].
Figure 13 : immunofluorescence du CyHV-3 sur calque de rein [46].
A gauche : carpe infectée, à droite : carpe naïve
Page 57 sur 114
2.
LA TECHNIQUE ELISA DIRECTE (RECHERCHE DE L ’ANTIGENE).
Des méthodes basées sur la technique ELISA sont en développement dans beaucoup
de laboratoires [104]. Actuellement, une méthode a été publiée, développée en Israël, pour la
détection du virus dans des échantillons de fèces de poissons [50]. Le virus est dans ces
conditions détecté sur des échantillons prélevés 6 à 8 jours post-infection et aucune réaction
croisée, avec les protéines de la carpe ou le CyHV-1 n’est notée. Cette technique peut être
couplée à une réaction colorée (immunomarquage) et utilisée sur le terrain sous la forme d’un
outil de type SNAP test, ceci en fait un outil précieux, bien que non disponible actuellement.
3.
LES TECHNIQUES PAR PCR.
Les techniques de PCR publiées sont nombreuses et varient selon la technique
employée. On distingue entre autres les techniques de PCR nichées, plus spécifiques car
employant deux couples d’amorces, les techniques de PCR en temps réel, qui permettent la
quantification de l’ADN amplifié, les techniques LAMP (loop mediated isothermal
amplification) qui ne nécessitent pas de thermocycleur (donc moins coûteuses et plus rapides)
et les techniques conventionnelles.
La PCR conventionnelle est largement utilisée pour la détection du CyHV-3. Les plus
utilisées sont la PCR selon Yuasa, et al. 2005, ciblant la région SphI-5 du CyHV-3 [105] ainsi
que la PCR ciblant le gène de la thymidine kinase [106], deux méthodes approuvées par l’OIE
[107].
La PCR Nichée permet d’augmenter la sensibilité du test jusqu’à une limite de
détection de 1 à 5 copies du génome du CyHV-3, ce qui en fait l’une des méthodes les plus
sensibles. En revanche, elle nécessite l’ouverture des tubes pendant et après la réaction de
PCR, ce qui entraine un risque de contamination croisée [107]. En effet, La PCR nichée est
une méthode d’amplification au cours de laquelle le produit issu d’une première PCR est de
nouveau amplifié à l’aide d’un second couple d’amorces, il faut donc ouvrir les tubes après la
première PCR pour introduire le second couple d'amorces afin de réaliser la seconde.
La PCR en temps réel présente quand a elle bien des avantages : une excellente
sensibilité (limite de détection : 1-5 copies du génome), il n’y a pas besoin d’ouvrir les tubes
de réaction, ce qui limite les contaminations croisées et les contaminations sont la plupart du
temps contrôlées par l’inclusion du système dUTP – uracile glycosylase. En revanche, le coût
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du matériel nécessaire est important [107]. Une seule étude a été publiée sur cette technique
[45], (amorces KHV-86f) mais elle est la plus utilisée des méthodes de PCR, dans le cadre du
diagnostic de l’herpès virose de la carpe.
a)
Sensibilité et spécificité.
Une étude comparative, dans des conditions standardisées, incluant plusieurs
méthodes (publiées ou non), montre que la sensibilité des techniques existantes est très
variable et que certaines méthodes ne sont pas appropriées pour la recherche des porteurs
latents [70]. La spécificité est quant à elle la plupart du temps excellente et comparable. Si
l’on se base sur le fait qu’un équivalent génomique correspond à un virion, qu’en moyenne il
y a 2 à 60 copies du génome du CyHV-3/ µg d’ADN leucocytaire total chez les porteurs
latents [69] et que l’extrait total d’ADN est de 0.5 µg, seules 3 des techniques décrites dans
cette étude sont adaptées à la détection de ces poissons. La sensibilité de différentes
techniques PCR est présentée dans le tableau 7.
Dans tous les cas, la quantité d’ADN génomique extraite varie en fonction de l’état
d’autolyse du poisson. Dans ces conditions, les méthodes basées sur l’utilisation de la silice
doivent être préférées à celles basées sur l’utilisation de sels, qui produit des résultats moins
homogènes et un ADN de moins bonne qualité. De même le choix de l’ADN polymérase
influe sur la sensibilité des différentes PCR, avec une sensibilité plus importante obtenue avec
la « PlatiniumTaq polymérase » qu’avec la « Taq polymérase », [108].
L’échantillonnage affecte également la sensibilité, si le taux d’ADN viral est proche de
la limite de détection, une analyse sur un mélange de plusieurs individus provoque une
dilution, faisant passer le taux d’ADN du CyHV-3 en dessous des limites de détection. Une
expérience récente a montré que lors d’un test individuel par la méthode de PCR en temps
réel [45], sur 10 carpes exposées au virus 6 d’entre elles étaient positives. Lorsque deux
groupes de 5 carpes sont réalisés, les résultats se révèlent négatifs [70]. Ceci entraine que lors
de cas subcliniques, les analyses doivent impérativement être réalisées individuellement.
On note que la technique PCR ciblant le gène de la thymidine kinase n’a pas permis de
détecter le CyHV-3 sur des échantillons pris sur le terrain après un épisode d’herpes virose de
la carpe en Allemagne. Ceci montre que de nouveaux variants peuvent être difficiles à
détecter avec ce couple d'amorces, [70].
Page 59 sur 114
Tableau VII : Sensibilité des méthodes de diagnostic du CyHV-3 par PCR,
Adapté de [70].
PCR
PCR en temps réel [45]
Equivalents
génomiques Détection chez 3 koï
nécessaires
pour
un ayant
survécu
à
résultat positif
épisode de CyHV-3
1-5
2/3 :
leucocytes,
écouvillons
un
3/3
branchiaux
ou échantillons tissulaires
PCRconventionnelle [109]
10 4-5
0/3
PCR [110]
1-5
2/3
PCR
conventionnelle,
amorcegene 10 1-2
0/3
10 1-2
ND
3-4
ND
amorce 10 2-3
ND
thymidine kinase [106]
PCR nichée Bercovier (non publiée)
PCR conventionnelle, amorce Sph 1-5 10
[105]
PCR
conventionnelle,
Glycoprotéine majeure de l’enveloppe
(non publié)
PCR
conventionnelle,
amorces 10 3-4
ND
dégénérées (CEFAS, non publié)
PCR nichée après conventionnelle sur 10 2-3
amorces
dégénérées
(CEFAS
0/3
non
publié)
Loopamp® (Eikem)
10 1-2
ND
Duplex PCR (AFSSA)
10 2-3
ND
PCR semi nichée [70]
1-5
2/3 :
leucocytes,
écouvillons
3/3
branchiaux
ou échantillons tissulaires
En rouge : haute sensibilité (adapté à la détection des porteurs latents ou asymptomatiques), en
bleu : sensibilité moyenne, en noir : faible sensibilité, ND : non déterminé.
La spécificité de ces différentes techniques PCR, testée sur les alloherpesviridae des
poissons (CyHV-1, 2 ; IcHV-1 ; AngHV-1) ne montre aucune réaction croisée avec les
techniques de PCR présentées, à l’exception de la PCR avec amorces dégénérées, qui détecte
l’ADN du CyHV-1 et 2. Des faux positifs sont néanmoins possibles lors de réactions croisées,
intervenant lors de la manipulation des échantillons. Le dernier essai entre laboratoires,
Page 60 sur 114
organisé par le centre de l’environnement, piscicultures et sciences de l’aquaculture (CEFAS),
montre que les problèmes de faux positifs existent dans un nombre considérable de
laboratoires [107].
b)
Echantillons utilisables.
Lors d’infections cliniques, des taux importants d’ADN du virus sont retrouvés dans
les branchies, les reins et la rate des poissons, mais également dans le foie, le mucus, le
cerveau et l’intestin [45]. L’OIE recommande à ce titre l’utilisation des échantillons de
branchies, rate ou rein [104].
Lors d’infection subclinique ou latente, la concentration d’ADN la plus importante
semble être obtenue dans les leucocytes [107], dans ce cas, un prélèvement sanguin suivi
d’une séparation des leucocytes du sang est indiquée. D’autres données sont nécessaires afin
d’évaluer la sensibilité des analyses sur l’ADN leucocytaire, ce qui permettrait l’utilisation de
ce prélèvement non létal à plus grande échelle.
La technique PCR n’est pas seulement applicable à la détection du virus chez les
poissons et les différents porteurs suspectés, des protocoles ont également étés publié pour
l’extraction d’ADN puis la recherche et la quantification du virus dans l’eau et les sédiments
[111], [112], [113], [114].Cette méthode permet de détecter 60 copies d’ADN du CyHV-3.L-1.
Les études montent que l’ADN est rapidement dégradé dans les eaux environnementales et
qu’il est présent dans les sédiments à concentration bien plus importante que dans l’eau
(quelques dizaines à un millier de fois plus concentré). Ceci suggère que la matière organique
joue un rôle dans la conservation de l’ADN viral [28], [113]. La concentration d’ADN viral
s’avère non corrélée à un épisode d’herpès virose de la carpe, en effet, un nombre plus élevé
de copie du génome viral peut être trouvée plusieurs années après un épisode, ce qui suggère
la présence de porteurs-excréteurs sains [28]. En raison de la bonne sensibilité de cette
méthode, elle pourrait être utilisée pour évaluer la contamination de l’environnement par le
CyHV-3.
4.
LA TECHNIQUE PAR CULTURE, ISOLEMENT ET IDENTIFICATION DU
VIRUS.
Le CyHV-3 est classiquement cultivé sur cellules dérivées de cellules de nageoires de
Koï (Koi fin cells ou KFCs), cérébrales de carpes communes (C.carpio carp brain cells ou
Page 61 sur 114
CCBs) et branchiales (C.carpio carp gill cells). D’autres cellules sont utilisables comme les
cellules de nageoires de carpe commune ou encore les cellules branchiales du poisson rouge
tandis que d’autres ne semblent pas permissives, telles que les cellules CHSE-214 (Chinook
salmon embryo), RTG-2 (Rainbow trout gonad) ou CCO (Channel catfish ovary) [102].
Sur des cellules KFCs incubées à température permissive en présence du virus, l’effet
cytopathogène est observé en 3 à 5 jours post-infection. Il se manifeste par l’apparition de
nombreuses vacuoles endoplasmiques ainsi que l’augmentation de la taille des cellules
infectées. Les cellules deviennent ensuite rondes et se détachent du substrat, des plaques sont
alors visibles sur le tapis cellulaire 4 à 6 jours post-infection : figure 14 [46].
L’effet cytopathogène observé est dépendant de la température, en effet, les plaques
formées après infection de cellules CCBs à température permissive disparaissent après
incubation 3 jours à 30°C et réapparaissent si ces cellules sont placées à températures
permissives 7 jours plus tard [71].
Figure 14 : Effet cytopathogène induit par le CyHV-3 sur des cellules KCFs à
22°C [46].
Le carré central montre une vacuolisation intense et des cellules de taille plus importantes que
les cellules non infectées (en haut à gauche).
La technique par isolement et identification du virus est la seule technique permettant
d’obtenir un diagnostic de certitude, cependant, elle présente de nombreux désavantages.
Cette technique manque de sensibilité par rapport aux techniques par PCR, en effet, elle ne
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permet pas de détecter les porteurs latents ou subcliniques [109], [78]. Par ailleurs elle
nécessite un matériel et des techniques qui peuvent être difficiles à appréhender, prend
beaucoup de temps (10-12 jours pour l’isolation, 5-8 jours pour l’identification [78]) et coûte
cher. Les échantillons tissulaires doivent être réalisés dans des conditions stériles,
immédiatement après la mort du poisson, et transmis au plus vite au laboratoire, sous couvert
du froid [108] . Enfin, la présence du virus doit être confirmée après sa culture par PCR, car
un pseudo effet cytopathogène peut être observé sur les cultures cellulaires jouant le rôle de
témoin négatif [78].
Ces observations montrent que ce n’est pas une méthode de diagnostic appropriée dans
le cadre de la lutte contre l’herpès virose de la carpe, cependant elle est utile dans le cadre de
la recherche car elle constitue le seul argument démontrant la latence du virus, sa réactivation
et son excrétion dans des conditions de stress thermique [69].
E.
METHODES DE DIAGNOSTIC INDIRECT : LA METHODE ELISA DE
RECHERCHE DES ANTICORPS ANTI CYHV-3.
Comme nous l’avons vu précédemment, la réaction immune après exposition au
CyHV-3 a un rôle important, avec intervention de l’immunité non spécifique et de l’immunité
spécifique cellulaire et humorale. Plusieurs méthodes ont déjà été décrites [95], [68], [36],
[62].
Quand les conditions sont optimales, le taux d’anticorps est augmenté à partir de 7 à
14 jours après inoculation du CyHV-3 par injection, comme vu dans le paragraphe II.B.2.
Cette durée est portée à 3 semaines lors d’infection par cohabitation [95]. Les anticorps sont
alors détectables, même à forte dilution [36]. Cette étude montre par ailleurs que pour les
carpes ayant subit un épisode d’herpès virose de la carpe 6 semaines avant prélèvement
sanguin, le taux de séropositivité est de 100%. Un an après l’exposition, le taux de
séropositivité est toujours élevé avec seulement 1 poisson sur 17 ayant un taux d’anticorps
non détectable (soit 6% environ), les autres montrant une réactivité entre 40 et 90% (résultat
en pourcentage du témoin positif).
Il existe des réactions croisées avec le CyHV-1, particulièrement élevées à des
dilutions de 1 : 20 – 1 : 400, atteignant plus de 80% de réactivité. Néanmoins, les réactions
croisées sont réduites ou éliminées à partir de la dilution 1 : 2500 [36].
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La méthode ELISA est donc très utile dans la mesure où elle permet la détection des
porteurs subcliniques, là ou les techniques par PCR les plus sensibles peuvent rendre un
résultat négatif. Néanmoins, le taux de séropositivité à 1 an et plus après exposition n’est pas
bien connu, ce qui peut compliquer le choix de la taille de l’échantillon ainsi que
l’interprétation du test dans ces cas.
F.
INTERPRETATION : CONDITIONS D'UTILISATION DES TESTS DE
DIAGNOSTIC.
L'observation des signes macroscopiques et microscopiques est une bonne méthode
pour suspecter un cas d'herpès virose. Cependant, les signes habituellement rencontrés ne sont
pas spécifiques, ce test est donc inutilisable pour certifier une infection due au CyHV-3. Ces
méthodes ne sont pas utilisables sur les larves et les post larves en raison de leur petite taille.
Les techniques ELISA de diagnostic direct, ainsi que l'hybridation in-situ sont des
techniques qui peuvent être non létales. Elles semblent donner de très bons résultats et une
bonne spécificité, en particulier la technique ELISA de recherche du virus dans les selles [50].
Pour ces raisons, ces tests sont une bonne méthode pour suspecter ou confirmer un cas
d'herpès virose de la carpe. En revanche, ils sont difficilement applicables sur des poissons
très jeunes (Larves et post larves).
L'isolement suivi de l'identification du virus est une méthode coûteuse, longue, peu
sensible et présentant de nombreux obstacles techniques ce qui limite son application
pratique. En raison de la possible existence d'un pseudo effet cytopathogène sur les cultures
cellulaires jouant le rôle de témoin négatif, ce test ne peut être effectué que pour obtenir un
diagnostic présomptif.
La PCR est quant à elle une méthode considérée comme la référence en matière de
diagnostic de laboratoire de l'herpès virose de la carpe . En effet, nombre de techniques par
PCR ont prouvé leurs résultats, y compris dans la recherche des porteurs latents. C'est
également une technique très sensible et spécifique. En raison des contaminations croisées qui
peuvent être importantes avec les techniques de PCR nichées, les techniques de PCR
classiques ont un avantage certain. D'autant que les sensibilités sont comparables entre les
deux techniques. La PCR est donc une méthode adaptée pour obtenir un diagnostic de
certitude. Le fait qu'elle permette la détection des porteurs latents en fait également une
Page 64 sur 114
méthode à privilégier pour la surveillance ciblée des exploitations. La détection des porteurs
latents restant tout de même difficile [70], il convient dans le cadre de la surveillance ciblée
de multiplier les analyses sur un nombre suffisant d'individus (cf. V. A. 2.). L'échantillonnage
groupé doit être évité sur des poissons supposés porteurs latents en raison du très faible taux
de copies du génome du CyHV-3 présentes chez ces individus.
Les techniques ELISA ont montrées de très bons résultats, y compris concernant la
recherche d'une exposition au CyHV-3 ayant eu lieu un an avant le test. Les anticorps antiCyHV-3 sont détectables chez la plupart des carpes ayant été exposées au virus 6 semaines
avant le test. Il existe des réactions croisées avec le virus du CyHV-1 qui sont fortement
réduites à des dilutions fortes (à partir de la dilution 1 : 2500). Néanmoins, les individus
utilisés dans les études portants sur les méthodes ELISA sont peu nombreux, à cause du fort
taux de mortalité engendré après un épisode d'herpès virose de la carpe .Le taux de
séronégativité est de 5.88% [IC : 0.15% ; 28.7%] un an après exposition [36], ce qui montre
un manque de données concernant ces méthodes. Par ailleurs, les données concernant le taux
de séropositivité des individus ayant étés exposés plusieurs années avant le test n'est pas
connu. Enfin, cette méthode nécessite un prélèvement sanguin ce qui n'est pas possible avec
des individus de petite taille (larves et post larves). L'ELISA est donc une bonne méthode
pour le diagnostic de présomption, de certitude et pour la surveillance ciblée sur les adultes
qui a l'avantage de pouvoir ne pas être létale.
V. PROPHYLAXIE ET REGLEMENTATION.
A.
REGLEMENTATION SANITAIRE.
1.
CADRE PRELIMINAIRE ET DEFINITIONS.
La production aquacole mondiale ne cesse d’augmenter depuis les années 90 (figure
15), alors que la France ne parvient pas à augmenter ses productions (figure 16), qui stagnent
puis diminuent à partir de 1995. Le secteur Aquacole en France est en crise, avec une
production de salmonidés qui chute de 20% entre 1997 et 2007, accompagnée par une
fermeture de 27% des sites et une perte de 35% des emplois dans le secteur de la
salmoniculture [115].
Page 65 sur 114
Figure 15 : Production mondiale de l’aquaculture. [116].
Figure 16 : Production de l’aquaculture reportée en France depuis 1950, [117].
En 2006, la réglementation sanitaire évolue afin de faire face à la crise Française dans
ce secteur. Elle est aujourd’hui basée sur la directive 2006-88 du conseil de l’Union
Européenne, ayant pour objectif l’uniformisation de la réglementation au sein de l’UE, pour
faciliter les échanges, moderniser les moyens de lutte sanitaire et d’inciter à l’amélioration de
la qualité sanitaire des élevages.
Elle a pour conséquence la mise en place de zones et compartiments, ainsi qu’un
système de qualification et certification sanitaire appliqué à une liste de maladies
réglementées, soit parce qu'elles constituent un risque économique, soit parce qu'elles
constituent un risque pour la santé humaine.
Page 66 sur 114
a)
Concept de zonage et compartimentation.
Ces concepts définissent, au sein d'un territoire, des sous-populations caractérisées par
un statut sanitaire distinct, dans un but prophylactique ou pour favoriser les échanges
internationaux.
Le zonage s'applique à des sous-populations définies sur des critères
géographiques en s'appuyant sur des barrières géographiques naturelles, artificielles ou
réglementaires. Une application spécifique de ce concept est l'établissement d'une zone de
confinement unique lors de survenue de foyers de maladie, englobant tout les cas signalés,
afin de réduire au maximum les répercutions sur le territoire national ou dans la zone [118],
[119].
La compartimentation quant à elle, repousse la frontière du risque, au delà de
l'interface géographique et prend en compte tous les facteurs épidémiologiques qui peuvent
contribuer à créer une séparation réelle entre les sous populations. En effet elle est
essentiellement fondée sur des critères de sécurité biologique tels que les pratiques de gestion
et d'élevage, permettant d'obtenir le cloisonnement fonctionnel d'une sous population par
rapport aux autres populations domestiques ou sauvages [118], [119].
Ainsi, le confinement des animaux dans un pays ou une zone infectée peut être associé
à des mesures de biosécurité et à des pratiques d'élevage permettant d'obtenir un risque
négligeable par rapport aux maladies ou aux agents pathogènes [118].
L'illustration de ces concepts en aquaculture est présentée en annexe 4.
b)
Mise en place du plan d'agrément zoosanitaire
obligatoire.
La note de service du 13 avril 2011 [120], explique les modalités d’application et de
mise en place de l’agrément zoo sanitaire obligatoire, pour toutes les fermes aquacoles (les
établissements sont soumis à l’agrément zoo-sanitaire dès lors qu’ils détiennent et mettent sur
le marché des poissons) à l’exception des fermes conchylicoles :
 Définition du statut sanitaire des zones et compartiments (Annexe 4), les catégories
sanitaires sont ainsi divisées en 5 : I (indemne), II (en cours de qualification), III
Page 67 sur 114
(indéterminé), IV (en cours d’éradication), V (infecté), desquelles dépendent les
mouvements d’animaux autorisés au sein de l’exploitation (Annexe 5).
 Définition d’un niveau de risque (faible, moyen ou élevé), spécifique à chaque
établissement basé sur la décision de 2008 [121], dépendant :
- De la propagation directe de la maladie par voie aquatique
- Des mouvements d’animaux d’aquaculture
- Du type de production des espèces détenues
- Du système de biosécurité (formation du personnel comprise)
- De la densité des exploitations dans la zone
- De la présence, à proximité de la ferme aquacole d’exploitations d’un statut
sanitaire inférieur
- Du bilan sanitaire de l’exploitation concernée et des autres exploitations situées
dans la zone
- De la présence d’agents pathogènes chez les animaux aquatiques sauvages dans
la zone entourant l’exploitation
- Du risque posé par les activités humaines à proximité de l’exploitation
- Des prédateurs ou des oiseaux ayant accès à l’exploitation
 Mise en place d’un plan de surveillance zoo-sanitaire, dépendant du statut sanitaire de
l’exploitation et du niveau de risque : Tableau 8 [122].
On distingue différents niveaux de surveillance à différentes fréquences. La
surveillance passive, qui consiste essentiellement en la maîtrise des introductions au sein de
l’exploitation, la tenue d’un registre d’élevage et la mise en place d’un réseau d’alerte en cas
de suspicion de la maladie. La surveillance active consistant, en plus des mesures
précédemment décrites, en des inspections sanitaires périodiques. Dans le cas de la
surveillance active, des échantillons sont analysés en cas de suspicion lors des inspections
périodiques. La surveillance ciblée requiert en plus des inspections sanitaires, des analyses
systématiques pour la recherche des dangers sanitaires de première catégorie.
Page 68 sur 114
Une fois ces mesures mises en place (tenue d’un registre, application des bonnes
pratiques sanitaires, analyse des risques et mise en place du plan de surveillance), un
agrément conditionnel est délivré pour une période de 3 mois. Il devient définitif suite à une
visite d’inspection validant l’application des mesures.
Tableau VIII : Plan de surveillance zoo-sanitaire [122].
2.
APPLICATION A L’HERPES VIROSE DE LA CARPE.
Il n’y a pas de méthodes de surveillance et diagnostic du CyHV-3 officiellement
validées. Ceci pose de nombreux problèmes pratiques, tant pour les éleveurs que pour les
vétérinaires chargés de la surveillance sanitaire de cette maladie. La suite de ce chapitre sera
donc basé sur un projet de texte de la commission européenne [123].
a)
Prophylaxie défensive.
Il s’agit d’un ensemble de méthodes, visant à isoler les populations indemnes afin
d'éviter l’exposition à une population infectée. Elle consiste donc en l’obtention de la
certification indemne et l'établissement de règles d’échange établies, en fonction du statut
sanitaire de l’exploitation concernant l’herpès virose de la carpe. Elle est également basée sur
des mesures d’isolement des fermes infectées.
Page 69 sur 114
Les mesures préconisées pour l’obtention et le maintien du statut sanitaire indemne
sont récapitulées dans les tableaux 9 et 10, adaptés du projet de texte de la commission
européenne [123].
(1)
Méthodes de prélèvement et échantillons à fournir.
Le manuel des méthodes de prélèvement et de diagnostic de l’herpès virose de la carpe
[124] précise la marche à suivre pour les analyses requises.
Les inspections de laboratoire nécessitent la PCR, considérée comme méthode de
référence, pour la confirmation de l’herpès virose de la carpe. Les poissons à prélever doivent
avoir été maintenus à température permissive pendant deux à trois semaines, et si possible
apportés vivants au laboratoire. Dans le cas contraire, il est possible d’envoyer les poissons à
conditions qu'ils soient séparés dans des conteneurs aseptiques et maintenu au froid
(températures négatives). Des organes, soit congelés soit préservés dans de l’éthanol à 80%
peuvent également être envoyés pour analyse. Les échantillons à fournir sont alors des
échantillons de branchies, rein, encéphale et intestin [123]. Un échantillon groupé peut être
réalisé sur plus de 5 poissons, mais seulement en phase aigüe de la maladie. Dans le cas d’une
surveillance
sanitaire,
un
échantillon
groupé
Page 70 sur 114
n'est
pas
recommandé
[123].
Tableau IX : Conditions requises pour les inspections sanitaires des fermes, zones ou compartiments, lors de la démarche de
qualification indemne d’herpès virose de la carpe. Adapté de du projet de texte de la commission européenne, [123].
Type d’exploitation
Conditions des inspections sanitaires
T°C
de Espèce
Type de poisson
Intervalle entre 2
l’eau
Fermes
en
nombre 18-25°C
visites
C.carpio
- Poissons anormaux ou fraichement morts, si non
suffisant ou la surveillance
présents poissons de toutes les classes d’âge
ciblée est applicable
(représentés proportionnellement)
- Poissons de toutes les sources d’eau
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Fermes
en
nombre 18-25°C
C.carpio
Idem surveillance ciblée et :
4
insuffisant / milieu naturel
(surveillance
applicable)
ciblée
non
mois,
si
- Points d’échantillonnage à choisir de façon à impossible le plus
détecter au moins 1 point positif si 10% des points grand
de la zone ou du compartiment sont positifs, avec possible
intervalle de confiance à 95%
-
Points
différents
d’échantillonnage
écosystèmes
compartiment
Page 71 sur 114
de
représentatif
la
zone
ou
des
du
intervalle
Tableau X : Schéma de surveillance sanitaire, en vue de l’obtention ou du maintien de la qualification indemne d’herpès virose de
la carpe, d’une ferme, zone ou compartiment. Adapté de du projet de texte de la commission européenne, [123].
Type d’exploitation
Schéma de surveillance sanitaire durant la Schéma de surveillance sanitaire dans le but de
période de 4 ans précédent la qualification maintenir la qualification indemne d’herpès
indemne d’herpès virose de la carpe d’une virose de la carpe dans une exploitation
exploitation
Fermes
nombre Nombre
en
suffisant
ou
la d’inspection
surveillance ciblée est cliniques par an
Page 72 sur 114
applicable
2
Fermes
insuffisant
naturel
nombre Nombre
en
/
milieu d’inspection
(surveillance cliniques par an
Nombre
d’examens
Nombre
de poissons
de Niveau
dans risque
2
d’examens
Nombre
de
de poissons
dans
laboratoire par l’échantillon (1)
laboratoire par l’échantillon (1)
an
an
2
Nombre
d’examens
30
Nombre
de poissons
laboratoire par l’échantillon
Elevé
1
30
Moyen
1 tous les 2 ans
30
Bas
1 tous les 4 ans
30
Nombre
Nombre
de
de poissons
dans
de Nombre
dans d’inspection
cliniques par an
an
ciblée non applicable)
de Nombre
2
d’examens
laboratoire par l’échantillon
an
30
(1) : un échantillon groupé de 2 individus au maximum est autorisé
Page 72 sur 114
2
2
30
L’application pratique des prélèvements de laboratoire peut être critiquée. En effet,
tels qu’ils sont conseillés, ils sous entendent un prélèvement létal et les carpes d’ornement
dépassent pour certaines allègrement un prix de 3000 euros. Le prélèvement sanguin, suivi
d’analyses PCR sur les leucocytes, est une procédure permettant de détecter les porteurs
latents. Le principal site de latence suspecté est par ailleurs les leucocytes du sang [107], il
pourrait donc être intéressant définir le prélèvement sanguin comme méthode valide dans le
cas des exploitations élevant des carpes Koï.
En accord avec le manuel pour les tests diagnostiques des animaux aquatiques [104],
les méthodes conseillées pour les analyses de laboratoire dans le cadre de la surveillance de
l'Herpès virose de la carpe, sont la PCR selon Gilad et al., 2004 [45], selon Bercovier et al.,
2005 [106] et selon Yuasa et al., 2005 (non inclus dans la bibliographie ). Les méthodes
conseillées pour l’extraction de l’ADN ainsi que le déroulement de la PCR sont regroupées
dans le manuel des méthodes de prélèvement et de diagnostic de l’herpès virose de la carpe
[124].
(2)
Méthodes de surveillance.
On distingue 2 cas:
- Les exploitations faisant l’objet d’une surveillance spécifique dans le cas de la mise
sous APPDI d’une exploitation voisine, ou les exploitations au statut sanitaire indéterminé.
- Les exploitations indemnes qui doivent se soumettre à un plan de surveillance
sanitaire pour conserver ce statut.
Les inspections cliniques doivent entrainer la recherche de signes post mortem
compatibles avec l’herpès virose de la carpe sur les animaux présentant ou non des signes
cliniques de la maladie, comme décrit dans le manuel de l’OIE. D'après le projet de texte de la
commission européenne [123], la confirmation d’une infection a lieu lorsque des signes en
faveur de l’herpès virose de la carpe sont présents ou que le contexte épidémiologique montre
une possible contamination (présence d’exploitations, suspectes ou infectées d’herpès virose
de la carpe), conjointement à une analyse PCR positive. Une fois la confirmation effective,
l’exploitation est mise sous APPDI (Arrêté préfectoral portant déclaration d’infection) et une
zone d’endiguement comprenant deux zones : la zone de protection et la zone de surveillance.
Page 73 sur 114
La zone d’endiguement doit avoir été définie grâce à une enquête épidémiologique au
cas par cas, prenant en considération les facteurs influençant les risques de dissémination de
l’herpès virose de la carpe d’exploitation en exploitation ainsi que dans le milieu naturel.
Ceux-ci comprennent généralement la densité et le taux d’infection de l’exploitation sous
APPDI, la distance avec les exploitations voisines et la densité de celles-ci, les espèces qui y
sont maintenues, les pratiques d’élevage en vigueur dans l’établissement considéré, les
conditions hydrodynamiques ainsi que d’autres facteurs significatifs établis en accord avec
l’article 29 de la directive 2006/88/CE.
La zone de protection correspond à la totalité de l’eau du bassin versant de la ferme
sous APPDI. Dans le cas d’étendues d’eau extensives, il est possible de limiter cette zone à
une partie du bassin versant, dans la mesure où cela ne nuit pas à la prévention de l’expansion
de la maladie.
La zone de surveillance doit-elle être contenir la zone de protection, qui fait l’objet de
mesures spécifiques, qui seront détaillées dans la partie V.A.2.b).
Dans la zone de surveillance, les exploitations perdent automatiquement le statut
indemne et on distingue 2 cas :
Les exploitations où la surveillance ciblée est applicable ou non, doivent se soumettre
à un schéma de surveillance sanitaire de 4ans, décrit dans le tableau 10. Si aucun cas n’a été
détecté, elles retrouvent le statut indemne.
Les exploitations indépendantes du statut sanitaire des eaux environnantes retrouvent
leur statut indemne à partir du moment où l’enquête épidémiologique réalisée en accord avec
l’article 29 de la directive 2006/88/CE, conclue à une absence de contamination des autres
fermes ou du milieu naturel.
Le schéma de surveillance sanitaire de 4 ans est également applicable aux
exploitations dont le statut sanitaire est indéterminé, en vue d’obtenir le statut indemne,
qu’elles soient dépendantes ou non du statut des eaux environnantes.
Une fois la qualification indemne obtenue, la surveillance sanitaire est moins lourde
dans le cas des exploitations où une surveillance ciblée est applicable. En fonction du niveau
de risque, les examens cliniques et de laboratoire requis sont de un par an à un tous les 4 ans.
Page 74 sur 114
Les autres exploitations doivent elles se soumettre à des visites et analyses 2 fois par an
(tableau 10).
b)
Prophylaxie offensive.
C’est l’ensemble des méthodes de lutte mises en place, une fois l’infection due au
CyHV-3 confirmée, pour une exploitation donnée, une zone ou un compartiment.
Cela concerne toutes les exploitations à l’intérieur de la zone de protection, qui
doivent procéder à l’abattage du cheptel, la mise à sec, puis le nettoyage et la désinfection de
l’exploitation. A ce titre, le projet de texte de la commission européenne ne spécifie pas si les
espèces autres que Cyprinus carpio au sein de l’exploitation doivent faire l’objet de cette
mesure. Cependant le développement du virus a été prouvé chez carassius auratus, carassius
carassius, leurs hybrides avec la carpe et d’autres espèces sont suspectées de jouer le rôle de
porteurs sains (cf. III.B.1.a).(1) et (2)). Les mesures mises en place suite à une confirmation
d'herpès virose en France, ont donc consisté en l’élimination de tous les poissons.
Les méthodes utilisables pour le nettoyage et la désinfection, ne sont pas spécifiées
dans ce projet de texte.
La durée minimale du vide sanitaire d’une exploitation sous APPDI a été fixée à 6
semaines. Cependant, la durée du vide sanitaire peut être revu au cas par cas pour les autres
exploitations de la zone de protection, il est néanmoins recommandé un vide sanitaire
synchronisé de 3 semaines. Enfin, il est possible de demander un vide sanitaire pour les
exploitations situées dans la zone de surveillance.
Le repeuplement de l’exploitation peut ensuite avoir lieu, uniquement avec des
poissons reconnus indemnes d’herpès virose de la carpe.
La qualification indemne peut ensuite être retrouvée à l’issue d’une période de
surveillance sanitaire de 4 ans à moins que les exploitations soient indépendantes du statut
sanitaire des eaux environnantes (cf. V.A.2.a).(2)).
B.
PROPHYLAXIE MEDICALE : LA VACCINATION.
Actuellement, un seul vaccin a vu le jour, en Israël, où cette maladie cause des
ravages. Il s’agit d’un vaccin vivant atténué par plusieurs passages sur culture cellulaire puis
irradiation UV. La firme qui commercialise ce vaccin affirme qu’il ne peut ni infecter d’autres
Page 75 sur 114
espèces que la carpe, ni être transmis de poissons à poissons, bien qu’il n’existe aucune
donnée publiée permettant de l’attester. Celui-ci peut être différencié du virus « sauvage » par
PCR, en utilisant un marqueur spécifique (gène Mut1 : figure 17).
Figure 17 : Marqueur génétique permettant de différencier le virus vaccinal du
virus pathogène sauvage, [125].
Mut 1 : marqueur génétique, TK : gène thymidine kinase (contrôle positif), MW : marqueur de
taille, WT : virus sauvage, KV3 : virus vaccinal.
Il demeure faiblement pathogène, avec 10% de mortalité après vaccination de poissons
en bonne santé. Actuellement, une des craintes qui font que ce vaccin n’est pas largement
commercialisé est un possible retour à l’état pathogène, bien qu’en 8 ans d’utilisation en Israël
aucune alerte allant dans ce sens n’ait été formulée. En revanche, il ne permet de protéger que
80 % des carpes [125]. Il est donc indéniable qu’une population de carpes vaccinées et ayant
été exposées au virus sauvage constituent un danger épidémiologique dans la mesure où l’on
sait que ce virus peut demeurer à l’état latent chez la carpe (cf II.C.2)
D’autres types de vaccins risquent d’être commercialisés dans un futur proche. Il s’agit
de vaccins contenants un vecteur d’expression, auquel une séquence ADN codant un peptide
immunogène du CyHV-3 est intégrée. Une fois injecté, les cellules de la carpe synthétisent le
peptide d'intérêt, ce qui conduit à leur immunisation.
Un brevet concernant un tel vaccin, a été déposé aux USA en 2011 et il montre des
résultats prometteurs (figure 18).
Page 76 sur 114
Figure 18 : Taux de mortalité après infection avec le CyHV-3 de trois groupes de
poissons, [126].
Groupe 1 : poissons non vaccinés, groupe 2 : poissons vaccinés avec un vaccin recombinant
codant une protéine membranaire du CyHV-3, groupe 3 : poissons vaccinés avec un vaccin
recombinant codant une glycoprotéine du CyHV-3.
Bien que des données précises sur ce vaccin ne soient pas encore publiées ces vaccins
possèdent deux avantages majeurs:
- Possibilité de déterminer les poissons vaccinés des animaux infectés, la protéine du
vaccin étant unique et connue.
- Sûreté plus importante, en effet, le vaccin ne contient pas de virus vivants ou est
inclus dans un vecteur ayant les propriétés souhaitées d’innocuité.
Cependant trois principales raisons font que la vaccination n'est pas autorisée en
France. Tout d'abord, Les animaux vaccinés et ayant étés exposés au virus du CyHV-3
sauvage peuvent constituer des porteurs latents. Ensuite, des données précises manquent,
comme on a pu le voir avec le vaccin vivant atténué. Enfin le virus n'est détecté que
ponctuellement en France. Dans une logique d'éradication de la maladie, une vaccination en
masse pourrait gêner la détection de la maladie par l'observation des mortalités.
Malgré l'interdiction de la vaccination, on déplore que l'importation de carpes
vaccinées soit toujours possible en France (Armand Lautraite, communication personnelle).
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PARTIE II : ÉTUDE EXPERIMENTALE.
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ESTIMATION DE LA PREVALENCE DE
L'HERPES VIROSE DE LA CARPE, UNE
ENQUETE REALISEE SUR 45 ELEVEURS
D'ETANG.
RESUME
L'impact du CyHV-3 en France semble être faible, le but de cette enquête est donc de
déterminer si ce fait se vérifie sur un échantillon de 45 éleveurs d'étang. Nous avons également
enquêté sur les méthodes de prévention appliquées et le niveau de connaissance générale de ces
éleveurs par rapport au risque d'introduction du CyHV-3 afin de tenter de dégager les raisons du faible
nombre de cas d'herpès virose de la carpe en France. On détecte 4 cas suspects d'herpès virose de la
carpe sur 45. Ce qui contraste avec les chiffres officiels et la situation dans les autres pays d'Europe.
Seulement 6% des éleveurs déclarent ne pas connaitre cette maladie, ce qui montre qu'ils ne sont pas
étrangers à ce problème. Un quart d'entre eux n'introduisent pas de poissons dans leur élevage ce qui
limite les problèmes de maladies contagieuses. Moins de un quart déclarent ne pas appliquer de
mesures de prévention particulières pour lutter contre cette maladie. Enfin environ 50% des éleveurs
appliquent des mesures de préventions autre que celles citées et 50% ne s'estiment pas assez informés
sur le CyHV-3, ce qui montre une certaine désorganisation de la filière face à ce risque.
I.
INTRODUCTION
Le CyHV-3 est un virus hautement pathogène affectant la carpe (Cyprinus carpio), il entraine
des mortalités très élevées parmi les populations de carpes sauvages et d'élevage [81], [85]. L'impact
économique est parfois très important, la perte qu'il cause chaque année en Israël est estimé à 3
millions de dollars [27]. Génétiquement le virus a été identifié comme un membre de la famille des
Alloherpesviridae [9]. Le virus a été nommé CyHV-3 en raison des similitudes qu'il partage avec virus
de l'herpès cyprin de type 1 et 2 [8].
La maladie associée au CyHV-3 a été pour la première fois décrite en Israël et aux USA en
1998 [127] mais des analyses sur échantillons de tissus archivés réalisées en 2004 suggèrent que le
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virus était présent dès 1996 en Angleterre [78]. Depuis la première isolation du virus, le CyHV-3 a
progressivement gagné d'autres pays et a maintenant une distribution mondiale [80].
Les pays d'Europe sont pour certains très touchés, comme la Slovénie et la Belgique dans
lesquels cette maladie est considérée comme endémique [128]. L'Angleterre et l'Allemagne sont
également touchées, avec respectivement 36% des pêcheries testées positives [85] et 120 cas
d'infections en 2007 [87]. Il semblerait que le virus ne soit pas encore installé en France chez les
producteurs [129], mais un cas a néanmoins été détecté parmi les populations sauvages [130].
En raison du statut sanitaire de cette maladie en France (Danger sanitaire de première
catégorie) et du cout engendré par la destruction du stock de poissons en cas de confirmation
d'infection, il est possible que des cas de mortalités importantes ne soient pas toujours déclarés. Nous
tenterons donc à travers ce questionnaire destiné aux éleveurs d'étang de remplir deux objectifs. Le
premier est d'estimer la situation épidémiologique de l'herpès virose de la carpe dans les piscicultures
d'étang en France et le second est de déterminer les méthodes de lutte mises en place par les éleveurs
pour lutter contre cette maladie.
II.
MATERIEL ET METHODES
A.
POPULATION
L'échantillon sondé est constitué de 76 pisciculteurs d'étang, grâce à une liste des pisciculteurs
d'étang recensés sur le territoire national. Les piscicultures sondées sont représentées par les
pisciculteurs d'étang auxquels ont été retranchés les pisciculteurs ne faisant pas de carpe (15 sur 107),
ceux dont l'activité est incompatible avec le questionnaire (6 sur 107), par exemple les ateliers de
transformation et ceux dont le numéro de téléphone n'est plus attribué (10 sur 107).
B.
QUESTIONNAIRE
Le questionnaire, reporté en annexe 7 a été construit afin de remplir plusieurs objectifs. Le
premier est d'estimer la prévalence de l'herpès virose de la carpe et le second est de déterminer la
technicité des éleveurs face au risque d'introduction de cette maladie dans leurs élevages.
Pour détecter les cas suspects d'herpès virose de la carpe, les éleveurs sont interrogés sur la
présence de mortalités importantes (40% de la population totale d'un bassin ou d'un lot de poissons
isolés) touchant toutes les classes d'âge, dans une eau entre 15 et 29°. Ce taux de mortalité est plus
faible que celui qui est habituellement rencontré et à été choisi pour augmenter la sensibilité du
questionnaire. En effet, le taux de mortalité habituellement rencontré en conditions expérimentales est
proche de 70%, cependant il peut varier en fonction de la température [90] et de la souche de carpe
utilisée dans l'expérience [96]. Ainsi, certaines souches de carpes peuvent ne présenter qu'un taux de
mortalité de 30% au cours d'un épisode d'herpès virose de la carpe [96]. Afin d'augmenter en
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spécificité les éleveurs ont été également interrogés sur la connaissance de l'origine des mortalités
pouvant avoir lieu dans ces conditions : maladie bactérienne, virémie printanière de la carpe, pollution
chimique ou manque d'oxygène.
Afin d'identifier un ou plusieurs facteurs de risque d'introduction d'herpès virose de la carpe
suite à l'épisode de mortalité massive, les éleveurs ont étés interrogés sur leur participation à une
exposition de carpe, l'introduction de poissons, l'élévation de la température de l'eau ou un évènement
autre ne rentrant pas dans les trois catégories précédentes.
Afin de connaitre la technicité des éleveurs face au risque d'introduction de l'herpès virose de
la carpe dans leurs élevages, les questions portent sur la connaissance générale de la maladie (risque
associé et mesures de prévention spécifiques à mettre en place pour éviter la contamination de
l'élevage), les mesures de prévention mises en place par les éleveurs ou les facteurs ayant pu entrainer
ou favoriser un épisode de mortalité.
C.
DEFINITIONS
Le numérateur de cette étude de prévalence est défini comme la présence de mortalités
importantes (40% de la population totale d'un bassin ou d'un lot de poissons isolés) touchant toutes les
classes d'âge, dans une eau entre 15 et 29°C, sur une durée de 1 an à compter de la réception du
questionnaire.
Un cas suspect d'herpès virose de la carpe est défini comme un cas de mortalités importantes
remplissant les conditions décrites dans le numérateur.
Un cas probable d'herpès virose de la carpe est défini comme un cas de mortalités importantes
remplissant les conditions décrites dans le numérateur, sans cause mise en évidence et avec au moins
un facteur de risque identifié.
Un cas certain d'herpès virose de la carpe est défini comme un cas de mortalités importantes
remplissant les conditions décrites dans le numérateur et ayant été confirmé positif vis a vis du CyHV3 par PCR dans un laboratoire départemental d'analyse départemental agréé.
D.
METHODE DE SONDAGE
Les questionnaires ont étés envoyés par voie postale afin que les éleveurs disposent d'un
support papier, puis les réponses ont étés recueillies par téléphone pour maximiser le taux de réponse.
Les horaires de sondage ont été choisis dans les heures habituellement non travaillées, entre midi et
deux heures et en fin d'après midi à partir de 17 heures et jusqu'a 20 heures. Les éleveurs ne répondant
pas plus de 5 fois aux appels ont été considérés comme n'ayant pas répondu au questionnaire.
E.
ANALYSE DES DONNEES
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Les données recueillies ont été introduites au fur et à mesure dans un tableur Excel (Microsoft
Corporation, Seattle, USA). Les graphiques présentés sont construits sous Excel et présentés avec un
intervalle de confiance à 95 %, obtenu grâce à la loi binomiale. Si les intervalles de confiances ne
recoupent pas la valeur comparée, la différence obtenue est considérée comme statistiquement
significative (p ≤ 0.05). Les valeurs des intervalles de confiance ont été arrondis au chiffre entier le
plus proche. Un test du χ2 d'ajustement a été réalisé autour d'une valeur théorique exprimée en
pourcentage sur les résultats présentés dans la figure 21. Une étoile (*) de la couleur de la valeur
théorique comparée est indiquée quand le test indique une différente significative (p≤0.05).
III. RESULTATS
Les réponses aux questionnaire portent sur des mortalités ayant eu lieu au maximum un an
avant la réception du questionnaire, soit de juillet 2012 à juillet 2013. La figure 19 présente la carte
des élevages ayant répondu au questionnaire. On peux voir que la majorité des élevages se trouvent
dans les régions suivantes : Centre, Limousin, Franche -Comté, Alsace, Lorraine et Pays de la Loire.
Le taux de réponse obtenu a été de 45 piscicultures sur 76, soit 59% environ.
Estimation de la prévalence de l'herpès virose de la carpe chez les éleveurs d'étang :
Les épisodes de mortalité massive (cas suspects) sur un an, représentent 9% soit 4 éleveurs sur
45 [IC. 2.48%; 21.22].
Un seul éleveur correspond à un cas probable d'herpès virose de la carpe Koi. Les trois autres
sont des cas suspects, car une cause à été identifiée par les éleveurs : maladie infectieuse bactérienne,
virémie printanière et manque d'oxygène, Ichtyophtiriose.
Aucun cas certain d'herpès virose de la carpe n'a été rapporté.
Niveau de technicité des éleveurs par rapport à l'herpès virose de la carpe :
Les résultats obtenus montrent que parmi les éleveurs d'étang, la majorité d'entre eux ont déjà
entendu parler de l'herpès virose de la carpe, en effet 94% d'entre eux ont répondu positivement à la
première question [IC. 82%; 98%].
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Figure 19 : Carte des élevages ayant répondu au questionnaire.
Concernant les mesures de prévention mises en œuvre pour éviter la contamination de
l'élevage, on ne distingue pas de mesure de prévention majoritaire. En effet, l'application de méthodes
de préventions autres que celles citées (Figure 20), représente 57% des suffrages. (non
significativement différent de 50%).
Parmi ces mesures de prévention qui ne rentrent pas dans les 4 autres catégories, deux grandes
tendances sont distinguées :
- Des mesures concernant le choix du fournisseur (limitation du nombre de fournisseurs à un
ou deux avec qui se lie une relation de confiance) avec 6 réponses sur 42.
- Des mesures concernant l'introduction des poissons (limitation des introductions de poissons)
avec 8 réponses sur 42.
28% des personnes interrogées affirment ne pas introduire de nouveaux poissons et assurent le
renouvellement grâce à leurs propres géniteurs (significativement différent de 50%).
De même, 28% affirment n'introduire que des carpes indemnes vis à vis du CyHV-3.
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Moins d'un quart des personnes interrogées réalisent une quarantaine ou sont en court
d'obtention de la certification indemne.
Enfin, moins d'un quart des personnes interrogées ne réalisent aucune mesure de prévention
dans leur établissement (significativement différent de 25%).
Parmi les personnes qui ne s'estiment pas assez informées par rapport a cette maladie (44%,
non significativement différent de 50%), les informations manquantes majoritaires ne peuvent pas être
déterminées car les fréquences relevées ne sont pas statistiquement différentes de 50%.
Figure 20 : Mesures de préventions mises en œuvre pour lutter contre
l'introduction de l'herpes virose de la carpe dans les élevages d'étang.
La barre d'erreur indique l'intervalle de confiance à 95% calculé avec la loi binomiale, l'étoile (*)
indique une différence statistiquement significative à la valeur théorique de la couleur correspondante.
IV. DISCUSSION ET CONCLUSION.
Il a été choisi de questionner les éleveurs d'étang pour plusieurs raisons. Ceux qui élèvent des
carpes communes et les commercialisent pour le repeuplement du milieu naturel mettent, en cas
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d'herpès virose avérée dans un élevage, les populations sauvages en danger. Les éleveurs de carpes
l'ornement approvisionnent les sites de vente, à partir d'une exploitation contaminée le virus peut donc
être disséminé dans de nombreux endroits.
Nous avons mis en évidence grâce a ce questionnaire 4 cas suspects d'herpès virose de la
carpe. Ils représentent après analyse statistique entre 2.48% et 21.22%.
D'autre part, un seul cas probable d'herpès virose de la carpe a été identifié [IC. 0.06%;
11.77%] Il s'agissait d'un cas de mortalité d'origine inconnue, ayant eu lieu lorsque les eaux se
réchauffaient au printemps. Les chiffres officiels, qui représentent 6 cas d'herpès virose de la carpe
avérés entre 2001 et aujourd'hui ainsi que la prévalence de cette maladie dans certains pays d'Europe
(cf. III.A.2.) contrastent avec les résultats obtenus. En effet ces chiffres concernent en majorité des
poissons d'importation, de jardinerie, mais un cas en milieu naturel a toutefois été détecté [130], ce qui
représente un nombre important d'exploitation pour peu de cas avérés.
Il y a probablement plusieurs raisons à ce fait. Tout d'abord, il est possible que des cas de
mortalités ne soient pas déclarés en raison du coût financier que cela représente. En effet, cela
implique la destruction du stock de poissons de l'élevage, ce qui représente une perte importante dans
un élevage, particulièrement l'élevage des carpes Koï, qui atteignent des prix compris entre 1000 et
7000 euros à l'âge adulte (prix en vigueur sur les sites de vente en ligne). Ensuite, aucune mesure de
prophylaxie appliquée par les éleveurs d'étang n'est majoritaire et 50% d'éleveurs environ ne s'estiment
pas assez informés par rapport a cette maladie. Nous pensons donc que la lutte contre cette maladie est
désorganisée, due à un défaut d'information des risques engendrés par l'herpès virose de la carpe et un
défaut de confirmation d'infection suite à un épisode de mortalité.
Un biais d'information a été constaté concernant la question 1, sous question " Introduction de
carpes indemnes KHV", en effet, une part non négligeable d'éleveurs ont confiés se fournir en carpes
de Brenne, laquelle est une région indemne. Ceci est en réalité faux, car il n'existe aucune région
reconnue indemne d'herpès virose de la carpe en France. Un certain nombre de piscicultures de Brenne
sont en revanche considérées indemnes de NHI (nécrose hématopoïétique infectieuse et SHV
(septicémie hémorragique virale) deux maladies réglementées affectant pour l'une les salmonidés, pour
l'autre les salmonidés, le brochet, le black bass et quelques espèces marines [131].
Une autre part de ce biais peut être constitué par le qualificatif "biosecure", en effet, un certain
nombre de carpes vaccinées contre le CyHV-3 sont commercialisées sous ce qualificatif et il est facile
de faire la confusion avec le qualifiant "indemne d'herpès virose de la carpe Koi" (Armand Lautraite,
communication personnelle). Ce biais est en revanche absent pour l'obtention de la qualification
indemne car cela nécessite un suivi vétérinaire. Il ne peut cependant s'agir que d'une démarche ou d'un
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projet, car aujourd'hui, comme cité si dessus, aucune marche à suivre officielle n'a été publiée, seuls
des projets de texte existent [123].
Les résultats obtenus dans ce questionnaire montrent qu'il est indispensable d'avoir une
meilleure organisation des différents acteurs intervenant dans le cadre de la lutte contre l'herpès de la
carpe, dans le but d'éviter l'introduction de la maladie dans un élevage, d'identifier les élevages
infectés par le virus et de certifier indemne les autres.
Les éleveurs doivent donc se réunir avec les vétérinaires pour définir les mesures à appliquer
dans le cadre de la lutte contre cette maladie, tant qu'il en est encore temps. Par ailleurs il est
indispensable qu'une marche à suivre officielle soit publiée pour l'obtention de la certification indemne
d'herpès virose de la carpe et que des aides soient accordées pour permettre une meilleure déclaration
des cas de mortalité.
Une étude supplémentaire, cette fois en sondant les animaleries, pourrait être pertinente afin de
déterminer dans quelle proportion celles ci sont touchées, le type de poisson importé (vacciné ou non)
et le risque épidémiologique associé à la présence de la maladie dans ces établissements.
V. REMERCIEMENTS
Je remercie Emmanuelle Breyne de l'AFPPE pour m' avoir gentiment fourni la liste des
pisciculteurs d'Etang sur laquelle j'ai pu travailler. Je remercie le professeur Chalvet-Monfray (Maitre
de conférences en bio statistiques à Vetagro-sup), pour avoir participé à l'analyse statistique des
données. Je remercie également les professeurs Artois (Professeur d'épidémiologie à Vetagro-sup) et
Calvez (Maitre de conférences en pathologie aquacole à Oniris), pour m'avoir aidé à la conception du
questionnaire ainsi qu'à la rédaction ce cet article.
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CONCLUSION GENERALE
Le virus de l'herpès virose de la carpe, est un membre de la famille des Alloherpesviridae
affectant la carpe (Cyprinus carpio). Morphologiquement, le CyHV-3 présente toutes les
caractéristiques d'un virus de l'herpès. En effet, ce virus possède un ADN bicaténaire linéaire contenu
dans une capside icosaédrique, entourée d'un tégument protéique et enfin d'une enveloppe dérivée de
la membrane des cellules de l'hôte, pour une taille de 170 à 230 nm.
Comme tous les Herpès virus, le CyHV-3 peut demeurer à l'état latent chez son hôte et être
réactivé suite à l'intervention de facteurs environnementaux, tels qu'une montée brusque de la
température. Cependant, les gènes intervenants dans la latence du CyHV-3 sont peu étudiés et à ce
jour inconnus. Comme la plupart des virus enveloppés, il est très peu résistant dans le milieu extérieur,
ne résistant pas à plus de 4 à 21 heures dans l'eau. Il est également sensible à la plupart des agents
physicochimiques utilisés pour le nettoyage et la désinfection en aquaculture.
L'herpès virose de la carpe est une maladie provoquant une forte mortalité, le diagnostic aussi
bien clinique que de laboratoire est difficile et aucune mesure thérapeutique ne permet de lutter contre
celle ci. D'autres espèces peuvent jouer le rôle de vecteurs de l'herpès virose de la carpe, notamment le
carassin commun et le poisson rouge. Ces constats font que cet agent pathogène est actuellement très
surveillé et inscrit sur la liste des dangers sanitaires de première catégorie.
Une enquête de prévalence sur 45 pisciculteurs d'étang m'a permis de déterminer que la
plupart n'ignorent pas l'existence de cette maladie mais que la moitié aimerait plus d'information sur le
sujet. Le pourcentage de cas possibles d'herpès virose de la carpe sur une durée de un an est situé après
analyse statistique entre 2.48% et 21.22%, ce qui montre que l'importance de cette maladie est à
reconsidérer et que les chiffres officiels (5 cas au total entre 2003 et aujourd'hui) sont probablement
sous estimés.
Le développement de l'aquaculture de poissons d'ornement, principalement porté par les
carpes Koï, et l'engouement de certains pays pour cette espèce ont entrainés un prix de vente très élevé
pour ces poissons. Le risque commercial en cas d'introduction de l'herpès virus est important et les
mesures de destruction des stocks en cas de confirmation de la présence de cet agent sont certainement
un frein à la déclaration des cas cliniques.
La mise en place de mesures de dédommagement et d'aide à l'obtention du statut sanitaire
indemne pourrait permettre d'avoir une meilleure déclaration des cas cliniques et de réduire le risque
d'apparition et de diffusion du virus. Ces mesures permettraient également d'avoir une image plus
fidèle de l'état sanitaire réel de la France vis à vis de cette maladie.
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Encyclopedia of fish physiology, from genome to environment. Seattle, WA, USA: Elsevier;
2011. p. 477.
Page 99 sur 114
ANNEXES
Page 100 sur 114
ANNEXE 1 : CYCLE DE MULTIPLICATION DES HERPES VIRUS. INFECTION PRODUCTIVE OU
LYTIQUE, [20].
Page 101 sur 114
ANNEXE 2 : CYCLE DE MULTIPLICATION DES HERPES VIRUS. INFECTION LATENTE. [20]
Page 102 sur 114
ANNEXE 3 : STRUCTURE SCHEMATIQUE TRIDIMENSIONNELLE DE LA PEAU D'UN POISSON
TELEOSTEEN (POISSON OSSEUX): LE SAUMON ARGENTE (ONCORHYNCHUS KISUTCH). [132].
Page 103 sur 114
ANNEXE 4 : ZONES ET COMPARTIMENTS EN AQUACULTURE. [122].
ANNEXE 5 : MOUVEMENTS D’ANIMAUX AUTORISES AU SEIN DES DIFFERENTS STATUTS
SANITAIRES. [122].
Flèche rouge : mouvement d’animaux d’aquaculture, CS : certificat sanitaire.
Page 104 sur 114
ANNEXE 6 : QUESTIONNAIRE. ESTIMATION DE LA PREVALENCE DE L'HERPES CYPRIN DE TYPE 3,
UNE ENQUETE REALISEE SUR 45 ELEVEURS D'ETANG.
Questionnaire sur l’herpès virose de la carpe Koï
Bonjour,
Ce questionnaire vous est adressé afin de recueillir des données épidémiologiques sur une maladie
virale de la carpe (l’herpès virose de la carpe koi ou KHV) et qui interviendront dans la réalisation de
ma thèse d’exercice vétérinaire.
Vous recevrez mon appel prochainement pour procéder au recueil des réponses, veillez donc à bien
conserver le questionnaire.
Cette thèse a pour objectif de faire état des connaissances actuelles sur cette maladie dans de
nombreux domaines (épidémiologie, prophylaxie, problématiques à venir…) et est destinée à informer
aussi bien les éleveurs que les vétérinaires.
Compte tenu du statut réglementé de cette maladie, toutes les données recueillies seront strictement
confidentielles, connues de moi seul et il ne figurera aucune référence permettant de vous identifier
dans l’ouvrage.
Merci d’avance pour toute l’aide que vous m’apporterez et n’hésitez pas à me laisser votre Mail lors
de mon appel de façon à ce que je vous envoie une copie de la thèse quand elle sera finalisée.
Cordialement,
Clovis UZZANU.
Tournez SVP
1/3
Page 105 sur 114
Date :
Votre Nom :
Votre Prénom :
Adresse mail :
Tel :
Localisation de l’élevage ou du point d’eau :
-
Question 1 : Avez-vous déjà entendu parler de cette maladie ? Si oui, quelles mesures de
prévention avez-vous mis en œuvre afin d’éviter la contamination de votre élevage?
 Non
 Oui
Mesures de prévention :
Oui
(cochez)
Non
Quarantaine entre 15 et 25°C
Introduction de carpes indemnes KHV
Obtention de la certification indemne
KHV
Pas d’introduction de nouveaux animaux
Aucune
Autre (Précisez ci-dessous)
Précisez :
-
Question 2 : Vous estimez vous assez informé par rapport à cette maladie ? Si non, quelles
informations vous semblent manquantes ?
 Oui
 Non
Informations manquantes :
Oui
Non
(cochez)
Mesures de prévention spécifiques
Risque associé à la présence de la maladie
Conséquences d’une déclaration d’infection
Tournez SVP
Page 106 sur 114
-
2/3
Question 3 : Sur une période de un an à compter d’aujourd’hui, avez-vous eu des épisodes de
mortalité importante (>40%) dans votre élevage, touchant toutes les classes d’âge, dans une
eau entre 15 et 29°C ? Si oui, quand ? Une cause a-t-elle été identifiée et laquelle ?
 Oui, date :
Cause des mortalités :
Oui
Non
(cochez) (cochez)
Inconnue
Maladie infectieuse
bactérienne
Virémie printanière de la
carpe
Pollution chimique
Manque d’oxygène
Autre (précisez ci-dessous)
Précisez :
 Non
-
Question 4 : Ces épisodes de mortalité font ils suite à un évènement particulier ?
 Oui
Précisez-le (s)quel (s):
Oui
(cochez)
Non
Participation à une exposition de carpes
Introduction de poissons
Elévation de la température de l’eau
Autre (précisez ci-dessous)
Précisez :
 Non
3/3
Page 107 sur 114
L'HERPES VIROSE DE LA CARPE OU KHV :
FICHE A L'INTENTION DES ELEVEURS.
Une maladie mortelle et très contagieuse.
- Apparue pour la première fois en Angleterre en 1996, la maladie gagne rapidement de nombreux
pays à la suite d'échanges commerciaux non régulés ou d'expositions de carpes Koï. Actuellement, au
moins 18 pays d'Europe ont déjà étés touchés par la maladie.
- L'herpès virose de la carpe se manifeste entre 15 et 29°C, n'affecte que les cyprinidés de l'espèce
Cyprinus carpio et est caractérisée par un taux de mortalité entre 30 et 100%, généralement supérieur à
70%.
- La contagion est très importante, en effet, le virus demeure infectieux pendant 3 jours dans les
sédiments ou l'eau.
- Le virus peut demeurer sous forme latente chez la carpe, ne pas provoquer de maladie pendant
plusieurs années et être réactivé à la suite d'une augmentation de la température de l'eau.
Des symptômes non spécifiques retrouvés dans de nombreuses affections.
- Maladie se manifestant le plus souvent par une nécrose
branchiale (A), des irritations sur la peau et les nageoires
(B) et une sécrétion abondante de mucus (C).
Michel, et al. 2010
Michel, et al. 2010
Anses
- Seule une analyse de laboratoire peut confirmer une infection due à l'herpès virose de la carpe, car
ces symptômes sont pour certains rencontrés avec d'autres affections parasitaires ou bactériennes,
comme la costiase ou la flavobactériose branchiale.
Transmission de la maladie.
- Indirecte par les sédiments, l'eau, ou du matériel contaminé (résistance du virus de trois jours dans
l'environnement).
- Directe par les carpes infectées, qui peuvent être d'apparence saines (porteurs latents) mais aussi
d'autres cyprinidés comme les poissons rouges et leurs hybrides avec la carpe.
- La transmission par l'intermédiaire des œufs de poissons infectés est suspectée.
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Situation épidémiologique en France et dans le monde.
- En France : 6 cas recensés depuis 2001, dont un cas en milieu naturel, des cas sur des Koï importées
d'Israël et un cas dans une animalerie.
- En Europe et dans le monde : 30% Des étangs de pêche positifs au Royaume Uni, 120 cas en
Allemagne en 2007, 61 en 2012, 90 % des piscicultures touchées en 2001 en Israël, endémique en
Slovénie et Belgique.
- Situation difficile a déterminer avec précision dans certains pays, notamment asiatiques.
Réglementation.
- Maladie classée danger sanitaire de première catégorie : déclaration des cas obligatoire, destruction
des stocks en cas d'infection, puis nettoyage et désinfection, vaccination interdite.
- Aucune mesure définie officiellement pour l'obtention de la certification indemne d'herpès virose de
la carpe en France
aucune zone considérée indemne vis à vis de cette maladie.
Mesures de prévention et de lutte.
- Prévention de l'introduction :
 Séparer les différents circuits de l'élevage comme les circuits de production et d'importation,
de production de Koï et de carpe commune.
 Privilégier un ou deux fournisseurs pour l'approvisionnement en poissons de l'élevage.
 Eviter les importations en provenance de pays ou l'herpès virose de la carpe est régulièrement
détectée.
 Lors d'exposition de carpes Koï, privilégier un poisson par bassin plutôt que de mélanger tout
les poissons
- Analyse en cas de suspicion : En cas de mortalités inexpliquées, il est important d'adresser un
prélèvement pour analyse de laboratoire, (voir à la fin de ce document pour les détails techniques).
Perspectives.
- Un brevet concernant un vaccin recombinant, plus sûr qu'un vaccin contenant une souche virale
atténuée, à été déposé aux Etats Unis en 2011. Il n'est pas encore commercialisé et son autorisation en
Europe est incertaine.
- Un projet de texte réglementaire, concernant les mesures à mettre en œuvre pour l'obtention de la
certification indemne d'herpès virose de la carpe en Europe à été publié, il est présenté en détail dans
la partie A.2 de ce document et pourrai être adapté prochainement.
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Méthode de prélèvement et conditionnement pour l'envoi.
Poissons vivants :
Enfermer les poissons dans un sac plastique contenant environ 1/3 d’eau d’origine surmontée de 2/3
d’oxygène (1/10ième de biomasse maximum), fermer de façon étanche le sac avec des élastiques.
Déposer ce sac dans une boite isotherme avec des poches de glace. Les dimensions du
conditionnement sont proportionnées à celles des poissons.
Eau d’origine : 1/3 du volume total
Poissons morts et organes :
Les sujets morts sont placés dans un sac en plastique, les organes sont réunis dans un pot à
prélèvement stérile (voir ci dessous). Ces prélèvements sont placés dans un emballage isotherme avec
des poches de glace.
- Mode opératoire pour le prélèvement des organes :
1) Préparation des sujets :
installer les sujets d’un même échantillon sur le coté droit, à proximité d’un bec bunzen
enlever la boite crânienne à l’aide d’un sécateur ou de gros ciseaux
enlever le flanc gauche à l’aide de ciseaux et de pinces en incisant ventralement depuis les
nageoires pectorales jusqu'à l’anus, puis le long de la ligne médiane. (voir schéma ci-dessous)
2) Prélèvement des organes :
Avec des instruments stériles (pince et ciseaux) effectuer des prélèvements de rein, de branchies,
d’encéphale et d'intestin d’environ 0.5 cm3 à 1 cm3 que l’on dépose dans un flacon stérile. Si plusieurs
échantillons, identifier chaque flacon avec une étiquette.
3) Réfrigérer les flacons contenant le mélange d’organes le plus rapidement possible et les expédier
dans des boites isothermes avec des poches de glace par transporteur express avec une garantie
d’acheminement sous moins de 24 heures.
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Conditionnement et envoi:
- Les prélèvements, quelque soit leur nature (sujets vivants ou mourants, cadavres ou organes
réfrigérés) sont apportés au laboratoire dans les plus brefs délais, ou peuvent être expédiés par
un transport express (délai de 24h).
- La température du colis doit rester entre 4 et 10 °C (tolérance jusqu’à 14°C) durant tout le transport.
Pour plus d'informations:
LDA39 :
Téléphone: standard au 03.84.73.73.40
Fax : 03 84 37 12 14
Mail: [email protected]; [email protected].
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UZZANU Clovis
TITRE : L'HERPÈS VIROSE DE LA CARPE : ETUDE
BIBLIOGRAPHIQUE ET ENQUÊTE DE PREVALENCE EN FRANCE
Thèse d’État de Doctorat Vétérinaire : Lyon, 22 novembre 2013
RÉSUMÉ :
L'herpès virose de la carpe est une maladie très contagieuse et le plus souvent mortelle.
Inscrite sur la liste des dangers sanitaires de première catégorie en France, son impact
économique est considérable, la carpe étant l’un des poissons les plus élevés à travers le
monde pour sa chair ou à visée ornementale. Ce travail de thèse est composé de deux parties.
Une première partie, dans laquelle au travers d'une étude bibliographique nous nous
attacherons à faire le point sur les connaissances actuelles concernant l’herpès virose de la
carpe. Nous aborderons la maladie en décrivant son étiologie, sa pathogénie, son
épidémiologie et ses méthodes de diagnostic clinique et de laboratoire. Nous décrirons
ensuite les moyens prophylactiques à disposition, d’un point de vue réglementaire. Une
seconde partie, dans laquelle nous tenterons de déterminer la situation épidémiologique de
cette maladie en France, à travers les réponses à un questionnaire recueillies sur 44
pisciculteurs d’étangs.
MOTS CLÉS :
•
•
•
Herpès
Carpe
Virus
JURY :
Président :
1er Assesseur :
2ème Assesseur :
Monsieur le Professeur Dominique PEYRAMOND
Monsieur le Professeur Ségolène CALVEZ
Monsieur le Professeur Marc ARTOIS
DATE DE SOUTENANCE : Le 22 novembre 2013
ADRESSE DE L’AUTEUR :
100 ruelle au beau
21121 AHUY
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