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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.14-n°3-4 2014
Revue de presse internationale
Effets indésirables
des thérapies ciblées
au niveau cardiovasculaire
es thérapies ciblées sont des thérapies moléculaires
qui permettent de bloquer le fonctionnement d’une
ou plusieurs protéines dans la cellule cancéreuse au
niveau de la transduction du signal (la transmission du
signal à l’inrieur des cellules fait appel à de nombreuses
molécules, agissant en cascade, ce qui est essentiel pour
le veloppement et la croissance des cellules cancé-
reuses).
Ces traitements sont efficaces pour certains cancers
hématologiques et tumeurs solides. Ils agissent donc au
niveau des cellules cancéreuses mais également au
niveau des cellules normales car la transduction du signal
est primordiale pour toutes les cellules. Les trapies
ciblées peuvent avoir des effets indésirables au niveau
cardiovasculaire de par le fait que certaines cellules can-
céreuses ont des récepteurs communs aux cellules car-
diaques (cardiomyocytes) et vasculaires (cellules endo-
théliales). Les toxicités cardiovasculaires comprennent
généralement une dysfonction du ventricule gauche,
des pathologies coronaires, des troubles du rythme, une
hypertension artérielle, des pathologies thromboembo-
liques.
Les facteurs qui jouent un rôle au niveau des risques de
maladies cardiovasculaires sont : la survie au cancer,
l’âge, les comorbidités préexistantes, les traitements dans
le passé lors de cancers primaires, secondaires ou méta-
stasés. Si seulement un de ces facteurs est présent lors
de traitements à base de thérapies ciblées, le patient a
de fortes chances de développer une cardiotoxicité.
Cardiotoxicité des inhibiteurs HER2
(trastuzumab, pertuzumab et lapatinib)
Les cardiomyocytes et les cellules endothéliales sont
pourvus de récepteur erB. L’inhibition de ce récepteur
entraîne une cardiotoxicité réversible. Le taux de dys-
fonctionnement du ventricule gauche suite au traitement
par trastuzumab est constaté entre 0,5 % et 19 % des cas
(Piccart et al. 2005 ; Tan-Chu et al. 2005). Le lapatinib a
un profil d’effets indésirables moindre. Les recomman-
dations pour le suivi des patients traités par trastuzu-
mab, particulièrement en association avec des anthra-
cyclines, incluent avant tout traitement une fraction
d’éjection du ventricule gauche, puis tous les 3 mois
durant le traitement, et tous les 6 mois et cela jusqu’à 2
ans après la fin du traitement. Le traitement doit être
(temporairement) interrompu lors d’une baisse de 16 %
ou plus de la fraction d’éjection. Le traitement peut être
repris dans les 4 à 8 semaines si la fraction d’éjection
retourne à la normale. Le traitement doit être interrompu
de façon définitive si le patient développe une insuffi-
sance cardiaque congestive sévère ou veloppe un dys-
fonctionnement asymptomatique du ventricule gauche
de plus de 8 semaines, ou présente plus de 3 fois un dys-
fonctionnement ventriculaire gauche. La majorité des
patients (79 %) présentant un dysfonctionnement du
ventricule gauche récupèrent assez rapidement, notam-
ment par la prise de traitements d’inhibiteurs de l’en-
zyme de conversion (inhibiteurs ACE), exception faite
chez les personnes âgées ayant des comorbidités asso-
ciées qui ne récupèrent pas complètement.
Cardiotoxicité des inhibiteurs ABL
(imatinib, dasatinib et nilotinib)
Quatre-vingt dix pour cent des leumies mloïdes chro-
niques (LMC) ont une surexpression de la protéine BCR-
ABL et également 20 % des leucémies aiguës lympho-
blastiques.
Avant l’apparition de l’imatinib, 90 % des patients atteints
de LMC décédaient dans les 5 ans, alors que maintenant
la LMC est pratiquement devenue une maladie chronique
grâce à l’imatinib.
Durant les essais cliniques de l’imatinib, aucune cardio-
Corinne Tillier, infirmière spécialiste clinique
(clinical nurse specialist), Amsterdam, Pays-Bas
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toxicité sévère n’a été constatée, cependant une étude
prospective incluant 832 patients traités par imatinib
montre que 5 patients de plus de 68 ans ont développé
des pathologies cardiovasculaires sévères (hémorragie
brale, AVC, infarctus du myocarde). Dasatinib et nilo-
tinib peuvent induire un allongement de l’intervalle QT.
Des sténoses artérielles riphériques peuvent être consta-
tées lors de traitement par nilotinib. Des effusions pul-
monaires peuvent apparaître lors du traitement par dasa-
tinib (entre 14 % et 43 %). Il est important de prendre en
compte ces toxicités cardiovasculaires car aussi bien dasa-
tinib que nilotinib sont prescrits après un traitement par
imatinib.
Cardiotoxicité des inhibiteurs
des récepteurs du facteur de croissance
de l’endothélium vasculaire
(VEGF, VEGF-TKI)
Les récepteurs du facteur de croissance de l’endothélium
vasculaire jouent un rôle important dans la vasoconstric-
tion. L’inhibition de ce facteur lors de traitements de cer-
taines tumeurs a donc comme effet indésirable une hyper-
tension artérielle (entre 30 % et 80 % des patients).
Les facteurs de risque pour le développement de l’hy-
pertension sont : l’âge (> 65 ans), présence d’hyperten-
sion avant le traitement, le tabagisme et l’hypercholesté-
rolémie. Il n’y a pas de recommandations spécifiques, si
ce n’est d’utiliser les recommandations de l’hypertension
artérielle en général.
En plus de l’hypertension, certains traitements comme
bevacizumab, sunitinib, pazopanib peuvent allonger l’in-
tervalle QT, surtout en association avec des traitements
également connus pour ces mêmes effets indésirables. Il
est donc important d’effectuer régulièrement des élec-
trocardiogrammes. Des thromboses, des embolies et des
morragies font aussi partie des effets indésirables pos-
sibles lors de traitement par sunitinib, sorafenib, bevaci-
zumab.
Cardiotoxici
des traitements hormonaux
Le tamoxifène est un modulateur sélectif du récepteur
des œstrogènes (SERM). Il est associé à une augmenta-
tion du risque thromboembolique. Les inhibiteurs de l’aro-
matase (anastrozole) sont eux associés à une hypercho-
lestéromie. C’est pourquoi il est essentiel d’évaluer
régulièrement les lipides sanguins dès le but du traite-
ment, car l’hypercholestérolémie augmente le risque de
maladies cardiovasculaires.
Les maladies cardiovasculaires sont la cause la plus fré-
quente de mortalité chez les personnes ayant été traitées
pour un cancer du sein.
Conclusion
Identifier les personnes à risque pour les maladies car-
diovasculaires est primordial avant chaque traitement par
thérapies ciblées. Les recommandations concernant les
toxicités cardiovasculaires sont limitées.
En tant qu’infirmières, nous avons une opportuni unique
d’aider à améliorer et à maintenir la quali de vie du
patient en effectuant des mesures du risque cardiovas-
culaire, en élaborant des interventions visant à réduire les
risques cardiovasculaires (alimentation saine, exercices
réguliers, management du stress).
Coviello JS. Cardiac Side Effects of Targeted Therapies. Seminars
in Oncology Nursing 2014 ; 30 (no3) : 175-82.
Les points de vue
et convictions des médecins
et des infirmières lors
d’essais cliniques de phase 1
en oncologie pédiatrique
e développement de nouvelles thérapies est néces-
saire afin d’améliorer la survie des enfants atteints de
cancers. La décision de participer à un essai clinique
de phase 1 est un moment difficile et complexe pour les
familles des enfants. Cette cision est souvent influene
par les avis de proches mais surtout par l’avis des per-
sonnels soignants. Il est donc inressant de connaître les
points de vue et les convictions des médecins et infir-
mières par rapport aux essais cliniques de phase 1 chez
les enfants atteints de cancer. Alors que les diatres/can-
cérologues recrutent, incluent les enfants dans les essais
cliniques, les infirmières jouent également un le impor-
tant à ce moment-. Elles ne sont pas seulement présentes
pour effectuer des soins techniques, elles se font aussi
souvent les avocates de l’enfant, jouent un rôle d’éduca-
trice, etc. Avant l’inclusion d’un enfant dans un essai clin-
ique, l’infirmière a des entretiens avec la famille, c’est
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pourquoi elle peut jouer un rôle important dans la prise
de décision.
Cette étude clinique américaine avait pour objectif de con-
naître le cu, les convictions des decins et infirmières
par rapport aux essais cliniques de phase 1 en oncologie
pédiatrique. En tout, 94 pédiatres/cancérologues et 122
infirmières travaillant en oncologie pédiatrique ont par-
ticipé à cette étude. Chaque participant a reçu le même
questionnaire. La majorité des participants au niveau infir-
mier étaient des femmes (99 %) alors que 56 % des
médecins participants étaient des hommes. Les années
d’expérience en oncologie pédiatrique étaient pratique-
ment similaires dans les 2 groupes (en moyenne 14 ans).
En ce qui concerne les connaissances des essais de phase
1, les médecins pouvaient clairement expliquer le but
d’un essai de phase 1, incluant entre autres l’évaluation
de la torance d’un dicament, la recherche du dosage
maximal toléré. Les infirmières (21 %), quant à elles, pen-
saient que les études cliniques de phase 1 avaient pour
objectif de tester l’efficacité d’un traitement pour un can-
cer spécifique. De même, les infirmières (13 %) étaient
persuadées que les phases 1 avaient pour but de pro-
longer la vie des enfants.
Les convictions des médecins et infirmières concernant
les essais cliniques de phase 1 chez les enfants ne dif-
fèrent pas vraiment, si ce n’est que les infirmières pren-
nent plus en compte l’enfant et croient en sa capacité
à comprendre le but de l’étude clinique. Les infirmières
pensent également que la famille est réaliste par rap-
port au but de l’étude clinique, les médecins le pensent
moins. Que ce soient decins ou infirmières, ils sont
tous d’accord sur le fait que les enfants sont assez âgés
pour prendre une décision concernant le traitement.
Comparées aux médecins, les infirmières sont plus per-
suadées que l’essai de phase 1 peut être bénéfique pour
les enfants. Entre 80-100 % des infirmres sont con-
vaincues que les enfants auront des effets secondaires
dus à la toxicité du traitement contre 40 % des
médecins.
En conclusion, on peut dire que le cu des decins et
infirmières ne diffère que sur quelques points mais que
cette étude démontre que les connaissances des infir-
mres concernant le but et les issues des phases 1 doivent
être mises à jour.
Les infirmières jouent un rôle de plus en plus important
au niveau de la prise de décision auprès des familles et
de l’enfant.
Barnes MJ, Pressey J, Adams J, Hensler MA, Madan-Swain A. Physi-
cian and Nurse Beliefs of Phase 1 Trials in Pediatric Oncology. Cancer
Nursing 2014 ; 37 (no5. Doi : 10.1097/NCC. 0000000000000099.
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