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stasés. Si seulement un de ces facteurs est présent lors
de traitements à base de thérapies ciblées, le patient a
de fortes chances de développer une cardiotoxicité.
Cardiotoxicité des inhibiteurs HER2
(trastuzumab, pertuzumab et lapatinib)
Les cardiomyocytes et les cellules endothéliales sont
pourvus de récepteur erB. L’inhibition de ce récepteur
entraîne une cardiotoxicité réversible. Le taux de dysfonctionnement du ventricule gauche suite au traitement
par trastuzumab est constaté entre 0,5 % et 19 % des cas
(Piccart et al. 2005 ; Tan-Chu et al. 2005). Le lapatinib a
un profil d’effets indésirables moindre. Les recommandations pour le suivi des patients traités par trastuzumab, particulièrement en association avec des anthracyclines, incluent avant tout traitement une fraction
d’éjection du ventricule gauche, puis tous les 3 mois
durant le traitement, et tous les 6 mois et cela jusqu’à 2
ans après la fin du traitement. Le traitement doit être
(temporairement) interrompu lors d’une baisse de 16 %
ou plus de la fraction d’éjection. Le traitement peut être
repris dans les 4 à 8 semaines si la fraction d’éjection
retourne à la normale. Le traitement doit être interrompu
de façon définitive si le patient développe une insuffisance cardiaque congestive sévère ou développe un dysfonctionnement asymptomatique du ventricule gauche
de plus de 8 semaines, ou présente plus de 3 fois un dysfonctionnement ventriculaire gauche. La majorité des
patients (79 %) présentant un dysfonctionnement du
ventricule gauche récupèrent assez rapidement, notamment par la prise de traitements d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion (inhibiteurs ACE), exception faite
chez les personnes âgées ayant des comorbidités associées qui ne récupèrent pas complètement.
Corinne Tillier, infirmière spécialiste clinique
(clinical nurse specialist), Amsterdam, Pays-Bas
Effets indésirables
des thérapies ciblées
au niveau cardiovasculaire
L
es thérapies ciblées sont des thérapies moléculaires
qui permettent de bloquer le fonctionnement d’une
ou plusieurs protéines dans la cellule cancéreuse au
niveau de la transduction du signal (la transmission du
signal à l’intérieur des cellules fait appel à de nombreuses
molécules, agissant en cascade, ce qui est essentiel pour
le développement et la croissance des cellules cancéreuses).
Ces traitements sont efficaces pour certains cancers
hématologiques et tumeurs solides. Ils agissent donc au
niveau des cellules cancéreuses mais également au
niveau des cellules normales car la transduction du signal
est primordiale pour toutes les cellules. Les thérapies
ciblées peuvent avoir des effets indésirables au niveau
cardiovasculaire de par le fait que certaines cellules cancéreuses ont des récepteurs communs aux cellules cardiaques (cardiomyocytes) et vasculaires (cellules endothéliales). Les toxicités cardiovasculaires comprennent
généralement une dysfonction du ventricule gauche,
des pathologies coronaires, des troubles du rythme, une
hypertension artérielle, des pathologies thromboemboliques.
Les facteurs qui jouent un rôle au niveau des risques de
maladies cardiovasculaires sont : la survie au cancer,
l’âge, les comorbidités préexistantes, les traitements dans
le passé lors de cancers primaires, secondaires ou métaBulletin Infirmier du Cancer
Cardiotoxicité des inhibiteurs ABL
(imatinib, dasatinib et nilotinib)
Quatre-vingt dix pour cent des leucémies myéloïdes chroniques (LMC) ont une surexpression de la protéine BCRABL et également 20 % des leucémies aiguës lymphoblastiques.
Avant l’apparition de l’imatinib, 90 % des patients atteints
de LMC décédaient dans les 5 ans, alors que maintenant
la LMC est pratiquement devenue une maladie chronique
grâce à l’imatinib.
Durant les essais cliniques de l’imatinib, aucune cardio-
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toxicité sévère n’a été constatée, cependant une étude
prospective incluant 832 patients traités par imatinib
montre que 5 patients de plus de 68 ans ont développé
des pathologies cardiovasculaires sévères (hémorragie
cérébrale, AVC, infarctus du myocarde). Dasatinib et nilotinib peuvent induire un allongement de l’intervalle QT.
Des sténoses artérielles périphériques peuvent être constatées lors de traitement par nilotinib. Des effusions pulmonaires peuvent apparaître lors du traitement par dasatinib (entre 14 % et 43 %). Il est important de prendre en
compte ces toxicités cardiovasculaires car aussi bien dasatinib que nilotinib sont prescrits après un traitement par
imatinib.
régulièrement les lipides sanguins dès le début du traitement, car l’hypercholestérolémie augmente le risque de
maladies cardiovasculaires.
Les maladies cardiovasculaires sont la cause la plus fréquente de mortalité chez les personnes ayant été traitées
pour un cancer du sein.
Conclusion
Identifier les personnes à risque pour les maladies cardiovasculaires est primordial avant chaque traitement par
thérapies ciblées. Les recommandations concernant les
toxicités cardiovasculaires sont limitées.
En tant qu’infirmières, nous avons une opportunité unique
d’aider à améliorer et à maintenir la qualité de vie du
patient en effectuant des mesures du risque cardiovasculaire, en élaborant des interventions visant à réduire les
risques cardiovasculaires (alimentation saine, exercices
réguliers, management du stress).
Cardiotoxicité des inhibiteurs
des récepteurs du facteur de croissance
de l’endothélium vasculaire
(VEGF, VEGF-TKI)
Les récepteurs du facteur de croissance de l’endothélium
vasculaire jouent un rôle important dans la vasoconstriction. L’inhibition de ce facteur lors de traitements de certaines tumeurs a donc comme effet indésirable une hypertension artérielle (entre 30 % et 80 % des patients).
Les facteurs de risque pour le développement de l’hypertension sont : l’âge (> 65 ans), présence d’hypertension avant le traitement, le tabagisme et l’hypercholestérolémie. Il n’y a pas de recommandations spécifiques, si
ce n’est d’utiliser les recommandations de l’hypertension
artérielle en général.
En plus de l’hypertension, certains traitements comme
bevacizumab, sunitinib, pazopanib peuvent allonger l’intervalle QT, surtout en association avec des traitements
également connus pour ces mêmes effets indésirables. Il
est donc important d’effectuer régulièrement des électrocardiogrammes. Des thromboses, des embolies et des
hémorragies font aussi partie des effets indésirables possibles lors de traitement par sunitinib, sorafenib, bevacizumab.
Coviello JS. Cardiac Side Effects of Targeted Therapies. Seminars
in Oncology Nursing 2014 ; 30 (no 3) : 175-82.
Les points de vue
et convictions des médecins
et des infirmières lors
d’essais cliniques de phase 1
en oncologie pédiatrique
e développement de nouvelles thérapies est nécessaire afin d’améliorer la survie des enfants atteints de
cancers. La décision de participer à un essai clinique
de phase 1 est un moment difficile et complexe pour les
familles des enfants. Cette décision est souvent influencée
par les avis de proches mais surtout par l’avis des personnels soignants. Il est donc intéressant de connaître les
points de vue et les convictions des médecins et infirmières par rapport aux essais cliniques de phase 1 chez
les enfants atteints de cancer. Alors que les pédiatres/cancérologues recrutent, incluent les enfants dans les essais
cliniques, les infirmières jouent également un rôle important à ce moment-là. Elles ne sont pas seulement présentes
pour effectuer des soins techniques, elles se font aussi
souvent les avocates de l’enfant, jouent un rôle d’éducatrice, etc. Avant l’inclusion d’un enfant dans un essai clinique, l’infirmière a des entretiens avec la famille, c’est
L
Cardiotoxicité
des traitements hormonaux
Le tamoxifène est un modulateur sélectif du récepteur
des œstrogènes (SERM). Il est associé à une augmentation du risque thromboembolique. Les inhibiteurs de l’aromatase (anastrozole) sont eux associés à une hypercholestérolémie. C’est pourquoi il est essentiel d’évaluer
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pourquoi elle peut jouer un rôle important dans la prise
de décision.
Cette étude clinique américaine avait pour objectif de connaître le vécu, les convictions des médecins et infirmières
par rapport aux essais cliniques de phase 1 en oncologie
pédiatrique. En tout, 94 pédiatres/cancérologues et 122
infirmières travaillant en oncologie pédiatrique ont participé à cette étude. Chaque participant a reçu le même
questionnaire. La majorité des participants au niveau infirmier étaient des femmes (99 %) alors que 56 % des
médecins participants étaient des hommes. Les années
d’expérience en oncologie pédiatrique étaient pratiquement similaires dans les 2 groupes (en moyenne 14 ans).
En ce qui concerne les connaissances des essais de phase
1, les médecins pouvaient clairement expliquer le but
d’un essai de phase 1, incluant entre autres l’évaluation
de la tolérance d’un médicament, la recherche du dosage
maximal toléré. Les infirmières (21 %), quant à elles, pensaient que les études cliniques de phase 1 avaient pour
objectif de tester l’efficacité d’un traitement pour un cancer spécifique. De même, les infirmières (13 %) étaient
persuadées que les phases 1 avaient pour but de prolonger la vie des enfants.
Les convictions des médecins et infirmières concernant
les essais cliniques de phase 1 chez les enfants ne dif-
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fèrent pas vraiment, si ce n’est que les infirmières prennent plus en compte l’enfant et croient en sa capacité
à comprendre le but de l’étude clinique. Les infirmières
pensent également que la famille est réaliste par rapport au but de l’étude clinique, les médecins le pensent
moins. Que ce soient médecins ou infirmières, ils sont
tous d’accord sur le fait que les enfants sont assez âgés
pour prendre une décision concernant le traitement.
Comparées aux médecins, les infirmières sont plus persuadées que l’essai de phase 1 peut être bénéfique pour
les enfants. Entre 80-100 % des infirmières sont convaincues que les enfants auront des effets secondaires
dus à la toxicité du traitement contre 40 % des
médecins.
En conclusion, on peut dire que le vécu des médecins et
infirmières ne diffère que sur quelques points mais que
cette étude démontre que les connaissances des infirmières concernant le but et les issues des phases 1 doivent
être mises à jour.
Les infirmières jouent un rôle de plus en plus important
au niveau de la prise de décision auprès des familles et
de l’enfant.
Barnes MJ, Pressey J, Adams J, Hensler MA, Madan-Swain A. Physician and Nurse Beliefs of Phase 1 Trials in Pediatric Oncology. Cancer
Nursing 2014 ; 37 (no 5. Doi : 10.1097/NCC. 0000000000000099.
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