Etude de matériel lithique des collections du Musée des Cultures Guyanaises et du Service Régional de l’Archéologie Rapport final BRGWRP-54021-FR juin 2005 Élude réalisée dans le cadre des projets de Service public du BRGM 2005 05GEOD25 H. Théveniaut Vérificateur : Approbateur : Nom : Nom : Date : Date : Signature : Signature : (Ou Original signé par) (Ou Original signé par) Le systémo do management do la qualilé du BRGM ost certlfié AFAQ ISO 9001:2000. I , Mots cles : En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante : H. Théveniaut, (2005) BRGMlRP54021FR. - Les Amérindiens et la Pierre en Guyane O BRGM, 2005, CB document n e peut éire reproduit en iolalit6 ou e n partie sans I'autonsauon expresse du BRGM - Les Amérindiens el ia pierre aire . ............................................................................ 2. Contexte géologique et archéologique ................................................................ 1 Contexte et objectifs de l'étude 7 9 2.1. LES ROCHES DE GUYANE ............................................................................. 9 2.2. HISTOIRE GEOLOGIQUE DE LA GUYANE ................................................... II 2.3. CONTEXTE ARCHEOLOGIQUE .................................................................... 2.3.1.La Guyane vers 200 Ma ......................................................................... 2.3.2.La Guyane vers 50 Ma ........................................................................... 2.3.3.Le contexte archéologique ..................................................................... 15 15 15 16 3. Etude des outils amérindiens ............................................................................. 19 ........................................................................................ 19 3.2. MÉTHODE EMPLOYÉE.................................................................................. 19 3.3. RÉSULTATS................................................................................................... 3.3.1.Les outils du fleuve Approuague (90-11-001 à 114) ............................... 3.3.2,Les outils de la Haute Mana (98-03-04 à I I ).......................................... 3.3.3.Outils d'autres provenances................................................................... 19 20 23 24 3.1. MATÉRIEL ÉTUDIÉ . .............................................................................................. 4 Les roches gravées 27 4.1. CRIQUE PAVÉE............................................................................................. 27 4.2. MONTAGNE FAVARD .................................................................................... 27 4.3. LE SITE DE LA CARAPA ................................................................................ 28 . ........................................................................................................... 6. Bibliographie ........................................................................................................ 5 Conclusion BRGMIRP-54021-FR. Rapport iinai 31 33 5 Les Amérindiens et la pierre Liste des illustrations Figure 1 : Carte géologique simplifiée de la Guyane.......... ............................ Figure 2 : La Guyane entre 2 Milliards 200 millions d'années et 2 Milliards 130 millions d'années ............................. ......9 ...12 Figure 3 : La Guyane entre 2 Milliards 110 millions d'années et 2 Milliards 60 millions d'années.................................................... Figure 4 : L'Atlantique Central vers 200 m Figure 5 : Contexte géologique vers 200 Figure 6 : Contexte géologique vers 50 millions d'années ............................... Figure 7 : Contexte archéologique ou contexte géologique actuel. Figure 8 : Extrait de la carte géologique de Régina A I l l 0 0 O00 Figure 9 : Extrait de la carte géologique A I l l 0 0 O00 de Saül. Liste des annexes Annexe 1 Piéces lithiques étudiées ............................................................................................ 35 Annexe 2 Caractérisation lithique des outils ............................................................................... 41 6 BRGWRP-XXXXX-FR- Rapport final Les Amérindiens et la pierre 1. Contexte et objectifs e l'étude A la demande du Service Régional d'Archéologie et en collaboration avec le Musée des Cultures Guyanaises, le BRGM a été contacté pour contribuer à l'organisation d'une exposition sur (( Les Amérindiens et la Pierre )) et à la réalisation d'un kit pédagogique archéologique. II s'agit donc d'apporter une connaissance géologique de la Guyane par une présentation simplifiée du contexte géologique de la Guyane et par l'étude détaillée de plus de 150 pièces archéologiques du MCG et du SRA. A l'exception d'une visite effectuée en 1992 sur un site archéologique (cf. 4.3.) il s'agit ici de la première collaboration réalisée en Guyane entre archéologues et géologues à finalité scientifique (nature des outils, provenance etc ...) et culturelles (exposition du MCG avec partie (( géologie »). Le présent rapport a été rédigé en prévision de son utilisation pour l'exposition du MCG et pour le kit pédagogique archéologique. Le paragraphe 2.1. sera utilisé pour la confection d'une fiche pédagogique. Le reste du chapitre 2 ainsi que les autres chapitres seront utilisés pour i'exposition du MCG. Le paragraphe 2.3. ainsi que des extraits des chapitres 3, 4 et 5 pourront être valorisé dans un ouvrage associé à l'exposition du MCG. Ce rapport présente succinctement les différentes formations géologiques de Guyane, une présentation simplifiée de i'histoire géologique de la Guyane, et une Présentation de ce qui a été appelé le (( contexte archéologique n qui est l'origine et l'état du contexte géologique des Amérindiens. II est suivit de l'étude détaillée du matériel lithique mis à disposition par le SRA et le Musée des Cultures Guyanaises. Une dernière partie présente sommairement la description de trois sites de roches gravées. L'ensemble des outils et leur description sont présentés en annexe. Comme on le verra plus loin, cette collaboration entre archéologues et géologues présente les bases d'études de plus grandes envergures qui pourraient être menées sur les pièces lithiques du SRA ou sur des collections privées, sur i'étude à détailler de nombreuses roches gravées et aussi sur les environnements géologiques de sites amérindiens qui peuvent amener à une meilleure compréhension de l'histoire de la Guyane. - BRGMiRP-54021-FR Rapport Anal 7 Les Am6rindiens et la pierre D'après la carte géologique simplifiée de la Guyane (adaptée d'aprés celle à 11500 000, Delor et coll., 2001), on observe une certaine répartition des roches présentes en Guyane. En raison des phénomènes d'altération et du fort couvert forestier, ces roches ne sont souvent visibles que sur les fleuves et parfois même uniquement en période d'étiage. La répartition globale est la suivante : - Argiles et sables du Quaternaire (Figure 1, figure 1) : ils correspondent uniquement aux formations du littoral avec un peu moins de 10% du territoire. Ce ne sont que des formations meubles (argiles) ou non consolidées (sables). Ce sont des formations sédimentaires que l'on ne trouve pas sous la forme de (( roches )) à l'exception des galets de quartz présents généralement à la base de la série des sables blancs. - Les granites et assimilés (Figure 1, figuré 3,4,5,7 et 13): on retrouve dans ce groupe les différentes formations d'affinité granitique dans lesquelles sont représentés les granites magnéso-potassiques (Mg-K), les granites à deux micas (monzogranites métalumineux), les ensembles anciens appelés TTG (TonaliteTrondjhémite-Granodiorite), les gneiss et migmatites. Ils représentent 60% des roches de Guyane. - Les méta-sédiments (Figure 1, figuré 9 et I O ) : ce sont les ensembles sédimentaires pélitiques-argileux et grauwackeux-gréseux anciens. Ils ont été déformés au cours de l'histoire géologique de la Guyane et plus ou moins transformés (métamorphisés) sous l'action de la pression et de la température. Ils représentent un peu plus de 10% des formations de Guyane mais ils sont très rarement rencontrés à l'état sain car quasi intégralement argilisés en surface sous l'effet des phénomènes d'altération. - Les méta-volcanites (Figure 1, figuré IIet 12) : ce sont des laves, des tuffs, etc... liés à du volcanisme de nature variable (acide-intermédiaire-basique), parfois avec des intercalations sédimentaires. L'ensemble a été déformé et métamorphisé, généralement à basse pression et à basse température dans le faciès dit (( schiste vert ». Ces formations représentent 17% du territoire - - 10 Les roches plutoniques et volcaniques basiques (Figure 1, figuré 2 et 6) : ce sont les filons volcaniques (dolérites) associés majoritairement à l'ouverture de l'océan Atlantique et très présents sur l'est et le nord-est de la Guyane. Ce sont aussi des massifs de gabbrosldiorites que l'on retrouve vers Cayenne (Massif du Mahury) et au centre et sud de la Guyane (Montagne Continent, Montagne tabulaire et gabbro Tampok). L'ensemble de ces formations représente à peine 3% des roches de Guyane. Le quartz : il n'est pas représentatif de certaines formations car on peut le retrouver dans les granites tout autant que dans les formations sédimentaires et volcanosédimentaires. Les quartz sont généralement en filons de faible épaisseur (1 m max) et certains peuvent renfermer un peu d'or. Les quartzites sont des sables BRGMIRP-MXXX-FR - Rapport final Les Amérindiens et la pierre consolidés (grés), transformés au cours du métamorphisme. Ils peuvent être assez semblables à des bancs de quartz selon le degré de métamorphisme. Enfin, il est important de noter qu'il n'y a pas de silex en Guyane car ceux-ci se forment dans des formations calcaires qui sont absentes de Guyane. - Les latérites : les cuirasses latéritiques dont certaines sont appelées latérite ou carapace ou roche à ravets ne sont pas représentées sur la carte géologique à 1/500 O00 de la Guyane (Delor et al., 2001). Elles sont cependant présentes (cf. 2.2.2.) en de nombreux endroits, en place au sommets de colline ou dégradées (éluvions) mélangées dans les sols sur les pentes. l e s cuirasses sont rares sur les roches riches en quartz (granites et conglomérats) et souvent encore très présentes, entre autres, sur les ensembles volcano-sédimentaires et ceux plutoniques basiques. 2.2. HISTOIRE GEOLOGIQUE DE LA GUYANE Si l'évolution du Bouclier des Guyanes débute vers 3 Ga (milliards d'années), en Guyane française (figure 1). l'histoire géologique se déroule principalement entre 2200 Ma (2 milliards et 200 millions d'années) et 2060 Ma. Pendant près de 150 Ma, un océan va se créer puis se refermer et les formations générées par ces processus dits tectoniques vont ensuite se déformer. * Un océan s'ouvre (figure 2a) donc vers 2200 Ma, océan dont les traces sont encore visibles aujourd'hui à Cayenne. * Entre 2180 et 2130 Ma, cet océan se ferme (figure 2b) entraînant la formation de ce que l'on appelle un arc insulaire qui est semblable à ceux des Antilles, du Japon ou des îles indonésiennes. Des alternances de dépôts sédimentaires et de coulées ou d'éruptions volcaniques marquent cette période qui est accompagnée par la mise en place de grands ensembles granitiques particuliers appelés des TTG (Tonalite-Trondjhémite-Granodiorite). Au total, près de 60% des roches de Guyane se forment à cette période. BRGMIRP-54021-FR - Rapport final 11 Las AmBrindiens at la pierre marécages (pripris) argileux. Au gré des variations du niveau de la mer et des évolutions du littoral avec les (( migrations )) des bancs de vase, les occupations amérindiennes ont pu évoluer vers l'intérieur. Des sites côtiers de bord de mer peuvent ainsi se trouver autant sous la mer actuelle qu'à plus de 5 km vers l'intérieur sur d'anciens cordons sableux. 0 Pour l'intérieur des terres, en forêt, les mondes archéologiques et géologiques sont un peu plus éloignés l'un de l'autre et la recherche de sites historiques ou d'objets est plus hasardeuse. L'étude présente recense des objets trouvés sur certains sauts mais aussi des gravures réalisées sur des affleurements rocheux. Les liens entre géologie et archéologie y sont donc beaucoup marqués et, comme on le verra plus loin, la géologie peut apporter quelques compléments intéressants à la compréhension du mode de vie des amérindiens dans leur environnement naturel. 18 BRGMIRP-XXXXX-FR- Rapport final Les Amérindiens et la pierre es outils a 3.1. MATÉRIEL ÉTUDIÉ Plus de 150 pièces des réserves du musée des Cultures Guyanaises (cf. Annexe 1) ont été étudiées. En compléments, des outils plus singuliers (cf. Annexe 1) et des N chutes N non travaillées de roches sculptées ont été mises à disposition par le Service Régional de l’Archéologie. Les pièces du MCG avaient déjà fait l’objet de descriptions archéologiques avec des indications sur la nature géologique probable des échantillons. Cette caractérisation géologique était trop imprécise et parfois erronée ne permettant pas d’avoir une vision globale sur le matériel employé, ses origines, provenance, échanges possibles. 3.2. MÉTHODE EMPLOYÉE Le matériel archéologique ne peut faire l’objet d’une approche destructrice telle la réalisation de lames minces pour une détermination précise de la nature de la roche. En conséquence les observations ont été faites à l‘œil nu, a la loupe, parfois avec une plaque de verre pour tester la dureté et enfin en utilisant un susceptibilimètre portable (KT-9, Agico Geofysica). Le susceptibilimétre portable est un outil classiquement utilisé en prospection géologique. II permet de mesurer la réponse magnétique d’un échantillon lorsqu’on lui applique un champ magnétique. Cette méthode non destructrice permet de mettre en évidence la présence plus ou moins importante de minéraux magnétiques dans une roche et donc de faciliter son identification. Par exemple: une dolérite et une amphibolite peuvent, a l’œil nu, voire a la loupe s’avérer très semblables, par contre la susceptibilité de la dolérite sera 100 à 1000 fois supérieure a celle de I’amphibolite. Cet appareil s’est donc avéré très utile notamment dans les cas très fréquents de roches totalement recouvertes par une gangue ferrugineuse mais aussi pour mettre en évidence quelques variations de faciès entre des échantillons semblables. 3.3. RÉSULTATS Nous présentons ci-aprés les résultats obtenus dans le cadre de cette étude avec une description des différents type de roches rencontrées et leur correspondance avec les formations géologiques décrites précédemment (cf. 2.1 .). BRGMIRP-54021.FR - Rapport linal 19 Les Arndrindiens et la pierre Saut Tourépé : Quatre échantillons proviennent du Saut Tourépé. Ils sont fortement recouverts d'une gangue ferrugineuse et donc difficilement identifiables. Ils ne semblent, à priori, pas très différents des roches (gneiss et méta-laves) présentes sur ce secteur. Saut Grand Canori Les deux échantillons provenant du Saut Grand Canori ressemblent à des silex mais sont plutôt des quartzites sombre et beige. Ils proviennent probablement du fleuve mais à priori pas du Saut Grand Canori qui est de nature granitique. Peut être faut-il chercher leur origine en aval du Saut Grand Machicou voire sur I'Arataye soit à 35-40 km au nord. * SautMapaou Les 108 échantillons du Saut Mapaou offrent la possibilité de traiter le matériel lithique de manière statistique. Près de 80% des échantillons sont de nature métavolcanique. Ce sont donc pour l'essentiel des roches d'origine volcanique légèrement métamorphisées. - Dans le détail, nous avons identifié des laves sombres avec minéraux visibles qui proviennent de l'ensemble volcano-sédimentaire à dominante volcanique basique à intermédiaire et dénommées a Lave 1 ». 10.2% des roches du Saut Maaaou sont de celte catégorie. - Des laves gris clair, avec parfois des minéraux visibles à l'œil nu ou à la loupe font aussi partie des cet ensemble volcano-sédimentaire. II s'agit ici de la dominante acide de type andésite et regroupée sous I'appelation a Lave 2 ». 4.6% des roches sont de ce type. - Deux autres échantillons (1.85%) sont aussi des laves mais la présence de vacuoles ou d'aspect micro-bréchique nous permet de les ranger dans la catégorie des pyroclastiques ». (( laves - Des roches grises, généralement assez sombres, avec une minéralogie difficilement visible à l'œil nu. et présentant fréquemment une structuration associée au métamorphisme ont été regroupées sous l'appellation (( lave 3 », ce sont clairement ce que l'on pourrait appeler des métalaves. 16.7% des outils ont été rangés dans cette catégorie. - Des roches très fines, semblables à des quartzites (Brouwer, 1961), de couleur verdâtre et fréquemment structurées ont été rencontrées. Elles ont été classées dans la catégorie u Tuff 1 )) et représentent 4.6% des échantillons. Elles appartiennent aussi à l'ensemble volcano-sédimentaire métamorphisé, pour lequel (Egal, 1995) une origine volcanique (andésitique) et sédimentaire a été mise en évidence par des analyses géochimiques. BRGWRP-54021-FR - Rapport final 21 Les Am6rindiens et la pierre - Les échantillons les plus nombreux, 41% du total, avec beaucoup d'ébauches, mais aussi quelques outils travaillés, ont été classés sous l'appellation (( Tuff 2 ». II s'agit de roches grises, sombres, parfois verdâtres, fines à très fines, plus ou moins structurées et avec parfois quelques fractures parallèles à remplissage quartzeux. Elles font aussi partie de l'ensemble volcano-sédimentaire métamorphisé et proviennent très probablement du secteur aval proche du Saut Mapaou. - Deux échantillons (1.85%) d'amphibolites )) ont aussi été identifiés. Ils sont connus dans ce secteur, notamment à proximité des granites où des roches d'origine volcanique ont été métamorphisées dans le faciès (( amphibolite N de plus haute température. (( Prés de 18% de l'ensemble des échantillons sont des dolérites. Elles proviennent des filons très nombreux sur I'Approuague. Elles peuvent être fines ou grenues, noires, grises ou altérées de couleur rouille à ocre parfois presque jaune ou presque rouge. Elles peuvent être très semblables aux Laves 1, aux Laves 3 (métalaves) et parfois aux amphibolites. Elles ont cependant été aisément identifiées grâce aux mesures de susceptibilité magnétique qui varient entre 4.5 et 46.0 10-3 SIU. Ces valeurs sont très nettement supérieures aux autres types de roches pour lesquels les moyennes sont de 0.17 10-3 SIU (Laves 1). 0.31 10-3 SIU (Laves 3) et 0.30 10-3 SIU (amphibolites). 105 des 108 échantillons du Saut Mapaou sont donc soit des métavolcanites à faible affinité sédimentaire, soit des dolérites. Toutes ces roches ont pour caractéristiques d'être fines à très fines et pauvres en quartz. Ce sont aussi et surtout des roches que l'on retrouve souvent en galets en aval du Saut Mapaou. Ces galets offrent les avantages d'être facilement accessibles et très fréquemment d'une taille et d'une forme proche de celle requise au départ pour façonner un outil. On remarquera que les Tuffs 1 et 2 sont souvent des outils grossiers (préformes) ou des ébauches, parfois des lames simples. Les Laves 3 (métalaves) sont généralement un peu plus travaillées avec des lames simples et quelques lames à encoches. Les autres laves (Laves 1, 2 et pyroclastiques) sont souvent des lames simples de belle facture. Enfin, les dolérites se présentent sous la forme la plus diversifiée avec des lames simples, d'autres à encoches ou à oreilles, mais aussi avec des molettes. Trois autres échantillons sont de nature totalement différente. II y a un récipient de forme peut être naturelle et d'origine granitique. II s'agit d'un granite fin pouvant provenir de l'amont du Saut Mapaou jusqu'au saut Athanase, secteur où l'on rencontre des granites. Un mortier en séricitoschiste, tendre et partiellement altéré est typique des formations métasédimentaire d'origine pélitique-argileuse. On en rencontre généralement, au plus proche, au nord de Régina dans les formations sédimentaires dîtes de I'Orapu (Brouwer, 1961). L'origine de cet échantillon tendre et peu quarizeux peut donc être à rechercher au minimum à 20 km du lieu de sa découverte. Une autre question peut 22 - BRGMIRP-XXXXX-FR RappoFt final Las Amérindiens et la pierre aussi se poser quant à sa nature archéologique. S'agit-il d'un mortier amérindien ou d'un mortier des premiers temps de I'orpaillage vers la fin du XVlllème siècle. Le dernier outil est une lame à encoche rectangulaire, de faible épaisseur et de belle facture. II s'agit d'une jadéite verte avec quelques liserés micacés. Ce type de roche n'existe pas en Guyane. Son origine est à rechercher en Amérique Centrale ou au Mexique. A l'exception des objets singuliers (mortier, récipient et hache en jadéite), tous les échantillons du Saut Mapaou ont probablement été réalises à partir de galets trouvés en aval du Saut Mapaou. Les faciès géologiques présents sur plusieurs kilomètres en amont de ce saut (granite et gabbro grenu) ne sont pas représentés. Enfin les dolérites parfois faiblement grenue (faciés gabbro'ique) semblent avoir été privilégiés pour la confection des outils les plus divers et généralement les plus travaillés. Tous ces outils présentent la particularité d'être fins et souvent pauvres en quartz. Ceci nous amène ainsi à avoir une collection de roches oil plus de 98% des échantillons correspondent seulement à 20% des roches rencontrées en Guyane. 3.3.2. Les outils de la Haute Mana (98-03-04 à Il) Sept lames de hache et un pilon de la collection du MCG proviennent de la Haute Mana (crique Absinthe et crique Saint Léon). Cinq de ces outils sont des gabbros microgrenus, deux sont des faciès beaucoup plus fins mais de même nature. L'autre lame de hache apparaît être une lave de type andésite (Lave 2 de I'Approuague). La quantité de matériel basique (les gabbros), semblable aux filons volcaniques du nord et de l'est de la Guyane (Cayenne, de I'Approuague et de l'Oyapock) peut paraître très surprenante au premier abord. Cependant les formations géologiques de la Haute Mana (figure 9) sont dominées par des formations de ce type. Si l'est et le nord-est sont principalement granitiques, l'ouest est constitué essentiellement de laves de l'ensemble volcano-sédimentaire. De plus, deux grands massifs (Dagobert et Montagne Continent) correspondent A des gabbros à grains fins. Des filons doléritiques très fins sont aussi identifiés dans le secteur Dagobert. BRGM/RP-54021-FR - Rapport final 23 Les Amérindiens et la pierre Les polissoirs portatifs sont donc soit en dolérite (Ile du Salut) soit en granite à grain moyen faiblement altéré soit encore, pour un petit aiguisoir en schiste très tendre (séricitoschiste). Pour les pendentifs, on a un quartz translucide mais aussi un Métatuff trds fin avec des petites mouches rouges d’oxydation de sulfures réparties uniformément s u r la pierre. Enfin les deux plus belles haches semblent avoir fait i’objet d’un choix minutieux avec une granodiorite grenue très travaillée (forme en queue de poisson sur hache fine) et un échantillon trouvé sur le haut Maroni vers Twenké dont la nature lithologique s’apparente a un métagabbro grenu peu structuré dont les pyroxenes seraient altérés en creux. Ce dernier échantillon est cependant trop patiné pour être determiné avec certitude car sa couleur d’altération s’apparente à celle classique de matériel basique mais son aspect grenu pourrait aussi correspondre à un facies granitique en phase avec les valeurs de susceptibilité magnetique (0.54 10-3 SIU). Cet outil mériterait, au même titre que la jadéite du Saut Mapaou d‘être analysé plus en détail en laboratoire. BRGM1RP-54021-FR - Rapport final 25 Les Amérindiens et la pierre . Les roc es gravées Trois roches gravées de Guyane ont fait l'objet d'une détermination pétrographique. II s'agit des roches gravées de la crique pavée (Rémire-Montjoly),de celles de la Carapa (Kourou) et de celles de la Montagne Favard (Kaw). 4.1. CRIQUE PAVÉE Les roches gravées sont situées à proximité d'une crique au sud-est du massif du Mahury. Ce massif est principalement constitué de roches gabbro-dioritiques à granodioritiques formées vers 2140 Ma. Le sommet du Mahury correspond à un plateau latéritique de nature bauxitique forme vers 50 Ma. On peut rencontrer de nombreux filons doléritiques, parfois faiblement altérés, mis en place vers 200 Ma et qui recoupent le socle du Précambrien. Les roches gravées sont grises à noires, très sombres et recouvertes d'une pellicule ocre-rouille d'altération. II s'agit d'un affleurement de filon doléritique dont la largeur ne dois pas excéder 30 m. II s'agit d'une roche sans quartz donc (c facile )) à graver. Les nombreux blocs résultent d'une fracturation importante de ces roches peu poreuse et altérée uniquement en surface. 4.2. MONTAGNE FAVARD Ces roches gravées n'ont pas fait l'objet d'une visite mais seuls quelques échantillons ramassés au pied de ces roches ont été mis à disposition par le Service Régional d'Archéologie. La Montagne Favard est située à l'extrémité est de la Montagne de Kaw, vaste plateau latéritique formé vers 50 Ma. Ces latérites de nature bauxitique se sont formées A partir de roches volcano-sédimentaires a dominante volcanique. Ces roches d'âge précambrien ont été recoupées par de nombreux filons doléritiques que l'on peut encore observer malgré l'altération latéritique. Ces filons de faible largeur, quelques métres à quelques dizaines de métres, sont en effet faiblement altérés ou altérés en cuirasse ferrugineuse non bauxitique. La premiére possibilité prévaut généralement, les altérations ayant été plus efficace sur le socle précambrien que sur ces filons. L'échantillon mis à disposition par le SRA est un morceau de gabbro doléritique microgrenu. IIs'agit donc d'un filon volcanique de la même roche que celle de la crique Pavée, pauvre en quartz et donc aisée a graver. BRGWRP-54021-FR - Rapport final 27 Les Amérindiens et la pierre 4.3. LE SITE DE LA CARAPA Ce site est localisé à l’est de la zone industrielle de Pariacabo, environ 500 m au sud de la montagne de la Carapa. II a fait i’objet d‘une étude géologique (Cautru, 1992) lors de la redécouverte du site au début des années 1990. La description présentée ici vient en complément de cette premiére observation du site. Géologiquement, il s’agit d’un site exceptionnel car unique sur le littoral de Guyane. Nous sommes en effet en présence d’une roche dite ultra-basique ayant subi un métamorphisme de bas degré amenant a la formation d’un véritable schiste vert. Cette roche est composée principalement d’amphibole et de chlorite (ou biotite chloritisée) avec la présence de quelques grenats et de peu de quartz. L‘étude d’une lame mince, au microscope, a été réalisée comme cela avait été suggéré en 1992. L‘observation de la lame mince confirme les observations faites à i’œil nu et à la loupe. L’aspect géologique remarquable réside dans le fait que cette roche ne devrait pas affleurer sur le littoral mais plutôt dans les ensembles volcano-sédimentaires exceptionnellement décapés, donc visibles, sur les fleuves ou riviéres de l’intérieur (Approuague, Camopi ou la Haute Mana, etc.). La présence de cet affleurement peut s’expliquer de la manière suivante : A l’issue de la formation de roches ultra-basiques puis de leur transformation en schistes verts au cours du Précambrien, les grandes phases d‘altération latéritique ont fortement altéré ces roches formant probablement un profil latéritique de prés de 50 m d‘épaisseur qui a été partiellement érodé à l’oligocène (cf. 2.2.2.). Au cours du Quaternaire, les variations du niveau de la mer ont parachevé cette érosion jusqu’au dégagement des schistes verts non altérés qui forment aujourd‘hui un hippopotame de savane. On sait qu’il y a environ 8000 ans (vers 6000 BC), suite à ia fonte des glaces polaires et circum-polaires, le niveau de la mer est remonté jusqu’à un maximum semblable à l’altitude actuelle (5 m NGG) du site. Cette roche, constituée essentiellement de minéraux fibreux (amphiboles) ou en feuillets (biotite effou chlorite) et pauvre en quartz est donc très sensible à i’altération. On a ainsi un débit en feuillet meubles/argilisés que l’on peut observer sur le site, vers la droite de l’accès (au sud-ouest) sur les quelques affleurements ne dépassant pas 20 cm au-dessus du sol actuel. Cette sensibilité à l’altération, par l’absence de quartz et le coté u tendre )) d‘une présence dominante d’amphiboles et de biotiteslchlorites, est aussi à l’origine de l‘utilisation de cette roche pour les gravures. 28 - BRGWRP-XXXXX-FR Rapport final Les Amérindiens et la oierre Nous sommes donc en présence d'un schiste vert très tendre, pauvre en quartz, facile à travailler. Cette roche est cependant très sensible à l'altération météorique avec une porosité non négligeable, des minéraux qui s'argilisent et une roche qui se desquame. On indiquera (Cautru, 1992) que 200 m au nord-ouest affleurent des blocs de dolérite semblables à ceux de la crique Pavée et de la Montagne Favard. Cette roche n'est ni gravée ni sculptée très probablement en raison du caractère nettement plus favorable pour ces travaux des schistes verts du site de la Carapa. BRGivVRP-54021-FR- Rapport Rnal 29 Les Amerindiens et la pierre Cette étude avait pour objectif d'apporter une information géologique pertinente en relation avec l'environnement et le matériel lithique des amérindiens pour une approche complémentaire à celle archéologique. L'histoire géologique de la Guyane et les évolutions récentes des dernières dizaines de millions d'années sont à l'origine de l'environnement géologique actuel qui prévalait déjà lors des occupations amérindiennes. Les spécificités géomorphologiques, tels les inselbergs, les cuirasses latéritiques, les sauts sur les fleuves ou les cordons sableux sur le littoral ont donc joué majeur dans l'occupation du territoire à l'époque pré-colombienne. L'étude de plus de 150 pièces lithiques, dont 108 en provenance du seul site du saut Mapaou sur le fleuve Approuague ont permis de faire ressortir des éléments nouveaux quant à l'interprétation archéologique. L'élément prédominant est que le matériel utilisé est principalement d'origine volcanique avec des roches de l'ensemble volcano-sédimentaire du Précambrien et des dolérites du Jurassique. Ces roches sont trés fines avec des minéraux généralement inférieurs au millimètre et elles sont aussi pauvres en quartz. Plus de 95% des outils étudiés sont de cette nature et correspondent à seulement 20% des roches présentes Guyane. Les outils ont été façonnés à partir de galets collectés dans le fleuve et à proximité des sites où ils ont été retrouvés. II n'existe aucun outil en cuirasse latéritique. Quelques outils d'exception, haches de cérémonie ou pendentifs ont été réalisés dans ce qui pourrait être considéré comme des matériaux plus nobles. Ce sont en effet des roches plus grenues, avec plusieurs couleurs de grains, parfois avec du quartz donc plus délicates à travailler. Leur origine est certainement aussi proximale par rapport au site de découverte à l'exception d'une pièce, en jadéite, qui ne peut provenir que d'échanges lointains avec les régions du Guatémala ou du Mexique actuels. Trois roches gravées ont fait l'objet d'une détermination lithologique, ce sont des dolérites et des schistes verts. Ces roches ont en commun d'être très pauvres en quartz voire tendre et donc aisées à graver. Ce ne peut être pris comme une généralité mais il s'agit d'une piste à poursuivre par une étude plus systématique d'autres roches gravées. Cette première approche géologique du matériel archéologique montre que l'environnement géologique et le matériel géologique disponible ont joué un rôle majeur dans l'occupation amérindienne à l'époque pré-colombienne. Certains résultats mériteront d'être confirmés par d'autres études sur d'autres fleuves. BRGM/RP-54021-FR - Rapport final 31 Les Amérindiens et la pierre Barruol, J., Brosse, J.M., Langevin C., 1978. Carte géologique de la France à 1/100 000, département de la Guyane, feuille Saül (carte géologique et notice explicative). Brouwer ; G.C., 1961. Carte géologique de la France a VI00 000, département de la Guyane, feuille Regina (carte géologique et notice explicative). Cautru, J.P., 1992. Compte rendu de visite de terrain : Roches gravées de la Carapa, note BRGM Choubert B., 1974. Le Précambrien des Guyanes. Mém BRGM, Orléans. 81,213~. Delor C., Lahondére D., Egal, E., Marteau P., 2001. Carte géologique de la France a 11500 000, Guyane, 2éme édition, Orléans, BRGM. 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