L’ÉCONOMIE SOCIALE MONTRÉAL LA RÉGION EN CHIFFRES Superficie 498 km2 (0,04% du Québec) Revenu disponible par habitant (2005) Taux d’activité (2005) 30 014 $ (29 499 $ au Québec) 65,7% (67,5% en 2004) Population (2005) Adultes ayant un diplôme collégial ou Taux d’emploi (2005) 1 873 813 habitants (25% du Québec) universitaire 58,7% (61,7% en 2004) 7e région administrative sur 17 40,1% (31,7% au Québec) Taux de chômage Solde migratoire (2004-2005) Montréal 5 059 habitants (34 238 au Québec) 10,3% (2004) 10,8% (2005) Québec Perspectives démographiques 20018,4% (2004) 8,2% (2005) 2026 14,8% (9,3% au Québec) Taux de population urbaine 100% (80,4% au Québec) L’économie de Montréal Montréal 1 873 813 Métropole du Québec, Montréal se positionne comme une ville internationale et cosmopolite, solidaire d'un Québec prospère et dynamique. Elle se distingue par sa capacité d'accueil et son ouverture sur le monde. Du Cirque du soleil aux entreprises du multimédia, en passant par l'inventivité de son milieu associatif, Montréal fait la preuve de sa capacité à innover et à s'imposer comme leader mondial, aux plans de la culture et du savoir1. Son ouverture se traduit à la fois par ses exportations et son accueil des immigrants. On y retrouve 45 % des entreprises exportatrices du Québec et un volume d'exportation correspondant à 45 % de la valeur totale des exportations québécoises. Plus d'un demi million de personnes, soit 28 % de la population de la région, sont issues de l'immigration. Elles apportent leur contribution au dynamisme de la région et consolident son équilibre migratoire. Le quart de la population québécoise habite Montréal et autant y travaille. Montréal contribue, pour la moitié au PIB de la grande région métropolitaine, lequel représente 52 % du PIB du Québec. Trois facteurs caractérisent son activité et son développement économique : la tertiairisation de son économie, où se concentrent 80 % de l'emploi; l'importance constante de son secteur de la fabrication, qui maintient 19 % de l'emploi -les quelques 3 304 établissements manufacturiers sur le territoire montréalais représentent 45 % de l'activité manufacturière québécoise- et une mutation des secteurs traditionnels -transformation alimentaire, textiles et vêtements- vers l'économie du savoir et de la culture -les secteurs de la haute technologie représentent 24 % de l'emploi manufacturier. Dans le secteur tertiaire, les soins de santé et les services sociaux représentent le premier employeur, avec 11,2 % de l'emploi; suivent, à égalité avec chacun 9,5 % de l'emploi, les services professionnels et techniques et le commerce de détail; l'industrie de l'information et l'industrie de la culture cumulent, quant à eux, 6 % de l'emploi. Toutefois, le taux de chômage de la région se maintient à 10 % depuis quelques années. 1. CRÉ de Montréal, Innover pour se développer, Plan quinquennal de développement 2005-2010, septembre 2005. MONTRÉAL 1 L’ÉCONOMIE SOCIALE Quelques 500 entreprises d'économie sociale, dont 267 centres de la petite enfance, contribuent au développement économique de Montréal. Elles se distinguent par des pratiques qui contribuent au mieux-être collectif et renforcent la cohésion sociale. La mission sociale qui les a vu naître colore leur façon de faire et confère une valeur ajoutée aux biens et services qu'elles produisent. Ces entreprises « différentes » créent et maintiennent 6000 emplois durables et de qualité, participent à la vitalité des quartiers ou contribuent à la protection de l'environnement. Soucieuses d'aider les personnes à s'intégrer au marché du travail et à se réapproprier une citoyenneté pleine et entière, elles ont souvent recours à des pratiques innovantes qui deviendront la norme. Bien ancrées dans la réalité montréalaise, leurs activités se déploient dans une douzaine de secteurs économiques, souvent dans une approche multisectorielle. De l'agrotourisme à la zoothérapie, des services de proximité aux produits du commerce équitable, elles créent annuellement une activité économique de l'ordre de 300 millions de dollars. À MONTRÉAL C’est... * 532 entreprises d’économie * sociale * 6 000 emplois * Plus de 300 M $ de chiffre * d’affaires * 2 443 emplois créés ou con* solidés (avec l’aide des CLD 2002* 2004) * 115 entreprises mises sur * pied (avec l’aide des CLD 2002* 2004) LES RÉUSSITES EN ÉCONOMIE SOCIALE Diversité des entreprises Les entreprises d'économie sociale montréalaises répondent aux problématiques liées à la pauvreté, à l'exclusion, aux inégalités sociales, à la revitalisation des quartiers, à l'accessibilité du logement et à la démocratisation culturelle. Au plan environnemental, elles s'investissent principalement dans le réemploi et la valorisation des matières. L'économie sociale génère, outre les bénéfices économiques immédiats, des bénéfices sociaux, environnementaux et culturels. En 2002, la Ville de Montréal lançait l'opération Solidarité 5 000 logements, visant la construction de logements sociaux et communautaires pour les personnes et les familles à revenu faible ou modéré. Acteurs majeurs de l'habitation communautaire, les quatre groupes de ressources techniques (GRT) de Montréal ont grandement contribué au succès de cette opération, en réalisant 3 937 de ces nouveaux logements, répartis dans 105 bâtiments. Depuis leur création, les GRT ont œuvré à la réalisation de plus de 17 300 logements communautaires et coopératifs sur l'île de Montréal. Grâce à une meilleure connaissance mutuelle, les partenariats entre les entreprises se multiplient. À Montréal, l'économie sociale a connu de nombreuses avancées, mais les enjeux pour faire reconnaître l'économie sociale et promouvoir sa contribution au développement économique et social demeurent importants. Rôle des politiques publiques La mise en place de politiques provinciales sectorielles a favorisé le déploiement d'entreprises d'aide domestique et de centres de la petite enfance (CPE). Des politiques spécifiques en environnement ont également soutenu l'éclosion de nouvelles entreprises et le développement de nouveaux projets. De 1998 à 2001, une entente spécifique sur l'économie sociale, regroupant le Conseil régional de développement de l'île de Montréal (CRDÎM), le ministère de la Métropole et Emploi-Québec a rendu accessible un financement pluriannuel et dégagé des fonds pour des projets régionaux structurants. Le soutien du CRDÎM, devenu la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal, a assuré le financement d'une ressource et des activités du Comité d'économie sociale de l'île de Montréal (CÉSÎM), permettant ainsi le développement d'une vision régionale concertée. En 2004, le gouvernement du Québec transférait la responsabilité du développement local aux municipalités et décentralisait le fonds de développement des entreprises d'économie sociale vers les centres locaux de développements (CDEC et CLD). Une étroite collaboration entre le CÉSÎM et la Ville de Montréal a permis d'inscrire l'économie sociale dans les politiques municipales : stratégie de développement économique, plan d'action du développement social, politique culturelle, plan d'action pour un développement durable, politique en habitation et, bientôt, politique d'égalité entre les genres. La Ville de Montréal fait également une bonne place à l'économie sociale dans ses communications internes et institutionnelles. Ces initiatives contribuent à la promotion de l'économie sociale auprès des gestionnaires et du grand public. La reddition de compte sur les investissements en économie sociale, demandée à chacun des CLD et des CDEC montréalais, constitue également une mesure d'appui. Ces diverses initiatives, incluant une politique d'achat public visant à favoriser l'attribution de contrats à des entreprises d'économie sociale par l'ajout de clauses sociales, environnementales ou éthiques seront prochainement intégrées dans une Politique de reconnaissance et de soutien à l'économie sociale, annoncée par le maire de Montréal. Cette reconnaissance ouvre sur de nouveaux partenariats qui se tissent entre la Ville de Montréal et les entreprises d'économie sociale, notamment dans le secteur de l'environnement. MONTRÉAL 2 PERSPECTIVES POUR L’ÉCONOMIE SOCIALE À MONTRÉAL Les défis à relever Les pistes d’action Les défis se sont transformés au fil des années. Le financement et le virage entrepreneurial des entreprises d'une part, la concertation entre les acteurs et le développement de l'expertise locale dans l'accompagnement des entreprises, d'autre part, ont été au cœur des préoccupations des premières années. La reconnaissance des spécificités de l'entrepreneuriat collectif et le soutien de la mission sociale des entreprises demeurent des enjeux importants pour la pérennité des entreprises, particulièrement dans le contexte montréalais où un grand nombre d'entreprises, multisectorielles, ne bénéficient pas des politiques publiques provinciales ou, parce qu'elles sont à portée régionale ou nationale, ne reçoivent pas des structures locales tout le soutien requis. Le soutien à un réseautage d'affaires entre les entreprises d'économie sociale ou l'ajout de ressources de mentorat adaptées pourraient aider les entreprises en permettant de partager les meilleures pratiques. À elles seules, ces mesures ne sont toutefois pas suffisantes devant les problématiques de pérennité et de santé financière des entreprises d'économie sociale. Un renforcement des politiques publiques de développement de l'économie sociale et du développement local, permettant d'assurer un financement pluriannuel, des mesures de soutien spécifiques - techniques, fiscales ou autres - et de nouvelles politiques sectorielles, notamment pour les secteurs de la culture et du tourisme, sont aussi requis. L'obligation d'atteindre des standards de rentabilité exerce une pression sur la réalisation de la mission sociale de l'entreprise. Cette contrainte entraîne souvent des changements dans le mode d'organisation et les pratiques de gestion, voire dans la gouvernance des entreprises. Les autres défis auxquels les entreprises collectives sont aujourd'hui confrontées sont liés au stade de développement qu'elles ont atteint soit la promotion, la commercialisation des produits, la planification stratégique et le développement des marchés. Enfin, la participation citoyenne, la concertation des acteurs socioéconomiques et la gouvernance autonome des organismes de développement local ont été, et sont toujours, des facteurs extrêmement favorables au développement de l'économie sociale. Ces conditions permettent d'intégrer des préoccupations sociales et environnementales dans le développement de nos villes. Il faut assurer la pérennité du modèle de développement local concerté et intégré, un outil essentiel pour le développement de l'économie sociale en milieu urbain. plusieurs initiatives d'économie sociale. Laissées à elles-mêmes et avec peu de financement, les entreprises ne peuvent se lancer dans des projets intégrateurs et structurants. Elles ont besoin de politiques de soutien pour travailler ensemble et investir ces nouveaux secteurs. La promotion de l'économie sociale auprès des jeunes et l'élaboration de mécanismes pour assurer le transfert d'expertise dans l'entreprise et entre les différents secteurs d'activités de l'économie sociale et solidaire pourraient être des pistes de solution face à la relève. Le travail avec les jeunes, comme vecteur de communication avec les communautés culturelles et des mesures de soutien spécifiques, conçues et implantées avec les leaders des communautés, pourraient constituer des avenues de solution au développement et au réseautage d'entreprises issues de ces communautés. La pérennisation du modèle de développement économique concerté et intégré faisant une place à la participation citoyenne et à la concertation des acteurs socioéconomiques demeure une condition essentielle à la poursuite du développement de l'économie sociale dans un contexte de développement local. La relève Par ailleurs, l'augmentation de l'intérêt du public et la sensibilisation à une production et à une consommation responsables représentent des opportunités de consolider les entreprises d'économie sociale et de développer de nouveaux secteurs, par exemple dans le domaine du réemploi ou de la santé. La forte présence des entreprises en restauration solidaire pourrait également servir de pivot au développement d'un secteur de la transformation alimentaire qui serait en soutien au réseau de la sécurité alimentaire. Le manque de soutien aux entreprises qui oeuvrent dans des secteurs non soutenus ou qui ont développé une approche multisectorielle, empêche l'émergence de Au plan régional, la promotion de l'entrepreneuriat collectif auprès des communautés culturelles, peu présentes dans le réseau de l'économie sociale, et auprès des jeunes qui assureront la relève, demeure un défi important. Tous les secteurs de l'économie sociale ne sont pas également confrontés à un problème de relève. Par exemple, l'environnement et le commerce équitable mobilisent les jeunes, alors qu'il est plus difficile de les recruter dans d'autres secteurs. Les causes portées par les organisations et, bien sûr, les conditions de travail constituent des facteurs déterminants pour l'intégration des jeunes. MONTRÉAL 3 MONTRÉAL LE PÔLE RÉGIONAL D’ÉCONOMIE SOCIALE Le rôle des pôles est de promouvoir l’économie sociale et de favoriser la concertation et le partenariat entre les intervenants locaux et régionaux en économie sociale afin d’harmoniser les interventions et d’en maximiser les effets. Ces pôles sont constitués de représentants d’entreprises d’économie sociale et des structures intermédiaires locales et régionales de soutien au développement. C'est le Comité d'économie sociale de l’Île de Montréal (CÉSIM) qui a signé l'entente avec le Chantier de l'économie sociale pour devenir le Pôle régional d'économie sociale de Montréal; ce dernier siège maintenant au conseil d'administration de cet organisme. Membre du Réseau québécois de recherche partenariale en économie sociale et reconnu par la CRÉ de sa région, le pôle est majoritairement composé d'entreprises d'économie sociale. Le pôle est partenaire de l'organisation de la Foire nationale d'économie sociale et solidaire et du commerce équitable, dans le cadre de la Saison de l'économie sociale et solidaire. Personnes-ressources : Danielle Ripeau, CRÉ & Comité d'économie sociale de l'île de Montréal (CÉSIM)) et Pierre Morrissette, RESO PORTRAIT D’UNE ENTREPRISE D’ÉCONOMIE SOCIALE DE MONTRÉAL Imprimé sur papier fait à 100 % de fibres postconsommation, sans chlore Cyclo Nord-Sud Créé il y a maintenant 7 ans, l'OBNL Cyclo Nord-Sud nous offre l'exemple d'un projet ambitieux et original, qui a su porter fruit. En effet, le projet Cyclo NordSud produit des résultats concrets en améliorant les conditions de vie de milliers de personnes à travers la planète, tout en mettant son grain de sel dans la réduction des gaz à effet de serre. populations qu'elles rejoignent, et particulièrement sur celles des femmes. Cyclo Nord-Sud effectue la cueillette de vélos usagés dans près de 50 municipalités au Québec et en Ontario. Leur livraison se fait vers des communautés démunies des pays du Sud, comme le Bénin, le Burkina Faso, le Togo, le Ghana, la Bolivie, Cuba, le Pérou, le Guatemala et le Nicaragua. Ces vélos y trouveront alors une nouvelle vie : ils pourront servir de moyen de transport vers l'école, le point d'eau ou la clinique, de véhicule de travail et donc de moyen de subsistance, ou encore seront utilisés pour confectionner de nouveaux instruments à pédales. Les activités de Cyclo Nord-Sud ont donc un impact direct sur les conditions de vie des À ce jour, plus de 18 000 vélos ont été expédiés vers des communautés défavorisées d'Afrique de l'Ouest et d'Amérique latine par Cyclo Nord-Sud, et ceci, grâce au dévouement de plus de 500 bénévoles chaque année et des milliers de donateurs à travers le Québec. L'OBNL compte environ 150 membres individuels cotisants, qui se rencontrent lors des assemblée générale annuelle. La gestion de l'organisme est collégiale. Un nombre impressionnant d'acteurs de la communauté offrent leur soutien à Cyclo NordSud, et de diverses façons : la CDEC Centre-Nord, l'AQOCI, le RQCE, plusieurs boutiques de vélos, etc. L'OBNL Au Québec, Cyclo Nord-Sud mène des activités de sensibilisation sur le rôle du vélo dans la réduction des gaz à effet de serre, et milite pour un changement de nos habitudes de vie inspiré par le recyclageréemploi et l'inventivité. obtient du financement de la part de la Fondation internationale Roncalli et de quelques autres fondations canadiennes, mais ne dispose malheureusement d'aucune source de financement récurrente. Aujourd'hui Cyclo Nord-Sud voit grand ! L'OBNL souhaite institutionnaliser l'organisme et développer un réseau de cueillette en Ontario, ainsi qu'étendre son réseau de bénévoles et obtenir un accès aux vélos amassés dans les fourrières. De plus, elle vise à s'autofinancer entièrement, notamment par la vente de produits comme son calendrier 2007, déjà en vente. Finalement, l'organisme compte faire de la recherche et développer divers instruments à pédales et des vélos-cargos. Ce n'est pas seulement original : c'est utile, ça soigne l'environnement et ça change des vies. Cyclo Nord-Sud semble prouver qu'un projet de cette envergure, c'est bien réalisable! Il suffit pour cela d'être créatif, dévoué, et de ne pas avoir froid aux yeux. Note: le genre masculin est utilisé sans discrimination dans le seul but d’alléger le texte. En vue du Sommet de l’économie sociale et solidaire, une cueillette d’information a été faite auprès des acteurs de l’économie sociale dans chacune des régions du Québec. Ce document présente une synthèse de certains de leurs propos. RÉFÉRENCES : La tournée des régions 2006, Les Affaires, 2006. (données de la «La région en chiffres») Institut de la statistique du Québec. (taux de chômage, données de la carte : population totale en 2005 pour chaque MRC) Aides accordées par les CLD aux entreprises d’économie sociale : Retombées prévues sur les emplois et les entreprises, par année, MDEIE - DGAER, Direction des programmes et des mesures, juillet 2006. (certaines données de « l’économie sociale à Montréal ») Faits saillants de la situation économique Île-de-Montréal, Développement économique Canada, 2006. DOCUMENT PRODUIT À L’AUTOMNE 2006 PAR : Chantier de l’économie sociale 4200, rue Adam Montréal (Québec) H1V 1S9 Téléphone : 514 899-9916 1 888 251-3255 [email protected] www.chantier.qc.ca Photographies : (p. 1.) Image modifiée, Réal Boissy, © Le Québec en images, CCDMD, (p. 3.) Image modifiée, Inconnu, © Le Québec en images, CCDMD. MONTRÉAL 4