
La pyélonéphrite aiguë et ses complications
(accouchement prématuré, rupture prématurée des
membranes, infection néonatale, choc septique) sera
traitée d’emblée en traitement parentéral (en règle
céphalosporine de troisième génération). Le relais
per os, après apyrexie d’au moins 48 heures, sera
prolongé pendant 2 semaines.
¶
Listériose
La listériose chez la femme enceinte se signale
par une symptomatologie banale, pseudo-grippale
le plus souvent. Plus évocateurs sont l’apparition
d’une température précédant de peu l’accou-
chement ou l’existence d’un épisode fébrile en deux
temps séparé par une apyrexie d’une dizaine de
jours. Rappelons que le diagnostic de grippe chez la
femme enceinte doit être réfuté jusqu’à preuve du
contraire et que toute fièvre chez une femme
enceinte doit conduire à pratiquer des hémocultures
et un examen cytobactériologique urinaire. Cette
infection est une urgence thérapeutique. La gravité
des complications contraste avec la simplicité du
traitement, qui doit être commencé avant le résultat
des hémocultures
[3, 6]
: il repose sur une
antibiothérapie par ampicilline (3 g/24 h en
intramusculaire [IM] ou per os pour au moins 15
jours, voire plusieurs semaines, la bactérie pouvant
persister longtemps dans la muqueuse de l’utérus).
¶
Syphilis
Le tréponème pâle ne traverse la barrière
placentaire qu’après 16 semaines de grossesse. Le
traitement avant le quatrième mois écarte toute
atteinte fœtale. Le traitement pendant la grossesse
ne diffère pas de celui de l’adulte et fait appel aux
pénicillines retard. En cas de syphilis récente
primosecondaire, on pourra donner au premier
trimestre 12 millions d’extencilline (1,2 million
d’unités en IM profonde, 3 fois par semaine pendant
3 semaines, à renouveler au début du troisième
trimestre). En cas d’allergie à la pénicilline, on utilise
un macrolide. Mais l’érythromycine (2 g/j pendant 3
semaines) traverse insuffisamment le placenta et ne
met pas l’enfant à l’abri d’une syphilis congénitale.
¶
Endométrite
Les germes en cause dans les endométrites et les
abcès de paroi sont des germes d’origine vaginale.
L’amoxicilline, l’association amoxicilline/acide
clavulanique et les céphalosporines de première et
de deuxième génération sont utilisées en première
intention.
‚Aminosides
La grossesse n’est pas une contre-indication
absolue pour les aminosides, mais les risques
potentiels d’ototoxicité et de néphrotoxicité ne
doivent pas les faire prescrire en première intention.
Ceci est démontré pour la streptomycine et la
kanamycine, contre-indiquées au cours de la
grossesse. On utilise donc la gentamicine
(Gentallinet) ou l’amikacine (Amiklint).
‚Tétracyclines
Les tétracyclines traversent le placenta et se
déposent au niveau des dents et des épiphyses des
os longs. Il peut en résulter une hypoplasie ainsi
qu’une coloration jaune ou brune des dents de lait,
voire un retard de croissance. Les tétracyclines ne
doivent donc pas être prescrites.
‚Macrolides
Ils ne présentent pas de toxicité majeure, mais
certains produits apparentés comme la lincomycine
peuvent se trouver à concentration élevée au niveau
hépatique.
Érythromycine
L’érythromycine n’a pas d’effet secondaire chez le
fœtus mais sa tolérance est plus ou moins bonne.
Elle entraîne des manifestations digestives (nausées,
vomissements, gastralgies, diarrhées). L’érythro-
mycine est fortement liée aux protéines et donc le
passage transplacentaire est plus faible (5 à 10 %)
que celui des bêtalactamines (40 % pour
l’ampicilline). Elle est principalement utilisée dans le
traitement des infections à Chlamydia et également
des mastites puerpérales pour son efficacité sur le
staphylocoque doré souvent en cause
[2]
.
Spiramycine et toxoplasmose
L’étude du passage transplacentaire de la
spiramycine a montré que :
– chez la mère, les concentrations sériques sont
relativement stables au cours de la grossesse mais
semblent un peu plus élevées en fin de grossesse ;
– chez le fœtus, les concentrations sériques sont
significativement plus basses que chez la mère, mais
il apparaît que le passage transplacentaire est
meilleur en fin de grossesse et en cas d’infestation
fœtale confirmée. Il n’est pas prouvé que la
spiramycine ait un effet thérapeutique sur un fœtus
infecté. La spiramycine diffuse très peu dans le
liquide céphalorachidien et ne prévient pas
l’encéphalite toxoplasmique. L’avantage principal de
la spiramycine réside dans son entière innocuité
chez la femme enceinte et le fœtus. Elle n’a aucun
effet tératogène et est bien supportée.
La toxoplasmose, maladie bénigne pour la mère,
peut avoir des conséquences fœtales redoutables.
En cas de séroconversion toxoplasmique, la
conduite à tenir dépend du terme de la
contamination.
Jusqu’à 6 semaines d’aménorrhée (SA), la patiente
sera traitée par spiramycine (Rovamycinet), 9
millions UI/j jusqu’à la fin de la grossesse. Le risque
de transmission est très faible mais ce traitement
permettrait une réduction de la transmission
maternofœtale.
Entre 7 et 24 SA, le risque d’atteinte est faible et
celle-ci est grave. Si l’atteinte fœtale n’est pas
confirmée par polymerase chain reaction (PCR) sur le
liquide amniotique, le traitement continu par
spiramycine sera associé à une surveillance
échographique. Une interruption médicale de
grossesse est proposée si l’atteinte fœtale se
confirme.
Au-delà de 24 SA, en cas d’atteinte fœtale, la
patiente sera traitée par l’association pyriméthami-
ne-sulfadiazine qui peut réduire l’atteinte clinique du
fœtus, alors que la spiramycine n’a qu’un effet
préventif.
‚Métronidazole
Il traverse le placenta. L’antibiotique est retrouvé
dans le sang du cordon et le liquide amniotique à
des taux élevés. Les imidazolés interfèrent avec la
synthèse de l’ADN et bien qu’il n’y ait pas eu de
malformations décrites en cours de grossesse, ce
médicament doit être évité au cours du premier
trimestre
[4]
. Il est essentiellement utilisé au cours de
la grossesse pour le traitement du Trichomonas
vaginalis (Flagylt, 1 ovule intravaginal/ j pendant 7 à
10 jours).
‚Fluoroquinolones
Les études sur l’animal ont montré que les
quinolones se déposent au niveau des cartilages et
entraînent des lésions dégénératives provoquant
des arthropathies irréversibles
[2, 4]
. Aucun effet
tératogène n’a été rapporté à ce jour mais elles
demeurent contre-indiquées.
‚Sulfamides
Leur effet tératogène, constant en expérimen-
tation animale, n’a pas été prouvé chez l’homme. Ils
sont contre-indiqués au premier trimestre. Dans la
période néonatale, les sulfamides favorisent la
diffusion de bilirubine dans les tissus et par
conséquent l’ictère nucléaire. Ce mécanisme est
particulièrement dangereux chez les prématurés
dont les fonctions hépatiques et rénales encore
immatures sont à l’origine d’une hypoalbuminémie
et une hyperbilirubinémie. En règle générale, on
renoncera aussi aux sulfamides en fin de grossesse
et durant le travail.
Association sulfaméthoxazole-triméthoprime
(Bactrim
t
)
Elle ne doit être employée qu’au deuxième
trimestre. Son utilisation la plus fréquente est la
pyélonéphrite aiguë, parfois l’infection urinaire au vu
des résultats de l’antibiogramme.
Association sulfamide-pyriméthamine
La pyriméthamine, non tératogène, en
association avec un sulfamide, habituellement la
sulfadiazine, constitue le traitement habituel le plus
efficace contre la toxoplasmose. Les deux agents
sont des antagonistes de l’acide folique, et l’on
associera volontiers de l’acide folinique (50 mg tous
les 15 jours per os) afin de prévenir la thrombocyto-
pénie et la leucopénie.
‚Nitrofuranes
Ils sont largement prescrits comme traitement de
première intention de la bactériurie asymptomatique
ou de la cystite aiguë. Ils peuvent provoquer une
anémie hémolytique chez une patiente porteuse
d’un déficit en G6PD. De même, le nitrofurane
(Furadantine
t
) peut causer des hémolyses et par
conséquent une hyperbilirubinémie et une anémie
chez les enfants atteints d’un déficit en G6PD.
‚Antituberculeux
Les quatre antituberculeux les plus utilisés sont
l’isoniazide, la rifampicine, l’éthambutol et le
pyrazinamide. Les trois premiers traversent le
placenta, la diffusion tissulaire du pyrazinamide est
mal connue. L’expérience clinique est maintenant
grande pour l’isoniazide, la rifampicine et
l’éthambutol, qui constituent les antituberculeux de
choix chez la femme enceinte. À noter que sur de
grandes séries, le déroulement de la grossesse n’est
pas affecté par l’existence d’une tuberculose
pleuropulmonaire traitée.
‚Phénicolés
Ils peuvent provoquer chez le fœtus une aplasie
médullaire par accumulation de la drogue et par
effet inhibiteur des synthèses protéiques dans les
cellules immatures. En fin de grossesse,
5-0190 - Antibiothérapie chez la femme enceinte et allaitante
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