Ateliers de philosophie

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Ateliers de philosophie
Ateliers destinés aux enfants et adolescents de 5 à 18 ans
Invitez Jean Paul Mongin, éditeur et auteur
des petits Platons, ou l’un des auteurs de la
collection à venir philosopher avec les enfants
et adolescents ! Nos ateliers permettent à des
groupes de jeunes philosophes de découvrir
l’amour de la sagesse, ou d’explorer un titre
de votre choix.
La machine à « Pourquoi ? »
Pourquoi un cheval s’appelle un cheval ? questionne Socrate...
Pourquoi le monde n’est pas un rêve ? s’interroge Descartes...
Pourquoi y a-t-il des « pourquoi » ? demande Kant...
Conditions d’organisation
Durée : 45-55 minutes
Nombre de participants : entre 10 et 30
Rémunération de la Charte des Auteurs Jeunesse, selon possibilités :
- 1/2 journée, soit 2 ateliers : 246 € (TVA non applicable)
- 1 journée, soit 4 ateliers : 407 € (TVA non applicable)
Prix des Lauriers Verts 2010 - Lutte contre l’illettrisme
« Le dialogue s’établit très facilement et les questions fusent ! Une telle rencontre est
très enrichissante autant pour les élèves que pour le professeur qui perçoit ses élèves
différemment durant ces moments... »
Alix Doucet, professeur de français au collège Stanislas, Paris
« Il n’y a pas d’âge pour commencer à s’étonner avec Socrate et à douter avec Descartes,
preuve par Les petits Platons ! Les grandes aventures de la métaphysique
savent se rendre attractives pour les 8-14 ans. »
Le Nouvel Observateur
« Une initiative bien vue, bien pensée, avec humour et finesse. »
France Culture
Une aventure à poursuivre sur le site internet www.lespetitsplatons.com et en librairie !
LA
CONFESSION
DE SAINT
AUGUSTIN
raconté par
Jean Paul Mongin
illustré par
Marion Jeannerot
L E OUI
DE
PAUL RICŒUR
raconté par
Olivier Abel
illustré par
Euhnwa Lee
L AO-TSEU
OU
LA VOIE
DU DRAGON
raconté par
Miriam Henke
illustré par
Jérôme Meyer-Bisch
DIOGÈNE
L’HOMME
CHIEN
Yan Marchand
Vincent Sorel
Ateliers de philosophie
Compte-rendu d’un atelier philo animé par Yan Marchand au Salon de Boulogne, décembre 2011
Je me permets de vous exposer le petit parcours philosophique que nous avons fait avec les 26 enfants,
de 8 à 12 ans, qui sont venus discuter au salon-bar du salon de Boulogne.
Je leur demande pourquoi ils sont venus ici. Pour parler de philosophie. Donc s’ils sont venus pour
parler philosophie, c’est qu’ils doivent en connaître le sens, sinon, ils ne seraient pas venus, car on ne
vient pas chercher quelque chose dont on ignore tout. Mais dans ce cas, s’ils savent ce que c’est, que
viennent-ils chercher ici ? (Le paradoxe de la connaissance selon Platon)
Un garçon répète un mot attrapé à la maison probablement : c’est pour penser, parce qu’on a une
conscience. Puisque c’est le point de départ, allons-y. Qu’est-ce que la conscience ? Qu’est-ce que cela
apporte aux hommes. Le point de départ est trop âpre. Donc, nous essayons de savoir quelle est la
différence entre un homme et un animal pour y parvenir. Comme les animaux nous avons besoin de
manger, de dormir, d’être entourés, mais nous sentons bien que nous sommes capables d’une autre
activité. Les enfants disent que l’on ne mange pas n’importe comment (règles) ni n’importe quoi (des
préférences), mais surtout que nous sommes capables d’adapter nos repas en fonction de ce qu’il y
a. Les animaux, non. En outre, ils parviennent à dire que nous ne nous jetons pas sur nos assiettes,
immédiatement. Nous pouvons attendre. D’ailleurs, lorsque nous avons faim, en classe par exemple,
nous ne nous levons pas sur-le-champ pour aller au self, et l’on ne se bat pas pour arriver le premier,
histoire de ne pas se coltiner les vieux pamplemousses de la veille.
Nous avons des éléments précieux. Nous parvenons à temporiser nos appétits et l’ensemble de nos
émotions. Autrement dit, nous pouvons guider des impulsions vers un autre comportement, un peu
plus respectueux des autres. Tout ceci invite à voir que nous parvenons à décoller d’une vie immédiate
pour en choisir une autre (accession à la culture, mais le mot n’a pas été trouvé). Nous décidons de ne
pas céder à nos appétits.
Bref, nous avons une volonté qui n’épouse pas les penchants naturels.
Trouvons une autre différence : je fais sursauter les enfants en poussant un cri. Qu’aurait fait un
animal ? Il aurait fui ou attaqué. Or les enfants, après avoir sursauté sont restés sur place, me regardant
avec des yeux ronds. Car ils ne se sont pas sentis menacés (confiance en l’autre), mais surtout, ils
ont analysé la situation en quelques secondes pour la juger sereine. Donc l’homme met les faits à
distance pour les juger. Sa surprise ne le fait pas déguerpir, mais l’invite à comprendre : autre différence
fondamentale entre l’homme et l’animal : nous sommes capable d’étonnement : subtil mélange entre
l’inquiétude et le désir de comprendre.
Remarque est faite que des animaux ont des comportements intelligents, et que des hommes agissent
comme des bêtes. Nous essayons de voir que les animaux n’ont qu’une intelligence restreinte, car ils ne
s’étonnent pas : ils sont surpris et trouvent des solutions immédiates, à leurs mesures. C’est pourquoi,
ils n’innovent pas. Les ruches sont les mêmes depuis que l’abeille existe. Quant aux hommes violents,
ils ne sont en rien des bêtes, puisque les bêtes se battent, rarement à mort, pour manger uniquement ou
pour avoir les faveurs d’une femelle. Si elles se sentent vaincues elles vont chercher leur pitance ailleurs.
Il n’y a ni meurtre, ni vengeance, ni vol de propriété (référence à Rousseau).
L’homme est donc différent de l’animal en ce qu’il est capable de se poser des questions, de choisir
parmi un grand nombre de solutions et d’innover.
Et parce que l’homme est ainsi, avec une conscience donc, il peut pratiquer la philosophie : nous avons
besoin de manger et de boire, mais en plus des bêtes, nous avons besoin de nous poser des questions
philosophiques.
Ateliers de philosophie
Nous découpons le mot philosophie : travail sur l’étymologie. Le mot est connu. Un interlocuteur dit
qu’il s’agit de l’origine des mots. J’explique que philein en grec indique que l’on aime quelque chose
sans avoir espoir d’en épuiser le mystère, comme dans l’amour entre deux êtres. Et tant que l’autre
reste mystérieux, il nous subjugue et l’amour tient. Quand le mystère se dévoile, le désir s’éteint. Le
philosophe a un rapport amoureux avec le monde, alors il essaye de ne jamais en épuiser le sens.
Dès que la lumière perce, il tente de remettre un voile sur le voile levé. La démarche est étrange. Et
qu’aime-t-il ? La sophia, la sagesse. Le philosophe est donc celui qui veut devenir sage en sachant qu’il
ne le sera jamais, tout comme un amant qui sait en aimant qu’il n’aimera jamais assez et qu’il ne sera
jamais assez aimé.
La philosophie est une relance perpétuelle du questionnement.
Drôle de personnage que ce philosophe. Alors, qui donne des réponses ? La religion, la science, l’école.
Car parfois, c’est pratique de ne pas penser, histoire d’être plus efficace, notamment au travail... ou
pour avoir des bonnes notes.
Mais est-ce à dire que toutes les questions sont d’ordre philosophique ? Non, car les questions
relatives au PSG ou à la recette de la palourde farcie portent des réponses évidentes, mais surtout qui
n’intéressent pas grand-monde. Le philosophe quant à lui s’interroge sur des choses qui ont toujours
étonné et étonneront toujours les hommes, sans que personne n’ait jamais trouvé de réponses. Il
s’installe dans des questions que tout le monde se pose ou se posera. Ces questions humaines sont,
selon les enfants :
- D’où venons-nous ? Après avoir évoqué la création divine, nous parlons de l’évolution et du concours
hasardeux des espèces. Je leur parle de Démocrite et de l’invention de l’atome, et en général de l’option
matérialiste de la genèse des choses. Évocation d’Épicure et de Lucrèce. Nous serions une combinaison
temporaire d’atomes, la nature a fait des essais avant nous. Et nous passerons, comme les autres
espèces. D’ailleurs, les premiers philosophes s’appelaient des physiciens, ils essayaient de comprendre
les choses à partir des éléments : l’eau, le feu, la terre, l’air, afin d’évincer les dieux. Mais de quoi est fait
le feu, la terre ?… d’où l’atomisme.
- Pourquoi devons-nous mourir et y a-t-il une vie après la mort ? J’essaye d’ébaucher que la mort donne
du sens au fait de vivre, mais les enfants décrochent, nous passons à autre chose.
- Qui sommes-nous ? C’était notre question du début. Il y a des grands, des petits, des blonds, des
bruns, mais nous sentons que malgré ces différences nous sommes semblables : certains diront que
nous avons des jambes et des mains, mais un cul-de-jatte et un manchot restent des hommes. Donc
qu’est-ce qui nous définit ? Nous l’avions dit au début : ce ne sont pas des attributs physiques, ni des
besoins naturels, mais une capacité de s’étonner. Nous sommes dans l’interrogation et nous sommes
humains dans cet exercice seulement.
Est-ce que cela permet d’être heureux de se poser ce genre de questions ? En un sens oui, car ces
questions essentielles nous détournent de tout ce qui est superflu dans la vie et qui est souvent cause
de nos petits tracas. Je leur raconte l’histoire fascinante de Diogène qui décide d’abandonner toutes
ses possessions pour vivre comme un chien. On ne sait pas s’il a vécu heureux, mais au moins, il tarit
toutes les sources du malheur : la convoitise, le goût du luxe, la mollesse, la soumission aux puissants.
Bref, il a vécu libre. Et n’avions-nous pas dit que l’homme se définissait également par sa capacité de
choisir : sa conscience ?
C’est parce que l’homme est capable de questionnement qu’il se sent libre. Et c’est parce qu’il est libre
qu’il peut questionner le monde. Pour lui, rien ne va de soi, il veut choisir. Étonnement et liberté ne
sont peut-être qu’une seule chose. Cette fusion porte un nom : l’homme.
La discussion, agréable et à bâtons rompus, nous a permis de voyager dans tous ces mystères. Je quitte
des penseurs en herbe, fatigués et, j’espère, un peu étonnés du moment que nous venons de passer
ensemble.
Yan Marchand
DIOGÈNE
L’HOMME
CHIEN
Yan Marchand
Vincent Sorel
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