Je me permets de vous exposer le petit parcours philosophique que nous avons fait avec les 26 enfants,
de 8 à 12 ans, qui sont venus discuter au salon-bar du salon de Boulogne.
Je leur demande pourquoi ils sont venus ici. Pour parler de philosophie. Donc s’ils sont venus pour
parler philosophie, c’est qu’ils doivent en connaître le sens, sinon, ils ne seraient pas venus, car on ne
vient pas chercher quelque chose dont on ignore tout. Mais dans ce cas, s’ils savent ce que c’est, que
viennent-ils chercher ici ? (Le paradoxe de la connaissance selon Platon)
Un garçon répète un mot attrapé à la maison probablement : c’est pour penser, parce qu’on a une
conscience. Puisque c’est le point de départ, allons-y. Qu’est-ce que la conscience ? Qu’est-ce que cela
apporte aux hommes. Le point de départ est trop âpre. Donc, nous essayons de savoir quelle est la
différence entre un homme et un animal pour y parvenir. Comme les animaux nous avons besoin de
manger, de dormir, d’être entourés, mais nous sentons bien que nous sommes capables d’une autre
activité. Les enfants disent que l’on ne mange pas n’importe comment (règles) ni n’importe quoi (des
préférences), mais surtout que nous sommes capables d’adapter nos repas en fonction de ce qu’il y
a. Les animaux, non. En outre, ils parviennent à dire que nous ne nous jetons pas sur nos assiettes,
immédiatement. Nous pouvons attendre. D’ailleurs, lorsque nous avons faim, en classe par exemple,
nous ne nous levons pas sur-le-champ pour aller au self, et l’on ne se bat pas pour arriver le premier,
histoire de ne pas se coltiner les vieux pamplemousses de la veille.
Nous avons des éléments précieux. Nous parvenons à temporiser nos appétits et l’ensemble de nos
émotions. Autrement dit, nous pouvons guider des impulsions vers un autre comportement, un peu
plus respectueux des autres. Tout ceci invite à voir que nous parvenons à décoller d’une vie immédiate
pour en choisir une autre (accession à la culture, mais le mot n’a pas été trouvé). Nous décidons de ne
pas céder à nos appétits.
Bref, nous avons une volonté qui n’épouse pas les penchants naturels.
Trouvons une autre différence : je fais sursauter les enfants en poussant un cri. Qu’aurait fait un
animal ? Il aurait fui ou attaqué. Or les enfants, après avoir sursauté sont restés sur place, me regardant
avec des yeux ronds. Car ils ne se sont pas sentis menacés (confiance en l’autre), mais surtout, ils
ont analysé la situation en quelques secondes pour la juger sereine. Donc l’homme met les faits à
distance pour les juger. Sa surprise ne le fait pas déguerpir, mais l’invite à comprendre : autre différence
fondamentale entre l’homme et l’animal : nous sommes capable d’étonnement : subtil mélange entre
l’inquiétude et le désir de comprendre.
Remarque est faite que des animaux ont des comportements intelligents, et que des hommes agissent
comme des bêtes. Nous essayons de voir que les animaux n’ont qu’une intelligence restreinte, car ils ne
s’étonnent pas : ils sont surpris et trouvent des solutions immédiates, à leurs mesures. C’est pourquoi,
ils n’innovent pas. Les ruches sont les mêmes depuis que l’abeille existe. Quant aux hommes violents,
ils ne sont en rien des bêtes, puisque les bêtes se battent, rarement à mort, pour manger uniquement ou
pour avoir les faveurs d’une femelle. Si elles se sentent vaincues elles vont chercher leur pitance ailleurs.
Il n’y a ni meurtre, ni vengeance, ni vol de propriété (référence à Rousseau).
L’homme est donc différent de l’animal en ce qu’il est capable de se poser des questions, de choisir
parmi un grand nombre de solutions et d’innover.
Et parce que l’homme est ainsi, avec une conscience donc, il peut pratiquer la philosophie : nous avons
besoin de manger et de boire, mais en plus des bêtes, nous avons besoin de nous poser des questions
philosophiques.
Compte-rendu d’un atelier philo animé par Yan Marchand au Salon de Boulogne, décembre 2011
Ateliers de philosophie
Conditions d’organisation
Durée : 45-55 minutes
Nombre de participants : entre 10 et 30
Rémunération de la Charte des Auteurs Jeunesse, selon possibilités :
- 1/2 journée, soit 2 ateliers : 236 € brut
- 1 journée, soit 4 ateliers : 390 € brut