
de ces tiques dures
(Amblyomma)
ont la capacité d’inoculer
le germe, et que la durée du repas est généralement assez
brève. Un traitement de doxycycline 100 mg 2 x/jour pen-
dant sept jours permet une guérison rapide.
Rickettsia slovaca
est responsable de la «TIck-BOrne Lym-
phAdenitis» (TIBOLA). Elle est transmise par des tiques
dures du genre
Dermacentor
. C’est l’une des principales ri-
ckettsioses en Europe, décrite dans la Péninsule ibérique,
en France, en Italie, en Allemagne, en Autriche et dans plu-
sieurs pays d’Europe de l’Est. Elle ne doit pas être oubliée
en Suisse, ces tiques infectées y ayant été observées.6
L’association d’une escarre d’inoculation au cuir chevelu,
d’adénopathies cervicales et parfois d’état fébrile doit sys-
tématiquement faire évoquer ce diagnostic. Cette maladie
est bénigne mais peut s’accompagner de séquelles dont
une alopécie résiduelle au site de piqûre ou une asthénie
persistante. La doxycycline est le traitement de choix.6
Fièvre hémorragique de Crimée-Congo
Contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom,
et bien qu’elle ait d’abord été repérée en Turquie, c’est l’une
des maladies transmises par les tiques les plus répandues
dans le monde, de l’Afrique subsaharienne à l’Asie, en pas-
sant par l‘Europe de l’Est, les Balkans et le Moyen-Orient.
Cette pathologie virale, transmise par des tiques dures du
genre
Hyalomma
, provoque principalement des céphalées,
de la fièvre, des myalgies, une hépatite et des manifesta-
tions hémorragiques parfois sévères. Sa mortalité est éle-
vée (10-50%). Un diagnostic précoce est souhaitable, un
traitement de ribavirine, bien que controversé, ayant dé-
montré quelques succès.7
mesures préventives
Plusieurs mesures préventives peuvent être envisagées
afin de limiter le risque de développer certaines infections
liées aux tiques.
La seule maladie transmise par les tiques pour laquelle
nous disposons d’un vaccin est l’encéphalite à tiques, en
soulignant que l’immunité induite est excellente.
Pour éviter les piqûres, des études récentes ont dé-
montré que l’application sur la peau de répulsif (DEET en-
viron 30%) diminue le risque de transmission d’environ 20%,
le port d’habits adaptés longs et fermés d’environ 40%, et
lorsque ces habits sont en plus imprégnés avec de la per-
méthrine, le risque est diminué de 93%.8,9
Lorsqu’une tique est découverte sur la peau, il faut la
retirer «au plus vite». Plus le temps de fixation de la tique
est long, plus le risque de transmission de la maladie de
Lyme croît.10 Dès lors, après des expositions potentielles
dans la nature, une révision minutieuse de l’ensemble de
la peau est préconisée pour permettre un éventuel retrait
précoce. Pour ce faire, un simple fil de coton suffit. Il faut
alors serrer un nœud sur la tique au plus près de la peau,
puis la retirer dans l’axe pour ne pas la disloquer. Lorsqu’on
utilise une pince à épiler, il faut saisir la tique au plus près
de ses pièces buccales, et la tirer sans la tordre. Ceci per-
met d’éviter de comprimer son corps, ce qui pourrait pro-
voquer une injection de salive infectée. L’emploi d’un ma-
tériel adapté (par exemple : crochet tire-tic) augmente la
probabilité du retrait total de la tique, mais n’est pas indis-
pensable. Si la tique se déchire, la persistance des pièces
buccales dans la peau peut entraîner une réaction locale.
Cependant, plus aucune transmission de pathogène n’est
alors à craindre.1
conclusion
Les tiques sont vectrices de plusieurs maladies. En cas
d’infection, le patient n’a pas toujours souvenir de la pi-
qûre, étant donné d’une part que certaines espèces de
tiques se nourrissent durant un bref instant, et d’autre part
que les larves et nymphes, qui sont de très petite taille,
ont la capacité d’inoculer des germes. Une connaissance
des manifestations cliniques et des régions endémiques
de ces maladies peut permettre la prescription précoce
d’un traitement adéquat. Il sera parfois prescrit de manière
empirique, le diagnostic de confirmation étant parfois dif-
ficilement accessible ou retardé.
976 Revue Médicale Suisse
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www.revmed.ch
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9 mai 2012
Implications pratiques
Lesmaladiestransmisesparlestiquesnesecantonnentpas
àlamaladiedeLymeetàl’encéphaliteàtiques,mêmedans
noscontrées.Lestiquespeuventinoculerd’autresvirus,bac-
tériesetaussidesparasites
Biensouventlespersonnesneserappellentpasd’avoirété
piquéesparunetique
Le diagnostic de confirmation de certaines maladies trans-
misesparlestiquesestparfoisdifficile,néanmoinslaprésen-
tationcliniqueetlesfacteursd’expositionpeuventpermet-
trelaprescriptionprécocedemédicamentsefficaces
>
>
>
1 ** George JC. Maladies liées à la morsure des
tiquesenFrance.www.maladies-a-tiques.com/
2 LundkvistA,WallenstenA,VeneS,HjertqvistM.
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9 * VaughnMF,MeshnickSR.Pilotstudyassessingthe
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oftickattachmentasapredictoroftheriskofLyme
diseaseinanareainwhichLymediseaseisendemic.J
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* à lire
** à lire absolument
Bibliographie
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