3)Une religion sans transcendance. Elle n’exigeait aucun acte de foi
explicite. La religion romaine était ritualiste et la seule « foi »
consistait à pratiquer, du moins à ne pas refuser la pratique ou à ne pas
entraver celle-ci. La pratique religieuse garantissait donc la liberté des
consciences. Ce n’est que pour ceux qui refusaient de pratiquer qu’un
problème se posait.
IV.La naissance de la philosophie et ses conséquences
La naissance de la philosophie a provoqué une rupture dans la
continuité.
La continuité réside dans le fait que bien qu’étant dans une recherche
incessante de rationalisme, les philosophes antiques n’ont pas
totalement rompu avec la tradition religieuse de leur temps. Ainsi, la
pratique philosophique de Socrate débuta après que la pythie de
Delphes qui transmettait la parole d’Apollon ait déclaré que personne
n’était plus sage que lui et il affirma qu’un esprit divin, le daimon,
manifestation d’Apollon, l’accompagnait depuis son enfance et se
manifestait sous la forme d’une voix intérieure.
Chez Platon et Aristote, on ne trouve aucune trace d’une volonté de
séparer le religieux du politique. La constitution que décrit Platon
dans « Les Lois » est assez libérale mais par certains côtés,
théocratique. Il y a, chez lui, une volonté non seulement de définir une
orthodoxie en matière de religion mais de l’imposer. On ne voit rien
de tel chez Aristote. Cependant, il ne rejette pas la religion civique.
Pour les citoyens, rendre un culte aux divinités doit aller de soi.
Des philosophes ont pris leur distance avec le complexe politico-
religieux. Ce fut le cas de Protagoras mais il ne dit nullement que les
dieux n’existent pas, mais que leur l’existence n’est pas certaine. Pour
Critias, la religion a été créée par un homme malin afin que la peur
retienne les hommes de commettre des fautes en cachette. Epicure
contesta la religion populaire selon laquelle les hommes sont les
marionnettes des dieux. Selon lui, ces derniers ne portent aucun
jugement sur les hommes, n’attendent rien de l’humanité qui, de son
côté, ne leur doit aucun sacrifice ni aucun culte. Son disciple Lucrèce
est plus violent encore : la religion est une monstruosité, ses pratiques
sont liées à des superstitions, avoir peur des dieux est un égarement de
l’esprit.