Perry, en mai 1945, que, au cours de l’Occupation, 232 machines de production
furent prises dans les usines Ford de France, des Pays-Bas et de Belgique pour être
acheminées chez Ford Werke. En 1943, le ministre de l’Armement Albert Speer
confie à Schmidt la réorganisation sur un plan européen des usines Ford des Pays-Bas,
de Belgique, du Danemark et de France occupés.
En Belgique même, le conseil d’administration de Ford Belgique d’avant-guerre est
mis en veilleuse et n’exerce aucune responsabilité sous l’Occupation: la dernière
assemblée générale des actionnaires se tient le 26 mars 1940 et, entre 1940 et 1945,
aucun bilan financier n’est publié par la société, qui reste sous administration allemande
jusqu’à la libération du pays en septembre 1944. Elle perd le contrôle sur ses établisse-
ments au Congo belge; en effet, le représentant pour l’Afrique centrale, A. De Decker,
est, depuis l’invasion de la Belgique en mai 1940, considéré comme le représentant de
Ford Dearborn, dont il reçoit ses instructions et sa rémunération.
À la fois représentant de l’Occupant à la tête de la firme mise sous séquestre, et cadre
chez Ford, Schmidt reste, malgré quelques décisions personnelles critiquables telles que
l’augmentation intempestive du capital de la filiale belge, désireux de maintenir
des liens avec la maison mère américaine. Dans un télégramme du 28 juin
1940, Schmidt tente de rassurer Edsel Ford, en soulignant: «Trying with
approval of authorities to safeguard your interests for plants in occupied
territory. Antwerp, Amsterdam both working. » Ainsi, Schmidt décide
de placer à la tête de l’usine anversoise James Van Luppen, entré au
service de Ford Belgique dès 1930. Comme l’usine belge n’a
subi aucun dommage au cours de la campagne de 1940, elle
redémarre dès juin la fabrication de véhicules commerciaux,
dont les pièces sont d’origine locale ou importées
de Cologne. La production est rapidement
convertie dans le montage de camions à
vocation militaire. Malgré la correspondance
qu’il entretient avec la Ford Motor Company
– jusqu’à l’entrée en guerre des États-Unis en
décembre 1941 –, Schmidt intègre bel et bien
la société belge dans la machine de guerre
économique nazie.
Par le biais de Ford Belgique, Ford
Allemagne s’assure en outre d’une certaine
forme de contrôle sur la filiale suisse de la société
belge. Après l’occupation de la Belgique, Ford Werke paye
les salaires du personnel de Ford Belgique en Suisse. En échange de quoi, Schmidt
obtient la collaboration du personnel belge en Suisse, lorsqu’il propose l’achat de pièces
Ford en Suisse à l’intention de la filiale allemande et des autres usines européennes de
131
L’INTÉGRATION DE L’USINE D’ANVERS DANS LA PRODUCTION DE GUERRE NAZIE