Revue de l’Education Physique, vol. 55, 2015.1 8
3. Après la fin des traitements actifs
3.1. Bénéfices
Chez la plupart des patients, la pratique d’activités
physiques diminue après le diagnostic et reste plus
basse plusieurs mois après la fin des traitements
(Volaklis et coll. 2013). L’étude d’Irwin et coll.
(2003) a en effet rapporté que les survivantes d’un
cancer du sein diminuaient leur pratique
d’activités physiques de 2h/sem en moyenne
comparativement à l’année avant le diagnostic.
Pourtant, il est aujourd’hui clairement établi que
pratiquer une activité physique régulière après le
diagnostic permet de diminuer la mortalité
spécifique au cancer (Chen et al 2011 ; Lahart et
coll. 2015) et le risque de développer d’autres
pathologies (cardio-vasculaires, diabète,..). Les
patients ne sont cependant pas toujours
systématiquement informés par l’équipe médicale
des effets bénéfiques potentiels.
En plus des effets à long terme pour la santé, la
littérature scientifique montre qu’une activité
physique adaptée permet d’atténuer les effets
secondaires de la chimiothérapie, qui peuvent
persister plusieurs mois, voire années, après la fin
du traitement, et de l’hormonothérapie :
déconditionnement, fatigue, troubles cognitifs,
douleurs, prise de poids, perte de masse
musculaire, ostéoporose,… Les effets bénéfiques
rapportés semblent plus marqués lorsque le
programme d’activités physiques est supervisé et
inclut des exercices visant à développer
l’endurance et des exercices de renforcement
musculaire (Fong et coll. 2012 ; Egan et coll.
2013). De même la quantité d’activité physique et
son intensité doivent être adaptées mais
suffisantes pour induire une amélioration de la
condition physique et de la composition corporelle
(Fong et coll. 2012 ; Irwin et coll. 2009).
Malgré ces évidences, ce type de programme est
malheureusement trop rarement proposé aux
patients à Bruxelles et en Wallonie.
3.2 Recommandations
Une fois les traitements terminés, la plupart des
personnes se posent beaucoup de questions quant
à ce qu’ils/elles peuvent faire pour aller mieux et
rester en bonne santé. Que peut-on leur proposer ?
Puisqu’ils sont « guéris » peuvent-ils s’engager
dans une activité similaire à tout le monde ou au
contraire faut-il adapter le programme à cause de
certaines limitations ou des effets des
traitements ?
Etant donné toutes ces questions et le peu de
choses qui sont proposées dans ce domaine, le
Centre de Réadaptation Physique
Pluridisciplinaire (CRPP, Erasme), la Faculté des
Sciences de la Motricité (FSM, ULB) et l’Institut
Bordet se sont associés pour lancer un programme
d’activités physiques adapté pour les patientes qui
sont en phase de rémission d’un cancer du sein.
Même si la plupart des patientes accueillies dans
le cadre du programme ne présentent pas de
limitations importantes à l’effort, comme certains
traitements peuvent altérer la capacité à l’effort
(anémie, fatigue, dysfonctions cardiaques, etc.),
nous recommandons de réaliser un test d’effort
(avec ECG) avant de proposer un programme
d’entrainement incluant des activités d’intensité
modérée à intense.