
Sous le titre " L'embiyon
in vitro
et le droit. Approche
comparative ", l'ouvrage rédigé par Emmanuelle Dhonte-Isnard
est en fait la version épurée de sa thèse, si remarquable qu'elle
lui
a valu non
seulement là plus élevée
des mentions mais
aussi
l'habilitation à la maîtrise de conférence dès la première réunion
du Conseil national des universités.
La gageure était de taille : la recherche entreprise avait pour
ambition d'aider à l'élaboration de règles normatives, et se
situait d'emblée dans un domaine à la frontière de plusieurs
disciplines (Droit essentiellement, mais aussi Médecine,
Biologie, Philosophie). Elle portait sur l'embryon
in vitro,
l'embryon, ce " non-sujet de droit ", selon le doyen Carbonnier,
pour qui l'on n'aurait pas eu l'idée de traiter l'embryon en non
sujet de droit s'il n'avait d'abord été escompté comme
l'espérance d'un sujet ". Or aujourd'hui, depuis que la
conception peut être réalisée en laboratoire, l'embryon n'est pas
toujours cette personne potentielle, selon le Comité consultatif
national d'éthique, ce possible qui tend à l'existence, selon les
philosophes, cette personne future, cet enfant à naître qui est,
sous condition d'arriver à l'existence, tenu pour déjà né,
(pro
nato habetur)
selon les juristes.
En effet, la vocation de l'embryon
in vivo à
devenir sujet de droit
n'est empêchée que par une interruption de grossesse, volontaire
ou non ; pour l'embryon
in vitro,
il n'y a
pas forcément de projet
d'accession à la vie : tout dépendra de la volonté des hommes, de
ses parents et du législateur. C'est alors que va se poser, plus
difficile encore que celle de la nature ou du statut de l'embryon,
une nouvelle question, celle de son utilisation. Car la possibilité
d'obtenir des embryons in vitro
ouvre des perspectives sur le
diagnostic préimplantatoire, sur la thérapie génique (ou du
moins, pour l'instant, comme le dit avec réalisme Emmanuelle
Dhonte-Isnard, de l'élimination des défectueux), sur la recherche
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