VIvRe ensemBLe • VOLUME 15, N° 51 (AUTOMNE 2007)
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des rencontres pour se comprendre dans un esprit de vérité, de charité, d’ouverture. J’ai
invité quelques rares catholiques capables de s’ouvrir à cette approche. On a décidé de se
rencontrer une fois par mois. On a développé des amitiés. On s’est fait confiance les uns les
autres.
VE : Quel a été le chemin parcouru pour que devienne possible ce projet d’un pavillon
œcuménique à Montréal?
I.B. : En 1962, on annonce que Montréal était
la ville choisie pour l’Exposition universelle
de 1967. Je me suis dit que si cet événement
venait à Montréal, il fallait qu’on trouve
le moyen de manifester nos efforts de
rapprochement et d’unité entre chrétiens de
diverses confessions. J’ai convoqué à mon
bureau deux prêtres anglicans, deux pasteurs
protestants, un prêtre orthodoxe, et deux de
mes amis catholiques qui étaient déjà engagés
dans notre cheminement œcuménique. Je
leur ai proposé un défi en leur présentant
mon souhait que les principales Églises
chrétiennes bâtissent ensemble un pavillon et
donnent un témoignage conjoint de l’Évangile
à Terre des Hommes. C’est ainsi qu’est né un
comité de recherche. Les chrétiens se s’étaient
jamais réunis dans un seul et même pavillon
lors des expositions mondiales précédentes.
Nous avons tenu plusieurs rencontres
à mon bureau, pour définir le message que
nous voulions donner, la façon de nous
organiser et de vendre notre idée. C’était
un gros défi car il fallait, entre autres,
convaincre le Vatican, qui avait droit à son
pavillon, d’y renoncer en faveur d’un pavillon
œcuménique. Nous étions des gens de foi,
nous avons donc beaucoup prié là-dessus.
Nous nous sommes mis d’accord pour
rédiger et signer une première ébauche que
avons proposée aux sept principales Églises
chrétiennes qui regroupaient environ 95%
des chrétiens du Canada.
VE : Comment cette idée a-t-elle pu faire son chemin au sein de l’Église catholique?
I.B.: Pour intéresser la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), nous avons
fait appel à l’influence du Cardinal Léger, archevêque de Montréal. Le Cardinal participait
à la préparation du Concile Vatican II et il était influencé par les rencontres auxquelles il
assistait à Rome. De plus, Jean XXIII avait manifesté son désir de voir le Concile s’ouvrir au
Le 22 décembre 1964, une déclaration
commune des Églises devenait officielle et
publique : “ Unis par leur baptême dans
une même foi en Jésus Christ et une même
espérance, les chrétiens du Canada, à
l’occasion de l’Exposition universelle de
Montréal en 1967, ont voulu exprimer leur
amour à leurs frères de toute la terre et
répondre aux angoisses et aux espérances de
notre siècle par une proclamation commune de
l’Évangile. Au-delà des déchirures imposées
par l’histoire, les chrétiens du monde entier se
réjouiront d’apprendre la décision à laquelle
nous sommes parvenus après plusieurs
mois de rencontres et d’échanges : nous
érigerons ensemble un Pavillon chrétien
qui puisse proclamer au monde que Dieu
s’est fait chair pour habiter parmi nous et
qu’il est présent à tout ce qui se passe sur
la “ Terre des Hommes ”. En dépit de ce qui
nous sépare, nous croyons pouvoir et devoir
porter ensemble l’humble témoignage de
notre foi en Jésus-Christ et de notre volonté
d’être comme Lui serviteurs de nos frères.
Devant Dieu, nous voulons accomplir ce
travail ensemble pour implorer la parfaite
unité chrétienne que sa divine grâce peut
nous donner; pour le monde où nous vivons,
notre geste veut être une invitation à réfléchir
sur le salut qui s’offre à la liberté des hommes
et sur l’espérance qui vient à la rencontre de
l’Univers en marche. ”