JEAN COLLÉ
1
Jean Collé - Avril 1942
Source : Bibliothèque d'Étude, Brest
Cote BMB : F COL 14-25
FAMILLE COLLÉ
La famille Collé est originaire de Montfort-sur-Meu, commune d'Ille-et-Vilaine. Le père,
Louis Collé, y est le 26 août 1887. Son épouse, Marie-Ange Daniel, est née le 28 décembre
1884, à Talensac, commune voisine de Montfort. Ils se marient à Paimpont le 1er juillet 1911.
De ce mariage, sept enfants naissent : Suzanne, en 1912 ; Louis qui décède prématurément à
l'âge de cinq ans ; un deuxième garçon mort-né pendant la guerre ; André le 13 décembre
1919 à Montfort. Trois autres enfants lui succèdent et naissent à Brest : Jean le 12 juillet 1921,
Marie-Antoinette le 1er septembre 1922 et Renée le 4 octobre 1925. Les parents veillent sur
l'éducation et l'instruction religieuse de leurs enfants.
La famille Collé s'établit à Brest à partir de 1914 Louis exerce la profession de
garçon de café. Ils habitent alors rue Louis Pasteur. Mais comme tout homme valide, Louis est
mobilisé et rejoint son bataillon. Sa femme se rend au domicile familial de Montfort elle
donne naissance à son deuxième enfant, André. En mai 1918, Louis Collé est fait prisonnier
par les Allemands à la forteresse de Pinon. Pendant ces quelques mois de captivité, ses
conditions de vie sont très difficiles. Il est libéré à l'Armistice et retourne à Brest avec le grade
de sergent.
A partir de la fin de l'année 1917, Brest vit au rythme de la présence des soldats
américains : « 105 transports de troupes débarquent 784 000 hommes. »1 Après l'Armistice, le
commerce commence à décliner. Les derniers soldats américains repartent en octobre 1919
et l'activité portuaire et militaire s'en ressentent : les commandes de navires et bateaux
diminuent et « l'arsenal est touché par les restrictions budgétaires et la perspective d'un
désarmement naval. »2
Malgré un contexte morose pour le
commerce à Brest, Louis Collé se rend acquéreur, le
14 décembre 1920, du bar-restaurant Lombard,
situé face aux halles Saint-Louis et à l'angle des rues
du marché Pouliquen et de la Mairie.
1 Marie-Thérèse Cloître (dir.), Histoire de Brest, Brest, CRBC-UBO, 2000, p. 205.
2Ibid., p. 212.
2
Le Bar-restaurant Lombard, exploité par les
parents de Jean Collé avant le siège de Brest
Source : Paul Mouton, Un jeune serviteur de Dieu et
du prochain, Jean Collé, Montsûrs, Éditions Résiac,
1981, p. 12.
ENFANCE ET ADOLESCENCE
Jean Marie René Collé naît à Brest le 12 juillet 1921. De
santé fragile, le jeune garçon est atteint dès son plus jeune âge
de diphtérie, dont il effectuera de nombreuses rechutes. Celle-ci
cause de nombreuses inquiétudes à ses parents et le jeune Collé
souffre d'effets secondaires comme des éruptions cutanées et
la paralysie du voile du palais -, à cause d'une injection de sérum
mal dosée. Plein de bonne volonté, il réapprend à marcher et à
parler. Malgré tout, la reprise est difficile pour le garçon qui a
faire face à des problèmes de bégaiement provoquant les
moqueries de ses camarades. Il a pu compter sur le soutien de sa
soeur Marie-Antoinette : « elle veille sur lui et, [...] se dresse
comme une petit maman pour le défendre, dès que quelque
camarade se moque de lui à cause de son bégaiement. »3 Dès
cette période, Nénette et Rintintin – diminutifs puisés dans les ouvrages réservés à la jeunesse
– sont très complices.
Du point de vue scolaire, Jean fréquente l'école maternelle Saint-Yves. À l'âge de six
ans, il est dirigé sur l'école Saint-Joseph. Jean Collé est un élève brillant. L'Abbé Pierre Madec,
dans le Bulletin des Anciens du Collège Saint-Louis décrit Jean comme un élève « pieux, sérieux,
intelligent, bon camarade, toujours souriant et serviable. »4 Ses professeurs le remarquent et
ses bulletins portent de très bonnes appréciations. Il occupe souvent le premier ou le
deuxième rang. Toutefois, en dépit de ses résultats excellents, il échoue au Certificat d'Études.
Il est tellement affecté qu'il n'ose rentrer chez lui. L'année suivante, il est reçu brillamment. En
octobre 1932, Jean est interne au Collège Saint-Louis. Mais, après sa quatrième, il abandonne
provisoirement sa scolarité pour aider ses parents à l'exploitation du commerce.
Son père détecte en lui de grands dons manuels : il excelle en bricolage et surtout en
peinture. Brillant en dessin et particulièrement adroit, il est un des élèves de Jim-Eugène
Sévellec à l'École des Beaux-Arts. Jean reçoit de chaleureux encouragements et réalise une
multitude de reproductions des oeuvres de son maître : '' Pardon de Sainte-Anne-la-Palud '',
'' Port de pêche de Camaret '', '' Sous-Bois de la forêt de Paimpont '', ' Battue aux sangliers '',
'' Marché de Quimper '', '' Foire aux porcs '', '' Jérusalem dans le crépuscule et le Christ
3 Claude Mouton, op. cit., p. 10.
4 Pierre Madec, Article sur Jean Col pour le Bulletin des Anciens du Collège Saint Louis. Fait en juillet 1945.
Cotes : F COL 9-1 et F COL 9-1 (bis)
3
Marie-Antoinette et Jean, enfants
Source : Claude Mouton, op. cit.,
p. 11.
veillant '', un portrait du Révérend Père Ange Le Proust, fondateur des Augustines de Saint
Thomas de Villeneuve, '' Christ avec son troupeau de brebis '', ainsi que de nombreux dessins
humoristiques.
Deux ans plus tard, il entre à l'école professionnelle de Saint-Louis. Il réussit
pleinement tant à l'atelier que dans les différentes matières et notamment en dessin
industriel. En 1937, il adhère à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne). Au terme de ses études,
il est admis à l'Arsenal de Brest, en qualité de dessinateur, en septembre 1939. Il est affecté au
Groupe Machines de la Salle de Dessin N (Constructions Navales). Ses travaux sont axés
notamment sur la construction du bâtiment Richelieu. Mais il ne reste pas longtemps à
l'Arsenal. En juillet 1940, Jean est licencié comme l'ensemble des ouvriers embauchés depuis
le 2 septembre 1939.
4
Jean Collé, son premier tableau
Date : 1935
Source : Bibliothèque d'Étude. Brest
Cote BMB : F COL 14-9
RÉACTIONS DE JEAN COLLÉ FACE À LA GUERRE
Depuis juillet 1940, Jean n'a plus
d'emploi : il a été remercié comme
beaucoup d'autres ouvriers par les
Allemands. Pendant quelques mois, il
apporte son aide au restaurant de son
père, sans grande conviction. Au cours
d'une de ses promenades, il retrouve
André Le Poutre, ancien camarade de
Saint-Louis et dessinateur à l'Arsenal,
qui s'est reconverti en artisan. Il a en
effet monté un atelier de bricolage,
dans le but de vendre des jouets et des
objets ménagers. Jean Collé le rejoint,
dans son atelier installé dans une
ruelle de Kérinou. Georges Bernard,
journaliste à Ouest-Éclair, écrit alors un
article sur la démarche de ces deux
jeunes hommes, paru en novembre ou
décembre 1940, sous le titre :
« '' Initiative '', Mot d'ordre des jeunes.
A Kérinou, deux jeunes Brestois au
chômage fabriquent des jouets. Ils
étaient dessinateurs à l'Arsenal : ils
sont artisans. » L'affaire est un franc
succès : en neuf mois, les deux artisans ont vendu pour 55 000 francs d'objets. Au mois de mai
1941, les locaux de la ruelle de Kérinou s'avèrent trop étroits et la fabrique s'installe à
Argenton, à trente kilomètres de Brest. En juillet 1941, Jean décide de quitter l'entreprise
pour entrer comme surveillant au Collège Saint-Louis.
Autre activité que Jean Collé pratique : le sport. Très sportif, il parcourt la Bretagne à
bicyclette notamment pour rendre visite sa tante à Montfort-sur-Meu ou ses parents à Kerfily.
C'est un excellent footballeur : il a joué dans l'équipe première de l'Armoricaine aux côtés de
Jean Le Bras, André Salaun, Henri Ménez et Jean Roussin.
5
Article de presse écrit par Georges Bernard et paru dans Ouest-
Éclair en novembre 1940
Source : Bibliothèque d'Étude, Brest
Cote BMB : F COL 4-8
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