Le mystère de la sacramentalité de l’Eglise et de son ministère 1. L’incarnation du Verbe, sacrement de la Trinité A la source du mystère de l’Eglise il y a le mystère de la Trinité : « Ce peuple unifié par la Trinité sainte, c’est l’Eglise, gloire de ta sagesse, corps du Christ et Temple de l’Esprit » chante la 8e préface des dimanches, reprenant LG no 4 notamment. On se représente l’unique nature divine comme une activité intense de pensée et d’amour, une communion ineffable entre trois personnes égales, le Père, le Fils et le Saint Esprit. « L’élan de pensée part de la personne du Père pour fructifier dans son Fils, son Verbe, sa Parole, sa Sagesse »1 : ce sont ses noms. Le Père donne au Fils tout ce qu’il est, sauf sa relation de paternité et il va lui communiquer tout l’amour dont il est la source. Cet élan d’amour procédant simultanément du Père et du Fils est un souffle, Esprit est le nom de la troisième personne de la Trinité. « Le terme dans lequel il fructifie est Don des deux premières personnes à la troisième »2. Il scelle leur amour : et à ce titre il porte le nom d’amour aussi. Chacun des trois points qu’on marque sur la circonférence d’un cercle possède sans le partager tout le cercle. Ainsi chacune des trois personnes divines possède sans la partager la divinité tout entière. Lorsque la deuxième personne de la Trinité est envoyée dans le monde pour assumer une humanité semblable à la-nôtre elle entre dans le temps, habite parmi les hommes, il ne change pas d’identité divine mais demeure le Verbe de Dieu faisant personnellement sienne une nature humaine parfaitement assumée. 1 2 Ch. Journet, Entretiens sur l’Eglise et les sacrements, Parole et Silence, Paris, 2008, p. 15. Id., p. 16. Celui qui dans cette nature humaine est aimé ou haï, c’est le Verbe de Dieu. Dans la personne du Verbe incarné la nature divine et la nature humaine se trouvent indissolublement jointes et nouées ensemble : « Sous la cendre de son humanité se cachait le feu de sa divinité » (Catherine de Sienne)3. Toute la Trinité, les trois personnes comme un seul principe, est à l’œuvre dans le mystère de l’incarnation : elle forme et oint de l’onction messianique le corps humain et l’âme humaine dont se revêtit la seule personne du Fils. Lui seul devient corporellement présent dans le monde. Mais les trois personnes divines, distinctes l’une de l’autre, sont inséparables l’une de l’autre : là ou l’une est présente, la sont aussi présentes les deux autres. Il y a trois raisons qui nous donnent de comprendre comment elles communiquent entre elles : leur immanence dans l’essence divine (Dieu est un) ; leurs relations mutuelles (si Jésus est le Fils c’est qu’il n’est pas séparé du Père : qui dit Fils dit Père aussi après l’événement de l’incarnation) ; enfin leur origine : la pensée du Père fructifie dans le Fils, et de l’amour du Père et du Fils fructifie l’Esprit. Les trois personnes divines sont donc transparentes l’une à l’autre, elles sont indissociables, inséparables : où se trouve l’une se trouve les deux autres4. Elles sont toutes trois présentes, mais pas de la même façon : le Verbe incarné est présent selon le mode d’incarnation, il est corporellement là ; en lui le Père et l’Esprit ne sont pas présents sous un mode de présence corporelle (leur présence reste purement spirituelle), mais parce que l’une des trois personnes est corporellement présente, les deux autres sont nouvellement présentes au monde, elles sont rendues plus proches du monde qu’elles ne l’avaient jamais été. Donc la présence incarnée du Verbe de Dieu a pour conséquence une présence nouvelle de la Trinité dans le monde. La présence corporelle de la personne du 3 4 Cf. id., p. 17-18. Cf. id., p. 19-20. Fils est une porte inouïe qui s’ouvre sur le mystère des trois personnes divines telles qu’elles subsistent en Dieu. En cela on peut dire que la présence d’incarnation du Verbe est le sacrement de la Trinité (Jn 14, 9-11 : « Voilà si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas Philippe ? Qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : montrenous le Père ? ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même : le Père demeurant en moi accomplit ses œuvres. Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi » ; Jn 8, 29 : « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » ; Mt 24, 35ss : « Tout m’a été remis par mon Père et nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul non plus ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler »). 2. L’humanité du Christ, sacrement de la vie divine A l’instant où l’humanité de Jésus est conçue dans le sein de la Vierge Marie elle est assumée par la 2e personne de la Trinité : cette humanité là, c’est le Verbe de Dieu. La divinité du Verbe s’approprie son humanité. Mais son humanité, comme la nôtre, est une réalité bien différente de sa divinité : elle est d’une autre nature, elle est créée, elle est limitée. La divinité du Verbe va donc investir l’humanité du Christ par ce qu’on appelle la grâce du Christ, l’onction messianique : elle est une participation créée et humainement « supportable » mais surnaturelle de l’humanité du Christ à la divinité du Verbe. Elle est la divinité du Verbe qui surabonde dans l’humanité du Christ et que le Christ veut communiquer, veut déverser sur le monde : « Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu grâce pour grâce. Car la Loi fut données par Moïse ; la Grâce et la Vérité nous sont venues par Jésus-Christ » (Jn 1, 16-17). Par cette onction messianique de l’Esprit le Christ devient le sacrement de la vie divine en tant qu’elle est, à partir de lui, à partir de son humanité, rendue communicable au monde. (Mt 11, 25-28 : « Si quelqu’un a soif qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive jailliront de son sein »). a. Les activités du Christ La puissance divine de Jésus Christ (il est le Verbe de Dieu) déborde de son humanité « comme d’un instrument d’une merveilleuse délicatesse, doué de sensibilité d’intelligence, d’amour » 5 , pour opérer des effets qui dépassent l’ordre du créé. A travers son humanité Jésus communique la vie divine à celles et ceux qu’il rencontre. C’est le contenu de l’Evangile : on pense bien entendu à tous les miracles opérés par Jésus qui passent toujours par un contact avec le Christ, avec l’humanité du Christ : une parole, une prière, une intention, un toucher, un geste pour communiquer la vie divine, recréer la créature malade, possédée, décédée, pécheresse etc. Mais on peut aussi penser simplement à des effets plus discrets : quand il parlait on était frappé par son enseignement car il parlait avec autorité, non pas comme les scribes ; quand les soldats du temple viennent arrêter Jésus au jardin des oliviers il tombent à la renverse quand Jésus leur dit « c’est moi » ; quand on apporte un paralytique au Christ pour qu’il le guérisse il scrute toute la personne du paralytique et lui pardonne ses péchés ; quand il fait remplir les jarres d’eau on en ressort du vin ; quand il met du vin dans sa coupe le soir du jeudi saint cela devient son sang. L’humanité de Jésus Christ est donc le sacrement de la vie divine comme la transfiguration de la matière par l’esprit, la transfiguration de l’humain par le divin. La divinité s’exprime dans et par l’humanité du Christ, dans les paroles et les actes humains de Jésus. Il n’y a pas de « spiritualité » qui tombe du ciel : la 5 Id., p. 27. spiritualité chrétienne est à chercher dans l’humanité de Jésus qui vient toucher notre humanité. On ne peut pas faire fi dans la foi chrétienne de deux humanités : celle du Christ et la nôtre : ça ne passe que par là ! 3. L’Eglise : sacrement de la vie divine communiquée6 Cette vie divine communiquée par l’humanité du Christ, c’est l’Eglise. Ce qui constitue l’Eglise c’est la communication de la vie divine par l’humanité de Jésus. Ce que nous appelons donc la « sacramentalité » est au cœur du mystère de l’Eglise. Si elle est l’évangile qui continue (selon la formule de Bossuet) elle est cette réalité divino-humaine qui communique aux hommes l’œuvre du Christ et donc la présence de Dieu Trinité. a. L’enseignement du concile Vatican II Le concile Vatican II a rappelé avec force cette vérité. Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église (cf. Mc 16, 15). L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle. À ce devoir qui est celui de l’Église, les 6 Cf. id., p. 33-53. conditions présentes ajoutent une nouvelle urgence : il faut que tous les hommes, désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité dans le Christ. LG 1 L’ensemble de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus, auteur du salut, principe d’unité et de paix, Dieu les a appelés, il en a fait l’Église, pour qu’elle soit, pour tous et pour chacun, le sacrement visible de cette unité salutaire [15]. Destinée à s’étendre à toutes les parties du monde, elle prend place dans l’histoire humaine, bien qu’elle soit en même temps transcendante aux limites des peuples dans le temps et dans l’espace. LG 9 Le Christ élevé de terre a tiré à lui tous les hommes (cf. Jn 12, 32 grec) ; ressuscité des morts (cf. Rm 6, 9), il a envoyé sur ses Apôtres son Esprit de vie et par lui a constitué son Corps, qui est l’Église, comme le sacrement universel du salut ; assis à la droite du Père, il exerce continuellement son action dans le monde pour conduire les hommes vers l’Église, se les unir par elle plus étroitement et leur faire part de sa vie glorieuse en leur donnant pour nourriture son propre Corps et son Sang. LG 48. L’Eglise y est définie comme le sacrement universel, c’est-à-dire le signe et le moyen universel, d’un salut qui consiste dans une union intime à Dieu, entraînant par voie de conséquence l’unité spirituelle de tout le genre humain. b. La communication de la vie divine à l’Eglise Le Christ donc fonde l’Eglise en lui donnant sa structure d’Eglise pérégrinante dans le temps. Il institue des apôtres et leur donne mission de poser les gestes que lui-même a posés : annoncer l’évangile, baptiser, pardonner les péchés, guérir les malades, célébrer le mystère de la sainte Cène. Et dans ces actes là, Jésus lui-même continue d’être présent au cœur de l’humanité : « Allez donc, évangélisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 18-20). En lisant les évangiles et les Actes des apôtres ou les premiers écrits patristiques la conscience des chrétiens du passage de la sacramentalité de la personne du Verbe fait chair à la sacramentalité de l’Eglise en formation, sacramentalité pleinement manifestée par l’envoi de l’Esprit de Pentecôte. Le contact visible de l’humanité de Jésus est comme remplacé par le contact sacramentel de l’Eglise. Il y a le temps où l’humanité du Verbe fait chair est visible et palpable, et il y a le temps où l’Eglise communique la réalité de cette humanité sous un mode invisible, sacramentel : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie…. Voilà que nous vous l’annonçons » (1 Jn 1, 1-3). c. La sacramentalité est la nature du mystère de l’Eglise Cette réalité-là est constitutive de l’Eglise : l’Eglise existe sous ce mode. Elle est la communication de la vie divine par l’humanité du Christ rendue présente dans le mystère de l’Eglise. Le mystère de la sacramentalité est la présence et la communication de la vie de Dieu dans le monde de la création et en particulier celui de l’humanité, celle du Christ et la-nôtre. Cela est manifeste, voici quelques exemples : - La prière sur les offrande du 4e dimanche du temps ordinaire : « Pour te servir nous déposons nos offrandes sur ton autel : accueille-les avec indulgence, pour qu’elles deviennent le sacrement de notre salut ». - Le fait que l’Eglise se reconnaisse en partie dans des réalités humaines qui existent hors d’elle-même : « Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui [13], bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique. » LG 8. Ou encore : « il est nécessaire que les catholiques reconnaissent avec joie et apprécient les valeurs réellement chrétiennes qui ont leur source au commun patrimoine et qui se trouvent chez nos frères séparés. Il est juste et salutaire de reconnaître les richesses du Christ et sa puissance agissante dans la vie de ceux qui témoignent pour le Christ parfois jusqu’à l’effusion du sang, car Dieu est toujours admirable et doit être admiré dans ses œuvres ». Décret Unitatis redintegratio 4. - La capacité de l’Eglise catholique d’assumer et de reconnaître comme sien tout ce qui conduit l’homme à la réalisation de soi. Phil 4, 8 « Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le en compte. » - Et finalement c’est l’expérience que chacun de nous peut faire : « Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » oriente secrètement vers l’Eglise le cœur de chaque homme. Jacques Maritain écrit : « C’est un élément d’Eglise absolument foncier et unique qu’il nous faut découvrir. Où le chercher ? A mon avis, dans l’homme lui-même tel qu’il vient au monde. Je pense que l’élément d’Eglise primitif et foncier, et qui existe partout sur la terre, c’est chaque personne humaine qui le porte en elle, selon que par nature elle aspire à connaître la cause de l’être ainsi qu’à un état heureux d’épanouissement de son être (…) ; à tel point que dans son acte de liberté elle ne peut pas choisir le bien, elle a du même coup, si elle ne se dérobe pas à la grâce initialement donnée, une soif de Dieu qui est à la foi de nature et de grâce » (De l’Eglise du Christ, p. 211). - C’est l’expérience que fait saint Paul sur le chemin de Damas : il prend conscience qu’en s’attaquant à l’Eglise, à chacun des fidèles qu’il persécute, il s’attaque à Jésus Christ et persécute Jésus-Christ. L’Eglise est ainsi dans son mystère de sacrement universel de salut la patrie de chaque être humain, qu’il le sache ou non. 4. L’expression de la sacramentalité de l’Eglise a. Les sacrements de la Loi nouvelle Sans les sacrements qui font affluer en elle la grâce christoconformante, sans la puissance de la célébration de l’Eucharistie, l’Eglise ne pourrait être le sacrement universel de salut de tout le genre humain. Les 7 sacrements de l’Eglise manifestent que les chrétiens qui célèbrent et reçoivent ces sacrements sont érigés en peuple sacerdotal, en peuple médiateur capable de relier en eux la vie de Dieu et la vie des hommes : « Vous êtes un sacerdoce royal, une nation sainte » écrit saint Pierre (1 P 2, 9) ; « Le Christ a fait de nous un royaume de prêtres pour Dieu son Père » s’exclame saint Jean dans l’Apocalypse (Ap 1, 6). Le Christ, médiateur parfait entre Dieu et les hommes, est constitué grand Prêtre par l’onction messianique qui remplit son humanité et la fait déborder sur son Corps mystique qui est l’Eglise. Ceux qu’il appelle à continuer dans son Corps mystique le culte de la Loi nouvelle qu’il a fondé, participent à sa mission sacerdotale et sont à leur tour ontologiquement consacrés. C’est la réalité que confère à ceux qui le reçoivent le caractère sacramentel. Le caractère du baptême et de la confirmation, et le caractère de l’ordre. Par ce caractère, les fidèles baptisés, confirmés et ordonnés ont part à l’œuvre du Christ Prêtre et donc au mystère de la sacramentalité de l’Eglise. Cela veut dire que, par ce caractère, ils ont la compétence de poser des actes qui rendent présent le Christ Sauveur. b. Deux participations à l’unique sacerdoce du Christ Il y a deux participations au sacerdoce du Christ : - Le sacerdoce ministériel qui permet à celui qui le reçoit de poser les actes du Christ Tête, Pasteur et Epoux de l’Eglise. Ce ministère-là permet la présence efficiente du Christ Tête et Pasteur de l’Eglise dans son triple ministère d’enseignement, de sanctification et de conduite du peuple des sauvés. Dans l’Eglise pérégrinante il est un service, un charisme, qui permet la continuité de la vie de l’Eglise dans l’espace et dans le temps. Chaque évêque, chaque prêtre, et chaque diacre rend présent le Christ Tête de l’Eglise et Sauveur quand il pose les actes de son ministère. Ce service est ordonné à la consécration baptismale. - Le sacerdoce baptismal permet à celui qui le reçoit de poser les actes du Christ en tant que membre de son Corps qui est l’Eglise. La vocation du baptisé est elle aussi de rendre présent le Christ là où il vit, là où il œuvre, là où il pose des actes de foi, d’espérance et de charité. Par le caractère sacramentel du baptême et de la confirmation le croyant est connaturalisé avec le Christ en vue d’actualiser sa mission sacerdotale. Ainsi l’Eglise apparaît comme l’expression de la vie divine communiquée, comme le signe et le moyen de la vie divine reçue du Christ pour être par elle communiquée au monde par la voie de la contagion, la contagion de la charité du Christ qui se déverse sur le monde. Il est donc indispensable que l’Eglise repense sa présence au monde à partir de son essence et non de ses structures (cf. EG 26). S. Thomas d’Aquin, ST IIa IIae, q.184, a.6, ad 1 Lorsqu’on parle de prêtre (presbyterus) et d’évêque (episcopus), on peut se placer à deux points de vue différents. Au point de vue du nom : il est exact que jadis on ne distinguait pas entre prêtre et évêque. L’évêque est un ‘surintendant’, explique S. Augustin. Le prêtre est un ‘ancien’… Mais au point de vue de la réalité ils ont toujours été distincts, même au temps des Apôtres, comme on le voit chez Denys… Dans la suite, pour éviter le péril de schisme, il devint nécessaire de distinguer même les noms, les plus grands étant qualifiés d’évêques, et les moindres de prêtres. Prétendre que les prêtres ne diffèrent pas des évêques, c’est une erreur que S. Augustin range parmi les dogmes hérétiques lorsqu’il rapporte que les ariens se refusaient à mettre aucune différence entre prêtre et évêque. Pourquoi il y a des évêques Dei Verbum § 7 Cette Révélation donnée pour le salut de toutes les nations, Dieu, avec la même bienveillance, a pris des dispositions pour qu’elle demeure toujours en son intégrité et qu’elle soit transmise à toutes les générations. (…) Mais pour que l’Évangile fût toujours gardé intact et vivant dans l’Église, les Apôtres laissèrent pour successeurs des évêques, auxquels ils « remirent leur propre fonction d’enseignement ». Lumen Gentium § 20 La mission divine confiée par le Christ aux Apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles (cf. Mt 28, 20), étant donné que l’Évangile qu’ils doivent transmettre est pour l’Église principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pourquoi les Apôtres prirent soin d’instituer, dans cette société hiérarchiquement ordonnée, des successeurs. (…) Ainsi donc, les évêques ont reçu, pour l’exercer avec l’aide des prêtres et des diacres, le ministère de la communauté . Ils président à la place de Dieu le troupeau , dont ils sont les pasteurs, par le magistère doctrinal, le sacerdoce du culte sacré, le ministère du gouvernement . De même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre, le premier des Apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs, constitue une charge permanente, permanente est également la charge confiée aux Apôtres d’être les pasteurs de l’Église, charge à exercer sans interruption par l’ordre sacré des évêques . C’est pourquoi le saint Concile enseigne que les évêques, en vertu de l’institution divine, succèdent aux Apôtres , comme pasteurs de l’Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ (cf. Lc 10, 16). Division territoriale de l’Eglise Christus Dominus § 11 Un diocèse est une portion du Peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu’avec l’aide de son presbyterium, il en soit le pasteur : ainsi le diocèse, lié à son pasteur et par lui rassemblé dans le Saint-Esprit grâce à l’Évangile et à l’Eucharistie, constitue une Église particulière en laquelle est vraiment présente et agissante l’Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique. Sacrosanctum Concilium § 42 Comme l’évêque dans son Église ne peut présider en personne à tout son troupeau, ni toujours ni partout, il doit nécessairement constituer des assemblées de fidèles, parmi lesquelles les plus importantes sont les paroisses, organisées localement sous un pasteur qui tient la place de l’évêque; car, d’une certaine manière, elles représentent l’Église visible établie dans l’univers. Plénitude du sacrement de l’ordre Christus Dominus § 15 Les évêques jouissent, en effet, de la plénitude du sacrement de l’ordre ; c’est d’eux que, dans l’exercice de leur pouvoir, dépendent et les prêtres et les diacres : les premiers ont été, eux aussi, consacrés véritables prêtres du Nouveau Testament pour être des collaborateurs avisés de l’ordre épiscopal ; les seconds, ordonnés en vue du ministère, servent le Peuple de Dieu en communion avec l’évêque et son presbyterium. C’est pourquoi les évêques sont les principaux dispensateurs des mystères de Dieu, comme ils sont les organisateurs, les promoteurs et les gardiens de toute la vie liturgique dans l’Église qui leur est confiée. Lumen Gentium § 21 Le saint Concile enseigne que, par la consécration épiscopale , est conférée la plénitude du sacrement de l’Ordre, que la coutume liturgique de l’Église et la voix des saints Pères désignent en effet sous le nom de sacerdoce suprême, la réalité totale du ministère sacré . La consécration épiscopale, en même temps que la charge de sanctification, confère aussi les charges d’enseigner et de gouverner, lesquelles cependant, de par leur nature, ne peuvent s’exercer que dans la communion hiérarchique avec le chef du collège et ses membres. En effet, la Tradition qui s’exprime surtout par les rites liturgiques et par l’usage de l’Église, tant orientale qu’occidentale, montre à l’évidence que par l’imposition des mains et les paroles de la consécration, la grâce de l’Esprit Saint est donnée et le caractère sacré imprimé , de telle sorte que les évêques, d’une façon éminente et patente, tiennent la place du Christ luimême, Maître, Pasteur et Pontife et agissent en sa personne. La fonction d’enseigner Lumen Gentium § 25 Parmi les charges principales des évêques, la prédication de l’Évangile est la première. Les évêques sont, en effet, les hérauts de la foi, amenant au Christ de nouveaux disciples, et les docteurs authentiques, c’est-à-dire pourvus de l’autorité du Christ, (…) Les évêques qui enseignent en communion avec le Pontife romain ont droit, de la part de tous, au respect qui convient à des témoins de la vérité divine et catholique; les fidèles doivent s’attacher à la pensée que leurs évêques expriment, au nom du Christ, en matière de foi et de mœurs, et ils doivent lui donner l’assentiment religieux de leur esprit. Cet assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence est dû, à un titre singulier, au Souverain Pontife. Presbyterorum Ordinis § 4 les prêtres, comme coopérateurs des évêques, ont pour premier devoir d’annoncer l’Évangile à tous les hommes ; ils exécutent ainsi l’ordre du Seigneur : «Allez par le monde entier, prêchez l’Évangile à toute la création» (Mc 16, 15) , et ainsi ils constituent et font grandir le Peuple de Dieu. La fonction de sanctification Lumen Gentium § 26 L’évêque, revêtu de la plénitude du sacrement de l’Ordre, porte «la responsabilité de dispenser la grâce du suprême sacerdoce », en particulier dans l’Eucharistie qu’il offre lui-même ou dont il assure l’oblation , et d’où vient à l’Église continuellement vie et croissance. Cette Église du Christ est vraiment présente en toutes les légitimes assemblées locales de fidèles qui, unies à leurs pasteurs, reçoivent, dans le Nouveau Testament, eux aussi, le nom d’Églises . (…) Chaque fois que la communauté de l’autel se réalise, en dépendance du ministère sacré de l’évêque , se manifeste le symbole de cette charité et «de cette unité du Corps mystique sans laquelle le salut n’est pas possible ». Sacrosanctum Concilium § 41 L’évêque doit être considéré comme le grand prêtre de son troupeau; la vie chrétienne de ses fidèles découle et dépend de lui en quelque manière. Presbyterorum Ordinis § 5 chaque fois qu’ils célèbrent un de ces sacrements – comme l’attestait déjà, aux premiers temps de l’Église, saint Ignace d’Antioche – les prêtres sont, de diverses manières, hiérarchiquement en union avec l’évêque, assurant ainsi en quelque sorte sa présence dans chacune des communautés chrétiennes . La charge de paître et gouverner Christus Dominus § 16 Dans l’exercice de leur charge de père et de pasteur, que les évêques soient au milieu de leur peuple comme ceux qui servent , de bons pasteurs connaissant leurs brebis et que leurs brebis connaissent, de vrais pères qui s’imposent par leur esprit d’amour et de dévouement envers tous et dont l’autorité reçue d’en haut rencontre une adhésion unanime et reconnaissante. Lumen Gentium § 27 Chargés des Églises particulières qui leur sont confiées, les évêques les dirigent comme vicaires et légats du Christ, par leurs conseils, leurs encouragements, leurs exemples, mais aussi par leur autorité et par l’exercice du pouvoir sacré, dont l’usage cependant ne leur appartient qu’en vue de l’édification en vérité et en sainteté de leur troupeau, se souvenant que celui qui est le plus grand doit se faire le plus petit, et celui qui commande, le serviteur (cf. Lc 22, 26-27). Evêques et prêtres Optatam Totius § 9 Les séminaristes doivent être pénétrés du mystère de l’Église, mis spécialement en lumière par ce Concile, de telle manière qu’ils soient liés par un amour humble et filial au vicaire du Christ, et que, devenus prêtres, ils adhèrent à leur évêque comme de fidèles coopérateurs et travaillent en commun avec leur frères, donnant ainsi le témoignage de cette unité qui attire les hommes au Christ . (…) Ils devront comprendre clairement qu’ils ne sont pas destinés à la domination ni aux honneurs, mais qu’ils appartiennent tout entiers au service de Dieu et au ministère pastoral. On cultivera en eux avec un soin particulier l’obéissance sacerdotale, le goût d’une vie pauvre, l’esprit d’abnégation si bien qu’ils seront habitués à renoncer rapidement même aux choses permises mais non opportunes, et à se conformer au Christ crucifié. Presbyterorum Ordinis § 5 chaque fois qu’ils célèbrent un de ces sacrements – comme l’attestait déjà, aux premiers temps de l’Église, saint Ignace d’Antioche – les prêtres sont, de diverses manières, hiérarchiquement en union avec l’évêque, assurant ainsi en quelque sorte sa présence dans chacune des communautés chrétiennes. Lumen Gentium § 28 Coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal dont ils sont l’aide et l’instrument, appelés à servir le Peuple de Dieu, les prêtres constituent, avec leur évêque, un seul presbyterium aux fonctions diverses. En chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles, ils rendent d’une certaine façon présent l’évêque auquel ils sont associés d’un cœur confiant et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa sollicitude (…) Les prêtres doivent reconnaître en lui leur père et lui obéir respectueusement. L’évêque, lui, doit considérer les prêtres, ses coopérateurs, comme des fils et des amis, tout comme le Christ appelle ses disciples non plus serviteurs, mais amis (cf. Jn 15, 15). Lumen Gentium § 41 Que tous les prêtres et ceux-là spécialement qui, au titre particulier de leur ordination, portent le nom de prêtres diocésains, se souviennent de ce que leur sainteté peut gagner à leur union fidèle et à leur généreuse coopération avec leur évêque. Christus Dominus § 16 Que les évêques entourent les prêtres d’une charité particulière, puisque ceux-ci assument pour une part leurs charges et leurs soucis et qu’ils s’y consacrent chaque jour avec tant de zèle (….) Les évêques doivent se soucier de la situation spirituelle, intellectuelle et matérielle de leurs prêtres pour qu’ils aient les moyens de mener une vie sainte et pieuse et d’accomplir fidèlement et avec fruit leur ministère. Christus Dominus § 28 Tous les prêtres, tant diocésains que religieux, participent avec l’évêque à l’unique sacerdoce du Christ et l’exercent avec lui ; aussi sont-ils établis les coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal. Dans le soin des âmes, les prêtres diocésains ont le premier rôle, (…) aussi forment-ils un seul presbyterium et une seule famille, dont l’évêque est le père. (…) Les relations entre l’évêque et les prêtres diocésains doivent être fondées en premier lieu sur les liens d’une charité surnaturelle: ainsi l’accord de la volonté des prêtres avec celle de l’évêque rendra plus fructueuse leur action pastorale. Que l’évêque veuille donc, pour promouvoir toujours davantage le service pastoral, appeler ses prêtres à un dialogue avec lui, et aussi en commun avec d’autres. En outre, que tous les prêtres diocésains soient unis entre eux et qu’ils soient poussés par le souci du bien spirituel de tout le diocèse. Clercs et laïcs Sacrosanctum Concilium § 114 les évêques et les autres pasteurs d’âmes veilleront avec zèle à ce que, dans n’importe quelle action sacrée qui doit s’accomplir avec chant, toute l’assemblée des fidèles puisse assurer la participation active qui lui revient en propre. Lumen Gentium § 32 la différence même que le Seigneur a mise entre les ministres sacrés et le reste du Peuple de Dieu comporte en soi union, étant donné que les pasteurs et les autres fidèles se trouvent liés les uns aux autres par une communauté de rapports, les pasteurs de l’Église qui suivent l’exemple du Seigneur étant au service les uns des autres et au service des autres fidèles, lesquels apportent de leur côté aux pasteurs et aux docteurs le concours joyeux de leur aide. (…) Saint Augustin dit à ce sujet ces très belles paroles: «D’être là pour vous me remplit de terreur; mais d’être là avec vous me rassure. Car pour vous, je suis évêque; avec vous je suis chrétien. Cela exprime un devoir, ceci est une grâce; cela évoque un péril, ceci est le salut .» Lumen Gentium § 33 L’apostolat des laïcs est une participation à la mission salutaire elle-même de l’Église: à cet apostolat, tous sont destinés par le Seigneur luimême en vertu du baptême et de la confirmation. (…) En plus de cet apostolat, qui concerne tous les fidèles, les laïcs peuvent en outre, de diverses manières, être appelés à coopérer plus immédiatement avec l’apostolat de la hiérarchie , à la façon de ces hommes et de ces femmes qui étaient des auxiliaires de l’apôtre Paul dans l’Évangile, et, dans le Seigneur, dépensaient un grand labeur. Apostolicam Actuositatem § 25 Les évêques, les curés, et les autres prêtres du clergé séculier et du clergé régulier se souviendront que le droit et le devoir d’exercer l’apostolat sont communs à tous les fidèles, clercs ou laïcs, et que dans l’édification de l’Église les laïcs ont aussi un rôle propre à jouer . C’est pourquoi ils travailleront fraternellement avec les laïcs dans l’Église et pour l’Église et prendront spécialement à cœur le soutien des laïcs dans leurs œuvres d’apostolat . Lumen Gentium § 37 Les laïcs, comme tous les fidèles, doivent embrasser, dans la promptitude de l’obéissance chrétienne, ce que les pasteurs sacrés représentant le Christ décident au nom de leur magistère et de leur autorité dans l’Église; en cela, c’est l’exemple du Christ qu’ils suivent, lui qui, en obéissant jusqu’à la mort, a ouvert aux hommes la voie bienheureuse de la liberté des fils de Dieu. (…) Les pasteurs, de leur côté, doivent reconnaître et promouvoir la dignité et la responsabilité des laïcs dans l’Église; ayant volontiers recours à la prudence de leurs conseils, leur remettant avec confiance des charges au service de l’Église, leur laissant la liberté et la marge d’action, stimulant même leur courage pour entreprendre de leur propre mouvement. 1 Historique. - - Christianisme urbain : l’évêque préside eucharistie et baptêmes question médiévale : différence de juridiction ? parce que rien de plus que célébrer l’eucharistie o Mais Somme Contre les Gentils, L.IV, chap. 76 : Puisque la collation de tous les ordres dont nous venons de parler est assurée par un sacrement et que, d'autre part, l'administration des sacrements de l'Eglise est confiée à des ministres, l'existence d'un pouvoir supérieur, qui soit le fait d'un ministère plus élevé et qui pourvoie à l'administration du sacrement de l'Ordre, est nécessaire dans l'Eglise. C'est le pouvoir épiscopal. Bien qu'il n'excède pas le pouvoir du prêtre en ce qui a trait à la consécration du corps du Christ, il le dépasse cependant en ce qui intéresse les fidèles. Le pouvoir sacerdotal en effet dérive lui-même du pouvoir épiscopal… o IIa-IIae, q.184, a.6, ad 1 : “Lorsqu'on parle de prêtre (presbyterus) et d'évêque (episcopus), on peut se placer à deux points de vue différents. Au point de vue du nom : il est exact que jadis on ne distinguait pas entre prêtre et évêque. L'évêque est un 'surintendant', explique S. Augustin. Le prêtre est un 'ancien'… Mais au point de vue de la réalité ils ont toujours été distincts, même au temps des Apôtres, comme on le voit chez Denys… Dans la suite, pour éviter le péril de schisme, il devint nécessaire de distinguer même les noms, les plus grands étant qualifiés d'évêques, et les moindres de prêtres. Prétendre que les prêtres ne diffèrent pas des évêques, c'est une erreur que S. Augustin range parmi les dogmes hérétiques lorsqu'il rapporte que les ariens se refusaient à mettre aucune différence entre prêtre et évêque.” (De Haeres. § 53, PL 42,40) plénitude du sacrement de l’ordre : redécouverte des sources Christus Dominus 10. Les membres et les officiers des dicastères On forme également le vœu que, parmi les membres des dicastères, soient admis aussi quelques évêques, surtout diocésains, qui puissent présenter au Souverain Pontife, des rapports plus complets sur la mentalité, les désirs et les besoins de toutes les Églises. Pourquoi il y a des évêques. Dei Verbum 7. Les Apôtres et leurs successeurs, hérauts de l’Évangile Cette Révélation donnée pour le salut de toutes les nations, Dieu, avec la même bienveillance, a pris des dispositions pour qu’elle demeure toujours en son intégrité et qu’elle soit transmise à toutes les générations. (…) Mais pour que l’Évangile fût toujours gardé intact et vivant dans l’Église, les Apôtres laissèrent pour successeurs des évêques, auxquels ils «remirent leur propre fonction d’enseignement ». Christus Dominus 2. Les évêques, eux aussi, établis par le Saint-Esprit, succèdent aux Apôtres, comme pasteurs des âmes : ils ont été envoyés pour assurer, en union avec le Souverain Pontife et sous son autorité, la pérennité de l’œuvre du Christ, Pasteur éternel… 2 Lumen Gentium 20. Les évêques, successeurs des Apôtres La mission divine confiée par le Christ aux Apôtres est destinée à durer jusqu’à la fin des siècles (cf. Mt 28, 20), étant donné que l’Évangile qu’ils doivent transmettre est pour l’Église principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C’est pourquoi les Apôtres prirent soin d’instituer, dans cette société hiérarchiquement ordonnée, des successeurs. (…) Ainsi donc, les évêques ont reçu, pour l’exercer avec l’aide des prêtres et des diacres, le ministère de la communauté . Ils président à la place de Dieu le troupeau , dont ils sont les pasteurs, par le magistère doctrinal, le sacerdoce du culte sacré, le ministère du gouvernement . De même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre, le premier des Apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs, constitue une charge permanente, permanente est également la charge confiée aux Apôtres d’être les pasteurs de l’Église, charge à exercer sans interruption par l’ordre sacré des évêques . C’est pourquoi le saint Concile enseigne que les évêques, en vertu de l’institution divine, succèdent aux Apôtres , comme pasteurs de l’Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ (cf. Lc 10, 16) . Division territoriale de l’Eglise. Christus Dominus 11. Notions du diocèse et rôle des évêques dans leur diocèse Un diocèse est une portion du Peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu’avec l’aide de son presbyterium, il en soit le pasteur : ainsi le diocèse, lié à son pasteur et par lui rassemblé dans le Saint-Esprit grâce à l’Évangile et à l’Eucharistie, constitue une Église particulière en laquelle est vraiment présente et agissante l’Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique. Sacrosanctum Concilium 42. La vie liturgique de la paroisse Comme l’évêque dans son Église ne peut présider en personne à tout son troupeau, ni toujours ni partout, il doit nécessairement constituer des assemblées de fidèles, parmi lesquelles les plus importantes sont les paroisses, organisées localement sous un pasteur qui tient la place de l’évêque; car, d’une certaine manière, elles représentent l’Église visible établie dans l’univers. Plénitude du sacrement de l’ordre. Christus Dominus 15. La mission de sanctifier qu’ont les évêques Les évêques jouissent, en effet, de la plénitude du sacrement de l’ordre ; c’est d’eux que, dans l’exercice de leur pouvoir, dépendent et les prêtres et les diacres : les premiers ont été, eux aussi, consacrés véritables prêtres du Nouveau Testament pour être des collaborateurs avisés de l’ordre épiscopal ; les seconds, ordonnés en vue du ministère, servent le Peuple de Dieu en communion avec l’évêque et son presbyterium. C’est pourquoi les évêques sont les principaux dispensateurs des mystères de Dieu, comme ils sont les organisateurs, les promoteurs et les gardiens de toute la vie liturgique dans l’Église qui leur est confiée . 3 Lumen Gentium 21. La sacramentalité de l’épiscopat Pour remplir de si hautes charges, les Apôtres furent enrichis par le Christ d’une effusion de l’Esprit Saint descendant sur eux (cf. Ac 1, 8; 2, 4; Jn 20, 22-23); eux-mêmes, par l’imposition des mains, transmirent à leurs collaborateurs le don spirituel (cf. 1 Tm 4, 14; 2 Tm 1, 6-7) qui s’est communiqué jusqu’à nous à travers la consécration épiscopale. Le saint Concile enseigne que, par la consécration épiscopale , est conférée la plénitude du sacrement de l’Ordre, que la coutume liturgique de l’Église et la voix des saints Pères désignent en effet sous le nom de sacerdoce suprême, la réalité totale du ministère sacré . La consécration épiscopale, en même temps que la charge de sanctification, confère aussi les charges d’enseigner et de gouverner, lesquelles cependant, de par leur nature, ne peuvent s’exercer que dans la communion hiérarchique avec le chef du collège et ses membres. En effet, la Tradition qui s’exprime surtout par les rites liturgiques et par l’usage de l’Église, tant orientale qu’occidentale, montre à l’évidence que par l’imposition des mains et les paroles de la consécration, la grâce de l’Esprit Saint est donnée et le caractère sacré imprimé , de telle sorte que les évêques, d’une façon éminente et patente, tiennent la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et agissent en sa personne . Aux évêques, il revient d’introduire, par le sacrement de l’Ordre, de nouveaux élus dans le corps épiscopal. Fonctions. 1. Enseigner Lumen Gentium 25. La fonction d’enseignement des évêques Parmi les charges principales des évêques, la prédication de l’Évangile est la première . Les évêques sont, en effet, les hérauts de la foi, amenant au Christ de nouveaux disciples, et les docteurs authentiques, c’est-à-dire pourvus de l’autorité du Christ, (…) Les évêques qui enseignent en communion avec le Pontife romain ont droit, de la part de tous, au respect qui convient à des témoins de la vérité divine et catholique; les fidèles doivent s’attacher à la pensée que leurs évêques expriment, au nom du Christ, en matière de foi et de mœurs, et ils doivent lui donner l’assentiment religieux de leur esprit. Cet assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence est dû, à un titre singulier, au Souverain Pontife en son magistère authentique, même lorsqu’il ne parle pas ex cathedra, ce qui implique la reconnaissance respectueuse de son suprême magistère, et l’adhésion sincère à ses affirmations, en conformité à ce qu’il manifeste de sa pensée et de sa volonté et que l’on peut déduire en particulier du caractère des documents, ou de l’insistance à proposer une certaine doctrine, ou de la manière même de s’exprimer. Christus Dominus 12. La charge d’enseignement Dans l’exercice de leur charge d’enseigner, que les évêques annoncent aux hommes l’Évangile du Christ, – cette charge l’emporte sur les autres, si importantes soient-elles – et, dans la force de l’Esprit, qu’ils les appellent à la foi ou les confirment dans la foi vivante ; qu’ils leur proposent le mystère intégral du Christ, c’est-à-dire ces vérités qu’on ne peut ignorer sans ignorer le Christ lui-même, et qu’ils leur montrent de même la voie divinement révélée pour rendre gloire à Dieu et par là même obtenir le bonheur éternel . 4 Presbyterorum Ordinis 4. Les prêtres, ministres de la Parole de Dieu les prêtres, comme coopérateurs des évêques, ont pour premier devoir d’annoncer l’Évangile à tous les hommes ; ils exécutent ainsi l’ordre du Seigneur : «Allez par le monde entier, prêchez l’Évangile à toute la création» (Mc 16, 15) , et ainsi ils constituent et font grandir le Peuple de Dieu. 2.Sanctifier Lumen Gentium 26. La fonction de sanctification des évêques L’évêque, revêtu de la plénitude du sacrement de l’Ordre, porte «la responsabilité de dispenser la grâce du suprême sacerdoce », en particulier dans l’Eucharistie qu’il offre luimême ou dont il assure l’oblation , et d’où vient à l’Église continuellement vie et croissance. Cette Église du Christ est vraiment présente en toutes les légitimes assemblées locales de fidèles qui, unies à leurs pasteurs, reçoivent, dans le Nouveau Testament, eux aussi, le nom d’Églises . (…) Chaque fois que la communauté de l’autel se réalise, en dépendance du ministère sacré de l’évêque , se manifeste le symbole de cette charité et «de cette unité du Corps mystique sans laquelle le salut n’est pas possible ». Dans ces communautés, si petites et pauvres qu’elles puissent être souvent ou dispersées, le Christ est présent par la vertu duquel se constitue l’Église une, sainte, catholique et apostolique . Car «la participation au Corps et au Sang du Christ n’a pas d’autre effet que de nous transformer en ce que nous recevons ». Sacrosanctum Concilium 41. La vie liturgique du diocèse L’évêque doit être considéré comme le grand prêtre de son troupeau; la vie chrétienne de ses fidèles découle et dépend de lui en quelque manière. Presbyterorum Ordinis 5. Les prêtres, ministres des sacrements et de l’Eucharistie chaque fois qu’ils célèbrent un de ces sacrements – comme l’attestait déjà, aux premiers temps de l’Église, saint Ignace d’Antioche – les prêtres sont, de diverses manières, hiérarchiquement en union avec l’évêque, assurant ainsi en quelque sorte sa présence dans chacune des communautés chrétiennes . 3.Gouverner Christus Dominus 16. La charge qui incombe aux évêques de gouverner et de paître Dans l’exercice de leur charge de père et de pasteur, que les évêques soient au milieu de leur peuple comme ceux qui servent , de bons pasteurs connaissant leurs brebis et que leurs brebis connaissent, de vrais pères qui s’imposent par leur esprit d’amour et de dévouement envers tous et dont l’autorité reçue d’en haut rencontre une adhésion unanime et reconnaissante. 5 Lumen Gentium 27. La fonction de gouvernement des évêques Chargés des Églises particulières qui leur sont confiées, les évêques les dirigent comme vicaires et légats du Christ, par leurs conseils, leurs encouragements, leurs exemples, mais aussi par leur autorité et par l’exercice du pouvoir sacré, dont l’usage cependant ne leur appartient qu’en vue de l’édification en vérité et en sainteté de leur troupeau, se souvenant que celui qui est le plus grand doit se faire le plus petit, et celui qui commande, le serviteur (cf. Lc 22, 26-27). Ce pouvoir qu’ils exercent personnellement au nom du Christ est un pouvoir propre, ordinaire et immédiat: il est soumis cependant dans son exercice à la régulation dernière qui lui vient de l’autorité suprême de l’Église et, en considération de l’utilité de l’Église ou des fidèles, il peut être, par cette autorité, resserré en certaines limites. En vertu de ce pouvoir, les évêques ont le droit sacré, et devant Dieu le devoir, de porter des lois obligatoires pour leurs sujets, de rendre les jugements et de régler tout ce qui concerne l’ordre du culte et de l’apostolat. La charge pastorale, c’est-à-dire le soin habituel et quotidien de leurs brebis, leur est pleinement remise; on ne doit pas les considérer comme les vicaires des Pontifes romains, car ils exercent un pouvoir qui leur est propre et, en toute vérité, sont, pour les peuples qu’ils dirigent, des chefs . Ainsi, leur pouvoir n’est nullement effacé par le pouvoir suprême et universel; au contraire, il est affermi, renforcé et défendu par lui , la forme établie par le Christ Seigneur pour le gouvernement de son Église étant indéfectiblement assurée par l’Esprit Saint. Evêques et prêtres. Optatam Totius 9. Les séminaristes doivent être pénétrés du mystère de l’Église, mis spécialement en lumière par ce Concile, de telle manière qu’ils soient liés par un amour humble et filial au vicaire du Christ, et que, devenus prêtres, ils adhèrent à leur évêque comme de fidèles coopérateurs et travaillent en commun avec leur frères, donnant ainsi le témoignage de cette unité qui attire les hommes au Christ . (…) Ils devront comprendre clairement qu’ils ne sont pas destinés à la domination ni aux honneurs, mais qu’ils appartiennent tout entiers au service de Dieu et au ministère pastoral. On cultivera en eux avec un soin particulier l’obéissance sacerdotale, le goût d’une vie pauvre, l’esprit d’abnégation si bien qu’ils seront habitués à renoncer rapidement même aux choses permises mais non opportunes, et à se conformer au Christ crucifié. Presbyterorum Ordinis 5. Les prêtres, ministres des sacrements et de l’Eucharistie chaque fois qu’ils célèbrent un de ces sacrements – comme l’attestait déjà, aux premiers temps de l’Église, saint Ignace d’Antioche – les prêtres sont, de diverses manières, hiérarchiquement en union avec l’évêque, assurant ainsi en quelque sorte sa présence dans chacune des communautés chrétiennes . 6 Lumen Gentium 28. Les prêtres dans leur relation au Christ, aux évêques, au presbyterium et au peuple chrétien Coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal dont ils sont l’aide et l’instrument, appelés à servir le Peuple de Dieu, les prêtres constituent, avec leur évêque, un seul presbyterium aux fonctions diverses. En chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles, ils rendent d’une certaine façon présent l’évêque auquel ils sont associés d’un cœur confiant et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa sollicitude, (…) Les prêtres doivent reconnaître en lui leur père et lui obéir respectueusement. L’évêque, lui, doit considérer les prêtres, ses coopérateurs, comme des fils et des amis, tout comme le Christ appelle ses disciples non plus serviteurs, mais amis (cf. Jn 15, 15). Lumen Gentium 41. Les formes multiples d’exercice de l’unique sainteté Que tous les prêtres et ceux-là spécialement qui, au titre particulier de leur ordination, portent le nom de prêtres diocésains, se souviennent de ce que leur sainteté peut gagner à leur union fidèle et à leur généreuse coopération avec leur évêque. Christus Dominus 16. La charge qui incombe aux évêques de gouverner et de paître Que les évêques entourent les prêtres d’une charité particulière, puisque ceux-ci assument pour une part leurs charges et leurs soucis et qu’ils s’y consacrent chaque jour avec tant de zèle (….) Les évêques doivent se soucier de la situation spirituelle, intellectuelle et matérielle de leurs prêtres pour qu’ils aient les moyens de mener une vie sainte et pieuse et d’accomplir fidèlement et avec fruit leur ministère. Christus Dominus 28. Les prêtres diocésains Tous les prêtres, tant diocésains que religieux, participent avec l’évêque à l’unique sacerdoce du Christ et l’exercent avec lui ; aussi sont-ils établis les coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal. Dans le soin des âmes, les prêtres diocésains ont le premier rôle, (…) aussi forment-ils un seul presbyterium et une seule famille, dont l’évêque est le père. (…) Les relations entre l’évêque et les prêtres diocésains doivent être fondées en premier lieu sur les liens d’une charité surnaturelle : ainsi l’accord de la volonté des prêtres avec celle de l’évêque rendra plus fructueuse leur action pastorale. Que l’évêque veuille donc, pour promouvoir toujours davantage le service pastoral, appeler ses prêtres à un dialogue avec lui, et aussi en commun avec d’autres. En outre, que tous les prêtres diocésains soient unis entre eux et qu’ils soient poussés par le souci du bien spirituel de tout le diocèse. Christus Dominus d’apostolat 34. Les religieux coopérateurs de l’évêque dans les œuvres Les religieux prêtres, consacrés pour le service presbytéral, afin d’être eux aussi les collaborateurs avisés de l’ordre épiscopal, peuvent aujourd’hui être pour les évêques d’un plus grand secours encore, du fait des besoins croissants des âmes. Aussi faut-il dire qu’à un certain titre, ils appartiennent vraiment au clergé du diocèse, en tant qu’ils participent au soin des âmes et aux œuvres d’apostolat sous l’autorité des évêques. 7 Clercs et laïcs. Sacrosanctum Concilium 114. les évêques et les autres pasteurs d’âmes veilleront avec zèle à ce que, dans n’importe quelle action sacrée qui doit s’accomplir avec chant, toute l’assemblée des fidèles puisse assurer la participation active qui lui revient en propre. Lumen Gentium 32. La dignité des laïcs comme membres du Peuple de Dieu la différence même que le Seigneur a mise entre les ministres sacrés et le reste du Peuple de Dieu comporte en soi union, étant donné que les pasteurs et les autres fidèles se trouvent liés les uns aux autres par une communauté de rapports, les pasteurs de l’Église qui suivent l’exemple du Seigneur étant au service les uns des autres et au service des autres fidèles, lesquels apportent de leur côté aux pasteurs et aux docteurs le concours joyeux de leur aide. (…) Saint Augustin dit à ce sujet ces très belles paroles: «D’être là pour vous me remplit de terreur; mais d’être là avec vous me rassure. Car pour vous, je suis évêque; avec vous je suis chrétien. Cela exprime un devoir, ceci est une grâce; cela évoque un péril, ceci est le salut .» Lumen Gentium 33. La vie salutaire et apostolique des laïcs L’apostolat des laïcs est une participation à la mission salutaire elle-même de l’Église: à cet apostolat, tous sont destinés par le Seigneur lui-même en vertu du baptême et de la confirmation. Les sacrements, surtout la sainte Eucharistie, communiquent et entretiennent cette charité envers Dieu et les hommes, qui est l’âme de tout l’apostolat. Les laïcs sont appelés tout spécialement à assurer la présence et l’action de l’Église dans les lieux et les circonstances où elle ne peut devenir autrement que par eux le sel de la terre . Ainsi, tout laïc, en vertu des dons qui lui ont été faits, constitue un témoin et en même temps un instrument vivant de la mission de l’Église elle-même, «à la mesure du don du Christ» (Ep4, 7). En plus de cet apostolat, qui concerne tous les fidèles, les laïcs peuvent en outre, de diverses manières, être appelés à coopérer plus immédiatement avec l’apostolat de la hiérarchie , à la façon de ces hommes et de ces femmes qui étaient des auxiliaires de l’apôtre Paul dans l’Évangile, et, dans le Seigneur, dépensaient un grand labeur (cf. Ph 4, 3; Rm 16, 3 s.). En outre, ils ont en eux une aptitude à être assumés par la hiérarchie en vue de certaines fonctions ecclésiastiques à but spirituel. Apostolicam Actuositatem 25. Aide à apporter par le clergé à l’apostolat des laïcs Les évêques, les curés, et les autres prêtres du clergé séculier et du clergé régulier se souviendront que le droit et le devoir d’exercer l’apostolat sont communs à tous les fidèles, clercs ou laïcs, et que dans l’édification de l’Église les laïcs ont aussi un rôle propre à jouer . C’est pourquoi ils travailleront fraternellement avec les laïcs dans l’Église et pour l’Église et prendront spécialement à cœur le soutien des laïcs dans leurs œuvres d’apostolat . Lumen Gentium 37. Relation des laïcs avec la hiérarchie Les laïcs, comme tous les fidèles, doivent embrasser, dans la promptitude de l’obéissance chrétienne, ce que les pasteurs sacrés représentant le Christ décident au nom 8 de leur magistère et de leur autorité dans l’Église; en cela, c’est l’exemple du Christ qu’ils suivent, lui qui, en obéissant jusqu’à la mort, a ouvert aux hommes la voie bienheureuse de la liberté des fils de Dieu. Qu’ils ne manquent pas de recommander à Dieu, dans la prière, leurs chefs qui veillent sur nos âmes comme devant en rendre compte, afin qu’ils puissent le faire avec joie et non en gémissant (cf. He 13, 17). Les pasteurs, de leur côté, doivent reconnaître et promouvoir la dignité et la responsabilité des laïcs dans l’Église; ayant volontiers recours à la prudence de leurs conseils, leur remettant avec confiance des charges au service de l’Église, leur laissant la liberté et la marge d’action, stimulant même leur courage pour entreprendre de leur propre mouvement. Qu’ils accordent avec un amour paternel attention et considération dans le Christ aux essais, vœux et désirs proposés par les laïcs , qu’ils respectent et reconnaissent la juste liberté qui appartient à tous dans la cité terrestre. Le disciple missionnaire : appel, envoi et mission 1. Introduction La locution « disciple missionnaire » apparaît lors du synode sur la nouvelle évangélisation en 2012. Elle est reprise et développée dans l’exhortation postsynodale la joie de l’Evangile en 2013. Elle est depuis beaucoup citée sans être très expliquée. On peut relever que l’expression structure la nouvelle ratio fundamentalis sur la formation des futurs prêtres qui vient de sortir. Cette ratio, destinée à organiser la formation des futurs prêtres mais qu’on peut analogiquement étendre à la formation des agents pastoraux laïcs et des diacres permanents, divise le temps de formation en quatre étapes : l’étape du discernement, l’étape de la formation du disciple, l’étape de la formation du missionnaire, et l’entrée en ministère du disciple missionnaire. 2. Le contexte du ministère du disciple missionnaire : la pastorale en conversion « La condition de disciple missionnaire est vocation : appel et invitation (…). Il n’existe pas de condition de disciple missionnaire statique. Le disciple missionnaire ne peut pas se posséder lui-même, son immanence est en tension vers la transcendance de la condition de disciple et vers la transcendance de la mission. (…) Sujet qui se dépasse, le disciple missionnaire est projeté vers la rencontre : la rencontre avec le Maître (qui nous fait disciples) et la rencontre avec les hommes qui attendent l’annonce » (discours, 28 juillet 2013). a. Le pape écrit que la conversion de la pastorale est un vrai défi, parce que l’Eglise a résolument pris l’option d’une nouvelle évangélisation orientée vers trois domaines : a. La pastorale ordinaire b. La pastorale des mal-croyants c. La pastorale des incroyants b. Cette conversion est nécessaire : l’Eglise ne peut pas se contenter en matière de pastorale et d’évangélisation d’une « simple administration ». c. Cette conversion de la pastorale passe par une décision personnelle de chacun des baptisés à rencontrer Jésus-Christ qui a. Nous délivre de l’auto-référence (8) b. Qui nous conduit au-delà de nous-mêmes c. Qui nous replonge dans la joie d’être aimés (6) d. Cette conversion de la pastorale ne consiste pas en une réinvention du mystère de l’Eglise : il s’agit au contraire d’un approfondissement : l’Eglise est appelée à approfondir la conscience qu’elle a d’elle-même et à devenir ici et maintenant l’Eglise que le Christ aime et veut : sainte et immaculée. Il est donc indispensable que l’Eglise repense sa présence au monde à partir de son essence et non de ses structures (EG 26). e. Le renouvellement de la pastorale exige que l’intégralité du message de l’Evangile soit annoncée, ou que chaque annonce particulière de l’Evangile fasse apparaître la cohérence de la Révélation. Une particularisation de l’Evangile trop dépendantes de contextes particuliers empêche la visibilité de cette cohérence et la possible multiplicité des réponses de la part des fidèles. (EG 39) f. Si nous nous référons à la première annonce de la foi telle qu’elle est décrite dans les Actes des Apôtres (2, 14-41) nous reconnaissons les qualités suivantes : a. Une parole d’homme rempli de l’Esprit b. Une parole de l’Eglise c. Une annonce de l’action de l’Esprit dans le monde d. Une annonce de la personne du Christ e. Une prédication fondée sur la Parole de Dieu f. Une annonce qui devient une rencontre de l’autre g. Un message qui suscite le dialogue h. Un message qui provoque des questions existentielles Ces quelques points nous donnent de considérer les trois moments qui structurent le ministère du disciple missionnaire : l’appel, l’envoi et la mission. 3. L’appel Il y a trois devoirs, affirme le Pape François (homélie du 9 janvier 2017), «pour s’assurer que Jésus est au centre de notre vie» : le premier devoir, c’est de connaître Jésus pour le reconnaître. À son époque, beaucoup de gens ne l’ont pas reconnu : «les docteurs de la loi, les prêtres, les scribes, les sadducéens, certains pharisiens». Au contraire, «ils l’ont persécuté, ils l’ont tué». Il faut se demander : «Est-ce que ça m’intéresse de connaître Jésus ? Ou peut-être est-ce que je m’intéresse plus aux séries, aux bavardages, aux ambitions, à la vie des autres ?». «Pour connaître Jésus, il y a la prière, l’Esprit Saint», mais il y a aussi l’Évangile, qui est à apporter toujours avec soi pour en lire un passage tous les jours : «C’est l’unique moyen de connaître Jésus». Ensuite «c’est l’Esprit Saint qui fait le travail. Ceci est le semis. C’est l’Esprit Saint qui fait germer et croître le semis.» Discours aux catéchistes 2013 : « Avant tout, repartir du Christ signifie avoir une familiarité avec Lui, avoir cette familiarité avec Jésus : à la dernière Cène, Jésus le recommande instamment aux disciples, quand il était en passe de vivre le plus grand don d’amour, le sacrifice de la Croix. Jésus utilise l’image de la vigne et des sarments et dit : demeurez dans mon amour, demeurez attachés à moi, comme le sarment est attaché à la vigne. Si nous sommes unis à Lui, nous pouvons porter du fruit, et c’est cela la familiarité avec le Christ. Demeurer en Jésus ! C’est demeurer attachés à Lui, à l’intérieur de Lui, avec Lui, parlant avec Lui : demeurer en Jésus. Pour un disciple, la première chose est de rester avec le Maître, l’écouter, apprendre de Lui. Et cela vaut toujours, c’est un cheminement qui dure toute la vie ! C’est une attitude : rester avec Lui ; et durant toute la vie ! C’est rester en présence du Seigneur, se laisser regarder par Lui. » a. Nous délivre de l’auto-référence EG 8 : C’est seulement grâce à cette rencontre – ou nouvelle rencontre – avec l’amour de Dieu, qui se convertit en heureuse amitié, que nous sommes délivrés de notre conscience isolée et de l’auto-référence. Nous parvenons à être pleinement humains quand nous sommes plus qu’humains, quand nous permettons à Dieu de nous conduire au-delà de nous-mêmes pour que nous parvenions à notre être le plus vrai. Là se trouve la source de l’action évangélisatrice. Parce que, si quelqu’un a accueilli cet amour qui lui redonne le sens de la vie, comment peut-il retenir le désir de le communiquer aux autres ? b. Qui nous conduit au-delà de nous-mêmes EG 9 : Le bien tend toujours à se communiquer. Chaque expérience authentique de vérité et de beauté cherche par elle-même son expansion, et chaque personne qui vit une profonde libération acquiert une plus grande sensibilité devant les besoins des autres. Lorsqu’on le communique, le bien s’enracine et se développe. C’est pourquoi, celui qui désire vivre avec dignité et plénitude n’a pas d’autre voie que de reconnaître l’autre et chercher son bien. Certaines expressions de saint Paul ne devraient pas alors nous étonner : « L’amour du Christ nous presse » (2 Co 5, 14) ; « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16). EG 10. Il nous est proposé de vivre à un niveau supérieur, et pas pour autant avec une intensité moindre : « La vie augmente quand elle est donnée et elle s’affaiblit dans l’isolement et l’aisance. De fait, ceux qui tirent le plus de profit de la vie sont ceux qui mettent la sécurité de côté et se passionnent pour la mission de communiquer la vie aux autres ».[4] Quand l’Église appelle à l’engagement évangélisateur, elle ne fait rien d’autre que d’indiquer aux chrétiens le vrai dynamisme de la réalisation personnelle : « Nous découvrons ainsi une autre loi profonde de la réalité : que la vie s’obtient et se mûrit dans la mesure où elle est livrée pour donner la vie aux autres. C’est cela finalement la mission ».[5] Par conséquent, un évangélisateur ne devrait pas avoir constamment une tête d’enterrement. Retrouvons et augmentons la ferveur, « la douce et réconfortante joie d’évangéliser, même lorsque c’est dans les larmes qu’il faut semer […] Que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçu en eux la joie du Christ ». c. Qui nous replonge dans la joie d’être aimés (6) EG 6 : Il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques. Cependant, je reconnais que la joie ne se vit pas de la même façon à toutes les étapes et dans toutes les circonstances de la vie, parfois très dure. Elle s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout. Je comprends les personnes qui deviennent tristes à cause des graves difficultés qu’elles doivent supporter, cependant peu à peu, il faut permettre à la joie de la foi de commencer à s’éveiller, comme une confiance secrète mais ferme, même au milieu des pires soucis : « Mon âme est exclue de la paix, j’ai oublié le bonheur ! […] Voici ce qu’à mon cœur je rappellerai pour reprendre espoir : les faveurs du Seigneur ne sont pas finies, ni ses compassions épuisées ; elles se renouvellent chaque matin, grande est sa fidélité ! […] Il est bon d’attendre en silence le salut du Seigneur » (Lm 3, 17.21-23.26). EG 7. La tentation apparaît fréquemment sous forme d’excuses et de récriminations, comme s’il devrait y avoir d’innombrables conditions pour que la joie soit possible. Ceci arrive parce que « la société technique a pu multiplier les occasions de plaisir, mais elle a bien du mal à secréter la joie ». [2] Je peux dire que les joies les plus belles et les plus spontanées que j’ai vues au cours de ma vie sont celles de personnes très pauvres qui ont peu de choses auxquelles s’accrocher. Je me souviens aussi de la joie authentique de ceux qui, même dans de grands engagements professionnels, ont su garder un cœur croyant, généreux et simple. De diverses manières, ces joies puisent à la source de l’amour toujours plus grand de Dieu qui s’est manifesté en Jésus Christ. Je ne me lasserai jamais de répéter ces paroles de Benoît XVI qui nous conduisent au cœur de l’Évangile : « À l’origine du fait d’être chrétien il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » 4. L’envoi Le deuxième devoir est d’adorer Jésus. Ne pas seulement lui demander des choses : le remercier. Le Pape a pensé aux deux façons d’adorer Jésus (homélie du 9 janvier 2017) : «la prière d’adoration en silence», et ensuite «retirer de notre cœur les autres choses que nous adorons, qui nous intéressent plus. Non, seulement Dieu. Les autres choses servent si moi je suis capable d’adorer seulement Dieu.» Discours aux catéchistes 2013 : « Deuxièmement : repartir du Christ signifie l’imiter dans le fait de sortir de soi et d’aller à la rencontre de l’autre. C’est une expérience belle et un peu paradoxale. Pourquoi ? Parce que celui qui met le Christ au centre de sa vie se décentre ! Plus tu t’unis à Jésus et Lui devient le centre de ta vie, plus Lui te fait sortir de toi-même, te décentre et t’ouvre aux autres. C’est le vrai dynamisme de l’amour, c’est le mouvement de Dieu même ! Dieu est le centre, mais il est toujours don de soi, relation, vie qui se communique… Ainsi devenons-nous, nous aussi, si nous restons unis au Christ, Lui nous fait entrer dans ce dynamisme de l’amour. Là où il y a véritable vie dans le Christ, il y a ouverture à l’autre, il y a sortie de soi pour aller à la rencontre de l’autre au nom du Christ. Et cela c’est le travail du catéchiste : sortir constamment de soi par amour pour témoigner de Jésus et parler de Jésus, prêcher Jésus. C’est important parce que le Seigneur le fait : c’est vraiment le Seigneur qui nous pousse à sortir. C’est ainsi : l’amour t’attire et t’envoie, te prend et te donne aux autres. Dans cette tension le cœur du chrétien, en particulier le cœur du catéchiste, se met en mouvement. » EG 25 : Constituons-nous dans toutes les régions de la terre en un « état permanent de mission ».[22] EG 26. Paul VI a invité à élargir l’appel au renouveau, pour exprimer avec force qu’il ne s’adressait pas seulement aux individus, mais à l’Église entière. Rappelons-nous ce texte mémorable qui n’a pas perdu sa force interpellante : « L’heure sonne pour l’Église d’approfondir la conscience qu’elle a d’elle-même, de méditer sur le mystère qui est le sien […] De cette conscience éclairée et agissante dérive un désir spontané de confronter à l’image idéale de l’Église, telle que le Christ la vit, la voulut et l’aima, comme son Épouse sainte et immaculée (cf. Ep 5,27), le visage réel que l’Église présente aujourd’hui. […] De là naît un désir généreux et comme impatient de renouvellement, c’est-à-dire de correction des défauts que cette conscience en s’examinant à la lumière du modèle que le Christ nous en a laissé, dénonce et rejette ».[23] Le Concile Vatican II a présenté la conversion ecclésiale comme l’ouverture à une réforme permanente de soi par fidélité à Jésus-Christ : « Toute rénovation de l’Église consiste essentiellement dans une fidélité plus grande à sa vocation […] L’Église au cours de son pèlerinage, est appelée par le Christ à cette réforme permanente dont elle a perpétuellement besoin en tant qu’institution humaine et terrestre ».[24] Il y a des structures ecclésiales qui peuvent arriver à favoriser un dynamisme évangélisateur ; également, les bonnes structures sont utiles quand une vie les anime, les soutient et les guide. Sans une vie nouvelle et un authentique esprit évangélique, sans “fidélité de l’Église à sa propre vocation”, toute nouvelle structure se corrompt en peu de temps. EG 27. J’imagine un choix missionnaire capable de transformer toute chose, afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation. La réforme des structures, qui exige la conversion pastorale, ne peut se comprendre qu’en ce sens : faire en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaires, que la pastorale ordinaire en toutes ses instances soit plus expansive et ouverte, qu’elle mette les agents pastoraux en constante attitude de “sortie” et favorise ainsi la réponse positive de tous ceux auxquels Jésus offre son amitié. Comme le disait Jean-Paul II aux évêques de l’Océanie, « tout renouvellement dans l’Église doit avoir pour but la mission, afin de ne pas tomber dans le risque d’une Église centrée sur elle-même ». 5. La mission Le troisième devoir est de suivre Jésus, souligne le Pape (homélie du 9 janvier 2017). Cela signifie mettre Jésus au centre de notre vie : «La vie chrétienne est simple, très simple, mais nous avons besoin de la grâce de l’Esprit Saint pour qu’il réveille en nous cette volonté de connaître Jésus, d’adorer Jésus, et de suivre Jésus». «Pour chaque jour, pour être chrétien, les choses difficiles, étranges, superflues, ne sont pas nécessaires», précise le Pape. Discours aux catéchistes 2013 : « Et le troisième élément – trois ? se situe toujours dans cette ligne : repartir du Christ signifie ne pas avoir peur d’aller avec Lui dans les périphéries. Il nous enseigne à ne pas avoir peur de sortir de nos schémas pour suivre Dieu, car Dieu va toujours au-delà. Mais savez-vous une chose ? Dieu n’a pas peur ! Savez-vous cela, vous ? Il n’a pas peur ! Il est toujours au-delà de nos schémas ! Dieu n’a pas peur des périphéries. Mais si vous allez aux périphéries, vous l’y trouverez. Dieu est toujours fidèle, il est créatif. Pour être fidèles, pour être créatifs, il faut savoir changer. Savoir changer. Et pourquoi je dois changer ? Pour m’adapter aux circonstances dans lesquelles je dois annoncer l’Évangile. Pour rester avec Dieu, il faut savoir sortir, ne pas avoir peur de sortir. Quand nous, chrétiens, nous sommes fermés sur notre groupe, sur notre mouvement, sur notre paroisse, sur notre milieu, nous restons fermés et il arrive ce qu’il arrive à tout ce qui est fermé ; quand une pièce est fermée, elle commence à sentir l’humidité. Et si une personne est dans cette pièce, elle tombe malade ! Mais attention ! Jésus ne dit pas : allez, débrouillez-vous. Non, il ne dit pas cela ! Jésus dit : Allez, je suis avec vous ! C’est cela notre beauté et notre force : si nous allons, si nous sortons porter son Évangile avec amour, avec un vrai esprit apostolique, avec vérité (parresia), Lui marche avec nous, nous précède. C’est fondamental pour nous : Dieu nous précède toujours ! Quand nous pensons aller loin, dans une extrême périphérie, et nous avons peut-être un peu peur, en réalité Lui s’y trouve déjà : Jésus nous attend dans le cœur de ce frère, dans sa chair blessée, dans sa vie opprimée, dans son âme sans foi. » 1. La figure du disciple missionnaire est la figure par laquelle l’exhortation apostolique définit tout baptisé. (EG 119-121) 2. Le disciple missionnaire prie et travaille (EG 262), et il sait le Christ avec lui (EG 266). Il a conscience qu’il ne peut pas annoncer l’Evangile sans la communion, le soutien et la présence d’une communauté de foi. Le sujet de l’évangélisation est bien plus qu’une institution organique et hiérarchique : c’est un peuple qui est en marche vers Dieu. C’est l’Eglise, communauté des disciples missionnaires (EG 24 ; 111-134 ; 268-264). 3. Son ministère d’annonce de l’Evangile s’insère dans la vie de l’Eglise comme une manifestation du don gratuit de Dieu. (EG 12) 4. Il a fait l’expérience personnelle de la miséricorde du Seigneur, qui fonde et s’identifie avec sa vocation et son ministère. (EG 239 ; 264-267) 5. Il sait offrir sa vie entière et la jouer jusqu’au martyre (EG 24), éprouver jusqu’au bout le goût de la mission (EG 81). Il est appelé à être une personne amphore pour donner à boire dans le désert spirituel (EG 86). 6. La patience est la qualité première du disciple missionnaire qui sait que les vertus existent dans l’être humain en l’état d’habitus et ne peuvent se développer qu’à la condition de faire disparaître des inclinations contraires empêchant l’exercice vertueux. De là la nécessité d’« une pédagogie qui introduise les personnes, pas à pas, à la pleine appropriation du mystère ». (EG 160 ; 171) 7. Cette patience trouve sa raison dans le fait que le disciple missionnaire sait que la situation et la vie de chaque personne est un mystère que personne ne peut sonder. Si l’on peut aider une personne à partir de la reconnaissance du caractère mauvais de son comportement, en aucune manière on n’a le droit de juger sa responsabilité et sa culpabilité. C’est pourquoi le disciple missionnaire invite toujours « à vouloir se soigner, se relever », « à sortir toujours de nouveau pour annoncer l’Evangile ». (EG 172) 8. L’accompagnement spirituel n’est pas un accompagnement de type intimiste qui vise l’autoréalisation de soi : il commence et progresse toujours dans le domaine de la mission évangélisatrice, il donne des critères à la fois pour la vie personnelle et pour l’action pastorale. (EG 173) 9. Le disciple missionnaire se laisse accompagner. C’est de son propre accompagnement qu’il apprend et connaît la patience nécessaire dans sa mission d’accompagner les autres. (EG 172) 10. Le disciple missionnaire a conscience du besoin permanent qu’il a d’être évangélisé (EG 164). La communauté des disciples missionnaires 1. Introduction a. Le synode sur la nouvelle évangélisation a mis au jour la réalité du disciple missionnaire on voulant expliquer que seul celui/celle qui était effectivement disciple de Jésus Christ pouvait prétendre être missionnaire ou autrement dit que c’est un étant des disciples bien vivants que les chrétiens sont missionnaires. Tentons de dresser un portrait du disciple missionnaire et du contexte de son action. b. Les caractéristiques retenues sont les suivantes : i. Le contexte de la réflexion du pape sur le disciple missionnaire est une Eglise en sortie, à la rencontre des périphéries ; ii. un autre élément du contexte est la conversion de la pastorale à laquelle l’exhortation appelle l’Eglise. iii. Au cœur de ce défi de la pastorale en conversion œuvre la communauté des disciples missionnaires. L’œuvre du disciple missionnaire n’a aucune consistance si ce dernier agit seul. C’est l’Eglise qui est le sujet de l’évangélisation, et non pas des électrons libres dans l’Eglise. iv. Cette communauté ecclésiale de disciples missionnaires qui œuvre la conversion de la pastorale est soumise à des tentations récurrentes que nous avons à identifier dans notre existence et notre ministère concret. v. Qui dit communauté dit partage de vie et collaboration : cela ne va pas sans tensions. Le pape énumère quatre principes qui permettent de dépasser les tensions et nourrir une culture de la rencontre. 2. Le Christ et les périphéries a. Précisons quelques notions de base sur lesquelles se fonde le pape François dans son exhortation apostolique. b. Les périphéries : on peut repérer dans les propos du pape différents sens qui définissent la périphérie : i. La périphérie n’est pas un espace qu’il faut investir (on verra au cours de cette session combien le pape nous invite à renoncer à l’évangélisation de l’espace pour nous inciter à évangéliser le temps, à engager des processus d’évangélisation dans le temps). ii. La périphérie est la réalité humaine marquée par la misère, la souffrance, le péché. iii. La périphérie c’est la société qui s’organise dans le refus de toute référence à un ailleurs qu’elle-même. iv. La périphérie c’est l’humanité qui ne connaît pas Dieu, l’humanité qui s’organise sans Dieu : « Dans une périphérie, ce qui me faisait beaucoup de mal, c’était de trouver dans les familles de classe moyenne des enfants qui ne savaient pas faire le signe de croix. Mais cela est une périphérie ! Et moi je vous demande : ici, dans ce diocèse, y-t-il des enfants qui ne savent pas faire le signe de croix ? Pensez-y. C’est cela les vraies périphéries existentielles, là où Dieu est absent » (discours 4 octobre 2013). v. La périphérie peut aussi être l’Eglise lorsqu’elle se réduit à un fonctionnement : « le triste pragmatisme de la vie quotidienne de l’Eglise, dans lequel apparemment tout arrive normalement, alors qu’en réalité la foi s’affaiblit et dégénère dans la mesquinerie » (Benoît 16, EG 83). c. Le centre : qui dit périphérie dit centre. Le centre, ce n’est pas l’Eglise. Et c’est peut-être pour nous la grande difficulté : lorsque, dans notre ministère, nous pensons « périphérie », nous envisageons inconsciemment cette périphérie comme si nous étions au centre. Or nous ne sommes pas le centre. i. Le centre c’est le Christ : « Le centre est Jésus Christ qui convoque et envoie. Le disciple est envoyé aux périphéries existentielles » (discours 28 juillet 2013). ii. L’Eglise militante n’est pas au centre. « L’Eglise est une institution, mais quand elle s’érige en centre, elle tombe dans le fonctionnalisme et, peu à peu, elle se transforme en une ONG. L’Eglise prétend alors avoir sa propre lumière et cesse d’être ce mysterium lunae dont nous parlent les saints Pères. Elle devient de plus en plus autoréférentielle et sa nécessité d’être missionnaire s’affaiblit » (Discours 28 juillet 2013). Si elle pense être au centre elle ne parvient pas à accomplir sa mission parce qu’elle est « autoréférentielle ». C’est un mot qui revient très souvent dans les propos du pape : « L’Eglise est apparue peut-être trop autoréférentielle » et donc incapable d’apporter des réponses aux hommes ; l’Eglise en mission « n’admet pas l’auto-référentialité ». iii. L’Eglise est autoréférentielle lorsqu’elle se réfère à ellemême. Si l’Eglise est en mission, elle se réfère à Jésus Christ qui est le centre et au peuple auquel elle doit annoncer l’Evangile. L’Eglise est un sujet qui se dépasse et qui est projeté vers la rencontre : la rencontre avec le Maître et la rencontre avec les hommes. iv. L’Eglise est vivante lorsqu’elle est capable de vivre dans cette tension. d. L’Eglise en sortie. Le pape parle alors d’ « Eglise en sortie ». Cette sortie est justement cette position dynamique en tension entre le centre et les périphéries. L’Eglise porte en elle l’écho des missions des personnes divines du Verbe et de l’Esprit, elle est elle-même en mission : « Au lieu d’être seulement une Eglise qui accueille et qui reçoit en tenant les portes ouvertes, efforçons-nous d’être une Eglise qui trouve de nouvelles routes, qui est capable de sortir d’elle-même et d’aller vers celui qui ne la fréquente pas, qui s’en est allé ou qui est indifférent » (Entretien, octobre 2013). e. Le disciple missionnaire. i. Si l’Eglise est en sortie c’est parce que ses membres sont en sortie. « Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ ; nous ne disons plus que nous sommes « disciples » et « missionnaires », mais toujours que nous sommes « disciples missionnaires » ii. La position du disciple missionnaire n’est pas une position de centre mais de périphéries : il vit en tension vers les périphéries, y compris celles de l’éternité dans la rencontre avec Jésus Christ. f. La pastorale en conversion. Le disciple missionnaire en action transforme l’Eglise ; le pape en appelle à une conversion de la pastorale : « Dans la situation actuelle, l’Eglise a besoin de transformer ses structures et ses approches pastorales en les orientant vers le geste missionnaire. Nous ne pouvons pas persévérer dans le clientéliste et attendre passivement le client, le fidèle ; il nous faut des structures qui nous permettent d’aller vers ceux qui ont besoin de nous, là où sont les gens, vers ceux qui répugnent à frayer avec les structures (…). Il faut faire preuve d’imagination et revoir notre manière d’être présents dans les différents milieux de la société, afin que les paroisses et les institutions soient au cœur de la dite société » ; « Il faut une Eglise en mesure d’aller au-delà de la simple écoute » (discours, 27 juillet 2013) ; « Tout doit être pensé en tant que mission » (discours, 27 novembre 2014). 3. La communauté des disciples missionnaires La communauté des disciples missionnaires est sensible aux nombreuses complicités dont nous sommes responsables ici-bas par le simple fait de vivre. Le fait de ne pas être autoréférentiels nous permet de nous mettre sous le regard de Dieu pour prendre conscience de ces complicités. Les disciples missionnaires ont fait l’expérience de la miséricorde de Dieu et ils fondent leur vocation dans cette expérience. La communauté des disciples missionnaires est sensible aux pauvres : non seulement à leurs besoins matériels mais aussi à leurs besoins spirituels. Elle se laisse aussi évangéliser par les pauvres parce que toute pauvreté est « propriété » de l’Eglise ou lui appartient. Cette pauvreté revêt différentes couleurs : nous l’avons entendu hier dans l’exemple du beau-père de M. Simon. La communauté des disciples missionnaires reconnaît que la perfection de Dieu habite et œuvre dans l’inaccompli de l’existence humaine. C’est peut-être la plus grande difficulté de notre foi et de notre vie chrétienne : croire que Dieu qui est parfaitement accompli, éternel, saint, puisse habiter en moi, une créature inaccomplie, limitée. La pastorale de la communauté des disciples missionnaires « évite de ne pas tenir compte des limites », « elle connaît les longues attentes et la patience apostolique » (EG 24). C’est une mission commune, avec d’autres. La mission ne porte pas de fruit si elle n’est pas portée par une communauté de disciples. L’annonce de l’Evangile par la communauté des disciples missionnaires contient cinq aspects : - prend l’initiative (l’Eglise en sortie) : « elle fait bouger les lignes de la communion pour y inclure tous ceux qu’elle croise » - s’implique : « elle se met à genoux », elle facilite et raccourcit les distances, elle implique d’autres avec elle, elle prend au sérieux le projet de la vie de Dieu sur chacun, elle croit à la force révolutionnaire de la charité. - Accompagne : son accompagnement consiste en une écoute qui soit une capacité du cœur rendant possible une véritable rencontre spirituelle. Cette capacité d’écoute déplace les disciples qui ne se contentent pas de rester des spectateurs. Cette écoute est la condition nécessaire pour faire le premier pas sur un chemin de croissance authentique; elle réveille le désir de l’idéal chrétien et l’impatience de répondre à l’amour de Dieu en développant ce que Dieu a déposé de meilleur dans le cœur de chacun. (EG 171) - Fructifie : elle est attentive à ce qui germe et pousse, en elle et autour d’elle, à la Parole semée, et aux conditions de son accueil. (EG 24). Elle est sûre de l’action de Dieu (EG 279). Elle sait se réjouir du fruit porté par les autres qui sont ceux de tous (EG 99), et sait valoriser et intégrer les charismes de chacun (EG 130-131). - Fête : la célébration de la vie s’accomplit et se manifeste particulièrement dans la beauté de la liturgie, source et sommet de l’évangélisation. (EG 24) La communauté des disciples missionnaires a le souci de la formation de ses membres en vue du témoignage (EG 121). 4. Les cinq tentations sur le chemin de la conversion pastorale 1. La tentation du raidissement hostile, conséquence d’un enfermement sur la loi de façon telle qu’il n’est plus possible de se laisser surprendre par Dieu. Attention : la loi peut être la rubrique ou la loi des pharisiens, mais elle peut aussi être des lois que je me suis construites petit-à-petit et qui régissent ma vie, ma manière de faire etc. 2. La tentation de l’angélisme destructeur, qui au nom d’une miséricorde trompeuse bande les blessures sans d’abord les soigner ni les traiter; qui s’attaque aux symptômes et pas aux causes et aux racines. C’est aussi la tentation de ne pas s’impliquer, la tentation de la solution de facilité. 3. La tentation de transformer la pierre en pain pour rompre le jeûne long, lourd et douloureux (cf. Lc 4, 1-4) et aussi de transformer le pain en pierre et de la jeter contre les pécheurs, les faibles et les malades (cf. Jn 8, 7) c’est-à-dire de le transformer en «fardeaux insupportables» (Lc 10, 27). 4. La tentation de descendre de la croix, pour faire plaisir aux gens, et ne pas y rester, pour accomplir la volonté du Père; de se plier à l’esprit mondain au lieu de le purifier et de le plier à l’Esprit de Dieu. La mondanité spirituelle : La mondanité spirituelle consiste à rechercher la gloire humaine et le bien-être personnel derrière des apparences de religiosité et d’amour de l’Eglise. Il s’agit d’une recherche subtile de ses propres intérêts et non pas de ceux de Jésus Christ. Elle est liée à la recherche de l’apparence. (EG 93) Elle s’alimente de deux manières : ✓ L’attrait d’une foi renfermée dans le subjectivisme où seule compte une expérience déterminée ou une série de raisonnements et de connaissances que l’on considère comme pouvant réconforter et éclairer, mais où le sujet reste en définitive fermé dans l’immanence de sa propre raison ou de ses sentiments. ✓ Le néo-pélagianisme autoréférentiel et prométhéen de ceux qui, en définitive, font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique justement propre au passé. Au lieu d’évangéliser, on analyse et classifie les autres, et, au lieu de faciliter l’accès à la grâce, les énergies s’usent dans le contrôle. (EG 94)1 1 Cette mondanité spirituelle se manifeste par de nombreuses attitudes : ✓ Soin ostentatoire de la liturgie, de la doctrine ou du prestige de l’Eglise ; ✓ Fascination de pouvoir montrer des conquêtes sociales et politiques ; ✓ Vaine gloire liée à la gestion des affaires pratiques ; ✓ Attraction vers les dynamiques d’auto-estime et de réalisation autoréférentielle; ✓ Diverses maniè res de se montrer soi-même engagé dans une intense vie sociale ; ✓ Fonctionnalisme de manager, chargé de statistiques, de planifications, d’évaluations ; ✓ Dans tous les cas, elle est privée du sceau du Christ incarné, crucifié et ressuscité. Il n’y a plus de ferveur évangélique, mais la fausse jouissance d’une autosatisfaction égocentrique. (EG 95). Cette vaine gloire est celle de ceux qui préfèrent être des généraux d’armées défaites plutôt que de simples soldats d’un escadron qui continue à combattre. C’est le péché du “on devrait faire” – comme des maî tres spirituels et des experts en pastorale qui donnent des instructions tout en restant au dehors. (EG 96)2. 5. La tentation de négliger le « depositum fidei », de se considérer non pas des gardiens mais des propriétaires et des maîtres ou, dans l’autre sens, la tentation de négliger la réalité en utilisant une langue précieuse et un langage élevé pour dire tant de choses et ne rien dire! 5. Les quatre principes de la pastorale en conversion • Le temps est supérieur à l’espace 1. Ce principe naît de la compréhension que l’homme vit en tension entre le désir de plénitude et la limite que nous impose notre condition : la plénitude provoque la volonté de tout posséder ; la limite empêche cette possession immédiate. Analogiquement, le temps exprime la plénitude, le moment dit la 2 Celui qui est tombé dans cette mondanité a les attitudes suivantes : ✓ Il regarde de haut et de loin ; ✓ Il refuse la prophétie des frè res ; ✓ Il élimine celui qui lui fait une demande ; ✓ Il fait ressortir continuellement les erreurs des autres et est obsédé par l’apparence ; ✓ Il a réduit la référence du cœur à l’horizon fermé de son immanence et de ses intérêts et, en conséquence, il n’apprend rien de ses propres péchés ; ✓ Il n’est pas authentiquement ouvert au pardon. ✓ C’est une terrible corruption sous l’apparence du bien. (EG 97). limite causée par le fait de vivre dans un espace délimité. Pour avancer dans la construction d’un peuple il faut comprendre que le temps est supérieur à l’espace. (EG 222) 2. Ce principe permet de travailler à long terme, sans être obsédé par les résultats immédiats. Il invite à favoriser l’initiation de processus dans le temps plutôt que de privilégier les espaces que nous voudrions posséder (en résolvant tout dans le moment présent, en prenant possession de l’espace par exercice du pouvoir et de l’auto-affirmation). C’est au temps d’ordonner les espaces et de les transformer en maillons d’une chaîne en croissance constante. (EG 223) • L’unité est supérieure au conflit 3. Le disciple missionnaire assume le conflit afin de ne pas en être prisonnier. S’il en reste prisonnier il perd le sens profond de l’unité de la réalité. (EG 226) 4. Le disciple missionnaire ne reste pas indifférent au conflit, il n’y entre pas non plus de façon à en être prisonnier. Il accepte de supporter le conflit, de le résoudre et de le transformer en un maillon d’un processus nouveau. (EG 227) 5. C’est à cette seule condition qu’il est possible de développer une communion dans les différences. Fondés dans la solidarité, les oppositions peuvent atteindre une unité multiforme qui engendre une vie nouvelle. (EG 228) • La réalité est plus importante que l’idée 6. La réalité est ; l’idée s’élabore. Si l’on ne veut pas courir le risque que l’idée s’élabore de manière séparée et déconnectée de la réalité, il faut un incessant et permanent dialogue entre la réalité et l’idée. Toutes les idéologies apparaissent quant l’idée se croit supérieur à la réalité. (EG 231) 7. L’idée est fonction de la perception, de la compréhension et de la conduite de la réalité. L’idée déconnectée de la réalité n’implique pas : ce qui implique c’est la réalité éclairée par le raisonnement. (EG 232) 8. Ce critère est lié à l’incarnation de la Parole et à sa mise en pratique. Ce critère d’une parole incarnée qui cherche toujours à s’incarner est essentiel à l’évangélisation. (EG 233) • Le tout est supérieur à la partie 9. Il y a une tension entre l’universel et le particulier : « Il faut prêter attention à la dimension globale pour ne pas tomber dans une mesquinerie quotidienne. En même temps, il ne faut pas perdre de vue ce qui est local, ce qui nous fait marcher les pieds sur terre. L’union des deux empêche de tomber dans l’un de ces deux extrêmes ». (EG 234) 10. Le disciple missionnaire n’est pas obsédé par des questions limitées et particulières : il élargit son regard pour reconnaître un bien plus grand bénéfique à tous. Cependant il est nécessaire qu’il enfonce ses racines dans l’histoire et la terre de son propre lieu. Il travaille sur ce qui est petit, mais dans une perspective plus large ; il ne renie pas son identité mas s’intègre cordialement dans une communauté plus large. Il ne se laisse tromper ni par la sphère globale qui annihile, ni par la partialité isolée qui rend stérile. (EG 235) EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE PASTORES GREGIS DE SA SAINTETÉ LE PAPE JEAN-PAUL II SUR L'ÉVÊQUE, SERVITEUR DE L'ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST POUR L'ESPÉRANCE DU MONDE (16 octobre 2003) […] Les fidèles laïcs dans la sollicitude pastorale de l'Évêque 51. Chez les fidèles laïcs, qui constituent la majorité du peuple de Dieu, doit se manifester la force missionnaire du Baptême. Pour cela, ils ont besoin du soutien, de l'encouragement et de l'aide de leurs Évêques, qui doivent les inciter à exercer leur apostolat selon leur propre caractère séculier, puisant à la grâce des sacrements de Baptême et de Confirmation. Il sera nécessaire pour cela de promouvoir des parcours spécifiques de formation qui leur permettent d'assumer des responsabilités dans l'Église au sein des structures de participation diocésaines et paroissiales, sans oublier les différents services d'animation de la liturgie, de la catéchèse, de l'enseignement de la religion catholique dans les écoles, etc. Il revient surtout aux laïcs – et on doit les encourager en ce sens – d'évangéliser les cultures, de faire pénétrer la force de l'Évangile dans les réalités de la famille, du travail, des médias, du sport, du temps libre, et d'animer chrétiennement l'ordre social et la vie publique, nationale et internationale. En raison de leur position dans le monde, les fidèles laïcs sont en effet en mesure d'exercer une grande influence sur le milieu qui les entoure, élargissant pour beaucoup d'hommes et de femmes les perspectives et les horizons de l'espérance. D'autre part, engagés comme ils le sont en raison de leur choix de vie au sein des réalités temporelles, les fidèles laïcs sont appelés, selon la manière qui correspond à leur caractère séculier spécifique, à rendre compte de leur espérance (cf. 1 P 3, 15) dans leurs domaines respectifs de travail, faisant grandir dans les cœurs « l'attente d'une nouvelle terre »1. Les Évêques, quant à eux, seront proches des fidèles laïcs qui, engagés au plus fort des problèmes complexes du monde, sont particulièrement exposés au doute et aux souffrances, et ils les soutiendront pour qu'ils soient des chrétiens de grande espérance, solidement enracinés dans la certitude que le Seigneur est toujours aux côtés de ses fils. On doit aussi considérer l'importance de l'apostolat laïc associatif, tant celui qui est de tradition plus ancienne que celui qui est réalisé par les nouveaux mouvements ecclésiaux. Toutes ces réalités associatives enrichissent l'Église, mais elles ont toujours besoin du service de discernement qui est le propre de l'Évêque, dont la mission pastorale est de favoriser la complémentarité entre les mouvements d'inspirations diverses, veillant sur leur développement, sur la formation théologique et spirituelle des animateurs, sur l'insertion des nouvelles réalités dans la communauté diocésaine et dans les paroisses, dont ils ne doivent pas se séparer2.L'Évêque cherchera aussi à faire en sorte que les associations laïques soutiennent la pastorale des vocations du diocèse, favorisant l'accueil de toutes les vocations, spécialement des vocations au ministère ordonné, à la vie consacrée et à l'engagement missionnaire3. 1 198 Conc. œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n.39. Cf. Propositions 45, 46 et 49. 3 200 Cf. Proposition 52. 2 199 1 CONGRÉGATION POUR LES ÉVÊQUES DIRECTOIRE POUR LE MINISTÈRE PASTORAL DES ÉVÊQUES “APOSTOLORUM SUCCESSORES” […] VIII. LES FIDÈLES LAÏCS 108. Les fidèles laïcs dans l’Église et dans le diocèse. L’édification du Corps du Christ est l’œuvre du Peuple de Dieu tout entier, par conséquent le chrétien a le droit et le devoir de collaborer, sous la conduite des Pasteurs, à la mission de l’Église, chacun selon sa propre vocation et les dons reçus de l’Esprit Saint. 305 C’est donc un devoir de tous les ministres de réveiller chez les fidèles laïcs le sens de leur vocation chrétienne et de leur pleine appartenance à l’Église, évitant qu’ils puissent se sentir sous quelque aspect que ce soit des chrétiens de deuxième catégorie. Aussi bien directement que par les prêtres, l’Évêque se préoccupera de faire en sorte que les laïcs soient conscients de leur mission ecclésiale, et il les poussera à la réaliser avec un sens des responsabilités, envisageant toujours le bien commun. 306 L’Évêque acceptera de bon gré l’avis des laïcs au sujet des questions diocésaines, en fonction de leur compétence, de leur sagesse et de leur fidélité, et il en aura la considération qui convient. 307 Il sera aussi attentif aux opinions exprimées par les laïcs sur les problèmes religieux ou ecclésiaux en général par l’intermédiaire des moyens de communication comme les journaux, revues, cercles culturels, etc. De plus il respectera la liberté d’opinion et d’action qui leur est propre dans la sphère séculière, toujours cependant dans la fidélité à la doctrine de l’Église. 308 109. La mission des fidèles laïcs. La vocation universelle à la sainteté, proclamée par le Concile Vatican II, 309 est étroitement liée à la vocation universelle à la mission apostolique. 310 C’est donc sur les laïcs que repose la charge et l’honneur de répandre le message chrétien par l’exemple et la parole, dans les divers milieux et dans les rapports humains où se déroule leur vie : la famille, les relations d’amitié, de travail, la variété du monde associatif séculier, la culture, la politique, etc. Cette mission des laïcs n’est pas seulement une question d’efficacité apostolique, mais plutôt un devoir et un droit fondé sur la dignité baptismale. 311 Le Concile lui-même a signalé le caractère spécifique de la vie qui distingue les fidèles laïcs, sans les séparer des prêtres et des religieux : le caractère séculier, 312 qui s’exprime dans le fait de « chercher le Royaume de Dieu en gérant les affaires temporelles et en les ordonnant selon Dieu », 313 de telle façon que les activités séculières deviennent le cadre d’exercice de la mission chrétienne et un moyen de sanctification. 314 L’Évêque encouragera la collaboration entre les fidèles laïcs afin qu’ensemble ils inscrivent la loi divine dans la construction de la cité terrestre. Pour atteindre cet idéal de sainteté et d’apostolat, les fidèles laïcs doivent savoir mener leurs occupations temporelles avec compétence, honnêteté et esprit chrétien. 2 110. Le rôle des fidèles laïcs dans l’évangélisation de la culture. À l’apostolat propre des laïcs aujourd’hui, s’entrouvrent de grands horizons, aussi bien pour la diffusion de la Bonne Nouvelle du Christ que pour la construction de l’ordre temporel selon l’ordre voulu par Dieu. 315 Les fidèles laïcs immergés comme ils le sont dans toutes les activités séculières, ont un rôle important à jouer dans l’évangélisation de la culture, « de l’intérieur », supprimant ainsi la fracture existante entre la culture et l’Évangile, qui se perçoit de nos jours.316 Parmi les secteurs qui ont un plus grand besoin de l’attention de l’Évêque à l’égard de la contribution spécifique des laïcs on distingue : a) La promotion de l’ordre social juste qui mette en pratique les principes de la doctrine sociale de l’Église. Spécialement ceux qui par profession s’occupent de ce domaine doivent être en mesure de donner une réponse chrétienne aux problèmes les plus intimement liés au bien de la personne, telles : les questions de bioéthique (respect de la vie de l’embryon et du mourant) ; la défense du mariage et de la famille, de la santé de laquelle dépend l’« humanisation » elle-même de l’homme et de la société ; la liberté éducative et culturelle ; la vie économique et les relations de travail, qui doivent être toujours empreintes de respect pour l’homme et pour la création, ainsi que de solidarité et d’attention pour les moins chanceux ; l’éducation à la paix et la promotion d’une participation démocratique ordonnée. 317 b) La participation à la politique, à laquelle les laïcs renoncent parfois, peut-être parce que poussés au manque d’estime lié à l’arrivisme, à l’idolâtrie du pouvoir, ou à la corruption de certains personnages politiques, ou encore de l’opinion diffuse que la politique est un lieu d’inévitable danger moral.318 Elle est au contraire un service essentiel et important pour la société, pour son pays et pour l’Église et une forme éminente de charité envers le prochain. Dans cette noble tâche, toutefois, les laïcs doivent considérer que l’application des principes à des cas concrets peut avoir des modalités diverses ; c’est pourquoi on doit éviter la tentation de présenter ses solutions comme si elles étaient la doctrine de l’Église. 319 Quand l’action politique se trouve affrontée à des principes moraux fondamentaux qui n’admettent pas de dérogation, d’exception ou quelque compromission que ce soit, l’engagement des catholiques se fait alors plus évident et lourd de responsabilité, parce que devant ces exigences éthiques fondamentales et auxquelles on ne peut pas renoncer est en jeu l’essence de l’ordre moral, qui concerne le bien intégral de la personne. C’est le cas des lois civiles en matière d’avortement, d’euthanasie, de la protection de l’embryon humain, de promotion et de défense de la famille fondée sur le mariage monogame entre personnes de sexe différent et protégée dans sa stabilité et son unité, dans la liberté d’éducation des parents pour leurs enfants, des lois qui protègent socialement les mineurs et libèrent les personnes des formes modernes d’esclavage, comme des lois qui promeuvent une économie au service de la personne, la paix et la liberté religieuse individuelle et collective. Face à ces cas, les catholiques ont le droit et le devoir d’intervenir pour appeler au sens le plus profond de la vie et à la responsabilité que tous possèdent devant elle, pour protéger l’existence et l’avenir des peuples dans la formation de la culture et des comportements sociaux. Les catholiques qui sont engagés dans les Assemblées législatives ont l’obligation précise de s’opposer à toute loi qui se révèle un attentat contre la vie humaine. Toutefois, quand par exemple, l’opposition à l’avortement est claire et connue de tous, ils pourraient apporter leur « soutien à des propositions destinées à 3 limiter les préjudices d’une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique ». 320 c) Il revient aussi aux laïcs d’évangéliser les centres de diffusion culturelle, comme les écoles et les universités, les milieux de la recherche scientifique et technique, les lieux de création artistique et de réflexion humaniste et les moyens de communication sociale, qu’il faut diriger correctement, en sorte qu’ils contribuent à l’amélioration de la culture elle-même. 321 d) Se comportant comme des citoyens à part entière, les laïcs doivent savoir défendre la liberté de l’Église pour l’accomplissement de sa finalité propre, non seulement comme énoncé théorique, mais en respectant et en appréciant la grande aide qu’elle apporte à un ordre social juste. 322 Cela comporte en particulier la liberté d’association et la défense du droit à enseigner selon les principes catholiques. 111. Collaboration des laïcs avec la hiérarchie ecclésiale. Au sein de la communauté ecclésiale, les laïcs apporteront une précieuse collaboration aux Pasteurs, sans laquelle l’apostolat hiérarchique ne peut avoir sa pleine efficacité. 323 Cette contribution des laïcs aux activités ecclésiales a toujours été importante et de nos jours elle est une nécessité impérieuse. Les laïcs peuvent être appelés à collaborer avec les Pasteurs, selon leur condition propre, dans divers domaines : – dans l’exercice des fonctions liturgiques ;324 – dans la participation aux structures diocésaines et à l’activité pastorale ;325 – dans leur participation aux associations érigées par l’autorité ecclésiastique ;326 – et de manière individuelle, dans l’activité catéchétique diocésaine et paroissiale ;327 Toutes ces formes de participation des laïcs sont non seulement possibles, mais aussi nécessaires. Toutefois il faut éviter que les fidèles aient un intérêt prépondérant pour les services et les engagements ecclésiaux, étant sauves les vocations particulières, ce qui les éloignerait du milieu séculier : professionnel, social, économique, culturel et politique, puisque tels sont les domaines de leur responsabilité spécifique, dans lesquels leur action apostolique est irremplaçable.328 La collaboration des laïcs aura, en général, la marque de la gratuité. Dans des situations spécifiques l’Évêque fera en sorte que l’on assigne une juste rétribution financière aux laïcs qui collaborent par leur travail professionnel à des activités ecclésiales, comme par exemple, les enseignants de religion dans les écoles, les administrateurs de biens ecclésiastiques, les responsables des activités socio-caritatives, les personnes qui travaillent dans les moyens de communication sociale de l’Église, etc. Cette même règle de justice doit être observée quand il s’agit de profiter temporairement des services professionnels des laïcs. 112. Les activités de suppléance. Dans des situations de manque de prêtres et de diacres, l’Évêque pourra solliciter des laïcs particulièrement préparés pour exercer en suppléance quelques tâches propres aux ministres 4 consacrés, à savoir : l’exercice du ministère de la prédication (jamais cependant faire l’homélie), 329 la présidence des célébrations dominicales en l’absence du prêtre, 330 le ministère extraordinaire de l’administration de la communion, 331 l’assistance aux mariages, 332 l’administration du Baptême, 333 la présidence des célébrations des obsèques, 334 et autres. 335 De telles tâches devront être exécutées selon les rites prescrits et les normes des lois universelles et particulières. Si un tel phénomène est d’un côté un motif de préoccupation, car il est la conséquence de l’insuffisance du nombre de ministres sacrés, de l’autre il met en évidence la généreuse disponibilité des laïcs, pour cela dignes d’éloge. L’Évêque veillera à ce que de telles charges ne créent pas de confusion parmi les fidèles en ce qui concerne la nature et le caractère irremplaçable du sacerdoce ministériel, essentiellement distinct du sacerdoce commun des fidèles. Il faudra donc éviter qu’on en arrive de fait à établir « une structure ecclésiale de service parallèle à celle qui est fondée sur le sacrement de l’Ordre » 336 ou qu’on attribue aux laïcs des termes ou des catégories qui correspondent seulement aux clercs, comme « aumônier », « pasteur », « ministre », etc. 337 Dans ce but l’Évêque veillera attentivement « à éviter un recours facile et abusif aux présumées ‘situations de nécessité’ […], là où, objectivement, ce n’est pas le cas, ou bien là où il est possible d’y obvier par une programmation pastorale plus rationnelle ». 338 Pour l’exercice de ces fonctions on exigera un mandat extraordinaire, conféré temporairement, selon la norme du droit. 339 Avant de le concéder, l’Évêque devra s’assurer, personnellement ou par un délégué, que les candidats possèdent les conditions d’aptitude. Il mettra tout son soin à la formation de ces personnes, afin qu’elles exécutent ces tâches avec une connaissance adéquate et une pleine conscience de leur dignité. De plus, il veillera à ce qu’elles soient soutenues par des ministres sacrés responsables du soin des âmes. 340 […] 116. La formation des fidèles laïcs. De l’importance de l’action des laïcs aujourd’hui naît la nécessité de pourvoir dans une large mesure à leur formation, qui doit être une des priorités des plans et des programmes diocésains d’action pastorale. 348 L’Évêque saura faire face généreusement à ce grand défi, appréciant de manière appropriée les initiatives autonomes d’autres institutions hiérarchiques de l’Église, des Instituts de vie consacrée, et des associations, mouvements et autres réalités ecclésiales ; il les encouragera directement, sollicitant la collaboration de prêtres, de personnes consacrées, de membres de Sociétés de vie apostolique et de laïcs bien préparés en chaque domaine, de façon que toutes les instances diocésaines et les milieux de formation s’y engagent avec générosité et qu’on puisse rejoindre par capillarité un grand nombre de fidèles : paroisses, institutions éducatives et culturelles catholiques, associations, groupes et mouvements. On se préoccupera, en premier lieu, avec des moyens anciens et nouveaux (exercices et retraites spirituelles, rencontres de spiritualité, etc.) de la formation spirituelle des laïcs, pour les inciter à considérer les activités de la vie ordinaire comme des occasions d’union à Dieu et d’accomplissement de sa volonté, et aussi comme un service des autres hommes, les amenant à la communion avec Dieu dans le Christ. Par des cours et des conférences on leur donnera 5 une formation doctrinale suffisante, qui propose une vision la plus ample et la plus profonde possible du mystère de Dieu et de l’homme, sachant insérer dans cette perspective la formation morale, y compris l’éthique professionnelle et la doctrine sociale de l’Église. Enfin, on ne perdra pas de vue la formation aux valeurs et aux vertus humaines, sans lesquelles il ne peut y avoir une vraie vie chrétienne, et qui seront, devant les hommes, une preuve du caractère salvifique de la foi chrétienne. Tous ces aspects de la formation des laïcs doivent être orientés à réveiller en eux un profond sens apostolique, qui les portera à transmettre la foi chrétienne par leur témoignage spontané, avec franchise et courage. 349 Notes 305 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, nn. 30 et 33 ; Décret Apostolicam actuositatem, nn. 2-3 ; Code de droit canonique, can. 204 § 1 et 208. 306 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 37. 307 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, n. 26 ; Code de droit canonique, can. 212 § 3. 308 Cf. Code de droit canonique, can. 227. 309 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 40. 310 Cf. JEAN-PAUL II, Encycl. Redemptoris missio, n. 90. 311 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, nn. 16 ss.; JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, n. 14 ; Encycl. Redemptoris missio, n. 71 ; Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis, n. 51 ; Code de droit canonique, can. 225-227. 312 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Dogm. Lumen gentium, n. 32. 313 CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Dogm. Lumen gentium, n. 31. 314 Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, n. 15. 315 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, n. 16 ; Code de droit canonique, can. 225. 316 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Dogm. Lumen gentium, n. 31 ; Code de droit canonique, can. 225 § 2 ; JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 34 ; Encycl. Redemptoris missio, n. 71 ; PAUL VI, Exhort. apost. post-synodale Evangelii nuntiandi, n. 20. 317 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, nn. 38, 40 et 43. 318 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 42. 319 Cf. Code de droit canonique, can. 227. 320 CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Note doctrinale au sujet de quelques questions concernant l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique, n. 4 ; cf. JEAN-PAUL II, Encycl. Evangelium vitae, n. 73. 321 Cf. JEAN-PAUL II, Encycl. Redemptoris missio, n. 37 ; Exhort. apost. post-synodaleChristifideles laici, n. 44 ; PAUL VI, Exhort. apost. post-synodale Evangelii nuntiandi, n. 20. 322 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 39. 6 323 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 33 ; Décret Apostolicam actuositatem, n. 10. 324 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 28 ; Code de droit canonique, can. 230. 325 Cf. Code de droit canonique, can. 228 ; 229 § 3 ; 317 § 3 ; 463 § 1 n. 5 ; 483 ; 494 ; 537 ; 759 ; 776 ; 784 ; 785 ; 1282 ; 1421 § 2 ; 1424 ; 1428 § 2 ; 1435 ; etc. 326 Cf. Code de droit canonique, can. 301. 327 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 35. 328 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 44. 329 Cf. Code de droit canonique, can. 766 et 777. On doit se rappeler que les laïcs ne peuvent pas faire l’homélie. L’Évêque diocésain ne peut pas dispenser de cette règle. 330 Cf. CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Directoire pour les célébrations dominicales sans prêtre. 331 Selon le Responsum du CONSEIL PONTIFICAL POUR L’INTERPRÉTATION DES TEXTES LÉGISLATIFS, du 1. VI. 1988, le ministre extraordinaire de la communions ne doit pas administrer la communion quand dans le lieu de la célébration est présent un ministre sacré qui peut le faire. Cf. JEAN-PAUL II, Lettre apost. Dominicae Coenae. 332 Cf. Code de droit canonique, can. 1112. 333 Cf. Code de droit canonique, can. 861 ; CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Rituel romain, Ordo du Baptême des petits-enfants, Introduction, nn. 16-17. 334 Cf. CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Rituel romain, Ordo des obsèques, Introduction, n. 19. 335 Cf. Code de droit canonique, can. 230 § 3 ; 517 § 2 ; 943. 336 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 23. 337 Sur la signification de la suppléance par les laïcs, la relation avec le sacrement de l’Ordre et l’interprétation correcte de certaines dispositions du Code de droit canonique, cf. l’Instruction Ecclesiae de Mysterio de quelques Congrégations de la Curie romaine. 338 JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 23 ; cf. Encycl.Ecclesia de Eucharistia, nn. 29-33 ; CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ, Lettre circulaire, Le prêtre, maître de la parole, ministre des sacrements et guide de la communauté en vue du troisième millénaire chrétien. 339 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 23. 340 Cf. Ibid. […] 348 Cf. Code de droit canonique, can 217-218 ; 329 ; JEAN-PAUL II, Exhort. apost. postsynodale Christifideles laici, n. 57. 349 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, nn. 4 ; 28-32 ; JEANPAUL II, Exhort. Apost. post-synodale Christifideles laici, nn. 17, 60, 62 ; Encycl.Redemptoris missio, nn. 42-45 ; Exhort. Apost. postsynodale Pastores gregis, n. 51. 7 Code de Droit canonique Can. 528 - § 1. Le curé est tenu par l'obligation de pourvoir à ce que la parole de Dieu soit annoncée intégralement aux habitants de la paroisse; c'est pourquoi il veillera à ce que les laïcs soient instruits des vérités de la foi, surtout par l'homélie à faire les dimanches et aux fêtes d'obligation, et par la formation catéchétique à dispenser; il favorisera aussi les œuvres par lesquelles est stimulé l'esprit évangélique, y compris ce qui regarde le domaine de la justice sociale; il apportera un soin particulier à l'éducation catholique des enfants et des jeunes; il s'efforcera par tout moyen, en y associant aussi les fidèles, à ce que l'annonce de l'Évangile parvienne également à ceux qui se sont éloignés de la pratique religieuse ou qui ne professent pas la vraie foi. § 2. Le curé veillera à ce que la très Sainte Eucharistie soit le centre de l'assemblée paroissiale des fidèles; il s'efforcera à ce que les fidèles soient conduits et nourris par la pieuse célébration des sacrements et en particulier qu'ils s'approchent fréquemment des sacrements de la très Sainte Eucharistie et de la pénitence; il s'efforcera aussi de les amener à prier, même en famille, et de les faire participer consciemment et activement à la sainte liturgie que lui, curé, sous l'autorité de l'Évêque diocésain, doit diriger dans sa paroisse, et dans laquelle il doit veiller à ce que ne se glisse aucun abus. Can. 529 - § 1. Pour remplir avec zèle sa charge de pasteur, le curé s'efforcera de connaître les fidèles confiés à ses soins; aussi il visitera les familles, prenant part aux soucis des fidèles, surtout à leurs inquétudes et à leurs deuils, en les soutenant dans le Seigneur, et en les reprenant également avec prudence s'ils venaient à faillir en quelque manière; il aidera d'une charité sans bornes les malades, particulièrement les mourants, en les réconforant avec sollicitude par les sacrements et en recommandant leur âme à Dieu; il entourera d'une attention spéciale les pauvres, les affligés, les isolés, les exilés, ainsi que ceux qui sont aux prises avec des difficultés particulières; il s'appliquera encore à soutenir les époux et les parents dans l'accomplissement de leurs devoirs propres et favorisera la développement de la vie chrétienne en famille. § 2. Le curé reconnaîtra et soutiendra la part propre que les laïcs ont dans la mission de l'Église, en favorisant leurs associations à des fins religieuses. Il coopérera avec son propre Évêque et le presbyterium du diocèse, en travaillant aussi à ce que les fidèles aient le souci de la communion dans la paroisse et qu'ils se sentent membres tant du diocèse que de l'Église tout entière, et qu'ils participent aux oeuvres qui ont pour but de promouvoir cette communion et les soutiennent. Can. 530 - Les fonctions spécialement confiées au curé sont les suivantes: 1 l'administration du baptême; 2 l'administration du sacrement de la confirmation à qui est en danger de mort, selon le ⇒ can. 883, n. 3; 3 l'administration du Viatique et de l'onction des malades, restant sauves les dispositions du ⇒ can. 1003, §§ 2 et 3, ainsi que l'octroi de la bénédiction apostolique; 4 l'assistance aux mariages et la bénédiction nuptiale; 5 la célébration des funérailles; 6 la bénédiction des fonts baptismaux au temps de Pâques, la conduite des processions en dehors de l'église, ainsi que les bénédictions solennelles en dehors de l'église; 7 la célébration eucharistique plus solennelle le dimanche et les jours de fête d'obligation. 8 EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE PASTORES GREGIS DE SA SAINTETÉ LE PAPE JEAN-PAUL II SUR L'ÉVÊQUE, SERVITEUR DE L'ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST POUR L'ESPÉRANCE DU MONDE (16 octobre 2003) […] Les fidèles laïcs dans la sollicitude pastorale de l'Évêque 51. Chez les fidèles laïcs, qui constituent la majorité du peuple de Dieu, doit se manifester la force missionnaire du Baptême. Pour cela, ils ont besoin du soutien, de l'encouragement et de l'aide de leurs Évêques, qui doivent les inciter à exercer leur apostolat selon leur propre caractère séculier, puisant à la grâce des sacrements de Baptême et de Confirmation. Il sera nécessaire pour cela de promouvoir des parcours spécifiques de formation qui leur permettent d'assumer des responsabilités dans l'Église au sein des structures de participation diocésaines et paroissiales, sans oublier les différents services d'animation de la liturgie, de la catéchèse, de l'enseignement de la religion catholique dans les écoles, etc. Il revient surtout aux laïcs – et on doit les encourager en ce sens – d'évangéliser les cultures, de faire pénétrer la force de l'Évangile dans les réalités de la famille, du travail, des médias, du sport, du temps libre, et d'animer chrétiennement l'ordre social et la vie publique, nationale et internationale. En raison de leur position dans le monde, les fidèles laïcs sont en effet en mesure d'exercer une grande influence sur le milieu qui les entoure, élargissant pour beaucoup d'hommes et de femmes les perspectives et les horizons de l'espérance. D'autre part, engagés comme ils le sont en raison de leur choix de vie au sein des réalités temporelles, les fidèles laïcs sont appelés, selon la manière qui correspond à leur caractère séculier spécifique, à rendre compte de leur espérance (cf. 1 P 3, 15) dans leurs domaines respectifs de travail, faisant grandir dans les cœurs « l'attente d'une nouvelle terre »1. Les Évêques, quant à eux, seront proches des fidèles laïcs qui, engagés au plus fort des problèmes complexes du monde, sont particulièrement exposés au doute et aux souffrances, et ils les soutiendront pour qu'ils soient des chrétiens de grande espérance, solidement enracinés dans la certitude que le Seigneur est toujours aux côtés de ses fils. On doit aussi considérer l'importance de l'apostolat laïc associatif, tant celui qui est de tradition plus ancienne que celui qui est réalisé par les nouveaux mouvements ecclésiaux. Toutes ces réalités associatives enrichissent l'Église, mais elles ont toujours besoin du service de discernement qui est le propre de l'Évêque, dont la mission pastorale est de favoriser la complémentarité entre les mouvements d'inspirations diverses, veillant sur leur développement, sur la formation théologique et spirituelle des animateurs, sur l'insertion des nouvelles réalités dans la communauté diocésaine et dans les paroisses, dont ils ne doivent pas se séparer2.L'Évêque cherchera aussi à faire en sorte que les associations laïques soutiennent la pastorale des vocations du diocèse, favorisant l'accueil de toutes les vocations, spécialement des vocations au ministère ordonné, à la vie consacrée et à l'engagement missionnaire3. 1 198 Conc. œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n.39. Cf. Propositions 45, 46 et 49. 3 200 Cf. Proposition 52. 2 199 1 2 CONGRÉGATION POUR LES ÉVÊQUES DIRECTOIRE POUR LE MINISTÈRE PASTORAL DES ÉVÊQUES “APOSTOLORUM SUCCESSORES” […] VIII. LES FIDÈLES LAÏCS 108. Les fidèles laïcs dans l’Église et dans le diocèse. L’édification du Corps du Christ est l’œuvre du Peuple de Dieu tout entier, par conséquent le chrétien a le droit et le devoir de collaborer, sous la conduite des Pasteurs, à la mission de l’Église, chacun selon sa propre vocation et les dons reçus de l’Esprit Saint. 305 C’est donc un devoir de tous les ministres de réveiller chez les fidèles laïcs le sens de leur vocation chrétienne et de leur pleine appartenance à l’Église, évitant qu’ils puissent se sentir sous quelque aspect que ce soit des chrétiens de deuxième catégorie. Aussi bien directement que par les prêtres, l’Évêque se préoccupera de faire en sorte que les laïcs soient conscients de leur mission ecclésiale, et il les poussera à la réaliser avec un sens des responsabilités, envisageant toujours le bien commun. 306 L’Évêque acceptera de bon gré l’avis des laïcs au sujet des questions diocésaines, en fonction de leur compétence, de leur sagesse et de leur fidélité, et il en aura la considération qui convient. 307 Il sera aussi attentif aux opinions exprimées par les laïcs sur les problèmes religieux ou ecclésiaux en général par l’intermédiaire des moyens de communication comme les journaux, revues, cercles culturels, etc. De plus il respectera la liberté d’opinion et d’action qui leur est propre dans la sphère séculière, toujours cependant dans la fidélité à la doctrine de l’Église. 308 109. La mission des fidèles laïcs. La vocation universelle à la sainteté, proclamée par le Concile Vatican II, 309 est étroitement liée à la vocation universelle à la mission apostolique. 310 C’est donc sur les laïcs que repose la charge et l’honneur de répandre le message chrétien par l’exemple et la parole, dans les divers milieux et dans les rapports humains où se déroule leur vie : la famille, les relations d’amitié, de travail, la variété du monde associatif séculier, la culture, la politique, etc. Cette mission des laïcs n’est pas seulement une question d’efficacité apostolique, mais plutôt un devoir et un droit fondé sur la dignité baptismale. 311 Le Concile lui-même a signalé le caractère spécifique de la vie qui distingue les fidèles laïcs, sans les séparer des prêtres et des religieux : le caractère séculier, 312 qui s’exprime dans le fait de « chercher le Royaume de Dieu en gérant les affaires temporelles et en les ordonnant selon Dieu », 313 de telle façon que les activités séculières deviennent le cadre d’exercice de la mission chrétienne et un moyen de sanctification. 314 L’Évêque encouragera la collaboration entre les fidèles laïcs afin qu’ensemble ils inscrivent la loi divine dans la construction de la cité terrestre. Pour atteindre cet idéal de sainteté et d’apostolat, les fidèles laïcs doivent savoir mener leurs occupations temporelles avec compétence, honnêteté et esprit chrétien. 3 110. Le rôle des fidèles laïcs dans l’évangélisation de la culture. À l’apostolat propre des laïcs aujourd’hui, s’entrouvrent de grands horizons, aussi bien pour la diffusion de la Bonne Nouvelle du Christ que pour la construction de l’ordre temporel selon l’ordre voulu par Dieu. 315 Les fidèles laïcs immergés comme ils le sont dans toutes les activités séculières, ont un rôle important à jouer dans l’évangélisation de la culture, « de l’intérieur », supprimant ainsi la fracture existante entre la culture et l’Évangile, qui se perçoit de nos jours.316 Parmi les secteurs qui ont un plus grand besoin de l’attention de l’Évêque à l’égard de la contribution spécifique des laïcs on distingue : a) La promotion de l’ordre social juste qui mette en pratique les principes de la doctrine sociale de l’Église. Spécialement ceux qui par profession s’occupent de ce domaine doivent être en mesure de donner une réponse chrétienne aux problèmes les plus intimement liés au bien de la personne, telles : les questions de bioéthique (respect de la vie de l’embryon et du mourant) ; la défense du mariage et de la famille, de la santé de laquelle dépend l’« humanisation » elle-même de l’homme et de la société ; la liberté éducative et culturelle ; la vie économique et les relations de travail, qui doivent être toujours empreintes de respect pour l’homme et pour la création, ainsi que de solidarité et d’attention pour les moins chanceux ; l’éducation à la paix et la promotion d’une participation démocratique ordonnée. 317 b) La participation à la politique, à laquelle les laïcs renoncent parfois, peut-être parce que poussés au manque d’estime lié à l’arrivisme, à l’idolâtrie du pouvoir, ou à la corruption de certains personnages politiques, ou encore de l’opinion diffuse que la politique est un lieu d’inévitable danger moral.318 Elle est au contraire un service essentiel et important pour la société, pour son pays et pour l’Église et une forme éminente de charité envers le prochain. Dans cette noble tâche, toutefois, les laïcs doivent considérer que l’application des principes à des cas concrets peut avoir des modalités diverses ; c’est pourquoi on doit éviter la tentation de présenter ses solutions comme si elles étaient la doctrine de l’Église. 319 Quand l’action politique se trouve affrontée à des principes moraux fondamentaux qui n’admettent pas de dérogation, d’exception ou quelque compromission que ce soit, l’engagement des catholiques se fait alors plus évident et lourd de responsabilité, parce que devant ces exigences éthiques fondamentales et auxquelles on ne peut pas renoncer est en jeu l’essence de l’ordre moral, qui concerne le bien intégral de la personne. C’est le cas des lois civiles en matière d’avortement, d’euthanasie, de la protection de l’embryon humain, de promotion et de défense de la famille fondée sur le mariage monogame entre personnes de sexe différent et protégée dans sa stabilité et son unité, dans la liberté d’éducation des parents pour leurs enfants, des lois qui protègent socialement les mineurs et libèrent les personnes des formes modernes d’esclavage, comme des lois qui promeuvent une économie au service de la personne, la paix et la liberté religieuse individuelle et collective. Face à ces cas, les catholiques ont le droit et le devoir d’intervenir pour appeler au sens le plus profond de la vie et à la responsabilité que tous possèdent devant elle, pour protéger l’existence et l’avenir des peuples dans la formation de la culture et des comportements sociaux. Les catholiques qui sont engagés dans les Assemblées législatives ont l’obligation précise de s’opposer à toute loi qui se révèle un attentat contre la vie humaine. Toutefois, quand par exemple, l’opposition à l’avortement est claire et connue de tous, ils pourraient apporter leur « soutien à des propositions destinées à 4 limiter les préjudices d’une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique ». 320 c) Il revient aussi aux laïcs d’évangéliser les centres de diffusion culturelle, comme les écoles et les universités, les milieux de la recherche scientifique et technique, les lieux de création artistique et de réflexion humaniste et les moyens de communication sociale, qu’il faut diriger correctement, en sorte qu’ils contribuent à l’amélioration de la culture elle-même. 321 d) Se comportant comme des citoyens à part entière, les laïcs doivent savoir défendre la liberté de l’Église pour l’accomplissement de sa finalité propre, non seulement comme énoncé théorique, mais en respectant et en appréciant la grande aide qu’elle apporte à un ordre social juste. 322 Cela comporte en particulier la liberté d’association et la défense du droit à enseigner selon les principes catholiques. 111. Collaboration des laïcs avec la hiérarchie ecclésiale. Au sein de la communauté ecclésiale, les laïcs apporteront une précieuse collaboration aux Pasteurs, sans laquelle l’apostolat hiérarchique ne peut avoir sa pleine efficacité. 323 Cette contribution des laïcs aux activités ecclésiales a toujours été importante et de nos jours elle est une nécessité impérieuse. Les laïcs peuvent être appelés à collaborer avec les Pasteurs, selon leur condition propre, dans divers domaines : – dans l’exercice des fonctions liturgiques ;324 – dans la participation aux structures diocésaines et à l’activité pastorale ;325 – dans leur participation aux associations érigées par l’autorité ecclésiastique ;326 – et de manière individuelle, dans l’activité catéchétique diocésaine et paroissiale ;327 Toutes ces formes de participation des laïcs sont non seulement possibles, mais aussi nécessaires. Toutefois il faut éviter que les fidèles aient un intérêt prépondérant pour les services et les engagements ecclésiaux, étant sauves les vocations particulières, ce qui les éloignerait du milieu séculier : professionnel, social, économique, culturel et politique, puisque tels sont les domaines de leur responsabilité spécifique, dans lesquels leur action apostolique est irremplaçable.328 La collaboration des laïcs aura, en général, la marque de la gratuité. Dans des situations spécifiques l’Évêque fera en sorte que l’on assigne une juste rétribution financière aux laïcs qui collaborent par leur travail professionnel à des activités ecclésiales, comme par exemple, les enseignants de religion dans les écoles, les administrateurs de biens ecclésiastiques, les responsables des activités socio-caritatives, les personnes qui travaillent dans les moyens de communication sociale de l’Église, etc. Cette même règle de justice doit être observée quand il s’agit de profiter temporairement des services professionnels des laïcs. 112. Les activités de suppléance. Dans des situations de manque de prêtres et de diacres, l’Évêque pourra solliciter des laïcs particulièrement préparés pour exercer en suppléance quelques tâches propres aux ministres 5 consacrés, à savoir : l’exercice du ministère de la prédication (jamais cependant faire l’homélie), 329 la présidence des célébrations dominicales en l’absence du prêtre, 330 le ministère extraordinaire de l’administration de la communion, 331 l’assistance aux mariages, 332 l’administration du Baptême, 333 la présidence des célébrations des obsèques, 334 et autres. 335 De telles tâches devront être exécutées selon les rites prescrits et les normes des lois universelles et particulières. Si un tel phénomène est d’un côté un motif de préoccupation, car il est la conséquence de l’insuffisance du nombre de ministres sacrés, de l’autre il met en évidence la généreuse disponibilité des laïcs, pour cela dignes d’éloge. L’Évêque veillera à ce que de telles charges ne créent pas de confusion parmi les fidèles en ce qui concerne la nature et le caractère irremplaçable du sacerdoce ministériel, essentiellement distinct du sacerdoce commun des fidèles. Il faudra donc éviter qu’on en arrive de fait à établir « une structure ecclésiale de service parallèle à celle qui est fondée sur le sacrement de l’Ordre » 336 ou qu’on attribue aux laïcs des termes ou des catégories qui correspondent seulement aux clercs, comme « aumônier », « pasteur », « ministre », etc. 337 Dans ce but l’Évêque veillera attentivement « à éviter un recours facile et abusif aux présumées ‘situations de nécessité’ […], là où, objectivement, ce n’est pas le cas, ou bien là où il est possible d’y obvier par une programmation pastorale plus rationnelle ». 338 Pour l’exercice de ces fonctions on exigera un mandat extraordinaire, conféré temporairement, selon la norme du droit. 339 Avant de le concéder, l’Évêque devra s’assurer, personnellement ou par un délégué, que les candidats possèdent les conditions d’aptitude. Il mettra tout son soin à la formation de ces personnes, afin qu’elles exécutent ces tâches avec une connaissance adéquate et une pleine conscience de leur dignité. De plus, il veillera à ce qu’elles soient soutenues par des ministres sacrés responsables du soin des âmes. 340 113. Les ministères de lecteur et d’acolyte. L’Évêque encouragera les ministères de lecteur et d’acolyte, auxquels peuvent être admis les laïcs de sexe masculin, selon le rite liturgique spécial et les dispositions des diverses Conférences épiscopales. 341 Par ces ministères institués s’exprime la participation consciente et active des fidèles laïcs aux célébrations liturgiques, de sorte que leur déroulement révèle l’Église comme assemblée constituée dans ses divers ordres et ministères. En particulier, l’Évêque confiera au lecteur, en plus de la lecture de la Parole de Dieu dans l’assemblée liturgique, la tâche de préparer les autres fidèles à la proclamation de la Parole de Dieu, ainsi que d’apprendre aux fidèles à participer dignement aux célébrations sacramentelles et à les introduire dans la compréhension de l’Ecriture Sainte par des rencontres particulières. La tâche de l’acolyte est de servir à l’autel en aidant le diacre et les prêtres dans les actions liturgiques. Comme ministre extraordinaire de la communion eucharistique, il peut la distribuer en cas de nécessité ; de plus, il peut exposer le Saint Sacrement pour l’adoration des fidèles sans donner la bénédiction. Il sera de sa compétence de préparer ceux qui servent à l’autel. L’Évêque ne manquera pas d’offrir aux lecteurs et aux acolytes une formation spirituelle, théologique et liturgique appropriée, afin qu’ils puissent participer à la vie sacramentelle de l’Église avec une conscience toujours plus profonde. 6 114. Les associations de laïcs. « La nouvelle saison d’association des fidèles laïcs » 342 que l’on enregistre aujourd’hui, surtout grâce au phénomène des mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles, est un motif de gratitude envers la Providence de Dieu, qui ne cesse pas d’appeler ses enfants à un engagement croissant et toujours plus actuel dans la mission de l’Église. L’Évêque, reconnaissant le droit d’association des fidèles, en tant qu’il est fondé sur la nature humaine et sur la condition baptismale du fidèle chrétien, encouragera avec un esprit paternel le développement associatif, accueillant avec cordialité les « mouvements ecclésiaux » et les communautés nouvelles pour redonner vigueur à la vie chrétienne et à l’évangélisation. Aux nouvelles réalités associatives des fidèles laïcs, l’Évêque offrira le service de son accompagnement paternel afin qu’elles s’insèrent avec humilité dans la vie des Églises locales et dans les structures diocésaines et paroissiales ; de plus l’Évêque veillera aussi à ce que soient approuvés les statuts comme signe de la reconnaissance ecclésiale des réalités associatives laïques, 343 et pour que les différentes œuvres d’apostolat associatif présentes dans le diocèse soient coordonnées sous sa direction, de manière appropriée à chaque cas. 344 Un contact étroit avec les responsables de chaque association laïque offrira à l’Évêque l’occasion d’en connaître et d’en comprendre l’esprit et les objectifs. Comme père de la famille diocésaine, il sera de son devoir d’encourager les relations de collaboration cordiale entre les divers mouvements associatifs de laïcs, évitant dissensions ou suspicions qui parfois pourraient se produire. 345 L’Évêque est conscient que le jugement sur l’authenticité de charismes laïcs particuliers comme sur leur exercice harmonieux dans la communauté ecclésiale, revient aux Pasteurs de l’Église, auxquels il convient de « ne pas éteindre l’Esprit, mais de discerner la valeur de toute chose et de garder ce qui est bien » (1 Th 5, 12. 19-21). 346 L’Évêque tiendra compte de la reconnaissance ou de l’érection d’associations internationales de la part du Saint-Siège pour l’Église universelle. 115. Assistance ministérielle des œuvres laïques. L’Évêque fera le nécessaire afin que dans les initiatives apostoliques des laïcs une prudente et assidue assistance ministérielle conforme aux caractéristiques particulières de chaque initiative ne fasse jamais défaut. Pour une tâche aussi importante il choisira avec attention des clercs vraiment aptes par le caractère et la capacité d’adaptation au milieu dans lequel ils doivent exercer cette activité, après avoir entendu les laïcs intéressés eux-mêmes. Ces clercs, dans la mesure du possible, seront dispensés d’autres charges qui se révéleraient difficilement compatibles avec cet office et on pourvoira à leur opportune subsistance. Les assistants ecclésiastiques, dans le respect des charismes et/ou des finalités reconnues et de la juste autonomie qui correspond à la nature de l’association ou de l’œuvre laïque, et à la responsabilité que les fidèles laïcs y assument, même au niveau de la direction, doivent savoir instruire et aider les laïcs à suivre l’Évangile et la doctrine de l’Église comme norme suprême de leur pensée et de leur action apostolique ; avec amabilité et fermeté ils exigeront que leurs initiatives soient maintenues conformes à la foi et à la spiritualité chrétienne. 347 De plus, ils doivent transmettre fidèlement les directives et la pensée de l’Évêque, qu’ils représentent, et 7 donc favoriser les bonnes relations réciproques. L’Évêque encouragera des rencontres entre les assistants ecclésiaux pour resserrer les liens de communion et de collaboration entre eux et le Pasteur du diocèse et étudier les moyens les plus appropriés à leur ministère. Il est particulièrement important que des prêtres spécialement préparés offrent leur assistance empressée aux jeunes, aux familles, aux fidèles laïcs qui assument d’importantes responsabilités publiques, ainsi qu’à ceux qui développent des œuvres de charité significatives et à ceux qui rendent témoignage à l’Évangile dans des milieux très sécularisés ou dans des conditions de difficultés particulières. 116. La formation des fidèles laïcs. De l’importance de l’action des laïcs aujourd’hui naît la nécessité de pourvoir dans une large mesure à leur formation, qui doit être une des priorités des plans et des programmes diocésains d’action pastorale. 348 L’Évêque saura faire face généreusement à ce grand défi, appréciant de manière appropriée les initiatives autonomes d’autres institutions hiérarchiques de l’Église, des Instituts de vie consacrée, et des associations, mouvements et autres réalités ecclésiales ; il les encouragera directement, sollicitant la collaboration de prêtres, de personnes consacrées, de membres de Sociétés de vie apostolique et de laïcs bien préparés en chaque domaine, de façon que toutes les instances diocésaines et les milieux de formation s’y engagent avec générosité et qu’on puisse rejoindre par capillarité un grand nombre de fidèles : paroisses, institutions éducatives et culturelles catholiques, associations, groupes et mouvements. On se préoccupera, en premier lieu, avec des moyens anciens et nouveaux (exercices et retraites spirituelles, rencontres de spiritualité, etc.) de la formation spirituelle des laïcs, pour les inciter à considérer les activités de la vie ordinaire comme des occasions d’union à Dieu et d’accomplissement de sa volonté, et aussi comme un service des autres hommes, les amenant à la communion avec Dieu dans le Christ. Par des cours et des conférences on leur donnera une formation doctrinale suffisante, qui propose une vision la plus ample et la plus profonde possible du mystère de Dieu et de l’homme, sachant insérer dans cette perspective la formation morale, y compris l’éthique professionnelle et la doctrine sociale de l’Église. Enfin, on ne perdra pas de vue la formation aux valeurs et aux vertus humaines, sans lesquelles il ne peut y avoir une vraie vie chrétienne, et qui seront, devant les hommes, une preuve du caractère salvifique de la foi chrétienne. Tous ces aspects de la formation des laïcs doivent être orientés à réveiller en eux un profond sens apostolique, qui les portera à transmettre la foi chrétienne par leur témoignage spontané, avec franchise et courage. 349 8 Notes 305 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, nn. 30 et 33 ; Décret Apostolicam actuositatem, nn. 2-3 ; Code de droit canonique, can. 204 § 1 et 208. 306 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 37. 307 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, n. 26 ; Code de droit canonique, can. 212 § 3. 308 Cf. Code de droit canonique, can. 227. 309 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 40. 310 Cf. JEAN-PAUL II, Encycl. Redemptoris missio, n. 90. 311 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, nn. 16 ss.; JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, n. 14 ; Encycl. Redemptoris missio, n. 71 ; Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis, n. 51 ; Code de droit canonique, can. 225-227. 312 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Dogm. Lumen gentium, n. 32. 313 CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Dogm. Lumen gentium, n. 31. 314 Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, n. 15. 315 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, n. 16 ; Code de droit canonique, can. 225. 316 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Dogm. Lumen gentium, n. 31 ; Code de droit canonique, can. 225 § 2 ; JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 34 ; Encycl. Redemptoris missio, n. 71 ; PAUL VI, Exhort. apost. post-synodale Evangelii nuntiandi, n. 20. 317 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, nn. 38, 40 et 43. 318 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 42. 319 Cf. Code de droit canonique, can. 227. 320 CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Note doctrinale au sujet de quelques questions concernant l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique, n. 4 ; cf. JEAN-PAUL II, Encycl. Evangelium vitae, n. 73. 321 Cf. JEAN-PAUL II, Encycl. Redemptoris missio, n. 37 ; Exhort. apost. post-synodaleChristifideles laici, n. 44 ; PAUL VI, Exhort. apost. post-synodale Evangelii nuntiandi, n. 20. 322 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 39. 323 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 33 ; Décret Apostolicam actuositatem, n. 10. 324 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 28 ; Code de droit canonique, can. 230. 325 Cf. Code de droit canonique, can. 228 ; 229 § 3 ; 317 § 3 ; 463 § 1 n. 5 ; 483 ; 494 ; 537 ; 759 ; 776 ; 784 ; 785 ; 1282 ; 1421 § 2 ; 1424 ; 1428 § 2 ; 1435 ; etc. 326 Cf. Code de droit canonique, can. 301. 327 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 35. 328 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 44. 329 Cf. Code de droit canonique, can. 766 et 777. On doit se rappeler que les laïcs ne peuvent pas faire l’homélie. L’Évêque diocésain ne peut pas dispenser de cette règle. 330 Cf. CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Directoire pour les célébrations dominicales sans prêtre. 9 331 Selon le Responsum du CONSEIL PONTIFICAL POUR L’INTERPRÉTATION DES TEXTES LÉGISLATIFS, du 1. VI. 1988, le ministre extraordinaire de la communions ne doit pas administrer la communion quand dans le lieu de la célébration est présent un ministre sacré qui peut le faire. Cf. JEAN-PAUL II, Lettre apost. Dominicae Coenae. 332 Cf. Code de droit canonique, can. 1112. 333 Cf. Code de droit canonique, can. 861 ; CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Rituel romain, Ordo du Baptême des petits-enfants, Introduction, nn. 16-17. 334 Cf. CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Rituel romain, Ordo des obsèques, Introduction, n. 19. 335 Cf. Code de droit canonique, can. 230 § 3 ; 517 § 2 ; 943. 336 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 23. 337 Sur la signification de la suppléance par les laïcs, la relation avec le sacrement de l’Ordre et l’interprétation correcte de certaines dispositions du Code de droit canonique, cf. l’Instruction Ecclesiae de Mysterio de quelques Congrégations de la Curie romaine. 338 JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 23 ; cf. Encycl.Ecclesia de Eucharistia, nn. 29-33 ; CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ, Lettre circulaire, Le prêtre, maître de la parole, ministre des sacrements et guide de la communauté en vue du troisième millénaire chrétien. 339 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 23. 340 Cf. Ibid. 341 Cf. Code de droit canonique, can. 330 ; PAUL VI, Motu proprio Ministeria quaedam III, VII, XII. 342 JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 29. 343 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, nn. 18 et 19 ; Code de droit canonique, can. 215 ; 299 § 3 ; 305 et 314 ; JEAN-PAUL II, Exhort. apost. postsynodale Christifideles laici, nn. 29 et 31 ; Encycl. Redemptoris missio, n. 72. 344 Cf. Code de droit canonique, can. 394 § 1. 345 Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 31. 346 Au sujet des critères d’ecclésialité pour garantir l’authenticité des nouveaux charismes et le bon exercice du droit d’association dans l’Eglise, cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 12, et JEAN-PAUL II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. 30. 347 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, nn. 19-20 ; 24-25. 348 Cf. Code de droit canonique, can 217-218 ; 329 ; JEAN-PAUL II, Exhort. apost. postsynodale Christifideles laici, n. 57. 349 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décret Apostolicam actuositatem, nn. 4 ; 28-32 ; JEANPAUL II, Exhort. Apost. post-synodale Christifideles laici, nn. 17, 60, 62 ; Encycl.Redemptoris missio, nn. 42-45 ; Exhort. Apost. postsynodale Pastores gregis, n. 51. 10 Echange à l’UAC du 23 janvier 2017 - Si le laïc comprend bien son rôle dans l’ecclésiologie catholique, sans recherche de pouvoir, ça se passe bien et c’est même agréable - Problème de la professionnalisation : compter ses heures, … - Les textes distinguent les missions ordinaires des laïcs et les missions extraordinaires ou de suppléance - Tous les prêtres n’ont pas la compétence en tout : de quelle aide aurait-il besoin ? Par qui ? - Quels charismes propres des laïcs avons-nous besoin dans l'Église ? Responsable de la formation ? Psychologue ? Etc. - Quelle est la réalité de cette mission venant de l’évêque ? Comment réfléchir à partir de là ? Se ressourcer à partir de là ? - Quelle réception du document sur la collaboration des laïcs à la mission de l'Église ? - Messe chrismale : est-ce le bon endroit pour rattacher le ministère des laïcs ? - Quelles tâches propres au prêtre, en particulier au curé, a-t-on délégué et a-t-on gardé ? Est-ce les bons choix, ou la bonne proportion ? Aumôneries, catéchèse, organisation, etc. - Les laïcs plus engagés sont souvent dans les mouvements : ils savant davantage ce qu’ils doivent faire (cf. Luc au Rwanda) - On a besoin plutôt aujourd’hui de valoriser le ministère du prêtre : quel est sa vocation propre, son ministère particulier… et pas quelqu’un qui revendique une place qu’il n’a pas - Un des enjeux : si cela manque de clarté, si on se dispute, on n’a pas d’efficacité… et le diable gagne - Disproportion entre les efforts faits pour intégrer les laïcs au service de l'Église, et le peu de réflexion et d’action pour la mission première des laïcs engagés dans le monde - Les conflits viennent souvent du fait que les personnes ne savent pas exactement où est leur place, et aussi quand ils ne comprennent pas le rôle spécifique des prêtres - Ex UP Venoge-Aubonne : chacun est bien dans sa place, et comprend bien celle des autres [à préserver] - Là où les laïcs sont des personnes de foi profonde, prient, témoignent… ça se passe bien en général et c’est agréable - Dans le recrutement des nouveaux, à quoi faut-il penser ? On demande au prêtre d’être fidèle à leur vocation et en état de grâce pour exercer leur ministère. - Pour un laïc croyant, être envoyé par l'Église, ça influence positivement son engagement - Faut-il engager des personnes qui sont déjà ‘disciples’ ? Dans le bénévolat, pas forcément : c’est une manière de les relancer. Mais dans les laïcs salariés, donc envoyés et représentants vraiment l'Église, ça devrait. - Le séminaire est un temps de formation, mais aussi de discernement ; on va donc pouvoir leur dire qu’ils ne sont pas faits pour être prêtres. Et à l’IFM, peut-on aussi faire un discernement pour les laïcs engagés dans l'Église ? 11 - - En soit, ce n’est pas la mission des laïcs de faire ce que font les prêtres ; eux ‘soignent’ les chrétiens, qui sont envoyés dans le monde Par contre, pour des tâches ‘laïques’ dans l'Église ont été faite par les prêtres : administration, finance, etc. Il y a des laïcs qui ne comprennent pas ça, qui ne savent pas pourquoi ils n’iraient pas communier chez les protestants, qui ouvertement sont contre certains aspects de l’enseignement de l'Église… quel témoignage ? Quelle efficacité ? Attention à engager des gens en baissant la qualité, parce qu’on a besoin. Jusqu’où garder des laïcs déjà engagés qui sèment un mauvais esprit ? 12 L’APOSTOLAT DES LAÏCS Quelques commentaires sur le décret Apostolicam actuositatem 08.02.2017 CCRFE Session inter-ministères INTRODUCTION Avant de commencer, je tiens à remercier les organisateurs de cette session de m’avoir invité à y participer. Il m’a été demandé d’aborder avec vous le thème de l’apostolat des laïcs à la lumière du Concile Vatican II et de le développer dans la perspective concrète des ministères en Suisse romande et de leurs spécificités. J’aimerais pour cela, dans les brefs délais qui me sont impartis, procéder en deux temps. Dans un premier moment je me ferai l’écho et l’interprète du document conciliaire spécialement consacré à l’apostolat des laïcs, en essayant d’en relever les lignes principales et les enjeux les plus importants. Dans un deuxième moment je vous proposerai une réflexion de nature plus personnelle, des questionnements voire des propositions touchant les prolongements de ce document aujourd’hui et plus particulièrement dans la mission des agents pastoraux laïcs. Avant de se plonger dans les fondamentaux du document, il semble naturel de s’interroger, en guise d’introduction, sur la nouveauté du sujet. On peut en effet se demander si le Concile Vatican II a véritablement innové en donnant aux laïcs une place, un rôle, une importance, en bref une dignité et une responsabilité dans l’Église. On entend parfois en effet qu’avant l’aggiornamento conciliaire les laïcs n’ont été par rapport aux ministres ordonnés (évêques, prêtres et diacres) que des instruments passifs dans la mission d’évangélisation de l’Église et que leur statut a toujours été considéré comme quelque chose d’inférieur ou de second. Ces perspectives historiques mais aussi théologiques, vous l’aurez compris, demandent à être nuancées et envisagées avec un certain recul. Il est vrai qu’à l’âge baroque par exemple on peut trouver l’idée que le laïc possède un état de vie imparfait et que son rôle consiste à obéir aux clercs (Melchior Cano s’inquiète en ce sens de ces laïcs qui communient et se confessent trop fréquemment et qui lisent l’Écriture en langue vernaculaire...). Toutefois, dès l’aube de l’Église les Actes des apôtres rendent témoignage à ces admirables laïcs qui collaborèrent à l’œuvre des apôtres et l’histoire de l’Église est ponctuée par ces figures comme Catherine de Sienne ou Thomas More, et plus récemment Frédéric Ozanam, Pier Giorgio Frassati, les époux Martin Louis et Zélie (tous bienheureux ou saints) sans parler des martyrs de l’Ouganda ou de la Corée ; ou par ces mouvements de laïcs (pensons aux béguines, aux tiersordres, etc.). Certes dans le contexte sacral de la chrétienté médiévale où tout le monde était chrétien (les structures sociales et politiques étant également chrétiennes), autrement dit dans la Respublica christiana, l’apostolat des laïcs n’avait que peu d’espace pour développer toutes ses potentialités. Mais les choses changèrent avec la Réforme, les divisons religieuses et le développement de l’incroyance : d’où ces mouvements dévots, la Compagnie du Saint Sacrement, les congrégations mariales jésuites, etc. À la veille du Concile Vatican II, la reconnaissance de l’action des laïcs est en fait une chose de bien établie. En 1905 déjà saint Pie X avait signé la première charte de l’Action catholique (encyclique Il fermo proposito) qui reconnaissait le bien-fondé de l’engagement des catholiques pour « répandre et toujours mieux développer le règne de Dieu dans les individus, les familles et la société » et envisageait clairement une forme de coopération entre les organisations de laïcs et la hiérarchie, qui prendra plus tard dans certains cas la forme juridique du mandat. Dans les milieux francophones, beaucoup de mouvements et d’œuvres de jeunesse virent le jour dans la première moitié du XXème s. (l’ACJF, le Sillon, la JOC, etc.) avec notamment l’idée d’évangéliser le semblable par le semblable (« entre eux, par eux, pour eux ») selon une méthode choisie (« voir, juger, agir ») qui sera approuvée par Pie XI (encyclique Quadragesimo anno) La réflexion des théologiens, comme Chenu, Congar, Rahner ou Balthasar a par ailleurs favorisé cette reconnaissance de la place des laïcs dans l’apostolat de l’Église. Pie XII parle clairement de l’apostolat des laïcs et substitue au mot participation celui de collaboration avec la hiérarchie (discours 14 avril 1939) afin de souligner la dimension de l’initiative personnelle et de l’autonomie. Ajoutons qu’en 1951 s’est déroulé le premier congrès international pour l’apostolat des laïcs. Ainsi donc, s’il n’existait pas encore de conseil pontifical pour les laïcs à la curie romaine à la veille du Concile, l’apostolat des laïcs figura cependant assez naturellement parmi la liste des commissions préparatoires. Le document final du reste, bien qu’ayant subi quelques réorganisations dans son plan et menues retouches, sera accepté sans polémique par les pères conciliaires. Par ces quelques éléments historiques, nous pouvons donc constater que la place donnée aux laïcs dans l’œuvre d’évangélisation et de sanctification du monde n’est pas apparue avec le Concile. Certains (Mgr Achille Glorieux par ex., qui était secrétaire de la commission conciliaire) sont mêmes allés jusqu’à affirmer que le décret sur l’apostolat des laïcs contenaient en fait des positions déjà en partie surannées, trop liées aux orientations de l’époque (l’insistance sur l’Action catholique en est de fait un exemple). Il serait cependant injuste de dénier à l’œuvre du Concile le moindre mérite, car il a non seulement clairement explicité et mis en relief la dignité du fidèle laïc (notamment par la doctrine, du reste parfaitement classique, du sacerdoce baptismal), mais encore il a admirablement souligné sa vocation apostolique en relevant des aspects fondamentaux qui encore aujourd’hui gardent toute leur valeur. En somme, les pères conciliaires ont moins cherché à innover qu’à revaloriser l’activité des laïcs en les invitant à un nouvel élan missionnaire. Le changement est dans l’optique. Comme l’écrivait le card. Journet : « L’Église se tourne vers ses enfants laïcs avec le souci moins de les préserver du mal que de les envoyer au milieu des dangers avec Dieu dans leur cœur, pour témoigner de l’Évangile1 ». En ce sens on peut lire ce décret comme un approfondissement de la conscience que l’Église tout entière (comme Peuple de Dieu) a d’elle-même et de sa mission, que viendront notamment prolonger d’autres documents du Magistère, en particulier Evangeili nuntiandi de Paul VI, Christilaici fideles et Redemptoris missio de saint Jean Paul II et naturellement Evangelii gaudium du pape François qui est le fuit d’un synode sur la nouvelle évangélisation. A. LE DECRET SUR L’APOSTOLAT DES LAÏCS Le préambule : Le décret Apostolicam actuasitatem est divisé en 6 chapitres et comprend 33 numéros. Nous n’aurons pas l’occasion ici de tous les commenter et devrons nous contenter des points les plus significatifs de l’introduction et des chapitres 1 et 2. Le préambule souligne dès le départ plusieurs éléments fondamentaux : 1. faisant référence à LG 33, il souligne que les laïcs ont un « rôle propre » et « absolument nécessaire » dans la mission de l’Église 2. il rappelle en outre que ce cet apostolat découle de leur « vocation chrétienne même » 1 C. JOURNET, « Le Mystère de l’Église selon le IIe Concile du Vatican », RT 1965, p. 34-35. 3. il met en évidence certaines caractéristiques complexes du monde moderne et l’urgence que revêt dans ce contexte l’apostolat des laïcs : non seulement il y a des champs d’action pour l’apostolat des laïcs « en grande partie ouverts à eux seuls », mais encore il y a de « nouveaux problèmes » dus au fait que l’autonomie de nombreux domaines de la vie a entrainé leur éloignement de « l’ordre moral et religieux ». Quelques commentaires en passant : - si les laïcs ont un rôle propre dans la mission de l’Église, il convient de découvrir quel est ce rôle plutôt que de l’envisager, en raison de la raréfaction des ministres ordonnés ou de la promotion du laïcat, en termes de substitution des prêtres (vision cléricale) - si leur apostolat est nécessaire, cela signifie qu’il est complémentaire de celui de la hiérarchie - la collaboration laïcs/ministres ordonnées devrait donc se faire sans confusion ni séparation : il y a là le grave enjeu d’une communion hiérarchique et d’une union organique (sans laquelle on risque de ne pas développer les riches potentialités de chaque état et de se rendre moins disponible aux missions propres) - si cet apostolat des laïcs découle de leur vocation chrétienne, cela signifie que tous les chrétiens sont « appelés », comme chrétiens, à évangéliser (et non les seuls professionnels) - il y a des lieux que les ministres ordonnés n’atteignent jamais : ces lieux sont le « privilège » des laïcs) : quels sont-ils ? - la sécularisation appelle le chrétien laïc à réconcilier/rapprocher le monde chrétien (sacré/spirituel) et le monde profane/temporel ce sont les périphéries pour parler bergoglien... (autrement dit les pauvretés spirituelles où Dieu est oublié ou refusé) Rien que ce préambule est d’une richesse extraordinaire... Chapitre 1 : Le premier chapitre traite de la vocation des laïcs à l’apostolat et développe 3 points extrêmement importants : 1. Le premier concerne la participation des laïcs à la mission de l’Église et donne plusieurs éléments cruciaux : - l’apostolat est défini comme l’activité de Corps mystique qui vise à : a) faire participer tous les hommes à la Rédemption salutaire (évangélisation et sanctification des hommes) b) ordonner le monde entier au Christ (transformation de l’ordre temporel par l’esprit évangélique) - cet apostolat est exercé par tous les membres de l’Église, mais de « diverses manières » : il y a donc « diversité de ministères mais unité de mission ». - « le propre de l’état des laïcs étant de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes ». - « ils sont appelés par Dieu à exercer leur apostolat dans le monde à la manière d’un ferment, grâce à la vigueur de leur esprit chrétien ». 2. Le deuxième point concerne les fondements de cet apostolat des laïcs : - c’est au titre de leur baptême, par leur insertion dans le corps mystique du Christ, qu’ils sont députés par le Christ lui-même à l’apostolat. En vertu de leur sacerdoce royal, ils sont appelés à « faire de toutes leurs actions des offrandes spirituelles, et à rendre témoignage au Christ sur toute la terre ». - si la « la très belle tâche de travailler sans cesse pour faire connaître et accepter le message divin du salut par tous les hommes sur toute la terre » est commune à tous les chrétiens, elle se différencie selon les personnes en fonction des charismes. 3. Le troisième point enfin touche à la spiritualité des laïcs dans l’ordre de l’apostolat. Ce paragraphe me semble l’un des plus profond et des plus importants, c’est pourquoi j’y reviendrai en le prolongeant dans la deuxième partie de mon intervention. Je relève simplement deux points : - « la fécondité de l’apostolat des laïcs dépend de leur union vitale/ de leur vie d’intime union avec le Christ ». - « Cette spiritualité des laïcs doit revêtir des caractéristiques particulières suivant les conditions de vie de chacun : vie conjugale et familiale, célibat et veuvage, état de maladie, activité professionnelle et sociale ». Quelques commentaires en passant : - la définition de l’apostolat est volontairement large : elle ne se limite pas à l’annonce explicite de la Bonne nouvelle (apostolat direct) mais comprend également l’orientation ou l’animation chrétienne des réalités temporelles dont nous reparlerons parce que cet élément est cardinal. - nous nous demandions quel était le propre des laïcs : le concile nous précise que ce n’est pas fondamentalement son activité qui le distingue (même s’il y a des choses qu’il ne peut faire, confesser par ex., lui aussi évangélise comme les ministres ordonnés) mais son lieu d’activité : le monde avec ses structures temporelles. Le propre du laïc, c’est donc son état de vie, autrement dit le fait qu’il vit « au milieu du monde et des affaires profanes » (famille, travail, associations, etc.). - Ainsi si son apostolat est comparé à l’œuvre du ferment, ce n’est pas parce qu’il est un chrétien anonyme et inaperçu (on a parfois parlé d’enfouissement), mais parce qu’il est au cœur du monde et qu’il le fait lever : il l’élève depuis l’intérieur, dans son ordre propre, à la lumière de Dieu. - Dire que c’est en raison de son union au Christ par le baptême qu’un chrétien est député à l’apostolat signifie qu’il n’a pas besoin de mandat pour évangéliser. Le fait est important à relever. Ainsi l’Église ne devra jamais se concevoir comme une compagnie de professionnels laïcs rémunérés ayant reçu des lettres de missions et qui seraient au titre de leurs formation, compétences et expertise, des spécialistes de l’évangélisation... Le fondement de l’apostolat n’est ni juridique ni professionnel, il est mystique et repose sur le baptême, c'est-à-dire la grâce sanctifiante, les grâces d’état et les charismes propres... L’activité des agents pastoraux laïcs engagés par un vicariat ou par un diocèse n’est qu’une petite partie des activités apostoliques du corps mystique dans son entier. - la question des charismes enfin est cruciale et appelle deux choses : une vision des missions en fonction des charismes personnels et non des postes (telle mission est donnée parce que l’Esprit Saint a soufflé sur cette personne et non parce qu’il manque quelqu’un à un poste ou dans une commission : tout le monde n’est pas appelé à faire la même chose…) ; une vision charismatique et moins professionnalisante pour les ministères des laïcs agents pastoraux : la mission d’un agent pastoral laïc devrait découlée d’abord d’un charisme reconnu par les pasteurs légitimes, mis au service de l’Église dans une collaboration plus étroite à la charge des ministres ordonnés ; et le caractère professionnel (ce qui relève du droit du travail) de l’agent pastoral laïc devrait advenir ou être considéré comme de surcroît (c’est à dire comme découlant de la juste rémunération et du juste traitement qu’un engagement ecclésial suppose). - La vie spirituelle du laïc, qu’il soit engagé ou non par l’Église, est la clef de son apostolat. J’y reviendrai. Il y a là à la fois le plus beau et le plus délicat des équilibre à tenir : celui de la contemplation au milieu du monde, intimement lié à cet appel à la sainteté qui se situe au cœur du Concile. Chapitre 2 : Le deuxième chapitre traite des buts à atteindre par l’apostolat des laïcs. Il en distingue fondamentalement deux : - apporter aux hommes le message du Christ et sa grâce (évangélisation et la sanctification) - renouveler tout l’ordre temporel Par rapport au premier, le Concile précise que : « cet apostolat ne consiste pas dans le seul témoignage de la vie » prêtre par le baptême. « le véritable apôtre cherche les occasions d’annoncer le Christ par la parole, soit aux incroyants pour les aider à cheminer vers la foi, soit aux fidèles pour les instruire, les fortifier, les inciter à une vie plus fervente » prophète par le baptême. Par rapport au deuxième but, le Concile précise que : « le laïc, qui est tout ensemble membre du Peuple de Dieu et de la cité des hommes n’a qu’une conscience chrétienne. Celle-ci doit le guider sans cesse dans les deux domaines ». Qu’est-ce que l’ordre temporel que le laïc est appelé par son apostolat à renouveler ? - toutes les choses créées : « les biens de la vie et de la famille, la culture, les réalités économiques, les métiers et les professions, les institutions de la communauté politique, les relations internationales et les autres réalités du même genre ». - qui sont bonnes en soi, dans leurs natures propres : « Ils possèdent une valeur propre, mise en eux par Dieu lui-même, soit qu’on regarde chacun d’entre eux, soit qu’on les considère comme parties de l’ensemble de l’univers temporel : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait et c’était très bon » (Gn 1, 31). Cette bonté naturelle qui est leur reçoit une dignité particulière en raison de leur relation avec la personne humaine au service de laquelle ils ont été créés ». - qui sont destinées à être illuminées par la grâce (pensons au mariage réalité naturelle et sacrement) : « Enfin il a plu à Dieu de rassembler toutes les réalités, aussi bien naturelles que surnaturelles, en un seul tout dans le Christ « pour que celui-ci ait la primauté en tout » (Col 1, 18). Cette destination, loin de priver l’ordre naturel de son autonomie, de ses fins, de ses lois propres, de ses moyens, de son importance pour le bien des hommes, rend au contraire plus parfaites sa force et sa valeur propre ; elle le hausse en même temps au niveau de la vocation intégrale de l’homme ici-bas ». L’ordre temporel se rapporte aux réalités naturelles qui contribuent au bonheur terrestre de l’homme (santé, amitié, paix, justice, etc.). Ces réalités, voulues par Dieu, sont touchées par le péché : - « Au cours de l’histoire, l’usage des choses temporelles a été souillé par de graves aberrations. Atteints par la faute originelle, les hommes sont tombés souvent en de nombreuses erreurs sur le vrai Dieu, la nature humaine et les principes de la loi morale : alors les mœurs et les institutions humaines s’en sont trouvées corrompues, la personne humaine elle-même bien souvent méprisée ». - « De nos jours encore, certains, se fiant plus que de raison aux progrès de la science et de la technique, sont enclins à une sorte d’idolâtrie des choses temporelles : ils en deviennent les esclaves plutôt que les maîtres ». « C’est le travail de toute l’Église de rendre les hommes capables de bien construire l’ordre temporel et de l’orienter vers Dieu par le Christ ». Construire un ordre juste qui respecte la dignité de la personne et sa vocation surnaturelle suppose de s’investir pour préserver les structures naturelles de leur corruption et les illuminer de l’intérieur : « Vous êtes le seul de terre et la lumière du monde ». Prenons l’exemple du médecin : - - - - il ne cache pas qu’il est chrétien et peut rendre explicitement témoignage de sa foi si les circonstances le demandent (« docteur vous croyez en une vie après la mort ? oui Madame, je suis chrétien je crois à la résurrection et à la vie éternelle… etc.) Mais pour bien construire l’ordre temporel, il est appelé dans son domaine non pas à distribuer des chapelets mais à bien soigner ses patients (il ne ferait pas la volonté de Dieu en accomplissant mal ses devoirs d’état, comme une maman qui prierait le chapelet au lieu de nourrir son nourrisson qui a faim…) Parce qu’il est animé par l’amour de Dieu, il sera non seulement compétent mais aussi attentif à la dignité de la personne qu’il soigne, respectueux, délicat, etc. Parce qu’il a la foi et veut suivre les enseignements du Christ et de l’Église, il sait que la santé du corps n’est pas tout, que la souffrance et la mort ont un sens à la lumière du mystère pascal, que la personne qu’il soigne est appelée à une vie après la mort. Il créditera donc cette dimension morale et spirituelle, luttera au besoin contre ce qui pourrait s’y opposer (avortement, acharnement thérapeutique, euthanasie, etc.) En ce sens il sera prêtre et prophète au milieu du monde, témoignera du Christ en soignant le mieux possible ses malades et en orientant ce qu’il fait vers Dieu. Les ministres ordonnés ne se désintéressent pas de toutes ces affaires temporelles, mais ils ont un rôle propre qui est moral et spirituel : « Il revient aux pasteurs d’énoncer clairement les principes concernant la fin de la création et l’usage du monde et d’apporter une aide morale et spirituelle pour que les réalités temporelles soient renouvelées dans le Christ ». Les laïcs doivent assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l’ordre temporel. Éclairés par la lumière de l’Évangile, conduits par l’esprit de l’Église, entraînés par la charité chrétienne, ils doivent en ce domaine agir par eux-mêmes d’une manière bien déterminée ». Quelques commentaires en passant : - nous avons vu que le lieu propre du laïc est le monde, maintenant nous savons en plus que sa « tâche propre est le renouvellement de l’ordre temporel ». - nous voyons en outre que prêtres et laïques peuvent s’occuper des buts de l’apostolat mais différemment : * dans l’ordre des activités spirituelles (qui concerne le ministère de la parole et les sacrements), qui est le lieu propre du prêtre (« spécialement confié au clergé » dit le concile), le laïc collabore par le témoignage de sa vie chrétienne et par l’annonce explicite : en ce sens il est prêtre (sanctification) et prophète (évangélisation) par son baptême. * dans l’ordre des activités temporelles, qui concerne le perfectionnement des réalités créées et qui est le lieu propre des laïcs : il y a complémentarité sans confusion. Un laïc pourra être plus saint et plus avancé dans la connaissance du mystère de Dieu qu’un prêtre, mais il devra passer par lui pour recevoir les sacrements et par le Magistère pour être assuré de ce que le Christ a enseigné ; de même un prêtre sera peut-être plus fin stratège que tel leader politique catholique qu’il confesse habituellement, mais son devoir d’état demande de respecter l’autonomie temporelle de son paroissien et de ne pas prendre des décisions à sa place... Comme l’écrivait Maritain, « il ne s’agit jamais pour l’Église que d’aider le monde à résoudre ses problèmes, non de les résoudre pour lui » ! Le sacerdoce ministériel est au service spirituel du sacerdoce baptismal qui s’exerce dans le monde : le prêtre permet au laïc d’être saint dans le monde (se faisant il se sanctifie). La diversité profonde, et donc la source de la complémentarité entre les ministres ordonnés et les fidèles laïcs, au sein de la vie apostolique de l’Église, vient fondamentalement des états de vies (clercs / laïcs), des conditions concrètes de leurs vies qui impliquent des devoirs d’états différents (lieux où Dieu nous appellent à accomplir sa volonté) La tâche temporelle (activités quotidiennes dans le monde) du laïc chrétien est sa vocation spirituelle (là où Dieu l’appelle) : la tâche est ce qu’il fait (changer les couches, payer ses factures, jouer au rugby, écrire des poèmes, lutter contre les injustices, etc.), la vocation spirituelle est l’esprit avec lequel il le fait (amour surnaturel : vie divine communiquée par les sacrements et orientée par les enseignements de l’Église). Conclusion : pour le laïc la vie a quelque chose de la prose poétique (qui dégage une incroyable beauté à partir de mots simples)... Rappelons que Rimbaud a conduit Claudel à sa conversion... Il est invité à ne pas chercher Dieu à côté de la trame de son existence quotidienne, mais à faire sa volonté dans les moindres choses de son quotidien, à accomplir le mieux possible, par amour, sa vocation d’époux et de père, ses responsabilités dans son métier, ses devoirs de citoyen : - Sans mépris/ignorance du créé dans ce qu’il a de beau, bien, bon : le chrétien n’est pas un mort vivant… mais sans absolutiser le créé (comme si le Royaume était de ce monde) : le chrétien sait que la vie est faite de difficultés et que seul Dieu comble le cœur (pas l’argent, la célébrité, une femme mannequin, etc…) C’est ce qu’on appelle la « sanctification du quotidien » et la « consécration du monde » : telle est la magnifique vocation propre du laïc : accomplir ses devoirs ordinaires et quotidiens avec l’esprit du Christ, partout où il se trouve (à la salle de bain, au travail, au supermarché, etc) : « Les devoirs de chaque instant, sous leurs obscures apparences, recèlent la vérité du divin vouloir, ils sont comme les sacrements du moment présent », De Caussade, L’abandon à la divine providence. Dieu n’est pas présent uniquement quand on va la messe… ou plutôt, notre vie doit être une messe. Si l’Eucharistie est source et sommet, c’est parce que le sacrifice de la messe doit passer dans les sacrifices spirituels de nos journées… Voilà le sens du sacerdoce baptismal. Nous sommes prêtres en offrant toute notre vie à Dieu, à chaque instant (et non pas au sens où il faudrait se priver de chocolat pour plaire à Dieu…). Un saint triste est un triste saint disait saint Jean Bosco ! B. PISTES ET REFLEXIONS C’est ici que le rôle de l’agent pastoral laïc peut être plus spécialement considéré. En abordant cette question délicate, je quitte le texte du concile pour vous partager quelques considérations qui n’ont d’autre ambition que de stimuler vos propres réflexions sur le rôle et la place que vous allez occuper dans la mission de l’Église. L’agent pastoral laïc est me semble-t-il dans une situation particulière, pour ainsi dire intermédiaire. En effet par son état de vie il est laïc (il a souvent une famille) mais par la mission qu’il a reçue de l’Église, il collabore au ministère pastoral du clergé. L’agent pastoral laïc a donc des activités à la fois temporelles (il change des couches par ex.) mais aussi spirituelles (il apporte la communion, accompagne des catéchumènes, etc). S’il exerce non pas toutes mais certaines fonctions des ministres sacrés, et ce dans une certaine mesure et par l'autorité légitime, elles sont cependant qualifiées comme « fonctions ecclésiastiques à but spirituel ». Le mandat reçu ou la lettre de mission de l’évêque indique bien cette participation directe, cette collaboration à l’activité apostolique de la hiérarchie. Comme cependant ce n’est pas l’activité ou la fonction mais l’ordination sacramentelle qui confère au ministre une participation particulière à la fonction du Christ Chef et Pasteur, l’agent pastoral laïc n’est pas un pasteur. La fonction spirituelle spéciale qu’il exerce n’est pas légitimée par son baptême (sacerdoce commun) mais par la délégation ou députation officielle (mandat, lettre de mission) reçue des pasteurs (ainsi un prêtre à la retraite peut encore célébrer la messe, tandis qu’un agent pastoral laïc qui n’a plus de mandat laisse la mission qu’il avait parce qu’elle ne reposait pas sur le caractère sacramentel mais sur une députation). Cette situation qui peut quelques fois être l’occasion de certaines tensions dans l’articulation concrète et quotidienne des ministères laïcs et ordonnés possède pourtant quelque chose d’intéressant. De par sa position spécifique, l’agent pastoral laïc peut jouer un rôle de médiation et apporter une richesse complémentaire aussi bien aux prêtres qu’aux fidèles. - - Au prêtre il peut certes apporter l’aide dans toutes les activités permises pour un laïc et qu’une surcharge pour le prêtre ou une absence ne lui permettrait pas d’honorer (apporter une communion, célébrer des funérailles) : il s’agit là d’une suppléance légitime et importante, mais qui n’exploite pas toutes les potentialités de l’identité et la condition propre de l’agent pastoral laïc. Dans une action spirituelle et qui revient de droit au prêtre (homélie, sacrement) le laïc, en raison de son état de vie, de ses charismes, dons et compétences, peut apporter - - une aide dans son ordre propre : par exemple avec les enfants s’il est parent, avec les fiancés s’il est marié, avec les malades s’il a une formation de soignant, avec l’homélie s’il est doué pour l’art oratoire ou la communication, avec la beauté s’il est artiste, avec tous ses talents, etc. Il ne sera plus question que l’un fasse une activité à la place de l’autre (qui fait ? qui décide ?), mais de viser au même but spirituel (mission commune) selon les modalités propres à chaque état (diversité de ministères), dans le respect d’une part de l’autorité pastorale et dans la reconnaissance d’autre part d’un charisme reconnu. Ainsi le ministre ordonné et l’agent pastoral laïc seront tous deux au service du sacerdoce baptismal des fidèles de manière complémentaire (pensons aux préparations de mariage par ex.). L’agent pastoral laïc peut non seulement aider le prêtre dans le soin des âmes, mais il peut aussi aider directement les fidèles. Précisément parce qu’il est laïc, il peut contribuer à aider les baptisés à vivre leur vocation chrétienne dans le monde. Il y aurait là un étonnant va et vient : sa mission spirituelle serait « par mandat » d’aider les laïcs à vivre chrétiennement dans le monde. Je suis convaincu qu’il y a là quelque chose de tout à fait intéressant. Je vais essayer de m’expliquer. Trop souvent lorsqu’une personne souhaite faire quelque chose pour l’Église ou au nom de l’Evangile, on lui propose des activités soit paroissiales soit caritatives. Bien sûr toutes ces choses sont bonnes, mais pourquoi vouloir absolument que telle personne chante dans la chorale, donne la communion ou fasse partie du conseil de paroisse ? Si comme le concile le manifeste très bien, le rôle premier du laïc est d’imprégner le monde dans lequel il vit de l’Évangile, pourquoi ne pas l’y aider ? Il y a là quelque chose du paradoxe : nous disons tous les baptisés sont appelés à être des saints dans le monde, mais faisons-nous vraiment tout ce qui est en notre pouvoir pour les y aider ? Cette sanctification du quotidien par l’amour surnaturel qui doit inspirer toutes les actions du laïc et cette consécration du monde qui l’appelle à imprégner de principes chrétiens « l’immense sphère du monde profane » comme le disait Paul VI, invitent à de telles hauteurs dans le train du quotidien que de nombreuses aides semblent nécessaires. Ici encore, les agents pastoraux laïcs devraient avoir la formation et la vie spirituelle pour porter ces âmes qui souhaitent évangéliser leur milieux de vie... Beaucoup de choses sont à inventer et proposer... À commencer par rappeler à tous les baptisés leur vocation. Enfin on pourrait imaginer que de par sa condition laïque, l’agent pastoral soit spécialement mandaté pour toucher de personnes éloignés et aider les baptisés dans leur apostolat auprès d’eux. On pourrait pour cela imaginer d’élargir les champs de sa mission spirituelle, en fonction de sa condition propre de laïc : au-delà du champ pastoral habituel (catéchèse, liturgie, etc.) dans le fond de plus en plus restreint, il y aurait le champ de la nouvelle évangélisation (personnes intéressées mais éloignées, non pratiquantes mais croyantes, mal croyants, etc.) et de celui à proprement parler de la mission ad gentes (vers les gens qui ne connaissent rien du Christ, incroyants). Dans le contexte post-moderne que nous connaissons, ce dernier champ est celui qui viendra rapidement au premier plan. Il y a là un champ d’apostolat propre qui inviterait à s’intéresser à des milieux auxquels précisément les prêtres n’accèdent que rarement ou pas du tout : le sport, les divertissements, le design, la mode, le développement personnel, le monde de la nuit, de la culture, des médias (cinéma, internet, applis smartphone), etc. Ces audaces apostoliques, pour être fécondes, devront nécessairement reposer sur des charismes éprouvés et sur une vie spirituelle solide. Ce sera mon dernier point mais il est dans le fond le plus important. Si l’agent pastoral laïc est appelé à jouer un rôle privilégié pour aider et conduire les baptisés à évangéliser le monde et l’imprégner des principes chrétiens, il doit lui-même s’efforcer de vivre cette unification décrite par le concile selon laquelle « ni le soin de sa famille ni les affaires temporelles ne doivent être étrangers à sa spiritualité ». La tâche est exigeante et belle. Comme laïcs nous sommes appelés à vivre pleinement et saintement nos tâches profanes (famille, sport, vacances, etc.). Comme agents pastoraux nous sommes appelés à des activités explicitement spirituelles (transmettre la Parole par ex.). La mission spirituelle reçue comme la texture temporelle, l’épaisseur de nos vies tissées de tiraillements et soucis pratico-pratiques, délibérations familiales constantes et réflexions nombreuses sur des questions actuelles complexes (remplir sa fiche d’impôts n’est pas une mince affaire !), nous demandent pour durer et rayonner à la maison comme à l’église, d’autant plus d’amour, d’humilité et d’abandon... Notre état de vie nous amènera beaucoup de dispersion. Notre mission nous demandera beaucoup d’oraison. Le risque sera de prendre des respirations ponctuelles (ressourcements, retraites, pèlerinages) avant de se replonger dans une fuite en avant (activisme, pédagogisme, réunionite, emailonite...) au lieu d’unifier nos vies et d’élever vers Dieu l’ensemble disparate de nos activités. Frontières entre le temporel (par état de vie) et le spirituel (par mandat/mission), comme agents pastoraux laïcs nous sommes invités à nous laisser habités par ce qui nous dépasse au milieu de ce qui passe, pour collaborer non seulement avec les prêtres, mais aussi pour aider tous les baptisés à être des disciples missionnaires. Nous sommes appelés à entraîner, au double sens du terne, nos frères et sœurs : entraîner au sens d’attirer, de tirer vers des hauteurs, des cimes que nous connaissons ou du moins vers lesquelles nous essayons de tendre (vie intérieure) ; entraîner au sens de motiver, équiper, exercer comme un entraineur sportif qui préparent une équipe à accomplir quelque chose de grand, à affronter des adversaires des tailles, autrement dit pour nous : à vivre saintement au milieu d’un monde de plus en plus éloigné de Dieu. Session CCRFE - Témoignage Fribourg – 06-08.02.17 • Ce que je ne vois pas • Ce que je vois • Ce qui fait parfois problème • Ce qui me désole • Ce qui me paraît important Ce que je ne vois pas: • Des agents pastoraux laïcs qui voudraient prendre la place des prêtres (tous envisagent leur engagement comme une vocation, un service d’Eglise, un don). Ce que je ne vois pas: • Des conflits entre « assistants », « animateurs » et « auxiliaires » pastoraux laïcs (tous sont nommés par l’évêque, et nous les rencontrons tous) - et presque pas de conflits entre bénévoles et agents pastoraux. • Le fondement de tout ministère, c’est le baptême, et non pas la formation. Ce que je vois: • Des communautés qui doivent énormément à la complémentarité des ministères, notamment grâce aux agents pastoraux laïcs, qui sont plus stables • Les prêtres passent, les laïcs restent. • « La paroisse, ce n’est pas seulement le curé ». • Pour la spécificité des agents pastoraux laïcs, pas seulement comme substituts. • Différence des sacerdoces : d’essence et « non gradu tantum ». • « Christianus alter Christus » - « Omnia acta et passa Jesu Christi in carne… » • Chaque baptisé participe à l’efficience salvifique de la sacramentalité du Christ et de l’Eglise. Ce que je vois: • Des secteurs qui préfèrent engager des agents pastoraux laïcs • Le nombre des candidats au sacerdoce et à un ministère laïc évolue plus ou moins en parallèle. • Pour une culture de l’appel (ou bien on a besoin de tous, ou bien on n’a besoin de personne). Ce qui fait parfois problème: • Les limites du rapport Eglise – Etat • Peu de moyens diocésains. • Des rapports seulement de travail entre les employeurs paroissiaux et les agents pastoraux laïcs, alors que l’équipe pastorale de secteur est nommée ensemble. Ce qui fait parfois problème: • Une compréhension trop étroite du cahier des charges • Comme si l’on oubliait la délégation de responsabilités (et non seulement de tâches) et la coresponsabilité de tous dans l’être et l’agir de l’Eglise. • Pour une attention à l’esprit du cahier des charges, et pas seulement à sa lettre. Ce qui me désole: • Tant de souffrances et de conflits entre agents pastoraux, alors qu’on a tout pour bien faire • Philanthropie télescopique. • Pourquoi ne pas se fâcher plutôt avec ceux qui sont loin? • Les esquimaux sont tellement sympathiques. Ce qui me désole: • Le problème n’est pas la théologie, mais le cœur de l’homme compliqué et malade • On a la pastorale de sa théologie, et la théologie de son caractère. • Ca devient vite si sensible et épidermique, peut-être parce que si vital! Ce qui me paraît important : • Les fondements humains (dites merci à vos parents). • Les fondements spirituels (tous disciples missionnaires, en conversion). Ce qui me paraît important : • Une meilleure connaissance mutuelle • Nous sommes marqués par des approches théologiques et culturelles qui se jouent sur des dizaines d’années, voire des siècles. • Eviter de renforcer les polarisations. • Vive le CCRFE. • Fribourg, le 7 février 2017/Pierre-Yves Maillard