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FEMMES... ETERNELLES !!! Lydia Jardon
(et les autres !!) à Ouessant
Le 4 août, Xénia Maliarevitch a joué Marine de Cécile Chaminade. Cette
pièce, de 1887, développe avec virtuosité de nombreux motifs, fluides et
poétiques. Inspirée par un texte de Jean Richepin, elle décline hardiment
de délicats effets aux accents cristallins ou sauvages :
O Reine, ô Mer, j'irai ! Sur tes vagues, en elles,
J'ai passé bien des jours et bien de nuits rêvant,
Pour tâcher d'entrevoir les splendeurs éternelles
Des symboles cachés sous ton voile mouvant,
Miroir incessamment agité qui reflètes
Les tourbillons sans but de l'univers vivant.
Ensuite nous avons eu des duos avec Clara Zaoui au violoncelle : la
sonate numéro 1 opus 102 de Beethoven, la sonate opus 19 de
Rachmaninov, d’un lyrisme ébouriffant, et pour finir le grand tango de
Piazzola. Le choix d’une transcription pour violoncelle d’une mélodie de
Duparc en bis a permis de conclure le concert en douceur.
Le lendemain à midi, c’était le récital de Lydia Jardon, consacré aux
préludes de Chopin. Préposée à la garde de la porte afin que les
retardataires entrent discrètement, et pour éviter que les touristes, il était
midi, n’envahissent les lieux en palabrant, je n’ai malheureusement eu
qu’une version un peu éloignée du concert. Un concert « habité » si j’en
crois les réactions du public subjugué, totalement sous le charme. Je
laisse donc la parole à Alter qui ne s’est pas encore remis de son
enthousiasme. « Une technique souveraine, fabuleuse, une virtuosité
bluffante servant le texte avec un immense respect. Je n’avais pas la
partition, mais je suis certain que tout y était, à la lettre, à la virgule. Allié
à ce panache, où rien n’était gratuit ni affecté, Lydia ajoute une puissance,
une sensibilité musicale hors norme. La générosité de son interprétation
n’a d’égale que l’intensité de l’émotion qu’elle procure à ceux qui
l’écoutent ».
Un peu triste de n’avoir entendu ces préludes qu’à travers les bruits de la
rue mais j’avais eu l’immense chance d’entendre Lydia au calme, seule
spectatrice dans l’église désertée, lors de la répétition de la veille.
Le soir un quintette à vent (hautbois, clarinette, cor et basson) nous a
joué du Mozart, sans doute pas le meilleur morceau du compositeur, et
l’opus 16 en mi bémol majeur de Beethoven, beaucoup plus inspiré. Le
3ème mouvement a particulièrement emporté l’adhésion du public.
Ici, la répétition d'Elane Filonova, avec son fils qui l'accompagnait
sagement ! Aimera-t-il la musique ce petit, ou en sera-t-il dégoûté à vie,
malgré le talent de sa maman pour la faire apprécier aux autres
enfants ???
Encore un concert de midi aujourd’hui, destiné aux enfants. La
pianiste, Elena Filonova, a bien sûr joué des pièces faciles de Chaminade
(conte de fée, valse mignonne, aubade, rigaudon et bien d’autres) mais
pas mal de compositeurs russes. Elle a expliqué longuement aux enfants
la particularité des morceaux qu’elle allait interpréter. Des pièces qui
doivent être faciles pour être jouées et appréciées par eux, dont le titre et
les sonorités évoquent leur univers et leurs préoccupations. Mais qui
doivent aussi leur permettre de progresser grâce à des difficultés
techniques pas trop évidentes, pour ne pas les rebuter.
Et son anecdote concernant les Danses de Poupées de Chostakovitch
était touchant. Petite fille, elle devait avoir 6 ou 7 ans, elle fut conduite par
son professeur de piano auprès du maître malade, qui était venu se faire
opérer la main dans la ville où elle résidait. Impressionnée, elle entra dans
la chambre du compositeur, souffrant, alité, tout petit selon elle dans son
lit d’hôpital. Dès qu’il la vit, son visage s’illumina, et immédiatement il lui
demanda de se mettre au piano et de jouer ces pièces de poupées pour
lui. Il lui expliqua longuement que pour écrire ces morceaux, il avait tenté
de se mettre à la place des poupées, tout le monde sachant que, dès que
la nuit tombe, les jouets peuvent enfin mener leur vraie vie de jouet. Et
bien sûr, qu’ils font la fête et dansent à n’en plus finir. Un souvenir qu’elle
évoquait avec une grande émotion.
JEUDI 5 AOÛT 2010
CECILE CHAMINADE : 1887-1914 LES
ANNEES DE FACILITE
1887 est, si l'on en croit Feriel Kaddour dont je me contente de reproduire
la conférence, le point culminant de la vie de créatrice de Cécile
Chaminade. En effet, si l’on considère son œuvre à partir de cette date,
elle connait une longue période de déclin. Oh certes, son succès ne se
dément pas, au contraire, elle engrange commandes et contrats, mais son
talent se met à s'estomper de façon inéluctable. Elle qui avait une écriture
forte, inventive, originale, ne produit plus que des œuvres courtes, à
succès. Sa musique, d’exigeante qu’elle était, devient facile, plus
convenue, presqu’insipide.
Très frappée par ce brusque arrêt d’un talent en pleine ascension, par
cette vie créatrice qui connait son apogée entre 20 et 30 ans pour ensuite
régresser de façon inattendue, Feriel Kaddour a tenté de dégager les
raisons de cette évolution contre-nature. Car d’ordinaire le talent croit
avec l’âge ! Elle propose plusieurs types de raisons, toutes fort
compréhensibles.
D’abord des raisons biographiques : c’est en 1887 que le père de
Cécile meurt. Cela entraine de toute évidence des conséquences
économiques incontournables pour la jeune femme. Monsieur Chaminade
avait les moyens d’entretenir sa famille sur un pied assez élevé mais il ne
laisse aucune fortune à proprement parler. Par contre, sa femme et sa
fille, ayant des goûts et des habitudes de luxe, un train à mener, il leur
faut des moyens. Et ces moyens c’est Cécile qui va les procurer à sa
mère. Elles ont un standing à maintenir. Pour faire face aux besoins de la
famille, elle accepte de nombreux concerts, et passe un contrat avec un
éditeur de piano qui lui commande des mélodies qui doivent se vendre.
Donc correspondre aux goûts d’une clientèle qui veut du joli, pas du
savant. Elle écrit donc « à la ligne » des mélodies plus courtes, moins
compliquées, qui puissent être joué et appréciés par les dames de la
bonne société, sans se prendre la tête. Elle choisit des textes simples,
voire un peu bébêtes… « si j’étais jardinier d’amour, je te cueillerais des
caresses… ». Il n’a a plus d’évolution dans son écriture et son style ne se
renouvelle plus.
Autour de ces
contraintes financières,
sa mère restera à sa
charge jusqu’à son décès
en 1911, la suivant partout
et ne vivant que grâce à
elle, se greffent tout un tas
d’effets annexes, liés aux
circonstances. Je l’ai dis
plus haut, Paris ne la
célèbre guère en tant que
compositrice et cette
absence de
reconnaissance
institutionnelle bloque sa
carrière. Pour être
reconnu, il fallait avoir
écrit un opéra qui
connaisse le succès.
Cécile Chaminade
consciente de ce challenge écrit en 1887 « La Sévillane ». L’œuvre est
donnée en audition privée et si l’on ne peut pas dire ce qu’elle valait car
elle n’a jamais été donnée en tant que spectacle, elle connait un réel
retentissement. Mais Carvallo, le directeur de l’Opéra Comique, hostile à
la présence de femmes en ses murs, refuse que l’œuvre soit montée.
C’est un coup dur pour Cécile, l’œuvre ne sera jamais jouée en entier et si
l’on en conserve quelques extraits, c’est une grande déception pour elle
de ne pouvoir passer ce cap. Elle essaiera en 1897 d’écrire un autre
opéra mais abandonnera ce projet rapidement, renonçant ainsi à une
reconnaissance d’un autre niveau. Par contre, l’audition de la Sévillane
lance définitivement sa carrière de pianiste et elle connait dès lors un vrai
succès d’interprète. Très demandée, elle court le monde, l’Angleterre s’en
entiche et elle est invitée par la reine Victoria. Les Etats Unis se
l’arrachent et elle déjeune avec le président Roosevelt. Partour se crée
des « clubs Chaminade », on en comptera plus de 100 au début du
XXème siècle. Et j’en ai trouvé un sur Google sans chercher bien loin, qui
a été créé en 1912. Elle va en Turquie, en Allemagne, partout son succès
est éclatant. Mais ces tournées l’empêchent d’écrire et son travail de
compositrice en pâtit. Les voyages sont longs et fatigants, elle doit
composer vite et bref, elle écrit entre deux concerts, à la ligne, sans
approfondir, son inspiration tourne court.
A ces raisons financières, s’ajoutent selon Feriel Kaddour des
raisons psychologiques. Sa vie sentimentale est déchirée. Amoureuse
de Paul Landovsky, un médecin qui a adopté les 6 enfants de son frère
sans doute décédé, elle constate vite que l’évolution et l’épanouissement
de sa carrière sont incompatibles avec le rôle de mère putative qu’elle
devrait tenir auprès de ces enfants. Elle renonce à sa passion et si, plus
tard, elle se marie, ce sera dans des conditions sentimentales tout autres.
En 1887, c’est la rupture avec Paul Landovsky.
VENDREDI 6 AOÛT 2010
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FEMMES... ETERNELLES !!! Lydia Jardon
(et les autres !!) à Ouessant
Le 4 août, Xénia Maliarevitch a joué Marine de Cécile Chaminade. Cette
pièce, de 1887, développe avec virtuosité de nombreux motifs, fluides et
poétiques. Inspirée par un texte de Jean Richepin, elle décline hardiment
de délicats effets aux accents cristallins ou sauvages :
O Reine, ô Mer, j'irai ! Sur tes vagues, en elles,
J'ai passé bien des jours et bien de nuits rêvant,
Pour tâcher d'entrevoir les splendeurs éternelles
Des symboles cachés sous ton voile mouvant,
Miroir incessamment agité qui reflètes
Les tourbillons sans but de l'univers vivant.
Ensuite nous avons eu des duos avec Clara Zaoui au violoncelle : la
sonate numéro 1 opus 102 de Beethoven, la sonate opus 19 de
Rachmaninov, d’un lyrisme ébouriffant, et pour finir le grand tango de
Piazzola. Le choix d’une transcription pour violoncelle d’une mélodie de
Duparc en bis a permis de conclure le concert en douceur.
Le lendemain à midi, c’était le récital de Lydia Jardon, consacré aux
préludes de Chopin. Préposée à la garde de la porte afin que les
retardataires entrent discrètement, et pour éviter que les touristes, il était
midi, n’envahissent les lieux en palabrant, je n’ai malheureusement eu
qu’une version un peu éloignée du concert. Un concert « habité » si j’en
crois les réactions du public subjugué, totalement sous le charme. Je
laisse donc la parole à Alter qui ne s’est pas encore remis de son
enthousiasme. « Une technique souveraine, fabuleuse, une virtuosité
bluffante servant le texte avec un immense respect. Je n’avais pas la
partition, mais je suis certain que tout y était, à la lettre, à la virgule. Allié
à ce panache, où rien n’était gratuit ni affecté, Lydia ajoute une puissance,
une sensibilité musicale hors norme. La générosité de son interprétation
n’a d’égale que l’intensité de l’émotion qu’elle procure à ceux qui
l’écoutent ».
Un peu triste de n’avoir entendu ces préludes qu’à travers les bruits de la
rue mais j’avais eu l’immense chance d’entendre Lydia au calme, seule
spectatrice dans l’église désertée, lors de la répétition de la veille.
Le soir un quintette à vent (hautbois, clarinette, cor et basson) nous a
joué du Mozart, sans doute pas le meilleur morceau du compositeur, et
l’opus 16 en mi bémol majeur de Beethoven, beaucoup plus inspiré. Le
3ème mouvement a particulièrement emporté l’adhésion du public.
Ici, la répétition d'Elane Filonova, avec son fils qui l'accompagnait
sagement ! Aimera-t-il la musique ce petit, ou en sera-t-il dégoûté à vie,
malgré le talent de sa maman pour la faire apprécier aux autres
enfants ???
Encore un concert de midi aujourd’hui, destiné aux enfants. La
pianiste, Elena Filonova, a bien sûr joué des pièces faciles de Chaminade
(conte de fée, valse mignonne, aubade, rigaudon et bien d’autres) mais
pas mal de compositeurs russes. Elle a expliqué longuement aux enfants
la particularité des morceaux qu’elle allait interpréter. Des pièces qui
doivent être faciles pour être jouées et appréciées par eux, dont le titre et
les sonorités évoquent leur univers et leurs préoccupations. Mais qui
doivent aussi leur permettre de progresser grâce à des difficultés
techniques pas trop évidentes, pour ne pas les rebuter.
Et son anecdote concernant les Danses de Poupées de Chostakovitch
était touchant. Petite fille, elle devait avoir 6 ou 7 ans, elle fut conduite par
son professeur de piano auprès du maître malade, qui était venu se faire
opérer la main dans la ville où elle résidait. Impressionnée, elle entra dans
la chambre du compositeur, souffrant, alité, tout petit selon elle dans son
lit d’hôpital. Dès qu’il la vit, son visage s’illumina, et immédiatement il lui
demanda de se mettre au piano et de jouer ces pièces de poupées pour
lui. Il lui expliqua longuement que pour écrire ces morceaux, il avait tenté
de se mettre à la place des poupées, tout le monde sachant que, dès que
la nuit tombe, les jouets peuvent enfin mener leur vraie vie de jouet. Et
bien sûr, qu’ils font la fête et dansent à n’en plus finir. Un souvenir qu’elle
évoquait avec une grande émotion.
JEUDI 5 AOÛT 2010
CECILE CHAMINADE : 1887-1914 LES
ANNEES DE FACILITE
1887 est, si l'on en croit Feriel Kaddour dont je me contente de reproduire
la conférence, le point culminant de la vie de créatrice de Cécile
Chaminade. En effet, si l’on considère son œuvre à partir de cette date,
elle connait une longue période de déclin. Oh certes, son succès ne se
dément pas, au contraire, elle engrange commandes et contrats, mais son
talent se met à s'estomper de façon inéluctable. Elle qui avait une écriture
forte, inventive, originale, ne produit plus que des œuvres courtes, à
succès. Sa musique, d’exigeante qu’elle était, devient facile, plus
convenue, presqu’insipide.
Très frappée par ce brusque arrêt d’un talent en pleine ascension, par
cette vie créatrice qui connait son apogée entre 20 et 30 ans pour ensuite
régresser de façon inattendue, Feriel Kaddour a tenté de dégager les
raisons de cette évolution contre-nature. Car d’ordinaire le talent croit
avec l’âge ! Elle propose plusieurs types de raisons, toutes fort
compréhensibles.
D’abord des raisons biographiques : c’est en 1887 que le père de
Cécile meurt. Cela entraine de toute évidence des conséquences
économiques incontournables pour la jeune femme. Monsieur Chaminade
avait les moyens d’entretenir sa famille sur un pied assez élevé mais il ne
laisse aucune fortune à proprement parler. Par contre, sa femme et sa
fille, ayant des goûts et des habitudes de luxe, un train à mener, il leur
faut des moyens. Et ces moyens c’est Cécile qui va les procurer à sa
mère. Elles ont un standing à maintenir. Pour faire face aux besoins de la
famille, elle accepte de nombreux concerts, et passe un contrat avec un
éditeur de piano qui lui commande des mélodies qui doivent se vendre.
Donc correspondre aux goûts d’une clientèle qui veut du joli, pas du
savant. Elle écrit donc « à la ligne » des mélodies plus courtes, moins
compliquées, qui puissent être joué et appréciés par les dames de la
bonne société, sans se prendre la tête. Elle choisit des textes simples,
voire un peu bébêtes… « si j’étais jardinier d’amour, je te cueillerais des
caresses… ». Il n’a a plus d’évolution dans son écriture et son style ne se
renouvelle plus.
Autour de ces
contraintes financières,
sa mère restera à sa
charge jusqu’à son décès
en 1911, la suivant partout
et ne vivant que grâce à
elle, se greffent tout un tas
d’effets annexes, liés aux
circonstances. Je l’ai dis
plus haut, Paris ne la
célèbre guère en tant que
compositrice et cette
absence de
reconnaissance
institutionnelle bloque sa
carrière. Pour être
reconnu, il fallait avoir
écrit un opéra qui
connaisse le succès.
Cécile Chaminade
consciente de ce challenge écrit en 1887 « La Sévillane ». L’œuvre est
donnée en audition privée et si l’on ne peut pas dire ce qu’elle valait car
elle n’a jamais été donnée en tant que spectacle, elle connait un réel
retentissement. Mais Carvallo, le directeur de l’Opéra Comique, hostile à
la présence de femmes en ses murs, refuse que l’œuvre soit montée.
C’est un coup dur pour Cécile, l’œuvre ne sera jamais jouée en entier et si
l’on en conserve quelques extraits, c’est une grande déception pour elle
de ne pouvoir passer ce cap. Elle essaiera en 1897 d’écrire un autre
opéra mais abandonnera ce projet rapidement, renonçant ainsi à une
reconnaissance d’un autre niveau. Par contre, l’audition de la Sévillane
lance définitivement sa carrière de pianiste et elle connait dès lors un vrai
succès d’interprète. Très demandée, elle court le monde, l’Angleterre s’en
entiche et elle est invitée par la reine Victoria. Les Etats Unis se
l’arrachent et elle déjeune avec le président Roosevelt. Partour se crée
des « clubs Chaminade », on en comptera plus de 100 au début du
XXème siècle. Et j’en ai trouvé un sur Google sans chercher bien loin, qui
a été créé en 1912. Elle va en Turquie, en Allemagne, partout son succès
est éclatant. Mais ces tournées l’empêchent d’écrire et son travail de
compositrice en pâtit. Les voyages sont longs et fatigants, elle doit
composer vite et bref, elle écrit entre deux concerts, à la ligne, sans
approfondir, son inspiration tourne court.
A ces raisons financières, s’ajoutent selon Feriel Kaddour des
raisons psychologiques. Sa vie sentimentale est déchirée. Amoureuse
de Paul Landovsky, un médecin qui a adopté les 6 enfants de son frère
sans doute décédé, elle constate vite que l’évolution et l’épanouissement
de sa carrière sont incompatibles avec le rôle de mère putative qu’elle
devrait tenir auprès de ces enfants. Elle renonce à sa passion et si, plus
tard, elle se marie, ce sera dans des conditions sentimentales tout autres.
En 1887, c’est la rupture avec Paul Landovsky.
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Ce portrait dédicacé comprend les mesures d'ouverture du Concertino
pour flûte et orchestre , une œuvre qui est devenu un standard dans le
répertoire pour flûte . Division - Collection Miller Dayton C. , Musique.
Image trouvée sur Women of notes
Enfin Feriel voit dans la mort du père une sorte de coup d’arrêt à ce qui
motivait Cécile. Construite dans sa confrontation avec l’autorité paternelle,
celui-ci disparue, elle perd sa dimension combattive et finalement son
objectif majeur. Elle n’a plus besoin de prouver son talent, de s’imposer,
de s’opposer. Désormais elle se contentera d’utiliser son art pour vivre, de
briller, de réussir socialement, mais elle n’aura plus cette exigence que la
réprobation de son père lui imposait, ne serait-ce que pour vaincre ses
réticences.
Il ne faut cependant pas caricaturer cette deuxième partie de la vie de
Cécile Chaminade. Si son talent stagne, voire régresse, son succès, lui,
va grandissant. Elle est couverte d’honneurs, distinctions en tous genres
et de tous pays, jusqu’à être faite Chevalier de la Légion d’Honneur en
1913. Elle reçoit des commandes de pièces de concours pour le
Conservatoire, et l’engouement pour ses prestations est réel et solide.
Simplement, pour le musicologue, ce qu’elle écrit brille par sa banalité, sa
joliesse, celle justement qu’on ne lui apposait pas d’office durant le début
de sa carrière, celle qui fait que désormais elle ne progresse plus. Elle
devient une compositrice sans grande inspiration et une interprète
célèbre, mais oubliée depuis.
A suivre
MERCREDI 4 AOÛT 2010
Publié par Michelaise à l'adresse 14:04 6 réaction(s)
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CHAMINADE ET SCHUBERT A OUESSANT
Répétition passionnante car les 5 solistes qui formaient l'ensemble du soir
avaient besoin de "s'ajuster" et assister à leur travail, joyeux, entre éclats
de rire et éclats d'enthousiasme, était vraiment sympathique. L'église
bruissait de touristes, les uns de passage seulement, les autres qui,
charmés, s'arrêtaient quelques instants, avec beaucoup de respect et de
discrétion. C'est un des choix généreux de Musiciennes à Ouessant :
rendre la musique proche du public et de ne pas enfermer les
concertistes dans l'église pendant la répétition.
Le concert commençait par le trio numéro 2 de Cécile Chaminade, une
oeuvre que, quelque soit la taille de votre discothèque, vous avez peu de
chance de posséder en enregistrement. Il existe un enregistrement du trio
numéro 1, mais celui-ci a l'air d'être totalement tombé aux oubliettes.
Quelle injustice !
Elsa grether (violon), Ingrid Schoenlaub (violoncelle) et la "trop" jolie
pianiste (Lorène de Ratuld) s'étaient livrées à un travail de
débroussaillage et de construction du morceau vraiment remarquable.
Fériel Kaddour disait qu'en les entendant répéter, elle avait ressenti un
vrai "choc esthétique" et, de fait, cette oeuvre est absolument superbe.
Très "musique française", mais savante, construite avec un sens étonnant
de l'équilibre entre les instruments, et, pour une première audition, "facile"
à écouter. Rien de préjoratif dans ce "facile", mais souvent lorsqu'on
entend une oeuvre pour la 1ère fois, on est dérouté, on a du mal à
"rentrer dedans". Là, rien d'aride et pourtant c'est une musique très
charpentée et multiforme. Les thèmes se croisent avec beaucoup de
raffinement, mais aussi de maitrise, donnant un caractère presque flottant
à ce morceau. C'est marrant, j'ai eu l'impression lors du sublime 2ème
mouvement, d'entendre une musique de film, un musique qui raconte...
Oui, oui, je sais, c'est un anachronisme, la pièce date de 1887 et le
cinéma est encore loin !! Mais je pense que cette impression était
attriuable à l'ampleur des développements, qui donnaient à ce simple trio
une allure presque monumentale.
La seconde partie du concert était nettement plus classique, il s'agissait
du quintette la Truite et le public a pu se reposer de ses émotions
esthétiques. Mais pas de doute, la (re)création de l'oeuvre de Cécile
Chaminade reste un grand moment, qui nous a tous beaucoup touchés.
Non contentes d'être de parfaites virtuoses, les musiciennes d'Ouessant
sont aussi de charmantes déménageuses qui installent leur piano avec le
sourire !! Les messieurs n'ont eu le réflexe de se "précipiter" que lorsque
tout a été fini !! Il faut dire qu'elles étaient tellement adorables dans l'effort
qu'ils devaient être sous le charme !
Michelaise
MESCHERS, CHARENTE MARITIME, France
Mon blog pour Hélène et Marie, comme du temps nous écrivions NOTRE journal ! Prétexte pour rester en contact virtuel
avec mes filles, qui sont bien loin et on finit par perdre le fil ! C'est si souvent qu'elles râlent en me disant "mais quoi, vous
avez fait ça ??? mais tu ne nous tiens au courant de rien"... Ben voilà, les parents indignes mènent leur vie sans TOUT raconter à leurs
minettes !!! ça ne va pas ça... mais pas du tout ! Bon Sens et Déraison comblera cette lacune impardonnable !
Afficher mon profil complet
C KOI LE PETIT RE ????
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Meschers s'est dotée, depuis le début de l'été, d'un espace d'accueil pour
artistes à l'emplacement proprement magique. Située juste à côté de la
grotte de Regulus, la grotte des Arts égrène niches joliment ouvertes sur
l'estuaire et terrasses fleuries. Elle abrite, le temps d'un été, des artistes
locaux mais parfois talentueux, qui exposent mais aussi travaillent en
public. En haut, une terrasse, à la vue imprenable et sans doute très
suggestive, peut accueillir les artistes inspirés, qui y poseront leur
chevalet le temps d'une toile.
Nous y avons rencontré une mosaïste fort sympathique, qui travaille en
jolies tesselles colorées d'émaux de Briare. Joséphine Fanes après une
carrière baladeuse dans la banque s'est fixée à Meschers dont elle
apprécie le calme et le charme océan. Elle est lourdaise mais aime trop la
mer pour rester enfermée dans ses montagnes. Elle travaille avec minutie
et précision, interprétant Diego Rivera, Wermeer, Matisse ou Van Gogh
(ingénieusement exécuté en relief), inventant des motifs locaux, comme
son église de Talmont piquetée de sables et de graviers, ou reproduisant
des planches de son fils, dessinateur de bandes dessinées.
Loola, la peintre, nous a moins retenus mais nos amis Rémi et Dominique
nous ont dit avoir longuement parlé avec elle, car toute parisienne qu'elle
soit, elle connait bien leur Normandie de coeur. Un photographe avait
aussi laissé ses oeuvres, et l'ensemble, bon enfant, est une excellente
façon de permettre aux créateurs de se montrer. L'accès de la grotte est
libre et gratuit, et Madame Fanes nous disait qu'il y avait foule les jours de
pluie !
Vous êtes peintre ou aquarelliste ? Vous pouvez venir vous installer sur
cette sublime terrasse qui domine les falaises et vous livrer à votre passe-
temps favori en toute quiétude !
LUNDI 9 AOÛT 2010
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PETITE RECETTE ENTRE DEUX
Comme je ne peux pas vous conter par le menu tous nos Jeudis Romans,
ni continuer à marche forcée ma tentative de conversion des troupes à
l'abstraction lyrique, sous peine qu'Aloïs, malgré son évidente bonne
volonté, ne finisse par faire une manif, je trouve fort à propos de me
rappeler que ce blog est écrit pour mes filles. Et comme il est du devoir
de toute maman qui se respecte de faire l'éducation culinaire de ses
enfants, je vais sacrifier tout bonnement à la tradition. Une recette n'est
pas coutume !
Et qu'on ne vienne pas me dire que je fais de la course au compteur !!
Car ceux qui me connaissent savent que pour moi, la cuisine est
improvisation et invention. Je suis fort imprécise dans mes
recommandations, fort brève dans mes instructions et si la lecture de
Curnonsky me fascine encore, c'est parce qu'il dit tout ce qui m'échappe :
les doses, les gestes. Mais surtout, il use de ce vocabulaire si riche de
l'art de cuisiner, qui conjugue monder et échauder, trousser ou suer,
contiser ou luter comme nous disons rire et parler. On y trouve tout un
attirail plaisant de brunoise, de fumet, de matignon ou de chiffonnade.
Tous mots que mon correcteur orthographique refuse avec la dernière
énergie, et dont nos chefs les plus hardis n'osent plus user dans leurs
écrits. Une desserte n'y est pas un meuble mais "des mets qui restent
après un repas, et qui peuvent servir à des préparations ultérieures, en
hachis ou en farce". Mais, rassurez-vous, je ne vais pas pratiquer ici l'art
très féminin d'accommoder les restes, même si, aimant l'impro et de
culture économe, je fais partie de celles qui le pratiquent à outrance. La
faute à mes parents qui m'ont appris à ne rien jeter, et j'en m'en trouve
fort bien : on déguste ainsi parfois de véritables festins improvisés. Mais
cet art plus que tout autre ne se met guère en mots, encore moins en
instructions puisque, par définition, il "fait avec les moyens du bord".
Adoncques... il me faut en venir au fait. Vous l'avez deviné, la recette est
fort courte, d'où ce déluge verbal pour vous la présenter. On met dans un
blender deux avocats très mûrs (trop est encore mieux ! aïe, voilà que je
me trahis, il s'agit bien d'utiliser un fruit qui, sinon, aurait allure de "reste"),
une grosse giclée de citron, et un yaourt bulgare pur brebis. Il faut saler
assez fermement, poivrer énergiquement, et rajouter une pincée de
piment d'espelette. Pas trop, car on en rajoutera quelques grains dans
chaque coupe de service, ainsi que quelques feuilles de roquette
émincées, qui parfument agréablement l'ensemble. Servir très frais.
Avouez que la fin fait tout à fait "pro" !!
A déguster avec "deux doigts de Porto"... Comme dans tout bon roman du
XIXème !
SAMEDI 7 AOÛT 2010
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1914-1944 CECILE CHAMINADE : LES
ANNEES D'OUBLI
Cécile a 57 ans quand éclate la Première Guerre Mondiale. C’est une
artiste reconnue, aisée, appréciée, et pourtant elle est dépressive. Elle va
le devenir de plus en plus, jusqu’à sombrer dans une sorte de désespoir
permanent. D’un naturel timide et encline à la nostalgie, elle va petit à
petit tomber dans la mélancolie.
Pourtant c’est une femme active et qui s’engage. Ainsi pendant le conflit
elle gère un hôpital. On ne sait pas exactement si elle en fut directrice ou
simplement gérante, mais elle s’investit courageusement dans ce poste à
responsabilité qui témoigne du degré élevé de son intégration sociale.
Pourtant, peu à peu, elle se referme sur elle-même, et vit très mal la
métamorphose du monde après la guerre. Pourtant, cette époque est
propice à l’émancipation de la femme, et elle qui revendiquait si
fermement son autonomie, son droit à l’expression à l’égal de ses
confrères masculins, devrait s’y épanouir. Il n’en est paradoxalement rien.
Elle est restée très « bourgeoise » de mentalité, et en quelque soirt «
prisonnière » du salon de 1877. Elle ne sent pas en phase avec ce monde
qui bouge, qui évolue, techniquement, humainement.
Quelques malheurs personnels
viennent aggraver son abord de la
vie. Amputée du pied après guerre,
à la suite une blessure qui s’est
infectée, elle devient infirme. Sa vie
sentimentale est pauvre : après
l’échec vécu avec Landovsky, elle
se marie avec un éditeur de
musique, un certain Matthieu
Carbonnel. Un mariage plus formel
qu’autre chose. Elle vit seule dans
sa maison familiale du Vésinet et
ne rejoint son époux que quelques
mois par an sur la Côte d’Azur. Il
est intéressant de préciser qu’elle
eut à cœur, lors du mariage,
d’imposer à son époux un contrat
de séparation de biens, concernant ses biens d’origine personnelle mais
aussi, et le fait est notable, ses revenus de musiciennes. Quel
modernisme ! Pourtant sa vie sentimentale est triste. Quand on lui
demande si elle se sent plus compositeur ou femme, elle répond
compositeur. Elle préfère être une artiste et elle défend sa carrière,
préférant que ce soit cette dernière qui s’adapte à son mariage et non
l’inverse. Elle ajoutera que son seul amour est la musique, dont elle se
considère comme la vestale.
Mais surtout, elle ne veut plus évoluer dans ce nouveau monde qui
l’angoisse. Elle reste une femme du XIXème sicèle, marquée par un
féminisme modéré et surtout supportable socialement. Le salon de
musique dont elle fut la reine était le royaume des femmes. Dirigé par
elles, celle qui reçoit, celles qui y brillent, elles y font preuve d’une
conversation cultivée, mais limitée au domaine de la culture. La politique
et les affaires restent des affaires d’hommes, au fumoir. Au salon, les
femmes brillent sans trahir leur position sociale, c’est un lieu à leur
mesure. Cécile, pourtant partie à la conquête d’autres espaces, reste très
imprégnée de ces normes sociales. Elle reste discrète, en retrait. Sa
sonate pour piano par exemple, œuvre aux dimensions imposantes, elle
ne l’a jouée en entier que 2 fois, toujours devant des cercles restreints,
elle n’en fait publier qu’un seul mouvement. Elle n’ose pas « montrer »
son talent, et se cantonne à des œuvres plus petites, de dimension plus «
féminine ». Secrète et réservée, elle n’est pas « Amazone » pour deux
sous et préfère rester dans les cercles privés des salons huppés.
A cheval sur deux époques, ancrée
dans le XIXème, elle ne s’adaptera
pas à l’évolution des mœurs. Elle
en souffrira même et opposera à
ce monde pris dans une course
folle une résistance d’un autre âge.
Presque une régression. Son style,
qui n’évolue pas, se démode. Sa
situation financière se dégrade et
elle doit vendre sa propriété du
Vésinet. Handicapée par la loi sur
le copyright qui, aux Etats Unis
elle connait encore un certain
succès, ne protège que les œuvres
publiées après 1891, elle connait
des problèmes d’argent qui
achèvent de l’aigrir.
Elle n’écrit quasiment plus. 2 courtes pièces en 1919, une en 1923, 2 en
1925… Autant dire qu’elle a renoncé à composer. Les titres de ses
œuvres sont révélateurs de son état d’exprit, de ses regrets et de sa
nostalgie « Comme autrefois », »Le bon vieux temps », « Souvenirs
d’enfance »… On retrouve sa trace à Monte Carlo en 1938. Elle y vivra la
catastrophe de la seconde guerre Mondiale et meurt dans cette ville en
1944.
« J’avoue que je ne m’adapte pas plus à la musique moderne qu’à l’art, la
mentalité, la moralité de notre époque ». Ainsi meurt Cécile Chaminade,
oubliée, démodée et pour longtemps ignorée. Heureusement l’approche
historique des musicologues sait s’intéresser aujourd’hui à ces
compositeurs de transition dont elle fait partie, et dont elle aurait pu être
un brillant représentant. Et puis, je vous ai dit que très peu
d’enregistrement lui sont consacrés, mais si je vous révèle que Jaroussky
l’a jugée digne de figurer dans son disque de mélodies françaises, je suis
certaine que vous aurez plus envie de la connaître ! Ah les fourches
caudines de la gloire sont impitoyables ! J’avoue quant à moi, adorer
entendre des mélodies françaises en concert, cela a un je ne sais quoi
d’envoûtant, mais je ne possède aucun disque de ce genre de musique.
Etrange… une musique à écouter en compagnie ?
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Publié par Michelaise à l'adresse 17:00 7 réaction(s)
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FEMMES... ETERNELLES !!! Lydia Jardon
(et les autres !!) à Ouessant
Le 4 août, Xénia Maliarevitch a joué Marine de Cécile Chaminade. Cette
pièce, de 1887, développe avec virtuosité de nombreux motifs, fluides et
poétiques. Inspirée par un texte de Jean Richepin, elle décline hardiment
de délicats effets aux accents cristallins ou sauvages :
O Reine, ô Mer, j'irai ! Sur tes vagues, en elles,
J'ai passé bien des jours et bien de nuits rêvant,
Pour tâcher d'entrevoir les splendeurs éternelles
Des symboles cachés sous ton voile mouvant,
Miroir incessamment agité qui reflètes
Les tourbillons sans but de l'univers vivant.
Ensuite nous avons eu des duos avec Clara Zaoui au violoncelle : la
sonate numéro 1 opus 102 de Beethoven, la sonate opus 19 de
Rachmaninov, d’un lyrisme ébouriffant, et pour finir le grand tango de
Piazzola. Le choix d’une transcription pour violoncelle d’une mélodie de
Duparc en bis a permis de conclure le concert en douceur.
Le lendemain à midi, c’était le récital de Lydia Jardon, consacré aux
préludes de Chopin. Préposée à la garde de la porte afin que les
retardataires entrent discrètement, et pour éviter que les touristes, il était
midi, n’envahissent les lieux en palabrant, je n’ai malheureusement eu
qu’une version un peu éloignée du concert. Un concert « habité » si j’en
crois les réactions du public subjugué, totalement sous le charme. Je
laisse donc la parole à Alter qui ne s’est pas encore remis de son
enthousiasme. « Une technique souveraine, fabuleuse, une virtuosité
bluffante servant le texte avec un immense respect. Je n’avais pas la
partition, mais je suis certain que tout y était, à la lettre, à la virgule. Allié
à ce panache, où rien n’était gratuit ni affecté, Lydia ajoute une puissance,
une sensibilité musicale hors norme. La générosité de son interprétation
n’a d’égale que l’intensité de l’émotion qu’elle procure à ceux qui
l’écoutent ».
Un peu triste de n’avoir entendu ces préludes qu’à travers les bruits de la
rue mais j’avais eu l’immense chance d’entendre Lydia au calme, seule
spectatrice dans l’église désertée, lors de la répétition de la veille.
Le soir un quintette à vent (hautbois, clarinette, cor et basson) nous a
joué du Mozart, sans doute pas le meilleur morceau du compositeur, et
l’opus 16 en mi bémol majeur de Beethoven, beaucoup plus inspiré. Le
3ème mouvement a particulièrement emporté l’adhésion du public.
Ici, la répétition d'Elane Filonova, avec son fils qui l'accompagnait
sagement ! Aimera-t-il la musique ce petit, ou en sera-t-il dégoûté à vie,
malgré le talent de sa maman pour la faire apprécier aux autres
enfants ???
Encore un concert de midi aujourd’hui, destiné aux enfants. La
pianiste, Elena Filonova, a bien sûr joué des pièces faciles de Chaminade
(conte de fée, valse mignonne, aubade, rigaudon et bien d’autres) mais
pas mal de compositeurs russes. Elle a expliqué longuement aux enfants
la particularité des morceaux qu’elle allait interpréter. Des pièces qui
doivent être faciles pour être jouées et appréciées par eux, dont le titre et
les sonorités évoquent leur univers et leurs préoccupations. Mais qui
doivent aussi leur permettre de progresser grâce à des difficultés
techniques pas trop évidentes, pour ne pas les rebuter.
Et son anecdote concernant les Danses de Poupées de Chostakovitch
était touchant. Petite fille, elle devait avoir 6 ou 7 ans, elle fut conduite par
son professeur de piano auprès du maître malade, qui était venu se faire
opérer la main dans la ville où elle résidait. Impressionnée, elle entra dans
la chambre du compositeur, souffrant, alité, tout petit selon elle dans son
lit d’hôpital. Dès qu’il la vit, son visage s’illumina, et immédiatement il lui
demanda de se mettre au piano et de jouer ces pièces de poupées pour
lui. Il lui expliqua longuement que pour écrire ces morceaux, il avait tenté
de se mettre à la place des poupées, tout le monde sachant que, dès que
la nuit tombe, les jouets peuvent enfin mener leur vraie vie de jouet. Et
bien sûr, qu’ils font la fête et dansent à n’en plus finir. Un souvenir qu’elle
évoquait avec une grande émotion.
JEUDI 5 AOÛT 2010
CECILE CHAMINADE : 1887-1914 LES
ANNEES DE FACILITE
1887 est, si l'on en croit Feriel Kaddour dont je me contente de reproduire
la conférence, le point culminant de la vie de créatrice de Cécile
Chaminade. En effet, si l’on considère son œuvre à partir de cette date,
elle connait une longue période de déclin. Oh certes, son succès ne se
dément pas, au contraire, elle engrange commandes et contrats, mais son
talent se met à s'estomper de façon inéluctable. Elle qui avait une écriture
forte, inventive, originale, ne produit plus que des œuvres courtes, à
succès. Sa musique, d’exigeante qu’elle était, devient facile, plus
convenue, presqu’insipide.
Très frappée par ce brusque arrêt d’un talent en pleine ascension, par
cette vie créatrice qui connait son apogée entre 20 et 30 ans pour ensuite
régresser de façon inattendue, Feriel Kaddour a tenté de dégager les
raisons de cette évolution contre-nature. Car d’ordinaire le talent croit
avec l’âge ! Elle propose plusieurs types de raisons, toutes fort
compréhensibles.
D’abord des raisons biographiques : c’est en 1887 que le père de
Cécile meurt. Cela entraine de toute évidence des conséquences
économiques incontournables pour la jeune femme. Monsieur Chaminade
avait les moyens d’entretenir sa famille sur un pied assez élevé mais il ne
laisse aucune fortune à proprement parler. Par contre, sa femme et sa
fille, ayant des goûts et des habitudes de luxe, un train à mener, il leur
faut des moyens. Et ces moyens c’est Cécile qui va les procurer à sa
mère. Elles ont un standing à maintenir. Pour faire face aux besoins de la
famille, elle accepte de nombreux concerts, et passe un contrat avec un
éditeur de piano qui lui commande des mélodies qui doivent se vendre.
Donc correspondre aux goûts d’une clientèle qui veut du joli, pas du
savant. Elle écrit donc « à la ligne » des mélodies plus courtes, moins
compliquées, qui puissent être joué et appréciés par les dames de la
bonne société, sans se prendre la tête. Elle choisit des textes simples,
voire un peu bébêtes… « si j’étais jardinier d’amour, je te cueillerais des
caresses… ». Il n’a a plus d’évolution dans son écriture et son style ne se
renouvelle plus.
Autour de ces
contraintes financières,
sa mère restera à sa
charge jusqu’à son décès
en 1911, la suivant partout
et ne vivant que grâce à
elle, se greffent tout un tas
d’effets annexes, liés aux
circonstances. Je l’ai dis
plus haut, Paris ne la
célèbre guère en tant que
compositrice et cette
absence de
reconnaissance
institutionnelle bloque sa
carrière. Pour être
reconnu, il fallait avoir
écrit un opéra qui
connaisse le succès.
Cécile Chaminade
consciente de ce challenge écrit en 1887 « La Sévillane ». L’œuvre est
donnée en audition privée et si l’on ne peut pas dire ce qu’elle valait car
elle n’a jamais été donnée en tant que spectacle, elle connait un réel
retentissement. Mais Carvallo, le directeur de l’Opéra Comique, hostile à
la présence de femmes en ses murs, refuse que l’œuvre soit montée.
C’est un coup dur pour Cécile, l’œuvre ne sera jamais jouée en entier et si
l’on en conserve quelques extraits, c’est une grande déception pour elle
de ne pouvoir passer ce cap. Elle essaiera en 1897 d’écrire un autre
opéra mais abandonnera ce projet rapidement, renonçant ainsi à une
reconnaissance d’un autre niveau. Par contre, l’audition de la Sévillane
lance définitivement sa carrière de pianiste et elle connait dès lors un vrai
succès d’interprète. Très demandée, elle court le monde, l’Angleterre s’en
entiche et elle est invitée par la reine Victoria. Les Etats Unis se
l’arrachent et elle déjeune avec le président Roosevelt. Partour se crée
des « clubs Chaminade », on en comptera plus de 100 au début du
XXème siècle. Et j’en ai trouvé un sur Google sans chercher bien loin, qui
a été créé en 1912. Elle va en Turquie, en Allemagne, partout son succès
est éclatant. Mais ces tournées l’empêchent d’écrire et son travail de
compositrice en pâtit. Les voyages sont longs et fatigants, elle doit
composer vite et bref, elle écrit entre deux concerts, à la ligne, sans
approfondir, son inspiration tourne court.
A ces raisons financières, s’ajoutent selon Feriel Kaddour des
raisons psychologiques. Sa vie sentimentale est déchirée. Amoureuse
de Paul Landovsky, un médecin qui a adopté les 6 enfants de son frère
sans doute décédé, elle constate vite que l’évolution et l’épanouissement
de sa carrière sont incompatibles avec le rôle de mère putative qu’elle
devrait tenir auprès de ces enfants. Elle renonce à sa passion et si, plus
tard, elle se marie, ce sera dans des conditions sentimentales tout autres.
En 1887, c’est la rupture avec Paul Landovsky.
VENDREDI 6 AOÛT 2010
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