Publié par Michelaise à l'adresse 18:34 11 réaction(s)
Libellés : EXPOS, meschers
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Meschers s'est dotée, depuis le début de l'été, d'un espace d'accueil pour
artistes à l'emplacement proprement magique. Située juste à côté de la
grotte de Regulus, la grotte des Arts égrène niches joliment ouvertes sur
l'estuaire et terrasses fleuries. Elle abrite, le temps d'un été, des artistes
locaux mais parfois talentueux, qui exposent mais aussi travaillent en
public. En haut, une terrasse, à la vue imprenable et sans doute très
suggestive, peut accueillir les artistes inspirés, qui y poseront leur
chevalet le temps d'une toile.
Nous y avons rencontré une mosaïste fort sympathique, qui travaille en
jolies tesselles colorées d'émaux de Briare. Joséphine Fanes après une
carrière baladeuse dans la banque s'est fixée à Meschers dont elle
apprécie le calme et le charme océan. Elle est lourdaise mais aime trop la
mer pour rester enfermée dans ses montagnes. Elle travaille avec minutie
et précision, interprétant Diego Rivera, Wermeer, Matisse ou Van Gogh
(ingénieusement exécuté en relief), inventant des motifs locaux, comme
son église de Talmont piquetée de sables et de graviers, ou reproduisant
des planches de son fils, dessinateur de bandes dessinées.
Loola, la peintre, nous a moins retenus mais nos amis Rémi et Dominique
nous ont dit avoir longuement parlé avec elle, car toute parisienne qu'elle
soit, elle connait bien leur Normandie de coeur. Un photographe avait
aussi laissé ses oeuvres, et l'ensemble, bon enfant, est une excellente
façon de permettre aux créateurs de se montrer. L'accès de la grotte est
libre et gratuit, et Madame Fanes nous disait qu'il y avait foule les jours de
pluie !
Vous êtes peintre ou aquarelliste ? Vous pouvez venir vous installer sur
cette sublime terrasse qui domine les falaises et vous livrer à votre passe-
temps favori en toute quiétude !
LUNDI 9 AOÛT 2010
Publié par Michelaise à l'adresse 21:09 9 réaction(s)
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PETITE RECETTE ENTRE DEUX
Comme je ne peux pas vous conter par le menu tous nos Jeudis Romans,
ni continuer à marche forcée ma tentative de conversion des troupes à
l'abstraction lyrique, sous peine qu'Aloïs, malgré son évidente bonne
volonté, ne finisse par faire une manif, je trouve fort à propos de me
rappeler que ce blog est écrit pour mes filles. Et comme il est du devoir
de toute maman qui se respecte de faire l'éducation culinaire de ses
enfants, je vais sacrifier tout bonnement à la tradition. Une recette n'est
pas coutume !
Et qu'on ne vienne pas me dire que je fais de la course au compteur !!
Car ceux qui me connaissent savent que pour moi, la cuisine est
improvisation et invention. Je suis fort imprécise dans mes
recommandations, fort brève dans mes instructions et si la lecture de
Curnonsky me fascine encore, c'est parce qu'il dit tout ce qui m'échappe :
les doses, les gestes. Mais surtout, il use de ce vocabulaire si riche de
l'art de cuisiner, qui conjugue monder et échauder, trousser ou suer,
contiser ou luter comme nous disons rire et parler. On y trouve tout un
attirail plaisant de brunoise, de fumet, de matignon ou de chiffonnade.
Tous mots que mon correcteur orthographique refuse avec la dernière
énergie, et dont nos chefs les plus hardis n'osent plus user dans leurs
écrits. Une desserte n'y est pas un meuble mais "des mets qui restent
après un repas, et qui peuvent servir à des préparations ultérieures, en
hachis ou en farce". Mais, rassurez-vous, je ne vais pas pratiquer ici l'art
très féminin d'accommoder les restes, même si, aimant l'impro et de
culture économe, je fais partie de celles qui le pratiquent à outrance. La
faute à mes parents qui m'ont appris à ne rien jeter, et j'en m'en trouve
fort bien : on déguste ainsi parfois de véritables festins improvisés. Mais
cet art plus que tout autre ne se met guère en mots, encore moins en
instructions puisque, par définition, il "fait avec les moyens du bord".
Adoncques... il me faut en venir au fait. Vous l'avez deviné, la recette est
fort courte, d'où ce déluge verbal pour vous la présenter. On met dans un
blender deux avocats très mûrs (trop est encore mieux ! aïe, voilà que je
me trahis, il s'agit bien d'utiliser un fruit qui, sinon, aurait allure de "reste"),
une grosse giclée de citron, et un yaourt bulgare pur brebis. Il faut saler
assez fermement, poivrer énergiquement, et rajouter une pincée de
piment d'espelette. Pas trop, car on en rajoutera quelques grains dans
chaque coupe de service, ainsi que quelques feuilles de roquette
émincées, qui parfument agréablement l'ensemble. Servir très frais.
Avouez que la fin fait tout à fait "pro" !!
A déguster avec "deux doigts de Porto"... Comme dans tout bon roman du
XIXème !
SAMEDI 7 AOÛT 2010
Publié par Michelaise à l'adresse 17:04 3 réaction(s)
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1914-1944 CECILE CHAMINADE : LES
ANNEES D'OUBLI
Cécile a 57 ans quand éclate la Première Guerre Mondiale. C’est une
artiste reconnue, aisée, appréciée, et pourtant elle est dépressive. Elle va
le devenir de plus en plus, jusqu’à sombrer dans une sorte de désespoir
permanent. D’un naturel timide et encline à la nostalgie, elle va petit à
petit tomber dans la mélancolie.
Pourtant c’est une femme active et qui s’engage. Ainsi pendant le conflit
elle gère un hôpital. On ne sait pas exactement si elle en fut directrice ou
simplement gérante, mais elle s’investit courageusement dans ce poste à
responsabilité qui témoigne du degré élevé de son intégration sociale.
Pourtant, peu à peu, elle se referme sur elle-même, et vit très mal la
métamorphose du monde après la guerre. Pourtant, cette époque est
propice à l’émancipation de la femme, et elle qui revendiquait si
fermement son autonomie, son droit à l’expression à l’égal de ses
confrères masculins, devrait s’y épanouir. Il n’en est paradoxalement rien.
Elle est restée très « bourgeoise » de mentalité, et en quelque soirt «
prisonnière » du salon de 1877. Elle ne sent pas en phase avec ce monde
qui bouge, qui évolue, techniquement, humainement.
Quelques malheurs personnels
viennent aggraver son abord de la
vie. Amputée du pied après guerre,
à la suite une blessure qui s’est
infectée, elle devient infirme. Sa vie
sentimentale est pauvre : après
l’échec vécu avec Landovsky, elle
se marie avec un éditeur de
musique, un certain Matthieu
Carbonnel. Un mariage plus formel
qu’autre chose. Elle vit seule dans
sa maison familiale du Vésinet et
ne rejoint son époux que quelques
mois par an sur la Côte d’Azur. Il
est intéressant de préciser qu’elle
eut à cœur, lors du mariage,
d’imposer à son époux un contrat
de séparation de biens, concernant ses biens d’origine personnelle mais
aussi, et le fait est notable, ses revenus de musiciennes. Quel
modernisme ! Pourtant sa vie sentimentale est triste. Quand on lui
demande si elle se sent plus compositeur ou femme, elle répond
compositeur. Elle préfère être une artiste et elle défend sa carrière,
préférant que ce soit cette dernière qui s’adapte à son mariage et non
l’inverse. Elle ajoutera que son seul amour est la musique, dont elle se
considère comme la vestale.
Mais surtout, elle ne veut plus évoluer dans ce nouveau monde qui
l’angoisse. Elle reste une femme du XIXème sicèle, marquée par un
féminisme modéré et surtout supportable socialement. Le salon de
musique dont elle fut la reine était le royaume des femmes. Dirigé par
elles, celle qui reçoit, celles qui y brillent, elles y font preuve d’une
conversation cultivée, mais limitée au domaine de la culture. La politique
et les affaires restent des affaires d’hommes, au fumoir. Au salon, les
femmes brillent sans trahir leur position sociale, c’est un lieu à leur
mesure. Cécile, pourtant partie à la conquête d’autres espaces, reste très
imprégnée de ces normes sociales. Elle reste discrète, en retrait. Sa
sonate pour piano par exemple, œuvre aux dimensions imposantes, elle
ne l’a jouée en entier que 2 fois, toujours devant des cercles restreints,
elle n’en fait publier qu’un seul mouvement. Elle n’ose pas « montrer »
son talent, et se cantonne à des œuvres plus petites, de dimension plus «
féminine ». Secrète et réservée, elle n’est pas « Amazone » pour deux
sous et préfère rester dans les cercles privés des salons huppés.
A cheval sur deux époques, ancrée
dans le XIXème, elle ne s’adaptera
pas à l’évolution des mœurs. Elle
en souffrira même et opposera à
ce monde pris dans une course
folle une résistance d’un autre âge.
Presque une régression. Son style,
qui n’évolue pas, se démode. Sa
situation financière se dégrade et
elle doit vendre sa propriété du
Vésinet. Handicapée par la loi sur
le copyright qui, aux Etats Unis où
elle connait encore un certain
succès, ne protège que les œuvres
publiées après 1891, elle connait
des problèmes d’argent qui
achèvent de l’aigrir.
Elle n’écrit quasiment plus. 2 courtes pièces en 1919, une en 1923, 2 en
1925… Autant dire qu’elle a renoncé à composer. Les titres de ses
œuvres sont révélateurs de son état d’exprit, de ses regrets et de sa
nostalgie « Comme autrefois », »Le bon vieux temps », « Souvenirs
d’enfance »… On retrouve sa trace à Monte Carlo en 1938. Elle y vivra la
catastrophe de la seconde guerre Mondiale et meurt dans cette ville en
1944.
« J’avoue que je ne m’adapte pas plus à la musique moderne qu’à l’art, la
mentalité, la moralité de notre époque ». Ainsi meurt Cécile Chaminade,
oubliée, démodée et pour longtemps ignorée. Heureusement l’approche
historique des musicologues sait s’intéresser aujourd’hui à ces
compositeurs de transition dont elle fait partie, et dont elle aurait pu être
un brillant représentant. Et puis, je vous ai dit que très peu
d’enregistrement lui sont consacrés, mais si je vous révèle que Jaroussky
l’a jugée digne de figurer dans son disque de mélodies françaises, je suis
certaine que vous aurez plus envie de la connaître ! Ah les fourches
caudines de la gloire sont impitoyables ! J’avoue quant à moi, adorer
entendre des mélodies françaises en concert, cela a un je ne sais quoi
d’envoûtant, mais je ne possède aucun disque de ce genre de musique.
Etrange… une musique à écouter en compagnie ?
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