[Site] [Page suivante] VENDREDI 6 AOÛT 2010 FEMMES... ETERNELLES !!! Lydia Jardon (et les autres !!) à Ouessant Cliquez sur les images pour les agrandir Le 4 août, Xénia Maliarevitch a joué Marine de Cécile Chaminade. Cette pièce, de 1887, développe avec virtuosité de nombreux motifs, fluides et poétiques. Inspirée par un texte de Jean Richepin, elle décline hardiment de délicats effets aux accents cristallins ou sauvages : O Reine, ô Mer, j'irai ! Sur tes vagues, en elles, J'ai passé bien des jours et bien de nuits rêvant, Pour tâcher d'entrevoir les splendeurs éternelles Des symboles cachés sous ton voile mouvant, Miroir incessamment agité qui reflètes Les tourbillons sans but de l'univers vivant. Ensuite nous avons eu des duos avec Clara Zaoui au violoncelle : la sonate numéro 1 opus 102 de Beethoven, la sonate opus 19 de Rachmaninov, d’un lyrisme ébouriffant, et pour finir le grand tango de Piazzola. Le choix d’une transcription pour violoncelle d’une mélodie de Duparc en bis a permis de conclure le concert en douceur. Cliquez sur les images pour les agrandir Le lendemain à midi, c’était le récital de Lydia Jardon, consacré aux préludes de Chopin. Préposée à la garde de la porte afin que les retardataires entrent discrètement, et pour éviter que les touristes, il était midi, n’envahissent les lieux en palabrant, je n’ai malheureusement eu qu’une version un peu éloignée du concert. Un concert « habité » si j’en crois les réactions du public subjugué, totalement sous le charme. Je laisse donc la parole à Alter qui ne s’est pas encore remis de son enthousiasme. « Une technique souveraine, fabuleuse, une virtuosité bluffante servant le texte avec un immense respect. Je n’avais pas la partition, mais je suis certain que tout y était, à la lettre, à la virgule. Allié à ce panache, où rien n’était gratuit ni affecté, Lydia ajoute une puissance, une sensibilité musicale hors norme. La générosité de son interprétation n’a d’égale que l’intensité de l’émotion qu’elle procure à ceux qui l’écoutent ». Cliquez sur les images pour les agrandir Un peu triste de n’avoir entendu ces préludes qu’à travers les bruits de la rue mais j’avais eu l’immense chance d’entendre Lydia au calme, seule spectatrice dans l’église désertée, lors de la répétition de la veille. Le soir un quintette à vent (hautbois, clarinette, cor et basson) nous a joué du Mozart, sans doute pas le meilleur morceau du compositeur, et l’opus 16 en mi bémol majeur de Beethoven, beaucoup plus inspiré. Le 3ème mouvement a particulièrement emporté l’adhésion du public. Cliquez sur les images pour les agrandir Ici, la répétition d'Elane Filonova, avec son fils qui l'accompagnait sagement ! Aimera-t-il la musique ce petit, ou en sera-t-il dégoûté à vie, malgré le talent de sa maman pour la faire apprécier aux autres enfants ??? Encore un concert de midi aujourd’hui, destiné aux enfants. La pianiste, Elena Filonova, a bien sûr joué des pièces faciles de Chaminade (conte de fée, valse mignonne, aubade, rigaudon et bien d’autres) mais pas mal de compositeurs russes. Elle a expliqué longuement aux enfants la particularité des morceaux qu’elle allait interpréter. Des pièces qui doivent être faciles pour être jouées et appréciées par eux, dont le titre et les sonorités évoquent leur univers et leurs préoccupations. Mais qui doivent aussi leur permettre de progresser grâce à des difficultés techniques pas trop évidentes, pour ne pas les rebuter. Et son anecdote concernant les Danses de Poupées de Chostakovitch était touchant. Petite fille, elle devait avoir 6 ou 7 ans, elle fut conduite par son professeur de piano auprès du maître malade, qui était venu se faire opérer la main dans la ville où elle résidait. Impressionnée, elle entra dans la chambre du compositeur, souffrant, alité, tout petit selon elle dans son lit d’hôpital. Dès qu’il la vit, son visage s’illumina, et immédiatement il lui demanda de se mettre au piano et de jouer ces pièces de poupées pour lui. Il lui expliqua longuement que pour écrire ces morceaux, il avait tenté de se mettre à la place des poupées, tout le monde sachant que, dès que la nuit tombe, les jouets peuvent enfin mener leur vraie vie de jouet. Et bien sûr, qu’ils font la fête et dansent à n’en plus finir. Un souvenir qu’elle évoquait avec une grande émotion. Publié par Michelaise à l'adresse 17:00 0 Avis 7 réaction(s) Aucune note Réactions : amusant (0) intéressant (0) passionnant (0) JEUDI 5 AOÛT 2010 < > Site CECILE CHAMINADE : 1887-1914 LES ANNEES DE FACILITE 1887 est, si l'on en croit Feriel Kaddour dont je me contente de reproduire la conférence, le point culminant de la vie de créatrice de Cécile Chaminade. En effet, si l’on considère son œuvre à partir de cette date, elle connait une longue période de déclin. Oh certes, son succès ne se dément pas, au contraire, elle engrange commandes et contrats, mais son talent se met à s'estomper de façon inéluctable. Elle qui avait une écriture forte, inventive, originale, ne produit plus que des œuvres courtes, à succès. Sa musique, d’exigeante qu’elle était, devient facile, plus convenue, presqu’insipide. Très frappée par ce brusque arrêt d’un talent en pleine ascension, par cette vie créatrice qui connait son apogée entre 20 et 30 ans pour ensuite régresser de façon inattendue, Feriel Kaddour a tenté de dégager les raisons de cette évolution contre-nature. Car d’ordinaire le talent croit avec l’âge ! Elle propose plusieurs types de raisons, toutes fort compréhensibles. D’abord des raisons biographiques : c’est en 1887 que le père de Cécile meurt. Cela entraine de toute évidence des conséquences économiques incontournables pour la jeune femme. Monsieur Chaminade avait les moyens d’entretenir sa famille sur un pied assez élevé mais il ne laisse aucune fortune à proprement parler. Par contre, sa femme et sa fille, ayant des goûts et des habitudes de luxe, un train à mener, il leur faut des moyens. Et ces moyens c’est Cécile qui va les procurer à sa mère. Elles ont un standing à maintenir. Pour faire face aux besoins de la famille, elle accepte de nombreux concerts, et passe un contrat avec un éditeur de piano qui lui commande des mélodies qui doivent se vendre. Donc correspondre aux goûts d’une clientèle qui veut du joli, pas du savant. Elle écrit donc « à la ligne » des mélodies plus courtes, moins compliquées, qui puissent être joué et appréciés par les dames de la bonne société, sans se prendre la tête. Elle choisit des textes simples, voire un peu bébêtes… « si j’étais jardinier d’amour, je te cueillerais des caresses… ». Il n’a a plus d’évolution dans son écriture et son style ne se renouvelle plus. Autour de ces contraintes financières, sa mère restera à sa charge jusqu’à son décès en 1911, la suivant partout et ne vivant que grâce à elle, se greffent tout un tas d’effets annexes, liés aux circonstances. Je l’ai dis plus haut, Paris ne la célèbre guère en tant que compositrice et cette absence de reconnaissance institutionnelle bloque sa carrière. Pour être reconnu, il fallait avoir écrit un opéra qui connaisse le succès. Cécile Chaminade consciente de ce challenge écrit en 1887 « La Sévillane ». L’œuvre est donnée en audition privée et si l’on ne peut pas dire ce qu’elle valait car elle n’a jamais été donnée en tant que spectacle, elle connait un réel retentissement. Mais Carvallo, le directeur de l’Opéra Comique, hostile à la présence de femmes en ses murs, refuse que l’œuvre soit montée. C’est un coup dur pour Cécile, l’œuvre ne sera jamais jouée en entier et si l’on en conserve quelques extraits, c’est une grande déception pour elle de ne pouvoir passer ce cap. Elle essaiera en 1897 d’écrire un autre opéra mais abandonnera ce projet rapidement, renonçant ainsi à une reconnaissance d’un autre niveau. Par contre, l’audition de la Sévillane lance définitivement sa carrière de pianiste et elle connait dès lors un vrai succès d’interprète. Très demandée, elle court le monde, l’Angleterre s’en entiche et elle est invitée par la reine Victoria. Les Etats Unis se l’arrachent et elle déjeune avec le président Roosevelt. Partour se crée des « clubs Chaminade », on en comptera plus de 100 au début du XXème siècle. Et j’en ai trouvé un sur Google sans chercher bien loin, qui a été créé en 1912. Elle va en Turquie, en Allemagne, partout son succès est éclatant. Mais ces tournées l’empêchent d’écrire et son travail de compositrice en pâtit. Les voyages sont longs et fatigants, elle doit composer vite et bref, elle écrit entre deux concerts, à la ligne, sans approfondir, son inspiration tourne court. A ces raisons financières, s’ajoutent selon Feriel Kaddour des raisons psychologiques. Sa vie sentimentale est déchirée. Amoureuse de Paul Landovsky, un médecin qui a adopté les 6 enfants de son frère sans doute décédé, elle constate vite que l’évolution et l’épanouissement de sa carrière sont incompatibles avec le rôle de mère putative qu’elle devrait tenir auprès de ces enfants. Elle renonce à sa passion et si, plus tard, elle se marie, ce sera dans des conditions sentimentales tout autres. En 1887, c’est la rupture avec Paul Landovsky. < > VENDREDI 6 AOÛT 2010 Site FEMMES... ETERNELLES !!! Lydia Jardon (et les autres !!) à Ouessant Cliquez sur les images pour les agrandir Le 4 août, Xénia Maliarevitch a joué Marine de Cécile Chaminade. Cette pièce, de 1887, développe avec virtuosité de nombreux motifs, fluides et poétiques. Inspirée par un texte de Jean Richepin, elle décline hardiment de délicats effets aux accents cristallins ou sauvages : O Reine, ô Mer, j'irai ! Sur tes vagues, en elles, J'ai passé bien des jours et bien de nuits rêvant, Pour tâcher d'entrevoir les splendeurs éternelles Des symboles cachés sous ton voile mouvant, Miroir incessamment agité qui reflètes Les tourbillons sans but de l'univers vivant. Ensuite nous avons eu des duos avec Clara Zaoui au violoncelle : la sonate numéro 1 opus 102 de Beethoven, la sonate opus 19 de Rachmaninov, d’un lyrisme ébouriffant, et pour finir le grand tango de Piazzola. Le choix d’une transcription pour violoncelle d’une mélodie de Duparc en bis a permis de conclure le concert en douceur. Cliquez sur les images pour les agrandir Le lendemain à midi, c’était le récital de Lydia Jardon, consacré aux préludes de Chopin. Préposée à la garde de la porte afin que les retardataires entrent discrètement, et pour éviter que les touristes, il était midi, n’envahissent les lieux en palabrant, je n’ai malheureusement eu qu’une version un peu éloignée du concert. Un concert « habité » si j’en crois les réactions du public subjugué, totalement sous le charme. Je laisse donc la parole à Alter qui ne s’est pas encore remis de son enthousiasme. « Une technique souveraine, fabuleuse, une virtuosité bluffante servant le texte avec un immense respect. Je n’avais pas la partition, mais je suis certain que tout y était, à la lettre, à la virgule. Allié à ce panache, où rien n’était gratuit ni affecté, Lydia ajoute une puissance, une sensibilité musicale hors norme. La générosité de son interprétation n’a d’égale que l’intensité de l’émotion qu’elle procure à ceux qui l’écoutent ». Cliquez sur les images pour les agrandir Un peu triste de n’avoir entendu ces préludes qu’à travers les bruits de la rue mais j’avais eu l’immense chance d’entendre Lydia au calme, seule spectatrice dans l’église désertée, lors de la répétition de la veille. Le soir un quintette à vent (hautbois, clarinette, cor et basson) nous a joué du Mozart, sans doute pas le meilleur morceau du compositeur, et l’opus 16 en mi bémol majeur de Beethoven, beaucoup plus inspiré. Le 3ème mouvement a particulièrement emporté l’adhésion du public. Cliquez sur les images pour les agrandir Ici, la répétition d'Elane Filonova, avec son fils qui l'accompagnait sagement ! Aimera-t-il la musique ce petit, ou en sera-t-il dégoûté à vie, malgré le talent de sa maman pour la faire apprécier aux autres enfants ??? [Page précédente] [Page suivante] Encore un concert de midi aujourd’hui, destiné aux enfants. La pianiste, Elena Filonova, a bien sûr joué des pièces faciles de Chaminade (conte de fée, valse mignonne, aubade, rigaudon et bien d’autres) mais pas mal de compositeurs russes. Elle a expliqué longuement aux enfants la particularité des morceaux qu’elle allait interpréter. Des pièces qui doivent être faciles pour être jouées et appréciées par eux, dont le titre et les sonorités évoquent leur univers et leurs préoccupations. Mais qui doivent aussi leur permettre de progresser grâce à des difficultés techniques pas trop évidentes, pour ne pas les rebuter. Et son anecdote concernant les Danses de Poupées de Chostakovitch était touchant. Petite fille, elle devait avoir 6 ou 7 ans, elle fut conduite par son professeur de piano auprès du maître malade, qui était venu se faire opérer la main dans la ville où elle résidait. Impressionnée, elle entra dans la chambre du compositeur, souffrant, alité, tout petit selon elle dans son lit d’hôpital. Dès qu’il la vit, son visage s’illumina, et immédiatement il lui demanda de se mettre au piano et de jouer ces pièces de poupées pour lui. Il lui expliqua longuement que pour écrire ces morceaux, il avait tenté de se mettre à la place des poupées, tout le monde sachant que, dès que la nuit tombe, les jouets peuvent enfin mener leur vraie vie de jouet. Et bien sûr, qu’ils font la fête et dansent à n’en plus finir. Un souvenir qu’elle évoquait avec une grande émotion. Publié par Michelaise à l'adresse 17:00 0 Avis 7 réaction(s) Aucune note Réactions : amusant (0) intéressant (0) passionnant (0) JEUDI 5 AOÛT 2010 < > Site CECILE CHAMINADE : 1887-1914 LES ANNEES DE FACILITE 1887 est, si l'on en croit Feriel Kaddour dont je me contente de reproduire la conférence, le point culminant de la vie de créatrice de Cécile Chaminade. En effet, si l’on considère son œuvre à partir de cette date, elle connait une longue période de déclin. Oh certes, son succès ne se dément pas, au contraire, elle engrange commandes et contrats, mais son talent se met à s'estomper de façon inéluctable. Elle qui avait une écriture forte, inventive, originale, ne produit plus que des œuvres courtes, à succès. Sa musique, d’exigeante qu’elle était, devient facile, plus convenue, presqu’insipide. Très frappée par ce brusque arrêt d’un talent en pleine ascension, par cette vie créatrice qui connait son apogée entre 20 et 30 ans pour ensuite régresser de façon inattendue, Feriel Kaddour a tenté de dégager les raisons de cette évolution contre-nature. Car d’ordinaire le talent croit avec l’âge ! Elle propose plusieurs types de raisons, toutes fort compréhensibles. D’abord des raisons biographiques : c’est en 1887 que le père de Cécile meurt. Cela entraine de toute évidence des conséquences économiques incontournables pour la jeune femme. Monsieur Chaminade avait les moyens d’entretenir sa famille sur un pied assez élevé mais il ne laisse aucune fortune à proprement parler. Par contre, sa femme et sa fille, ayant des goûts et des habitudes de luxe, un train à mener, il leur faut des moyens. Et ces moyens c’est Cécile qui va les procurer à sa mère. Elles ont un standing à maintenir. Pour faire face aux besoins de la famille, elle accepte de nombreux concerts, et passe un contrat avec un éditeur de piano qui lui commande des mélodies qui doivent se vendre. Donc correspondre aux goûts d’une clientèle qui veut du joli, pas du savant. Elle écrit donc « à la ligne » des mélodies plus courtes, moins compliquées, qui puissent être joué et appréciés par les dames de la bonne société, sans se prendre la tête. Elle choisit des textes simples, voire un peu bébêtes… « si j’étais jardinier d’amour, je te cueillerais des caresses… ». Il n’a a plus d’évolution dans son écriture et son style ne se renouvelle plus. Autour de ces contraintes financières, sa mère restera à sa charge jusqu’à son décès en 1911, la suivant partout et ne vivant que grâce à elle, se greffent tout un tas d’effets annexes, liés aux circonstances. Je l’ai dis plus haut, Paris ne la célèbre guère en tant que compositrice et cette absence de reconnaissance institutionnelle bloque sa carrière. Pour être reconnu, il fallait avoir écrit un opéra qui connaisse le succès. Cécile Chaminade consciente de ce challenge écrit en 1887 « La Sévillane ». L’œuvre est donnée en audition privée et si l’on ne peut pas dire ce qu’elle valait car elle n’a jamais été donnée en tant que spectacle, elle connait un réel retentissement. Mais Carvallo, le directeur de l’Opéra Comique, hostile à la présence de femmes en ses murs, refuse que l’œuvre soit montée. C’est un coup dur pour Cécile, l’œuvre ne sera jamais jouée en entier et si l’on en conserve quelques extraits, c’est une grande déception pour elle de ne pouvoir passer ce cap. Elle essaiera en 1897 d’écrire un autre opéra mais abandonnera ce projet rapidement, renonçant ainsi à une reconnaissance d’un autre niveau. Par contre, l’audition de la Sévillane lance définitivement sa carrière de pianiste et elle connait dès lors un vrai succès d’interprète. Très demandée, elle court le monde, l’Angleterre s’en entiche et elle est invitée par la reine Victoria. Les Etats Unis se l’arrachent et elle déjeune avec le président Roosevelt. Partour se crée des « clubs Chaminade », on en comptera plus de 100 au début du XXème siècle. Et j’en ai trouvé un sur Google sans chercher bien loin, qui a été créé en 1912. Elle va en Turquie, en Allemagne, partout son succès est éclatant. Mais ces tournées l’empêchent d’écrire et son travail de compositrice en pâtit. Les voyages sont longs et fatigants, elle doit composer vite et bref, elle écrit entre deux concerts, à la ligne, sans approfondir, son inspiration tourne court. A ces raisons financières, s’ajoutent selon Feriel Kaddour des raisons psychologiques. Sa vie sentimentale est déchirée. Amoureuse de Paul Landovsky, un médecin qui a adopté les 6 enfants de son frère sans doute décédé, elle constate vite que l’évolution et l’épanouissement de sa carrière sont incompatibles avec le rôle de mère putative qu’elle devrait tenir auprès de ces enfants. Elle renonce à sa passion et si, plus tard, elle se marie, ce sera dans des conditions sentimentales tout autres. En 1887, c’est la rupture avec Paul Landovsky. Ce portrait dédicacé comprend les mesures d'ouverture du Concertino pour flûte et orchestre , une œuvre qui est devenu un standard dans le répertoire pour flûte . Division - Collection Miller Dayton C. , Musique. Image trouvée sur Women of notes Enfin Feriel voit dans la mort du père une sorte de coup d’arrêt à ce qui motivait Cécile. Construite dans sa confrontation avec l’autorité paternelle, celui-ci disparue, elle perd sa dimension combattive et finalement son objectif majeur. Elle n’a plus besoin de prouver son talent, de s’imposer, de s’opposer. Désormais elle se contentera d’utiliser son art pour vivre, de briller, de réussir socialement, mais elle n’aura plus cette exigence que la réprobation de son père lui imposait, ne serait-ce que pour vaincre ses réticences. Il ne faut cependant pas caricaturer cette deuxième partie de la vie de Cécile Chaminade. Si son talent stagne, voire régresse, son succès, lui, va grandissant. Elle est couverte d’honneurs, distinctions en tous genres et de tous pays, jusqu’à être faite Chevalier de la Légion d’Honneur en 1913. Elle reçoit des commandes de pièces de concours pour le Conservatoire, et l’engouement pour ses prestations est réel et solide. Simplement, pour le musicologue, ce qu’elle écrit brille par sa banalité, sa joliesse, celle justement qu’on ne lui apposait pas d’office durant le début de sa carrière, celle qui fait que désormais elle ne progresse plus. Elle devient une compositrice sans grande inspiration et une interprète célèbre, mais oubliée depuis. A suivre Publié par Michelaise à l'adresse 15:16 0 Avis 9 réaction(s) Aucune note Réactions : amusant (0) MERCREDI 4 AOÛT 2010 intéressant (0) passionnant (1) [Page précédente] [Page suivante] [Site] CHAMINADE ET SCHUBERT A OUESSANT Répétition passionnante car les 5 solistes qui formaient l'ensemble du soir avaient besoin de "s'ajuster" et assister à leur travail, joyeux, entre éclats de rire et éclats d'enthousiasme, était vraiment sympathique. L'église bruissait de touristes, les uns de passage seulement, les autres qui, charmés, s'arrêtaient quelques instants, avec beaucoup de respect et de discrétion. C'est un des choix généreux de Musiciennes à Ouessant : rendre la musique proche du public et de ne pas enfermer les concertistes dans l'église pendant la répétition. Le concert commençait par le trio numéro 2 de Cécile Chaminade, une oeuvre que, quelque soit la taille de votre discothèque, vous avez peu de chance de posséder en enregistrement. Il existe un enregistrement du trio numéro 1, mais celui-ci a l'air d'être totalement tombé aux oubliettes. Quelle injustice ! Elsa grether (violon), Ingrid Schoenlaub (violoncelle) et la "trop" jolie pianiste (Lorène de Ratuld) s'étaient livrées à un travail de débroussaillage et de construction du morceau vraiment remarquable. Fériel Kaddour disait qu'en les entendant répéter, elle avait ressenti un vrai "choc esthétique" et, de fait, cette oeuvre est absolument superbe. Très "musique française", mais savante, construite avec un sens étonnant de l'équilibre entre les instruments, et, pour une première audition, "facile" à écouter. Rien de préjoratif dans ce "facile", mais souvent lorsqu'on entend une oeuvre pour la 1ère fois, on est dérouté, on a du mal à "rentrer dedans". Là, rien d'aride et pourtant c'est une musique très charpentée et multiforme. Les thèmes se croisent avec beaucoup de raffinement, mais aussi de maitrise, donnant un caractère presque flottant à ce morceau. C'est marrant, j'ai eu l'impression lors du sublime 2ème mouvement, d'entendre une musique de film, un musique qui raconte... Oui, oui, je sais, c'est un anachronisme, la pièce date de 1887 et le cinéma est encore loin !! Mais je pense que cette impression était attriuable à l'ampleur des développements, qui donnaient à ce simple trio une allure presque monumentale. La seconde partie du concert était nettement plus classique, il s'agissait du quintette la Truite et le public a pu se reposer de ses émotions esthétiques. Mais pas de doute, la (re)création de l'oeuvre de Cécile Chaminade reste un grand moment, qui nous a tous beaucoup touchés. Non contentes d'être de parfaites virtuoses, les musiciennes d'Ouessant sont aussi de charmantes déménageuses qui installent leur piano avec le sourire !! Les messieurs n'ont eu le réflexe de se "précipiter" que lorsque tout a été fini !! Il faut dire qu'elles étaient tellement adorables dans l'effort qu'ils devaient être sous le charme ! Publié par Michelaise à l'adresse 14:04 0 Avis 6 réaction(s) Aucune note Réactions : amusant (0) Accueil intéressant (0) passionnant (0) Messages plus anciens Inscription à : Messages (Atom) C KOI LE PETIT RE ???? Michelaise MESCHERS, CHARENTE MARITIME, France Mon blog pour Hélène et Marie, comme du temps où nous écrivions NOTRE journal ! Prétexte pour rester en contact virtuel avec mes filles, qui sont bien loin et on finit par perdre le fil ! C'est si souvent qu'elles râlent en me disant "mais quoi, vous avez fait ça ??? mais tu ne nous tiens au courant de rien"... Ben voilà, les parents indignes mènent leur vie sans TOUT raconter à leurs minettes !!! ça ne va pas ça... mais pas du tout ! Bon Sens et Déraison comblera cette lacune impardonnable ! Afficher mon profil complet MERCI DE VOTRE VISITE ! RAPPEL POUR NEOPHITES Pour mieux visualiser une photo, il suffit de cliquer dessus, elle s'ouvre en format plus lisible. Pour laisser un commentaire, il suffit de cliquer sur "réaction" en bas à droite du message, et d'écrire dans le cadre qui s'offre à vous, on peut l'envoyer sous la rubrique anonyme, ou bien créer un compte blogger en s'inscrivant ! Ce commentaire sera modéré, c'est à dire que je le recevrai dans ma boîte et le publierai ensuite. Donc il apparaitra plus tard. Modèle Picture Window créé par Josh Peterson. Modèles d'images de wingmar. Fourni par Blogger. Meschers s'est dotée, depuis le début de l'été, d'un espace d'accueil pour artistes à l'emplacement proprement magique. Située juste à côté de la grotte de Regulus, la grotte des Arts égrène niches joliment ouvertes sur l'estuaire et terrasses fleuries. Elle abrite, le temps d'un été, des artistes locaux mais parfois talentueux, qui exposent mais aussi travaillent en public. En haut, une terrasse, à la vue imprenable et sans doute très suggestive, peut accueillir les artistes inspirés, qui y poseront leur chevalet le temps d'une toile. Nous y avons rencontré une mosaïste fort sympathique, qui travaille en jolies tesselles colorées d'émaux de Briare. Joséphine Fanes après une carrière baladeuse dans la banque s'est fixée à Meschers dont elle apprécie le calme et le charme océan. Elle est lourdaise mais aime trop la mer pour rester enfermée dans ses montagnes. Elle travaille avec minutie et précision, interprétant Diego Rivera, Wermeer, Matisse ou Van Gogh (ingénieusement exécuté en relief), inventant des motifs locaux, comme son église de Talmont piquetée de sables et de graviers, ou reproduisant des planches de son fils, dessinateur de bandes dessinées. Loola, la peintre, nous a moins retenus mais nos amis Rémi et Dominique nous ont dit avoir longuement parlé avec elle, car toute parisienne qu'elle soit, elle connait bien leur Normandie de coeur. Un photographe avait aussi laissé ses oeuvres, et l'ensemble, bon enfant, est une excellente façon de permettre aux créateurs de se montrer. L'accès de la grotte est libre et gratuit, et Madame Fanes nous disait qu'il y avait foule les jours de pluie ! Vous êtes peintre ou aquarelliste ? Vous pouvez venir vous installer sur cette sublime terrasse qui domine les falaises et vous livrer à votre passetemps favori en toute quiétude ! Publié par Michelaise à l'adresse 18:34 11 réaction(s) Libellés : EXPOS, meschers 0 Avis Aucune note Réactions : amusant (0) intéressant (0) passionnant (0) LUNDI 9 AOÛT 2010 PETITE RECETTE ENTRE DEUX Comme je ne peux pas vous conter par le menu tous nos Jeudis Romans, ni continuer à marche forcée ma tentative de conversion des troupes à l'abstraction lyrique, sous peine qu'Aloïs, malgré son évidente bonne volonté, ne finisse par faire une manif, je trouve fort à propos de me rappeler que ce blog est écrit pour mes filles. Et comme il est du devoir de toute maman qui se respecte de faire l'éducation culinaire de ses enfants, je vais sacrifier tout bonnement à la tradition. Une recette n'est pas coutume ! Et qu'on ne vienne pas me dire que je fais de la course au compteur !! Car ceux qui me connaissent savent que pour moi, la cuisine est improvisation et invention. Je suis fort imprécise dans mes recommandations, fort brève dans mes instructions et si la lecture de Curnonsky me fascine encore, c'est parce qu'il dit tout ce qui m'échappe : les doses, les gestes. Mais surtout, il use de ce vocabulaire si riche de l'art de cuisiner, qui conjugue monder et échauder, trousser ou suer, contiser ou luter comme nous disons rire et parler. On y trouve tout un attirail plaisant de brunoise, de fumet, de matignon ou de chiffonnade. Tous mots que mon correcteur orthographique refuse avec la dernière énergie, et dont nos chefs les plus hardis n'osent plus user dans leurs écrits. Une desserte n'y est pas un meuble mais "des mets qui restent après un repas, et qui peuvent servir à des préparations ultérieures, en hachis ou en farce". Mais, rassurez-vous, je ne vais pas pratiquer ici l'art très féminin d'accommoder les restes, même si, aimant l'impro et de culture économe, je fais partie de celles qui le pratiquent à outrance. La faute à mes parents qui m'ont appris à ne rien jeter, et j'en m'en trouve fort bien : on déguste ainsi parfois de véritables festins improvisés. Mais cet art plus que tout autre ne se met guère en mots, encore moins en instructions puisque, par définition, il "fait avec les moyens du bord". Adoncques... il me faut en venir au fait. Vous l'avez deviné, la recette est fort courte, d'où ce déluge verbal pour vous la présenter. On met dans un blender deux avocats très mûrs (trop est encore mieux ! aïe, voilà que je me trahis, il s'agit bien d'utiliser un fruit qui, sinon, aurait allure de "reste"), une grosse giclée de citron, et un yaourt bulgare pur brebis. Il faut saler assez fermement, poivrer énergiquement, et rajouter une pincée de piment d'espelette. Pas trop, car on en rajoutera quelques grains dans chaque coupe de service, ainsi que quelques feuilles de roquette émincées, qui parfument agréablement l'ensemble. Servir très frais. Avouez que la fin fait tout à fait "pro" !! A déguster avec "deux doigts de Porto"... Comme dans tout bon roman du XIXème ! Publié par Michelaise à l'adresse 21:09 0 Avis 9 réaction(s) Aucune note Réactions : amusant (0) incroyable! (0) intéressant (1) j'ai aimé aussi (0) passionnant (0) j'ai détesté (0) [Page précédente] [Page suivante] [Site] SAMEDI 7 AOÛT 2010 1914-1944 CECILE CHAMINADE : LES ANNEES D'OUBLI Cécile a 57 ans quand éclate la Première Guerre Mondiale. C’est une artiste reconnue, aisée, appréciée, et pourtant elle est dépressive. Elle va le devenir de plus en plus, jusqu’à sombrer dans une sorte de désespoir permanent. D’un naturel timide et encline à la nostalgie, elle va petit à petit tomber dans la mélancolie. Pourtant c’est une femme active et qui s’engage. Ainsi pendant le conflit elle gère un hôpital. On ne sait pas exactement si elle en fut directrice ou simplement gérante, mais elle s’investit courageusement dans ce poste à responsabilité qui témoigne du degré élevé de son intégration sociale. Pourtant, peu à peu, elle se referme sur elle-même, et vit très mal la métamorphose du monde après la guerre. Pourtant, cette époque est propice à l’émancipation de la femme, et elle qui revendiquait si fermement son autonomie, son droit à l’expression à l’égal de ses confrères masculins, devrait s’y épanouir. Il n’en est paradoxalement rien. Elle est restée très « bourgeoise » de mentalité, et en quelque soirt « prisonnière » du salon de 1877. Elle ne sent pas en phase avec ce monde qui bouge, qui évolue, techniquement, humainement. Quelques malheurs personnels viennent aggraver son abord de la vie. Amputée du pied après guerre, à la suite une blessure qui s’est infectée, elle devient infirme. Sa vie sentimentale est pauvre : après l’échec vécu avec Landovsky, elle se marie avec un éditeur de musique, un certain Matthieu Carbonnel. Un mariage plus formel qu’autre chose. Elle vit seule dans sa maison familiale du Vésinet et ne rejoint son époux que quelques mois par an sur la Côte d’Azur. Il est intéressant de préciser qu’elle eut à cœur, lors du mariage, d’imposer à son époux un contrat de séparation de biens, concernant ses biens d’origine personnelle mais aussi, et le fait est notable, ses revenus de musiciennes. Quel modernisme ! Pourtant sa vie sentimentale est triste. Quand on lui demande si elle se sent plus compositeur ou femme, elle répond compositeur. Elle préfère être une artiste et elle défend sa carrière, préférant que ce soit cette dernière qui s’adapte à son mariage et non l’inverse. Elle ajoutera que son seul amour est la musique, dont elle se considère comme la vestale. Mais surtout, elle ne veut plus évoluer dans ce nouveau monde qui l’angoisse. Elle reste une femme du XIXème sicèle, marquée par un féminisme modéré et surtout supportable socialement. Le salon de musique dont elle fut la reine était le royaume des femmes. Dirigé par elles, celle qui reçoit, celles qui y brillent, elles y font preuve d’une conversation cultivée, mais limitée au domaine de la culture. La politique et les affaires restent des affaires d’hommes, au fumoir. Au salon, les femmes brillent sans trahir leur position sociale, c’est un lieu à leur mesure. Cécile, pourtant partie à la conquête d’autres espaces, reste très imprégnée de ces normes sociales. Elle reste discrète, en retrait. Sa sonate pour piano par exemple, œuvre aux dimensions imposantes, elle ne l’a jouée en entier que 2 fois, toujours devant des cercles restreints, elle n’en fait publier qu’un seul mouvement. Elle n’ose pas « montrer » son talent, et se cantonne à des œuvres plus petites, de dimension plus « féminine ». Secrète et réservée, elle n’est pas « Amazone » pour deux sous et préfère rester dans les cercles privés des salons huppés. A cheval sur deux époques, ancrée dans le XIXème, elle ne s’adaptera pas à l’évolution des mœurs. Elle en souffrira même et opposera à ce monde pris dans une course folle une résistance d’un autre âge. Presque une régression. Son style, qui n’évolue pas, se démode. Sa situation financière se dégrade et elle doit vendre sa propriété du Vésinet. Handicapée par la loi sur le copyright qui, aux Etats Unis où elle connait encore un certain succès, ne protège que les œuvres publiées après 1891, elle connait des problèmes d’argent qui achèvent de l’aigrir. Elle n’écrit quasiment plus. 2 courtes pièces en 1919, une en 1923, 2 en 1925… Autant dire qu’elle a renoncé à composer. Les titres de ses œuvres sont révélateurs de son état d’exprit, de ses regrets et de sa nostalgie « Comme autrefois », »Le bon vieux temps », « Souvenirs d’enfance »… On retrouve sa trace à Monte Carlo en 1938. Elle y vivra la catastrophe de la seconde guerre Mondiale et meurt dans cette ville en 1944. « J’avoue que je ne m’adapte pas plus à la musique moderne qu’à l’art, la mentalité, la moralité de notre époque ». Ainsi meurt Cécile Chaminade, oubliée, démodée et pour longtemps ignorée. Heureusement l’approche historique des musicologues sait s’intéresser aujourd’hui à ces compositeurs de transition dont elle fait partie, et dont elle aurait pu être un brillant représentant. Et puis, je vous ai dit que très peu d’enregistrement lui sont consacrés, mais si je vous révèle que Jaroussky l’a jugée digne de figurer dans son disque de mélodies françaises, je suis certaine que vous aurez plus envie de la connaître ! Ah les fourches caudines de la gloire sont impitoyables ! J’avoue quant à moi, adorer entendre des mélodies françaises en concert, cela a un je ne sais quoi d’envoûtant, mais je ne possède aucun disque de ce genre de musique. Etrange… une musique à écouter en compagnie ? Publié par Michelaise à l'adresse 17:04 0 Avis 3 réaction(s) Aucune note Réactions : amusant (0) incroyable! (0) intéressant (0) j'ai aimé aussi (0) passionnant (0) j'ai détesté (0) < > VENDREDI 6 AOÛT 2010 Site FEMMES... ETERNELLES !!! Lydia Jardon (et les autres !!) à Ouessant Cliquez sur les images pour les agrandir Le 4 août, Xénia Maliarevitch a joué Marine de Cécile Chaminade. Cette pièce, de 1887, développe avec virtuosité de nombreux motifs, fluides et poétiques. Inspirée par un texte de Jean Richepin, elle décline hardiment de délicats effets aux accents cristallins ou sauvages : O Reine, ô Mer, j'irai ! Sur tes vagues, en elles, J'ai passé bien des jours et bien de nuits rêvant, Pour tâcher d'entrevoir les splendeurs éternelles Des symboles cachés sous ton voile mouvant, Miroir incessamment agité qui reflètes Les tourbillons sans but de l'univers vivant. Ensuite nous avons eu des duos avec Clara Zaoui au violoncelle : la sonate numéro 1 opus 102 de Beethoven, la sonate opus 19 de Rachmaninov, d’un lyrisme ébouriffant, et pour finir le grand tango de Piazzola. Le choix d’une transcription pour violoncelle d’une mélodie de Duparc en bis a permis de conclure le concert en douceur. Cliquez sur les images pour les agrandir Le lendemain à midi, c’était le récital de Lydia Jardon, consacré aux préludes de Chopin. Préposée à la garde de la porte afin que les retardataires entrent discrètement, et pour éviter que les touristes, il était midi, n’envahissent les lieux en palabrant, je n’ai malheureusement eu qu’une version un peu éloignée du concert. Un concert « habité » si j’en crois les réactions du public subjugué, totalement sous le charme. Je laisse donc la parole à Alter qui ne s’est pas encore remis de son enthousiasme. « Une technique souveraine, fabuleuse, une virtuosité bluffante servant le texte avec un immense respect. Je n’avais pas la partition, mais je suis certain que tout y était, à la lettre, à la virgule. Allié à ce panache, où rien n’était gratuit ni affecté, Lydia ajoute une puissance, une sensibilité musicale hors norme. La générosité de son interprétation n’a d’égale que l’intensité de l’émotion qu’elle procure à ceux qui l’écoutent ». Cliquez sur les images pour les agrandir Un peu triste de n’avoir entendu ces préludes qu’à travers les bruits de la rue mais j’avais eu l’immense chance d’entendre Lydia au calme, seule spectatrice dans l’église désertée, lors de la répétition de la veille. Le soir un quintette à vent (hautbois, clarinette, cor et basson) nous a joué du Mozart, sans doute pas le meilleur morceau du compositeur, et l’opus 16 en mi bémol majeur de Beethoven, beaucoup plus inspiré. Le 3ème mouvement a particulièrement emporté l’adhésion du public. Cliquez sur les images pour les agrandir Ici, la répétition d'Elane Filonova, avec son fils qui l'accompagnait sagement ! Aimera-t-il la musique ce petit, ou en sera-t-il dégoûté à vie, malgré le talent de sa maman pour la faire apprécier aux autres enfants ??? Encore un concert de midi aujourd’hui, destiné aux enfants. La pianiste, Elena Filonova, a bien sûr joué des pièces faciles de Chaminade (conte de fée, valse mignonne, aubade, rigaudon et bien d’autres) mais pas mal de compositeurs russes. Elle a expliqué longuement aux enfants la particularité des morceaux qu’elle allait interpréter. Des pièces qui doivent être faciles pour être jouées et appréciées par eux, dont le titre et les sonorités évoquent leur univers et leurs préoccupations. Mais qui doivent aussi leur permettre de progresser grâce à des difficultés techniques pas trop évidentes, pour ne pas les rebuter. Et son anecdote concernant les Danses de Poupées de Chostakovitch était touchant. Petite fille, elle devait avoir 6 ou 7 ans, elle fut conduite par son professeur de piano auprès du maître malade, qui était venu se faire opérer la main dans la ville où elle résidait. Impressionnée, elle entra dans la chambre du compositeur, souffrant, alité, tout petit selon elle dans son lit d’hôpital. Dès qu’il la vit, son visage s’illumina, et immédiatement il lui demanda de se mettre au piano et de jouer ces pièces de poupées pour lui. Il lui expliqua longuement que pour écrire ces morceaux, il avait tenté de se mettre à la place des poupées, tout le monde sachant que, dès que la nuit tombe, les jouets peuvent enfin mener leur vraie vie de jouet. Et bien sûr, qu’ils font la fête et dansent à n’en plus finir. Un souvenir qu’elle évoquait avec une grande émotion. Publié par Michelaise à l'adresse 17:00 0 Avis 7 réaction(s) Aucune note Réactions : amusant (0) JEUDI 5 AOÛT 2010 intéressant (0) passionnant (0) [Page précédente] [Page suivante] [Site] CECILE CHAMINADE : 1887-1914 LES ANNEES DE FACILITE 1887 est, si l'on en croit Feriel Kaddour dont je me contente de reproduire la conférence, le point culminant de la vie de créatrice de Cécile Chaminade. En effet, si l’on considère son œuvre à partir de cette date, elle connait une longue période de déclin. Oh certes, son succès ne se dément pas, au contraire, elle engrange commandes et contrats, mais son talent se met à s'estomper de façon inéluctable. Elle qui avait une écriture forte, inventive, originale, ne produit plus que des œuvres courtes, à succès. Sa musique, d’exigeante qu’elle était, devient facile, plus convenue, presqu’insipide. Très frappée par ce brusque arrêt d’un talent en pleine ascension, par cette vie créatrice qui connait son apogée entre 20 et 30 ans pour ensuite régresser de façon inattendue, Feriel Kaddour a tenté de dégager les raisons de cette évolution contre-nature. Car d’ordinaire le talent croit avec l’âge ! Elle propose plusieurs types de raisons, toutes fort compréhensibles. D’abord des raisons biographiques : c’est en 1887 que le père de Cécile meurt. Cela entraine de toute évidence des conséquences économiques incontournables pour la jeune femme. Monsieur Chaminade avait les moyens d’entretenir sa famille sur un pied assez élevé mais il ne laisse aucune fortune à proprement parler. Par contre, sa femme et sa fille, ayant des goûts et des habitudes de luxe, un train à mener, il leur faut des moyens. Et ces moyens c’est Cécile qui va les procurer à sa mère. Elles ont un standing à maintenir. Pour faire face aux besoins de la famille, elle accepte de nombreux concerts, et passe un contrat avec un éditeur de piano qui lui commande des mélodies qui doivent se vendre. Donc correspondre aux goûts d’une clientèle qui veut du joli, pas du savant. Elle écrit donc « à la ligne » des mélodies plus courtes, moins compliquées, qui puissent être joué et appréciés par les dames de la bonne société, sans se prendre la tête. Elle choisit des textes simples, voire un peu bébêtes… « si j’étais jardinier d’amour, je te cueillerais des caresses… ». Il n’a a plus d’évolution dans son écriture et son style ne se renouvelle plus. Autour de ces contraintes financières, sa mère restera à sa charge jusqu’à son décès en 1911, la suivant partout et ne vivant que grâce à elle, se greffent tout un tas d’effets annexes, liés aux circonstances. Je l’ai dis plus haut, Paris ne la célèbre guère en tant que compositrice et cette absence de reconnaissance institutionnelle bloque sa carrière. Pour être reconnu, il fallait avoir écrit un opéra qui connaisse le succès. Cécile Chaminade consciente de ce challenge écrit en 1887 « La Sévillane ». L’œuvre est donnée en audition privée et si l’on ne peut pas dire ce qu’elle valait car elle n’a jamais été donnée en tant que spectacle, elle connait un réel retentissement. Mais Carvallo, le directeur de l’Opéra Comique, hostile à la présence de femmes en ses murs, refuse que l’œuvre soit montée. C’est un coup dur pour Cécile, l’œuvre ne sera jamais jouée en entier et si l’on en conserve quelques extraits, c’est une grande déception pour elle de ne pouvoir passer ce cap. Elle essaiera en 1897 d’écrire un autre opéra mais abandonnera ce projet rapidement, renonçant ainsi à une reconnaissance d’un autre niveau. Par contre, l’audition de la Sévillane lance définitivement sa carrière de pianiste et elle connait dès lors un vrai succès d’interprète. Très demandée, elle court le monde, l’Angleterre s’en entiche et elle est invitée par la reine Victoria. Les Etats Unis se l’arrachent et elle déjeune avec le président Roosevelt. Partour se crée des « clubs Chaminade », on en comptera plus de 100 au début du XXème siècle. Et j’en ai trouvé un sur Google sans chercher bien loin, qui a été créé en 1912. Elle va en Turquie, en Allemagne, partout son succès est éclatant. Mais ces tournées l’empêchent d’écrire et son travail de compositrice en pâtit. Les voyages sont longs et fatigants, elle doit composer vite et bref, elle écrit entre deux concerts, à la ligne, sans approfondir, son inspiration tourne court. A ces raisons financières, s’ajoutent selon Feriel Kaddour des raisons psychologiques. Sa vie sentimentale est déchirée. Amoureuse de Paul Landovsky, un médecin qui a adopté les 6 enfants de son frère sans doute décédé, elle constate vite que l’évolution et l’épanouissement de sa carrière sont incompatibles avec le rôle de mère putative qu’elle devrait tenir auprès de ces enfants. Elle renonce à sa passion et si, plus tard, elle se marie, ce sera dans des conditions sentimentales tout autres. En 1887, c’est la rupture avec Paul Landovsky. Ce portrait dédicacé comprend les mesures d'ouverture du Concertino pour flûte et orchestre , une œuvre qui est devenu un standard dans le répertoire pour flûte . Division - Collection Miller Dayton C. , Musique. Image trouvée sur Women of notes Enfin Feriel voit dans la mort du père une sorte de coup d’arrêt à ce qui motivait Cécile. Construite dans sa confrontation avec l’autorité paternelle, celui-ci disparue, elle perd sa dimension combattive et finalement son objectif majeur. Elle n’a plus besoin de prouver son talent, de s’imposer, de s’opposer. Désormais elle se contentera d’utiliser son art pour vivre, de briller, de réussir socialement, mais elle n’aura plus cette exigence que la réprobation de son père lui imposait, ne serait-ce que pour vaincre ses réticences. Il ne faut cependant pas caricaturer cette deuxième partie de la vie de Cécile Chaminade. Si son talent stagne, voire régresse, son succès, lui, va grandissant. Elle est couverte d’honneurs, distinctions en tous genres et de tous pays, jusqu’à être faite Chevalier de la Légion d’Honneur en 1913. Elle reçoit des commandes de pièces de concours pour le Conservatoire, et l’engouement pour ses prestations est réel et solide. Simplement, pour le musicologue, ce qu’elle écrit brille par sa banalité, sa joliesse, celle justement qu’on ne lui apposait pas d’office durant le début de sa carrière, celle qui fait que désormais elle ne progresse plus. Elle devient une compositrice sans grande inspiration et une interprète célèbre, mais oubliée depuis. [Page précédente] [Début] A suivre Publié par Michelaise à l'adresse 15:16 0 Avis 9 réaction(s) Aucune note Réactions : amusant (0) intéressant (0) passionnant (1) MERCREDI 4 AOÛT 2010 < • Site CHAMINADE ET SCHUBERT A OUESSANT Répétition passionnante car les 5 solistes qui formaient l'ensemble du soir avaient besoin de "s'ajuster" et assister à leur travail, joyeux, entre éclats de rire et éclats d'enthousiasme, était vraiment sympathique. L'église bruissait de touristes, les uns de passage seulement, les autres qui, charmés, s'arrêtaient quelques instants, avec beaucoup de respect et de discrétion. C'est un des choix généreux de Musiciennes à Ouessant : rendre la musique proche du public et de ne pas enfermer les concertistes dans l'église pendant la répétition. Le concert commençait par le trio numéro 2 de Cécile Chaminade, une oeuvre que, quelque soit la taille de votre discothèque, vous avez peu de chance de posséder en enregistrement. Il existe un enregistrement du trio numéro 1, mais celui-ci a l'air d'être totalement tombé aux oubliettes. Quelle injustice ! Elsa grether (violon), Ingrid Schoenlaub (violoncelle) et la "trop" jolie pianiste (Lorène de Ratuld) s'étaient livrées à un travail de débroussaillage et de construction du morceau vraiment remarquable. Fériel Kaddour disait qu'en les entendant répéter, elle avait ressenti un vrai "choc esthétique" et, de fait, cette oeuvre est absolument superbe. Très "musique française", mais savante, construite avec un sens étonnant de l'équilibre entre les instruments, et, pour une première audition, "facile" à écouter. Rien de préjoratif dans ce "facile", mais souvent lorsqu'on entend une oeuvre pour la 1ère fois, on est dérouté, on a du mal à "rentrer dedans". Là, rien d'aride et pourtant c'est une musique très charpentée et multiforme. Les thèmes se croisent avec beaucoup de raffinement, mais aussi de maitrise, donnant un caractère presque flottant à ce morceau. C'est marrant, j'ai eu l'impression lors du sublime 2ème mouvement, d'entendre une musique de film, un musique qui raconte... Oui, oui, je sais, c'est un anachronisme, la pièce date de 1887 et le cinéma est encore loin !! Mais je pense que cette impression était attriuable à l'ampleur des développements, qui donnaient à ce simple trio une allure presque monumentale. La seconde partie du concert était nettement plus classique, il s'agissait du quintette la Truite et le public a pu se reposer de ses émotions esthétiques. Mais pas de doute, la (re)création de l'oeuvre de Cécile Chaminade reste un grand moment, qui nous a tous beaucoup touchés. Non contentes d'être de parfaites virtuoses, les musiciennes d'Ouessant sont aussi de charmantes déménageuses qui installent leur piano avec le sourire !! Les messieurs n'ont eu le réflexe de se "précipiter" que lorsque tout a été fini !! Il faut dire qu'elles étaient tellement adorables dans l'effort qu'ils devaient être sous le charme ! Publié par Michelaise à l'adresse 14:04 0 Avis 6 réaction(s) Aucune note Réactions : amusant (0) Accueil intéressant (0) passionnant (0) Messages plus anciens Inscription à : Messages (Atom) C KOI LE PETIT RE ???? Michelaise MESCHERS, CHARENTE MARITIME, France Mon blog pour Hélène et Marie, comme du temps où nous écrivions NOTRE journal ! Prétexte pour rester en contact virtuel avec mes filles, qui sont bien loin et on finit par perdre le fil ! C'est si souvent qu'elles râlent en me disant "mais quoi, vous avez fait ça ??? mais tu ne nous tiens au courant de rien"... Ben voilà, les parents indignes mènent leur vie sans TOUT raconter à leurs minettes !!! ça ne va pas ça... mais pas du tout ! Bon Sens et Déraison comblera cette lacune impardonnable ! Afficher mon profil complet MERCI DE VOTRE VISITE ! RAPPEL POUR NEOPHITES Pour mieux visualiser une photo, il suffit de cliquer dessus, elle s'ouvre en format plus lisible. 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