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1. PAUVRETÉ EN PERSPECTIVE
A. Evolution économique
Au cours des 40 dernières années, le niveau de vie à Madagascar a beaucoup
changé, accusant la plupart du temps une courbe descendante (graphique 1). Le
revenu réel par tête est tombé d’environ 40% depuis 1960 pour atteindre un niveau de
240 US$ par tête en 1999.
Sur une longue période, avec moins de richesse à distribuer, la plupart de la
population s'est appauvrie. Au cours de la décennie 1960, environ 45% de la
population étaient censés être en dessous du seuil de pauvreté. Par contre, les données
récentes portant sur les années 1990 situent le taux de la pauvreté dans l’ordre de
60% à 70% (Banque mondiale, 1996 ; Razafindravonona et al., 2001).
La reprise économique qui a démarré dans la deuxième moitié de la décennie
1990 a été ponctuée de turbulence et d’ajustements. Depuis 1988, les dirigeants
malgaches ont instauré un programme de reforme approfondi visant à redémarrer la
croissance économique et à diminuer le taux de pauvreté. Ces changements de
politique économique ont donné lieu à des changements d’incitations considérables.
Depuis le flottement du franc malgache (FMG) en 1994, cette monnaie a subit une
dépréciation de plus de 300%. Le taux d’inflation, qui variait de 40% à 60% entre
1994 et 1996 a été ramené à 10% vers la fin de la décennie grâce à une discipline
budgétaire et une contraction sévère du crédit à l’économie (tableau 1). La
privatisation des grandes entreprises publiques, y compris la SOLIMA, a radicalement
changé l’endettement de l’Etat. Et les reformes fiscales visent à doubler le taux
d’imposition effective de 7% du PIB en 1996 à 12% au début des années 2000.
En complément des reformes publiques, les investissements privés ont
contribué à la renaissance de la croissance économique à partir de la deuxième moitié
de la décennie 1990. Deux moteurs privés, en particuliers, ont aidé à démarrer les
activités en milieu urbain – la Zone Franche et le tourisme. Les investissement dans
la Zone Franche ont alimenté une croissance significative des exportations et des
emplois en milieu urbain. L’emploi dans les entreprises de la Zone Franche a
augmenté d’environ 30.000 en 1995 à 110.000 en fin de décennie, soit un taux de
croissance de 24% par an (tableau 11 ; MaDIO, 1999b ; Korns, 2000). Le tourisme,
autre moteur de croissance de la fin des années 1990 a augmenté de 14%2 par an et a
contribué à 15% des exportations en 1999. En milieu urbain, les effets d’entraînement
des ouvriers nouvellement employés dans la Zone Franche et le tourisme ont alimenté
une hausse nette du rythme d’activité non seulement auprès des entreprises formelles
mais aussi dans le secteur informel (Ravelosoa, 1999).
En milieu rural, par contre, les indicateurs sont moins clairs. Les chocs
naturels – l’invasion acridienne de 1998 et 1999, le cyclone Eline en 2000 et le retard
des pluies en 2000 ont nettement défavorisé les cultivateurs de tout Madagascar. Par
contre, les pluies favorable en 1997 et la remontée des prix du café et de la vanille en
2 Valeurs des entrées de devises évaluées en DTS