Nicols Guedeney Petit précis de philosophie 2 2 Introduction La Philosophie ? Qu’est-ce ? Poser la question me disait mon professeur de philo, c’est déjà y répondre un peu – Et il n’avait pas tort, mais pas tout à fait raison… : La philosophie : définition étymologique vient du grec (philo : aimer, sophos : sagesse) étude de ce qui est sage. Ah ! Déjà deux indications : le philosophe, celui qui « étudie » ou qui s’intéresse à la philosophie, est quelqu’un qui va étudier la Sagesse. Voyez, je suis moi-même philosophe car je m’intéresse à la matière « Sagesse ». De là, se posent deux questions : – peut-on définir la Sagesse ? et le philosophe estil celui qui s’intéresse uniquement à la Sagesse ? 2 3 – le philosophe est-il savant ? un penseur ? un professeur ? ou une simple personne qui s’interroge ? et sur quels sujets ? On voit donc que définir la philosophie et le fait d’être philosophe n’est pas aussi simple qu’il y paraît. En réalité, comme pour toute sorte de thématique ou de problématique à définir, la voie la meilleure demeure encore de faire appel à… des philosophes qui ont apporté une définition, sachant que la philosophie est très certainement un moment important voire essentiel de la réflexion humaine, cette réflexion étant peut être déjà de la philosophie à l’état brut. Dans certains dictionnaires, la philosophie est qualifiée comme étant une science. Il est vrai que certains des grands philosophes sont d’abord des scientifiques qui se sont orientés par la suite vers une réflexion sur l’origine et le devenir de l’Homme : car finalement, l’objet principal de la philosophie constitue bien, en premier lieu, d’observer l’Homme tel qu’il est, tel qu’il agit, et comment il pense. Alors, la philosophie est-elle une science ? Peut-être, si l’on en croit Gilles DELEUZE qui considère que la philosophie est « l’activité de créer des concepts » « une pourvoyeuse de concepts (ni vrais ni faux) mais qui sont nécessaires pour penser ». Cela donc peut être une première définition. Dans l’Antiquité, la philosophie s’apparentait à 42 une « quête de savoir », le philosophe est avant tout une sorte de « gardien de savoirs, acquis par-delà les réflexions sur les grands thèmes tels que l’Etre, le Temps, l’Âme, le Néant… qui constituent ce que l’on appelle la Métaphysique (l’étude de la Nature) et pardelà de la Nature, l’au-delà…) » et dans l’idée des grands philosophes, l’étude des mathématiques leur paraissait primordiale. Les philosophes sont alors des « Maîtres de vérité, de connaissances et de savoirs ». D’ailleurs, PLATON précisait que nul ne devait entrer dans son école (l’Académie) s’il n’est pas un géomètre. La Philosophie : une Science ? Mais est-ce uniquement une science comme une autre ? Je ne le pense pas car la philosophie et plus globalisante, puis visionnaire en ce sens qu’elle a trait à l’Homme, donc à une « matière « dite pensante, agissante ». Elle semble donc outrepasser la simple observation, la simple recherche car elle fait intervenir la propre pensée de l’observateur, sa subjectivité. Les lois de la physique sont dépassées et l’interprétation personnelle du scientifique intervient. Ce que découvre le scientifique sera-t-il bon pour l’Homme ? Va-t-il modifier son environnement, ses modes de penser ?… Alors, certains philosophes ont proposé comme 2 5 définition le sentiment que la philosophie serait un « art de vivre ». Et on revient au début de notre propos, à savoir que la Philosophie serait la science de la Sagesse !! Le philosophe serait donc un « sage » qui mène une « belle vie », qui s’exerce aux raisonnements spirituels et finalement, un être avec une « belle âme ». Scientifique ou Sage, le philosophe est un penseur qui étudie l’Homme et son environnement. Mais s’il observe, étudie, découvre, il interprète et imagine ce que la découverte qu’il a réalisée peut apporter à l’Etre Humain, il transcende le monde scientifique vers la réflexion. La philosophie serait donc l’étude des « affaires humaines », savoir notamment ce qui est juste ou injuste pour l’homme, comprendre ses passions, son esprit face à des événements intérieurs comme extérieurs, comme des difficultés personnelles ou des crises politiques, économiques ou sociales. Un philosophe se décrit comme un sportif, un décathlonien qui court après les sciences, les lettres, la nature, la psychologie… et qui, in fine, essaye d’en retirer « la substantifique moelle » comme disait MONTAIGNE. Le philosophe essaye d’atteindre le « ciel pur des idées » comme l’écrivait PLATON. Il serait aussi un professeur ; comme on l’a décrit plus haut, le philosophe serait un « 62 chef d’école » qui a développé un système de réflexion propre, souvent en étudiant les écoles passées ; il pourrait être un guide spirituel, une sorte de gourou, mais aussi un intellectuel engagé comme VOLTAIRE, ROUSSEAU ou un directeur de conscience, un « médecin de l’Âme » à la manière de CICERON. C’est donc un vaste panorama que le philosophe observe, étudie en sachant qu’il n’est pas exhaustif dans son travail. Le philosophe ne finit jamais de poser son regard… A tout instant, il peut et il doit remettre en question sa propre réflexion car c’est cela la Philosophie. 2 7 82