La mobilisation des dirigeants, condition du succès
La faible participation des employés aux activités prévues empêche parfois de récolter les avantages des
programmes de mieux-être au travail. La participation des employés s’entend des employés qui s’engagent
activement et délibérément dans un programme de promotion de la santé proposé par leur employeur
(Linnan et coll., 2001). Souvent, les participants d’un programme de mieux-être sont des personnes qui
ont déjà des habitudes de vie saines, tandis que les employés qui en tireraient le plus de profit prétendent
qu’ils n’ont pas le temps d’y participer et n’en comprennent pas le but (Zoller, 2004; Chapman, 2006). De
plus, ces employés affirment souvent qu’ils ne sont pas au courant des activités proposées au titre du
programme de mieux-être ou que la santé ne fait pas partie intégrante de la stratégie de l’organisation ni
de son infrastructure. D’autres obstacles nuisent à la participation des employés, notamment le manque
d’intérêt à modifier leurs comportements, la difficulté de maintenir les nouveaux comportements à long
terme et l’absence de mesures d’incitation officielles proposées par l’employeur (Schult et coll., 2006). La
faiblesse de la participation peut donc nuire à la réalisation des avantages des programmes de mieux-être
au travail et faire en sorte que ces programmes soient jugés inefficaces (Linnan et coll., 2001; Schult et
coll., 2006).
On peut soutenir qu’il incombe à la haute direction d’influencer l’opinion des employés qui ne prennent
pas part aux activités de mieux-être et de créer une atmosphère qui incite les employés à améliorer leurs
comportements en matière de santé. Les dirigeants des organisations influencent plusieurs des résultats
traditionnels des organisations, notamment l’attitude des employés et leur engagement, de même que la
performance sur les plans organisationnel et économique (Barling, Christie et Hoption, 2011). Dans cet
ordre d’idée, la littérature permet de conclure que le succès des programmes de mieux-être au travail est
lié à l’implication des cadres supérieurs, cela en raison de leur poste, de leur standing et de leur pouvoir
(Brown, Trevino et Harrison, 2005). Un leadership bien exercé aura une influence sur l’atteinte des
objectifs des personnes, des équipes et de l’organisation dans son ensemble. Souvent, la haute direction
peut inspirer et motiver les employés à adhérer à la mission de l’organisation et les aider à composer avec
les changements. En outre, la présence de hauts dirigeants qui prennent position en faveur des initiatives
de mieux-être de l’organisation contribue à la crédibilité du programme aux yeux des employés. Ces
derniers sont plus enclins à participer aux programmes de mieux-être lorsqu’ils ont confiance qu’un
leadership véritable existe pour guider l’organisation ( Linnan et coll., 2001).
Par exemple, dans un autre contexte, une étude qui s’interrogeait sur la manière dont les dirigeants
pouvaient influencer le «virage vert» d’une organisation en modifiant les comportements des employés a
conclu qu’un leadership transformationnel exercé en tenant compte de l’environnement était l’approche la
plus efficace (Barling et Robertson, 2013). Ce style de leadership transformationnel implique de
convaincre et d’inspirer les employés à s’engager moralement à penser non seulement à ce qui est le
meilleur pour eux en particulier, mais à des comportements bénéfiques pour l’environnement naturel
qu’ils peuvent embrasser. Barling et Robertson (2013) indiquent que cette approche du leadership par la
direction permet d’établir des liens significatifs avec les employés pour qu’ils puissent transférer leurs
valeurs concernant l’environnement, discuter des préoccupations en ce qui touche les priorités
environnementales et -- sans doute est-ce le comportement le plus influent -- donner eux-mêmes
l’exemple par leurs propres comportements environnementaux. Goldstein, Griskevicius et Cialdini (2007)
ont constaté qu’en faisant en sorte que les employés puissent suivre l’exemple d’un dirigeant, on leur
permet de faire l’économie d’efforts qu’exigeraient les processus décisionnels cognitifs et, au bout du
compte, d’adopter plus rapidement le comportement voulu. Le leadership transformationnel vise à
influencer certains comportements qui permettent aux employés de comprendre mieux les valeurs de leurs
dirigeants et de leur organisation et, finalement, à donner une idée claire de leur rôle et à les sensibiliser
davantage (Beehr et Glaser, 2005; Arnold et coll., 2007; Nielsen et coll., 2008). Cette forme d’implication
par un dirigeant dans un domaine particulier est dite «leadership transformationnel spécialisé» ou
«leadership transformationnel spécifique d’un domaine» (Barling, Loughlin et Kelloway, 2002; Judge et
Piccolo, 2004).