temps du Bouddha et se perpétue aujourd'hui au Sri Lanka et dans les pays de l'Asie du
Sud-est. On l'appelle "tradition du bouddhisme pali" ou "Bouddhisme des Anciens", ou
encore Bouddhisme theravada.
La seconde traditions est apparue environ cinq siècles après le paranirvana [mort
physique] du Bouddha, à la suite de dissensions au sein de la communauté bouddhique;
elle est connue sous le nom de Mahayana ou Grand Véhicule. Elle recouvre aujourd'hui
les pays himalayens, la Chine, le Japon, le Vietnam, la Corée.
Une des raisons principales des divergences de vues entre les Anciens et ceux qui vont se
considérer comme des réformateurs est notamment la place accordée à l'autre. Je vais
donc examiner comment était perçu l'autre dans chacune de ces traditions pour terminer
par quelques considérations sur la perception de l'autre au sein de la communauté
bouddhique occidentale.
La quête du prince Siddhartha, le futur Bouddha
Quand on lit la vie du Prince Siddhartha, depuis l'abandon du palais jusqu'au moment de
l'Eveil sous l'arbre de la Bodhi, on ne trouve pas beaucoup de références à l'autre. Poussé
par les quatre visions (le malade, le vieillard, le mort et enfin le moine ascétique), l'âme de
l'aspirant à l'Eveil est tendue vers un seul but: trouver la vérité, comprendre les causes de
la naissance et de la mort et, si possible, s'en libérer. Sa quête le pousse à abandonner
femme et enfant. Après six années de quête et d'austérités Gotama atteint l'Illumination
sous l'Arbre de la Bodhi.
Après l'Eveil
Ce n'est qu'après son Eveil que Gotama, maintenant le Bouddha (qui signifie l'Eveillé), se
demande ce qu'il va faire de cette profonde et sublime réalisation qu'il a obtenue. Le
Bouddha hésite: l'humanité sera-t-elle capable de comprendre la profondeur de sa
réalisation? Alors lui apparaît un dieu, qui lui dit que même si la majorité des gens ne
comprendra pas son éveil, il en est dont les yeux ne sont recouverts que d'un peu de
poussières et qui comprendront son message, et pour eux il doit révéler la vérité qu'il a
découverte. C'est ainsi que le Bouddha s'engage dans la prédication, une prédication qui
durera jusqu'à sa mort presque un demi siècle plus tard.
Le bouddhisme des cinq premiers siècles
Pendant les cinq siècles qui suivent la mort du Bouddha, l'idéal bouddhique consiste à
atteindre l'état de libération pour soi-même, le nirvana. La préoccupation principale du
pratiquant est de comprendre les causes de la souffrance et, les ayant comprises, à agir sur
les causes pour surmonter la douleur et ainsi parvenir au nirvana ; l'ascèse est très stricte
et elle est indivifuelle. Le Bouddha historique, Sakyamuni, est le modèle à imiter. Etre
bouddhiste signifie refaire le chemin que le Bouddha a tracé et lui-même parcouru, dont il
est l'aboutissement. L'Arhat est celui qui a vaincu le cycle des morts et des renaissances,
qui est libéré de la souffrance et réside dans le nirvana. Mais il est seul.
Cette tradition met l'accent sur la réalisation personnelle. Pourtant l'autre n'est pas
totalement absent de sa pratique. Voyons comment la relation à autrui est enseignée et
vécue.
En premier lieu, cette forme de bouddhisme porte une grande attention à l'éthique, qui est
une manière de régler les rapports à l'autre. Ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne
pas s'engager dans une conduite sexuelle inappropriée, ne pas ingérer de drogue, tels sont
les cinq préceptes observés dans tous les pays bouddhistes. D'autre part, moines et laïcs
vivent en symbiose. Les laïcs soutiennent les moines en leur prodiguant des dons matériels
de nourriture, les robes et autres nécessités. Les moines prêchent la doctrine et assurent la
cohésion sociale, morale et spirituelle de la société.
Le but de la pratique, aussi bien pour les laïcs que pour les moines, étant de surmonter les
trois poisons de l'attachement, de la haine et de l'ignorance, des pratiques sont enseignées
pour contrecarrer ces afflictions négatives. Il s'agit par exemple des méditations appelées
les Quatre Demeures de Brahma :
1. Méditation du développement de l'amour bienveillant, de l'altruisme (metta)
2. Méditation du développement de la compassion (karuna)
3. Méditation du développement de la sympathie pour la joie des autres(mudita),
4. Méditation du développement de l'équanimité, de la sérénité, de la non différence
(uppekha).
Un des textes de prière les plus souvent récité est le Metta Sutta, le Sutta de l'Amour