Seconde partie Le bas Moyen-âge, de l`an mil à l`année 1492

Seconde partie
Le bas Moyen-âge,
de l’an mil à l’année 1492
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1042
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Que s'est-il passé là en … ?
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Que s'est-il passé là en … ?
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1042, en Italie méridionale
(6 p.)
Vers un royaume normand de Sicile
Le comté de Rouen, créé en 911, agrandi en fin de siècle pour devenir le duché de Normandie, ne
possédait pas suffisamment de terres nobles pour subvenir à l’entretien de la génération montante de
jeunes aristocrates en quête de gloire et de moyens de subsistance dignes de leur rang.
Loin de là, en Italie méridionale, les duchés de Spolète et de
Bénévent dépendaient de l’empereur de Germanie, tandis
que la Pouille et la Calabre étaient sous obédience de
l’empereur de Constantinople, et que la Sicile était, pour les
trois quarts, possession musulmane. Et la présence du pape à
Rome compliquait encore davantage une situation explosive
qu’envenimaient des escarmouches plus ou moins graves
entre les différentes autorités.
Des seigneurs normands se mirent au service, qui de
l’empereur germanique, qui du
basileus, qui du pape,
pour faire la preuve de leur bravoure au combat et de leurs
talents d’administrateurs.
Tel est le cas de deux des fils de Tancrède de Hauteville. En remerciement de bons et loyaux
services, Guillaume, dit « bras de fer », et son frère Dreux, se voient accorder d’importants droits
féodaux. Guillaume meurt peu après, mais Dreux, d’abord comte de Melfi, puis duc d’Apulie, ne tarde
pas à devenir un puissant seigneur.
Désormais solidement implantée en Italie méridionale, la famille de Hauteville a l’honneur suprême de
devenir le protecteur et le défenseur du Saint Siège. Se prévalant de l’appui de cette haute autorité
spirituelle et temporelle, les seigneurs normands se disent alors les égaux de l’empereur germanique et
de l’empereur de Constantinople, et sont une force incontournable dans la péninsule. Différents
descendants directs de Tancrède de Hauteville franchissent les degrés de la puissance politique :
- Robert « Guiscard » (le rusé) est comte de Calabre ;
- Richard est duc d’Aversa,
- Bohémond est comte de Tarente …
Et en 1130, Roger dit « Bosso » sera le fondateur de la dynastie des rois de Sicile.
Rome
Pouille
Calabre
Sicile
suzeraine :
Saint Empire
suzeraine :
Byzance
suzeraineté :
Sarrasins
(30)
1066, en Angleterre
(12 p.)
La bataille d’Hastings
En 837, la couronne d’Angleterre avait été dévolue au Saxon Egbert. Mais des navigateurs
scandinaves avaient, ultérieurement, pris pied dans une portion de l’île dénommée le Danelaw
(dan law : « la loi danoise »). Et la couronne allait alternativement, au gré des circonstances,
d’un saxon à un danois. Au milieu du XIe siècle, c’est un Saxon, Edouard le Confesseur, qui est
investi de la fonction royale. Le roi de Norvège et de Danemark, Harald, souhaite s’en emparer.
Édouard, qui avait connu un long exil en Normandie avant d’accéder au trône d’Angleterre en
1042, avait promis au duc normand d’être son successeur.
En 1066, Édouard décède, après avoir changé
d’avis et désigné comme successeur un baron
anglais, Harold. Celui-ci monte donc sur le
trône d’Angleterre. Guillaume le Bâtard, duc
de Normandie, s’estime lésé, et veut faire
valoir ses droits. En même temps, Harald
Hardrada quitte les côtes de Norvège et fait
voile vers l’Angleterre pour mettre son dessein
à exécution.
Harold, le roi anglais, quitte Londres et fait
mouvement vers le nord pour contrer le
débarquement d’Harald, qui meurt au cours du
combat, à Stanford Bridge. Harold, dans
l’euphorie de sa victoire, vient de renvoyer
son armée lorsqu’on lui apprend que
Guillaume a débarqué sur la côte méridionale
de l’île. Tant bien que mal, il tente de
reconstituer une force et descend pour
s’opposer au Bâtard.
La rencontre a lieu à Hastings, sur la haute colline de Senlac, au sommet de laquelle les Anglais,
qui ont pris position, semblent inexpugnables. En effet, Guillaume est d’abord mis en difficulté.
Mais il tente une ruse de guerre vieille comme le monde : il simule une déroute et ordonne la
retraite. Les soldats anglais tombent dans le piège : ils quittent leur position dominante et
poursuivent les fuyards normands. Ceux-ci se retournent, et attaquent les Anglais désormais en
position de faiblesse. Harold est tué dans le combat, et les Anglais se débandent.
Guillaume « le Bâtard » devient Guillaume « le Conquérant ». Il se fera sacrer roi d’Angleterre à
Westminster dans la nuit de Noël 1066 … et la situation géopolitique sera totalement modifiée : le
duc de Normandie, désormais aussi roi d’Angleterre, est vassal du roi de Francie, mais beaucoup
plus puissant que son suzerain. L’antagonisme entre les deux nations ne fera que croître, pour
déboucher, dans deux siècles et demi, sur une guerre qui durera cent ans …
Trondjeim
Iles Shetland
Iles Orcades
Harald
Hardrada
Harold
Guillaume
Hastings
Stamford Bridge
1
2
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1071, à Constantinople
(5 p.)
L’empire byzantin amorce son déclin
Lorsqu’il mourut, en 1025, l’empereur Basile avait lais un empire en assez bon état. Il avait,
notamment, résisté à la pression du khalife de Tunis, qui voulait s’emparer de la Syrie, possession
byzantine. Il avait également annexé l’empire bulgare, avec une férocité inouïe, ce qui lui avait
valu le surnom peu flatteur de « Basile le bulgaroctone », l’exterminateur des Bulgares.
Après lui accédèrent au trône des empereurs éphémères et incompétents, menant doucement
l’empire vers un clin que rendait inéluctable des querelles de palais et des jalousies
successorales.
Entre temps, aux portes de l’empire était apparu, au IXe siècle,
un peuple originaire d’Asie centrale, les Turkmènes (ou
Turcomans). Au cours de leurs pérégrinations, ils étaient entrés
en contact avec les Arabes, et avaient adopté la religion
musulmane sunnite. En 1064, à l’issue de quelques autres
conquêtes territoriales, dont la Syrie, les « Turcs » ont, en
1064, une frontière commune avec l’empire byzantin, lequel,
rappelons-le, s’étend sur la péninsule hellénique et sur
l’Anatolie (l’Asie Mineure).
L’empereur Romain IV « Diogène » s’inquiète de la présence turque aux portes de son empire. Il
traverse l’Asie Mineure avec 60 000 hommes et se dirige vers la frontière gréco-turque pour
marquer sa volonté de dopposer, par le force, à d’éventuelles attaques turques.
Alp Arslan, le sultan turc, prend conscience de la manœuvre
byzantine et pénètre, lui aussi, en Anatolie, à la tête d’une
armée considérable. La rencontre a lieu à Manzikert, en 1071.
Romain est battu et doit signer un accord de paix, relativement
modéré toutefois, avec le vainqueur.
Rentrant à Constantinople, Romain apprend qu’il est destitué : il se rebelle contre l’usurpateur, et
jeté dans un cul de basse fosse il meurt rapidement. Le nouvel empereur, Michel VII, refuse de
respecter les termes de l’accord. Les Turcs pénètrent en Anatolie et l’annexent. Elle devient la
Turquie. L’empire grec est alors réduit à la portion congrue : il n’occupe plus que la péninsule
hellénique et ses alentours immédiats (les territoires des actuelles Grèce et Bulgarie).
Le déclin de Byzance se poursuivra d’autant plus inéluctablement que, dans moins d’un siècle,
Byzance sera occupée et saccagée par les Croisés de la quatrième croisade, partis vers la
Palestine pour délivrer le tombeau du Christ, et qui se détourneront de leur objectif initial !
Indus
Oxus
(Amou Daria)
Tigre
Euphrate
Mer Noire
Perse
Bagdad
Péninsule arabique
Asie
Centrale
Transoxiane
Oghouz
Irak
Syrie
Mer Noire
Mer
Caspienne
Mer
d'Aral
Mer
Méditerranée
Mer
Rouge
Golfe
Persique
Lac de Van
Khelat
Constantinople
Romain
Tarchaniotès
Manzikert
(32)
1077, en Germanie
(10 p.)
La querelle des Investitures : Canossa
Depuis le réveil de la fonction impériale, en 924 (
écran 25
), la couronne est allée à la Maison de
Saxe, puis à la Maison de Franconie. Les empereurs saxons Otton (I, II et III) avaient une
conception particulière de la gestion des hauts personnages de l’état, mélangeant le
temporel et le spirituel. Investis de la mission de « représenter Dieu dans l’empire », ils
nommaient non seulement les ducs et les comtes, mais aussi les évêques ! Pendant un
temps, les différents papes agréèrent, de plus ou moins bonne grâce, cet état de choses.
La situation se gâte quand un pontife moins malléable accède au Saint Siège. Grégoire VII, pape
de grande envergure, élu en 1073, lutte sans merci contre la simonie et la corruption, et il est le
promoteur de la grande « Réforme grégorienne ». Ce pontife sexagénaire revendique pour lui-
même la nomination des évêques. Il se heurte alors violemment au nouveau « roi des
Romains »(*), le jeune franconien Henri IV (il a 27 ans), qui applique la théorie de ses
prédécesseurs saxons, suivant laquelle un évêque est un serviteur de l’État, dont la nomination
ressort du domaine politique.
En 1076, Henri désigne un homme à lui pour prendre la tête de l’évêché de Milan (l’Italie du nord
étant alors « Terre d’Empire »). Le pape, qui vient d’interdire officiellement cette pratique, casse
la décision impériale. Henri refuse de plier. Le pape excommunie et dépose l’empereur, libérant
ainsi tous les vassaux du serment d’allégeance qu’ils avaient prêté.
La Querelle des Investitures prend une ampleur démesurée. Henri IV étant excommunié et
déchu, les Grands doivent procéder à une nouvelle élection … à moins que l’empereur n’obtienne
son pardon. Henri se rend à Canossa, pieds nus dans la neige, en janvier 1977. Après cette
humiliante démarche auprès de pape, Henri réunit, en 1080, un concile de prélats allemands qui
destituent Grégoire et élisent un « antipape », Clément, lequel élève officiellement Henri à la
dignité impériale …
Canossa et la querelle des investitures est l’un des moments clés de la vie politique en Germanie,
l’empereur et le pape se prétendant chacun supérieur à l’autre. La lutte se poursuivra : Henri V,
fils d’Henri IV, sera excommunié par le pape Gélase II, l’un des successeurs de Clément VII, pour
une raison identique.
La Querelle des Investitures prendra fin en 1122, avec le Concordat de Worms. Aux termes de ce
concordat, l’évêque sera élu par le clergé en présence d’un représentant de l’autorité politique, il
prêtera serment d’allégeance à l’empereur, et sera alors consacré par l’archevêque représentant
l’autorité papale. Ce n’est qu’à l’issue de cette procédure complexe que le nouvel évêque sera en
mesure d’exercer son ministère.
(*)
« Roi des Romains » est le titre qui désigne le futur empereur, choisi pour occuper ce poste, mais avant qu’il ne soit
officiellement élevé par le pape à la dignité impériale : il est « empereur désigné ». L’utilisation, ici, du mot empereur à propos d’Henri
IV, allant à Canossa avant son élévation officielle à la dignité impériale, est un peu irrégulière, mais elle est pratique.
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