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CHU magazine - N° 63 - Décembre 2011
dossier
Ils bénécient aussi de la collaboration
étroite établie avec les équipes de pneu-
mologie dans le cadre d’une prise en
charge médico-chirurgicale. En effet,
depuis 2011, quatre à cinq patients de
chirurgie thoracique par semaine sont
systématiquement hospitalisés dans le
service de pneumologie, au troisième
étage du pavillon Beauchant. «Cette
organisation optimise la prise en charge
de ces patients, explique le Pr Jean-
Claude Meurice, responsable du service
de pneumologie, et leur fait bénécier
de notre expérience en pneumologie.»
Avant, le service ne prenait que ponc-
tuellement en charge certains patients
opérés. Aujourd’hui, le caractère sys-
tématique permet d’anticiper l’accueil
de chaque patient une semaine avant
son hospitalisation. Les médecins et les
chirurgiens travaillent ainsi de concert
lors des visites quotidiennes au patient,
les premiers analysant le terrain pneu-
mologique, les seconds tous les aspects
liés à l’opération. «C’est une synergie
autour du patient», résume le pneumo-
logue. Synergie qui se concrétise éga-
lement lors de réunions hebdomadaires
où chirurgiens et médecins débattent des
cas hospitalisés mais anticipent aussi
l’arrivée de nouveaux patients. «Cela
nous permet d’assurer une continuité
optimisée des soins allant jusqu’à une
prise en charge commune dans le cadre
de protocoles thérapeutiques.»
Au nal, le pavillon rassemble toutes
les compétences et les techniques
nécessaires à la prise en charge des
patients. Avec, bien sûr, un accès aux
équipements du CHU : pôle régional de
cancérologie, TEP scan pour les bilans
d’extension du cancer du poumon et
scintigraphie ventilatoire.
Une chirurgie dominée
par le cancer
La majeure partie, près de 80%, des actes
de chirurgie thoracique sont pratiqués
pour traiter le cancer du poumon. «Mal-
heureusement, précise Christophe Jayle,
le cancer du poumon n’est pas doulou-
reux et les symptômes comme l’amai-
grissement n’apparaissent que très tard,
le plus souvent quand la chirurgie n’a
plus sa place.» De fait, dans près de 80%
des cas, le cancer est trop avancé pour
être opérable. «Malgré cela, la chirurgie
reste la pierre angulaire du traitement
du cancer du poumon. Car, quand on
peut opérer un cancer du poumon, la
survie globale à 5 ans passe de 10-20%
à 70%.» Aussi, le chirurgien qualie-t-
il d’«agressive» la stratégie privilégiée
lors des réunions hebdomadaires de
concertation pluridisciplinaire entre les
chirurgiens, les radiothérapeutes et les
chimiothérapeutes. «Notre but est que le
plus de patients possibles soient opérés.»
Les autres actes de chirurgie thoracique
concernent essentiellement l’exérèse
de tumeurs bénignes (sur la paroi tho-
racique, intercostales, sur le thymus, ou
dans le médiastin, kystes pleuro-péricar-
diques), le traitement du pneumothorax
Une ossature en titane
Les chirurgiens de Poitiers peuvent désormais poser des agrafes de
titane permanentes pour traiter les volets costaux. Les patients trau-
matisés par une chute ou un accident de la circulation sont d’abord
traités pour leurs lésions vitales dans l’unité de réanimation chirurgicale.
«S’ils ont un volet costal, l’atteinte respiratoire peut être importante et est
souvent très douloureuse», indique Christophe Jayle. De nouvelles agrafes
en titane, «très stables et très solides», permettent dans les deux ou trois
jours maximum après l’arrivée du patient de recréer la cage thoracique,
de stabiliser la lésion, d’enlever les douleurs et donc de retourner à une
respiration normale. «Le gain est immédiat et durable.» En effet, quand
les côtes sont fracturées, leur engrènement peut réduire le volume de
la cavité thoracique. Les agrafes permettent un maintien normal de la
capacité pulmonaire. Elles évitent également les déformations inesthé-
tiques dues aux enfoncements de la cage thoracique. Neuf patients en
ont bénécié depuis avril 2011. «Cette spécicité du CHU de Poitiers a
un coût – de 2 500 € à 4 000 € par patient – qui n’est pas pris en charge
par la CPAM mais par le CHU lui-même», précise le chirurgien qui est
en train de rédiger une étude nationale pour démontrer les avantages
antalgiques et fonctionnels des agrafes qui permettent en outre une
diminution de la durée d’hospitalisation. Ajoutons que ce matériel en
titane se décline sous plusieurs formes pour remplacer plusieurs côtes
ou le sternum et permettre une reconstruction pariétale.