dossier Ils bénéficient aussi de la collaboration étroite établie avec les équipes de pneumologie dans le cadre d’une prise en charge médico-chirurgicale. En effet, depuis 2011, quatre à cinq patients de chirurgie thoracique par semaine sont systématiquement hospitalisés dans le service de pneumologie, au troisième étage du pavillon Beauchant. «Cette organisation optimise la prise en charge de ces patients, explique le Pr JeanClaude Meurice, responsable du service de pneumologie, et leur fait bénéficier de notre expérience en pneumologie.» Avant, le service ne prenait que ponctuellement en charge certains patients opérés. Aujourd’hui, le caractère systématique permet d’anticiper l’accueil Une ossature en titane Les chirurgiens de Poitiers peuvent désormais poser des agrafes de titane permanentes pour traiter les volets costaux. Les patients traumatisés par une chute ou un accident de la circulation sont d’abord traités pour leurs lésions vitales dans l’unité de réanimation chirurgicale. «S’ils ont un volet costal, l’atteinte respiratoire peut être importante et est souvent très douloureuse», indique Christophe Jayle. De nouvelles agrafes en titane, «très stables et très solides», permettent dans les deux ou trois jours maximum après l’arrivée du patient de recréer la cage thoracique, de stabiliser la lésion, d’enlever les douleurs et donc de retourner à une respiration normale. «Le gain est immédiat et durable.» En effet, quand les côtes sont fracturées, leur engrènement peut réduire le volume de la cavité thoracique. Les agrafes permettent un maintien normal de la capacité pulmonaire. Elles évitent également les déformations inesthétiques dues aux enfoncements de la cage thoracique. Neuf patients en ont bénéficié depuis avril 2011. «Cette spécificité du CHU de Poitiers a un coût – de 2 500 € à 4 000 € par patient – qui n’est pas pris en charge par la CPAM mais par le CHU lui-même», précise le chirurgien qui est en train de rédiger une étude nationale pour démontrer les avantages antalgiques et fonctionnels des agrafes qui permettent en outre une diminution de la durée d’hospitalisation. Ajoutons que ce matériel en titane se décline sous plusieurs formes pour remplacer plusieurs côtes ou le sternum et permettre une reconstruction pariétale. CHU magazine - N° 63 - Décembre 2011 16 de chaque patient une semaine avant son hospitalisation. Les médecins et les chirurgiens travaillent ainsi de concert lors des visites quotidiennes au patient, les premiers analysant le terrain pneumologique, les seconds tous les aspects liés à l’opération. «C’est une synergie autour du patient», résume le pneumologue. Synergie qui se concrétise également lors de réunions hebdomadaires où chirurgiens et médecins débattent des cas hospitalisés mais anticipent aussi l’arrivée de nouveaux patients. «Cela nous permet d’assurer une continuité optimisée des soins allant jusqu’à une prise en charge commune dans le cadre de protocoles thérapeutiques.» Au final, le pavillon rassemble toutes les compétences et les techniques nécessaires à la prise en charge des patients. Avec, bien sûr, un accès aux équipements du CHU : pôle régional de cancérologie, TEP scan pour les bilans d’extension du cancer du poumon et scintigraphie ventilatoire. Une chirurgie dominée par le cancer La majeure partie, près de 80%, des actes de chirurgie thoracique sont pratiqués pour traiter le cancer du poumon. «Malheureusement, précise Christophe Jayle, le cancer du poumon n’est pas douloureux et les symptômes comme l’amaigrissement n’apparaissent que très tard, le plus souvent quand la chirurgie n’a plus sa place.» De fait, dans près de 80% des cas, le cancer est trop avancé pour être opérable. «Malgré cela, la chirurgie reste la pierre angulaire du traitement du cancer du poumon. Car, quand on peut opérer un cancer du poumon, la survie globale à 5 ans passe de 10-20% à 70%.» Aussi, le chirurgien qualifie-til d’«agressive» la stratégie privilégiée lors des réunions hebdomadaires de concertation pluridisciplinaire entre les chirurgiens, les radiothérapeutes et les chimiothérapeutes. «Notre but est que le plus de patients possibles soient opérés.» Les autres actes de chirurgie thoracique concernent essentiellement l’exérèse de tumeurs bénignes (sur la paroi thoracique, intercostales, sur le thymus, ou dans le médiastin, kystes pleuro-péricardiques), le traitement du pneumothorax