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ANALYSE La météo La météo ANALYSE
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et la pluie rencontrés sur le chemin du retour ont complè-
tement ruiné sa coiffure. La réaction pourrait être violente.
C’est exactement la même chose avec les règles météorolo-
giques. Elles sont utiles an de mémoriser certaines vérités
de l’évolution de la météo. Mais celui qui s’y e aveuglé-
ment peut vivre de mauvaises surprises. Il est plus utile
d’observer et d’essayer de comprendre ce qu’il se passe.
Comprendre la « mécanique » de la
météo
Il est une règle – ou plutôt une loi physique- sur laquel-
le on peut toujours compter : l’air chaud est plus léger
que l’air froid. C’est pour cette raison que les montgol-
ères volent, de même qu’une masse d’air chaud prend
de l’altitude lorsqu’elle se trouve dans un environne-
ment plus froid. Ce processus a beaucoup de corol-
laires : lorsque le soleil chauffe une pente, l’air qui la
surplombe devient plus chaud que l’air environnant et
se met à monter. Les rapaces et les parapentistes aiment
beau coup jouer avec ces thermiques ascendants lors de
leur vol. Puis, en montant, l’air se refroidit. La baisse de
température est assez exactement de un degré par cent
mètres (respectivement de 0,6 degrés par 100 mètres
dès que l’humidité se condense et que des nuages se
forment. C’est ainsi que lorsque l’humidité est sufsan-
te, des cumulus se forment au-dessus des reliefs. C’est
principalement le cas l’été, en deuxième partie de jour-
née, lorsque les nuages entourent les sommets. Mais les
effets peuvent aussi se faire sentir dans la vallée. L’air
chaud qui remonte les pentes est remplacé par de l’air en
provenance de la vallée. Dans une vallée de montagne,
en plus des courants ascendants le long des pentes, on a
aussi un vent qui soufe en remontant la vallée. Dans la
vallée du Rhône, ce vent peut presque être tempétueux
pendant l’après-midi. Même s’il descend la vallée, c’est
aussi le cas du vent de la Maloja, vénéré par les ama-
teurs de planche à voile et de kite surf de la haute Enga-
dine. Il s’agit en fait d’un vent de vallée généré dans le
Bergell, qui, une fois le col de la Maloja franchi, poursuit
dans son élan. La nuit, la circulation de l’air s’inverse.
L’air qui se refroidit dévale les pentes et soufe dans la
vallée comme un vent de montagne. Les vents de vallée
et de montagne ont essentiellement lieu par temps calme
et bien ensoleillé. Leur intensité dépend essentiellement
– en plus de l’intensité du rayonnement solaire – des
conditions topographiques de l’endroit. Presque chaque
vallée a ses propres caractéristiques.
Pictural : des nuages de tempête en Patagonie.
direction elle se déplace, quelle est sa température et son
humidité, quelles sont ses interactions avec son environne-
ment, quelle est la température de l’eau à chaque endroit
des mers et des océans, quelle est la quantité d’évaporation
de chaque plante – et bien plus encore. Toutes ces infor-
mations seraient nécessaires pour alimenter les modèles
avec les données nécessaires. Même si on répertoriait le
moindre tourbillon d’air et la moindre aque d’eau, tous les
ordinateurs de la terre mis ensemble seraient incapables de
traiter correctement ces données. Les modèles ne sont donc
qu’une simplication grossière de la réalité, avec du coup
des écarts entre les prévisions et l’évolution réelle des con-
ditions météorologiques. Le météorologue peut reconnaî-
tre des erreurs du modèle jusqu’à un certain point et tenir
compte des spécialités locales. Mais il ne peut bien enten-
du pas tout savoir. De plus, ses prévisions ne sont souvent
pas comprises de manière correcte. Jonas et Kristina ont
mal interprété la notion de « faible tendance orageuse ». Ils
étaient persuadés qu’aucun orage ne les surprendrait.
Un modèle météo fait maison
Celui qui s’en sort le mieux est celui qui se base sur les
prévisions des météorologues pour ensuite établir lui-
même sa propre prévision à court terme.
On trouve les services de prévision les plus divers sur
Internet, dans les médias ou à l’aide d’applications pour
smartphones bien utiles. Il vaut la peine de comparer les
différentes prévisions entre elles. On se rendra ainsi rapide-
ment compte si les météorologues sont d’accord entre eux ou
si la situation est si complexe que les professionnels arrivent
à des résultats différents. Il est aussi possible de consulter
les prévisions locales depuis Internet. Mais la prudence est
encore une fois de mise : les prévisions pour un lieu par-
ticulier sont presque toujours générées automatiquement.
Aucun météorologue ne les contrôle. En conséquence, el-
les peuvent varier, selon les fournisseurs, de inutilisables à
étonnamment bonnes. Ici aussi : comparer est utile !
Avec les informations récoltées, il devrait être possible
de se faire une idée générale de la météo le jour où on
a prévu de faire sa course. Une fois en route, il faut en-
suite comparer en continu l’évolution réelle de la météo
avec l’évolution du temps que l’on imaginait. Une météo
particulièrement instable ou l’approche d’un front peut la
plupart du temps être décelés à temps, même si le chan-
gement de temps survient plus tôt qu’annoncé.
«Les cirrus c’est comme avec les
femmes…
…on peut se tromper.» Annonce un dicton météorolo-
gique allemand qui a son fond de vérité. Mais celui qui se
trompe régulièrement avec les cirrus ne peut que se repro-
cher de ne pas avoir assez bien observé. La présence de
cirrus à haute altitude peut effectivement aussi bien an-
noncer du beau temps que les signes avant-coureurs d’un
brusque changement de temps. Mais dans les deux cas
leur comportement est différent. En cas de beau temps,
il arrive que des cirrus voilent le ciel, sans que la pres-
sion atmosphérique ne chute. Mais si la pression change
et que les cirrus s’épaississent de plus en plus, jusqu’à
rendre le ciel laiteux, c’est la plupart du temps l’annonce
d’un changement de temps. En général, il faut encore plus
d’une demi-journée jusqu’aux premières gouttes.
Les règles et les dictons ont pour avantage que grâce
à leur simplicité il est facile de les mémoriser. Mais celui
qui les prend trop au sérieux court le risque de les utiliser
au mauvais moment. S’en tenir de manière aveugle à des
règles ou à des dictons peut mener dans certaines circon-
stances à commettre des erreurs fatales. Par exemple, on
ne devrait pas appliquer la règle de complimenter sa parte-
naire après chaque rendez-vous chez le coiffeur, si le vent