2016_12_11_COMMENTAIRE VF OLIVIER_revu MC

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Musique de chambre
Dimanche 11 décembre 2016 11h
Strasbourg, Auditorium de la Cité de la musique et de la danse
Sandrine François flûte
Sébastien Koebel clarinette
Philippe Bertrand basson
Marie Stoeckle piano
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Trio pour flûte, basson et piano en sol majeur WoO 37
Allegro
Adagio
Tema andante con variazioni
Guillaume Connesson (1970)
Trio techno-parade pour flûte, clarinette et piano
Joseph Kosma (1905-1969)
Divertissement pour flûte, clarinette, basson et piano
Allegretto
Allegro giocoso
Lento
Vivace
30’
15’
15’
L’excellence des vents de l’école française sera mise à l’honneur au cours de ce
concert et les quatre musiciens réunis mettront sur leur pupitre des partitions à
découvrir à l’image de ce Trio des années de jeunesse de Beethoven peu joué et
encore moins enregistré. Le Divertissement de Kosma rappellera que l’auteur de
nombreuses chansons et de musiques de film aimait écrire des œuvres de musique
« sérieuse ». Quant à Guillaume Connesson, il est l’un des plus brillants
compositeurs de la nouvelle génération.
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Ludwig van Beethoven
Trio pour flûte, basson et piano en sol majeur WoO 37
Si l’on situe habituellement la composition du Trio pour flûte basson et piano en sol
majeur entre 1786 et 1790, il est toutefois possible qu’il ait été écrit en 1783. Au
cours de ces années, le jeune Beethoven est à Bonn et participe très activement à la
vie musicale et intellectuelle de la ville « tout en sachant passer de bons moments en
joyeuse compagnie, comme en témoignent ses compositions de chansons à boire,
ou d’air grivois ». Il est à noter qu’aucune des œuvres de cette période ne comporte
un numéro d’opus. Les œuvres sont soit des exercices d’écriture soit destinées à
mieux le faire connaître de la société mélomane.
C’est le cas de l’œuvre d’aujourd’hui, écrite pour la famille du comte von WesterholtGysenberg. Le père, Friedrich Ludolf Anton, grand écuyer et conseiller aulique, jouait
du basson, son fils Wilhelm de la flûte et sa fille Anna Maria Wilhelmine du piano.
Dès les premières mesures de l’Allegro, le premier thème affirme la tonalité de sol
majeur. Il est suivi de la « présentation virtuose » de chacun des instruments avant
que le piano n’expose le deuxième thème. Si cet instrument joue un rôle
prépondérant dans l’exposition des motifs, flûte et basson dialoguent avec recherche
dans le développement.
Au début de l’Adagio, piano et basson s’unissent. Par la suite, « les deux instruments
à vent développent largement les motifs de manière concertante ».
Dans le mouvement final, Beethoven s’aventure avec précaution sur le terrain des
variations. Il fait varier sept fois le thème de deux fois huit mesures. « Chaque
instrument a droit une variation en soliste, sinon les duos sont la règle (flûte et piano,
basson et piano). » Le mouvement se conclut sur une courte coda.
Guillaume Connesson
Trio techno-parade pour flûte, clarinette et piano
Né en 1970, Guillaume Connesson a étudié le piano, l'histoire de la musique,
l'analyse et la direction de chœur au Conservatoire national de région de BoulogneBillancourt, puis l'orchestration au Conservatoire national de Paris. Comme le
souligne Bertrand Dermoncourt, le jeune compositeur « n’a pas subi les diktats
idéologiques et esthétiques qui régissaient encore le travail des artistes de la
génération précédente. Toujours bien sonnante, souvent spectaculaire, sa musique a
profité, au contraire, d’influences multiples, sans frontière ni tabou. Avec un mélange
de pragmatisme et de naïveté qui sont la marque des grands créateurs, un univers
très personnel s’est construit ».
Ses influences sont multiples et on citera Couperin, Wagner, Strauss, Debussy,
Ravel, Stravinsky, Messiaen, Dutilleux, ainsi que Steve Reich et surtout John Adams.
Dès lors, on ne sera pas surpris que son style d’écriture soit néo-tonal.
Ses premières œuvres sont couronnées de prix : Prix Pierre Cardin de l’Institut de
France et Prix Lili et Nadia Boulanger pour Supernova en 1998 et 1999 ; Prix de la
SACEM en 2000 ; Grand Prix lycéen des compositeurs en 2006 ; Grand Prix de la
SACEM pour l’ensemble de sa carrière en 2011.
C’est en 2002 qu’il compose son Trio techno parade pour flûte, clarinette et piano qui
est créé le 3 août de la même année, pour les dix ans du Festival de l’Empéri à
Salon de Provence, par Emmanuel Pahud, Paul Meyer et Éric Le Sage qui en sont
les dédicataires. Le compositeur a laissé une note explicative que nous
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reproduisons. « Ma Techno-parade est construite en un seul mouvement et sur une
pulsation continue d’un bout à l’autre. Deux motifs très incisifs tournoient et
s’entrechoquent donnant à la pièce son caractère à la fois festif et inquiet. Les
hurlements de la clarinette et les patterns obsessionnels du piano cherchent à
retrouver l’énergie brutale des musiques technos. Au centre de la pièce le pianiste
(avec l’aide de son tourneur de pages !) poursuit ses rythmiques dans le piano, à
l’aide d’une brosse et de feuilles de papier posé sur les cordes, accompagné par les
sons bruités de la flûte (proche d’un timbre de caisse claire) et par les glissandi de la
clarinette. Après ce break percussif, les trois instruments semblent entraînés dans
une transe rythmique qui termine la pièce sur un tempo frénétique. »
Joseph Kosma
Divertissement pour flûte, clarinette, basson et piano
Né le 22 octobre 1905 à Budapest, Joseph Kosma (en hongrois Jozsef Kozma) est
un des élèves de Béla Bartók à l’Académie de musique Franz Liszt. En 1928, il
obtient une bourse qui lui permet d’aller travailler à l’Opéra de Berlin. Il rencontre
Bertolt Brecht et les deux compositeurs, Kurt Weill et Hans Eisler, qu’il considérera
comme ses maîtres. Fuyant le nazisme, en 1933, il s’installe à Paris et travaille avec
Jacques Prévert dont il écrira la musique de plus de 80 chansons. Les Feuilles
mortes est sans doute l’une des plus célèbres, comme Si tu t’imagines écrit en
collaboration avec Raymond Queneau.
Il s’intéresse également au septième art et, dès 1936, il compose la musique de
certains chefs-d’œuvre du cinéma français : La Grande Illusion, la Règle du jeu, La
Bête humaine, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis, Les Amants de Vérone,
etc. Les réalisateurs se nomment Marcel Carné, Jean Renoir, Julien Duvivier, André
Cayatte, Christian-Jaque, etc. Curieusement, la Nouvelle Vague l’ignorera.
Il n’ignore pas la musique « sérieuse » et il laisse un Concertino pour clarinette et
orchestre, un ballet, L'Écuyère, deux opéras, Les canuts et Les Hussards, sa
dernière œuvre, publiée en 1969. Il disparaît en octobre de la même année.
Publié en 1964, le Divertissement est en quatre mouvements assez brefs où les
vents rivalisent entre eux de virtuosité, d’espièglerie mais aussi de tendresse. Gérard
Pellier de l’Association des Amis de Joseph Kosma a défini la musique de l’auteur
des Feuilles mortes : « La musique de Joseph Kosma, dans ses meilleurs aspects,
est une musique ouverte sur la vie, enthousiaste et en même temps secrète, avec
une fêlure profonde, une nostalgie du paradis, peut-être ? »
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Orientations bibliographiques
Le lecteur pourra satisfaire sa curiosité en consultant les ouvrages suivants :
Guide de la musique de Beethoven, Elisabeth Brisson, Fayard
Orientations discographiques
Ludwig van Beethoven
Trio pour flûte, basson et piano en sol majeur WoO 37
Massimo Data, Mario Carbotta, Piero Barbareschi (Brillant Classics)
Guillaume Connesson
Trio techno-parade pour flûte, clarinette et piano
Emmanuel Pahud, Paul Meyer et Éric Le Sage (RCA)
Joseph Kosma
Divertissement pour flûte, clarinette, basson et piano
Alain Marion, Jean-Claude Ambrosini, Roland Simoncini, Christian Muratet (Bnf)
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