les nouveaux défis des marchés

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GROS PLAN
par Nasser NEGROUCHE
LES NOUVEAUX DÉFIS DES MARCHÉS !
Les commerçants non sédentaires se mobilisent pour s’adapter à l’arrivée de nouveaux
concurrents et pérenniser leur modèle économique.
D
vie du quartier. « Ici, en plus de trouver de bons fruits et légumes, on
retrouve les voisins, les amis et même des proches… C’est un lieu de
rencontre et d’échange. On prend le temps de parler, de prendre des
nouvelles des uns et des autres… ».
Cette fonction sociale des marchés, souvent négligée dans les
analyses, est pourtant l’un des points forts de ces espaces marchands pas comme les autres. « C’est vrai que l’humain est omniprésent sur les marchés. Il ne faut pas oublier que c’est la forme originelle du commerce ! Ici, on revient aux racines de la vente et de la relation humaine…Personnellement, je trouve toujours une solution par
le dialogue et l’écoute », sourit Jean-Patrick, placier sur les marchés
de Normandie depuis une vingtaine d’années.
es couleurs, de la fraîcheur et de la bonne humeur ! C’est la
recette gagnante des quelques 8 000 marchés, couverts ou de
plein air, qui déploient leurs étals chatoyants dans environ 6 000
communes de France.
Pour le plus grand bonheur des consommateurs qui en apprécient
les charmes multiples. « Pour moi, c’est un rituel sacré ! Le marché, ce
n’est pas seulement un lieu d’achat, mais un moment d’évasion, une
sorte de flânerie que je ne raterai pour rien au monde. En plus, on y fait
de bonnes affaires », confie Joëlle, 39 ans, assistante de gestion dans
un cabinet d’assurances à deux pas de Grenoble.
Pour Ramdane, 52 ans, ouvrier dans le bâtiment, le marché parisien
de Ménilmontant, dans le 20ème arrondissement, est au cœur de la
PANIER MOYEN EN
BAISSE
E
n zone urbaine ou rurale, les commerçants non sédentaires tirent profit des
mêmes atouts stratégiques : une offre de
proximité, des produits frais et de qualité,
des prix compétitifs, une convivialité sans
équivalent.
Selon une étude de l’INSEE menée en 2005,
les marchés se tiennent en grande majorité
une fois par semaine (76%). Les marchés
de moins de 25 emplacements – petits
marchés – représentent 62% des marchés
français ; ceux possédant entre 26 et 60
emplacements en constituent 31%.
Toujours selon cette même source, 30%
des ménages se rendent sur les marchés et
12% s’y approvisionnent au moins deux fois
au cours d’une semaine. Près d’un client sur
deux a plus de 60 ans, alors que seulement
4% de la clientèle a moins de 30 ans. Les
habitants de l’agglomération parisienne
font plus volontiers leurs courses sur les
marchés que ceux des villes moyennes.
Une baisse de la fréquentation de la
clientèle (surtout en semaine), associée
à une réduction de la diversité de l’offre,
souvent liée aux difficultés de transmission
de l’entreprise (notamment pour certains
métiers de bouche, éléments moteurs des
marchés) expliquent pour partie le repli de
CGAcontact - N°116 Septembre / Octobre 2016
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l’activité du commerce de détail alimentaire sur éventaires et marchés.
« Aujourd’hui, les marchés alimentaires
voient leur fréquentation augmenter, mais
leur panier moyen diminuer en raison de la
conjoncture économique. Il y a encore dix
ans, les dépenses alimentaires et dépenses
courantes, celles qui se font en bas de chez
soi, pouvaient représenter près de 60% du
budget des familles contre 45% environ
actuellement. Cette baisse s’est faite notamment au profit du poste culture/loisirs »,
nuance cependant Christine Alba, spécialiste en programmation d’équipements
commerciaux, dans une interview accordée au blog pap.fr
GROS PLAN
CONCURRENCE ET
TRANSMISSION
I
nnovation, concurrence, transmission : les
commerçants des marchés sont aujourd’hui confrontés à de nouveaux défis. Pour
les assurer du soutien de l’Etat, Carole
Delga, alors Secrétaire d’Etat chargée du
Commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire,
avait présenté, fin 2014, une « Charte pour le
développement des marchés de France ».
Cette feuille de route, signée, à l’époque,
avec Marylise Lebranchu, Ministre de la
Décentralisation et de la fonction publique l’Association des maires de France,
Monique Rubin, Présidente de la Fédération
nationale des syndicats des commerçants
des marchés de France (FNSCMF), vise
à sécuriser et pérenniser l’activité des
marchés. Le document prévoit notamment une consultation préalable des
organisations professionnelles du secteur
avant tout projet de création, suppression
ou transfert d’un marché. Il favorise aussi
le dialogue entre l’ensemble des acteurs
et opérateurs des marchés (communes et
commerçants principalement).
Plus concrètement, le texte cherche à
préserver l’équilibre entre l’offre alimentaire et non alimentaire et veut garantir une concurrence loyale entre les com
merçants des marchés (particulièrement
ceux ayant opté pour le régime de l’autoentrepreneur) et certaines pratiques paracommerciales ou même de nouveaux
acteurs non sédentaires comme les food
trucks, les magasins éphémères…
Autre point sensible : la question de
la transmission. La loi sur l’artisanat, le
commerce et les TPE a institué un « droit
de présentation » qui facilite et sécurise
désormais la transmission. Le titulaire d’une
autorisation d’occupation dans une halle
ou un marché peut présenter au maire son
successeur en cas de cession de son fonds.
En cas de décès, d’incapacité ou de retraite
le droit de présentation est transmis aux
ayants droits qui peuvent en faire usage
au bénéfice de l’un d’eux, dans un délai de
six mois ; à défaut, le droit de présentation
est caduc. La transmission d’un fonds de
commerce exploité sur le domaine public
(hors domaine public naturel) sera également facilitée.
ACHATS ALIMENTAIRES : LES FEMMES PRÉFÈRENT LES MARCHÉS
Q
uel qu’en soit le genre, 15% des
dépenses alimentaires des personnes seules se font dans des commerces
de proximité (boulangerie, boucherie, épicerie fine...) et 7% dans des petites surfaces d’alimentation générale
et de produits surgelés. Mais la majeure
partie des produits alimentaires (sept
sur dix) sont achetés en grandes surfaces (hypermarchés, supermarchés,
magasins populaires et maxi-discount).
C’est une étude de l’INSEE (mai 2008)
sur la consommation alimentaire des
personnes vivant seules qui le démontre.
La principale différence dans ce domaine
entre hommes et femmes se situe dans la
fréquentation des marchés : les femmes y
achètent 4% de leurs aliments, contre seulement 2% pour les hommes. En outre, les
produits achetés dans chacun de ces lieux
ne sont pas les mêmes. Les femmes achètent le plus souvent les boissons en grandes
surfaces , tandis que les hommes y achètent
plus fréquemment poisson, viande, fruits
et légumes, produits que les femmes sont
justement plus nombreuses à se procurer
sur les marchés. Les femmes achètent ainsi,
par exemple, 13% de leurs fruits et 11% de
leurs légumes sur des marchés, contre 8%
des fruits et 6% des légumes achetés pour
les hommes. Ces écarts persistent lorsqu’on
se limite aux personnes seules d’âge actif
et ils ne tiennent donc pas à l’âge plus élevé en moyenne des individus vivant seuls.
Source : Insee Première n° 1194 (mai 2008) : « La consommation alimentaire des hommes et femmes vivant seuls ».
LES CHIFFRES CLÉS DE
LA PROFESSION
Chiffre d’affaires du secteur : 4,8 Mds€
Nombre d’entreprises : 50 000 (pour
l’ensemble du commerce non sédentaire)
Nombre de salariés : 20 000
Nombre de marchés : 8 000 implantés
dans 6 000 communes
Source : Insee, Crocis, FNSCMF
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