2 | RepèRes économiques
RBc Gestion mondiale d’actifs
Sources : Réserve fédérale, Haver Analytics, RBC GMA
Comprendre la notion de levier
Selon la définition classique, le levier correspond au montant
de dette en regard d’un niveau donné de revenu. Il y a donc un
levier, aussi petit soit-il, dès que des fonds sont empruntés.
L’utilisation croissante du levier représente un danger si le
montant d’argent qui devra être remboursé surpasse la capacité
de remboursement. De fait, un levier plus puissant tend à
amplifier les fluctuations économiques, ce qui donne de plus
grandes envolées dans les périodes de hausse et de plus
grandes chutes dans les périodes de baisse.
Il est bien sûr malsain d’abuser de l’effet de levier, mais il ne
s’agit pas d’une force maléfique lorsqu’il est correctement dosé
et déployé de façon stratégique. Trois raisons expliquent notre
point de vue.
Le levier est utile
D’abord, le levier et son proche collaborateur – la dette –
servent un but extrêmement valable : ils permettent d’accéder
dès maintenant à un revenu futur. Les jeunes ménages
empruntent régulièrement pour payer leur première maison, une
voiture, des études et des frais de garde d’enfants, prévoyant
rembourser la dette plus tard au cours de leur vie. Rien ne sert
de vivre dans la pauvreté quand on est jeune pour ensuite nager
dans l’argent quand on est vieux.
Le crédit est également utile aux entreprises notamment quand
les fonds obtenus servent à couvrir les coûts initiaux des
matières premières qui entrent dans la fabrication des produits,
ou permettent de financer une nouvelle usine qui générera
des profits additionnels futurs. Dans les deux cas, il s’agit de
matérialiser dans l’immédiat des bénéfices futurs pour les
utiliser de façon plus rentable.
Le levier peut porter à confusion
En outre, la définition du levier est restreinte et ne tient pas
compte de l’ensemble de la situation. L’accumulation d’un
dollar de nouvelle dette et de deux dollars de nouveaux actifs
donne lieu à une hausse du levier simplement parce que la
dette a augmenté. Ce qui se passe au chapitre des actifs est
ignoré, peu importe si le fardeau du risque et du paiement lié à
la dette additionnelle est bien compensé.
C’est un jeu qui se joue à deux
Enfin, c’est un jeu qui se joue à deux. Même si la dette peut de
fait représenter le revenu futur devancé d’une personne, elle
correspond également, de façon plus immédiate, à l’épargne
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Dette en % du PIB
Sociétés financières
Gouvernement
Ménages
Sociétés non financières
Figure 2 : Composition de la dette des États-Unis
actuelle d’une deuxième personne (qui sera remboursée, plus
tard, au moyen des bénéfices futurs de la première personne).
Tout dollar emprunté est également un dollar prêté. Donc,
quand il y a trop de dépensiers au sein de l’économie, il existe
forcément un grand nombre d’avares ailleurs dans le système1.
Endettement excessif...
Même si un certain levier est bon pour l’économie, de l’avis
de tous, celui des États-Unis a atteint un sommet trop élevé.
Pourquoi cet excès ?
Tout d’abord, le monde a connu une longue période de
prospérité quasi ininterrompue, en partie grâce à une politique
proactive. Bien des gens sont donc devenus persuadés que
les ravages du cycle économique avaient été domptés et
qu’une nouvelle ère de croissance stable allait voir le jour.
Dans un monde exempt de volatilité, même un levier élevé
est relativement sûr. Avec le recul, il est évident que ce
raisonnement était erroné.
De plus, la conjoncture financière a été extrêmement favorable
pendant la majeure partie des années 2000. Les banques
centrales ont sans doute maintenu les taux d’intérêt à de
trop bas niveaux trop longtemps, à la lumière de ce qui était,
en rétrospective, une phobie irrationnelle de la déflation. La
faiblesse des taux d’intérêt a tonifié l’appétit pour le risque et,
de concert avec une vague de déréglementation financière qui
a stimulé la désintermédiation du crédit et entraîné la création
d’une vaste gamme de produits financiers hybrides, réduit le
1 Sinon, des étrangers peuvent aussi fournir de l’épargne ; le montant des emprunts
intérieurs dépasse alors le montant de l’épargne intérieure. Or, même dans une telle
situation, l’épargne provient habituellement surtout du marché intérieur.