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Les Cahiers de la Finance Islamique
2015
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Directeurs de rédaction
Michel Storck, Professeur des Universités, UMR 7354, DRES-droit des affaires,
Coresponsable de l’eMBA de Finance Islamique de l’Université de Strasbourg, Responsable
du Master 2 recherche « sciences et droit des religions », option « Finance islamique » de
l’Université de Strasbourg.
Laurent Weill, Professeur des Universités, Directeur du laboratoire de recherche LARGE,
Coresponsable de l’eMBA de Finance Islamique de l’Université de Strasbourg.
Sâmi Hazoug, Chargé d’enseignements, Coresponsable de l’eMBA de Finance Islamique de
l’Université de Strasbourg.
Comité de rédaction
Amr Abou Zeid, Ph.D, Head of Trade Center, BNP Parisbas, Egypt.
Mehmet Asutay, Lecturer, Université de Durham, Royaume-Uni.
Abderrazak Belabes, Chercheur à l’Institut d'économie islamique, Université du Roi
Abdulaziz, Djeddah, Arabie saoudite.
Elisabeth Forget, Docteur en droit. Juriste, Loyens & Loeff Luxembourg S.à r.l.
Rifki Ismal, Ph.D., University of Durham and Bank of Indonésia, Royaume-Uni et Indonésie
Jérôme Lasserre-Capdeville, Maître de Conférences, Université de Strasbourg.
Isabelle Riassetto, Professeur des Universités, Université du Luxembourg.
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Éditorial
Calendrier et finance islamique
Connaissez-vous les anomalies calendaires ?
Il s’agit de situations les cours boursiers dépendent du calendrier et ce alors
qu’il n’y a aucune raison financière à cela. Le cours boursier d’une entreprise est
normalement influencé uniquement par les informations nouvelles sur cette
entreprise : l’annonce de nouveaux profits favorise la hausse, tandis que la perte
d’un gros contrat va générer une baisse par exemple.
Or les anomalies calendaires impliquent que le cours boursier est influencé par
d’autres facteurs que ceux purement financiers. Parmi les anomalies calendaires,
on trouve l’effet janvier qui concerne le fait que les cours boursiers augmentent
plus en moyenne en janvier ou l’effet lundi selon lequel que les cours boursiers
sont moins performants le premier jour de la semaine.
Étonnant ? En fait pas tant que cela. A côté des éléments fondamentaux qui
influencent les décisions financières comme les profits espérés d’une entreprise,
il y a des facteurs psychologiques qui exercent également un rôle. Vous êtes
d’humeur plus maussade le lundi quand la semaine reprend ? Et bien cela peut
influencer vos opérations en bourse.
Et en finance islamique, existe-t-il des anomalies calendaires ?
Avec Paul-Olivier Klein (LaRGE, Université de Strasbourg) et Rima Turk-Ariss
(FMI), nous nous sommes po cette question en comparant la réaction des
marchés boursiers à l’émission de sukuk et d’obligations.
Je m’explique. Quand une entreprise a un besoin de financement, elle peut
emprunter de l’argent directement sur les marchés financiers (c’est-à-dire sans
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passer par une banque) en émettant une obligation ou un sak, c’est-à-dire en
émettant soit un instrument de finance conventionnelle, soit un instrument de
finance islamique.
Dès lors, le fait d’émettre un sak peut nérer une réaction sur le cours boursier
de l’entreprise émettrice. Cette réaction peut être positive ou négative selon que
les investisseurs perçoivent positivement ou négativement une telle émission.
Nous avons déjà étudié dans un précédent article l’impact d’une émission de
sukuk sur le cours boursier de l’entreprise émettrice.
A présent, dans notre étude, nous nous sommes posé la question de savoir si la
réaction d’un cours boursier à l’émission d’un sak était influencée par le
calendrier.
Les investisseurs sensibles à l’émission d’un titre de finance islamique, un sak,
peuvent être sensibles aux éléments calendaires en lien avec l’Islam.
Vous me direz peut-être que c’est difficile de savoir comment les marchés
boursiers réagissent le vendredi si ces marchés sont fermés ce jour- comme
c’est le cas dans un grand nombre de pays. Or la Malaisie qui est le premier pays
au monde pour les émissions de sukuk par des entreprises offre un champ
d’étude parfait pour ce travail car le marché boursier y est ouvert aussi bien le
vendredi que durant le ramadan. On peut ainsi analyser la réaction des marchés
boursiers durant ces périodes dans ce pays.
Dit différemment, si votre entreprise émet un sak ou une obligation un vendredi
ou durant le ramadan, le marché boursier réagit il différemment ?
La réponse est oui pour le ramadan et non pour le vendredi.
Je m’explique. L’entreprise qui décide d’émettre un sak durant le ramadan verra
son cours boursier positivement influencé par cette annonce par rapport à une
entreprise qui décide d’émettre une obligation. Par contre, le fait démettre un
sak ou une obligation le vendredi ne change rien.
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Bref la finance islamique serait aussi caractérisée par des anomalies calendaires,
et encore notre étude n’est qu’un premier travail dans ce domaine.
Étonnant ? En fait pas tant que cela. La finance est caractérisée par des
anomalies calendaires…et n’oublions jamais que la finance islamique est de la
finance
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Laurent Weill.
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Les colonnes des « cahiers » sont ouvertes, aps validation, aux contributions de recherche fondamentale ou
appliquée, de toutes les disciplines concernées par la finance islamique. Une attention particulière est portée à
l’originalité du travail qui devra nécessairement comporter l’indication des sources. Les propositions (Times new
roman 12, interligne simple) sont à envoyer à cette adresse en fichier word :
Tous les numéros sont consultables gratuitement sous ces deux liens http://sfc.unistra.fr/finance-islamique
et http://www.ifso-asso.com/documents/
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