Les pelerins Picards a Jerusalem

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LES PÈLERINS PICARDS
A JÉBUSALEM
I ra Note.
XIVO au XVI° Siècle.
Les études relatives aux Lieux-Saints ont., depuis quelques années, repris une nouvelle vigueur et cette tendance s'accentue chaque jour davantage, en mémo temps
que les facilités données aux communications augmentent
annuellement le nombre des pieux voyageurs qui vont
parcourir la Terre-Sainte et porter leurs prières au tombeau du Christ.eu dehors de toute question
Ce mouvement se produit
de irntionalité et même de communion. Ainsi, à côté des
associations religieuses et de propagandecomme
les oeuvres des pèlerinages et des écoles d'Orient, nous
trouvons des sociétés purement scientifiques qui poursuivent l'étude soit historique, soit géographique des
lieux qui ont été le théâtre des événements bibliques, de
la vie de Notre Seigneur et plus récemment des Croisades
et de la domination des Francs ait sont,
en Fiance, la Société de l'Orient latin, en Angleterre
l'Association pour l'exploration de Palestine (falestiiie
Document
il
1M 111110
II 11,11 O Il
-6Explo?a-tion Fuud, la Société d'Archéologie biblique, et
en Allemagne, une oeuvre fondée récemment avec un but
analogue à celui de l'Exploration Fund. En même temps,
depuis près de trente ans, divers gouvernements n'ont
pas hésité à envoyer des missions scientifiques pour étudier à tous les points de vue les trésors que recèle, k des
titres si divers, le sol de la Palestine (1).
Au xvir siècle, un de nos plus illustres compatriotes,
Du Cange, avait entrepris une histoire générale (les Croisades dont il nous a laissé de nombreux fragments
publiés et d'autres encore inédits (2). C'est ce but, repris
d'abord par l'Académie (les inscriptions et belles-lettres,
dans la publication des Historiens des Croisades, que
poursuit, eh l'élargissant, la Société de l'Orient latin dont.
nous venons de citer le nom. Elle a pris pour but de ses
études, la géographie et l'histoire de toute la partie de la
Palestine et de la Grèce qui a été soumise, k l'époque des
croisades, k la domination des latins et la publication de
tous les documents qui se rattachent à cette histoire,
(I) Missions do MM. de Saulcv, Guérin, Snitzmann, Renan. Rey;
voyages du duc de Luynes, du marquis de Vogué, de notre compatriote M. Duthoit. etc. Missions anglaises et russes. Il n'est pas jusqu'ans Américains qui n'aient envoyé il y n quelques- années une mission chargée d'étudier la Terre d'au-delà' du Jourdain.
(2) Du Fresno d'Aubigny a laissé, dans un mémoire imprimé en 1752,
une liste des manuscrits (te Du Cange. M. Hardouin a, dans un travail
publié en 1839, refondu ce travail. Enfin, en 1866, M. Sandret a donné,
dans la Revue historique nobiliaire, un iRventaire des travaux Mss. de
Du Cange relatifs à l'histoire nobiliaire et h l'art héraldique, qui sont
conservés à la Bibliothèque nationale, dans laquelle les manuscrits du
savent autour du Glossaire sont inscrits au fond français sous 1e
n" 49614510.
ainsi que celle des récits des pèlerins qui, depuis le premier siècle jusqu'à la fin du moyen-geÇ se sont rendus à
Jérusalem (1)..
Le cadre, on le voit, est des plus vastes et pourtant
chaque jour,quelque nouveau projetvient encorei'étendre.
C'est ainsi que le Comité, après avoir provoqué la publication d'une numismatique de l'Orient latin, prépare la
publication d'une liste générale (les pèlerins jusqu'au
xvi' siècle.
Pour la période qui est antérieure aux croisades, les
matériaux de cette liste sont réunis et à la veille de
paraître a liste générale des croiss, dressée d'après
des documents authentiques, s'accroît chaque jour à
l'aide de textes nouveaux (2). Quant à celle des pèlerins
(I) La Société de l'orient latin a cherché à réaliser le double but de
satisfaire à là fois les bibliophiles et les travailleurs, en donnant eux
premiers des éditions h nombre limité, sur papier de format exceptionnel, des reproductions pholotypographiques sur vélin,et en permettant aux autres d'acquérir h des prix modérés les mêmes ouvrages iraprimés avec les mômes caractères, mais sans luxe et en nombre. Parmi
les volumes déjà publiés nous devons citer la Prise d'Alexandrie de
GriIl1wmne de Machault, le premier volume des pèlerinages latins
antérieurs aux croisades,, les textes de la cinquième croisade la réimpression de l'Arrnineusis proloqus, le fac-simile du De Passagiis in
Terrant Sanetam, la Numismatique de l'Orient, latin, de M. Schiumberger, et enfin, un organe périodique, les Archives de l'Orient latin.
la Société est administrée par un comité présidé par le marquis de
Vogué et composé de MM. Schefer, vice-président, le comte Riant,
secrétaire, le comte de Marsy, secrétaire adjoint, le comte de MusIstrie, E. de Rozière, Egger et A. Me Barthélemy.
(2) Roger a donné dans sa Noblesse et Chevalerie de Picardie et dans
sa France aux croisades, des listes de croisés picards, mais le plus
souvent sans indication de sources; le marquis de Bollcval,après avoir
donné des indications analogues pour le Ponthieu, dans la première
-8—
qui ont visité la Palestine depuis la perte du royaume
latin jusqu ' à la fin du xvi' siècle et dont la plupart 'ont
écrit des récits de leur voyage, trop souvent perdus,
c'est d'elle que nous voulons nous occuper aujourd'hui,
en signala fit les noms des Picards qu'il nous a été possible de relever pour cette période. Ce , premier travail
est loin d'être complet, aussi ne le donnons-nous qu'afin
d'attirer l'attention de quelques-uns des lecteurs de
la Picardie et pour les engager à nous communiquer les
additions qu'ilsseraient à même d'y apporter.
Nous plaçons dans l'ordre chronologique lesnoms que
nous avons relevés, surtout en dépouillant nos historiens
locaux.
MICHEL ou
COIJDRAY, chanoine de Noyon, pèlerin de
Jérusalem vers 1300, mort le 26 septembre 1306 (1).
CUIILLÂLME DE HARCIGNY
(2). Peut-être est-ce plutôt
parmi les voyageurs que parmi les pèlerins que devrait
figurer le médecin de Charles VI, mais dans le doute,
- nous le mentionnerons ici, rappelant qu'il parcourut
l'Egypte et la Palestine et revint dans son pays d'origine,
édition de son Nobiliaire de Ponihieu, n repris ce travail, dans un article
inséré dans la Revue !tistori4ue nobiliaire, t. V, p. 433, 1807, sous cc
titra : le Ponlhieu ans Croisades, article dans lequel il donne, avec
preuves à l'appui, la mention des croisés appartenant au Ponthieu.
C'est surtout en dépouillant les cartulaires et en relevant les ddnntions
faites par les Crues siq'iali ou tiierosolyrnam profecluri que l'on peut
dresser ces listes.
(I) Le 'Vasseur, Anna1es de Noyon p. 1104 et 113 q . Il renvoie pour
l'histoire de ce personnage à son Cr9 de l'Aigle.
(2) Harcigny, près Vervins (Aisne).
où ilil se fixa. Mort à Laon, Guillaume de Harcigny fut
enterré dans l'église des Cordeliers de cette ville (1).
Dans sa notice sur G. de llarcignv, M. Thillois suppose
qu'il serait né vers 1300 ; il me semble que c'est donner
une existence bien longue ail savant qui ne mourut qu'en
1393 et donna en i392 ses soins à Charles VI. M. Thillois rappelle que C. de Harcigny avait laissé un récit de
ses voyages, dont le manuscrit existait encore au xvir
siècle.
PHILIPPE DE MÉMÈRE, S.
Le nom du chancelier de Chydu conseiller de Pierre de Lusignan, qui vécut si
longtemps en Orient et fit de si nombreux efforts pour
maintenir l'influence des latins et - pour reconquérir la
Palestine, ne peut manquer de figurer, ici.
Où est né Philippe de Mézières ? k Mézières, canton de
Morcuil, probablement. En tous cas, il ne peut y avoir
de doute sur soit amiénoise et dans la préface de
son projet de règle de la milice de la passion, il se
déclare compatriote de Pierre l'Hermite.
Ce projet que M. Auguste Molinier vient d'étudier avec
beaucoup de soin, d'après les divers manuscrits qui nous
sont connus, semble être le type des statuts actuels de
de Jérusalem, ou du moins, il
l'ordre dit
pre,
(I) Ses restes et son monument furent découverts en 1840. V. note
do M. E,nile Caron. Thiérache, l vol. P. 07-70.
cf. Etude biographique par Thillois (Bull. de la Soc. Acad. de Laon,
VI, p. 350), et divers articles de peu détendue indiqués par M.Perin
dans ses recherches bibliographiques sur le département de l'Aisne.
Verbe }Tarcigny.
2
n
(
- 10 en trace les caractères principaux. (t). En dehors des
chevaliers qui s'engageaient à vivre en Orient, Philippe
de Mézières y adinettait un certain nombre de grands
seigneurs, qui lui avaient promis un appui soit moral,
soit matériel. L'un (les manuscrits qui nous restent en
donne nue liste, sur laquelle nous relevons les noms
suivants Monseigneur le duc de Bourbon, Mons. Guy
de Nette, seigneur d'Auffraimont (Offémont), Mons. Philipe d'Artois, Mons. de Coucy, Mons. de S. Pol, Mons.
.Tehan de i-Iangest, Mous. Aubert de Ilangest, le seigneur
de Viespont, Mons. Guillaume de Merlo, l'évêque de
Senliz ». (Cette liste va de 1385 à 1415).
Nous renverrons, pour les détails biographiques sur
Philippe de Mézières et pour l'analyse de ses oeuvres, aux
diverses sources indiquées par M. Molinier, ainsi qu'à
une thèse soutenue à l'Ecole des Chartes, en 1865, par
M. A. Lefoulton.
LOi GUEVAL, sire de Thenelles, prit part
aux expéditions d'Outre-Mer de 1384 et de 1390, avec le
sire de Roye et le duc de Bourgogne, mais je me borne
aujourd'hui k parler des pèlerins; réservant pour des
travaux ultérieurs les renseignements que j'ai réunis sur
les guerriers picards qui ont pris part aux tentativ es de
croisades du XIV' et du xv' siècleALAIN DE
BATEU1I, chanoine de Noyon, pèlerin de
Jérusalem en 1431.
MATHIEU LE
(I) Description de deux manuscrits contenant la règle de la Militia
Passionis ihesu (Jhris(i. Archives de l'Orient latin, t. 1 1881, p 335.
—H—
Le Vasseur, qui, le cite dans ses Annales p. 1104,
ajoute en note qu'il a en sa possession le Recueil itinéMile nia.nnscnt de M. le Bateur. Nous ne savons ruaiheureusement pas ce que ce volume est devenu.
JEAN L'AMY,
chanoine de Noyon, pèlerin de Jérusalem
én 4449 ('1).
An}1ouIT II DE CRÇQUY chevalier, seigneur de Rairnhova, des Granges, des Planques et de Marquais à l'Eau,
fils de Louis de Créquy et d'Anne de la Barre.
Arnouit de Créquy fut échanson du duc tic Bourgogne
Phitippe-le-I3on; après avoir perdu sa femme, Ade de
Dieval, morte en 1448, il partit pour l'Espagne, i'Egypte
et la Palestine, cl fut fait chevalier à Jérusalem, sur le
tombeau du Christ (2). Il vivait encore en 4489.
GAUGNIER, de 1-km, fit au xv 0 siècle le
vo y age' de la 'Ferre-Sainte, avant alors vingt-huit ans.
Gauguier rapporta plusieurs reliques importantes dont il
fit don à l'église d'Eppeville. Parmi ces reliques figuraient un morceau de la vraie croix, un os du liras de
saint Barthélemy, une partie de la tête de saint Etienue
et quelques parcelles d'os de sainte Marie-Madeleine.
Le portrait de Cauguier se trouvait, parait-il, sur une
verrière de l'église d'Eppevihle du côté de l'évangile (3).
FRANÇ0JS
(I) 1M Vasseur. Annales, P. 1104.
(2) O'Kelly. Mémoire sur l'ordre du Saint Sûpuiclire, p. 82.
(3) Corblet. Ilagiographie du diocèse d'Amiens, t. IV, p. 251. 1-mm,
son château par Gomart, p. 241. Les renseignements donnés dans cc
dernier ouvrage sont empruntés à une lettre de Léon Paulet.
- 12 TJiIBÀULT DE FLAVY. - Le P. Daire (1) donne le texte
de sen épitaphe qui se lisait dans l'ancienne église des
Célestins d'Amiens et n'existait déjà plus de son temps
« Cy gist Messire Thibaut de Flavy, chevalier, seigneur
de Montauban, de Maizières en Santerre, de Demuyn, de
Mouchy-le-Perreux, de Vignemont, de Morterner, conseiller chambellan du Roi Charles Huit de ce nom. Lequel fut en son vivant Pèlerin de la Sainte Terre de
Jérusalem, et trépassa le XVII' jour de décembre l'an
MCCCCC »..
Un autre membre de cette famille, Hector (le Flavy,
seigneur de Montauban, fils puiné de Raout de Flavy et
(le Blanche de Nesle, frère de Guillaume de Flavy, capitaine de Compiègne (2), fut fait chevalier du Saint Sépulcre de Jérusalem, ce qui suppose qu'il alla en TerreSainte (3), mais nous ne savons à quelle époque.
SÉBASTIEN MAMEROT, originaire de Soissons (4),
chantre et chanoine de Saint-Etienne .de Troyes, chapelain et serviteur de Louis de Laval, seigneur de Châtillon et lieutenant général de Louis XI en Champagne,
est l'auteur de deux ouvrages plusieurs fois imprimés au
xv0 siècle, et dont le plus connu a pour titre les Passaiges
d'Outremer faitz par les Françoys. A la suite de certaines
(t) histoire d'Amiens, t Il, p. 295.
(2) La Morlière. Illustres maisons de Picardie, p. 216. - Marquis de
Beaucourt. Blanche d'Aurebruche (Mdnoires de ?a Société des Anliq.
de Picardie), t. XIX, p. 403. - O'KeIIv. Mémoire sur l'ordre du Saint
Sépuichre, p. 89,
(3) Décorations militaires francaises du Musée d'artillerie, p. 55.
(4) Certaines Mitions, celle de 1517 notamment, portent. Frixons.
13 éditions de ce livre, dont la rédaction remonte à 1455, se
trouve le récit d'un voyage en Terre-Sainte attribué à
Marnerot et qui aurait été fait entre 1472 et 1486. Ce
second ouvrage a pour titre : Sensuyt compendieuse description de la Terre de proinission. On serait porté à le
considérer seulement comme un traité géographique, si,
à certains endroits, l'auteur ne citait, soit des évènements dont il a été témoin, soit des dates de jour et de mois
pour son arrivée dans certaines villes ou son départ ('I).
PIERRE ISABEAU, ou ISABELLE. « Cy gist vénérable
et discrète personne Messire Pierre Isabeau, en son vivant
prestre et chanoine de ceste église, pèlerin (les saincts
voyages de Jérusalem, Borne, Sainct Jacques et Laurette,
qui trespassa l'an 1527, le 7 jour de juillet. Priez Dieu
pour son àme. »
Le Vasseur, dans ses Annales de-Noyon çp. 1102), nous
fait connaître le texte de cette inscription placée autrefois dans la cathédrale de Noyon, dans la chapelle de
Sainte-Luce et ajoute que Pierre isaheau fut le fondateur
du sépulcre de N. S. qui était placé clans cette partie de
la cathédrale. C'est en '1497 qu'lsaheau avait fait élever
à ses dépens le sépulcre dans cette chapelle, au moment
où Novon était « fort affligée du mal contagieux s. Le
17 janvier '1499, dit encore Le Vasseur. (Ibid. y. 1076), le
(I) Les oeuvres de Mainerot méritent, rie teste, une étude approfondie et je me propose duo parler avec les détails que le sujet compèlerins français ties
porte dans la prûsec dut, volutnec.onsacré
dernières années du xv' siècle. -
au
'—'s
-
14 -
chapitre permit à ce chanoine d'aller à Home et à SaintJacques, luerando (1).
Ces représentations du Saint-Sépulcre furent élevées,
dans un certain nombre d'églises, par des pèlerins, à
l'époque oit n'avait plus, soit la £oi,soit les ressources
suffisantes pour élever des églises, sous le vocable, ou à
l'imitation du Saint-Sépulcre. Nous en avons cité un certain nombre d'exemples, dans un tra y ait que nous avons
publié il y a quelques années dans la Revue de l'Art Chré-
tien () Nous ne les rappellerons pas ici et nous nous
(I) les pèlerinages à Saint-Jacques de Compostela étaient fréquents
au nioyeu-Œge et, de môme (lue les pèlerins de Jérusalem avaient pris
l'habitude de se réunir eu confrére dans quelques grandes villes, les
pèlerins de Saint-Jacques avaient formé (le ces confréries ilatis un certain nombre de villés et nous pouvons citer ne L-jument en Picardie, à
Compiègne, 1a donfrérie de Saint Jacques de Compostelle établie dans
l'église des Dominicains depuis'la fin du xv' siècle, et qui faisait,presque chaque anTiéc. représenter des mystères- En 1502, cette représentation eut lieu en présence des compagnons (le floye, pèlerins de
Saint-Jacques, venus en qi-onde joijeuseid pour assister à cette fùtc,
ainsi que l'a rappelé M. Sorel, dans son travail sur les Mystères repréSeulS ii Gompiéqn e. Plus laid, cette confrérie avait cessé de se - réunir
et elle fut reconstituée en 741, par Jean Baux, pèlerin de Saint-Jacnain trouve inscrit dans l'escaijues, natif de Compiègne, dont le
lier du clocher de Saint-Jacques de Compiègne, avec la date de 1603,
qui est sans doute celle de son pèlerinage. .Dormoy rapporte, dans son
fJis(oire de Soissons, que dans la procession faite dans celte ville, après
(rois cents pèlerins, oit confrères do,
Je traité le Cambrai, il N.
Saint-Jacques, avec leur bannière et les marques do leur pèlerinage.
(T:ll, p. 431).
J'ai entendu citer dernièrement ce fait que, depuis moins d'un demi'siècle, plusieurs pèlerins des environs de Noyon avaient été à SaintJacques et que l'un d'uns, notamment, originaire, je crois, de Chirv,
avait accompli il
ce pèlerinage.
(2) T. XII I 1869. Le H. I'. Dom Cliamard et M. Cli. Litons ont publié,
à la suite, dans le nine ]-eeneil, diverses notes relatives à des menuments analogues.
- 45 bornerons à y ajouter .le monument fort remarquable,
qui se trouve dans une chapelle reliée à la cathédrale de
Constance.
Quentin de la Fons dit qu'à la collégiale de SaintQuentin une chapelle du Saint-Sépulcre fut fondée en
1450, par Guillaume Crin. Nous ne savons quel était ce
personnage, mais nous ne serions pas étonné de pouvoir le compter un jour au nombre des pèlerins (1).
Parmi les églises de noire pays qui dûrent leur origine
aux fondations des croisés et des pèlerins, nous citerons
celles du Saint-Sépulcre d'Abbeville et du Saint-Sépulcre
de Montdidier et l'église de Villers-Saint-Sépulcre, qui
dut soit à une relique rapportée de TerreSainte (2).
Ces envois de reliques ont été trop fréquents pour que
nous songions à les indiquer ici. Toutefois nous ferons
une exception pour les dépouilles qu'un certain nombre
de croisés picards rapportèrent, après le sac de Constantinople , en 1204. Ces reliques en tète desquelles
figure le Chef de : Jean-Baptiste sont encore conservées
en partie dans des églises de notre province. Dans un
livre que nous avons déjà eu l'occasion de citei (3), le
comte Riant a publié d'assez nombreux documents rela-
(I) Histoire de rEgtise de Saint-Quentin, EU. Gornart, P. 420.
(2) V. Vïilers-Saint-Sépuicre, par l'abbé flenet. (dién2oires de la
Société académique de (Vise, t. X 1879.
(3) Eau vi' Sacre Go;itantinopo/itaiw. Gonev, 1877-78. 2 vol . in-8- ot
Des Dépouilles religieuses enlevées à Constantinople au Xlii" siècle, par
les Latins. Paris, 1875. in-8. (Extrait du L. XXXV! des Mémoires de la
Société des Antiquaires de Prance.)
16 tifs à ce travail, et nous avons pensé que leur indication
trouverait ici utilement sa place.
1° Reliques rapportées directement - Corbie, reliques
rapportées par Robert de Clan. - Saint-Pierre de 5dmcouri, Sainte Larme rapportée par Bernard de Moreuil.
- Soissons, abbay es de Notre-Darne et de Saint-Jean
des Vignes, abbaye de Longpont, reliques nombreuses
rapportées par Nivelon de Chérisy. - Chapitre de Soissous. - Saint-Jean des Vignes, autre don fiit par bainbert de Noyon, chapelain de j3eaudoin P e . - L.ongprélés-Corps-Saints, reliques rapportées en 1205 par Wibert,
chapelain d'Alleaurne. de Fontaines et en 1210, par Beau(loinde Beauvoir - Amiens, Calh. et S. Jean - rapt).
par Walon de Sarton - Mont-Saint-Quentin. - rapt).
par Hugues de Beaumetz, etc.
20 Reliques détachées postérieurement du trésor de
Saint-Louis - Notre-Dame de Senlis Saint-Quentin
(don de Roger de Provins) - Saint-Quentin (Collégiale) - Royaflieu.
JEAN TRAVEILLE. Dans la chapelle de sainte Luce de
la Cathédrale de Noyon, où Pierre lsabeau avait fait élever
un sépulcre, en souvenir de son pèlerinage à Jérusalem,
un autre chanoine de No yon voulut rappeler le souvenir
de Notre-Dame de Lorette et fit faire « un petit pourtrait
ou ressemblance en bois de cette église, qU'il plaça (par
la permission de Messieurs du Chapitre) sur le petit autel
de la même chapelle, auprès de la porte (ficelle.
Levasseur, qui nous rapporte ce fait, nous donne aussi
la copie de l'inscription tumulaire de Traveille
« Cv devant gist vénérable et discrete personne M. Jean
- 17 Traveille, prestre chanoine de céans, natif dc la Croix en
Brie, diocèse de Sens, pélerin des saincts voyages, Jérusalem, Rame et Saint-Jacques, qui a fondé en ceste église
le 5 jour d'aoust, la messe de la Transfiguration de
Nostre Seigneur, lequel décéda en l'an 1529, le 8 de
mars. Dieu Iny faée pardon. Amen. (4)
CnA1LEs GEUFFRIN (2), avocat, qui avait fait le
voyage de Jérusalem il était fils d'un élu de Noyon
(Jean) et frère d'un maire de cette ville (Simon).
CHARMOLUE, né à Noyon, mort à Langres,
en 4603, écuyer, capitaine entretenu pour le roi à Langres.
Dans son testament, il règle lui-même les détails de
son monument funéraire et décide qu'on devra y écrire
en lettres d'or « Cy gist Jean de Charmolue, escuier,
capitaine entretenu qui, en son vivant, a servy en guerres
fort fidellemeut et sans reproches, cinq de ses rois et sa
patrie et faici deux vo yaiges en guerre contre les Turcs
ennemys de la loy, et qui, après avoir faiet les saincts
oyaiges de Jérusalem, de Rame, de Lorrette, du MontSaint-Michel et de plusieurs autres, à faiet ériger ceste
charitable fondation...
Cette inscription devait être placée aux Jacobins de
Langres et k Saint-Germain de Noyon, avec quelques
modifications, suivant qu'il serait mort dans l'une ou
l'autre de ces villes.
JEAN DE
(1) Lcvassew. Annales, p. 1101.
t?) Cité pur Levasseur, p. 973, dans li liste des Bienfaiteurs du
0
Mont-Jlenaud,
enterréS dans l'église de cette Chartreuse-
£harmolue léguait à cette église (le Saint-Germain
« Ma croix de cedre que j'ay k Langres enrychie de plusieurs dévotions que j'ay rapportées du sainct voaige de
Jhérusalenj, plus un Agnus Dei enrichy d'un cristal garny
«or et un pendant d'or au bout, plus un tableau qué j'ay
faici peiitdre là où est représenté au naturel l'église du
Sainct-Sépulchre de Nostre Seigneur Jésus-Christ, comme
elle est pour le présent, afin que le jour que l'on célèbrera la dicte messe de la Saincte Trinité ('I) audict
Sainct-Gcrmain, que le tout soit dessus l'autel et garder
que ledict tableau ne se gaste à l'avertir. »
Louis DE SAVEUSE, seigneur de Bouquinville, près
Amiens. .- Compagnon de voyage de Jean Zvallart,
en 1586 (2).
Avant de devenir le compagnon de Zvallart, il avait
d'abord suivi à Consl.antinople un ambassadeur de
France, avec Jacques Prévot, docteur eu théologie, et
Isaac de Gerponville, normand..
Ce Louis de Saveuse,(flls de Josse de Saveuse, seigneur
de Coisy) fut gouverneur d'Esk.pc (ce doit être Etaples)
et capitaine de cent hommes d'armes durant toutes les
guerres de Henri IV, seigneur de très grande réputation, ajoute La Morlière (3).
(I) \T0j art. 7 du Testament. J'ai puhliè cette pièce, avec une nouée
su G1,armolue dans /e Vcnnonr/ois de 1816, t. ]NI , sous ce titre t'
Le mobilier d ' un gentilhomme Noyonnais h la fi,, du xvi' siècle(2) Anciens statuts du Saint-Sépulcre, p. 338.
(3) Larnorlière, Recueil des Illustres Maisons, p. liS.
- 49 Voici le passage de Zvallart qui le concerne
Durando questi garbugli, e uscendo di quella, trovammo
• due gcntilhuomini, l'une Chiamato Isaac, signer de Gerponville, normando, e I'altro Ludovico de Saveuse, figliuolo del
• signer de Boucquinvile, appresso d'Amiens di Francia, rias• cure con un scrvitore, e un dottore, canonico di Parigi.
• chiamato Mastro Giacomo Prevosto, che vcniano,con re F.rati
• di San Francesco, da Constantinopoli, e risoluti far simil» mente il Santo viaggio (4).
UN BOURGEOIS 0E VERnERIE (xvi' siècle). - Carlier rap-
porte clans son mstofre du duché dc Valois (2) k fait suivant : «Une reine de France,(le nom n'est 1)85 marqué; des
personnes de la famille dont il va être question, m'ont
assuré que c'était Catherine de Médicis) fit voeu, que si
elle terminait heureusement une entreprise, elle enverrait à Jérusalem un pèlerin; qui en ferait le chemin à
pied, en avançant de trois pas, et en reculant d'un pas,
à chaque troisième pas. il. fut question de trouver iw
homme assez vigoureux pour entreprendre le voyage à
pied, et assez patient pour reculer d'un pas sur trois. Un
bourgeois de Verberie se présenta, et promit d'accomplir
scrupuleusement le voeu. La Reine accepta l'offre et lui
promit une récompense. Celui-ci remplit ses cngagemens
avec un scrupule dont la Reine fut assurée par des perquisitions. Le bourgeois, qui était marchand de profession, reçut une somme en éconipense de son voyage et
fut anobli. On lui dressa des armes écartelées d'une
(I) Zvatlardo. il devotissi,no viaggio. Borna 1505,1 55-56.
(2) T. U, p. 557.
se
croix de Jérusalem et d'une prilme. Ses descendansont
conservé les armes, mais ils ont dérogé en continuant le
commerce, que leur père avait cessé d'exercer. Ce trait,
qui parait vrai, dit Cacher en terminant, est une preuve,
que les usages les plus respectables sont quelquefois
autant exposés au ridicule que des abus réels » (1).
A côlé des pèlerins volontaires, ms seulement par le
mobile de la piété, il nous faut rappeler aussi le souvenir
des pèlerinages forcés, (lui figuraient au premier rang
des punitions. « L'autorité ecclésiastique et les magistrats,
(lit à ce propos Saint-Génois , ne condamnaient pas
seulement les criminels à se rendre à' Saint-Jacques de
Calice, à Saint-André en Écosse, à Saint-Pierre à Rome',
dans l'ue de Chypre ; mais, on les obligeait encore
d'aller à Jérusalem, au ijiont Sinaï, à Nazaretli. Au retour, ceux qui avaient accompli leur pénitence, étaient
tenus d'exhiber des témoignages authentiques qui attestassent qu'ils avaient réellement visité les lieux d'où ils
prétendaient venir. Ces sortes de voyages forcés étaient
beaucoup plus fréquents dans nos provinces (ltl'on ne le
pense (2).
Je ne (Ioule pas
qu'une
étude approfondie des anciens
registres de sentences de nos villes picardes ne fasse
connaitre ,com me en Flandre, un certain nombre d'exemples de condamnations de ce genre, venant prendre place
à côté de ces arrêts de bannissement, qui forment un des
(I) N'est-ce pas une tradition d"1igu rée du voyage attribué à Eudes
le Nuire, scigilelir (le Chain ou-Saint- Nia rd vers 1095. ( y . A'obi/iohc dc
Fronce, de Saint-Allais, supplément. T. XXI. p. 48.)
(2) Vo yageurs beiges du NIEl' au xvu' siècle, Bruxelles. S. D. p. li .
w
- 2 caractères les plus curieux de la pénalité .de SaintQuentin, d'Amiens, d'Abbeville, etc. Mais, nous ne pouvons aujourd'hui faire connaitre que la condamnation
portée en 1295, contre un chevalier, Hugues le Vicomte,
pour dommages causés à l'abbaye de Saint-Riquier et
que nous signale Louandre, dans son Histoire d'Abbevitie (1).
Ainsi que nous le voyons dans un certain nombre des
décisions des comtes de Flandre (2), Hugues ne pouvait
rentrer en Fùance, après son pèlerinage qu'avec l'assentiment du roi.
Les relations de la Picardie et de l'Artois sont assez
fréquentes,au moyen-ilge surtout, pour que l'on nous permette de parler, à propos des pèlerins picards, d'un
pèlerin artésien, auquel MM. Loognon et Bonnardot,
viennent dc restituer un récit de voyage déjà plusieurs fois
publié et attribué à Saladin d'Anglure, baron de Sarrebroche. Dans la préface qu'il a placée en tête de l'édition
du Saint voyage de Jhérusalern, publiée par la Société
des Anciens Textes Français (3), M. Longnon établit que
ce n'est pas Saladin d'Anglure, mais Ogier VIII d'Ande
Térouanne, qui fit en 1395, le voyage
glure, avoué
dont le récit, écrit par un personnage de sa suite, nous
(1) T. Il, p. 276 (7' éd.)- d'après un Inventaire (les Titres de SaintS
iliquier.
(2) Louis de Male condamne de 1368 ii 1384, un certain nombre de
ses sujets à aller en Chypre, généralement à la suite de viols. L'un
deux condamné à aller à Rome et à saint-Jacques, obtient, après
avoir Lait le premier de ces deux voyages, détre dispensé du second
(Archives de ta Chambre (les Comptes de Lille, Inventaires sommaires.).
(3) Paris, Didot 1878, iu-8',
-
r
- 22 n été conservé. La préface renferme, sur la vie de ce seigneur artésien, de curieux renseignements appuyés de
plusieurs documents nouveaux.
Plusiêurs picards figurent également sur la liste des
pèlerins, qui, de nos jours, se sont rendus à Jérusalem.
Nous n'en citerons que quelques-uns M. Jourdain de
Tliieulloy, vice-président de la première caravane catholique organisée en 1.853, et connue sous le nom de
caravane des Quarante Pèlerins; M. i'ahbbé Berton,
vicaire d'Amiens, auquel on doit un intéressant récit
de son voyage (1); M. le vicomte Blin de Bourdon;
M. l'abbé Vattier (2).
Nous ajouterons encore à ces noms ceux du comte
Charles de lEscalopier, dont la collection, si riche en
documents sur la Terre-Sainte, forme aujourd'hui un des
fonds les plus importants de la Bibliothèque d'Amiens (3),
et de M. Duthoit, le compagnon de M. de Vogué, son collaborateur dans l'étude architecturale du iTaram-elSchérif, et l'auteur de travaux remarquables sur les
monuments religieux de l'île de Ch ypre (4), etc.
(I) Quatre années en Orient et en Italie. Paris, 1854, in-8'.
(2) Je ne puis omettre, parmi les voyageurs en Orient, notre collaborateur M. Ernest Pi-aronci qui a retracé dans un volume de vers ses
impressions de voyage dans les deux-mondes, sous ce titre De
Montréal à Jérusalem, in-12.
(S) Le voyage de M. de t'Escalopier date de 1836. (Voir Notice
biographique, par A. de Montaiglon dans le Bulletin de la Société des
Antiquaires de Fronce, 1863, p 81.
(4) Les dessins les plus remarquables de M. Dulboit, et notamment
la restitution de la cathédrale de Nicosie, ont figuré à l'Exposition
géographique de Paris en 1875. Salle des Missions scientifiques.
IL
- 23 Rappelons également, en terminant cette première
série de notes, que l'abbé Dequevauvillers, du diocèse
d'Amiens, a été pendant de longues années, secrétaire
dit Patriarcat latin et l'un des collaborateurs les plus
actifs de Mgr Valerga. Son souvenir était encore vivant
lors que nous nous trouvions à Jérusalem, en 1873,
époque où un picard aussi, M. Ernest Crampon, de
Laon, remplissait dans la ville sainte les fonctions de
consul de France.
Compiègne, 2â juillet 1881.
M
II
AMIENS. - TVP. DELAflRE-LENOEL, RUE 0E LA RfPUrnIQUE, 32.
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