LES PÈLERINS PICARDS
A JÉBUSALEM
I
ra
Note.
XIV
O
au XVI° Siècle.
Les études relatives aux Lieux-Saints ont., depuis quel-
ques
années,
repris une nouvelle vigueur et cette ten-
dance s'accentue chaque jour davantage, en mémo temps
que les facilités données aux communications augmentent
annuellement le nombre des pieux voyageurs qui vont
parcourir la Terre-Sainte et porter leurs prières au tom-
beau du Christ.
-
Ce mouvement se produit
eu
dehors de toute question
de irntionalité et même de communion. Ainsi, à côté des
associations religieuses et de propagandecomme
les oeuvres des pèlerinages et des écoles d'Orient, nous
trouvons des sociétés purement scientifiques qui pour-
suivent l'étude soit historique, soit géographique des
lieux qui ont été le théâtre des événements bibliques, de
la vie de Notre Seigneur et plus récemment des Croisades
et de la domination des Francs ait sont,
en Fiance, la Société de l'Orient latin, en Angleterre
l'Association pour l'exploration de Palestine
(falestiiie
Document
il
1M 111110 II 11
,
11 O Il
-6-
Explo?a-tion Fuud,
la Société d'Archéologie biblique, et
en Allemagne, une oeuvre fondée récemment avec un but
analogue à celui de
l'Exploration Fund.
En même temps,
depuis près de trente ans, divers gouvernements n'ont
pas hésité à envoyer des missions scientifiques pour étu-
dier à tous les points de vue les trésors que recèle,
k
des
titres si divers, le sol de la Palestine (1).
Au xvir siècle, un de nos plus illustres compatriotes,
Du Cange, avait entrepris une histoire générale (les Croi-
sades dont il nous a laissé de nombreux fragments
publiés et d'autres encore inédits (2). C'est ce but, repris
d'abord par l'Académie (les inscriptions et belles-lettres,
dans la publication des Historiens des Croisades, que
poursuit, eh l'élargissant, la Société de l'Orient latin dont.
nous venons de citer le nom. Elle a pris pour but de ses
études, la géographie et l'histoire de toute la partie de la
Palestine et de la Grèce qui a été soumise, k l'époque des
croisades,
k
la domination des latins et la publication de
tous les documents qui se rattachent à cette histoire,
(I) Missions do MM. de Saulcv, Guérin, Snitzmann, Renan. Rey;
voyages du duc de Luynes, du marquis de Vogué, de notre compa-
triote M. Duthoit. etc. Missions anglaises et russes. Il n'est pas jus-
qu'ans Américains qui n'aient envoyé il y n quelques- années une mis-
sion chargée d'étudier la Terre d'au-delà' du Jourdain.
(2) Du Fresno d'Aubigny a laissé, dans un mémoire imprimé en 1752,
une liste des manuscrits (te Du Cange. M. Hardouin a, dans un travail
publié en 1839, refondu ce travail. Enfin, en 1866, M. Sandret a donné,
dans la
Revue historique nobiliaire,
un iRventaire des travaux Mss. de
Du Cange relatifs à l'histoire nobiliaire et h l'art héraldique, qui sont
conservés à la Bibliothèque nationale, dans laquelle les manuscrits du
savent autour du Glossaire sont inscrits au fond français sous 1e
n" 49614510.
ainsi que celle des récits des pèlerins qui, depuis le pre-
mier siècle jusqu'à la fin du moyen-geÇ se sont rendus à
Jérusalem (1)..
Le cadre, on le voit, est des plus vastes et pourtant
chaque jour,quelque nouveau projetvient encorei'étendre.
C'est ainsi que le Comité, après avoir provoqué la publi-
cation d'une numismatique de l'Orient latin, prépare la
publication d'une liste générale (les pèlerins jusqu'au
xvi' siècle.
Pour la période qui est antérieure aux croisades, les
matériaux de cette liste sont réunis et à la veille de
paraître a liste générale des croiss, dressée d'après
des documents authentiques, s'accroît chaque jour à
l'aide de textes nouveaux (2). Quant à celle des pèlerins
(I) La Société de l'orient latin a cherché à réaliser le double but de
satisfaire à là fois les bibliophiles et les travailleurs, en donnant eux
premiers des éditions h nombre limité, sur papier de format excep-
tionnel, des reproductions pholotypographiques sur vélin,et en permet-
tant aux autres d'acquérir h des prix modérés les mêmes ouvrages ira-
primés avec les mômes caractères, mais sans luxe et en nombre. Parmi
les volumes déjà publiés nous devons citer la Prise d'Alexandrie de
GriIl1wmne de Machault, le premier volume des pèlerinages latins
antérieurs aux croisades,, les textes de la cinquième croisade la réim-
pression de l'Arrnineusis proloqus, le fac-simile du De Passagiis in
Terran
t
Sanetam, la Numismatique de l'Orient, latin, de
M.
Schium-
berger, et enfin, un organe périodique, les Archives de l'Orient latin.
la Société est administrée par un comité présidé par le marquis de
Vogué et composé de MM. Schefer, vice-président, le comte Riant,
secrétaire, le comte de Marsy, secrétaire adjoint, le comte de
Mus-
Istrie, E. de Rozière, Egger et A. Me Barthélemy.
(2) Roger a donné dans sa Noblesse et Chevalerie de Picardie et dans
sa France aux croisades, des listes de croisés picards, mais le plus
souvent sans indication de sources; le marquis de Bollcval,après avoir
donné des indications analogues pour le Ponthieu, dans la première
-8—
qui ont visité la Palestine depuis la perte du royaume
latin jusqu
'
à
la fin du xvi' siècle et dont la plupart 'ont
écrit des récits de leur voyage, trop souvent perdus,
c'est d'elle que nous voulons nous occuper aujourd'hui,
en signala fit les noms des Picards qu'il nous a été pos-
sible de relever pour cette période. Ce
,
premier travail
est loin d'être complet, aussi ne le donnons-nous qu'afin
d'attirer l'attention de quelques-uns des lecteurs de
la Picardie
et pour les engager
à
nous communiquer les
additions qu'ilsseraient
à
même d'y apporter.
Nous plaçons dans l'ordre chronologique lesnoms que
nous avons relevés, surtout en dépouillant nos historiens
locaux.
MICHEL
ou COIJDRAY, chanoine de Noyon, pèlerin de
Jérusalem vers 1300, mort le 26 septembre 1306 (1).
CUIILLÂLME DE
HARCIGNY (2). Peut-être est-ce plutôt
parmi les voyageurs que parmi les pèlerins que devrait
figurer le médecin de Charles VI, mais dans le doute,
-
nous le mentionnerons ici, rappelant qu'il parcourut
l'Egypte et la Palestine et revint dans son pays d'origine,
édition de son
Nobiliaire de Ponihieu,
n repris ce travail, dans un article
inséré dans la
Revue
!tistori4ue
nobiliaire,
t. V, p. 433, 1807, sous cc
titra :
le Ponlhieu ans Croisades,
article dans lequel il donne, avec
preuves à l'appui, la mention des croisés appartenant au Ponthieu.
C'est surtout en dépouillant les cartulaires et en relevant les ddnntions
faites par les Crues siq'iali
ou
tiierosolyrnam profecluri
que l'on peut
dresser ces listes.
(I) Le 'Vasseur,
Anna1es de Noyon
p.
1104 et 113
q
. Il renvoie pour
l'histoire de ce personnage à son
Cr9 de l'Aigle.
(2) Harcigny, près Vervins (Aisne).
où il
il se fixa. Mort à Laon, Guillaume de Harcigny fut
enterré dans l'église des Cordeliers de cette ville (1).
Dans sa notice sur G. de llarcignv, M. Thillois suppose
qu'il serait né vers 1300 ; il me semble que c'est donner
une existence bien longue ail savant qui ne mourut qu'en
1393 et donna en i392 ses soins à Charles VI. M. Thil-
lois rappelle que C. de Harcigny avait laissé un récit de
ses voyages, dont le manuscrit existait encore au xvir
siècle.
PHILIPPE DE MÉMÈRE
,
S. Le nom du chancelier de Chy-
pre,
du conseiller de Pierre de Lusignan, qui vécut si
longtemps en Orient et fit de si nombreux efforts pour
maintenir l'influence des latins et
-
pour reconquérir la
Palestine, ne peut manquer de figurer
,
ici.
Où est né Philippe de Mézières ?
k
Mézières, canton de
Morcuil, probablement. En tous cas, il ne peut y avoir
de doute sur soit amiénoise et dans la préface de
son projet de règle de la milice de la passion, il se
déclare compatriote de Pierre l'Hermite.
Ce projet que M. Auguste Molinier vient d'étudier avec
beaucoup de soin, d'après les divers manuscrits qui nous
sont connus, semble être le type des statuts actuels de
l'ordre
dit
de Jérusalem, ou du moins, il
(I) Ses restes et son monument furent découverts en 1840. V. note
do M. E,nile Caron. Thiérache, l vol. P. 07-70.
cf. Etude biographique par Thillois (Bull. de la Soc. Acad. de Laon,
VI, p. 350), et divers articles de peu détendue indiqués par M.Perin
dans ses recherches bibliographiques sur le département de l'Aisne.
Verbe
}Tarcigny.
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