Haltes spirituelles 2012-2013 Le sacrement de l’Eucharistie 1. D’après la constitution sur la sainte liturgie du Concile Vatican II Le chapitre II porte sur le mystère de l’Eucharistie : n°47 à 58 n°47. La messe et le mystère pascal Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vienne, et pour confier ainsi à l’Église, son Épouse bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection : sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité , banquet pascal dans lequel le Christ est mangé, l’âme est comblée de grâce, et le gage de la gloire future nous est donné Il faudra réfléchir quel est le lien entre le repas, la manne, et le sacrifice. Josias dit « l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Dt) Ce sont des textes fondateurs. Une religion ne marche qu’en référence aux sages. « Eux sous la mitre, ils y croient ! » On proclame sa foi. Tous les dimanches, on dit le credo, mais on n’explique pas tous les mots chaque dimanche ! Aujourd’hui, nous allons essayer de comprendre pourquoi. Donner des raisons de croire. Des adultes ne sont pas des enfants, ce sont deux âges différents de la foi. n°48. Participation active des fidèles Aussi l’Église se soucie-t-elle d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent de façon consciente, pieuse et active à l’action sacrée, soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu ; qu’offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés, par la médiation du Christ, dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, Dieu soit tout en tous. Les homélies doivent être des catéchèses qu amènent les adultes à la foi. Tous nous offrons notre vie avec celui qui nous donne sa vie. Ils apprennent à s’offrir eux-mêmes. Témoignage du P.Bernard Il y a des conséquences qui font réfléchir : a-t-on bien lu le Concile en France ? Pourquoi ne l’a t-on pas lu ? Je logeais pendant le concile avec des évêques. J’entendais ce qu’ils avaient dit ou auraient voulu dire. Quand je lisais la gazette, je me demandais si les journalistes y étaient. Ils redonnaient ce que les français voulaient entendre, selon leurs problématiques. Première mission demandée après le concile : diffuser tous les articles pour que chaque diocèse puisse faire son synode. La première conférence épiscopale après le concile a eu pour thème : foi et politique (problème de l’époque avec le 10 janvier 2013, Courset Notes non relues par l’auteur 1 Haltes spirituelles 2012-2013 marxisme). Paul VI s’en émeut et fait savoir que la conférence épiscopale est tenue de diffuser le Concile. Les deux conférences épiscopales suivantes étaient encore sur foi et politique. 50 ans après, des journalistes disent qu’il faut refaire un concile, mais on est simplement passé à côté. Ne vous étonnez pas s’il y a des choses qui ne sont pas passées. n°50. Révision Le rituel de la messe sera révisé de telle sorte que se manifestent plus clairement de l’ordinaire de le rôle propre ainsi que la connexion mutuelle de chacune de ses parties, et que la messe soit facilitée la participation pieuse et active des fidèles. Aussi, en gardant fidèlement la substance des rites, on les simplifiera, on omettra ce qui, au cours des âges, a été redoublé ou a été ajouté sans grande utilité ; on rétablira, selon l’ancienne norme des saints Pères, certaines choses qui ont disparu sous les atteintes du temps, dans la mesure où cela apparaîtra opportun ou nécessaire. n°51. Une plus Pour présenter aux fidèles avec plus de richesse la table de la Parole de Dieu, on grande richesse ouvrira plus largement les trésors de la Bible pour que, en l’espace d’un nombre biblique d’années déterminé, on lise au peuple la partie la plus importante des Saintes Écritures. Ça a été fait par la répartition sur trois ans. Trois versions différentes (trois évangélistes) d’un même évangile. Un inconvénient : les gens ne retiennent plus par cœur l’évangile, mais le Concile décide de prendre le risque en demandant une homélie obligatoire, faire les liens d’une année à l’autre, premier but d’une homélie. Faire les liens aussi entre l’ancien et le nouveau testament. Jusqu’alors, les homélies étaient des extraits de la somme de saint Thomas, des catéchèses par ex sur la grâce sanctifiante. n°52. L’homélie L’homélie par laquelle, au cours de l’année liturgique, on explique à partir du texte sacré les mystères de la foi et les normes de la vie chrétienne est fortement recommandée comme faisant partie de la liturgie elle-même ; bien plus, aux messes célébrées avec le concours du peuple les dimanches et jours de fête de précepte, on ne l’omettra que pour un motif grave. n°54. Latin et langue du pays à la messe On pourra donner la place qui convient à la langue du pays dans les messes célébrées avec le concours du peuple, surtout pour les lectures et la « prière commune », et, selon les conditions locales, aussi dans les parties qui reviennent au peuple, conformément à l’article 36 de la présente Constitution. On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble, en langue latine, aussi les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent. Mais si quelque part un emploi plus large de la langue du pays dans la messe semble opportun, on observera ce qui est prescrit à l’article 40 de la présente Constitution. n°55. La communion, sommet de la participation à la messe ; la communion sous les deux espèces On recommande fortement cette participation plus parfaite à la messe qui consiste en ce que les fidèles, après la communion du prêtre, reçoivent le Corps du Seigneur avec des pains consacrés à ce même sacrifice. La communion sous les deux espèces, étant maintenus les principes dogmatiques établis par le Concile de Trente, peut être accordée, au jugement des évêques, dans les cas que le Siège apostolique précisera, tant aux clercs et aux religieux qu’aux laïcs ; par exemple : aux nouveaux ordonnés dans la messe de leur ordination, aux profès dans la messe de leur profession religieuse, aux néophytes dans la messe qui suit le baptême. e Nous nous donnons mutuellement celui qui habite notre rencontre (au 2 siècle). Pourquoi des règles différentes pour le corps et pour le sang du Christ ? Parce que vous avez tout le corps et le sang du Christ dans son Corps. Le pain se partage bien. Ce sont des raisons toutes simples. Je fais toujours l’ancien rite pour le mariage : échange des consentements en serrant la même croix dans la main. Communion : « Je t’offre avec mon corps, le Corps du Christ ». Le rituel orthodoxe dit même : Aujourd’hui, tu as trouvé ta croix. 10 janvier 2013, Courset Notes non relues par l’auteur 2 Haltes spirituelles 2012-2013 Qu’est-ce qui nous fait dire que la messe est la prolongation du calvaire ? Nous relisons dans la cohérence catholique, mais pourquoi diffère-t-elle de la cohérence protestante, juive ? Revendications de Gilles Bernheim, grand rabbin de France : « J’attends que ceux qui confessent Jésus Christ m’expliquent comment ils comprennent que par dévotion à la Torah les juifs ont tué Jésus par amour de Dieu. » J’ai entendu cela pendant 40 ans en Israël : « Si on a tué Jésus, c’est parce qu’on était religieux. » et « Montrez-moi comment vous comprenez que le judaïsme est une étape nécessaire pour arriver au christianisme. » Le judaïsme pouvait être parfaitement judaïsme en tuant Jésus, il y a donc un fossé, un seuil entre les deux. Et le judaïsme est une étape nécessaire pour arriver au Christ. On a fait des réformes à coup de journaux, mais on n’a pas lu le concile. 2. Prémices de l’Eucharistie dans la Bible Dieu prend ce qui vient de l’homme pour le transfigurer Si l’Esprit-Saint transfigure ce qui vient de nous, ça reste de nous. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Tout ce qu’on peut voir de Dieu est la trace qu’il laisse dans l’agir de l’homme, diront les penseurs juifs comme Levinas, Bernheim. Si on veut en faire une image, c’est une idole. Qu’est-ce qui fait que ce qui est pris de nous pour parler n’est pas une idole ? c’est que Dieu met assez d’amour pour le transformer. Comment peut-il se faire homme sans rien perdre de sa gloire ? Ce qu’il prend de nous pour nous parler est totalement lui, grâce à son Esprit d’amour. C’est la base de la foi chrétienne, et c’est ce qui fait la différence avec le judaïsme. Création Incarnation Eucharistie Noël (Incarnation) : Dieu se fait homme dans l’enfant de la crèche, et c’est totalement lui par son amour. La Création : Dieu crée l’homme avec tellement d’amour que l’homme est Dieu. C’est pourquoi Jésus est appelé nouvel Adam. La foi, c’est pas y croire les yeux fermés, mais tout un enchaînement. Les pères de l’Eglise appellent l’Eucharistie le nouveau Noël, car il met autant d’amour à se donner dans l’Eucharistie qu’à Noël. Dieu reste transcendant puisque c’est par son amour que l’homme est transfiguré. Le grand rabbin, Bernheim, se rend compte que peu de chrétiens font le lien avec les trois : Eucharistie, Création, Incarnation. Les catholiques croient à Jésus, héros social des droits de l’homme, mais croient-ils encore à l’amour si fort qu’il peut l’incarner, et croient-ils que l’homme à l’origine était incorruptible ? Le juif dit : « Agissons et laissons tomber la théologie, puisque la seule trace de la présence de Dieu est dans notre action. » Les textes qui disent que Dieu nous crée à son image avant la fondation du monde (textes grecs, Siracide, Sagesse), ils les ont éliminés. Et ils refusent que ce statut ait pris fin quand l’homme a désobéi, le péché originel. Dieu est bon et miséricordieux dans toutes les religions, la question est : Est-ce que Dieu a créé par amour ? 10 janvier 2013, Courset Notes non relues par l’auteur 3 Haltes spirituelles 2012-2013 Genèse 3, le péché d’Adam Comment lisez-vous Genèse 3, le péché d’Adam ? Le juif dira : c’est le premier de la liste, mais ça ne casse rien de la relation. Dieu créateur par amour, tout le monde est d’accord. Mais est-ce que l’amour peut causer l’identité entre les êtres ? Chacun reste ce qu’il est. Or, avec Dieu, il y a identité. Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. Les juifs n’acceptent pas qu’il puisse y avoir identité. Du coup, le péché d’Adam et Eve est une bavure comme le gamin qui rue dans les rancarts. L’image est une fonction, pas une identité. Quand viendra l’identité ? A la fin du monde. Les chrétiens manquent de patience, il n’attendent pas la fin du monde, alors ils ramènent cette identité à Adam et à Jésus. Et ils ont l’Eucharistie ce qui leur donne tous les jours ce que nous, juifs, attendons pour la fin des temps. L’impatience des chrétiens a mis de ça au départ. Dieu a tout donné au départ et c’est le pauvre Adam qui a cassé l’amour de Dieu, comme si c’était possible. Un Adam, créé à l’image de Dieu, incorruptible, alter ego de Dieu ! Pour eux, il ne peut pas y avoir de péché originel, et il ont un texte qui le prouve : après le déluge, Dieu dit : « Plus jamais je ne ferai cela. » Qu’est-ce qui est en jeu ? L’amour peut-il faire que le gamin qui vous fait un cadeau, c’est vous ? Les perses avaient une solution radicale : Dieu a tout créé dans la lumière. Le mal est absence de lumière. Mais on ne peut pas dire ça de l’amour, car l’amour est réciproque. Le shatan, un être tout aimé de Dieu, tellement proche de Dieu qu’il a eu peur que Dieu prenne toute la place. C’est le Shatan qui a cassé. L’homme a cassé, car il a davantage écouté le Shatan que Dieu Si l’amour de Dieu peut transformer à l’identique, ce qui a été cassé dans le premier Adam, peut être restauré dans le deuxième Adam. Qui peut rompre une relation d’amour dans laquelle l’amour amène l’identique ? « Le seul obstacle à la liberté est la jalousie : Je ne te haïrais pas tant si je ne t’avais pas tant aimé. » (Racine) Si l’amour n’est pas capable d’un retournement complet, il ne peut pas non plus pardonner. La théorie du péché originel respecte la transcendance de Dieu, il n’est donc pas idolâtre. Il n’y aura jamais de preuve de cela pas plus qu’il n’y a de preuve de l’existence de Dieu. Les juifs attendent la grande victoire, qui ne pourra venir que de Dieu ou d’un messie collectif. Quand on démontre que cette impatience était déjà partagée par des juifs avant la venue de Jésus (les Qumraniens), ils les excluent comme idolâtres. On a tué Jésus comme on a éliminé les juifs de tendance apocalyptique. Les prophètes ? Ils n’existent plus, ce qui compte est la Torah. Les prophètes étaient des tâtonnements avant d’arriver à la rédaction de la Torah. Tout le patrimoine des prophètes a été engrangé dans la Torah. L’impatience des chrétiens : ils ont risqué de perdre la transcendance en faisant des ‘sauts de puce’. Montrez-nous que notre condamnation de Jésus vient de notre dévotion à la transcendance et montrez-nous que vous avez besoin de l’Ancien Testament ? On ne peut pas dissocier les trois. Cet amour rendu sur la croix va jusqu’au bout du don, nous donnant l’eucharistie, mémorial du calvaire. Un petit exemple : Judas, le préféré. « Ish Cariote » : l’homme de Cariote, près de Bethléem, qui attend le messie dans la ligné de David. Quand il prend la bouchée, Satan entre en lui. Judas a trahi par excès d’amour : je ferai mieux que lui. 10 janvier 2013, Courset Notes non relues par l’auteur 4 Haltes spirituelles 2012-2013 La jalousie, c’est vouloir pour l’autre jusqu’à l’excès. Il y a un mystère du péché originel, comme il y a un mystère de l’amour de Dieu, mystère de la jalousie du Shatan, qu’on retrouve à la passion du Christ, dans l’Eucharistie ( reconnaissons que nous sommes pécheurs et en proie permanente à vouloir prendre la place de Dieu) Les chemins de Les dogmes sont des chemins de foi et non des définitions. Mais on en a fait des foi du peuple de certitudes. Comment est-on passé d’un peuple au désert Dieu qui reçoit tout de Dieu à un pays agricole avec le dieu Moloch ? Il faut trouver un rituel pour changer d’institution. Pour bien montrer que c’est encore Dieu qui donne la nourriture, on lui en offre une partie. La Torah devient la manière de vivre, le don de Dieu qui fait vivre. Josias la présente comme venant de Moïse (rouleaux qui seraient très anciens trouvés dans le temple) Après on découvre le monothéisme. Que devient la Torah après le monothéisme ? -Ou Dieu a créé le bien et le mal : patience, la victoire de l’amour est au bout. -Ou Dieu transfigure tout de suite, disent les apocalypticiens : Dieu fait le monde pour que dans son amour, il le rejoigne. Le monde est créé d’emblée à l’identique. Comment ça a pu se casser ? C’est encore le mystère de l’amour. Dans son amour, il crée aussi le Shatan. Les prophètes nous disent : Dieu est proche. Dieu parle à Moïse « bouche à bouche », c’est-à-dire avec tellement d’amour. Ex 34 : Moïse est tellement transfiguré qu’il doit mettre un voile pour ne pas brûler les gens qu’il rencontre. Les sauts de puce des prophètes sont nécessaires pour dire qu’à la fin, l’EspritSaint vient transfigurer celle qui met au monde Dieu. Jésus reprend Isaïe 61 : l’Esprit du Seigneur est sur moi. Je suis celui en qui l’Esprit Saint est en train de recréer tout. Il est Elie, il interprète Moïse. Quel motif a fait tuer Jésus ? C’est pour sauver le peuple, c’est trop dangereux pour notre peuple. Jésus a célébré des eucharisties toute sa vie. Il célébrait avec du pain et du vin, si bien qu’on disait qu’il était un ivrogne. Vous avez refusé le pardon, mais j’y mets un tel pardon, que vous pourrez continuer à le célébrer dans l’Eucharistie. Pour aller plus loin, lire l’article du Père Jacques Bernard dans Lumière et Vie, revue dominicaine, de janvier 2013. 10 janvier 2013, Courset Notes non relues par l’auteur 5