© Philippe Guérillot
LA NUIT DE VALOGNES
Eric-Emmanuel SCHMITT
Comédie
Une nuit, à Valognes, cinq femmes, qui furent victimes de Don Juan, vont instruire son
procès et le condamner…
Mais son véritable châtiment sera l'Amour, amour qui se présente à lui sous une forme qu'il
ne peut accepter...
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Le Spectacle
Une nuit, dans un manoir perdu de la lande normande, cinq femmes se
réunissent pour instruire le procès de Don Juan. Ses anciennes victimes
veulent l'obliger à épouser la dernière de ses conquêtes. Curieusement, Don
Juan accepte. La vie lui aurait-elle déjà fait ce procès ?
Cette Nuit est-elle celle de la Justice... ou bien celle des dupes… ?
Avec la promesse dès le petit matin d'une sévère et durable gueule de bois pour
toutes et tous.
Car durant cette Nuit rien ne se passe comme on l'attend et tout se détraque :
Les juges-victimes, le sont plus d'elles mêmes que du prédateur.
La pure jeune fille, duite et abandonnée dévoile des talents de manipulatrice
digne du plus cynique séducteur en jupon.
Le gentil Sganarelle, chroniqueur scrupuleux des frasques de son maître, pourrait
bien en être aussi le grand inventeur-enjoliveur .
Enfin, la légende est bousculée…Le mythe n'est plus à sa place : Don Juan a été
« troublé » par un objet amoureux, et, circonstance aggravante, cet objet n'a pas
l'apparence qu'il faut.
Pas mal d'illusions humaines seront définitivement mis a mal, à Valognes, au cours
de cette Nuit « L'amour partagé »… « La pureté des jeunes filles »
… « L'incapacité d'aimer de tous les vils séducteurs »…
Genre : Comédie
Récit de Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène de Régis Santon
Avec : Pierre Santini, Marie-France Santon, Cécile Sanz de Alba, Sacha
Stativkine, Camille Cottin, Vanessa Krycève, Régis Santon, Stéphanie Lanier,
Caroline Alaoui, Mélaine
Costumes de Pascal Bordet
Lumières de Laurent Béal
Durée :
1h45’
10 comédiens sur scène
Une production CS Compagnie : avec le soutien de l'ADAMI. CS Compagnie est
subventionnée par la DRAC Ile de France (Ministère de la Culture)
Commentaire de l’auteur sur le spectacle
«
En s’appuyant sur des acteurs virtuoses et engagés, Régis Santon a su aller au-
delà des apparences : jouer ce texte comme une comédie en montrant que ce n’en est
pas une ; assumer le rouge et l’or en laissant percer le noir ; lier plaisir du jeu et plaisir de
l’esprit ; mêler passé et modernité dans les costumes ; aller jusqu’à l’épure pour que le
sens passe. Merci. En voyant son spectacle, je me suis dit que, si ces titres n’avaient pas
déjà été choisis par Marivaux, j’aurais pu appeler la pièce La Surprise de l’amour, Le
Triomphe de l’amour, ou Le Dénouement imprévu.
»
Bruxelles, le 20 septembre 2007
Eric-Emmanuel Schmitt
Commentaire de l’auteur sur la pièce
« Ma première pièce...
Il y a toujours quelque chose de miraculeux dans une première fois. La première fois nous
révèle à nous-même, sonne l'adieu aux désirs vague, ouvre l'avenir. Réussie, elle trace
même un destin.
Vers 28 ans, ayant vécu mon éducation sentimentale et philosophique, je commençais à
découvrir ou à subir- ce que j'avais à dire, quels étaient mes obsessions, quelle ligne
fragile - la ligne du doute - allait devenir la mienne.
La Nuit de Valognes propose ma vision de Don Juan. Don Juan est un être en perpétuel
mouvement qui voudrait être arrêté. S'il se préoccupait de son plaisir, il pourrait éprouver
de la jouissance ; il pourrait ralentir le temps et l'élargir aux dimensions de l'extase
voluptueuse. Mais, raisonnant comme un soldat, conquérant et seulement conquérant, il
n'éprouve rien d'orgasmique dans l'orgasme, juste la délivrance d'une tension, la fin d'une
gêne. Son désir mort, il attend qu'en naisse un autre, qu'il réalisera aussi en le faisant
mourir. La vie de Don Juan s'est concentrée sur le sexe sans qu'il ait rien compris au
sexe. Il ne voit dans le sexe que la réalisation égocentrée de sa pulsion, sans soupçonner
les portes qui s'ouvrent alors, le plaisir, la volupté partagée, la relation à l'autre, l'horizon
des sentiments…
Don Juan, certes toujours mobile, tourne en rond. A l'écoute de ses seules pulsions, il est
condamné à de perpétuelles exténuations. Sa vie d'aventures est devenue bègue et
ennuyeuse. Je me suis amusé à la contrarier fortement.
Dans les versions des XVIIe et XVIIIe siècles, il est puni par le Commandeur, une statue
qui figure le divin. Plutôt qu'un Dieu de colère et de vengeance sorti de l'Ancien
Testament, je dessine un Fils aimant, trop aimant, une figure à la fois christique et
perverse.
Voici la vraie punition de Don Juan : éprouver de l'amour pour un homme, lui qui le
cherchait -si mal- sous le jupon des femmes. Est-ce que cet amour surprenant révèle une
homosexualité inavouée ?
Certains psychologues ont avancé cette thèse que le donjuanisme, la multiplication des
femmes toujours désirée et toujours insatisfaisante, pouvait cacher virilement une
homosexualité, révélant un culte ambigu de l'homme. Je leur laisse la responsabilité de
cette explication car ce n'est pas, ultimement, ce qui m'intéresse ici. Pour moi, il s'agit
surtout de distinguer le sexe de l'amour.
L'amour n'a pas de sexe ; il peut se découvrir ou s'épanouir dans la sexualité mais il peut
aussi bien s'en passer. L'attachement à l'autre, la fascination renouvelée pour le mystère
de l'autre, la dévotion qu'on peut lui porter, tout cela n'a pas grand chose à voir avec les
frottements de peau, aussi agréables soient-ils. En cela dans La Nuit de Valognes,
j'exposais les thèmes que je repris dans les Variations Enigmatiques. L’amour comme
attachement mystérieux à un mystère.
La Nuit de Valognes, grâce à Jean-Luc Tardieu, fut créée en 1991. J'étais émerveillé.
Un enfant devant un sapin de Noël. Avec elle, je connus ma première « première ».
Puis, 100 représentations plus tard, ma première « dernière ». Cela me serra tellement le
cœur que, depuis, j'ai toujours refusé de revoir le spectacle. Pourtant la pièce est
continuellement représentée par des compagnies professionnelles et par des troupes
d'amateurs.
Invité mille fois - et avec quelle gentillesse -, j'ai toujours décliné. Dix ans après, une
représentation hommage m'a obligé à revoir La Nuit de Valognes. Surpris, j'en ai
découvert les qualités, et aussi les légers défauts. Un instant, j'ai songé les corriger.
Puis je me suis rappelé le jeune homme de 29 ans que j'étais alors et qui avait écrit ce
texte : il n'aurait rement pas supporté qu'un auteur arrivé de 40 ans lui corrige sa pièce.
Par respect pour ce jeune homme, je me suis abstenu.
Cependant, à l’occasion d’un déménagement, je suis tombé sur le manuscrit original de la
pièce. En le feuilletant, je me suis rendu compte qu’à la création on m’avait fait changer le
troisième acte. Sous prétexte que c’était ma première pièce, tout le monde était entré dans
mon moulin : mon agent, mon metteur en scène, mes acteurs, mes producteurs. Terrorisé,
j’avais cédé. Or, en relisant l’original, je découvrais que, malgré tout, mon instinct valait
quand même mieux que leurs craintes. J’ai donc rétabli, pour la recréation de La Nuit de
Valognes au Théâtre Royal du Parc, en novembre 2005, le trajet initial, tout en profitant de
mon expérience pour toiletter le texte. Si un acteur n’a jamais fini de s’améliorer en jouant,
il en est de même pour l’auteur. On peut toujours faire mieux, indéfiniment. Mais il n’en
demeure pas moins que c’est le premier geste qui compte… »
Bruxelles, le 16 novembre 2005
Eric-Emmanuel Schmitt
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