introduction generale

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INTRODUCTION GÉNÉRALE
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Avec 350 kilomètres de façade maritime et un plateau continental estimé à 43 000 km2, la
République de Guinée est un pays de la côte ouest africaine particulièrement favorisée par
l'étendue de son domaine maritime. Les conditions naturelles que l'on y rencontre (plateau
continental le plus large de l'Atlantique centre-est, dense réseau hydrographique côtier, fonds
vaseux et sablo-vaseux, mangrove développée,…) sont particulièrement favorables au
développement de la faune marine côtière et assurent la productivité biologique d'une
ressource halieutique démersale∗ importante : "la communauté à Sciaenidés". Cette
communauté atteint en Guinée son plus grand développement et apparaît comme la plus
importante des communautés à Sciaenidés d’Afrique (Domain et al. 2000). Elle fournit dans
ce pays jusqu'à 50% d’une production halieutique nationale estimée à environ 100.000 tonnes.
Les espèces de cette communauté tiennent une place importante dans le secteur des pêches en
Guinée à cause : (i) du potentiel de biomasse élevé qu’elles représentent, (ii) du volume élevé
des exportations, (iii) de leur forte valeur marchande, (iv) des enjeux qu’elles représentent en
terme de licences de pêche internationale et (v) de la place de choix qu’elles occupent dans
l’assiette du consommateur guinéen. La communauté à Sciaenidés constitue donc un élément
stratégique dans le développement du secteur halieutique en Guinée.
∗ Les espèces démersales sont, d'après le "vocabulaire de l'Océanologie" (Anonyme, 1976), celles qui vivent sur
le fond ou à son voisinage.

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Après l'avènement de la deuxième République (1984), les autorités du pays, soucieuses d'une
bonne exploitation des ressources halieutiques du domaine maritime guinéen, ont clairement
affiché leur volonté, de gérer désormais les ressources sur la base des connaissances
scientifiques. La création du Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura en 1987
a concrétisé cette volonté. La connaissance et la compréhension de la dynamique des
principales espèces pêchées, qui constituent des préalables indispensables à une bonne gestion
des ressources halieutiques guinéennes, deviennent une priorité pour elles.
L'intérêt de gérer les pêcheries en s'appuyant sur des connaissances scientifiques est
considérable. La théorie comme la pratique montre qu'en l'absence de mécanismes de gestion
raisonnée, la pêche tombe souvent dans une situation de faillite socio-économique qui tient à
la nature même de la ressource : ressource cachée, renouvelable mais limitée et en propriété
commune. Il en découle que les bonnes pêches obtenues dans les phases préliminaires
d'expansion entraînent une croissance des investissements donc de l'effort de pêche
conduisant à une baisse de biomasse et de production. Les unités de pêche sont alors en
concurrence directe pour exploiter ces ressources. Cette évolution mène inévitablement à des
situations de surexploitation des principales espèces concernées si aucune régulation, sur la
base d'informations scientifiques, n'est mise en œuvre.
Afin de définir les conditions d'une gestion raisonnée de l'exploitation, nous avons donc
entrepris d'identifier et d'étudier les ressources démersales exploitées en Guinée (en particulier
la communauté à Sciaenidés), de déterminer quelles en sont les potentialités de production, et
de proposer aux autorités différents schémas d'exploitation possibles. Ces schémas sont basés
non seulement sur l'analyse des séries statistiques des prises et efforts de pêche, mais aussi sur
la modélisation de la dynamique des populations exploitées (modèle global et modèle
structural). De tels modèles permettent d'évaluer les changements des potentiels de pêche
susceptibles d'intervenir si on modifie la maille des filets et/ou l'effort de pêche. Ils sont
difficiles à mettre en œuvre pour les pêcheries démersales en milieux tropicaux car il n'y a
pas, comme pour la majorité des pêcheries des mers froides ou tempérées, de nette dominance
d'une ou seulement de deux espèces dans les captures. La recherche d'une amélioration
globale de l'exploitation demande de ce fait, en plus des connaissances biologiques
nécessaires, une étude dynamique simultanée des principales espèces.

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L’objectif principal de cette thèse est donc d'acquérir des connaissances scientifiques sur les
ressources démersales de Guinée et leur pêche à travers l'étude de six espèces principales de
la communauté à Sciaenidés, choisies en fonction de leur importance dans les prises, de leur
valeur économique et de leur différence de taille (petites et grandes espèces).
La présente thèse s'articule autour de neuf chapitres qui sont regroupés dans quatre parties
La première partie présente l'écosystème côtier particulier de la Guinée et les espèces de la
communauté à Sciaenidés qui y vivent ainsi que le contexte de l'exploitation halieutique à
travers une étude complète de la pêcherie démersale. La description des conditions du milieu
s'appuie sur une synthèse de toutes les informations disponibles issues de travaux antérieurs
sur le plateau continental guinéen, surtout sur sa partie côtière (chapitre 1). L'étude de la
répartition des espèces de la communauté à Sciaenidés est basée sur les données des
campagnes de prospection scientifiques effectuées en Guinée entre 1985 et 1992. Elle est
complétée par les travaux d'autres auteurs qui ont travaillé sur les mêmes espèces. L'étude de
la pêcherie démersale est ensuite abordée par l'analyse des statistiques de pêche disponibles.
Elle débute par une description des flottilles industrielles et artisanales et de leur évolution
entre 1985 et 2000. Une comparaison des différentes zones de pêche est effectuée sur la base
de l'activité des bateaux. La reconstitution des statistiques de prises antérieures à l'année 1995
est entreprise à partir d'informations complémentaires, afin de disposer d'une série de données
plus longue pour une analyse de l'évolution des captures démersales guinéennes (chapitre 2).
La deuxième partie concerne l'étude des principaux aspects de la biologie des espèces
exploitées. La reproduction et l'alimentation sont passés en revue à partir des informations
collectées dans le cadre des activités du CNSHB. L'étude de la reproduction est limitée à
l'analyse de l'évolution mensuelle de l'état de maturité des gonades dans les classes de taille.
La détermination de la taille d'apparition de la première maturité sexuelle permet de
distinguer une biomasse féconde au sein de la biomasse totale. Quant à l'alimentation, son
étude est basée sur l'observation in situ à l'œ il nu de contenus stomacaux pour les principales
espèces, afin de préciser les différentes voies trophiques à l'intérieur de la communauté à
Sciaenidés (chapitre 3).
Les éléments de base de la dynamique des populations étant les paramètres de croissance, une
part importante de l'étude leur est consacrée. A cause de difficultés rencontrées dans la
détermination directe de l'âge des poissons tropicaux à partir des pièces osseuses, nous avons

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opté dans le cadre de ce travail, pour les techniques qui utilisent des méthodes graphiques
et/ou des programmes informatiques pour la décomposition des distributions polymodales en
composantes principales simples, à partir desquelles les paramètres de croissance sont estimés
puis comparés à des travaux réalisés sur les mêmes espèces dans d'autres écosystèmes
(chapitre 4).
Les résultats obtenus sont utilisés dans la troisième partie de ce travail pour l'étude de la
sélectivité (principalement celle du chalut), du recrutement et des mortalités. L'étude de la
sélectivité s'attache à définir une longueur moyenne de sélection des principales espèces
guinéennes et précise les conséquences d'une augmentation du maillage actuellement utilisé
en relation avec certains paramètres de la population exploitée tels que la taille à la première
maturité, les captures pondérales ou le temps de résorption des pertes suite à une
augmentation du maillage. Quant à l'étude du recrutement, elle consiste à l'estimation des
tailles d'entrée des individus dans la pêcherie par l'établissement des courbes de recrutement
partiel au niveau des principales espèces (chapitre 5).
La mortalité totale est une donnée importante dans les modèles de gestion des stocks
halieutiques. Ce paramètre possède deux composantes : la mortalité naturelle et la mortalité
par pêche, qui sont estimées pour les six principales espèces suivies dans le cadre de cette
étude. On précise la part de chaque mortalité sur les classes de taille ou d'âge exploitées au
niveau des stocks. Les mortalités naturelles sont estimées à partir de méthodes empiriques
admises basées sur un certain nombre d'hypothèses sur la biologie des espèces étudiées. Muni
de la distribution en taille des individus capturés, on estime le coefficient de mortalité par
pêche et l'abondance des effectifs vivants par classe de taille du stock, à l'aide de la technique
d'analyse des cohortes (Virtual Population Analysis, VPA) appliquée aux classes de longueurs
(chapitre 6).
La quatrième et dernière partie de l'étude est consacrée à la modélisation de la dynamique de
la population et à l'analyse de l'évolution des abondances des principaux stocks et de
l'ensemble de la communauté écologique à Sciaenidés. Des simulations de diagramme
d'exploitation par grands types de pêche (pêche industrielle et pêche artisanale) sont
également réalisées et permettent de faire des propositions de mesures de gestion
biologiquement durables pour les espèces de la communauté à Sciaenidés. La dynamique de
la population des principales espèces exploitées est étudiée à la fois par l'approche globale et
par l'approche analytique (ou structurale).

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L'approche globale permet de mesurer à l'aide des statistiques de pêche l'évolution de la
production (en tonne par an) en fonction de l'effort de pêche exercé sur le stock. C'est une
approche qui n'analyse pas le mécanisme biologique de renouvellement de la population,
supposée seulement être en l'absence de pêche, en équilibre dynamique avec son milieu, les
gains de biomasse étant compensés par les pertes. Après l'avoir appliqué aux principaux
stocks exploités, on essayera d'ajuster le modèle global à l'ensemble de la communauté à
Sciaenidés afin de préciser son niveau global de production en fonction de l'effort de pêche
déployé (chapitre 7).
L'approche analytique (analyse structurale) permet ensuite de préciser la dynamique de la
phase recrutée et de prévoir les captures à partir d'un modèle faisant intervenir le taux
d'exploitation exprimé par le coefficient de mortalité par pêche préalablement estimé. En
analysant une pseudo-cohorte en condition d'équilibre avec le milieu (recrutement et effort
constants), et à l'aide des paramètres biologiques décrivant la croissance et la reproduction, on
détermine la relation entre la mortalité par pêche et la production par poisson recruté. Cette
approche ne nécessite pas de connaissances préalables sur la relation entre le nombre de
recrues et le nombre de géniteurs dont elles sont issues. L’analyse fondée sur les distributions
de fréquences de tailles plutôt que d'ages est utilisée dans un premier temps car, les données
disponibles en Guinée se prêtent le mieux à une telle analyse. Toutefois, cette analyse
implique l'hypothèse d'une mortalité par pêche constante au cours du temps. Une telle
hypothèse ne peut être admise pour les espèces exploitées qui ont connu des efforts de pêche
relativement croissants sur la période. L’analyse rectifiée des pseudo-cohortes en âge permet
d’étudier l’impact de cette hypothèse d’ équilibre sur les résultats du calcul des rendements par
recrue. L'étude de sensibilité du modèle structural aux hypothèses de mortalités naturelles
permet ensuite de mesurer les incertitudes sur les résultats de l'analyse liés à ce paramètre.
Enfin, sur le plan pratique, des diagnostics sur l'état des principaux stocks sont présentés. On
identifie des schémas d'évolution de la population quand le diagramme d'exploitation par
grand type de pêche artisanale et industrielle varie (chapitre 8). Le dernier chapitre étudie
l'évolution des abondances des ressources démersales guinéennes au niveau spécifique et au
niveau des communautés écologiques, par les méthodes de modélisation linéaire d'analyse de
variance, appliquées aux données des campagnes scientifiques. L'intérêt de cette étude réside
dans la longueur de série analysée (1985-2002). Elle permet d'évaluer sur une longue période,
par une approche autre que les modèles d'évaluation classique de stocks, l'impact de la pêche
sur l'évolution spatio-temporelle des abondances des espèces, des classes trophiques et des
communautés écologiques du plateau continental guinéen (chapitre 9).