De l’interrogation radicale ou philosopher autrement
Simone Goyard-Fabre
416 p.,
14,5 x 21 cm,
ISBN 978-2-84174-509-8
32 euros
Parution : Février 2010
« On ne cesse d’oublier d’aller jusqu’au fondement. On ne pose pas assez profond les points
d’interrogation » écrivait Wittgenstein. L’oeuvre de Francis Jacques est une franche réplique à cette
‘remarque’. C’est pourquoi elle occupe une place originale dans la philosophie de notre temps.
L’entreprise était audacieuse ; elle devait aussi être innovante. Les obstacles philosophiques étaient
nombreux ; il fallait les reconnaître, les scruter, et, précisément, les interroger jusqu’à leurs plus
profondes racines. La démarche analytique, en l’occurrence, a fait merveille. Elle ne fut qu’un point de
départ. Mais il était décisif parce qu’il conduisait à bouleverser l’échiquier sur lequel la tradition des
siècles avait construit ses systèmes philosophiques.
Sur le chemin ainsi frayé, l’espace logique de l’interlocution a supplanté le subjectivisme-roi des
philosophies réflexives de la conscience. L’exploration du dialogisme communicationnel a été la voie
d’un questionnement approfondissant qui, d’un point de vue métaphysique, a découvert la relation
comme source originaire et fondationnelle de la pensée. A cette source pure puise l’exigence
transcendantale qui, alliée aux structures formelles du travail de la pensée, commande l’érection du
sens. En faisant du questionnement patiemment poursuivi l’activité génétique et critique de la pensée,
l’interrogation radicale est devenue, en raison de sa portée ontologique, une élévation spirituelle.
Aussi la sagesse peut-elle désormais défier les pathologies qui gangrènent les manifestations de
l’existence. L’horizon s’éclaire de la lumière divine : il est un lieu de confiance et d’espérance.
Au processus de « dé-construction » généralisée que développent aujourd’hui tant d’ouvrages, l’œuvre
de Francis Jacques oppose le mouvement d’une reconstruction spirituelle que commandent l’alliance
hardie de la logique et de la métaphysique, et l’écoute de la théologie. En fouillant les puissances
originaires de l’interrogativité qui, intégrale et radicale, fait la vraie noblesse de la pensée, elle trace
l’itinéraire au long duquel elle propose, contre la désespérance d’un temps de crise, de philosopher
autrement pour retrouver les repères effacés et reconquérir, sur le chemin de l’Absolu, l’humanité
perdue de l’homme. C’est un recommencement.
Simone Goyard-Fabre est professeur émérite des Universités. Agrégée de philosophie et Docteur ès
lettres, elle a, dans le cadre institutionnel, enseigné la philosophie à l’Université de Caen et pris
part aux travaux du Centre de Philosophie du droit de l’Université de Paris II. A Caen, elle a créé et
dirigé, sous l’égide du CNRS, le Centre de philosophie politique et juridique. Elle a fondé et
publié les « Cahiers de philosophie politique et juridique » ainsi que la « Bibliothèque de
philosophie politique et juridique ».
Son œuvre personnelle est pour l’essentiel consacrée à la philosophie du droit. Son dernier livre
s’intitule : Re-penser la pensée du droit (Vrin, 2007).