 1
Fiched‘information
Mauvaiseherbe,vraiment?
Labiodiversitéestd’uneimportancecapitalepournotresanté.Lamoitiédesmédica-
mentsautorisésdanslemondesebasesurdessubstancestiréesdesplantes;dansle
monde,prèsde700’000espècesvégétalessontutiliséesàdesnsmédicales.Chez
nous aussi, il pousse beaucoup de plantes reconnues pour leurs vertus guérisseuses
etmédicinales.Laubépineestbonnepourlecœur,lemillepertuisestanti-dépresseur.
Sinousvoulonsencorejouirdelarichessedelapharmacopéenaturelle,nousdevons
conservernotrebiodiversité–chaqueespècecompte.
En 1918, alors que la grippe espagnole sévis-
sait en Suisse, personne n’est tombé malade
à Wangs bei Sargans. Grâce peut-être au thé
aux herbes du pasteur Künzle. On peut certes
rester dubitatif quant à l’efficacité réelle de ce
thé face à la grippe, il reste néanmoins que la
présence de substances médicinales agissan-
tes dans de nombreuses plantes indigènes est
un fait attesté scientifiquement.
Dans son volumineux ouvrage sur les plan-
tes médicinales, le pasteur Künzle vante les
bienfaits des fruits de l’aubépine (Crataegus)
comme étant «l’un des meilleurs remèdes
pour le cœur». Aujourd’hui, on sait que les
feuilles, les fleurs et les baies de l’aubépine
contiennent de la procyanidine et des flavo-
noïdes qui agissent sur la force de contraction
et les battements du cœur. Il est donc prouvé
que l’aubépine a bel et bien un effet sur le
cœur. L’aubépine est très commune dans les haies, ses inflorescences blanches égaient le
paysage au printemps. Mais de nos jours, cette précieuse plante médicinale est souvent arra-
chée, car elle peut transmettre le feu bactérien, redoutable maladie des arbres fruitiers.
Sous l’égide du pasteur Künzle, les gens ont réalisé qu’ils pouvaient trouver des remèdes à
leurs maux dans la nature; le pasteur leur a montré où trouver les plantes adéquates, et com-
ment les utiliser. Le nombre de patients a grandi au fil du temps, à tel point que le précurseur
de la guérison par les plantes a eu à son service jusqu’à près de
cent cueilleurs.
Du temps du pasteur Künzle, l’huile de millepertuis était utilisée
pour le traitement des blessures et des douleurs. Les fleurs dorées du millepertuis perforé (Hy-
pericum perforatum) fleurissent pour la Saint-Jean le 24 juin. A la loupe, de nombreux points
©BeatriceSenn-Irlet
Lesfruitsdel’aubépine(Crataeguslaevigata)sonttrès
prisésnonseulementparleshumains,maisaussipar
lesoiseauxetlesrongeurs.
©AlfonsSchmidlin
Lemillepertuisperforé(Hypericumperforatum).
Mauvaiseherbe,vraiment? 2
Mai 2010
Priska Jud
Pro Natura
Dornacherstrasse 192, case postale, 4018 Bâle
Tél. 061 317 91 91, Fax 061 317 92 66
www.pronatura.ch
E-Mail: mailbox@pronatura.ch
CP 40-331-0
ProNatura—agirpourlanature,partout!
Pro Natura est avec plus de 100’000 membres
la principale organisation de protection de la
nature en Suisse. Elle défend les intérêts de
la nature avec conviction et compétence. Pro
Natura s’engage résolument pour la conserva-
tion à long terme des habitats et des espèces
animales et végétales du pays.
transparents apparaissent sur les feuilles. Ces «trous» sont des vésicules d’huile. Au Moyen-
âge déjà, on connaissait les vertus du millepertuis pour les maladies psychiques. A la fin des
années 1980, l’effet anti-dépresseur de cette plante a été établi scientifiquement. Aujourd’hui,
le millepertuis est utilisé comme remède lors de dépression légère à moyenne. Le millepertuis
recèle encore d’autres surprises: des études récentes montrent qu’il pourrait aussi avoir un
effet positif en cas d’alcoolisme et de fatigue chronique, et pour le traitement des patients VIH
positifs.
Aujourd’hui, les plantes médicinales sont rarement récoltées dans la nature en Suisse. La de-
mande élevée ne pouvant plus être couverte avec des plantes sauvages indigènes, les plantes
médicinales sont cultivées ou récoltées dans d’autres pays. En Allemagne aussi, on importe
chaque année près de 40’000 tonnes de plantes et d’herbes provenant de plus de 100 pays.
Aujourd’hui déjà, il n’est plus possible de remplir la pharmacie des herbes du pasteur Künzle
avec des plantes sauvages indigènes. Si nous voulons toujours avoir des plantes médicinales à
disposition pour notre santé, il faut conserver notre biodiversité – chaque espèce compte.
1 / 2 100%